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Le logement de Fersen à Paris

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Message par Mme de Sabran Jeu 16 Juil 2015, 22:29

Cosmo a écrit:


Dans le livre d'Albert Vuaflart intitulé "La maison du comte de Fersen, rue Matignon". Ce livre est accessible ici :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6488472q  Wink


Voici la source :

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Message par Mme de Sabran Jeu 16 Juil 2015, 22:35

outremanche a écrit: la rue peut-être n'était pas connue sous ce nom au dix-huitieme siècle, mais comme la rue de Miromesnil. .

Ce n'est pas la rue de Miromesnil mais, semble-t-il, la rue Millet . Very Happy

Le logement de Fersen à Paris - Page 2 F15_hi10
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Message par Invité Jeu 16 Juil 2015, 22:47

La lettre adressée à la rue Miromesnil date de septembre 1790.

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Message par Trianon Ven 17 Juil 2015, 02:33

outremanche a écrit:
Trianon a écrit:
Mais, je me pose la question : le Comte de Fersen avait aussi un hôtel particulier....... rue de Rennes où ?

Je parle des logements de Fersen dans mon prochain livre. Mes recherches mettent en évidence qu'il louait des petits appartements à Paris afin de trouver de l’argent pour un autre logement à Versailles. Fersen partageait son temps entre son régiment, Versailles et Paris, et il passait la plupart du temps à Versailles. Il achetait les bibliothèques du baron de Breteuil en 1791 - il y a un état des objets qui s'y trouvait aux archives suédoises – mais c’est clair que ces objets appartenaient au baron.

De 1785 jusqu’en 1787, Fersen occupait toujours les petits appartements à Paris. Il est en Suède pour six mois en 1788. Il parle d'une maison à Paris et du bail de cette maison dans une lettre à son père en septembre 1789 lorsqu'il proposait de déménager à Versailles. En 1790 il dit qu'il n'a pas pu rendre le bail de la maison, et par conséquence il y habitait toujours quand la famille royale est revenue à Paris. Il n'y a pas de précisions dans ses papiers sur l'adresse, pourtant il y a une adresse sur une lettre saisie chez Fersen après Varennes. Notre ami Cosmo est allé la photographier aux Archives Nationales pour moi (merci, mon cher Cosmo!) . Elle est adressée a un de ses domestiques anglais, et l’on voit que l’adresse de Fersen est rue de Miromesnil au faubourg St Honoré. La lettre date de 1790, et elle est saisie en juin 1791.

Photo: Copyright
Le logement de Fersen à Paris - Page 2 Adress10

Merci Eve. C'est très explicite. Je ne connaissais pas tous ces détails sur les appartements d'Axel, je vous fais confiance pour qu'ils ne soient pas apocryphes.
Faites-nous savoir la date de sortie de votre livre.
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Message par Mme de Sabran Ven 17 Juil 2015, 10:47

;

Tu as parfaitement raison, ma chère Eve !   :n,,;::::!!!:

A Paris, Fersen n’a pas vécu dans un hôtel particulier, mais dans un simple appartement. C’est Vuaflart, qui a fait des recherches très poussées, qui le dit. Selon Vuaflart, Fersen vivait dans un appartement situé au 19 rue Matignon (ancienne « rue Millet »), qui faisait l’angle du faubourg Saint-Honoré. Fersen n’a pas vécu au 17 rue Matignon (ancien hôtel de Breteuil démoli en 1923). L’immeuble du 19 rue Matignon où Fersen a vécu appartenait, non pas au baron de Breteuil, mais aux frères Thierry, qui se l’étaient fait adjuger par jugement du Châtelet de Paris en 1785. L’immeuble du 19 avait auparavant appartenu, non pas au baron de Breteuil mais au vicomte de Breteuil.

Extrait du livre de Vuaflart, cité hier :

Le logement de Fersen à Paris - Page 2 111


A proximité de l’immeuble où Fersen a vécu, se situait l’hôtel de Breteuil, au n°17 de la rue Matignon. Selon Vuaflart, c’est le comte de Salmour, ministre plénipotentiaire de l’Electeur de Saxe, qui habitait l’hôtel de Breteuil au n°17 de la rue Matignon, et non Fersen. Les boiseries de l’hôtel de Breteuil, déposées au musée Carnavalet, sont donc celles de l’hôtel où le comte de Salmour (et non Fersen) a vécu. Extrait du livre de Vuaflart :

Le logement de Fersen à Paris - Page 2 211
Le logement de Fersen à Paris - Page 2 310


Vuaflart n’a pas trouvé quel appartement Fersen occupait au n°19 de la rue Matignon. Il suppose que Fersen a vécu à l’ « étage noble », c’est-à-dire au 1er étage au-dessus de l’entresol. Il y avait 2 appartements à cet étage. L’immeuble faisait 4 étages en tout.

Il est certain que Fersen a vécu au n°19 de la rue Matignon (et non à l’hôtel de Breteuil) car Bouillé et Choiseul indiquent tous deux dans leurs mémoires, que Fersen habitait dans un immeuble qui était situé à l’angle de la rue Matignon et du faubourg Saint-Honoré (au n°19 donc) :

Le logement de Fersen à Paris - Page 2 410


De même, les témoins entendus dans le cadre de l’enquête sur la fuite de Varenne ont attesté que l’immeuble où Fersen habitait était situé à l’angle de la rue Matignon et du faubourg Saint-Honoré (cf les documents d’archives cités par Vuaflart).

L’hôtel de Breteuil ne faisait pas l’angle du faubourg Saint-Honoré.

Tant l’immeuble dans lequel Fersen a vécu (au n°19) que l’hôtel de Breteuil (au n°17) on été détruit par une bande de crétins en 1923 afin d’agrandir la rue Matignon, laquelle est aujourd'hui une avenue.
Voici une photo de l’immeuble du 19 rue Matignon, aujourd’hui disparu, où Fersen a vécu :

Le logement de Fersen à Paris - Page 2 510



Selon Wikipédia, le 19 rue Matignon correspond à l’actuel 29 avenue Matignon où l’on trouve aujourd’hui cet immeuble sans intérêt :


Le logement de Fersen à Paris - Page 2 610


Selon Vuaflart, avant d’habiter 19 rue Matignon, Fersen a habité au 31 rue de Miromesnil (l’immeuble existe toujours aujourd’hui : cf. les infos que j’avais posté sur le forum). La rue de Miromesnil est tout près du faubourg Saint-Honoré. Fersen est donc resté dans le même quartier.

Le petit livre de Vuaflart fait notamment référence à une lettre de Mme Elisabeth où elle dit avoir « vu l’homme qui est si beau » : Vuaflart pense que Mme Elisabeth fait là référence au « beau Fersen ».

;
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Message par Lucius Ven 17 Juil 2015, 11:32

Très intéressant, et probant. D'ailleurs, l'hôtel de Breteuil ne fait angle avec rien du tout au XVIIIe, les plans montrent bien que la future avenue de Matignon n'arrivait pas jusqu'à la rue du faubourg saint Honoré.
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Message par Mme de Sabran Mar 19 Mar 2019, 18:13



Voici, en entier, l'article dont nous citons des passages juste en amont. Very Happy


Le logement de Fersen à Paris - Page 2 Captu348

Enfin l'Ordre de Cincinnatus lui avait été accordé par Washington pour sa brillante conduite à la guerre d'Amérique. Il partageait son temps entre Valenciennes, où son régiment tenait garnison, et Paris où il habitait un petit hôtel qui existe encore de la rue Miromesnil. Bien que très absorbé par ses fonctions militaires, ses assiduités à la Cour de Versailles et sa brillante situation mondaine, il entretenait encore avec son Souverain, grand ami de la France, des relations politiques que les événements de la Révolution rendaient chaque jour plus étroites.

Le 7 janvier 1790, Fersen écrit d'Aix-la-Chapelle à Gustave III pour le remercier de « la marque de confiance dont Sa Majesté a bien voulu l'honorer », et touchant les affaires de France. Mais comment faire, ajoute-t-il, pour rétablir l'autorité royale tant que Louis XVI et sa famille seront prisonniers à Paris? On n'ose rien entreprendre de peur de les compromettre; l'essentiel, cependant, est de les en sortir. « Pour remplir les intentions de Sa Majesté », il sera de retour à Paris le 17 ou le 18 janvier. La journée du 20 juin 1791 se trouve en puissance dans cette lettre véritablement prophétique.

L'ambition du Roi de Suède était d'être placé à la tête de la contre-révolution européenne, d'arracher tout d'abord la Famille royale au rôle d'otage qu'elle jouait aux Tuileries depuis les journées d'octobre, puis de commander les armées coalisées capables de maîtriser la Révolution française. Son représentant officiel à Paris, le Baron de Staël-Holstein, était trop acquis aux idées nouvelles, du fait de sa femme, fille du banquier Necker, pour le seconder dans ses vues. Voilà pourquoi Gustave III confiait à Fersen, dès les premiers jours de l'année 1790 et au moment même du procès Favras, la mission de rester à demeure à Paris, d'y être en quelque sorte son ambassadeur secret auprès du Roi de France et de faciliter de tout son pouvoir les communications entre les deux Souverains.

Certes, Gustave III ne pouvait faire un meilleur choix. Outre des qualités reconnues de prudence et de décision, d'habileté et de courage, son fidèle sujet mettait au service de son ambition un état d'âme qui engendre des miracles : l'amour, profond et partagé, qui l'attachait à la Reine Marie-Antoinette.

A partir de ce moment, Fersen entre de plus en plus dans la vie de Louis XVI et de Marie-Antoinette au point de devenir rapidement le conseiller le plus écouté, le familier indispensable. Il chiffre et déchiffre les dépêches, propose les lignes de conduite que commandent les événements, correspond avec les Cours étrangères, distribue les fonds de propagande, inspire les ordres et les transmet.
Bref ce Suédois tient entre ses mains toutes les affaires du Roi de France. S'il ne participe pas directement aux projets d'évasion dont le nombre, l'ingéniosité et les dangers d'exécution sont à l'honneur des fidèles de la Monarchie, il ne les ignore pas non plus. On sait que les tentatives d'Augeard, du Comte d'Hinnisdal, du Comte Esterhazy, de Mirabeau lui-même, furent toutes repoussées par Louis XVI dont l'indécision devenait plus qu'une faiblesse, un danger.

Madame Élisabeth écrivait à la Marquise de Raigecourt, le 24 octobre 1790, dans le style imagé qui lui permettait de dire toutes choses :
« J'ai vu l'homme qui est si beau; il est un peu à la désespérade. Son malade a toujours des engourdissements dans les jambes et il craint que cela ne gagne tellement les jointures qu'il n'y ait pas de remède. »
Si, comme je crois, ce texte s'applique à Fersen, au beau Fersen comme on l'appelait à la Cour, cela prouverait qu'il était le premier à se désoler de voir les meilleurs projets se heurter à l'irrésolution du Roi.

Cependant les jambes de Louis XVI se dégourdirent enfin, puisqu'en cet automne de 1790 il accepta d'entamer des pourparlers avec le Marquis de Bouillé qui commandait l'armée de Meuse et Moselle. Cette fois Fersen ne s'en rapportera qu'à lui-même pour mener toute l'affaire d'accord avec Gustave III, et dans le plus grand secret possible. Ce sera le voyage du 20 juin 1791, à destination de Montmédy, tragiquement interrompu à Varennes-en-Argonne.



A cette période, la plus intéressante de la vie de Fersen, et qui s'étend du 18 janvier 1790 au 20 juin de l'année suivante, correspond un nouveau domicile à Paris. Il abandonne volontairement l'hôtel de la rue Miromesnil pour habiter rue Matignon, autrement dit Millet, car cet ancien nom de la rue était encore employé, notamment par Watin. Aucun document ne m'est connu touchant sa nouvelle location. Mais elle doit être de 1790, puisque l'Almanach des demeures des ci-devant nobles, publié par Lesclapart, la mentionne dès 1791. Et même il faut la placer au début de l'année, car il y a certainement une relation de cause à effet entre la mission secrète dont le chargeait Gustave' III et le choix d'une maison plus propice à ses desseins politiques.

La rue Matignon, n'ayant pas encore absorbé la Petite rue Verte, ne mesurait alors que 95 toises de longueur. Elle commençait au faubourg Saint-Honoré pour se terminer à la rue Rousselet, aujourd'hui Rabelais, et à l'amorce de la voie transversale des Champs-Elysées, maintenant avenue Matignon. Puisqu'elle va perdre l'aspect modeste et vieux-parisien qui nous la faisait aimer, que deux anciens logis qui en sont l'ornement vont disparaître, l'occasion est bonne d'en fixer sommairement l'histoire et la topographie.

Jean-Jacques Millet, maître-menuisier à Paris, avait acquis la majeure partie des terrains, sauf celui à l'angle oriental du faubourg, le 21 octobre 1768 . Le 18 août 177, Anne-Marie-Claude Simon de Mozar, épouse de François-Honoré Viany, lui vendit à son tour le terrain d'angle.
Voilà Millet en possession du quadrilatère convoité ; la même année il commence sa rue. A trois reprises le Bureau des Finances fait opposition aux travaux. La rue Millet s'achève cependant, mais le Bureau de la Ville décide, le 30 mars 1781, de ne pas la comprendre au nombre des voies publiques. Enfin des Lettres-patentes du 8 septembre 1787 en approuvent l'ouverture et la. baptisent : rue Matignon.

Divers rapprochements expliquent l'intervention royale en faveur de la rue délaissée et le beau nom qui lui fut donné. D'abord un hôtel de la rue Millet appartenait à la veuve du Vicomte de Breteuil, évidemment intéressée au classement de la voie pour mieux louer son immeuble, car elle-même logeait aux Tuileries. Or elle était cousine, par son mari, du Baron de Breteuil alors Ministre de la Maison du Roi, ayant la Généralité de Paris dans ses attributions. Et la fille unique du Ministre avait épousé en 1772 le Comte de Matignon, qui mourut l'année suivante à l'âge de dix-huit ans. Il était le dernier descendant des célèbres Maréchaux dont le nom méritait de ne pas tomber dans l'oubli.

Ces incidents administratifs n'avaient pas empêché l'actif menuisier de poursuivre la mise en valeur de ses terrains. Il avait fait bâtir quatre maisons, deux de chaque côté de la rue; en 1782, il en vendit une au Vicomte de Breteuil. Sur ces entrefaites, le 13 novembre 1783, sa femme vint à mourir, laissant sept enfants mineurs. Millet était commun en biens avec Anne-Adélaïde Sauvage qu'il avait épousée en 1772. Il conserva le terrain d'angle, acheté en 1774, et les trois maisons furent adjugées, de 1785 à 1787, par sentences de licitation du Châtelet de Paris.

Quand le Comte de Fersen vint s'installer rue Matignon, voici quelle était la physionomie de cette voie retirée, perdue au milieu des grands jardins qui s'étendaient entre le faubourg et les Champs-Elysées.

A gauche et au coin du faubourg Saint-Honoré, était un grand terrain « en non valetir » de 908 toises de superficie; il appartenait à Jean-Jacques Millet, le créateur de la rue. A la suite venait une propriété de 16 toises de façade, adjugée au Chàtelet le 18 mars 1786 à M. de La Flotte, capitaine d'infanterie. Elle était imposée à 3 ooo livres et Watin la numérote : 1. L'Almanach Royal indique comme demeurant rue Matignon, de 1788 à 1792.
un Chevalier de La Flotte, Agent des Villes Hanséatiques; il est possible que le propriétaire et le diplomate se confondent dans la même personne. Enfin une maison avec jardin, offrant 40 toises en bordure, terminait le côté gauche de la rue. Un avocat au Parlement, Étienne-Louis-Bonnard Millet, quelque parent sans doute du maître menuisier, l'avait acquise le 20 janvier 1787 par sentence du Chàtclet. Elle était imposée à 4000 livres et Watin la numérote : 2.

A droite s'élevait une grande maison d'angle, neuve, ayant 7 toises de façade sur le faubourg et 14 toises sur la rue Matignon où se trouvait l'unique entrée à porte cochère. Adjugée 100000 livres au Chàtelet le 26 novembre 1785 elle appartenait : pour la nue propriété, à Philippe Thierry fils, boulanger ordinaire du Roi à Versailles, demeurant rue de Marly, hôtel de La Feuillade; pour l'usufruit, à Louis Thierry père, Président honoraire au grenier à sel de Versailles, domicilié avenue de Paris. Elle était imposée à 8800 livres; Watin la numérote : /t, et indique comme locataires, en 1789, le Comte de Bonnet et le Vicomte de La Rivière.

Venait ensuite un hôtel, neuf également, auquel s'ajoutait un jardin tout en longueur s'étendant jusqu'à la rue Rousselet. L'histoire de cette jolie demeure a été parfaitement racontée par mon ami Paul Jarry, au cours d'un travail récent. L'entrée à porte cochère donnait sur la cour et les communs étaient mitoyens avec la maison Thierry. Le tout faisait 81 toises en bordure de la rue. Claude-Stanislas Le Tonnelier, Vicomte de Breteuil, et Olympe-Marguerite-Geneviève de Siry de Marigny, son épouse, l'avaient acquis de Jean-Jacques Millet le 25 juin 1782 par contrat passé devant Belurgey, notaire à Paris.

Le Vicomte de Breteuil ne profita pas longtemps de son acquisition; il mourut à Suresnes le 3 novembre 1783, laissant une veuve et trois enfants mineurs héritiers de l'immeuble. Celui-ci était imposé à 5 ooo livres; Watin le numérote : 3; il lui donne comme occupant en 1789 : « M. le Comte de Salmour, Envoyé de Saxe ».

Maintenant que le lecteur connaît l'emplacement des quatre maisons de la rue Matignon, je vais mettre sous ses yeux les documents, tous publiés, qui fournissent des indications précises sur le domicile de Fersen.

Voici d'abord le témoignage du Comte Louis de Bouillé, major des hussards d'Esterhazy et fils du général, qui vint à Paris dans les derniers jours de décembre 1790 pour discuter les grandes lignes du plan d'évasion : « J'arrivai donc de nuit dans une maison très retirée, au coin de la rue de Matignon, faubourg Saint-Honoré, et après nous être assurés que nous ne pouvions être entendus, nous entrâmes en matière. »

Un autre officier mêlé au drame, le Duc de Choiseul-Stainville, colonel du régiment Royal-Dragons à Commercy, s'exprime en ces termes à propos de la berline royale qui fut livrée en sa présence, non pas le 16 comme il l'indique, mais le dimanche 19 juin : « Cette voiture fut amenée le jeudi 16 juin devant la porte du Comte de Fersen, rue de Marigny [sic, pour Matignon] au coin de la rue du faubourg Saint-Honoré, par le sellier et ses ouvriers. »

Puis ce sont trois dépositions très nettes et concordantes de témoins entendus par la commission d'enquête chargée d'instruire « l'enlèvement » du Roi. Ces précieux témoignages ont été publiés en 1868 par Eugène Bimbenet, greffier de la Cour d'Orléans.

La dame Roulance, femme d'un voiturier demeurant rue de la Ville-l'Evêque, en face de la Vacherie suisse, chargée le 17 juin du transport d'une malle, déclare que « le charretier a été obligé d'aller la reprendre sur les sept heures et demie du soir, pour la ramener à l'hôtel de Fersen, au coin de la rue de Matignon. »

Alexis Gardin, garçon chez François Le Bas, loueur de carrosses, rue des Champs-Elysées, témoigne qu'un domestique de Fersen est venu le 20 juin commander trois chevaux et un postillon pour mener une voiture à Claye « et qu'il fallait les conduire à l'hôtel situé rue de Matignon, la première porte cochère à droite en entrant par la rue Saint-Honoré. »

Pierre Lecomte, cocher chez le même Le Bas, dépose que le 20 juin il a conduit dans Paris, à divers endroits qu'il énumère et dans une diligence à son maître, « M. de Fersen demeurant rue Matignon, la première porte cochère à droite en entrant par la rue Saint-Honoré ».

Voilà qui est clair, définitif, et ne laisse place à aucune hésitation : Fersen habitait la grande maison de rapport appartenant aux Thierry et placée au
coin du faubourg. Cet immeuble est parvenu intact jusqu'à nous; il porte le numéro 19 dans la rue Matignon — où se trouve la porte cochère, la première du côté droit, — et le numéro 81 sur le faubourg.

La Planche 43 donne une vue d'ensemble de la maison authentique où se joua le prologue de la tragédie. Hélas ! de ce logis peuplé de grands souvenirs, il ne restera bientôt que cette modeste image.

Le logement de Fersen à Paris - Page 2 La_mai10



La maison d'angle construite par Millet, et où Fersen vint loger en 1790, avait été adjugée aux Thierry père et fils, le 26 novembre 1785, par jugement du Châtelet de Paris. La sentence de licitation est accompagnée de la description minutieuse de tout l'immeuble. Il ne fait pas question de publier en entier ce trop long document, je me borne aux détails les plus intéressants.

Le logement de Fersen à Paris - Page 2 Captu349Le logement de Fersen à Paris - Page 2 Captu350

L'autre appartement, donnant sur le faubourg et à l'angle des deux rues, comporte un cabinet de toilette en plus ; la disposition est différente, mais la décoration est identique.

La parfaite obligeance de deux notaires parisiens, Me Paul Theret et Me René Tansard, m'a permis de dresser la liste des différents possesseurs de la maison Fersen.

Philippe Thierry devient seul propriétaire à la mort de son père, usufruitier. Le 2 novembre 1838 il fait une donation entre ses enfants à titre de partage anticipé et l'immeuble est attribué à son fils aîné, Athanase-Jean-Baptiste Thierry (Damaison, notaire). Celui-ci le vend à Jean-François Dubief et Eugénie Farjas, son épouse, le 5 mai 1841 (Damaison, notaire). Le 12 juillet 1849, Marguerite-Joséphine Jay, veuve d'Antoine-Joseph Paliard, achète la maison aux époux Dubief (Debière, notaire). A la mort de Mme Paliard, le 26 décembre 1857, elle passe à l'un de ses fils qui la vend à Marie-Philibert Bonjour et Léonie-Marie-Jenny Ode, son épouse, le 6 janvier 1859 (Pascal, notaire). Mme Bonjour, héritière de son mari, meurt le 2 septembre 1888 et l'immeuble échoit à sa nièce, Mme Arthur Le Jouteux, propriétaire actuelle. Un jour prochain la Ville de Paris en prendra possession pour le confier d'un cœur léger au démolisseur sacrilège.

Car les hommes vont détruire sans raison ce que le temps a respecté. La maison de Fersen va disparaître, comme aussi le délicieux hôtel Breteuil, celui qui porte le numéro 17. Ces deux immeubles vont être rayés des annales parisiennes à cause d'une quelconque opération de voirie, alors qu'aucune nécessité impérieuse et absolue ne les condamnait. Cela est si vrai que les huit premiers numéros impairs de la rue Matignon sont en déficit; c'est donc que l'Administration municipale prévoyait le lotissement du jardin Breteuil par un propriétaire avisé, et non pas sa disparition, comme aujourd'hui, au seul bénéfice de la voie publique.

A la séance de la Commission du Vieux-Paris du 9 mai 1914, M. Froment-Meurice a justifié son approbation en déclarant que le projet est ancien, qu'il remonte aux plans du Baron Haussmann.

En tout cas, cet habile administrateur ne l'a pas indiqué sur le Plan général de la Ville de Paris, publié par ses soins en 1867, et qui fait état de toutes les améliorations, faites ou projetées. Qui ne sent la fragilité, l'anémie d'un tel argument ! En vérité, l'élargissement de la tranquille rue Matignon n'apparaît pas d'une actualité si pressante qu'elle puisse compenser un tel sacrifice d'art, d'histoire et d'argent. Des voix généreuses sont restées sans écho, l'arrêt de mort est rendu. Déjà le jardin Breteuil est amputé de l'extrémité donnant sur la rue Rabelais; c'est la Guerre qui retarde le trépas des deux maisons.

Mes recherches sont restées vaines pour découvrir l'appartement qu'habita Fersen. Aucun bail chez les notaires des Thierry ; prudence de sa part, sous-location, ou bien l'acte a-t-il été établi par son notaire personnel, que j'ignore? Qu'il logeât au bel étage, le premier au-dessus de l'entresol, le fait ne paraît pas douteux, mais, des deux appartements, lequel occupait-il? Je suppose qu'il habitait celui donnant sur la rue Matignon, à l'abri de tout voisinage indiscret; devant sa porte, sous ses fenêtres, s'étendait le grand terrain Millet dont la solitude était une sécurité pour ses allées et venues continuelles.

La Société française de secours aux blessés militaires a occupé la majeure partie de la maison Fersen, de 1864 à 1911. La première date est celle de sa fondation, la seconde, celle de son transfert au n° 2'1 de la rue François-Ier. La Guerre y ramena pour un temps les services de sa pharmacie. Présentement, le premier étage est habité par l'état-major du 230e régiment territorial d'infanterie, caserné à Penthièvre. Le colonel de ce corps chartrain serait bien étonné d'apprendre qu'il succède dans ce logis, à plus d'un siècle de distance, au dernier colonel-propriétaire du Royal-Suédois, devenu le 8ge régiment d'infanterie.

Dire que l'immeuble est parvenu intact jusqu'à nous, n'est évidemment qu'une façon de parler. Il faut entendre que les grandes lignes de l'architecture ont été respectées, que l'aspect extérieur a gardé son style, mais le dedans est défiguré. La maison porte allègrement ses cent trente-cinq ans, et le beau caractère qu'elle emprunte à son époque est à peine altéré par deux infirmités : trop de persiennes au dehors remplaçant les volets intérieurs, et la laideur des boutiques modernes. Les rangées de balustres aux fenêtres du premier étage, classiques depuis Gabriel, sont d'un bon effet. Au-dessus, les entablements et les guirlandes sculptées concourent avantageusement à rompre la monotonie de façades aussi développées.

Mais ce qu'on ne saurait trop louer, ce sont les heureuses proportions, l'élégante simplicité de cette « boîte à loyers » de la fin du XVIe siècle. Le célèbre hôtel de La Haye, bâti par Aubert à l'angle du Boulevard et de la rue Caumartin, et dont la jolie rotonde a été récemment mutilée, offre une façade absolument identique, à la seule réserve qu'il n'y a pas d'entresol mais un bel étage de plus.

Les changements apportés à la disposition des lieux sont minimes ; dans les appartements, la distribution ancienne se retrouve aisément. Du temps de Fersen, il n'y avait pas de boutique sur la rue Matignon; maintenant il y en a deux. Celle au coin du faubourg s'est avancée dans la rue et une autre, plus petite, touchant l'hôtel Breteuil, a pris la place d'une partie de l'écurie. Le portier logeait à droite, au pied de l'escalier; c'est à gauche qu'on le voit aujourd'hui. L'écurie, dont les deux baies donnaient sur la rue, n'existe plus. Enfin, dans la cour, les communs ont été remaniés.

A l'intérieur, la maison a subi les meurtrissures du temps, les sottes améliorations que la mode impose, en sorte qu'envahie par le badigeon chocolat elle n'est plus Louis XVI, sans être devenue Napoléon III ; elle est quelconque. La rampe de fer de l'escalier, d'un dessin très sobre, est toujours en place, mais une main courante d'acajou la dénature au lieu de l'enrichir. Dans les appartements du premier étage, quelques cheminées de marbre, les bas-reliefs de plâtre disposés au-dessus des portes, sont les derniers témoins des heures ardentes, du rêve passionné qu'y vécut le beau Suédois !



La description des lieux nous a appris que la cour de l'immeuble Thierry comportait trois remises et une écurie pour deux chevaux. Le Comte de Fersen ne semble pas en avoir eu la jouissance, puisque nous verrons son valet de chambre descendre une selle et des bridons de l'appartement ; elles devaient être à un autre locataire. D'ailleurs, elles étaient trop restreintes et pas assez discrètes pour servir à ses desseins. Au dire de plusieurs témoins entendus par les magistrats instructeurs, les siennes se trouvaient dans le faubourg, à peu de distance de la rue Matignon. Et la déposition du sellier-carrossier Jean Louis apporte la précision nécessaire : elles étaient « situées grande rue du faubourg Saint-Honoré, trois portes cochères au-dessus de la rue Matignon où demeurait le Comte de Fersen ». Comme ces écuries abritèrent notamment la fameuse berline et son attelage, il n'est pas sans intérêt d'identifier leur emplacement.

Voici quelles étaient les maisons du faubourg au-dessus de la rue Matignon, c'est-à-dire à gauche en allant vers Saint-Philippe-du-Roule. D'abord la maison d'angle Thierry qui, nous l'avons vu, n'avait pas de porte sur le faubourg. Venait ensuite un immeuble de 10 toises de façade à Charles Gersin, huissier, demeurant dans l'Ile Saint-Louis : Ire porte cochère. Puis se trouvaient l'entrée et la porterie du bel hôtel de La Vaupalière sur 7 toises de bordure : 2e porte cochère. La propriété suivante offrait 6 toises de façade et appartenait à Adam L'Echopier, horloger, domicilié rue Neuve des-Petits-Champs, au coin de la rue Royale : 3° porte cochère. Par Watin nous savons qu'elle n'était pas louée bourgeoisement, puisque le sieur Barelle, fumiste, y fabriquait une cheminée économique de son invention. C'est là qu'étaient situées les écuries et les remises louées par Fersen; l'entrée se trouvait à 27 toises environ du coin de la rue Matignon.

Actuellement, l'immeuble Gersin porte le n° 83; il appartient au Baron Gourgaud. L'entrée La Vaupalière, n° 85, donne accès à l'hôtel du Baron Gérard; la porterie a fait place à l'hôtel de la Revue de Paris, n° 85 bis. Enfin la propriété L'Echopier est représentée par l'aile gauche de l'hôtel de la Marquise d'Aligre, construction moderne portant le numéro 89. Le numéro 87 est en déficit dans le faubourg Saint-Honoré. C'est dire que nulle trace ne subsiste des remises où le carrossier Jean Louis amena la berline royale dans la matinée du dimanche 19 juin 1 791, la veille du départ.



Le lecteur voudra bien remarquer que tous les documents utilisés pour retrouver la maison qu'habita Fersen en 1790 sont connus, imprimés. Les pièces d'archives ne sont intervenues que pour apporter des précisions. Les mémoires de Bouillé et de Choiseul, l'ouvrage de Bimbenet, le guide de Watin, ne peuvent compter au nombre des livres à découvrir. Le chemin était donc aisé à suivre pour quiconque cherchait la vérité et M. Gosselin-Lenotre était arrivé à une conclusion identique dès 1902. Voici ce qu'il écrivait dans le Temps du 25 octobre, à propos des lettres adressées à Fersen par une amoureuse et que Bimbenet a publiées :
Il habitait la maison neuve alors, qui a son entrée au n° 19 de la rue Matignon et qui fait l'angle du faubourg Saint-Honoré. Ses écuries étaient un peu plus haut, du même côté, dans le faubourg. C'est là que, la veille du départ, la berline est remisée.

Trois ans plus tard, en 1905, M. Lenotre publiait son beau livre : Le drame de Varennes. Dès les premières pages nous retrouvons l'essentiel de l'article du Temps et le passage concernant le domicile de Fersen, mais, ô surprise, l'auteur a changé d'opinion : Il habitait le charmant hôtel, neuf alors, qui a son entrée au n° 17 de la rue Matignon. Ses écuries étaient un peu plus haut, du même côté, dans le faubourg Saint-Honoré. C'est là que, la veille du départ, la berline est remisée.

Que s'est-il donc passé, quel document a surgi, pour justifier une telle volte-face? Certainement aucun, puisque M. Lenotre se borne à donner comme référence le témoignage du cocher Pierre Lecomte publié par Bimbenet en 1868, et qui, d'ailleurs, va à l'encontre de cette nouvelle identification. Alors il a été influencé par un renseignement oral, par l'affirmation gratuite d'un auteur qu'il ne cite pas? Entre les années 1902 et 1905 je ne vois que le Marquis de Rochegude et son Guide pratique à travers le Vieux-Paris publié
en 1903. On y lit, en effet, que le Comte de Fersen habitait au moment de la Révolution l'hôtel sis au n° 17 de la rue Matignon, c'est-à-dire l'hôtel Breteuil. Mais ce n'est qu'un guide, commode et sans prétention, à l'usage des promeneurs peu exigents, et non des historiens. Cette conversion à rebours de M. Lenotre, allant de la vérité à l'erreur, reste un mystère.

Fondée sans preuve et de bonne foi, la légende s'est fortifiée, elle est devenue dogme en raison même de l'incontestable autorité que confère à M. Lenotre un talent généralement admiré. Et quand la procédure d'expropriation ramena l'attention sur l'hôtel de la rue Matignon, écrivains et visiteurs furent unanimes à déplorer la démolition injustifiable d'un bijou d'architecture, d'une demeure parée de toute la séduction qui s'attache au nom de Fersen.

Qu'une telle confusion ait pu se produire, le fait est déjà regrettable pour l'érudition parisienne, mais il prend un caractère sérieux quand un acte officiel intervient, véritable brevet d'authenticité décerné à la pseudo maison historique. L'hôtel étant condamné on ne pouvait songer à la plaque commémorative, alors on pensa à la relique que recueillerait pieusement le musée municipal. Les jolies boiseries d'un salon furent acquises par la Ville et, le 8 novembre 1913. M. Froment-Meurice pouvait annoncer une bonne nouvelle à ses collègues de la Commission du Vieux-Paris :
« Le petit salon sera reconstitué très respectueusement à Carnavalet et, à côté des meubles de la chambre de la Reine dans la prison du Temple, les visiteurs pourront s'arrêter avec émotion devant les boiseries qui ont dû servir de cadre aux rêveries poignantes de son fidèle et admirable serviteur. »

A coup sûr, un salon aussi délicieusement décoré était propice aux rêveries, aux pensers les plus doux, mais celui qui s'y abandonna s'appelait le Comte de Salmour et non le Comte de Fersen.

C'est que conférer d'office à un personnage notoire la qualité d'habitant dans une maison qui ne fut jamais sienne, ne chasse pas du même coup le souvenir du véritable occupant. Nous avons vu que Watin indique au n° 3 de la rue Millet : « M. le Comte de Salmour, Envoyé de Saxe », et que ce n° 3 est certainement l'hôtel Breteuil. A ceux qui douteraient encore, je puis fournir l'argument péremptoire, et c'est toujours Watin qui me le procure. Il donne la liste des XXI jardins disposés entre les Champs-Élysées et le faubourg Saint-Honoré, et le XVIIe jardin il le désigne ainsi : « Le XVIIe, du n° 3 rue Millet » -
De son côté, l'Almanach Royal, de 1788 à 1792, mentionne rue Matignon : « M. le Comte de Salmour, Ministre Plénipotentiaire de l'Electeur de Saxe. » En l'an XI, le Ministre de Saxe reparaît dans l'Almanach National et toujours rue Matignon; c'est alors le Comte de Bunau qui, en l'an XIII, passe rue de l'Université. Donc, de 1787 à 1804, c'est-à-dire pendant dix-huit ans, l'Électeur de Saxe a été le principal locataire de l'hôtel Breteuil.
Il n'y a pas place pour Fersen au n° 17 de la rue Matignon.

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Mme de Sabran
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