Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
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Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
Marie-Antoinette évoque avec bienveillance la belle-fille du duc de Coigny dans l'une de ses lettres à la princesse de Guéménée :
Je suis charmée du mariage que vous m'annoncez pour M. votre fils [...] j'espère que vous serez contente de Mlle de Conflans, si elle ressemble à sa soeur (*), il me paraît qu'elle ne laissera rien à désirer pour l'esprit et la conduite, je ferai part au roi de ce mariage. [...]
Dans son jugement sur les filles du marquis de Conflans, Marie-Antoinette était indulgente, comme toujours. La marquise de Coigny l'était moins. Elevée en province, dans un milieu de bourgeoisie parlementaire, elle affectait un profond mépris pour la noblesse de cour qu'elle traitait de «racaille aristocratique ».
Dès le moment où elle eut l'insolence d'enfreindre la mise en quarantaine de Lauzun, elle se posa en rivale de la souveraine, ayant pour cela assez d'esprit et de beauté. Dans son salon, on retrouvait tous les familiers du duc d'Orléans, dont Conflans et Lauzun avaient été les amis de jeunesse, et on aiguisait là les armes d'une fronde encore diffuse. Marie-Antoinette ne l'ignorait pas :
— Je suis la reine de Versailles, soupirait-elle, mais c'est Mme de Coigny qui est la reine de Paris.
( Françoise Kermina )
(*) Le duc de Montbazon, fils de la princesse de Guéménée, épousa en effet, en mai 1780, la soeur de la marquise de Coigny.
Bien que née à Paris, rue Sainte-Nicaise, Anne-Françoise, Aimée Franquetot de Coigny, fille d’Auguste Gabriel de Franquetot, comte de Coigny (1740-1817), lieutenant-général et d’Anne de Roissy, et nièce de Marie-François-Henri de Franquetot, duc de Coigny, maréchal de France, gouverneur des Invalides, appartient à l’une des plus vieilles familles manchoises .
Mariée au duc de Fleury, dont elle se sépare en 1792, Aimée de Coigny est une très belle femme « parfaite de taille, de très beaux yeux, un joli nez, une bouche et des dents incomparables et un teint naturel et sans fard »
Maîtresse du beau duc de Lauzun, sa beauté inspire André Chénier dans les prisons de la Terreur où elle faillit laisser sa tête.
Spirituelle et voltairienne, rebelle à l’étiquette de la cour de Louis XVI, très en vue sous le Directoire, elle s’efface sous l’Empire, est la confidente de Talleyrand qu’elle décide à la restauration des Bourbon en 1814 .
Aimée de Coigny est aussi une mémorialiste savoureuse de son époque. Femme d’esprit, ses propos sont vifs, insolents, à l’image d’un caractère affirmé. Ainsi, sa réponse à Napoléon, qu'elle n'aime pas et contre lequel elle n'hésite pas à conspirer : « Madame de Coigny, vous aimez toujours autant les hommes ? – Oui, Sire, surtout lorsqu’ils sont bien élevés ! » .
Elle dit de Talleyrand, qui est son exécuteur testamentaire, : « Pour une âme crédule, ce serait une preuve satisfaisante de l’existence du diable ».
Son corps repose à Paris, au cimetière du Père Lachaise, auprès d’autres Coigny. ( Merci WIKI )
André CHÉNIER, « LA JEUNE CAPTIVE »
( Méditation sur la prison et la mort )
L’épi naissant mûrit de la faux respecté;
Sans crainte du pressoir, le pampre, tout l’été
Boit les doux présents de l’aurore;
Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
Quoi que l’heure présente ait de trouble et d’ennui,
Je ne veux pas mourir encore.
Qu’un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort :
Moi je pleure et j’espère. Au noir souffle du nord
Je plie et relève ma tête.
S’il est des jours amers, il en est de si doux !
Hélas ! quel miel jamais n’a laissé de dégoûts ?
Quelle mer n’a point de tempête ?
L’illusion féconde habite dans mon sein.
D’une prison sur moi les murs pèsent en vain,
J’ai les ailes de l’espérance :
Échappée aux réseaux de l’oiseleur cruel,
Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel
Philomèle, chante et s’élance.
Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m’endors,
Et tranquille je veille, et ma veille aux remords
Ni mon sommeil ne sont en proie.
Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ;
Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux
Ranime presque de la joie.
Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !
Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin
J’ai passé les premiers à peine.
Au banquet de la vie à peine commencé,
Un instant seulement mes lèvres ont pressé
La coupe en mes mains encor pleine.
Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ;
Et comme le soleil, de-saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l’honneur du jardin,
Je n’ai vu luire encor que les feux du matin ;
Je veux achever ma journée.
O Mort! Tu peux attendre; éloigne, éloigne-toi ;
Va consoler les cœurs que la honte, l’effroi,
Le pâle désespoir dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts ;
Je ne veux pas mourir encore.
Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois
S’éveillait, écoutait ces plaintes, cette voix,
Ces vœux d’une jeune captive;
Et secouant le faix de mes jours languissants,
Aux douces lois des vers je pliai les accents
De sa bouche aimable et naïve.
Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,
Feront à quelque amant des loisirs studieux
Chercher quelle fut cette belle.
La grâce décorait son front et ses discours,
Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours
Ceux qui les passeront près d’elle.
* * *
Cette Ode a été écrite à la prison de Saint-Lazare, en 1794, alors qu’André Chénier attendait d’être jugé. Il fut condamné et guillotiné le 20 juillet comme « ennemi du peuple », par confusion avec les chefs d’accusation pesant sur son frère.
La jeune femme à laquelle il prête sa plume est Aimée Franquetot de Coigny. Un des autres détenus, M. de Montrond, paya cent louis à un agent du pouvoir pour que son nom fût rayé de la liste des condamnés. Tous deux furent libérés peu après Thermidor, et se marièrent.
Denys Puech, la Muse d'André Chénier
... pour Majesté !
Le prince de Ligne à Aimée de Coigny :
Lettre première
De Kiovie.
Savez-vous pourquoi je vous regrette, madame la marquise ? C’est que vous n’êtes pas une femme comme une autre et que je ne suis pas un homme comme un autre : car je vous apprécie mieux que ceux qui vous entourent. Et savez-vous pourquoi vous n’êtes pas une femme comme une autre ? c’est que vous êtes bonne, quoique bien des gens ne le croient pas. C’est que vous êtes simple, quoique vous fassiez toujours de l’esprit, ou plutôt que vous le trouviez tout fait. C’est votre langue : on ne peut pas dire que l’esprit est dans vous, mais vous êtes dans l’esprit. Vous ne courez pas après l’épigramme, c’est elle qui vient vous chercher. Vous serez dans cinquante ans une Mme Du Deffant pour le piquant, une Mme Geoffrin pour la raison, et une maréchale De Mirepoix pour le goût. A vingt ans vous possédez le résultat des trois siècles qui composent l’âge de ces dames.
….
Ah ! Mon dieu, ce que c’est que de nous ! Il faudra peut-être vous écrire : mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre. Dans la nuit du tombeau je suis prêt à descendre. Cette idée m’afflige, car je veux vous revoir. Vous me tenez bien plus à cœur que tout Paris ensemble. Ne voilà-t-il pas qu’on vient me chercher pour un feu d’artifice, qui coûte, m’a-t-on dit, 40 000 roubles ? Ceux de votre conversation ne sont pas si chers, et ne laissent pas après eux la tristesse et l’obscurité qui suit toujours les autres : j’aime mieux vos girandoles et votre genre de décoration.
Lettre IX
De Moscou.
Il me semble que je vous verrai demain ou après-demain. Voilà plus de dix-huit cents lieues que je marche vers vous ; il n’y en a plus que douze cents pour arriver. Au plaisir de vous revoir donc bientôt, chère marquise, ou de vous écrire de Constantinople, si tout ceci continue à s’embrouiller. Je ne vous dis rien de l’état de mon cœur ; le vôtre est en loterie : j’y ai mis. Que sait-on ? Et puis encore, quand je n’y aurois pas mis, le hasard ne peut-il pas venir au-devant de moi ? Je crois en vérité que je donne dans le précieux ; ce n’est pourtant ni votre genre ni le mien. Ceci a l’air de la carte du pays de tendre ; mais nous nous perdrions tous les deux dans ce pays-là. Vive celui-ci, si nous y étions ensemble ! Il vaut mieux être Tartare que barbare, et c’est ce que vous êtes souvent pour votre cour. Souvenez-vous toujours de celui qui est le plus digne d’en être. J’aime mon état d’étranger partout : françois en Autriche, autrichien en France, l’un et l’autre en Russie ( * ), c’est le moyen de se plaire en tous lieux, et de n’être dépendant nulle part. Nous touchons au moment de quitter la fable pour l’histoire, et l’orient pour le nord. J’aurai toujours pour vous le midi dans mon cœur : que dites-vous de ce trait piquant ? Il a du moins, vous en conviendrez, le mérite du naturel.
( * ) .... toujours cité par les biographes de Ligne ....
Je suis charmée du mariage que vous m'annoncez pour M. votre fils [...] j'espère que vous serez contente de Mlle de Conflans, si elle ressemble à sa soeur (*), il me paraît qu'elle ne laissera rien à désirer pour l'esprit et la conduite, je ferai part au roi de ce mariage. [...]
Dans son jugement sur les filles du marquis de Conflans, Marie-Antoinette était indulgente, comme toujours. La marquise de Coigny l'était moins. Elevée en province, dans un milieu de bourgeoisie parlementaire, elle affectait un profond mépris pour la noblesse de cour qu'elle traitait de «racaille aristocratique ».
Dès le moment où elle eut l'insolence d'enfreindre la mise en quarantaine de Lauzun, elle se posa en rivale de la souveraine, ayant pour cela assez d'esprit et de beauté. Dans son salon, on retrouvait tous les familiers du duc d'Orléans, dont Conflans et Lauzun avaient été les amis de jeunesse, et on aiguisait là les armes d'une fronde encore diffuse. Marie-Antoinette ne l'ignorait pas :
— Je suis la reine de Versailles, soupirait-elle, mais c'est Mme de Coigny qui est la reine de Paris.
( Françoise Kermina )
(*) Le duc de Montbazon, fils de la princesse de Guéménée, épousa en effet, en mai 1780, la soeur de la marquise de Coigny.
Bien que née à Paris, rue Sainte-Nicaise, Anne-Françoise, Aimée Franquetot de Coigny, fille d’Auguste Gabriel de Franquetot, comte de Coigny (1740-1817), lieutenant-général et d’Anne de Roissy, et nièce de Marie-François-Henri de Franquetot, duc de Coigny, maréchal de France, gouverneur des Invalides, appartient à l’une des plus vieilles familles manchoises .
Mariée au duc de Fleury, dont elle se sépare en 1792, Aimée de Coigny est une très belle femme « parfaite de taille, de très beaux yeux, un joli nez, une bouche et des dents incomparables et un teint naturel et sans fard »
Maîtresse du beau duc de Lauzun, sa beauté inspire André Chénier dans les prisons de la Terreur où elle faillit laisser sa tête.
Spirituelle et voltairienne, rebelle à l’étiquette de la cour de Louis XVI, très en vue sous le Directoire, elle s’efface sous l’Empire, est la confidente de Talleyrand qu’elle décide à la restauration des Bourbon en 1814 .
Aimée de Coigny est aussi une mémorialiste savoureuse de son époque. Femme d’esprit, ses propos sont vifs, insolents, à l’image d’un caractère affirmé. Ainsi, sa réponse à Napoléon, qu'elle n'aime pas et contre lequel elle n'hésite pas à conspirer : « Madame de Coigny, vous aimez toujours autant les hommes ? – Oui, Sire, surtout lorsqu’ils sont bien élevés ! » .
Elle dit de Talleyrand, qui est son exécuteur testamentaire, : « Pour une âme crédule, ce serait une preuve satisfaisante de l’existence du diable ».
Son corps repose à Paris, au cimetière du Père Lachaise, auprès d’autres Coigny. ( Merci WIKI )
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André CHÉNIER, « LA JEUNE CAPTIVE »
( Méditation sur la prison et la mort )
L’épi naissant mûrit de la faux respecté;
Sans crainte du pressoir, le pampre, tout l’été
Boit les doux présents de l’aurore;
Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
Quoi que l’heure présente ait de trouble et d’ennui,
Je ne veux pas mourir encore.
Qu’un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort :
Moi je pleure et j’espère. Au noir souffle du nord
Je plie et relève ma tête.
S’il est des jours amers, il en est de si doux !
Hélas ! quel miel jamais n’a laissé de dégoûts ?
Quelle mer n’a point de tempête ?
L’illusion féconde habite dans mon sein.
D’une prison sur moi les murs pèsent en vain,
J’ai les ailes de l’espérance :
Échappée aux réseaux de l’oiseleur cruel,
Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel
Philomèle, chante et s’élance.
Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m’endors,
Et tranquille je veille, et ma veille aux remords
Ni mon sommeil ne sont en proie.
Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ;
Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux
Ranime presque de la joie.
Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !
Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin
J’ai passé les premiers à peine.
Au banquet de la vie à peine commencé,
Un instant seulement mes lèvres ont pressé
La coupe en mes mains encor pleine.
Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ;
Et comme le soleil, de-saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l’honneur du jardin,
Je n’ai vu luire encor que les feux du matin ;
Je veux achever ma journée.
O Mort! Tu peux attendre; éloigne, éloigne-toi ;
Va consoler les cœurs que la honte, l’effroi,
Le pâle désespoir dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts ;
Je ne veux pas mourir encore.
Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois
S’éveillait, écoutait ces plaintes, cette voix,
Ces vœux d’une jeune captive;
Et secouant le faix de mes jours languissants,
Aux douces lois des vers je pliai les accents
De sa bouche aimable et naïve.
Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,
Feront à quelque amant des loisirs studieux
Chercher quelle fut cette belle.
La grâce décorait son front et ses discours,
Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours
Ceux qui les passeront près d’elle.
* * *
Cette Ode a été écrite à la prison de Saint-Lazare, en 1794, alors qu’André Chénier attendait d’être jugé. Il fut condamné et guillotiné le 20 juillet comme « ennemi du peuple », par confusion avec les chefs d’accusation pesant sur son frère.
La jeune femme à laquelle il prête sa plume est Aimée Franquetot de Coigny. Un des autres détenus, M. de Montrond, paya cent louis à un agent du pouvoir pour que son nom fût rayé de la liste des condamnés. Tous deux furent libérés peu après Thermidor, et se marièrent.
la nuit, la neige a écrit:Mme de Sabran a écrit:
Aimée de Coigny est surtout connue comme l'inspiratrice du poème d'André Chénier "La jeune captive"
Dans « Le pas du juge », Henri Troyat évoque le passé des frères Chénier : André, le jeune poète et victime symbolique de la Terreur ; et Marie-Joseph jacobin convaincu, membre de la Convention, et, dit-on, indifférent au sort réservé à son frère.
Troyat rapporte qu’au moment de mourir, Marie-Joseph, que le fantôme de son frère ne cessait de tourmenter, aurait déclaré : Je vais rejoindre André. Mais, moi, je serai entier. Pourvu que tout se passe bien entre nous.
Pour la petite histoire, c’est Chateaubriand qui lui succède au fauteuil de l’Académie française...
Bref ! boudoi29
Tout ça pour dire, voici la version que nous donne Troyat au sujet de cette rencontre.
A la première personne :
A quelques temps de là, je remarquai, dans la cour, une jeune prisonnière, petite, brune, gracieuse, mutine, au teint frais et aux lèvres pulpeuses de bébé.
Il me parut injuste qu’une si piquante beauté fût soustraite au monde des plaisirs et enfermée parmi nous, les damnés du régime.
Quel crime avait-elle commis pour mériter ce châtiment ?
J’appris par Roucher qu’elle était la ci-devant duchesse de Fleury, née Aimée de Franquetot-Coigny, et que, malgré ses airs innocents, elle était divorcée et avait eu un passé amoureux fort agité.
Il me proposa de me présenter à elle. Je refusai par sauvagerie instinctive et par fidélité à un tendre souvenir.
A quoi bon la connaître ? Pourquoi me lancer dans une idylle éphémère ?
N’avais-je pas assez de Fanny pour enchanter mes rêves et aviver mes regrets ?
Ce fut en pensant tout ensemble à Madame Le Couteuls, l’irremplaçable, et à Aimée de Coigny, la « jeune captive », que je me plus à célébrer dans un poème l’amour naissant, guetté par le trépas.
(...)
Ces vers, n’osant les offrir moi-même à Aimée de Coigny, je chargeai un autre prisonnier de les lui transmettre.
Il s’acquitta scrupuleusement de cette mission. Mais la jeune femme parcourut le poème avec indifférence, ne jugea pas utile de me remercier et rendit le manuscrit au messager qui le garda par-devers lui.
En revanche, elle redoubla d’amabilité, devant moi, comme pour me narguer, envers un autre détenu qui lui faisait une cour ostentatoire.
Sans doute eurent-ils des rapports intimes dans une chambre de la prison, louée à prix d’or.
J’en fus ulcéré, mais, dans le même temps, je savais gré à cette créature légère de m’avoir inspiré, puis déçu.
Le poème de « La jeune captive » existait. C’était l’essentiel. Je pouvais disparaître.
Denys Puech, la Muse d'André Chénier
... pour Majesté !
Le prince de Ligne à Aimée de Coigny :
Lettre première
De Kiovie.
Savez-vous pourquoi je vous regrette, madame la marquise ? C’est que vous n’êtes pas une femme comme une autre et que je ne suis pas un homme comme un autre : car je vous apprécie mieux que ceux qui vous entourent. Et savez-vous pourquoi vous n’êtes pas une femme comme une autre ? c’est que vous êtes bonne, quoique bien des gens ne le croient pas. C’est que vous êtes simple, quoique vous fassiez toujours de l’esprit, ou plutôt que vous le trouviez tout fait. C’est votre langue : on ne peut pas dire que l’esprit est dans vous, mais vous êtes dans l’esprit. Vous ne courez pas après l’épigramme, c’est elle qui vient vous chercher. Vous serez dans cinquante ans une Mme Du Deffant pour le piquant, une Mme Geoffrin pour la raison, et une maréchale De Mirepoix pour le goût. A vingt ans vous possédez le résultat des trois siècles qui composent l’âge de ces dames.
….
Ah ! Mon dieu, ce que c’est que de nous ! Il faudra peut-être vous écrire : mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre. Dans la nuit du tombeau je suis prêt à descendre. Cette idée m’afflige, car je veux vous revoir. Vous me tenez bien plus à cœur que tout Paris ensemble. Ne voilà-t-il pas qu’on vient me chercher pour un feu d’artifice, qui coûte, m’a-t-on dit, 40 000 roubles ? Ceux de votre conversation ne sont pas si chers, et ne laissent pas après eux la tristesse et l’obscurité qui suit toujours les autres : j’aime mieux vos girandoles et votre genre de décoration.
Lettre IX
De Moscou.
Il me semble que je vous verrai demain ou après-demain. Voilà plus de dix-huit cents lieues que je marche vers vous ; il n’y en a plus que douze cents pour arriver. Au plaisir de vous revoir donc bientôt, chère marquise, ou de vous écrire de Constantinople, si tout ceci continue à s’embrouiller. Je ne vous dis rien de l’état de mon cœur ; le vôtre est en loterie : j’y ai mis. Que sait-on ? Et puis encore, quand je n’y aurois pas mis, le hasard ne peut-il pas venir au-devant de moi ? Je crois en vérité que je donne dans le précieux ; ce n’est pourtant ni votre genre ni le mien. Ceci a l’air de la carte du pays de tendre ; mais nous nous perdrions tous les deux dans ce pays-là. Vive celui-ci, si nous y étions ensemble ! Il vaut mieux être Tartare que barbare, et c’est ce que vous êtes souvent pour votre cour. Souvenez-vous toujours de celui qui est le plus digne d’en être. J’aime mon état d’étranger partout : françois en Autriche, autrichien en France, l’un et l’autre en Russie ( * ), c’est le moyen de se plaire en tous lieux, et de n’être dépendant nulle part. Nous touchons au moment de quitter la fable pour l’histoire, et l’orient pour le nord. J’aurai toujours pour vous le midi dans mon cœur : que dites-vous de ce trait piquant ? Il a du moins, vous en conviendrez, le mérite du naturel.
( * ) .... toujours cité par les biographes de Ligne ....
Dernière édition par Mme de Sabran le Ven 26 Déc 2014, 17:34, édité 1 fois
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
Mme de Chimay a écrit:
Pour en revenir au grand homme de la Famille , François de Franquetot , on sait qu’il s’était distingué à Malplaquet, à Denain et pendant la campagne d’Espagne en 1719 sous Berwick. En 1734 , il succède à Villars comme commandant en chef des troupes qui opèrent dans l’Italie du Nord contre les impériaux. Il y révèle des talents militaires certains et il gagne la victoire de Parme. Il est, la même année , nommé maréchal de France et treize ans plus tard en 1747 fait duc. Il meurt en 1759 à 89 ans.
Le fils du maréchal , Jean-Antoine de Franquetot , marquis de Coigny , lieutenant général , fut tué en 1748 dans un duel avec le prince des Dombes , fils du duc du Maine . A la suite d’une partie de cartes où la chance avait favorisé le prince , le marquis de Coigny ’était écrié : « Il faut être bâtard pour avoir tant de bonheur ! «
Le prince des Dombes avait alors pris offense de cette phrase et exigé une réparation.
La rencontre eut lieu à Auteuil , sur le bord de la Seine , au point du jour , c'est-à-dire de grand matin. Le théâtre du duel garda le nom de « Point du Jour ».
Il laissait trois fils derrière lui qui se débrouillèrent bien.
L’aîné , le duc de Coigny , est premier écuyer de Louis XVI et comblé de faveurs et pensions. IL voit en 1787 son duché érigé en pairie.
Le plus jeune , le chevalier de Coigny est maréchal de camp mais il excelle dans l’art de combiner les anagrames.
Le cadet est maréchal de camp et chevalier d’honneur de Madame Elisabeth. Ainsi que le duc son frère, il appartient au cercle intime de Marie-Antoinette.
Pour se sortir de ses dettes, le comte fait un beau mariage en la personne d’Anne-Josèphe Michel de Roissy , avenante sinon jolie , instruite , un esprit piquant et original avec un zeste de bizarrerie et un goût singulier pour l’anatomie et la dissection des cadavres. Une singulière passion pour une jeune femme de 18 ans.
Elle n’avait qu’un défaut : elle était médiocrement « née ».
Sa famille était de finances et foisonnait de receveurs généraux.
Pour un Coigny , un tel mariage était presque une mésalliance . En revanche , la dot était séduisante et faisait passer l’amère pilule de la mésalliance. L’avoir de la future se montait à 900 000 livres représentées par ses droits dans trois successions encore incomplètement liquidées , celles de son arrière grand-père , M. Cordier de Launay , de son grand –père M. de Villette et de ses père et mère.
Le mariage fut célébré le 12 mai 1767. Le comte payait ses dettes et mettait de l’ordre dans ses affaires.
Le 23 octobre 1775 , la comtesse de Coigny mourait , laissant à son mari une petite fille née le 12 octobre 1769 et qui , baptisée à l’église de St Roch , avait reçu les prénoms d’Anne-Françoise -Aimée.
Avec cette aimable et insouciance immoralité du temps , le Comte de Coigny , qui ne pouvait se charger d’élever une enfant aussi jeune , la confia à sa maîtresse d’alors, la princesse de Guéménée.
La princesse de Guéménée était une amante passionnée et fidèle. Elle l’avait dans la peau.
Elle était folle du comte de Coigny , au point qu’on jugeait son amour « indécent ».
Kiki a écrit:
En fait la petite Aimée est élevée par la Gouvernante des Enfants de France ? Pas mal !
La princesse de Guéménée pouvait se le permettre puisqu'à cette date, il n'y a plus que madame Elisabeth confiée aux bons soins de sa sous-gouvernante madame de Mackau.
C'en est au point que lorsque la princesse de Guéménée devra quitter Montreuil , elle emmènera avec elle la petite Anne-Françoise -Aimée. Cela sera ressenti comme un choc par la petite car c'est comme quitter la lumière pour l'ombre.
Montreuil que récupérera madame Elisabeth qui y était reçue du temps de sa gouvernante... Décidément !
La pauvre Aimée de Coigny se retrouve donc victime collatérale de la célèbre banqueroute !
Mme de Chimay a écrit:
Mais oui !
Le château de Vigny est situé au nord ouest de Pontoise en plein Vexin. Un petit ruisseau coule dans la propriété. Il s’agit du ruisseau de l’aubette. Le parc fait 36 hectares.
Bâti vers 1500 par le cardinal d’Amboise, le ministre de Louis XII , le château de Vigny avait successivement appartenu aux Montmorency , aux Lévis-Ventadour et aux Rohan.
En 1782, au moment où Mme de Guéménée et Aimée de Coigny venaient de s’y installer , le château était inhabité depuis un siècle et les constructions , les jardins, le parc se ressentaient singulièrement de cet abandon. Il avait cet aspect gothique qui déplaisait si fort au XVIIIe siècle.
Lorsque plus tard, Aimée écrira ses Mémoires, elle emploiera les mêmes mots que Chateaubriand pour décrire Vigny.
Voici ce qu'elle écrit dans ses Mémoires :
« Rien ne me presse , je veux me rappeler les impressions que m’a fait éprouver le séjour à Vigny. C’est le seul endroit où l’on ait conservé mémoire de moi depuis mon enfance. On voit encore mon nom écrit sur des murs, des êtres vivants parlent de ce que je fus , enfin là , je me crois à l’abri de cette fatalité qui, semble avoir attaché auprès de moi un spectre invisible qui rompt à chaque instant les liens qui unissent mon existence et qui efface la trace de mes pas.
Je retrouve à Vigny tout ce qui, pour moi, compose le passé et j’acquiers la certitude d’avoir été aussi entourée d’intérêts doux dans mon enfance et de quelques espérances dans ma jeunesse. Voilà la chambre de cette amie qui protégea mes premiers jours , je vois la place où je causais avec elle , où je recevais ses leçons .
Voilà le rond où je dansais le dimanche , voilà les petits fossés que je trouvais si grands et le saule que mon père a planté au pied de la tour de sa maîtresse. Hélas, sa maîtresse à la distance d’une chambre , gît là dans la chapelle , derrière le lit qu’elle a si souvent occupé et où peut-être elle a rêvé le bonheur.
Ces grands arbres , sous lesquels mon enfance s’est écoulée …je les revoyais . J’étais sous leur abri ! J’habitais cette même chambre verte où les mêmes portraits semblaient jeter sur moi le même regard ! Eux seuls n’ont point changé ! La belle Montbazon, le Connétable de Luynes avaient traversé intacts cet espace de temps nommé Révolution qui a attaqué , dispersé toutes les nobles races de leurs descendances. Les rossignols de Vigny nichent dans les mêmes arbres , les hiboux dans les mêmes tours ; moi, j’ai la même chambre et le vieux Rolland et sa femme habitent le même pavillon !
Quel charme est donc attaché à ce retour sur la vie , quelle émotion me saisit en montant ces vieux escaliers en vis ? Pourquoi la vue de ces meubles vermoulus , de ce billard faussé , de cette grande et triste chambre à coucher , fait-elle couler les larmes de mes yeux ?
O existence ! Tu n’attaches que par le passé et tu n’intéresse que par l’avenir ! Le moment présent , transitoire et presque inaperçu , ne vaudra que par les souvenirs dont il sera peut-être un jour l’objet ! "
Vendu en 1822 par la famille de Rohan , le château de Vigny fut une première fois restauré dans les années qui suivirent .
Acheté en 1867 par le comte Vitali , il a été de la part de ce dernier l’objet d’importants remaniements qui en modifièrent le caractère primitif . En juillet 1919, le château de Vigny a de nouveau été mis en vente.
Pour voir à quoi ressemble le château de Vigny, ne pas oublier de parcourir les lieux du XVIIIe siècle où j'ai ouvert un fil sur le château de Vigny.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
Mme de Chimay a écrit:
Pour voir à quoi ressemble le château de Vigny, ne pas oublier de parcourir les lieux du XVIIIe siècle où j'ai ouvert un fil sur le château de Vigny.
Nous vous y suivons, chère Princesse !
Mme de Chimay a écrit:
Château de Vigny
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vigny_(Val-d'Oise)
http://www.sant-eusebio.com/pages/18.html
http://www.vigny.fr/content/content1456.html
Ce fut là que vint se réfugier la Princesse de Guéménée accompagnée de la petite Aimée de Coigny.
L'histoire du château
http://storage.canalblog.com/02/50/620535/42182693.pdf
Aujourd'hui , ce château abrite une école de cuisine japonaise.
J'ai trouvé plein de photos de ce château sur ce blog
http://lafeerailleuse.blogspot.com/2010/12/chateau-de-vigny-val-doise.html
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
Merci pour l’ouverture de ce sujet...
.... :Mme de Sabran a écrit:
La marquise de Coigny l'était moins. Elevée en province, dans un milieu de bourgeoisie parlementaire, elle affectait un profond mépris pour la noblesse de cour qu'elle traitait de « racaille aristocratique ».
Maîtresse de Lauzun ?Mme de Sabran a écrit:Maîtresse du beau duc de Lauzun, sa beauté inspire André Chénier dans les prisons de la Terreur où elle faillit laisser sa tête.
C’est un bon roman, assez court. J’en garde un agréable souvenir de lecture.Mme de Sabran a écrit:Dans « Le pas du juge », Henri Troyat évoque le passé des frères Chénier : André, le jeune poète et victime symbolique de la Terreur ; et Marie-Joseph jacobin convaincu, membre de la Convention, et, dit-on, indifférent au sort réservé à son frère.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
La nuit, la neige a écrit:Mme de Sabran a écrit:
La marquise de Coigny l'était moins. Elevée en province, dans un milieu de bourgeoisie parlementaire, elle affectait un profond mépris pour la noblesse de cour qu'elle traitait de « racaille aristocratique ».
.... :
Oui, n'est-ce pas ! C'est ce qui s'appelle avoir son franc-parler ... :
La nuit, la neige a écrit:
Dans « Le pas du juge », Henri Troyat évoque le passé des frères Chénier : André, le jeune poète et victime symbolique de la Terreur ; et Marie-Joseph jacobin convaincu, membre de la Convention, et, dit-on, indifférent au sort réservé à son frère.
C’est un bon roman, assez court. J’en garde un agréable souvenir de lecture.
Il manque à ma culture, je l'avoue ...
Notre Princesse poursuit :
Mme de Chimay a écrit:
Notre petite Aimée a fait un mariage arrangé. Le fiancé s’appelle André-Hercule-Marie-de Rosset de Rocozels de Fleury. Il était tout frais émoulu du collège d’Harcourt . Il était l’arrière petit neveu du cardinal de Fleury.
Des relations existaient depuis plusieurs années entre les Coigny et les Fleury. La marquise de Fleury, la mère , était une amie du duc et de la duchesse de Choiseul . Elle les avait conquis par son talent à égayer la société et on lui avait donné le surnom d’Aquilon.
Avec Mme de Poix et d’Ossun, elles formaient un trio de charmantes écervelées et on les avait baptisées les « Trois Grâces « . M. de Montesquiou avait fait une chanson sur elles .
En cette année 1784 , tous les Coigny habitaient dans l’hôtel du chef de famille , situé rue St Nicaise , où il portait les numéros 26 et 27.
A cette époque, le quadrilatère compris entre les Tuileries , les galeries du Louvre donnant sur le quai , le vieux Louvre et la rue St Honoré était encore , à l’exception de la place du carrousel , alors très irrégulière de forme et singulièrement exiguë , couvert par un amas de constructions disparates qui masquaient et étouffait les deux palais royaux. Imaginez un labyrinthe de rues tortueuses , de ruelles étroites et obscures, de culs de sac , sinuant et s’entrecroisant de la façon la plus imprévue . Là dedans , accolés au hasard , enchevêtrés ,
un pêle-mêle de vieilles masures délabrées et sordides , d’églises et d’hôtels aristocratiques.
Il y avait ainsi les rues du Champ Fleuri , du Chantre, Jean Saint Denis , Fromenteau , Saint Thomas du Louvre , du Doyenné, des Orties , de Matignon , Saint Nicaise.
La rue Saint Nicaise , orientée parallèlement aux Tuileries , se trouvait à peu près dans le prolongement de la rue Richelieu. L’hôtel de Coigny se dressait à son extrémité , du côté de la Seine , au coin de la rue des Orties.
C’était une vaste demeure composée de bâtiments distribués autour de deux cours et d’un jardin et que le sombre et humide couloir de la rue des Orties séparait du Louvre.
Construit dans la première moitié du XVIIe siècle, l’hôtel avait , pendant près d’un siècle , appartenu à la famille des Béringhen ; depuis la fin du règne de Louis XV , il était la propriété des Coigny.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
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Tandis que les Coigny jouissaient de la plus grande faveur à la cour et se partageaient un million de pensions sur la cassette royale, la marquise avait, comme Lauzun, pris parti pour le duc d’Orléans, pour la révolution. Elle assistait volontiers aux séances de l’assemblée nationale, dans la salle du manège. Un jour qu’avec Diane de Polignac, elle blâmait hautement les principes exposés par Maury, l’abbé se serait écrié, en désignant du doigt les causeuses :
« Monsieur le président, faites taire ces deux sans-culottes ! » : : :
( Victor du Bled, Revue des Deux Mondes )
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Tandis que les Coigny jouissaient de la plus grande faveur à la cour et se partageaient un million de pensions sur la cassette royale, la marquise avait, comme Lauzun, pris parti pour le duc d’Orléans, pour la révolution. Elle assistait volontiers aux séances de l’assemblée nationale, dans la salle du manège. Un jour qu’avec Diane de Polignac, elle blâmait hautement les principes exposés par Maury, l’abbé se serait écrié, en désignant du doigt les causeuses :
« Monsieur le président, faites taire ces deux sans-culottes ! » : : :
( Victor du Bled, Revue des Deux Mondes )
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond
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Son visage était enchanteur, écrit Mme Vigée-Lebrun, son regard brûlant, sa taille celle qu’on donne à Vénus, son esprit supérieur. Mais une âme romanesque, une imagination ardente, excentrique, l’exposaient à mille dangers auxquels elle s’empressa de succomber. Un soir, chez Mme de Guéménée, venant de faire sa cour, elle ôte devant cinquante personnes son bas de robe (une queue de plusieurs aunes), et la princesse l’ayant invitée en riant à se défaire aussi de son immense panier, elle relève le défi, reste pendant quatre heures « avec son grand corps et sa palatine, et en petit jupon court de basin, sur lequel ballottaient ses deux poches. »
Voyant tout le monde s’occuper d’elle et rire de ses folies, Horace Walpole remarquait fort justement : « Elle est fort drôle ici, mais que fait-on de cela à la maison ? »
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Son visage était enchanteur, écrit Mme Vigée-Lebrun, son regard brûlant, sa taille celle qu’on donne à Vénus, son esprit supérieur. Mais une âme romanesque, une imagination ardente, excentrique, l’exposaient à mille dangers auxquels elle s’empressa de succomber. Un soir, chez Mme de Guéménée, venant de faire sa cour, elle ôte devant cinquante personnes son bas de robe (une queue de plusieurs aunes), et la princesse l’ayant invitée en riant à se défaire aussi de son immense panier, elle relève le défi, reste pendant quatre heures « avec son grand corps et sa palatine, et en petit jupon court de basin, sur lequel ballottaient ses deux poches. »
Voyant tout le monde s’occuper d’elle et rire de ses folies, Horace Walpole remarquait fort justement : « Elle est fort drôle ici, mais que fait-on de cela à la maison ? »
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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