Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
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Mme de Sabran
Lucius
La nuit, la neige
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
François avait écrit à la Conciergerie :
Voici ce que j'ai trouvé dans mes recherches.
Marie Paule Angelique d'Albert de Luynes, Duchesse de Picquigny, puis en 1769 Duchesse de Chaulnes
née le 07-09-1744 morte le 17 novembre 1781
Dame du¨Palais de Marie Leszczynska puis de Marie Antoinette en 1770. On garde sa trace en 1781.
Mariée à Marie Joseph Louis d'Albert d'Ailly Vidame d'Amiens, puis duc de Picquigny puis en 1769, Duc de Chaulnes
né le 24-11-1741
mort en 1793
Cornette surnumeraire de la compagnie des chevaux légers de la garde ordinaire du roi 1748 et mestre de camp en 1756
Voilà
Mr de Talaru
Miche a écrit :
Dauphine nouvellement arrivée à la cour de Versailles, Marie Antoinette se lia avec deux jeunes femmes, la malicieuse marquise de Mailly et l'originale duchesse de Chaulnes Picquigny (LA FAYE, op. cit., pp 56 sqq).
Cette dernière était, selon Edmond de Goncourt, la digne belle-fille de la duchesse de Chaulnes. Elle avait de sa belle-mère l'abondance d'idées, le flux des saillies, les fusées, les éclairs et les feux de paille. Elle était tout esprit comme elle, et cet esprit était un esprit à la diable. Elle prenait en se jouant son parti de toutes choses, et de son mariage et de son mari, ce fou d'histoire naturelle qui, disait-elle, avait voulu la disséquer pour l'anatomiser.
S'il faut en croire la note en page 57, Madame de Picquigny, dans les dernières années de sa vie, tint Versailles en haleine par son remariage avec un homme bien plus jeune qu'elle, un conseiller à la Cour des Comptes qui occupait une petite situation dans la Maison de Marie Antoinette. Ne prenant que l'homme, pas le nom, la duchesse continua de s'appeler Picquigny. Une femme de caractère !
Pour l'heure, elle entoure la jeune dauphine de ses plaisanteries sur la du Barry, qu'elle surnomme avec une élégance infinie la grande sauteuse. C'était d'ailleurs elle aussi qui avait établi la subtile distinction entre les siècles, les collets montés et les paquets.
Ces farces ne plairont que trop à l'espiègle dauphine, qui retrouvera ainsi un peu du sel de son intimité avec Marie Caroline, qui, déjà, suscitait les remontrances de leur auguste mère.
A la cour de Versailles, froncements de sourcils et pincements de lèvres accueilleront ces enfantillages, qui, peu à peu, vont monter les esprit contre Marie Antoinette.
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Voici ce que j'ai trouvé dans mes recherches.
Marie Paule Angelique d'Albert de Luynes, Duchesse de Picquigny, puis en 1769 Duchesse de Chaulnes
née le 07-09-1744 morte le 17 novembre 1781
Dame du¨Palais de Marie Leszczynska puis de Marie Antoinette en 1770. On garde sa trace en 1781.
Mariée à Marie Joseph Louis d'Albert d'Ailly Vidame d'Amiens, puis duc de Picquigny puis en 1769, Duc de Chaulnes
né le 24-11-1741
mort en 1793
Cornette surnumeraire de la compagnie des chevaux légers de la garde ordinaire du roi 1748 et mestre de camp en 1756
Voilà
Mr de Talaru
Miche a écrit :
Dauphine nouvellement arrivée à la cour de Versailles, Marie Antoinette se lia avec deux jeunes femmes, la malicieuse marquise de Mailly et l'originale duchesse de Chaulnes Picquigny (LA FAYE, op. cit., pp 56 sqq).
Cette dernière était, selon Edmond de Goncourt, la digne belle-fille de la duchesse de Chaulnes. Elle avait de sa belle-mère l'abondance d'idées, le flux des saillies, les fusées, les éclairs et les feux de paille. Elle était tout esprit comme elle, et cet esprit était un esprit à la diable. Elle prenait en se jouant son parti de toutes choses, et de son mariage et de son mari, ce fou d'histoire naturelle qui, disait-elle, avait voulu la disséquer pour l'anatomiser.
S'il faut en croire la note en page 57, Madame de Picquigny, dans les dernières années de sa vie, tint Versailles en haleine par son remariage avec un homme bien plus jeune qu'elle, un conseiller à la Cour des Comptes qui occupait une petite situation dans la Maison de Marie Antoinette. Ne prenant que l'homme, pas le nom, la duchesse continua de s'appeler Picquigny. Une femme de caractère !
Pour l'heure, elle entoure la jeune dauphine de ses plaisanteries sur la du Barry, qu'elle surnomme avec une élégance infinie la grande sauteuse. C'était d'ailleurs elle aussi qui avait établi la subtile distinction entre les siècles, les collets montés et les paquets.
Ces farces ne plairont que trop à l'espiègle dauphine, qui retrouvera ainsi un peu du sel de son intimité avec Marie Caroline, qui, déjà, suscitait les remontrances de leur auguste mère.
A la cour de Versailles, froncements de sourcils et pincements de lèvres accueilleront ces enfantillages, qui, peu à peu, vont monter les esprit contre Marie Antoinette.
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Invité- Invité
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
La nuit, la neige a écrit :
Eh bien, pour celle-là (est-ce donc cette belle-mère ? ), je connais quelqu'un qui en parle... Cool
Ma chère et perfide marquise du Deffand nous propose un portrait...au vitriol, comme souvent.
Celui-ci est l'un de ses plus célèbres.
L'espace...
Voici :
L'esprit de madame la duchesse de Chaulnes est si singulier, qu'il est impossible de le définir : il ne peut être comparé qu'à l'espace ; il en a pour ainsi dire toutes les dimensions, la profondeur, l'étendue et le néant ; il prend toute sorte de formes et n'en conserve aucune ; c'est une abondance d'idées toutes indépendantes l'une de l'autre, qui se détruisent et se régénèrent perpétuellement.
Il ne lui manque aucun attribut de l'esprit, et l'on ne peut dire cependant qu'elle en possède aucun, raison, jugement, habileté, etc.
On aperçoit toutes ces qualités en elle, mais c'est à la manière de la lanterne magique ; elles disparaissent à mesure qu'elles se produisent : tout l'or du Pérou passe par ses mains sans qu'elle en soit plus riche.
Dénué de sentiment et de passion, son esprit n'est qu'une flamme sans feu et sans chaleur, mais qui ne laisse pas de répandre une grande lumière.
Tous les objets la frappent, aucun ne l'attache ni ne la fixe ; les impressions qu'elle reçoit sont passagères. L'extrême activité de son imagination fait qu'elle s'abandonne sans examen et sans ressource à tous ses premiers mouvements.
Elle s'engagera dans une galanterie, et s'en dégagera avec tant de précipitation, qu'elle pourra bien oublier jusqu'au nom, jusqu'à la figure de son amant.
Si elle entre dans quelques projets, dans quelques intrigues où il soit nécessaire d'agir, l'ardeur, l'intelligence, l'habileté, rien ne lui manquera, et elle pourra contribuer au succès ; mais si les circonstances exigent de la patience, de l'inaction, elle abandonnera bientôt l'entreprise.
Jamais elle ne sera occupée ni intéressée que par les choses qui demandent une sorte d'effort ; les sciences les plus abstraites sont les seules pour lesquelles elle ait de l'attrait, non parce qu'elle éclairent son esprit, mais parce qu'elles l'exercent.
Ce n'est point à sa jeunesse qu'on peut attribuer ses défauts ; ils ne sont point l'effet de ses passions : son âme est insensible, ses sens sont rarement affectés, rien, à ce qu'il semble, ne devrait s'opposer en elle à la réflexion ; mais c'est une opération de l'esprit trop lente : il y entre du souvenir et de la prévoyance, et elle ne voit jamais que l'instant présent.
On conclura aisément qu'il n'y a rien à dire de son caractère : il est et sera toujours suivant que son imagination en ordonnera.
Madame la duchesse de Chaulnes est un être qui n'a rien de commun avec les autres êtres que la forme extérieure : elle a l'usage et l'apparence de tout, et elle n'a la propriété ni la réalité de rien.
J'adore !
En 1742, elle écrit encore au président Hénault :
La Pecquigny n'est d'aucune ressource, et son esprit est comme l'espace (....voir précédemment Wink )
Elle a tout senti, tout jugé, tout éprouvé, tout choisi, tout rejeté ; elle est, dit-elle, d'une difficulté singulière en compagnie, et cependant elle est toute la journée avec toutes nos petites madames à jaboter comme une pie.
Mais ce n'est pas cela qui me déplaît en elle : cela m'est commode dès aujourd'hui, et cela me sera très agréable sitôt que Formont sera arrivé.
Ce qui m'est insupportable, c'est le dîner : elle a l'air d'une folle en mangeant ; elle dépèce une poularde dans le plat où on la sert, ensuite elle la met dans un autre, se fait rapporter du bouillon pour mettre dessus, tout semblable à celui qu'elle rend, et puis elle prend un haut d'aile, ensuite le corps dont elle ne mange que la moitié ; et puis elle ne veut pas que l'on retourne le veau pour couper un os, de peur qu'on n'amollisse la peau ; elle coupe un os avec toute la peine possible, elle le ronge à demi, puis retourne à sa poularde ; après elle pèle tout le dessus du veau, ensuite elle revient à ronger sa poularde : cela dure deux heures.
Elle a sur son assiette des morceaux d'os rongés, de peaux sucées, et pendant ce temps, ou je m'ennuie à la mort, ou je mange plus qu'il ne faudrait.
C'est une curiosité de la voir manger un biscuit ; cela dure une demi-heure, et le total, c'est qu'elle mange comme un loup : il est vrai qu'elle fait un exercice enragé.
Je suis fâchée que vous ayez de commun avec elle l'impossibilité de rester une minute en repos.
Enfin, voulez-vous que je vous le dise ? elle est on ne peut pas moins aimable : elle a sans doute de l'esprit ; mais tout cela est mal digéré ; et je ne crois pas qu'elle vaille jamais davantage.
Elle est aisée à vivre ; mais je la défierais d'être difficile avec moi : je me soumets à toutes ces fantaisies, parce qu'elle ne me font rien ; notre union présente n'aura nulle suite pour l'avenir.
P.S : En note du bouquin (Mercure de France), je lis pour cette même Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson : morte en 1787.
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Miche a écrit:
Voilà une première info : Chaulnes, Anne-Josèphe Bonnier de La Mosson, duchesse de Picquigny, puis de (1718-1782)
Eh bien, pour celle-là (est-ce donc cette belle-mère ? ), je connais quelqu'un qui en parle... Cool
Ma chère et perfide marquise du Deffand nous propose un portrait...au vitriol, comme souvent.
Celui-ci est l'un de ses plus célèbres.
L'espace...
Voici :
L'esprit de madame la duchesse de Chaulnes est si singulier, qu'il est impossible de le définir : il ne peut être comparé qu'à l'espace ; il en a pour ainsi dire toutes les dimensions, la profondeur, l'étendue et le néant ; il prend toute sorte de formes et n'en conserve aucune ; c'est une abondance d'idées toutes indépendantes l'une de l'autre, qui se détruisent et se régénèrent perpétuellement.
Il ne lui manque aucun attribut de l'esprit, et l'on ne peut dire cependant qu'elle en possède aucun, raison, jugement, habileté, etc.
On aperçoit toutes ces qualités en elle, mais c'est à la manière de la lanterne magique ; elles disparaissent à mesure qu'elles se produisent : tout l'or du Pérou passe par ses mains sans qu'elle en soit plus riche.
Dénué de sentiment et de passion, son esprit n'est qu'une flamme sans feu et sans chaleur, mais qui ne laisse pas de répandre une grande lumière.
Tous les objets la frappent, aucun ne l'attache ni ne la fixe ; les impressions qu'elle reçoit sont passagères. L'extrême activité de son imagination fait qu'elle s'abandonne sans examen et sans ressource à tous ses premiers mouvements.
Elle s'engagera dans une galanterie, et s'en dégagera avec tant de précipitation, qu'elle pourra bien oublier jusqu'au nom, jusqu'à la figure de son amant.
Si elle entre dans quelques projets, dans quelques intrigues où il soit nécessaire d'agir, l'ardeur, l'intelligence, l'habileté, rien ne lui manquera, et elle pourra contribuer au succès ; mais si les circonstances exigent de la patience, de l'inaction, elle abandonnera bientôt l'entreprise.
Jamais elle ne sera occupée ni intéressée que par les choses qui demandent une sorte d'effort ; les sciences les plus abstraites sont les seules pour lesquelles elle ait de l'attrait, non parce qu'elle éclairent son esprit, mais parce qu'elles l'exercent.
Ce n'est point à sa jeunesse qu'on peut attribuer ses défauts ; ils ne sont point l'effet de ses passions : son âme est insensible, ses sens sont rarement affectés, rien, à ce qu'il semble, ne devrait s'opposer en elle à la réflexion ; mais c'est une opération de l'esprit trop lente : il y entre du souvenir et de la prévoyance, et elle ne voit jamais que l'instant présent.
On conclura aisément qu'il n'y a rien à dire de son caractère : il est et sera toujours suivant que son imagination en ordonnera.
Madame la duchesse de Chaulnes est un être qui n'a rien de commun avec les autres êtres que la forme extérieure : elle a l'usage et l'apparence de tout, et elle n'a la propriété ni la réalité de rien.
J'adore !
En 1742, elle écrit encore au président Hénault :
La Pecquigny n'est d'aucune ressource, et son esprit est comme l'espace (....voir précédemment Wink )
Elle a tout senti, tout jugé, tout éprouvé, tout choisi, tout rejeté ; elle est, dit-elle, d'une difficulté singulière en compagnie, et cependant elle est toute la journée avec toutes nos petites madames à jaboter comme une pie.
Mais ce n'est pas cela qui me déplaît en elle : cela m'est commode dès aujourd'hui, et cela me sera très agréable sitôt que Formont sera arrivé.
Ce qui m'est insupportable, c'est le dîner : elle a l'air d'une folle en mangeant ; elle dépèce une poularde dans le plat où on la sert, ensuite elle la met dans un autre, se fait rapporter du bouillon pour mettre dessus, tout semblable à celui qu'elle rend, et puis elle prend un haut d'aile, ensuite le corps dont elle ne mange que la moitié ; et puis elle ne veut pas que l'on retourne le veau pour couper un os, de peur qu'on n'amollisse la peau ; elle coupe un os avec toute la peine possible, elle le ronge à demi, puis retourne à sa poularde ; après elle pèle tout le dessus du veau, ensuite elle revient à ronger sa poularde : cela dure deux heures.
Elle a sur son assiette des morceaux d'os rongés, de peaux sucées, et pendant ce temps, ou je m'ennuie à la mort, ou je mange plus qu'il ne faudrait.
C'est une curiosité de la voir manger un biscuit ; cela dure une demi-heure, et le total, c'est qu'elle mange comme un loup : il est vrai qu'elle fait un exercice enragé.
Je suis fâchée que vous ayez de commun avec elle l'impossibilité de rester une minute en repos.
Enfin, voulez-vous que je vous le dise ? elle est on ne peut pas moins aimable : elle a sans doute de l'esprit ; mais tout cela est mal digéré ; et je ne crois pas qu'elle vaille jamais davantage.
Elle est aisée à vivre ; mais je la défierais d'être difficile avec moi : je me soumets à toutes ces fantaisies, parce qu'elle ne me font rien ; notre union présente n'aura nulle suite pour l'avenir.
P.S : En note du bouquin (Mercure de France), je lis pour cette même Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson : morte en 1787.
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Invité- Invité
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
La nuit, la Neige a écrit :
Bien. Je dois vous dire que je suis un peu perdu avec cette duchesse de Chaulnes belle-fille / belle-mère. C’est la même non ?
Comprends rien !
Voici ce que j’ai trouvé :
Depuis le site d'Elisabeth Vigée Le Brun :
Born Anne Josêphe Bonnier de La Mosson. In 1734 she married Michel Ferdinand d’Albert d’Ailly duc de Picquigny, duc de Chaulnes. After being widowed, she married Henri de Giac, called the marquis de Giac. She died in Paris in 1782. (She was also painted by Nattier.) (Information from Olivier Blanc.)
Sur le site de la RMN, elle meurt en 1787...
Depuis les Souvenirs (bon ok, apocryphes ) de Mme de Créqui :
La Duchesse de Chaulnes était certainement la plus extravagante et la plus ridicule personne de France.1
C'était une grosse douairière toute bouffie, gorgée, soufflée, boursouflée de santé masculine et de sensibilité philosophique, qui se faisait ajuster et coiffer en petite mignonne, et qui zézéyait en parlant pour se rajeunir. Elle était éminemment riche, et c'étaient les enfans du Maréchal de Richelieu qui devaient hériter d'elle ; je pense que c'était à cause de leur grand'mère qui était une Mlle Jeannin de Castille. On supposait bien qu'elle éprouvait la tentation de se remarier ; mais ses héritiers ne s'en inquiétaient guère, en se reposant sur la difficulté qu'elle aurait à trouver un homme de la cour, ou même un simple gentilhomme qualifié qui voulût affronter une pareille exorbitance de chairs, de ridicules et de moustaches.
Il y avait à Paris, d'un autre côté, car c'était dans une des chambres d'enquêtes, un certain Conseiller sans barbe qui s'appelait M. de Giac, et qui était l'homme de justice le plus pédant, le plus risiblement coquet et le plus ennuyeux. Il avait l'air d'un squelette à qui l'on aurait mis du rouge de blonde et des habits de taffetas lilas. Il pinçait de la mandoline en se pinçant la bouche et jouant des prunelles. Il avait la prétention d'avoir composé la musique et les paroles d'un opéra tragique, mais par habitude il ne fabriquait que des pièces fugitives, et c'était de la poésie, d'autant plus légère qu'il n'y avait rien dedans.
Voilà M. de Richelieu qui s'amuse à faire courir le bruit d'un mariage entre Mme de Chaulnes et M. de Giac qui ne se connaissaient point du tout. C'est un bruit qui se répand dans tout Paris : on leur en parle ; Mme de Chaulnes se fait désigner l'équipage, la loge et la personne de M. de Giac, et vice versa de la part du Conseiller pour la Duchesse ; on s'observe, on s'approche, on fait connaissance, on s'admire, et finalement on s'épouse. Mme de Chaulnes en a donné deux cent mille livres de rente à son second mari, et voilà M. de Richelieu bien récompensé ! — Je dois vous annoncer, lui vint-elle dire, au pavillon d'Hanovre, en prenant des airs de mineure, je viens vous annoncer que je vais me donner un tuteur.... — Madame, lui répondit-il en s'inclinant jusqu'à terre, (ce qui préludait toujours à quelque perfidie), j'aurais cru que vous aviez perdu le droit de le choisir vous-même ; et quelle est donc, s'il vous plaît, cette heureuse et prudente personne qui va diriger votre minorité ? Elle répondit en minaudant que c'était un jeune magistrat qui avait l'honneur d'appartenir aux Lefèvre de Caumartin ; mais elle ne voulut ou n'osa jamais le nommer, ce qui priva M. de Richelieu du plaisir de lui répondre qu'on n'était plus jeune à cinquante-deux ans, parce que c'était précisément l'âge de la Duchesse et celui de son Conseiller des enquêtes. Ce qu'il y eut de charmant, c'est qu'elle alla disait partout que le Maréchal de Richelieu l'avait complimentée de la manière la plus aimable, et qu'il avait eu la galanterie de l'appeler Pupille dilatée.
Pour apprendre à M. de Giac à compromettre sa dignité parlementaire en épousant une folle à cause de son argent, le Parlement de Paris l'obligea de quitter la magistrature, et le Roi l'exila du côté de Barèges où nous l'avons vu se promenant le long des ruisseaux, costumé comme un berger d'Opéra, sous un parasol orné d'églantines, et la houlette à la main. tout donne à penser qu'il aura fini raisonnablement, car il a légué toute sa fortune à l'hôtel-Dieu de Bordeaux.
1. Anne-Josephe Bonnier de Lamosson, fille d'un Trésorier-Général des états de Languedc, mariée en 1734, morte à Paris, le 6 décembre 1782 No , étant veuve en deuxièmes noces de Martial-Henry de Giac, Seigneur de la Chapelle-en-Parisis
Enfin, dans les Portraits intimes du dix-huitième siècle d'Edmond & Jules de Goncourt, je vous propose de lire ceci, sur cette amie de Marie Antoinette : http://www.freres-goncourt.fr/portraitsintimes/duchaulnes.htm
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Bien. Je dois vous dire que je suis un peu perdu avec cette duchesse de Chaulnes belle-fille / belle-mère. C’est la même non ?
Comprends rien !
Voici ce que j’ai trouvé :
Depuis le site d'Elisabeth Vigée Le Brun :
Born Anne Josêphe Bonnier de La Mosson. In 1734 she married Michel Ferdinand d’Albert d’Ailly duc de Picquigny, duc de Chaulnes. After being widowed, she married Henri de Giac, called the marquis de Giac. She died in Paris in 1782. (She was also painted by Nattier.) (Information from Olivier Blanc.)
Sur le site de la RMN, elle meurt en 1787...
Depuis les Souvenirs (bon ok, apocryphes ) de Mme de Créqui :
La Duchesse de Chaulnes était certainement la plus extravagante et la plus ridicule personne de France.1
C'était une grosse douairière toute bouffie, gorgée, soufflée, boursouflée de santé masculine et de sensibilité philosophique, qui se faisait ajuster et coiffer en petite mignonne, et qui zézéyait en parlant pour se rajeunir. Elle était éminemment riche, et c'étaient les enfans du Maréchal de Richelieu qui devaient hériter d'elle ; je pense que c'était à cause de leur grand'mère qui était une Mlle Jeannin de Castille. On supposait bien qu'elle éprouvait la tentation de se remarier ; mais ses héritiers ne s'en inquiétaient guère, en se reposant sur la difficulté qu'elle aurait à trouver un homme de la cour, ou même un simple gentilhomme qualifié qui voulût affronter une pareille exorbitance de chairs, de ridicules et de moustaches.
Il y avait à Paris, d'un autre côté, car c'était dans une des chambres d'enquêtes, un certain Conseiller sans barbe qui s'appelait M. de Giac, et qui était l'homme de justice le plus pédant, le plus risiblement coquet et le plus ennuyeux. Il avait l'air d'un squelette à qui l'on aurait mis du rouge de blonde et des habits de taffetas lilas. Il pinçait de la mandoline en se pinçant la bouche et jouant des prunelles. Il avait la prétention d'avoir composé la musique et les paroles d'un opéra tragique, mais par habitude il ne fabriquait que des pièces fugitives, et c'était de la poésie, d'autant plus légère qu'il n'y avait rien dedans.
Voilà M. de Richelieu qui s'amuse à faire courir le bruit d'un mariage entre Mme de Chaulnes et M. de Giac qui ne se connaissaient point du tout. C'est un bruit qui se répand dans tout Paris : on leur en parle ; Mme de Chaulnes se fait désigner l'équipage, la loge et la personne de M. de Giac, et vice versa de la part du Conseiller pour la Duchesse ; on s'observe, on s'approche, on fait connaissance, on s'admire, et finalement on s'épouse. Mme de Chaulnes en a donné deux cent mille livres de rente à son second mari, et voilà M. de Richelieu bien récompensé ! — Je dois vous annoncer, lui vint-elle dire, au pavillon d'Hanovre, en prenant des airs de mineure, je viens vous annoncer que je vais me donner un tuteur.... — Madame, lui répondit-il en s'inclinant jusqu'à terre, (ce qui préludait toujours à quelque perfidie), j'aurais cru que vous aviez perdu le droit de le choisir vous-même ; et quelle est donc, s'il vous plaît, cette heureuse et prudente personne qui va diriger votre minorité ? Elle répondit en minaudant que c'était un jeune magistrat qui avait l'honneur d'appartenir aux Lefèvre de Caumartin ; mais elle ne voulut ou n'osa jamais le nommer, ce qui priva M. de Richelieu du plaisir de lui répondre qu'on n'était plus jeune à cinquante-deux ans, parce que c'était précisément l'âge de la Duchesse et celui de son Conseiller des enquêtes. Ce qu'il y eut de charmant, c'est qu'elle alla disait partout que le Maréchal de Richelieu l'avait complimentée de la manière la plus aimable, et qu'il avait eu la galanterie de l'appeler Pupille dilatée.
Pour apprendre à M. de Giac à compromettre sa dignité parlementaire en épousant une folle à cause de son argent, le Parlement de Paris l'obligea de quitter la magistrature, et le Roi l'exila du côté de Barèges où nous l'avons vu se promenant le long des ruisseaux, costumé comme un berger d'Opéra, sous un parasol orné d'églantines, et la houlette à la main. tout donne à penser qu'il aura fini raisonnablement, car il a légué toute sa fortune à l'hôtel-Dieu de Bordeaux.
1. Anne-Josephe Bonnier de Lamosson, fille d'un Trésorier-Général des états de Languedc, mariée en 1734, morte à Paris, le 6 décembre 1782 No , étant veuve en deuxièmes noces de Martial-Henry de Giac, Seigneur de la Chapelle-en-Parisis
Enfin, dans les Portraits intimes du dix-huitième siècle d'Edmond & Jules de Goncourt, je vous propose de lire ceci, sur cette amie de Marie Antoinette : http://www.freres-goncourt.fr/portraitsintimes/duchaulnes.htm
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Invité- Invité
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Gouverneur Morris a écrit :
C'est vrai qu'on est perdu dans ces dames, laquelle donc épouse Mr de Giac ? La Dame de Marie-Antoinette meurt en 1782, on est d'accord, son mari perit en 1793 (sur l'échafaud ?). Donc est-ce une soeur du Duc, puisqu'il est fait duc de Chaulnes en 1769, ou de son fils ?
Mr de Talaru
A priori, c'est la première (née de Mosson) qui épouse une fois veuve M. de Giac.
La seconde, née Albert de Luynes, est décédée d'après le site que j'ai cité plus haut le 17 octobre 1781. Elle a épousé le fils unique du précédent (voir également l'arbre que j'ai posté). Les Chaulnes en question, père et fils, ont les honneurs de quelques lignes sur Wikipédia d'ailleurs (voir le lien posté par Pimprenelle pour le père et qui renvoie également au fils).
Son époux par contre, est indiqué comme décédé en 1792 ou 1793 selon les sources que j'ai pu trouver. Ce qui, bien sûr, ne laisse pas cours aux mêmes spéculations vue la période.
Mr de TALARU a écrit :
Cher Momo,
Nous allons bien réussir à démêler ce noeud d'énigmes.
Votre Duchesse de Chaulnes (Anne Bonnier de Mosson épouse Michel Ferdinand qui est né le 31-12-1714. La Dame du Palais de Marie Antoinette née en 1744 épouse elle Marie Joseph Louis. Donc ce dernier est soit le fils de Michel Ferdinand, soit son cousin. En aucun cas Marie Paule Angélique (dame de Marie-Antoinette ) n'est deuxième épouse. Qu'en pensez-vous ? C'est pour cela que je pense que c'est sa belle mère qui fit ce deuxième mariage, vu la date de naissance de son époux (1714, on est sous Louis XIV)
Mr de Talaru
(...)
J'ai, plusieurs fois en effet, trouvé Mme de Picquigny citée dans les toutes premières amies de Marie-Antoinette.
La duchesse de Picquigny, comme la marquise de Duras, les comtesses de Mailly et de Saulx-Tavannes, avaient fait partie de la Maison de Marie Lezczinska.
Mme Campan donne Mme de Picquigny comme présente en tant que dame du palais à la cérémonie d'étiquette à laquelle Marie-Antoinette, dauphine, est soumise à son passage de la frontière, en 1770.
C'est elle ( Campan ) qui rapporte ( fait contesté aujourd'hui ) comment Marie-Antoinette aurait été, selon le protocole figé depuis des décennies, entièrement dévêtue et dépouillée de tout objet personnel pouvant lui rappeler sa première patrie l'Autriche. Sur quelles sources s'appuie-t-on maintenant pour battre en brèche cette anecdote ???
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C'est vrai qu'on est perdu dans ces dames, laquelle donc épouse Mr de Giac ? La Dame de Marie-Antoinette meurt en 1782, on est d'accord, son mari perit en 1793 (sur l'échafaud ?). Donc est-ce une soeur du Duc, puisqu'il est fait duc de Chaulnes en 1769, ou de son fils ?
Mr de Talaru
A priori, c'est la première (née de Mosson) qui épouse une fois veuve M. de Giac.
La seconde, née Albert de Luynes, est décédée d'après le site que j'ai cité plus haut le 17 octobre 1781. Elle a épousé le fils unique du précédent (voir également l'arbre que j'ai posté). Les Chaulnes en question, père et fils, ont les honneurs de quelques lignes sur Wikipédia d'ailleurs (voir le lien posté par Pimprenelle pour le père et qui renvoie également au fils).
Son époux par contre, est indiqué comme décédé en 1792 ou 1793 selon les sources que j'ai pu trouver. Ce qui, bien sûr, ne laisse pas cours aux mêmes spéculations vue la période.
Mr de TALARU a écrit :
Cher Momo,
Nous allons bien réussir à démêler ce noeud d'énigmes.
Votre Duchesse de Chaulnes (Anne Bonnier de Mosson épouse Michel Ferdinand qui est né le 31-12-1714. La Dame du Palais de Marie Antoinette née en 1744 épouse elle Marie Joseph Louis. Donc ce dernier est soit le fils de Michel Ferdinand, soit son cousin. En aucun cas Marie Paule Angélique (dame de Marie-Antoinette ) n'est deuxième épouse. Qu'en pensez-vous ? C'est pour cela que je pense que c'est sa belle mère qui fit ce deuxième mariage, vu la date de naissance de son époux (1714, on est sous Louis XIV)
Mr de Talaru
(...)
J'ai, plusieurs fois en effet, trouvé Mme de Picquigny citée dans les toutes premières amies de Marie-Antoinette.
La duchesse de Picquigny, comme la marquise de Duras, les comtesses de Mailly et de Saulx-Tavannes, avaient fait partie de la Maison de Marie Lezczinska.
Mme Campan donne Mme de Picquigny comme présente en tant que dame du palais à la cérémonie d'étiquette à laquelle Marie-Antoinette, dauphine, est soumise à son passage de la frontière, en 1770.
C'est elle ( Campan ) qui rapporte ( fait contesté aujourd'hui ) comment Marie-Antoinette aurait été, selon le protocole figé depuis des décennies, entièrement dévêtue et dépouillée de tout objet personnel pouvant lui rappeler sa première patrie l'Autriche. Sur quelles sources s'appuie-t-on maintenant pour battre en brèche cette anecdote ???
.
Invité- Invité
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Perséphone a écrit :
Bonjour,
Je suis rentrée il y peu de temps et il y a un sujet que j'avais très envie de publier !
Donc j'aimerais savoir si l'un ou l'une d'entre vous aurait des informations sur Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, plus tard Vidame D'Amiens et Duchesse de Picquigny. Voila les seules infos que j'ai pu trouver :
"Née le 7 septembre 1744.
Fille de Marie-Charles-Louis d'Albert, duc de Luynes et de Chevreuse et d'Henriette-Nicole Pignatelli d'Egmont.
Épouse Marie-Joseph-Louis d'Albert d'Ailly (1741-1792) le 23 mai 1758 à Dampierre.
Nommée dame du palais le 31 janvier 1766, en remplacement de la vicomtesse de Beaune, morte le 27 janvier précédent. Reste en charge jusqu'à la mort de Marie Leszczyńska. Le roi la nomme pour aller chercher Madame la Dauphine à Strasbourg (mai 1770). Elle est nommée dame pour accompagner la dauphine en 1770 et devient dame du palais de Marie-Antoinette en 1774 et reste en charge jusqu'à sa mort.
Morte le 17 novembre 1781 à Paris."
Je n'avais jamais entendu parler d'elle pourtant il est écrit qu'elle est allée chercher Marie-Antoinette à Strasbourg donc elle devait être assez "importante"...
Auriez-vous plus d'informations ?
Merci d'avance
.
Bonjour,
Je suis rentrée il y peu de temps et il y a un sujet que j'avais très envie de publier !
Donc j'aimerais savoir si l'un ou l'une d'entre vous aurait des informations sur Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, plus tard Vidame D'Amiens et Duchesse de Picquigny. Voila les seules infos que j'ai pu trouver :
"Née le 7 septembre 1744.
Fille de Marie-Charles-Louis d'Albert, duc de Luynes et de Chevreuse et d'Henriette-Nicole Pignatelli d'Egmont.
Épouse Marie-Joseph-Louis d'Albert d'Ailly (1741-1792) le 23 mai 1758 à Dampierre.
Nommée dame du palais le 31 janvier 1766, en remplacement de la vicomtesse de Beaune, morte le 27 janvier précédent. Reste en charge jusqu'à la mort de Marie Leszczyńska. Le roi la nomme pour aller chercher Madame la Dauphine à Strasbourg (mai 1770). Elle est nommée dame pour accompagner la dauphine en 1770 et devient dame du palais de Marie-Antoinette en 1774 et reste en charge jusqu'à sa mort.
Morte le 17 novembre 1781 à Paris."
Je n'avais jamais entendu parler d'elle pourtant il est écrit qu'elle est allée chercher Marie-Antoinette à Strasbourg donc elle devait être assez "importante"...
Auriez-vous plus d'informations ?
Merci d'avance
.
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Mme de Sabran a écrit :
Ils sont magnifiques, tant les personnes que les dessins !
Pour ce qui est de la généalogie, je me permets d'y répondre, mieux vaut tard que jamais.
Marie Paule est la petite fille du duc de Luynes si proche de Marie Leszcinska, qui laissa ses mémoires.
Elle épouse son cousin, de la branche cadette des d'Albert d'Ailly, Louis Joseph, fils de Michel Ferdinand et d'Anne Josephe Bonier de la Mosson. Ils n'eurent pas d'enfants.
Perséphone a écrit :
C'est vrai qu'ils sont très beaux !
J'aime beaucoup Carmontelle, ses oeuvres sont vraiment très belles et ses dessins sont de précieux documents sur la mode du XVIIIe siècle !
Il a fait énormement d'aquarelles (principalement des portraits) donc a représenté beaucoup de contemporains de Marie-Antoinette.
Il faudrait faire un post là-dessus mais je ne sais pas trop où le mettre !
.
Ils sont magnifiques, tant les personnes que les dessins !
Pour ce qui est de la généalogie, je me permets d'y répondre, mieux vaut tard que jamais.
Marie Paule est la petite fille du duc de Luynes si proche de Marie Leszcinska, qui laissa ses mémoires.
Elle épouse son cousin, de la branche cadette des d'Albert d'Ailly, Louis Joseph, fils de Michel Ferdinand et d'Anne Josephe Bonier de la Mosson. Ils n'eurent pas d'enfants.
Perséphone a écrit :
C'est vrai qu'ils sont très beaux !
J'aime beaucoup Carmontelle, ses oeuvres sont vraiment très belles et ses dessins sont de précieux documents sur la mode du XVIIIe siècle !
Il a fait énormement d'aquarelles (principalement des portraits) donc a représenté beaucoup de contemporains de Marie-Antoinette.
Il faudrait faire un post là-dessus mais je ne sais pas trop où le mettre !
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Je me souviens de nos débats sur qui est qui (la belle-mère, la fille, la cousine du mari de la tante etc). Un cauchemar !
Voici notre (future) duchesse de Chaulnes, ici dessinée toute jeune, du temps de son mariage (1758) :
Madame la Vidame Damiens (avant 1762)
Estampe, d'après Louis Carrogis, dit Carmontelle
Image : Bibliothèque nationale de France
Voici notre (future) duchesse de Chaulnes, ici dessinée toute jeune, du temps de son mariage (1758) :
Madame la Vidame Damiens (avant 1762)
Estampe, d'après Louis Carrogis, dit Carmontelle
Image : Bibliothèque nationale de France
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 10 Jan 2023, 15:43, édité 4 fois
La nuit, la neige- Messages : 18160
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Lucius- Messages : 11656
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Michel Ferninand devient l'heritier de son père à la mort soudaine de son frère ainé.
Il se passionne pour les sciences naturelles, en particulier l'optique. Il développe différents modèles de microscopes, et crée des machines à électricité.
Anne-Josèphe est la femme à l'esprit spatial et l'appétit gargantuesque. Elle hérita d'une fortune considérable qu'elle dispersa complètement.
Louis-Joseph, comme son père passionné de science, travaille sur le gaz carbonique. Il n'hésite pas à pratiquer des expériences sur lui même, après avoir essayé sur des animaux.
Il n'émigre pas et meurt le 23 octobre 1792 en son château de Chaulnes (Somme, exproprié et démantelé en 1806).
C'est lui qui aurait rossé Beaumarchais pour une histoire d'actrice ...
Marie-Paule est la dame de compagnie de Marie Antoinette, place héritée de sa mère, la duchesse de Luynes (pas celle des mémoires).
Il se passionne pour les sciences naturelles, en particulier l'optique. Il développe différents modèles de microscopes, et crée des machines à électricité.
Anne-Josèphe est la femme à l'esprit spatial et l'appétit gargantuesque. Elle hérita d'une fortune considérable qu'elle dispersa complètement.
Louis-Joseph, comme son père passionné de science, travaille sur le gaz carbonique. Il n'hésite pas à pratiquer des expériences sur lui même, après avoir essayé sur des animaux.
Il n'émigre pas et meurt le 23 octobre 1792 en son château de Chaulnes (Somme, exproprié et démantelé en 1806).
C'est lui qui aurait rossé Beaumarchais pour une histoire d'actrice ...
Marie-Paule est la dame de compagnie de Marie Antoinette, place héritée de sa mère, la duchesse de Luynes (pas celle des mémoires).
Lucius- Messages : 11656
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
En 1742, elle écrit encore au président Hénault :
La Pecquigny n'est d'aucune ressource, et son esprit est comme l'espace (....voir précédemment )
Elle a tout senti, tout jugé, tout éprouvé, tout choisi, tout rejeté ; elle est, dit-elle, d'une difficulté singulière en compagnie, et cependant elle est toute la journée avec toutes nos petites madames à jaboter comme une pie.
Mais ce n'est pas cela qui me déplaît en elle : cela m'est commode dès aujourd'hui, et cela me sera très agréable sitôt que Formont sera arrivé.
Ce qui m'est insupportable, c'est le dîner : elle a l'air d'une folle en mangeant ; elle dépèce une poularde dans le plat où on la sert, ensuite elle la met dans un autre, se fait rapporter du bouillon pour mettre dessus, tout semblable à celui qu'elle rend, et puis elle prend un haut d'aile, ensuite le corps dont elle ne mange que la moitié ; et puis elle ne veut pas que l'on retourne le veau pour couper un os, de peur qu'on n'amollisse la peau ; elle coupe un os avec toute la peine possible, elle le ronge à demi, puis retourne à sa poularde ; après elle pèle tout le dessus du veau, ensuite elle revient à ronger sa poularde : cela dure deux heures.
Elle a sur son assiette des morceaux d'os rongés, de peaux sucées, et pendant ce temps, ou je m'ennuie à la mort, ou je mange plus qu'il ne faudrait.
C'est une curiosité de la voir manger un biscuit ; cela dure une demi-heure, et le total, c'est qu'elle mange comme un loup : il est vrai qu'elle fait un exercice enragé.
Je suis fâchée que vous ayez de commun avec elle l'impossibilité de rester une minute en repos.
Enfin, voulez-vous que je vous le dise ? elle est on ne peut pas moins aimable : elle a sans doute de l'esprit ; mais tout cela est mal digéré ; et je ne crois pas qu'elle vaille jamais davantage.
Elle est aisée à vivre ; mais je la défierais d'être difficile avec moi : je me soumets à toutes ces fantaisies, parce qu'elle ne me font rien ; notre union présente n'aura nulle suite pour l'avenir.
J'aime beaucoup ce récit !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
C'est que le style de la marquise est unique et délectable ! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Il faut dire que c'est à pleurer de rire !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
... surtout son esprit est comme l'espace, vacuité intersidérale ...
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Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
J'adore surtout le "...elle a sans doute de l'esprit ; mais tout cela est mal digéré", après avoir lu comment elle s'attaque à sa poularde ! :
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
"Depuis les Souvenirs (bon ok, apocryphes ) de Mme de Créqui :
La Duchesse de Chaulnes était certainement la plus extravagante et la plus ridicule personne de France.[...]Elle était éminemment riche, et c'étaient les enfans du Maréchal de Richelieu qui devaient hériter d'elle ; je pense que c'était à cause de leur grand'mère qui était une Mlle Jeannin de Castille."
La preuve que ces mémoires ne doivent pas être pris avec trop de sérieux : comment les enfants du maréchal de Richelieu pourraient-ils être les héritiers de la duchesse de Chaulnes, à la place du propre fils de celle-ci ?!
D'ailleurs, la duchesse n'est nullement liée aux Jeannin de Castille.
La Duchesse de Chaulnes était certainement la plus extravagante et la plus ridicule personne de France.[...]Elle était éminemment riche, et c'étaient les enfans du Maréchal de Richelieu qui devaient hériter d'elle ; je pense que c'était à cause de leur grand'mère qui était une Mlle Jeannin de Castille."
La preuve que ces mémoires ne doivent pas être pris avec trop de sérieux : comment les enfants du maréchal de Richelieu pourraient-ils être les héritiers de la duchesse de Chaulnes, à la place du propre fils de celle-ci ?!
D'ailleurs, la duchesse n'est nullement liée aux Jeannin de Castille.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
M. de Chaulnes avait fait peindre sa femme en Hébé ; il ne savait comment se faire peindre pour faire pendant.
Mademoiselle Quinaut, à qui il disait son embarras, lui dit : « Faites - vous peindre en hébété.»
( Chamfort, Caractères )
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55597
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Il se fera finalement représenter en Hercule :
http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=27501
Gouverneur Morris- Messages : 11829
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
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Mme de Sabran- Messages : 55597
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Je ne peux m'empêcher de citer à nouveau ici l'introduction de son portrait, que Mme du Deffand a malicieusement écrit (voir précédemment, dans son intégralité) :
L'esprit de madame la duchesse de Chaulnes est si singulier, qu'il est impossible de le définir : il ne peut être comparé qu'à l'espace ; il en a pour ainsi dire toutes les dimensions, la profondeur, l'étendue et le néant (...)
Cette vacherie me fait tellement rire, à chaque lecture !
L'esprit de madame la duchesse de Chaulnes est si singulier, qu'il est impossible de le définir : il ne peut être comparé qu'à l'espace ; il en a pour ainsi dire toutes les dimensions, la profondeur, l'étendue et le néant (...)
Cette vacherie me fait tellement rire, à chaque lecture !
La nuit, la neige- Messages : 18160
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Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
On dit à la duchesse de Chaulnes, mourante et séparée de son mari : « Les sacrements sont là. — Un petit moment. — M. le duc de Chaulnes voudrait vous revoir. — Est-il là ? — Oui. — Qu’il attende : il entrera avec les sacrements. »
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55597
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Paule-Angélique d'Albert de Luynes, duchesse de Picquigny, puis duchesse de Chaulnes
Un nouveau portrait de la duchesse, en tenue de jardin et " de chasteté ", nous dit la fiche descriptive du musée qui conserve ce dessin :
The Duchess of Chaulnes as a Gardener in an Allée
Louis Carrogis, Carmontelle
1771
Watercolor and gouache over black and red chalk, on off-white paper
Secondary Inscription: Inscribed (recto) lower edge of mount, in brown ink, "Mme La Duchesse de Chaulmes, en jardinière. 1771.";
inscribed (verso) on mount, in brown ink, "327." and in graphite, "B".
31.8 × 19.1 cm
Image : Getty Museum Collection
Note :
In this poignant portrait, Louis Carmontelle depicted Marie d'Albert de Luynes taking up the vogue for gardening that Queen Marie Antoinette had popularized among noble women. Gently raking in a verdant allée or garden path, Marie probably posed during a social event at the Parisian court of the duc d'Orléans. At the duke's parties, master of ceremonies Louis Carmontelle entertained guests by drawing on-the-spot portraits.
Marie's wistful expression may reflect her restricted opportunities for amusement. Married at fourteen, her husband rejected her before consummating the marriage. Condemned to lifelong virginity , Marie began dressing only in white.
Carmontelle first sketched using black chalk for the body and red chalk for the arms and face. Later on, he added watercolor, allowing much of the black chalk and blank white paper in her dress to show through.
The Duchess of Chaulnes as a Gardener in an Allée
Louis Carrogis, Carmontelle
1771
Watercolor and gouache over black and red chalk, on off-white paper
Secondary Inscription: Inscribed (recto) lower edge of mount, in brown ink, "Mme La Duchesse de Chaulmes, en jardinière. 1771.";
inscribed (verso) on mount, in brown ink, "327." and in graphite, "B".
31.8 × 19.1 cm
Image : Getty Museum Collection
Note :
In this poignant portrait, Louis Carmontelle depicted Marie d'Albert de Luynes taking up the vogue for gardening that Queen Marie Antoinette had popularized among noble women. Gently raking in a verdant allée or garden path, Marie probably posed during a social event at the Parisian court of the duc d'Orléans. At the duke's parties, master of ceremonies Louis Carmontelle entertained guests by drawing on-the-spot portraits.
Marie's wistful expression may reflect her restricted opportunities for amusement. Married at fourteen, her husband rejected her before consummating the marriage. Condemned to lifelong virginity , Marie began dressing only in white.
Carmontelle first sketched using black chalk for the body and red chalk for the arms and face. Later on, he added watercolor, allowing much of the black chalk and blank white paper in her dress to show through.
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