Camille et Lucile Desmoulins
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Re: Camille et Lucile Desmoulins
Eh bien...
Mauvaise plume, en tous les cas. boudoi32
L'on retrouve également en ligne son petit Cahier rouge, sorte de recueil de poésies dont on ignore si elles étaient siennes, ou seulement copiées de sa main.
C'est ici : http://fsu.digital.flvc.org/islandora/object/fsu%3A6660
Et parmi ces petits textes, page 17, quasi illisible (enfin, impossible pour moi) :
La complainte de Marie-Antoinette
Mauvaise plume, en tous les cas. boudoi32
L'on retrouve également en ligne son petit Cahier rouge, sorte de recueil de poésies dont on ignore si elles étaient siennes, ou seulement copiées de sa main.
C'est ici : http://fsu.digital.flvc.org/islandora/object/fsu%3A6660
Et parmi ces petits textes, page 17, quasi illisible (enfin, impossible pour moi) :
La complainte de Marie-Antoinette
Dernière édition par La nuit, la neige le Ven 10 Fév 2017, 22:05, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Camille et Lucile Desmoulins
COMPLAINTE DE MARIE ANTOINETTE
Sur l'air de la complainte de Marie Stuart, reine d'Angleterre
De votre reine infortunée,
François, écoutez les remords
A la coupable destinée
Demandez raison de mes torts.
Humble autel de verdure
Que la sensible Emma
A la bonne nature
De ses mains éleva,
De la mélancolie
Monument précieux
Permets à mon âme attendrie
De t'adresser des vœux.
Dans ce frais sanctuaire,
Sur ce gazon épais,
Quand Emma solitaire
Viendra chercher la paix
De son âme oppressée
Par le poids du malheur,
Chasse toute noire pensée,
Rends le calme à son cœur.
Et toi, fille sensible,
D'Emma, l'unique appui,
A toi seul est possible
De charmer ses ennuis,
Viens souvent la surprendre
Au pied de cet autel,
Souvent verse ton âme tendre
Dans le sein maternel.
Près de mon palais solitaire,
Autrefois plein de faux amis,
Du peuple j'entends la colère
Il m'accuse et moi je gémis.
A tous les coups mon âme est prête,
Mais où m'entraînent ces bourreaux ? Où suis-je ?
J'entends sur ma tête Se croiser de fatals ciseaux.
On m'arrache le diadème,
Un voile est posé sur mon front;
Je vais donc survivre à moi-même
Non, je mourrai de cet affront.
Ô vous, pastourelles naïves,
Qui portiez envie à mon sort,
Dans quelques romances plaintives
Placez mon nom après ma mort
Dites de Marie Antoinette
L'ambition et les malheurs.
J'expire un peu plus satisfaite
Si votre Reine obtient des pleurs.
C'est ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74578p/texteBrut
Sur l'air de la complainte de Marie Stuart, reine d'Angleterre
De votre reine infortunée,
François, écoutez les remords
A la coupable destinée
Demandez raison de mes torts.
Humble autel de verdure
Que la sensible Emma
A la bonne nature
De ses mains éleva,
De la mélancolie
Monument précieux
Permets à mon âme attendrie
De t'adresser des vœux.
Dans ce frais sanctuaire,
Sur ce gazon épais,
Quand Emma solitaire
Viendra chercher la paix
De son âme oppressée
Par le poids du malheur,
Chasse toute noire pensée,
Rends le calme à son cœur.
Et toi, fille sensible,
D'Emma, l'unique appui,
A toi seul est possible
De charmer ses ennuis,
Viens souvent la surprendre
Au pied de cet autel,
Souvent verse ton âme tendre
Dans le sein maternel.
Près de mon palais solitaire,
Autrefois plein de faux amis,
Du peuple j'entends la colère
Il m'accuse et moi je gémis.
A tous les coups mon âme est prête,
Mais où m'entraînent ces bourreaux ? Où suis-je ?
J'entends sur ma tête Se croiser de fatals ciseaux.
On m'arrache le diadème,
Un voile est posé sur mon front;
Je vais donc survivre à moi-même
Non, je mourrai de cet affront.
Ô vous, pastourelles naïves,
Qui portiez envie à mon sort,
Dans quelques romances plaintives
Placez mon nom après ma mort
Dites de Marie Antoinette
L'ambition et les malheurs.
J'expire un peu plus satisfaite
Si votre Reine obtient des pleurs.
C'est ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74578p/texteBrut
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Voilà qui est plus facile ! Merci .
Lucile n'est pas insensible aux malheurs de Marie-Antoinette . Cela me la rend plus sympathique .
Mais qui est Emma ? Que vient-elle faire là, le comprends-tu ?
Lucile n'est pas insensible aux malheurs de Marie-Antoinette . Cela me la rend plus sympathique .
Mais qui est Emma ? Que vient-elle faire là, le comprends-tu ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Mme de Sabran a écrit: Mais qui est Emma ? Que vient-elle faire là, le comprends-tu ?
Emma n'est-Elle pas MA et donc Marie-Antoinette ?
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Ah oui, c'est bien pensé . :\\\\\\\\: Pourquoi pas ?
La complainte de Marie-Stuart, reine d'Angleterre a été composée en 1792 par Florian sur une mélodie de Martini . Mais je n'arrive pas à en retrouver les paroles.
Marie-Antoinette ne sera exécutée qu'en 93 et pourtant Florian fait déjà le rapprochement avec Marie Stuart décapitée elle aussi . Comme les Imitateurs de Charles IX qui comparent Marie-Antoinette et Mme de Polignac aux instigateurs de la Saint-Barthélémy, ou bien la comptine Il pleut, il pleut, bergère de Fabre d'Eglantine qui annonce l'orage de la Révolution, La complainte de Marie-Stuart serait une parodie prémonitoire du 16 octobre 93.
La complainte de Marie-Stuart, reine d'Angleterre a été composée en 1792 par Florian sur une mélodie de Martini . Mais je n'arrive pas à en retrouver les paroles.
Marie-Antoinette ne sera exécutée qu'en 93 et pourtant Florian fait déjà le rapprochement avec Marie Stuart décapitée elle aussi . Comme les Imitateurs de Charles IX qui comparent Marie-Antoinette et Mme de Polignac aux instigateurs de la Saint-Barthélémy, ou bien la comptine Il pleut, il pleut, bergère de Fabre d'Eglantine qui annonce l'orage de la Révolution, La complainte de Marie-Stuart serait une parodie prémonitoire du 16 octobre 93.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Sous la plume de Lucile seules les lignes qui suivent sont dédiées à Marie-Antoinette .
De votre reine infortunée,
François, écoutez les remords
A la coupable destinée
Demandez raison de mes torts
Près de mon palais solitaire,
Autrefois plein de faux amis,
Du peuple j'entends la colère
Il m'accuse et moi je gémis.
A tous les coups mon âme est prête,
Mais où m'entraînent ces bourreaux ? Où suis-je ?
J'entends sur ma tête Se croiser de fatals ciseaux.
On m'arrache le diadème,
Un voile est posé sur mon front;
Je vais donc survivre à moi-même
Non, je mourrai de cet affront.
Ô vous, pastourelles naïves,
Qui portiez envie à mon sort,
Dans quelques romances plaintives
Placez mon nom après ma mort
Dites de Marie Antoinette
L'ambition et les malheurs.
J'expire un peu plus satisfaite
Si votre Reine obtient des pleurs.
Celles qui concernent Emma ( donc rajoutées ? ) n'y figurent pas :
Que la sensible Emma
A la bonne nature
De ses mains éleva,
De la mélancolie
Monument précieux
Permets à mon âme attendrie
De t'adresser des vœux.
Dans ce frais sanctuaire,
Sur ce gazon épais,
Quand Emma solitaire
Viendra chercher la paix
De son âme oppressée
Par le poids du malheur,
Chasse toute noire pensée,
Rends le calme à son cœur.
Et toi, fille sensible,
D'Emma, l'unique appui,
A toi seul est possible
De charmer ses ennuis,
Viens souvent la surprendre
Au pied de cet autel,
Souvent verse ton âme tendre
Dans le sein maternel.
Et puis vient un poème sur l'air des bonnes gens .
Je m'accroche, mais c'est bien difficile à lire . àè-è\':
Qu'à cela ne tienne ! Je m'y essaierai demain . :n,,;::::!!!:
De votre reine infortunée,
François, écoutez les remords
A la coupable destinée
Demandez raison de mes torts
Près de mon palais solitaire,
Autrefois plein de faux amis,
Du peuple j'entends la colère
Il m'accuse et moi je gémis.
A tous les coups mon âme est prête,
Mais où m'entraînent ces bourreaux ? Où suis-je ?
J'entends sur ma tête Se croiser de fatals ciseaux.
On m'arrache le diadème,
Un voile est posé sur mon front;
Je vais donc survivre à moi-même
Non, je mourrai de cet affront.
Ô vous, pastourelles naïves,
Qui portiez envie à mon sort,
Dans quelques romances plaintives
Placez mon nom après ma mort
Dites de Marie Antoinette
L'ambition et les malheurs.
J'expire un peu plus satisfaite
Si votre Reine obtient des pleurs.
Celles qui concernent Emma ( donc rajoutées ? ) n'y figurent pas :
Que la sensible Emma
A la bonne nature
De ses mains éleva,
De la mélancolie
Monument précieux
Permets à mon âme attendrie
De t'adresser des vœux.
Dans ce frais sanctuaire,
Sur ce gazon épais,
Quand Emma solitaire
Viendra chercher la paix
De son âme oppressée
Par le poids du malheur,
Chasse toute noire pensée,
Rends le calme à son cœur.
Et toi, fille sensible,
D'Emma, l'unique appui,
A toi seul est possible
De charmer ses ennuis,
Viens souvent la surprendre
Au pied de cet autel,
Souvent verse ton âme tendre
Dans le sein maternel.
Et puis vient un poème sur l'air des bonnes gens .
Je m'accroche, mais c'est bien difficile à lire . àè-è\':
Qu'à cela ne tienne ! Je m'y essaierai demain . :n,,;::::!!!:
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Celles qui concernent Emma ( donc rajoutées ? ) n'y figurent pas :
Ou alors ce petit fragment manque sur la photo ? C'est encore possible ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Mais non, car :
A la coupable destinée
Demandez raison de mes torts
Près de mon palais solitaire,
Autrefois plein de faux amis,
s'enchaîne sans accroc sur la même page .
A la coupable destinée
Demandez raison de mes torts
Près de mon palais solitaire,
Autrefois plein de faux amis,
s'enchaîne sans accroc sur la même page .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
;
Après celle de la Complainte de Marie-Antoinette, voici la suite de la transcription .
J'ai eu un peu de mal : il y a trois manques !
Merci à vous de les combler si, comme je l'espère, vous y voyez mieux que moi.
Air : la Fête des bonnes gens
Au sein de nos campagnes
Célébrons la Liberté
Des vallons aux montagnes
( ... )
Un petit moment de grâce
Ramène le bon vieux temps
Chez nous vit encore la trace
La trace des anciens Francs
Buvons à pleine tasse
A notre divinité
Chantons à perdre haleine
Célébrons la Liberté
La dédaigneuse Angleterre
Ne nous croyait que galante
Chez nous c'est toujours la terre
La terre des anciens Francs
Qui que tu sois quand tu servis l'amour
Garde-toi de troubler la paix de cet asile
Respecte ce riant séjour
De l'innocence et de Lucile.
______________________________
Avec les jeux
O vous, père de la Patrie
Prenez ces couronnes de fleurs
Emblème de votre génie
Naïf hommage de nos coeurs
Cent fois heureuse d'être née
Pour vivre à l'abri de vos lois
Dans nos campagnes fortunées
L'âge du ( ... ) a votre voix
_____________________________
Romance
Sur la pente de la colline
Qui borne ici l'horizon
Distinguez-vous cette chaumine
Qu'accompagne un petit donjon ?
Là, dans la paix et le silence
Là, deux amants enfin époux
De leur tendre persévérance
Savourent les fruits les plus doux
L'histoire en est des plus touchantes
Vous qui ( ... )
Après celle de la Complainte de Marie-Antoinette, voici la suite de la transcription .
J'ai eu un peu de mal : il y a trois manques !
Merci à vous de les combler si, comme je l'espère, vous y voyez mieux que moi.
Air : la Fête des bonnes gens
Au sein de nos campagnes
Célébrons la Liberté
Des vallons aux montagnes
( ... )
Un petit moment de grâce
Ramène le bon vieux temps
Chez nous vit encore la trace
La trace des anciens Francs
Buvons à pleine tasse
A notre divinité
Chantons à perdre haleine
Célébrons la Liberté
La dédaigneuse Angleterre
Ne nous croyait que galante
Chez nous c'est toujours la terre
La terre des anciens Francs
Qui que tu sois quand tu servis l'amour
Garde-toi de troubler la paix de cet asile
Respecte ce riant séjour
De l'innocence et de Lucile.
______________________________
Avec les jeux
O vous, père de la Patrie
Prenez ces couronnes de fleurs
Emblème de votre génie
Naïf hommage de nos coeurs
Cent fois heureuse d'être née
Pour vivre à l'abri de vos lois
Dans nos campagnes fortunées
L'âge du ( ... ) a votre voix
_____________________________
Romance
Sur la pente de la colline
Qui borne ici l'horizon
Distinguez-vous cette chaumine
Qu'accompagne un petit donjon ?
Là, dans la paix et le silence
Là, deux amants enfin époux
De leur tendre persévérance
Savourent les fruits les plus doux
L'histoire en est des plus touchantes
Vous qui ( ... )
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Est-il vrai que la jarretelle de mariée de Lucile soit au musée de Laon ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
Même si Robespierre n'était donc pas le parrain du petit Horace, il était bel et bien témoin au mariage de ses parents ( et ami de Camille depuis le collège Louis le Grand ) ... boudoi32
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Camille et Lucile Desmoulins
J'avais interrompu les publications des lots proposés en vente aux enchères, et issus des collections Aristophil.
Il y en a tant...
Celui-ci est un témoignage historique particulièrement intéressant.
Ainsi donc, je cite :
DESMOULINS Camille (1760-1794) journaliste et orateur révolutionnaire, conventionnel (Paris), ardent Montagnard, guillotiné avec Danton.
MANUSCRIT autographe,
Notes de Camille Desmoulins sur le rapport de St Just, [1er avril 1794] ; 3 pages in-fol. avec ratures et corrections et additions marginales (bords légèrement effrangés).
Note au catalogue :
Extraordinaire manuscrit de sa plaidoirie pour sa propre défense lors de son procès, contre le rapport accusatoire de Saint-Just.
[« Camille Desmoulins a donné le titre de Notes sur le rapport de St-Just à cette pièce.
Elle constitue la vive esquisse de la défense qu’il espérait prononcer en face de ses accusateurs ; ils refusèrent de l’entendre, et il ne paraît pas qu’avec tous les efforts les plus véhéments il ait pu parvenir à en faire arriver plus qu’une partie entrecoupée à l’auditoire.
Dans un accès de désespoir, et l’on peut même dire de véritable rage, il jeta à la tête de ses bourreaux ce papier froissé dans ses mains et mouillé de ses larmes. On peut croire au miracle, quand on voit une pièce aussi intéressante, qui, d’abord tombée au pouvoir de ceux qui avaient intérêt à la détruire, revient après tant de catastrophes aux mains de ceux qui ont le plus grand intérêt à la conserver.
Ce dernier cri du courage et du patriotisme qui se débattent dans une si héroïque agonie a quelque chose de sacré » (Matton aîné).
Cette plaidoirie a été citée pour la première fois en 1828 par Berville et Barrière dans le rapport de Courtois sur les papiers de Robespierre, dans lequels il aurait été trouvé.
Le texte a ensuite été édité sur l’original à la suite du Vieux Cordelier réimprimé par Matton aîné en 1834 ; puis en 1837 au tome XXXII de l’Histoire parlementaire de la Révolution française de Buchez et Roux (p. 225-229).]
« Si je pouvois imprimer a mon tour, si on ne m’avoit pas mis au secret, si on avoit levé mes scellés et que j’eusse les papiers necessaires pour etablir ma defense, si on me laissoit deux jours seulement faire un n° 7 [du Vieux Cordelier, dont il corrigeait l’épreuve lors de son arrestation] comme je confondrois Mr le Chevalier de St Just, comme je le convaincrois de la plus atroce calomnie, mais il ecrit a loisir dans son bain, dans son boudoir, il medite pendant 15 jours mon assassinat, et moi, je n’ai pas où poser mon ecritoire, je n’ai que quelques heures pour defendre ma vie. […]
Mais il y a une providence, une providence pour les patriotes, et déjà je mourrai content, la république est sauvée, une affaire étrangère, mais qu’on avoit lié à la notre pour nous perdre, par un evenement imprévu incroyable, a jetté des flots de lumière, sur notre prétendue conspiration, et il demeure prouvé, par plusieurs faits décisifs, que ceux qui nous accusent d’avoir comploté sont eux même les conspirateurs »...
Il expose alors trois faits prouvés, concernant la conspiration d’HÉBERT, la dénonciation de CHABOT, l’inaction du Comité qui avait les preuves en mains et n’a rien fait, etc.
Quant au rapport de Saint-Just, « il n’y a pas d’exemple d’une aussi atroce calomnie que cette pièce. Et d’abord il n’y a personne dans la Convention qui ne sache que Mr le cydevant Chevalier de St Just m’a juré une haine implacable, pour une légère plaisanterie que je me suis permise il y a 5 mois dans un de mes numéros. […] J’ai mis St Just dans un numéro rieur, et il me met dans un rapport guillotineur, où il n’y a pas un mot de vrai à mon égard ».
On l’accuse « d’être complice de Dorléans et de Dumourier », alors que c’est lui qui les a dénoncés « le premier, et avant Marat et plus vigoureusement que personne », comme on peut le lire dans ses écrits…
Il dénonce l’actuelle faction « des Feuillans, des Brissotins, des Hébertistes, tous rangés sous la même bannière de Pitt, pour recommencer en bonnets rouges l’ancienne guerre de Pitt, des Feuillans, des Brissotins contre les républicains, les vieux Cordeliers, et la Montagne. Ils se croient déjà sûrs de leurs victimes. […]
Mais enfin, avant que de périr, il faut que je serve encor une fois la république, et tout ce que je vais dire seront des faits incontestables et j’ai de bons témoins ».
Il dénonce alors les uns après les autres « ceux qui nous persécutent aujourd’hui » : VADIER, qui avait été dénoncé par MARAT dès 1791 « comme le traître et le renégat le plus infâme » ; VOULLAND, « qui était secrétaire des Feuillans sous la présidence de Barrère » ; AMAR, « Brissotin enragé » ; Louis DAVID, « Brissotin enragé, ennemi de ROBESPIERRE il y a 2 ans, et qui aujourd’hui s’en va disant je vois bien que nous ne resterons pas 20 montagnards à la Convention »...
Il demande la citation de plusieurs témoins sur les « iniquités » du Comité de sûreté générale, l’ignoble conduite de COLLOT D’HERBOIS, qui, « en mission avec son cher Ronsin à Lyon, avoit fait tout au monde pour rendre la république hideuse et faire la contrerévolution à Lyon »…
« Il est des témoins que le grand républicain St Just a dit au commencement de la Convention avec humeur : oh ils veulent la république eh bien elle leur coûtera cher. Il y a des témoins que l’ambitieux St Just a dit je scais où je vais ».
Il dénonce enfin « le tartuffe, le scélérat BARRÈRE » qui était « président des Feuillans », et qui « venoit chez moi me carresser, me flagorner, et disoit en sortant à Rousselin, il faut que nous ayons sous 8 jours les têtes de Danton, Camille Desmoulins, Philippeaux &c ».
Provenance :
Bibliothèque Dominique de VILLEPIN, Feux & Flammes, I Les Voleurs de feu (28 novembre 2013, n° 311).
* Source et infos complémentaires : Ader - Vente Feuillets d'Histoire (4 avril 2019)
Portrait de Camille Desmoulins
Anonyme français
Ce tableau fut probablement exécuté au 19e siècle, d'après une estampe dont le prototype est une miniature de Joseph Boze.
Photo : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Il y en a tant...
Celui-ci est un témoignage historique particulièrement intéressant.
Ainsi donc, je cite :
DESMOULINS Camille (1760-1794) journaliste et orateur révolutionnaire, conventionnel (Paris), ardent Montagnard, guillotiné avec Danton.
MANUSCRIT autographe,
Notes de Camille Desmoulins sur le rapport de St Just, [1er avril 1794] ; 3 pages in-fol. avec ratures et corrections et additions marginales (bords légèrement effrangés).
Note au catalogue :
Extraordinaire manuscrit de sa plaidoirie pour sa propre défense lors de son procès, contre le rapport accusatoire de Saint-Just.
[« Camille Desmoulins a donné le titre de Notes sur le rapport de St-Just à cette pièce.
Elle constitue la vive esquisse de la défense qu’il espérait prononcer en face de ses accusateurs ; ils refusèrent de l’entendre, et il ne paraît pas qu’avec tous les efforts les plus véhéments il ait pu parvenir à en faire arriver plus qu’une partie entrecoupée à l’auditoire.
Dans un accès de désespoir, et l’on peut même dire de véritable rage, il jeta à la tête de ses bourreaux ce papier froissé dans ses mains et mouillé de ses larmes. On peut croire au miracle, quand on voit une pièce aussi intéressante, qui, d’abord tombée au pouvoir de ceux qui avaient intérêt à la détruire, revient après tant de catastrophes aux mains de ceux qui ont le plus grand intérêt à la conserver.
Ce dernier cri du courage et du patriotisme qui se débattent dans une si héroïque agonie a quelque chose de sacré » (Matton aîné).
Cette plaidoirie a été citée pour la première fois en 1828 par Berville et Barrière dans le rapport de Courtois sur les papiers de Robespierre, dans lequels il aurait été trouvé.
Le texte a ensuite été édité sur l’original à la suite du Vieux Cordelier réimprimé par Matton aîné en 1834 ; puis en 1837 au tome XXXII de l’Histoire parlementaire de la Révolution française de Buchez et Roux (p. 225-229).]
« Si je pouvois imprimer a mon tour, si on ne m’avoit pas mis au secret, si on avoit levé mes scellés et que j’eusse les papiers necessaires pour etablir ma defense, si on me laissoit deux jours seulement faire un n° 7 [du Vieux Cordelier, dont il corrigeait l’épreuve lors de son arrestation] comme je confondrois Mr le Chevalier de St Just, comme je le convaincrois de la plus atroce calomnie, mais il ecrit a loisir dans son bain, dans son boudoir, il medite pendant 15 jours mon assassinat, et moi, je n’ai pas où poser mon ecritoire, je n’ai que quelques heures pour defendre ma vie. […]
Mais il y a une providence, une providence pour les patriotes, et déjà je mourrai content, la république est sauvée, une affaire étrangère, mais qu’on avoit lié à la notre pour nous perdre, par un evenement imprévu incroyable, a jetté des flots de lumière, sur notre prétendue conspiration, et il demeure prouvé, par plusieurs faits décisifs, que ceux qui nous accusent d’avoir comploté sont eux même les conspirateurs »...
Il expose alors trois faits prouvés, concernant la conspiration d’HÉBERT, la dénonciation de CHABOT, l’inaction du Comité qui avait les preuves en mains et n’a rien fait, etc.
Quant au rapport de Saint-Just, « il n’y a pas d’exemple d’une aussi atroce calomnie que cette pièce. Et d’abord il n’y a personne dans la Convention qui ne sache que Mr le cydevant Chevalier de St Just m’a juré une haine implacable, pour une légère plaisanterie que je me suis permise il y a 5 mois dans un de mes numéros. […] J’ai mis St Just dans un numéro rieur, et il me met dans un rapport guillotineur, où il n’y a pas un mot de vrai à mon égard ».
On l’accuse « d’être complice de Dorléans et de Dumourier », alors que c’est lui qui les a dénoncés « le premier, et avant Marat et plus vigoureusement que personne », comme on peut le lire dans ses écrits…
Il dénonce l’actuelle faction « des Feuillans, des Brissotins, des Hébertistes, tous rangés sous la même bannière de Pitt, pour recommencer en bonnets rouges l’ancienne guerre de Pitt, des Feuillans, des Brissotins contre les républicains, les vieux Cordeliers, et la Montagne. Ils se croient déjà sûrs de leurs victimes. […]
Mais enfin, avant que de périr, il faut que je serve encor une fois la république, et tout ce que je vais dire seront des faits incontestables et j’ai de bons témoins ».
Il dénonce alors les uns après les autres « ceux qui nous persécutent aujourd’hui » : VADIER, qui avait été dénoncé par MARAT dès 1791 « comme le traître et le renégat le plus infâme » ; VOULLAND, « qui était secrétaire des Feuillans sous la présidence de Barrère » ; AMAR, « Brissotin enragé » ; Louis DAVID, « Brissotin enragé, ennemi de ROBESPIERRE il y a 2 ans, et qui aujourd’hui s’en va disant je vois bien que nous ne resterons pas 20 montagnards à la Convention »...
Il demande la citation de plusieurs témoins sur les « iniquités » du Comité de sûreté générale, l’ignoble conduite de COLLOT D’HERBOIS, qui, « en mission avec son cher Ronsin à Lyon, avoit fait tout au monde pour rendre la république hideuse et faire la contrerévolution à Lyon »…
« Il est des témoins que le grand républicain St Just a dit au commencement de la Convention avec humeur : oh ils veulent la république eh bien elle leur coûtera cher. Il y a des témoins que l’ambitieux St Just a dit je scais où je vais ».
Il dénonce enfin « le tartuffe, le scélérat BARRÈRE » qui était « président des Feuillans », et qui « venoit chez moi me carresser, me flagorner, et disoit en sortant à Rousselin, il faut que nous ayons sous 8 jours les têtes de Danton, Camille Desmoulins, Philippeaux &c ».
Provenance :
Bibliothèque Dominique de VILLEPIN, Feux & Flammes, I Les Voleurs de feu (28 novembre 2013, n° 311).
* Source et infos complémentaires : Ader - Vente Feuillets d'Histoire (4 avril 2019)
_________________________
Portrait de Camille Desmoulins
Anonyme français
Ce tableau fut probablement exécuté au 19e siècle, d'après une estampe dont le prototype est une miniature de Joseph Boze.
Photo : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
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