Madame Capet ou Cécile Sorel dans le métro en 1944

La grande CECILE SOREL (qui avait déjà de nombreuses heures de vol !!!) a repris pendant l'occupation la pièce de MARCELLE MAURETTE - MADAME CAPET  -  voici ci-dessous une anecdote racontée par HENRI PEROL, son secrétaire, dans l'ouvrage très amusant "CECILE SOREL en toute simplicité".

" un soir, à l'issue d'une représentation de MADAME CAPET, nous nous précipitons pour attraper le dernier métro fréquenté d'ailleurs par la plus haute et la plus agréable société.

CECILE n'a pas eu le temps de se démaquiller, ni de se changer : sur sa robe blanche du dernier tableau - la Reine partant pour l'échafaud - elle a jeté une grande cape de velours sombre et elle n'a pas retiré la perruque blanche de l'illustre condamnée.

La rame est bondée. Français et Allemands sont pressés les uns contres les autres, comme il semble impossible de l'être davantage mais.... on ne s'en presse pas moins encore un peu plus pour que CECILE puisse entrer....

De très jeunes soldats allemands - ceux de "la fin" , presque des enfants - paraissant débarquer de leur Bavière natale regardent ébahis, ce "personnage" qu'on dirait sorti d'une légende, d'un conte de fées...
L'un deux se penche vers moi et me demande, dans un français approximatif qui est "cette dame extraordinaire"... Et je me donne la joie de lui répondre - dans un allemand tout aussi approximatif :
- Mais, Monsieur.....c'est la REINE DE FRANCE !
Alors, dans le petit groupe des Teutons éperdus, c'est un murmure de respectueux affolement :
"so.... Die kÖNIGIN ! .... Die KONIGIN !!!!"

ça, ils n'ont pas fini de le raconter dans leur pays..... s'ils y reviennent ...

Arrivant à notre station, nous faisons mine de nous approcher d'une portière - entreprise plus que difficultueuse, d'aucuns doivent s'en souvenir.... Les Allemands dégagent le passage, claquent les talons et nous font... la haie, une manière de haie d'honneur que CECILE traverse, la tête haute, telle une souveraine recevant le plus naturel des hommages.....

une jeune fille - elle a dû entendre et comprendre ma réponse à l'Allemand - crie, joyeusement :

- VIVE LA REINE .....
Surpris et amusés les autres voyageurs répètent le cri et les Allemands le reprennent .... avec l'accent :

- Fife la Reine ! ....

Sur le quai, CÉCILE se retourne. De la main, elle salue la foule et dans un sourire, elle lance

- Et... VIVE LA FRANCE  ! ....

Tout le monde applaudit ; les Allemands plus fort que les autres ....

Cela pourrait être ridicule : c'est "follement grandiose" ; c'est déjà un cri d'espérance et de... victoire !!!!

ce geste de CÉCILE SOREL, tel un panache pour rappeler que le 8 MAI prochain nous nous souviendrons qu'il y a 70 ans la seconde guerre mondiale prenait fin et que depuis cette époque, nous tentons de conserver la paix dans notre beau pays.

MARIE ANTOINETTE

Quelle superbe anecdote, ma chère MARIE ANTOINETTE ! :\\\\\\\\:
On est vraiment avec vous, là , quand vous nous racontez ce singulier voyage en métro !

Céline Émilie Seurre, dite Cécile Sorel, comtesse de Ségur par son mariage (Paris, 7 septembre 1873 – Trouville-sur-Mer, Calvados, 3 septembre 1966), est une comédienne française. Jouissant d'une très grande popularité, elle côtoie les plus grandes personnalités de son temps, au nombre desquelles Clémenceau, Rostand, Guitry... Reine des planches, ses apparitions publiques, le plus souvent dans des costumes extravagants, font à son époque sensation.

Cela signifie donc qu'en 1944, la comédienne avait... 71 ans
N'est-ce pas un peu âgée pour interpréter Marie-Antoinette???

Bien à vous.

Bien à vous.

Bien à vous.

Bien à vous.

Bien à vous.

Ah, génial !! quelle(s) époque(s)....... :\\\\\\\\: :\\\\\\\\:

De quoi devenir monarchiste !

Merci pour cette anecdote, et la revue de presse d'époque...

Un petit reportage sur cette actrice, en complément de ce qui vient d’être dit à propos de la pièce « Madame Capet »:
Cécile Sorel, de son vrai nom Céline Seurre, est née à Paris en 1873. Elle étudie le théâtre et rentre à l’Odéon, puis, plus tard à la Comédie Française. Elle s’illustre en particulier dans le rôle de Celimène du Misanthrope.
Elle est une égérie de la belle époque, où elle passe, dans la société parisienne, pour un « grande coquette », mais sans ambiguïté aucune sur ses mœurs...
Elle est courtisée par Chtoukine, le grand collectionneur russe. Elle fréquente Barrès et Clemenceau, avant d’épouser le Comte de Ségur, à qui elle restera fidèle. Ils n’auront pas d’enfants. Elle habitait Paris ( Quai Voltaire ), et aussi Biarritz.
En 1933, elle anime une revue au Casino de Paris, au cours de laquelle elle doit descendre le grand escalier, entourée de ses boys. C’est là qu’elle lancera cette apostrophe ( peut-être, la première fois, lors de la soirée de Première, à l’adresse de Mistinguett, présente dans la salle): « L’ai-je bien descendu ? » Elle continuera sa carrière au théâtre, mais aussi au cinéma ( « les perles de la couronne » de Guitry ), puis se retirera dans les années 50. Elle prendra alors le voile pour entrer au Carmel de Bayonne , à condition, dira-t-elle, que sa robe soit de haute couture...
Elle donnera une interview à Jean-Claude Brialy (à voir sur YouTube), peu avant sa mort en 66. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse à Paris.
Au cours de sa carrière, elle se réfère à plusieurs reprises au personnage de Marie -Antoinette. Elle jouera son rôle dans la pièce « Madame Capet » à plus de 70 ans... plus tôt, on la voit photographiée en costume évoquant la Reine, et même représentée en buste.
Son jeu était emphatique (mais comme à l’époque), avec une voix suraiguë . Elle plaisait et irritait tout en même temps, à cause de sa morgue sur jouée et ses allures pseudo aristocratiques ... Dans ce sens, elle évoque bien l’idée que pouvaient se faire, à l’époque, les Français de Marie-Antoinette...












PS. J’aurais bien aimé vous faire entendre le « l’ai-je bien descendu », si caractéristique ; ça pourrait donner ça (sachez que je n’imite habituellement la Sorel qu’en privé...) :
« L’ aîaîje bien descondu’ ? » le ton, aigu, remonte sur le U. La phrase est un peu comme un défi, l’air de dire : « alors, vous voyez-bien que j’y suis arrivée » ...
On peut le retrouver en VO sur wiki, en tapant (...) « Cécile Sorel »...
Sinon, l’imitation de Claude Véga, proposée par Comtesse Diane, est à mourir de rire ... ( à voir sur « jeux de l’été « ).

Merci, Doc !

WIKI se déchaîne : Éternelle fiancée de Whitney Warren, un Américain richissime, elle se marie finalement, et contre toute attente, avec le comte de Ségur-Lamoignon, arrière-petit-fils de la comtesse de Ségur, acteur jugé médiocre, appelé Guillaume de Sax à la scène. Plus de quinze ans séparent les époux, et ce mariage donne lieu aux moqueries les plus cruelles : on appelle le couple « la faux-cils et le marteau », « la belle et le bête », etc. Son mari, employé au Ministère des Affaires étrangères est rebaptisé le « con d'Orsay ». Cécile conservera le titre de comtesse de Ségur jusqu'à la fin de sa vie.
https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9cile_Sorel

Plus étrange, si on poursuit la lecture de wiki, c’est ce passage :



Sans compter qu’on lui prête une phrase attribuée habituellement à Arletty, pourquoi est-elle suspecte à la Libération : parcequ’elle est apparue dans le Matin, où parcequ’elle est allée honorer Marie-Antoinette à St Denis ? ( peut-être les 2, mon général...)
En tout cas, c’est étrange, non ?

Je crois que le problème n'est pas sa dévotion pour Marie-Antoinette mais sa fréquentation des Allemands .

Sans doute, mais je n’ai rien trouvé à ce sujet (contrairement à Arletty)...
Je pense que de supposées sympathies royalistes devaient en rajouter à la suspicion...