Le château de Saint-Germain de Livet
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Comtesse Diane
Trianon
Mme de Sabran
7 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Nos conseils et découvertes :: Promenades et visites guidées (hors lieux du XVIIIe siècle)
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Re: Le château de Saint-Germain de Livet
C'est magnifique, Éléonore, merci pour cette visite et ce château charmant, que notre Normandie recèle de merveilles ignorées.
_________________
Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Tu ne l'as pas encore visité celui-là ?
Comme Fervaques, il est tout près de chez toi .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Mais, quelle drôle d'idée que de décapiter à tort et à travers......
Dites-moi, la page précédente, ai-je bien vu un paon tout blanc ? Si oui, c'est tout aussi beau que le multicolore.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
C'est donc vous Clio. Très bien, je commence à visualiser certains d'entre-vous.
Chère Noble Dame, vous aimez sans aucun doute les châteaux.
Votre robe, charmante. Par contre, je ne comprends pas le haut de la photo. Portez-vous une coiffe ?
Chère Noble Dame, vous aimez sans aucun doute les châteaux.
Votre robe, charmante. Par contre, je ne comprends pas le haut de la photo. Portez-vous une coiffe ?
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Trianon a écrit:Par contre, je ne comprends pas le haut de la photo. Portez-vous une coiffe ?
Ce sont des plumes d'autruche, voyons :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
.
Voici une selle pour monter en amazone !
... derrière laquelle nous voyons des bassinoires en poterie Pré d'Auge à la belle couleur verte caractéristique ( moins passée que sur façade et toiture ) ainsi que des faîtières typiquement normandes elle-aussi qui ont une fonction décorative certes mais aussi utilitaire de paratonnerre .
Au bas de l'escalier XIXème ( nous redescendrons après la visite par l'escalier d'origine, en colimaçon ) remarquons une chaise à porteurs tout début XVIIIème, de particulièrement belle facture mais que n'orne aucun blason . Cela induit à penser que nous avons sous les yeux l'ancêtre du taxi, puisque sous Louis XIV se met en place un service public de chaises à porteurs .
Cette belle dame est l’épouse du XVème duc d’Albe, Maria Francesca, XIIème duchesse de Penaranda del Duero . Elle est aussi la sœur aînée d’Eugénie de Montijo, impératrice des Français .
Voici une selle pour monter en amazone !
... derrière laquelle nous voyons des bassinoires en poterie Pré d'Auge à la belle couleur verte caractéristique ( moins passée que sur façade et toiture ) ainsi que des faîtières typiquement normandes elle-aussi qui ont une fonction décorative certes mais aussi utilitaire de paratonnerre .
Au bas de l'escalier XIXème ( nous redescendrons après la visite par l'escalier d'origine, en colimaçon ) remarquons une chaise à porteurs tout début XVIIIème, de particulièrement belle facture mais que n'orne aucun blason . Cela induit à penser que nous avons sous les yeux l'ancêtre du taxi, puisque sous Louis XIV se met en place un service public de chaises à porteurs .
Cette belle dame est l’épouse du XVème duc d’Albe, Maria Francesca, XIIème duchesse de Penaranda del Duero . Elle est aussi la sœur aînée d’Eugénie de Montijo, impératrice des Français .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Nous voici dans la chambre du dernier propriétaire du château de Saint-Germain de Livet, Julien Pillaut .
... sur la commode, le buste de son grand-père, le peintre Léon Riesener (1808-1878), lui-même petit-fils de l’ébéniste de Marie-Antoinette, Jean-Henri Riesener, et cousin d’Eugène Delacroix.
Le père de Léon Riesener, Henri-François Riesener (19 octobre 1767-7 février 1828), était lui-même peintre . Il fut élève de François-André Vincent, puis de Jacques-Louis David, dont il quitta l'atelier pour rejoindre l'armée pendant les guerres napoléoniennes. Il fit des portraits d'Eugène de Beauharnais, de Napoléon, du comte de Cessac. Il épousa en 1807 Félicité Longrois, dame d'annonce de l'impératrice Joséphine. En 1815, il s'exila en Russie pendant sept ans et y fit notamment un portrait équestre du tsar Alexandre. Il mourut en 1828, six ans après son retour à Paris.
Nous lui devons ce portrait de Sophia Apraxina .
Léon Riesener et Eugène Delacroix étaient cousins germains par leur grand-mère Marguerite-Françoise Vandercruse. C'est Henri-François Riesener qui fit entrer son neveu, Eugène Delacroix, dans l'atelier de Guérin. En 1823, ils peignent ensemble au château de Valmont et sur la Côte d'Albâtre.
Depuis cette période, Riesener et Delacroix eurent de l'amitié l'un pour l'autre. Si différents de vie et de caractère et si indépendants, ils étaient préoccupés par des mêmes problèmes et se plaisaient à échanger leurs idées. L'étude de l'Antique servait de sujet de discussions à leurs entretiens. Tous deux étaient des peintres coloristes et recherchent la technique nouvelle de la division des tons. La différence de leur tempéraments s'exprime dans leur manière de contempler la nature : Delacroix pensait au drame qui s'en dégage, Riesener en ressentait la sensualité. Delacroix acheta à Riesener son tableau Angélique (1842) et l'accrocha dans son atelier.
Angélique, de Léon Riesener
Léon était très inspiré par les dames dénudées et offertes ...
Voici une bacchante :
Léda :
Madame, son épouse, est beaucoup plus sage, je vous rassure ! : : :
... ainsi que Mme Louis-Auguste Bornot
la jeune miss Ehrler :
ou bien son petit pâtre :
Il peignit le portrait très connu de son cousin, Delacroix ...
... qui, à sa mort, lui légua sa maison de campagne à Champrosay.
.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Majesté a écrit:
Celui que j'ai reposté ne serait-il pas celui que Momo nous avait montré à Champs?
C'est l'inverse !!! Eugène Delacroix, Portrait de Léon Riesener (1835), Paris, musée du Louvre.
Je suis complètement gâteuse ! : : :
Toutes mes confuses ...
;
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Ce sont de jolis portraits, en effet.
Celui de Sophia Apraxina me plait beaucoup, car j'aime énormément ce style de vêtement/coiffure du début XIXème. Elle a une sorte de châle (probablement en soie)
Merci Éléonore pour toutes ces explications enrichissantes.
Celui de Sophia Apraxina me plait beaucoup, car j'aime énormément ce style de vêtement/coiffure du début XIXème. Elle a une sorte de châle (probablement en soie)
Merci Éléonore pour toutes ces explications enrichissantes.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Très belles peintures. La couverte de chaux les a sûrement protégée.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Nous passons dans le premier salon . Remarquons au milieu le piano à queue en acajou de Julien Pillaut, mélomane musicien et compositeur lui-même, sur lequel aurait joué Arthur Rubinstein !
Le sol est recouvert d'un carrelage du "Pré d'Auge" vernissé et aux jolies déclinaisons de couleurs...
... mais surtout ce fragment, devant la cheminée monumentale, de dallage en pavés Joachim ! Ces pavés sont très en vogue au XVII et XVIIIème siècles et Louis XIV les choisit pour recouvrir ( entre autres ) les sols de son Trianon de porcelaine !
En vouliou, un petit topo sur les pavés Joachim ?!! :n,,;::::!!! :n,,;::::!!!:
PETITE HISTOIRE DES PAVES FAIENCES AU PAYS D'AUGE
Les premiers pavements en terre cuite apparaissent dès le 12e Siècle en Europe. Ils se substituent aux luxueux sols de mosaïque en pierre et marbre, formés de petits cubes juxtaposés appelés "tesselles", répandus à travers le monde médiéval par l'antiquité romaine. L'essor important de la construction au 11e Siècle, l'épuisement des gisements de marbre et le faible coût de la matière première ont favorisé l'émergence et le succès de ces pavages céramiques qui imitent les formes et les couleurs des anciens dallages. Cette technique nouvelle, empruntée aux potiers, associe au travail de la terre l'emploi de la glaçure plombifère, enduit vitrifiable transparent qui assure l'étanchéité du pavé et autorise l'obtention de couleurs différentes. Comme l'atteste l'archéologie, la glaçure est un procédé très ancien qui disparaît à partir du 5e Siècle pour réapparaître au 9e Siècle. Elle est introduite en Europe par les arabes et par les croisés qui rapportent des contrées lointaines ces "majoliques chatoyantes" bientôt imitées par les potiers du pays.
Cependant, l'une des découvertes les plus originales reste, sans conteste, celle de l'émail stannifère qui associe à la glaçure plombifère une certaine quantité d'oxyde d'étain. Il en résulte un émail blanc, onctueux, opaque et satiné, utilisé déjà par les assyriens et les perses. Les potiers arabes et les espagnols de Majorque l'introduisent en Italie au 13e Siècle. De la ville de Faenza provient l'appellation de "faïence" qui sera donnée aux céramiques fabriquées avec ce procédé. Cet émail stannifère est aussi utilisé pour orner les carreaux de pavement. Les premiers carrelages faïencés apparaissent dès le 13e Siècle dans le Midi et dans le Nord de la France. En Normandie, il faut attendre le 16e Siècle et les créations du Rouennais Masséot Abaquesne pour trouver des pavés faïencés, principalement dans les églises et les châteaux. Mais, c'est au Pays d'Auge, vers le milieu du 17e Siècle, que vont apparaître les premiers carreaux faïencés véritablement originaux et emblématiques. Ils sont appelés pavés "Joachim", du nom de leur créateur, Joachim Vattier, ou pavés faïencés "de Lisieux" et sont voués à une très grande renommée.
Les poteries du Pré-d'Auge et de Manerbe prennent dès le 14e Siècle une place très importante dans la production céramique bas-normande. De ces ateliers sortent des milliers de pavés glaçurés, ornés de nombreux types de décors estampés à l'aide d'une matrice et remplis d'un engobe blanc. Ces pavés sont semblables à ceux qui sont fabriqués dans de nombreux autres ateliers médiévaux.
C'est vers le milieu du 17e Siècle que Joachim Vattier (né en 1620-22, mort en 1709), domicilié au Pré-d'Auge, potier de son état, fils de Joachim Vattier, attesté comme sculpteur en 1622, lui-même fils de potier, imagine de fabriquer des pavés, à l'aide d'une technique nouvelle, plus élaborée que celle des pavés figurés précédents. Le pavé est d'abord recouvert d'un engobe blanc. Puis après un début de séchage, l'esquisse du décor géométrique ou floral est gravée dans cet engobe. Après une première cuisson, le pavé est prêt à recevoir ses couleurs. La juxtaposition des émaux forme une mosaïque que imite les produits de l'art hispano-mauresque :
"L'émail en fusion laisse des inégalités, des coulures, des différences d'épaisseur et par conséquent, de translucidité qui avivent la vibration des couleurs" .
Et comme le remarque encore Etienne Deville, spécialiste en la matière au début de ce siècle, ce procédé de fabrication souligne l'influence italienne au Pré-d'Auge car il dérive en droite ligne des pavés de Girolamo Della Robia, provenant du Château de Madrid au Bois de Boulogne (1488 - 1556). Les couleurs dominantes sont le bleu tendre, le bleu soutenu, le violet, le jaune, le vert, le marron qui se détachent sur un fond blanc. Les décors, variés, offrent des combinaisons géométriques, des entrelacs et des motifs floraux. Certains carreaux présentent aussi un décor vermiculé polychrome lorsque le pavé, enduit d'un engobe blanc n'est pas gravé mais subit aussi deux cuissons. Les motifs sont généralement répartis sur un ensemble de quatre carreaux et offrent de larges compositions qui se complètent de bordures, d'angles etc.
Au revers, quelques-uns de ces pavés ont pu recevoir une marque estampée, qui figure une croix à quatre feuilles. C'est la marque que Joachim Vattier semble avoir réservée pour les pavés de choix.
Ces pavés, dits "de Lisieux" vont rencontrer un grand succès. A la différence des pavés glaçurés et non faïencés du Pré-d'auge et de l'ensemble des autres centres de fabrication dont on retrouve le modèle un peu partout en France et en Europe, les pavés faïencés "Joachim" ont pour originalité cette polychromie qui en a fait une singularité régionale.
De prime abord, ces pavés sont conçus pour orner les châteaux et manoirs normands mais aussi les édifices religieux (églises, abbayes...). Etienne Deville énumère un certain nombre d'églises du Pays d'Auge où il a constaté, au début de ce siècle, la présence de pavages en carreaux "Joachim" : aux Monceaux, à La Pommeraye, à Launay, à Reux, à Grandouet , où l'on peut observer la grande diversité des décors et le soin accordé à la couleur.
Claude Lemaître y ajoute l'abbatiale de Saint-Pierre-sur-Dives qui voit en 1682 le sol de l'une de ses chapelles remanié avec des dalles calcaires formant un décor cruciforme, complété d'un ensemble de pavés "de Lisieux" comprenant des pavés vermiculés polychromes fabriqués par Joachim Vattier .
L'église du Pré-d'Auge n'est pas en reste : au 17e Siècle, sa décoration intérieure est totalement refaite en pavés "Joachim". Comme le souligne Claude Lemaître dans son étude à ce sujet, "cette oeuvre s'inscrit dans l'esprit du réveil religieux et de son expression artistique dans les églises rurales du Pays d'Auge au 17e Siècle" .
Les Vattier occupent, pendant la seconde moitié du 17e Siècle et le début du 18eSiècle une position sociale importante dans la Paroisse du Pré-d'Auge. Dans son contrat de mariage du 27 Septembre 1689 avec Marie Gosset, Joachim Vattier est désigné comme "sieur du Pray, maistre fayencier en carreaux" .
Il est inhumé dans l'église du Pré-d'Auge le 12 Décembre 1709, à l'âge de 87 ans, à la demande de sa femme et de ses enfants.
La popularité de Joachim Vattier et de ses carreaux faïencés ne s'arrête pas à ces frontières régionales mais rejoint les lieux où s'exerce et s'apprécie ce qui se fait de mieux en matière de création artistique.
Ainsi, sa renommée atteint bientôt Versailles où, entre 1670 et 1715, un nombre considérable de pavés "de Lisieux" sont livrés pour décorer "le Trianon de porcelaine" (détruit en 1685) ou encore l'intérieur des cheminées de la demeure royale. Un seul de ces brillants carreaux subsiste à la bibliothèque de Versailles (quelques autres sont répartis dans les musées de Cluny, Sèvres et Cologne).
A partir de 1692, les pavés "de Lisieux" sont fournis par Branlard, faïencier à Paris, qui devait les prendre directement chez Joachim Vattier ou ses successeurs. L'usage du pavé faïencé était apprécié par les architectes en renom dont Jules Hardouin Mansard. Dans les "comptes des bâtiments du Roi", les pavés sont appelés "carreaux émaillés, carreaux de faïence, carreaux de Lisieux" .
Douze mille carreaux "de Lisieux" sont également livrés au Château de Marly.
D'abord en 1713, par Montreuil, inspecteur des bâtiments du roi, qui en achète huit mille ; ensuite de janvier à Avril 1714, par Desjardins, contrôleur des bâtiments du roi, qui en réserve quatre mille.
Les décorateurs du domaine de Marly créé pour "un caprice superbe" de Louis XIV, adoptent de 1712 à 1714 les pavés "Joachim" pour orner, de manière très originale, les "bassins de fayance" du château . Six bassins sont recouverts de carreaux émaillés polychromes : autour du pavillon royal, les Bassins des carpes ; de chaque côté de la terrasse supérieure, les Fontaines des Nymphes. Le revêtement de la Fontaine d'Aréthuse est aussi fait de pavés "de Lisieux".
Ailleurs, d'autres carreaux viennent de la manufacture de Saint-Cloud qui copie, sur commande, les formes et les motifs des pavés normands. La mort du roi en 1715 met un terme à cet ouvrage. Les vestiges de ces carreaux sont conservés au Musée promenade de Marly-Le-Roi-Louveciennes qui possède une centaine de fragments.
http://www.fauvel.fr/carrelage/web/patrimoine.php
.
Le sol est recouvert d'un carrelage du "Pré d'Auge" vernissé et aux jolies déclinaisons de couleurs...
... mais surtout ce fragment, devant la cheminée monumentale, de dallage en pavés Joachim ! Ces pavés sont très en vogue au XVII et XVIIIème siècles et Louis XIV les choisit pour recouvrir ( entre autres ) les sols de son Trianon de porcelaine !
En vouliou, un petit topo sur les pavés Joachim ?!! :n,,;::::!!! :n,,;::::!!!:
PETITE HISTOIRE DES PAVES FAIENCES AU PAYS D'AUGE
Les premiers pavements en terre cuite apparaissent dès le 12e Siècle en Europe. Ils se substituent aux luxueux sols de mosaïque en pierre et marbre, formés de petits cubes juxtaposés appelés "tesselles", répandus à travers le monde médiéval par l'antiquité romaine. L'essor important de la construction au 11e Siècle, l'épuisement des gisements de marbre et le faible coût de la matière première ont favorisé l'émergence et le succès de ces pavages céramiques qui imitent les formes et les couleurs des anciens dallages. Cette technique nouvelle, empruntée aux potiers, associe au travail de la terre l'emploi de la glaçure plombifère, enduit vitrifiable transparent qui assure l'étanchéité du pavé et autorise l'obtention de couleurs différentes. Comme l'atteste l'archéologie, la glaçure est un procédé très ancien qui disparaît à partir du 5e Siècle pour réapparaître au 9e Siècle. Elle est introduite en Europe par les arabes et par les croisés qui rapportent des contrées lointaines ces "majoliques chatoyantes" bientôt imitées par les potiers du pays.
Cependant, l'une des découvertes les plus originales reste, sans conteste, celle de l'émail stannifère qui associe à la glaçure plombifère une certaine quantité d'oxyde d'étain. Il en résulte un émail blanc, onctueux, opaque et satiné, utilisé déjà par les assyriens et les perses. Les potiers arabes et les espagnols de Majorque l'introduisent en Italie au 13e Siècle. De la ville de Faenza provient l'appellation de "faïence" qui sera donnée aux céramiques fabriquées avec ce procédé. Cet émail stannifère est aussi utilisé pour orner les carreaux de pavement. Les premiers carrelages faïencés apparaissent dès le 13e Siècle dans le Midi et dans le Nord de la France. En Normandie, il faut attendre le 16e Siècle et les créations du Rouennais Masséot Abaquesne pour trouver des pavés faïencés, principalement dans les églises et les châteaux. Mais, c'est au Pays d'Auge, vers le milieu du 17e Siècle, que vont apparaître les premiers carreaux faïencés véritablement originaux et emblématiques. Ils sont appelés pavés "Joachim", du nom de leur créateur, Joachim Vattier, ou pavés faïencés "de Lisieux" et sont voués à une très grande renommée.
Les poteries du Pré-d'Auge et de Manerbe prennent dès le 14e Siècle une place très importante dans la production céramique bas-normande. De ces ateliers sortent des milliers de pavés glaçurés, ornés de nombreux types de décors estampés à l'aide d'une matrice et remplis d'un engobe blanc. Ces pavés sont semblables à ceux qui sont fabriqués dans de nombreux autres ateliers médiévaux.
C'est vers le milieu du 17e Siècle que Joachim Vattier (né en 1620-22, mort en 1709), domicilié au Pré-d'Auge, potier de son état, fils de Joachim Vattier, attesté comme sculpteur en 1622, lui-même fils de potier, imagine de fabriquer des pavés, à l'aide d'une technique nouvelle, plus élaborée que celle des pavés figurés précédents. Le pavé est d'abord recouvert d'un engobe blanc. Puis après un début de séchage, l'esquisse du décor géométrique ou floral est gravée dans cet engobe. Après une première cuisson, le pavé est prêt à recevoir ses couleurs. La juxtaposition des émaux forme une mosaïque que imite les produits de l'art hispano-mauresque :
"L'émail en fusion laisse des inégalités, des coulures, des différences d'épaisseur et par conséquent, de translucidité qui avivent la vibration des couleurs" .
Et comme le remarque encore Etienne Deville, spécialiste en la matière au début de ce siècle, ce procédé de fabrication souligne l'influence italienne au Pré-d'Auge car il dérive en droite ligne des pavés de Girolamo Della Robia, provenant du Château de Madrid au Bois de Boulogne (1488 - 1556). Les couleurs dominantes sont le bleu tendre, le bleu soutenu, le violet, le jaune, le vert, le marron qui se détachent sur un fond blanc. Les décors, variés, offrent des combinaisons géométriques, des entrelacs et des motifs floraux. Certains carreaux présentent aussi un décor vermiculé polychrome lorsque le pavé, enduit d'un engobe blanc n'est pas gravé mais subit aussi deux cuissons. Les motifs sont généralement répartis sur un ensemble de quatre carreaux et offrent de larges compositions qui se complètent de bordures, d'angles etc.
Au revers, quelques-uns de ces pavés ont pu recevoir une marque estampée, qui figure une croix à quatre feuilles. C'est la marque que Joachim Vattier semble avoir réservée pour les pavés de choix.
Ces pavés, dits "de Lisieux" vont rencontrer un grand succès. A la différence des pavés glaçurés et non faïencés du Pré-d'auge et de l'ensemble des autres centres de fabrication dont on retrouve le modèle un peu partout en France et en Europe, les pavés faïencés "Joachim" ont pour originalité cette polychromie qui en a fait une singularité régionale.
De prime abord, ces pavés sont conçus pour orner les châteaux et manoirs normands mais aussi les édifices religieux (églises, abbayes...). Etienne Deville énumère un certain nombre d'églises du Pays d'Auge où il a constaté, au début de ce siècle, la présence de pavages en carreaux "Joachim" : aux Monceaux, à La Pommeraye, à Launay, à Reux, à Grandouet , où l'on peut observer la grande diversité des décors et le soin accordé à la couleur.
Claude Lemaître y ajoute l'abbatiale de Saint-Pierre-sur-Dives qui voit en 1682 le sol de l'une de ses chapelles remanié avec des dalles calcaires formant un décor cruciforme, complété d'un ensemble de pavés "de Lisieux" comprenant des pavés vermiculés polychromes fabriqués par Joachim Vattier .
L'église du Pré-d'Auge n'est pas en reste : au 17e Siècle, sa décoration intérieure est totalement refaite en pavés "Joachim". Comme le souligne Claude Lemaître dans son étude à ce sujet, "cette oeuvre s'inscrit dans l'esprit du réveil religieux et de son expression artistique dans les églises rurales du Pays d'Auge au 17e Siècle" .
Les Vattier occupent, pendant la seconde moitié du 17e Siècle et le début du 18eSiècle une position sociale importante dans la Paroisse du Pré-d'Auge. Dans son contrat de mariage du 27 Septembre 1689 avec Marie Gosset, Joachim Vattier est désigné comme "sieur du Pray, maistre fayencier en carreaux" .
Il est inhumé dans l'église du Pré-d'Auge le 12 Décembre 1709, à l'âge de 87 ans, à la demande de sa femme et de ses enfants.
La popularité de Joachim Vattier et de ses carreaux faïencés ne s'arrête pas à ces frontières régionales mais rejoint les lieux où s'exerce et s'apprécie ce qui se fait de mieux en matière de création artistique.
Ainsi, sa renommée atteint bientôt Versailles où, entre 1670 et 1715, un nombre considérable de pavés "de Lisieux" sont livrés pour décorer "le Trianon de porcelaine" (détruit en 1685) ou encore l'intérieur des cheminées de la demeure royale. Un seul de ces brillants carreaux subsiste à la bibliothèque de Versailles (quelques autres sont répartis dans les musées de Cluny, Sèvres et Cologne).
A partir de 1692, les pavés "de Lisieux" sont fournis par Branlard, faïencier à Paris, qui devait les prendre directement chez Joachim Vattier ou ses successeurs. L'usage du pavé faïencé était apprécié par les architectes en renom dont Jules Hardouin Mansard. Dans les "comptes des bâtiments du Roi", les pavés sont appelés "carreaux émaillés, carreaux de faïence, carreaux de Lisieux" .
Douze mille carreaux "de Lisieux" sont également livrés au Château de Marly.
D'abord en 1713, par Montreuil, inspecteur des bâtiments du roi, qui en achète huit mille ; ensuite de janvier à Avril 1714, par Desjardins, contrôleur des bâtiments du roi, qui en réserve quatre mille.
Les décorateurs du domaine de Marly créé pour "un caprice superbe" de Louis XIV, adoptent de 1712 à 1714 les pavés "Joachim" pour orner, de manière très originale, les "bassins de fayance" du château . Six bassins sont recouverts de carreaux émaillés polychromes : autour du pavillon royal, les Bassins des carpes ; de chaque côté de la terrasse supérieure, les Fontaines des Nymphes. Le revêtement de la Fontaine d'Aréthuse est aussi fait de pavés "de Lisieux".
Ailleurs, d'autres carreaux viennent de la manufacture de Saint-Cloud qui copie, sur commande, les formes et les motifs des pavés normands. La mort du roi en 1715 met un terme à cet ouvrage. Les vestiges de ces carreaux sont conservés au Musée promenade de Marly-Le-Roi-Louveciennes qui possède une centaine de fragments.
http://www.fauvel.fr/carrelage/web/patrimoine.php
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Ce château a autant de séduction en son intérieur que de dehors ! boudoi30
Merci, Éléonore :n,,;::::!!!:
Bien à vous.
Merci, Éléonore :n,,;::::!!!:
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
C'est très beau ! et le décor est chaleureux et intime, pas de monumental ni de dorures !
Je n'apprécie pas les nymphes dodues mais les portraits sont très beaux, notamment le tout dernier portrait de femme;
Je n'apprécie pas les nymphes dodues mais les portraits sont très beaux, notamment le tout dernier portrait de femme;
Invité- Invité
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Comtesse Diane a écrit:Cependant, l'une des découvertes les plus originales reste, sans conteste, celle de l'émail stannifère qui associe à la glaçure plombifère une certaine quantité d'oxyde d'étain.
.........
VOYONS DIANE !! VOUS LE SAVIEZ QUE SI L'ON N'ASSOCIE PAS de L'OXYDE D’ÉTAIN A LA GLAÇURE PLOMBIFÈRE ON N'OBTIENT PAS D’ÉMAIL STAMINIFÈRE........QU'EST-CE QUI VOUS CHIFFONNE ??????
Invité- Invité
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Ne cherchez plus, pauvre chère !!! c'est la canicule...... : : :
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Papier peint qui est lui même une reprise de soierie ....
Très intéressant, j'ajoute à ma documentation ! Est-ce un retirage d'après un original qui décorait la pièce ,ou bien simplement un ajout décoratif moderne ?
Très intéressant, j'ajoute à ma documentation ! Est-ce un retirage d'après un original qui décorait la pièce ,ou bien simplement un ajout décoratif moderne ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Oui, cet intérieur est paisible et respire l'harmonie d'un lieu où il faisait bon vivre. Je vous comprends Lucius.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Lucius a écrit:Papier peint qui est lui même une reprise de soierie ....
Très intéressant, j'ajoute à ma documentation ! Est-ce un retirage d'après un original qui décorait la pièce ,ou bien simplement un ajout décoratif moderne ?
C'était d'après un original .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Saint-Germain de Livet
Certes, mais cet original, d'où vient il ? De la pièce, du château, d'ailleurs ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Nos conseils et découvertes :: Promenades et visites guidées (hors lieux du XVIIIe siècle)
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