Dessins et aquarelles de Marie-Christine de Habsbourg Lorraine, duchesse de Saxe Teschen, soeur de Marie-Antoinette

Nous en avons parlé dans le sujet consacré aux dessins attribués de la main de Marie-Antoinette (voir ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2147-dessins-attribues-a-marie-antoinette)

Sa sœur, l'archiduchesse Marie-Christine, s'est particulièrement intéressée aux arts graphiques devenant l'une des plus grandes collectionneuses d'Europe de son temps, mais aussi en pratiquant le dessin avec assez de talent.

Ce sont essentiellement des œuvres d'après d'autres artistes ou dessinateurs.  
C'est à dire qu'elle reproduisait des œuvres déjà existantes, et notamment grâce à la diffusion de nombreuses gravures qui circulaient dans toute l'Europe éclairée du XVIIIè siècle.

Voici quelques œuvres de sa main, dont la plupart sont conservées à L'Albertina de Vienne : musée qui porte le nom de son époux, Albert de Saxe-Teschen (grand amateur également), et dont le fond est essentiellement composé de l'ensemble de leur collection.

Ainsi par exemple, son interprétation des célèbres Études prises dans le bas-peuple ou Les Cris de Paris, une suite gravée par le comte de Caylus, à partir des dessins originaux du sculpteur Edmée Bouchardon.  
Cette série, éditée une première fois à la fin des années 1730 a connu un grand succès, et fut rééditée de nombreuses autres fois au cours du siècle.  



Si vous ne connaissez pas, je vous encourage à parcourir ce site, où sont illustrées ces gravures si pittoresques du Paris populaire, commerçant et artisan du XVIIIè siècle.
C'est intéressant !  
Ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105087672/f1.planchecontact


Quelques-unes des encres réalisées par Marie-Christine, avec leurs titres annotés de sa main :







J'aime bien l'Espèce de parapluye (sic)... :

Quelques-uns de ses dessins, réalisés au crayon et à la craie
L'on remarque que ce sont encore des thèmes "simples et populaires" qui attirent son attention, comme ici des scènes paysannes sublimées, l'appel de la nature, cher au XVIIIè siècle.

 Cette fois-ci, Marie-Christine illustre les Aventures de Don Quichotte, en s'inspirant de la série réalisée, entre 1715 et 1735, par Charles-Antoine Coypel.

Les illustrations du peintre étaient notamment destinées à servir de cartons de tapisseries pour la Manufacture des Gobelins.

Par exemple, cette huile de Coypel, illustrant "Le curé et Cardémis rencontrent Dorothée habillée en berger", et donc la tapisserie des Gobelins actuellement conservée au château de Versailles :



Marie-Christine s'est inspirées des nombreuses gravures qui circulaient dans toute l'Europe, afin de réaliser ces aquarelles aux tons vifs, typiques de son travail.
Ainsi donc la variante réalisée par Marie-Christine (dans l'autre sens, puisque faite à partir d'une gravure )




Certains détails (dont l'expression des visages des protagonistes) sont assez amusants : elle joue le jeu ! :
Je trouve l'ensemble très "frais", j'aime beaucoup...

Quelques autres exemples, et notamment des gros plans :















...surprise !  :

J'ai beau ne pas aimé Marie-Christine, je ne peux que lui reconnaître beaucoup de talent ! :\\\\\\\\: 
Effectivement, il y a beaucoup de fraîcheur dans ces compositions !


Bien à vous.

Oui, oui...j'aime beaucoup !
Et l'on voit qu'elle s'amuse ! Dans le trait, les couleurs, ou le choix varié de ses sujets.  

Par exemple avec cette autre série, inspirée des tableaux de David Teniers (1610-1690), célèbre peintre flamand, qui s'est illustré notamment dans des scènes d'auberge, des scènes de rue, ou le quotidien des sans-dents comme diraient certains...

Ce genre :





Et une gravure du temps :



Et donc à la sauce Marie-Christine, cela donne par exemple...









D'après Jean-Baptiste Greuze :




Des scènes bucoliques, d'après Charles Eisen, ici l'oeuvre originale :



La gouache de Marie-Christine :



Ou encore




D'après François Boucher :








A nouveau d'après Coypel :




D'après le peintre allemand Philippe Mercier (1689-1760)






D'après Jean Siméon Chardin.

Ben dis donc...quelle profusion, j'ignorais qu'elle peignait tant...en tout cas, oui, c'est vrai qu'on perçoit le plaisir qu'elle y prenait ! ...et nous transmet 


Bien à vous.

Je suis épaté. Je trouve ces oeuvres vraiment réussies. J'aime particulièrement les couleurs qui ont un aspect un peu délavé. Les jaunes sont dorés, c'est superbe. Mes préférées sont les gouaches d'après Charles Eisen.

Je suis aussi très étonné que vous les trouviez sur le net de si bonne qualité. Bravo la nuit la neige ; vous avez poussé jusqu'à associer l'original ce qui nous fait un exposé parfait.

Olivier, paysan modèle

Voici à Schönbrunn, comme sont présentés quelques tableaux de Marie-Christine :


Olivier, in situ

Bah...je n'ai fait que des copiés / collés depuis ce site source, où vous retrouverez nombre de ces oeuvres.  
C'est ici : http://sammlungenonline.albertina.at/Default.aspx?lng=english2#2188adf9-7eff-4835-aa28-2616d4c149fb

Mais je n'ai pas terminé !!

Je suis également charmé par le choix de ses thèmes et les couleurs "toniques", y compris dans les sombres.

Olivier a écrit:Voici à Schönbrunn, comme sont présentés quelques tableaux de Marie-Christine :
Olivier, in situ

Merci.
Vous connaissez désormais le Palais dans ses moindres recoins... :\\\\\\\\:

Autres réalisations de Marie-Christine, qui ne parvient pas tout à fait à s'éloigner des thèmes "populaires" qui semblent lui être chers (voir les petits tableaux qui décorent les intérieurs de ces compositions) :






En 1762, elle réalisera ces gouaches, portraits de la famille impériale dans un intérieur bourgeois.

La Saint-Nicolas, d'après une gravure de Jacobus Houbraken :




Elle se représente à gauche de la composition, offrant des cadeaux à ses frères Ferdinand et Maximilien sous le regard bienveillant de leurs parents.
Marie-Antoinette est la petite fille très fière de présenter sa jolie poupée !  :




Et ici, les couches d'Isabelle de Bourbon Parme, la première épouse de son frère Joseph II :




Ou encore, et plus conventionnel cette fois-ci, un portrait de la famille de sa soeur, Marie-Caroline, et de son époux Ferdinand IV




Enfin, son charmant autoportrait (vers 1765) :





Ainsi donc des dons indéniables pour la peinture et le dessin, goûts affirmés et reconnus déjà à l'époque, comme l'illustre cette composition de Heinrich Füger, représentant Marie-Thérèse et des membres de sa famille (1776).

Située à l'extrême gauche, à côté de son époux, Marie-Christine est celle qui offre des dessins à sa mère :

J'ignorais que le portrait de famille le jour de la Saint-Nicolas était inspiré d'un tableau
C'est charmant...
Marie-Christine remonte dans mon estime, de par son côté artistique !


Bien à vous.

Comment ??!! Les experts de Sotheby's ne nous lisent pas ??
C'est dommage...

Présenté à l'occasion d'une vente aux enchères, organisée le 17 juin 2017, à Paris.
Je cite :

Austrian School 18th century
The Saint Nicholas day in the imperial family of Austria
Oil on canvas - 40,5 x 54,5 cm



Bears an inscription at the back of the chassis La Saint Nicolas dans la famille Impériale d'Autriche en 1762

* Source et infos complémentaires ici : http://www.sothebys.com/en/auctions/2017/tableaux-sculptures-dessins-anciens-xix-siecle-pf1709.html


Estimé entre 10 000 et 15 000 €, les experts auraient pu mettre en lien ce petit tableau avec celui réalisé par l'archiduchesse Marie-Christine :



Dans ce sujet, nous précisions que l'archiduchesse avait elle-même repris une gravure de Jacobus Houbraken, sur le même thème, mais en retravaillant les personnages (costumes, traits physiques) pour en faire un portrait familial.



Avec donc la petite Marie-Antoinette, sur l'un et l'autre tableaux :

La nuit, la neige a écrit:
Comment ??!! Les experts de Sotheby's ne nous lisent pas ??

Bien sûr que si, mais ils font le pont !

Décidément, j'aime beaucoup les oeuvres si jolimment colorées de Marie-Christine.

Voici une petite aquarelle, très probablement son autoportrait, sous les traits d'une paysanne ou femme du peuple.
Avait-elle jamais mis les pieds dans une cuisine ?  

La nuit, la neige a écrit:
Avait-elle jamais mis les pieds dans une cuisine ?  

Si si bien sûr, comme tous les enfants, pour lêcher le plat dans lequel la cuisinière vient de faire de la pâte à gâteau !

Ce tableau est charmant ! Merci, cher ami ! Il faut regarder les petits détails alentour, comme par exemple cette drôle de paires de ciseaux accrochée au manteau de cheminée .

Il s'agit d'une paire de ciseaux mouchette : pour éteindre les bougies.
On en trouve fréquemment dans les brocantes.

Une bonne question pour notre Jeu de l'été...

La nuit, la neige a écrit:Il s'agit d'une paire de ciseaux mouchette : pour éteindre les bougies.
On en trouve fréquemment dans les brocantes.

Une bonne question pour notre Jeu de l'été...

Mais absolument ! Tu aurais dû la garder en réserve !
Avec cette énigme, tu m'aurais mouchée ...

Une version très chic pour les plus fortunés, en argent...


Mouchettes et leur plateau
Duguay Jacques (vers 1700-1749), orfèvre
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola

Tout à fait joli !
Dugay a fait aussi des instruments de chirurgie . A voir la précision de ces mouchettes, nous l'aurions deviné, non ?

La nuit, la neige a écrit:Il s'agit d'une paire de ciseaux mouchette : pour éteindre les bougies.
On en trouve fréquemment dans les brocantes.

Ca me plaît bien, c't'objet-là, toujours utile .