Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
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Bonnefoy du Plan
La nuit, la neige
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Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Je ne connaissais ce portrait que d'après une image en noir et blanc :
Il est notamment présenté dans le livre Portraits de femmes, de Olivier Blanc, qui précise :
Portrait de Marie-Antoinette, toile par A. Pencini, ancienne collection d'Aremberg à Laxembourg.
Grâce à notre ami Léos, qui s'est rendu aux expositions du Jubilé 300 ans - Marie Thérèse, en Autriche, nous avons désormais une version en couleurs ! :\\\\\\\\:
Il est notamment présenté dans le livre Portraits de femmes, de Olivier Blanc, qui précise :
Portrait de Marie-Antoinette, toile par A. Pencini, ancienne collection d'Aremberg à Laxembourg.
Grâce à notre ami Léos, qui s'est rendu aux expositions du Jubilé 300 ans - Marie Thérèse, en Autriche, nous avons désormais une version en couleurs ! :\\\\\\\\:
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 03 Mai 2023, 17:07, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Je poste ici un extrait du message posté initialement dans notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur Marie-Josèphe.
Le message clôt le passionnant exposé de notre ami Bonnefoy : " A la recherche d'Antoine ".
A nouveau merci pour cette belle image inédite, avec ses couleurs, ainsi que vos commentaires.
Cependant, j'ai dû vous relire plusieurs fois et encore ne suis-je pas sûr de bien vous suivre...
Il y avait donc deux portraits !
L'image de Léos est certes très floue, mais je pensais que la seule différence était la prise de champ du photographe (plan plus resserré sur la version en noir et blanc). C'est dommage que notre photographe ne m'ait pas signalé mon erreur.
D'autant plus que vous dîtes qu'il s'agit de Marie-Josèphe pour l'un et de Marie-Antoinette pour l'autre ?
Le message clôt le passionnant exposé de notre ami Bonnefoy : " A la recherche d'Antoine ".
Bonnefoy du Plan a écrit:
(...)
Modifier un portrait pour lui donner le visage d’un autre membre de la famille est une pratique qui semble tout à fait admise, voire courante, et qui ne choque apparemment personne à la Cour de Vienne.
On observe encore ces bonnes manières dans les années 1770 avec le peintre Pencini, envoyé à Paris par l’impératrice pour y passer une année. Le séjour de Pencini est documenté dans la correspondance de Mercy, qui nous apprend que le peintre a fait deux portraits de Marie-Antoinette entre août 1773 et avril 1774.
Vuaflart et Bourin reproduisent celui des deux qu’ils ont retrouvé à Vienne dans le deuxième volume de leur iconographie de Marie-Antoinette (planche XXXI ; voir aussi Vinck 5591 dans Gallica). Le petit tableau n’est pas signé, il est bien inventorié au KHM sous le nom de Marie-Antoinette, et Vienne l’a d’ailleurs prêté pour l’exposition « Marie-Antoinette et son temps » en 1894.
Mais le plus curieux, c’est qu’il reprend presque trait pour trait, dans un plan plus resserré, un modèle viennois daté « autour de 1765 » (dixit le KHM), sans attribution particulière d’auteur. Incroyable ! Comment est-ce possible que le peintre ait choisi un « modèle » vieux de presque 10 ans, sans correspondance avec les vêtements portés à Versailles (lisez ce que Marie-Jeanne nous a indiqué sur l’usage de la mantille à la Cour de France) ou la coiffure (si peu à la mode en ce mois d’avril 1774 à Versailles, où l’on nous dit que le portrait a été fait…)?
A noter que nos deux chercheurs ne font pas allusion à un modèle qui aurait pu inspirer Pencini, ils ne connaissaient sans doute pas cette toile de 1765. Seraient-ils alors revenus sur leur attribution, que pourtant le KHM confirme toujours aujourd’hui ? A noter encore la description que donne du tableau le catalogue de l’exposition de 1894 au numéro 101. Elle vaut par sa grande précision : « Portrait de Marie-Antoinette jeune (buste). La princesse porte une robe bleue et les cheveux relevés ».
Au fait, vous avez compris – je pense – qui était représentée sur ce portrait ?
Je vous le donne en mille, c’est bien sûr Josèphe…
Y aurait-il une deuxième énigme ? Ce couple d’archiduchesses est décidément un véritable cauchemar…
Nous connaissons déjà ce tableau par la reproduction qu’en donne le catalogue du tricentenaire de Marie-Thérèse et que notre ami Leos a postée en 2017 :
[/b]
A gauche, Marie-Josèphe archiduchesse, vers 1765, 67x54cm, peintre de Cour anonyme, Garde-meuble national, Vienne
A droite, Marie-Antoinette dauphine, avril 1774, 49,5x30,0cm, Antonio Pencini (attr.), Musée d’Art et d’Histoire (KHM), Vienne
Bonnefoy du Plan a écrit:
Et puisqu’aujourd’hui c’est fête à Strasbourg, le voici en couleurs ce tableau (supposé) de Marie-Antoinette en avril 1774 ! Je vous fais remarquer que c’est le sixième inédit de la série, je ne me moque pas de vous…
A nouveau merci pour cette belle image inédite, avec ses couleurs, ainsi que vos commentaires.
Cependant, j'ai dû vous relire plusieurs fois et encore ne suis-je pas sûr de bien vous suivre...
Il y avait donc deux portraits !
L'image de Léos est certes très floue, mais je pensais que la seule différence était la prise de champ du photographe (plan plus resserré sur la version en noir et blanc). C'est dommage que notre photographe ne m'ait pas signalé mon erreur.
D'autant plus que vous dîtes qu'il s'agit de Marie-Josèphe pour l'un et de Marie-Antoinette pour l'autre ?
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Une autre énigme Marie-Josèphe – Marie-Antoinette ?
J’imaginais bien, cher La nuit, la neige, que cette petite digression autour de Pencini n’échapperait pas à votre extrême vigilance !
Il s’agit bien d’une nouvelle interrogation au sujet de l’iconographie de Marie-Josèphe et Marie-Antoinette.
Car vous devez bien lire en effet que nous avons ici deux tableaux différents.
L’un représente Josèphe (autour de 1765), il est attribué à un « peintre anonyme » et conservé dans les collections du Mobilier national autrichien à Vienne. L’autre montre Marie-Antoinette en avril 1774, il est conservé dans les réserves du Kunsthistorisches Museum de Vienne, qui donne comme auteur un peintre de Cour autrichien.
Voici les identifications des deux tableaux, à partir du catalogue du tricentenaire de Marie-Thérèse pour Josèphe, et de l’index photographique des collections du KHM pour Marie-Antoinette :
Vuaflart et Bourin ont rapproché le portrait attribué à Marie-Antoinette de celui dont il est question dans la correspondance entre Mercy et le baron de Nény (alors adjoint au chef-président du Conseil Privé de l’impératrice) au sujet du peintre Pencini en mars-avril 1774.
Il est important de se souvenir qu’en 1910, nos deux auteurs ne connaissent que le tableau « Marie-Antoinette », conservé alors à Laxenbourg, et pas celui attribué à Josèphe aujourd’hui au Garde-meuble.
Nény à Merci, Vienne le 7 mars 1774 :
« Sa Majesté voudrait savoir aussi si le sieur Pencini, peintre en miniature, qui a eu la permission de Sa Majesté de rester un an à Paris, réussit à s’y perfectionner et, pour reconnaître ce qui en est, Sa Majesté charge Votre Excellence de faire peindre par cet artiste un portrait de Madame la Dauphine. Je me souviens que, pendant mon séjour à Versailles (Nény était à Paris la deuxième quinzaine de septembre 1773), cette princesse avait eu la bonté de s’asseoir pour lui et qu’il me montra un portrait presque achevé de Madame la Dauphine, qui était assez bien. Votre Excellence obligera Sa Majesté en lui procurant un pareil portrait sans trop de délai ».
La suite de la correspondance entre Nény et Mercy fournit des précisions sur les deux portraits de Marie-Antoinette peints à Versailles par Pencini à huit mois d’intervalle.
Mercy à Nény, Paris le 22 mars 1774 :
« Le sieur Pencini emploie son temps ici le plus utilement qu’il peut à perfectionner son talent, mais il a passé le temps de l’âge où il y a à gagner dans les arts d’imagination et de goût. Il peint avec exactitude et réussit à prendre les ressemblances ; une certaine raideur dans les portraits en ôte beaucoup d’agrément ; celui de Madame la Dauphine avait assez bien réussi dans la première ébauche, mais en le finissant ce portrait a été gâté. Je vais en faire recommencer un autre suivant les ordres de Sa Majesté et j’espère pouvoir vous l’envoyer le mois prochain. »
Nény à Mercy, Vienne le 6 avril 1774 :
« Quant au peintre Pencini, Sa Majesté lui connaissait déjà ici le même défaut que votre Excellence observe aujourd’hui. Elle n’en est cependant pas moins curieuse de voir le petit portrait de Madame la Dauphine que Votre excellence lui a ordonné. »
A noter que les dimensions du tableau de Laxenbourg (49,5x39cm) seraient compatibles avec l'idée d'un « petit portrait » dont parle ici Neny. Le délai d’exécution rapide de la commande pourrait aussi justifier ce format inférieur au premier portrait (67x54cm), si bien sûr on retient l’idée que les deux seraient en fait des portraits de Marie-Antoinette en 1773 et 1774.
Mercy à Nény, Paris le 19 avril 1774 :
« Voici le portrait de Madame la Dauphine peint par le sieur Pencini. Il y a quelque ressemblance dans les traits, mais les grâces ont échappé à l’artiste, qui se prépare à retourner à Vienne, après un séjour qui lui a été fort peu utile ici. »
Et enfin,
Nény à Mercy, Vienne le 2 mai 1774 :
« Sa Majesté vous en marque aujourd’hui sa gratitude, M. l’ambassadeur (à propos du portrait de la dauphine). Elle a trouvé Madame la Dauphine moins bien selon le portrait, qu’elle n’était à son départ d’ici, en quoi Sa Majesté paraît se tromper. Je lui ai reproduit celui que je possède, qui est assurément bon et, en les comparant, Sa Majesté a reconnu enfin que son Auguste Fille a encore beaucoup gagné du côté de la beauté et des grâces, depuis qu’elle est en France ».
Quel était le portrait que Nény présenta à l’impératrice ? Sans doute pas le celui de Pencini daté 1773, auquel il fait référence dans son courrier du 7 mars, car il n’indique pas alors que ce tableau lui appartiendrait. De son côté, Mercy en parle le 22 mars comme d’un portrait manqué, qui ne semble pas avoir été envoyé à Vienne, encore moins à l’impératrice.
Vuaflart et Bourin font aussi le rapprochement entre le tableau « Marie-Antoinette », conservé à Laxenbourg, et une gravure de Cathelin d’après un tableau de Frédou. Les deux chercheurs ne connaissaient pas le petit portrait de Frédou, que nous avons vu circuler depuis en vente publique (original ou copie). La gravure de Cathelin renforçait leur conviction que le portrait de Frédou dérivait nécessairement (c’est ce qu’ils écrivent) du tableau de Laxenbourg. Page 97 du Tome II (les portraits de la Dauphine) : « Comme l’estampe emprunte fidèlement les traits, l’éclairage, le regard du portrait de Laxenbourg, nous sommes entraînés à voir dans celui-ci l’ouvrage de Pencini. »
Louis-Jacques Cathelin (d’après J.-M. Frédou)
gravure à l’eau-forte et au burin, vers 1774
41,3x29,0cm, Paris
Bibliothèque nationale de France
(Collection De Vinck, N° 289)
Si l’on s’en tient aux versions officielles pour les deux tableaux, le scenario serait donc le suivant :
un peintre en miniature, mandaté par Marie-Thérèse pour peindre sa fille en France reprend en 1773-1774 le modèle d’un tableau du milieu des années 1760, qu’il n’a pas sous les yeux à Versailles, et qui représente une sœur défunte de son modèle. Plutôt que de s’attacher à représenter Marie-Antoinette dans ses atours de dauphine, il préfère un répertoire autrichien, avec une mantille et des barbes d'étiquette. Ni la mantille ni les longues bandes de dentelle qui partent du haut de la tête pour tomber à l’arrière ne sont en effet d’usage à Versailles. J’écris ces dernières lignes sous le contrôle de Marie-Jeanne, qui nous a précisé récemment que la mantille était en effet considérée comme dérogatoire à l'étiquette en France, et que les barbes d’étiquette signalaient une coiffure viennoise.
Les bandes de dentelle sont bien apparentes dans les cheveux des tableaux Pencini (elles se sont aussi sur le curieux portrait de Frédou et la gravure associée de Cathelin):
La version officielle est donc une fois de plus un peu difficile à suivre. Pour moi, il s’agit ou bien de Josèphe, par deux fois, ou bien nous avons deux portraits « atypiques » de Marie-Antoinette.
Même si la ressemblance avec les tableaux de Marie-Antoinette des années 1772-1773 ne saute pas d’emblée aux yeux, il existe suffisamment de points de ressemblance pour ne pas le rejeter par principe. Mais alors, si nous y reconnaissons Marie-Antoinette, il reste encore à expliquer pour quelles raisons la dauphine est représentée dans une mise d’archiduchesse… Et si les deux tableaux de ce post devaient être les deux portraits que Pencini a fait de Marie-Antoinette à Versailles, les circonstances de l’envoi du premier en Autriche et sa destination ultime dans les collections impériales ne sont pas documentées.
Il serait peut-être plus simple d’attribuer les deux tableaux à Josèphe, à supposer que les coiffures montent déjà aussi haut en 1765, ce que je ne sais affirmer (j’observe simplement qu’à Schönbrunn, les six portraits de la fameuse série ne montrent pas une telle élévation, sauf peut-être la belle toile de Marie-Christine). L’attribution de Josèphe à Marie-Antoinette, qui justifie l’envoi du tableau à Paris en 1894, interviendrait alors en des circonstances et à une date indéterminées.
One or the other, why bother ?
Un petit détail, je n’ai retrouvé les boucles d’oreilles portées sur les deux toiles « Pencini » que sur la miniature de Reisperger en 1760, où la petite Antonia est entourée de ses sœurs Charlotte (Caroline) et Josèphe… Cela ne permet d’ailleurs aucune conclusion puisque Josèphe, Caroline et Antonia portent toutes les trois ce même modèle que je qualifierais « au double scarabée ».
A noter que le rapprochement des deux visages en version "Josèphe", à 5 ans d’intervalle, ne parait pas ridicule et fonctionne même très bien :
Caroline et Josèphe :
et la petite Madame Antoine :
Morale de l’histoire : je passe mon temps à essayer d’enrichir de manière indiscutable l’iconographie de Marie-Antoinette en Autriche pour, au bout du compte, faire pencher la balance, une fois de plus, du côté de Josèphe… Sans même cette fois un petit traficotage de façade pour me payer de ma peine…
Cela m'intéresse de savoir comment vous rececez ces deux portraits et qui vous y reconnaissez de préférence...
Pour ma part, c’est bien le signe qu’il est grand temps que j’arrête avec les archiduchesses !
J’imaginais bien, cher La nuit, la neige, que cette petite digression autour de Pencini n’échapperait pas à votre extrême vigilance !
Il s’agit bien d’une nouvelle interrogation au sujet de l’iconographie de Marie-Josèphe et Marie-Antoinette.
Car vous devez bien lire en effet que nous avons ici deux tableaux différents.
L’un représente Josèphe (autour de 1765), il est attribué à un « peintre anonyme » et conservé dans les collections du Mobilier national autrichien à Vienne. L’autre montre Marie-Antoinette en avril 1774, il est conservé dans les réserves du Kunsthistorisches Museum de Vienne, qui donne comme auteur un peintre de Cour autrichien.
Voici les identifications des deux tableaux, à partir du catalogue du tricentenaire de Marie-Thérèse pour Josèphe, et de l’index photographique des collections du KHM pour Marie-Antoinette :
Vuaflart et Bourin ont rapproché le portrait attribué à Marie-Antoinette de celui dont il est question dans la correspondance entre Mercy et le baron de Nény (alors adjoint au chef-président du Conseil Privé de l’impératrice) au sujet du peintre Pencini en mars-avril 1774.
Il est important de se souvenir qu’en 1910, nos deux auteurs ne connaissent que le tableau « Marie-Antoinette », conservé alors à Laxenbourg, et pas celui attribué à Josèphe aujourd’hui au Garde-meuble.
Nény à Merci, Vienne le 7 mars 1774 :
« Sa Majesté voudrait savoir aussi si le sieur Pencini, peintre en miniature, qui a eu la permission de Sa Majesté de rester un an à Paris, réussit à s’y perfectionner et, pour reconnaître ce qui en est, Sa Majesté charge Votre Excellence de faire peindre par cet artiste un portrait de Madame la Dauphine. Je me souviens que, pendant mon séjour à Versailles (Nény était à Paris la deuxième quinzaine de septembre 1773), cette princesse avait eu la bonté de s’asseoir pour lui et qu’il me montra un portrait presque achevé de Madame la Dauphine, qui était assez bien. Votre Excellence obligera Sa Majesté en lui procurant un pareil portrait sans trop de délai ».
La suite de la correspondance entre Nény et Mercy fournit des précisions sur les deux portraits de Marie-Antoinette peints à Versailles par Pencini à huit mois d’intervalle.
Mercy à Nény, Paris le 22 mars 1774 :
« Le sieur Pencini emploie son temps ici le plus utilement qu’il peut à perfectionner son talent, mais il a passé le temps de l’âge où il y a à gagner dans les arts d’imagination et de goût. Il peint avec exactitude et réussit à prendre les ressemblances ; une certaine raideur dans les portraits en ôte beaucoup d’agrément ; celui de Madame la Dauphine avait assez bien réussi dans la première ébauche, mais en le finissant ce portrait a été gâté. Je vais en faire recommencer un autre suivant les ordres de Sa Majesté et j’espère pouvoir vous l’envoyer le mois prochain. »
Nény à Mercy, Vienne le 6 avril 1774 :
« Quant au peintre Pencini, Sa Majesté lui connaissait déjà ici le même défaut que votre Excellence observe aujourd’hui. Elle n’en est cependant pas moins curieuse de voir le petit portrait de Madame la Dauphine que Votre excellence lui a ordonné. »
A noter que les dimensions du tableau de Laxenbourg (49,5x39cm) seraient compatibles avec l'idée d'un « petit portrait » dont parle ici Neny. Le délai d’exécution rapide de la commande pourrait aussi justifier ce format inférieur au premier portrait (67x54cm), si bien sûr on retient l’idée que les deux seraient en fait des portraits de Marie-Antoinette en 1773 et 1774.
Mercy à Nény, Paris le 19 avril 1774 :
« Voici le portrait de Madame la Dauphine peint par le sieur Pencini. Il y a quelque ressemblance dans les traits, mais les grâces ont échappé à l’artiste, qui se prépare à retourner à Vienne, après un séjour qui lui a été fort peu utile ici. »
Et enfin,
Nény à Mercy, Vienne le 2 mai 1774 :
« Sa Majesté vous en marque aujourd’hui sa gratitude, M. l’ambassadeur (à propos du portrait de la dauphine). Elle a trouvé Madame la Dauphine moins bien selon le portrait, qu’elle n’était à son départ d’ici, en quoi Sa Majesté paraît se tromper. Je lui ai reproduit celui que je possède, qui est assurément bon et, en les comparant, Sa Majesté a reconnu enfin que son Auguste Fille a encore beaucoup gagné du côté de la beauté et des grâces, depuis qu’elle est en France ».
Quel était le portrait que Nény présenta à l’impératrice ? Sans doute pas le celui de Pencini daté 1773, auquel il fait référence dans son courrier du 7 mars, car il n’indique pas alors que ce tableau lui appartiendrait. De son côté, Mercy en parle le 22 mars comme d’un portrait manqué, qui ne semble pas avoir été envoyé à Vienne, encore moins à l’impératrice.
Vuaflart et Bourin font aussi le rapprochement entre le tableau « Marie-Antoinette », conservé à Laxenbourg, et une gravure de Cathelin d’après un tableau de Frédou. Les deux chercheurs ne connaissaient pas le petit portrait de Frédou, que nous avons vu circuler depuis en vente publique (original ou copie). La gravure de Cathelin renforçait leur conviction que le portrait de Frédou dérivait nécessairement (c’est ce qu’ils écrivent) du tableau de Laxenbourg. Page 97 du Tome II (les portraits de la Dauphine) : « Comme l’estampe emprunte fidèlement les traits, l’éclairage, le regard du portrait de Laxenbourg, nous sommes entraînés à voir dans celui-ci l’ouvrage de Pencini. »
Jean-Martial Frédou
huile sur bois, 1774
22,0x16,4cm
collection particulière
huile sur bois, 1774
22,0x16,4cm
collection particulière
Louis-Jacques Cathelin (d’après J.-M. Frédou)
gravure à l’eau-forte et au burin, vers 1774
41,3x29,0cm, Paris
Bibliothèque nationale de France
(Collection De Vinck, N° 289)
Si l’on s’en tient aux versions officielles pour les deux tableaux, le scenario serait donc le suivant :
un peintre en miniature, mandaté par Marie-Thérèse pour peindre sa fille en France reprend en 1773-1774 le modèle d’un tableau du milieu des années 1760, qu’il n’a pas sous les yeux à Versailles, et qui représente une sœur défunte de son modèle. Plutôt que de s’attacher à représenter Marie-Antoinette dans ses atours de dauphine, il préfère un répertoire autrichien, avec une mantille et des barbes d'étiquette. Ni la mantille ni les longues bandes de dentelle qui partent du haut de la tête pour tomber à l’arrière ne sont en effet d’usage à Versailles. J’écris ces dernières lignes sous le contrôle de Marie-Jeanne, qui nous a précisé récemment que la mantille était en effet considérée comme dérogatoire à l'étiquette en France, et que les barbes d’étiquette signalaient une coiffure viennoise.
Les bandes de dentelle sont bien apparentes dans les cheveux des tableaux Pencini (elles se sont aussi sur le curieux portrait de Frédou et la gravure associée de Cathelin):
La version officielle est donc une fois de plus un peu difficile à suivre. Pour moi, il s’agit ou bien de Josèphe, par deux fois, ou bien nous avons deux portraits « atypiques » de Marie-Antoinette.
Même si la ressemblance avec les tableaux de Marie-Antoinette des années 1772-1773 ne saute pas d’emblée aux yeux, il existe suffisamment de points de ressemblance pour ne pas le rejeter par principe. Mais alors, si nous y reconnaissons Marie-Antoinette, il reste encore à expliquer pour quelles raisons la dauphine est représentée dans une mise d’archiduchesse… Et si les deux tableaux de ce post devaient être les deux portraits que Pencini a fait de Marie-Antoinette à Versailles, les circonstances de l’envoi du premier en Autriche et sa destination ultime dans les collections impériales ne sont pas documentées.
Il serait peut-être plus simple d’attribuer les deux tableaux à Josèphe, à supposer que les coiffures montent déjà aussi haut en 1765, ce que je ne sais affirmer (j’observe simplement qu’à Schönbrunn, les six portraits de la fameuse série ne montrent pas une telle élévation, sauf peut-être la belle toile de Marie-Christine). L’attribution de Josèphe à Marie-Antoinette, qui justifie l’envoi du tableau à Paris en 1894, interviendrait alors en des circonstances et à une date indéterminées.
One or the other, why bother ?
Un petit détail, je n’ai retrouvé les boucles d’oreilles portées sur les deux toiles « Pencini » que sur la miniature de Reisperger en 1760, où la petite Antonia est entourée de ses sœurs Charlotte (Caroline) et Josèphe… Cela ne permet d’ailleurs aucune conclusion puisque Josèphe, Caroline et Antonia portent toutes les trois ce même modèle que je qualifierais « au double scarabée ».
A noter que le rapprochement des deux visages en version "Josèphe", à 5 ans d’intervalle, ne parait pas ridicule et fonctionne même très bien :
Caroline et Josèphe :
et la petite Madame Antoine :
Morale de l’histoire : je passe mon temps à essayer d’enrichir de manière indiscutable l’iconographie de Marie-Antoinette en Autriche pour, au bout du compte, faire pencher la balance, une fois de plus, du côté de Josèphe… Sans même cette fois un petit traficotage de façade pour me payer de ma peine…
Cela m'intéresse de savoir comment vous rececez ces deux portraits et qui vous y reconnaissez de préférence...
Pour ma part, c’est bien le signe qu’il est grand temps que j’arrête avec les archiduchesses !
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Encore une belle énigme !! J'en ai profité pour modifier le titre du sujet.
A nouveau, merci pour vos recherches et éclaircissements.
Ben merde alors !!
Hum. Cela ne tient guère la route, en effet.
Si l'on considère que les huiles sur toiles sont bien de ce Pencini, et donc d'après vos recherches, en ce cas, moi aussi, je pencherais plutôt pour deux portraits de Marie-Josèphe.
Mais, j'insiste : s'il s'agit bien du ou des portraits dont l'attribution à Pencini est certaine. Mais l'est-elle ?
Aussi parlons-nous du même artiste, et / ou comment s'appelle-t-il à la fin ?? Pencini ? Bencini ?
Je renvoie nos lecteurs à la consultation de notre sujet : Portraits de la famille impériale par Antonio Bencini
A nouveau, merci pour vos recherches et éclaircissements.
Bonnefoy du Plan a écrit:
Car vous devez bien lire en effet que nous avons ici deux tableaux différents.
L’un représente Josèphe (autour de 1765), il est attribué à un « peintre anonyme » et conservé dans les collections du Mobilier national autrichien à Vienne. L’autre montre Marie-Antoinette en avril 1774, il est conservé dans les réserves du Kunsthistorisches Museum de Vienne, qui donne comme auteur un peintre de Cour autrichien.
Ben merde alors !!
Bonnefoy du Plan a écrit:
Si l’on s’en tient aux versions officielles pour les deux tableaux, le scenario serait donc le suivant :[/b]
un peintre en miniature, mandaté par Marie-Thérèse pour peindre sa fille en France reprend en 1773-1774 le modèle d’un tableau du milieu des années 1760, qu’il n’a pas sous les yeux à Versailles, et qui représente une sœur défunte de son modèle.
Plutôt que de s’attacher à représenter Marie-Antoinette dans ses atours de dauphine, il préfère un répertoire autrichien, avec une mantille et des barbes d'étiquette. Ni la mantille ni les longues bandes de dentelle qui partent du haut de la tête pour tomber à l’arrière ne sont en effet d’usage à Versailles.
Hum. Cela ne tient guère la route, en effet.
Bonnefoy du Plan a écrit:Pour moi, il s’agit ou bien de Josèphe, par deux fois, ou bien nous avons deux portraits « atypiques » de Marie-Antoinette.
(...)
Cela m'intéresse de savoir comment vous rececez ces deux portraits et qui vous y reconnaissez de préférence...
Si l'on considère que les huiles sur toiles sont bien de ce Pencini, et donc d'après vos recherches, en ce cas, moi aussi, je pencherais plutôt pour deux portraits de Marie-Josèphe.
Mais, j'insiste : s'il s'agit bien du ou des portraits dont l'attribution à Pencini est certaine. Mais l'est-elle ?
Aussi parlons-nous du même artiste, et / ou comment s'appelle-t-il à la fin ?? Pencini ? Bencini ?
Je renvoie nos lecteurs à la consultation de notre sujet : Portraits de la famille impériale par Antonio Bencini
Ce n'est pas facile, en effet !Bonnefoy du Plan a écrit:
Pour ma part, c’est bien le signe qu’il est grand temps que j’arrête avec les archiduchesses !
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
J’ai bien peur que l’aspect vestimentaire ne fasse pas avancer l’énigme, mais comme je n’ai peut être pas été assez claire précédemment voici quelques précisions.
Si à Versailles les barbes ne font pas partie stricto sensu de la panoplie d'étiquette, elles existent néanmoins bel et bien et sont couramment portées avec le grand habit de cour.
De même la mantille, dont l’Art du Tailleur de Garsault de 1769 mentionne qu’elle accompagnait obligatoirement le corset remplaçant, si besoin, le grand corps baleiné d’étiquette. À ma connaissance, la seule différence avec Vienne est l’absence de représentation iconographique à Versailles, à l’exception de quelques gravures.
Sachant que, comme l'indique l'inventaire de réforme de sa garde-robe en 1771, la dauphine possédait des corsets suite à sa rébellion contre les corps français à l'ancienne, il n’est pas impossible qu’elle ait eu « la bonté de s’asseoir » devant Pencini ainsi vêtue. A fortiori parce qu’il s’agissait d’un portrait privé à destination de l’Autriche.
Pour le reste je ne sais quoi penser, sauf qu’indépendamment du manque criant de grâce due au pinceau malheureux du peintre, la ressemblance avec Marie-Antoinette sur le petit portrait du KHM me semble évidente.
Sans aucune certitude, et avec beaucoup de doutes, il me paraît donc possible que le grand format du garde meuble autrichien en soit une autre version. D’autant que la coiffure me semble plus cohérente avec le début des années 1770.
Si à Versailles les barbes ne font pas partie stricto sensu de la panoplie d'étiquette, elles existent néanmoins bel et bien et sont couramment portées avec le grand habit de cour.
De même la mantille, dont l’Art du Tailleur de Garsault de 1769 mentionne qu’elle accompagnait obligatoirement le corset remplaçant, si besoin, le grand corps baleiné d’étiquette. À ma connaissance, la seule différence avec Vienne est l’absence de représentation iconographique à Versailles, à l’exception de quelques gravures.
Sachant que, comme l'indique l'inventaire de réforme de sa garde-robe en 1771, la dauphine possédait des corsets suite à sa rébellion contre les corps français à l'ancienne, il n’est pas impossible qu’elle ait eu « la bonté de s’asseoir » devant Pencini ainsi vêtue. A fortiori parce qu’il s’agissait d’un portrait privé à destination de l’Autriche.
Pour le reste je ne sais quoi penser, sauf qu’indépendamment du manque criant de grâce due au pinceau malheureux du peintre, la ressemblance avec Marie-Antoinette sur le petit portrait du KHM me semble évidente.
Sans aucune certitude, et avec beaucoup de doutes, il me paraît donc possible que le grand format du garde meuble autrichien en soit une autre version. D’autant que la coiffure me semble plus cohérente avec le début des années 1770.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Grand merci pour votre message, Marie-Jeanne, il fait pour moi avancer le dossier.
Ce qui me paraît raisonnable, et La nuit, la neige semble voir de même de son côté, c'est qu'il faut privilégier deux portraits d'une même princesse.
Pour ma part j'aime assez cette image dont j'écrivais plus haut que, même si la ressemblance avec les tableaux de Marie-Antoinette des années 1772-1773 ne sautait pas d’emblée aux yeux, il existait cependant suffisamment de points de ressemblance pour ne pas le rejeter par principe.
Je réintègre donc bien volontiers cette image dans mon corpus suite à vos remarques, en conservant le doute d'usage qui reste une constante avec tous ces portraits de jeunesse... Et ce d'autant plus que ce je ne retrouve pas les mêmes points de ressemblance dans le tableau de plus grand format au Garde-meuble
(non, non, je ne recommence pas... )
Que la mantille ne soit pas éliminatoire et puisse se comprendre par rapport aux détails d'archives que vous avez soulignés est une information très précieuse. Elle laisse toute sa chance à la thèse Vuaflart-Bourin, d'autant plus que vous semblez hésiter vous aussi pour une coiffure des années 60...Marie-Jeanne a écrit:Sachant que, comme l'indique l'inventaire de réforme de sa garde-robe en 1771, la dauphine possédait des corsets suite à sa rébellion contre les corps français à l'ancienne, il n’est pas impossible qu’elle ait eu « la bonté de s’asseoir » devant Pencini ainsi vêtue. A fortiori parce qu’il s’agissait d’un portrait privé à destination de l’Autriche.
C'est bien tout l'intérêt de regarder l'ensemble des portraits, à plus forte raison quand nous avons des éléments pour avancer que le modèle a véritablement posé. Et tant pis s'il reste difficile d'affirmer définitivement qu'il s'agit des portraits faits par le miniaturiste Pencini/Bencini (Mercy et Neny n'utilisent que Pencini et soulignent bien qu'il est miniaturiste), venu à Paris dans son âge mur pour y perfectionner aux frais de Marie-Thérèse sa maîtrise du portrait de chevalet...Marie-Jeanne a écrit:indépendamment du manque criant de grâce due au pinceau malheureux du peintre, la ressemblance avec Marie-Antoinette sur le petit portrait du KHM me semble évidente.
Ce qui me paraît raisonnable, et La nuit, la neige semble voir de même de son côté, c'est qu'il faut privilégier deux portraits d'une même princesse.
Pour ma part j'aime assez cette image dont j'écrivais plus haut que, même si la ressemblance avec les tableaux de Marie-Antoinette des années 1772-1773 ne sautait pas d’emblée aux yeux, il existait cependant suffisamment de points de ressemblance pour ne pas le rejeter par principe.
Je réintègre donc bien volontiers cette image dans mon corpus suite à vos remarques, en conservant le doute d'usage qui reste une constante avec tous ces portraits de jeunesse... Et ce d'autant plus que ce je ne retrouve pas les mêmes points de ressemblance dans le tableau de plus grand format au Garde-meuble
(non, non, je ne recommence pas... )
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Et bien au risque de perturber vos sages précautions j'en trouve des points de ressemblance
Sur le grand format, les traits sont certes moins affinés, mais je ne peux m'empêcher d'y retrouver un peu du visage, légèrement empâté par l'adolescence, du buste de Lemoyne envoyé à Vienne.
Sur le grand format, les traits sont certes moins affinés, mais je ne peux m'empêcher d'y retrouver un peu du visage, légèrement empâté par l'adolescence, du buste de Lemoyne envoyé à Vienne.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
La nuit, la neige a écrit:
Aussi parlons-nous du même artiste, et / ou comment s'appelle-t-il à la fin ?? Pencini ? Bencini ?
C'est au choix, à ta guise ( je penche pour Pencini personnellement ).
Anne-Sophie Banakas, dans Les portraits de Marie-Thérèse : échange et pouvoir entre la souveraine et les élites politiques de la Monarchie écrit :
Antonio Pencini (Bencini) est un autre artiste très souvent mentionné dans les registres de comptes durant la dernière décennie du règne. " Hof und Kammermaler ", peintre de chambre et de cour, actif à Vienne depuis 1753, il est recensé dès 1741 comme élève de l’Académie de Vienne. Il peint un certain nombre de portraits en miniature de Marie-Thérèse veuve, du prince Charles Alexandre de Lorraine, des archiducs Joseph, Léopold, Maximilien, Ferdinand, des archiduchesses Marie-Caroline, Marie-Antoinette, Marie-Amélie, Marie-Elisabeth, Marie-Christine et Marianne.
Chaque trimestre entre 1770 et 1773, il est censé réaliser des portraits de l’impératrice et de l’empereur (Marie-Thérèse et son fils Joseph II). Ce peintre a donc un contrat régulier avec la cour comme le peintre Philippe Ferdinand von Hamilton. Il exécute également au début des années 1760 deux portraits de la souveraine et deux portraits du grand duc de Toscane, autrement dit de François Etienne de Lorraine, puis il livre en 1770 deux portraits de Marie-Thérèse, tout comme en 1771 et 1772.
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02173719/document
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Mais c’est épatant, ce vrai cadeau, « mine de rien », chère madame de Sabran ! Je vais mettre de côté ce gros texte d'Anne-Sophie Banakas pour le lire d’ici quelque temps et je vais très certainement en éplucher attentivement la bibliographie.Mme de Sabran a écrit:Anne-Sophie Banakas, dans Les portraits de Marie-Thérèse : échange et pouvoir entre la souveraine et les élites politiques de la Monarchie écrit :
Merci vraiment !
Pour l’instant je prépare une note de lecture sur le livre de Catriona Seth car son édition de la correspondance entre Marie-Antoinette et Mercy mérite qu’on s’y arrête dans le détail, d’autant plus qu’il a une très belle couverture, très judicieusement choisie...
Tant de livres sont sortis sur Marie-Antoinette ces derniers mois (cela vaut aussi pour le Royaume-Uni et les Etats-Unis) qu’il est excusable d’avoir pris un peu de retard, ce qui est mon cas.
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Je suis toujours très attentif à vos remarques, Marie-Jeanne, et il ne me déplait aucunement que vous ne rejetiez pas le portrait du Mobilier national à Vienne.Marie-Jeanne a écrit:Et bien au risque de perturber vos sages précautions j'en trouve des points de ressemblance
En 2017, je m’étais risqué à faire des photos à l’occasion de l’exposition consacrée à Marie-Thérèse, ce que les autorités locales n’apprécient pas du tout. Voici donc ma photo, presque dans l’axe du tableau (il y avait des reflets), elle donne je crois une meilleure image que les précédentes. Et oui, cette coiffure est bigrement élevée pour un tableau présenté comme étant de 1765 !
Impossible hélas d’obtenir des autorités compétentes viennoises un bon fichier HD pour juger au plus près, ils n’acceptent pas d’en fournir ou même d’en vendre aux chercheurs…
En quinze ans de recherches assidues un peu partout, c’était la troisième fois que je faisais face à une conception aussi confiscatoire.
Passons…
photo personnelle
photo personnelle et source internet KHM
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Bonnefoy du Plan a écrit:
Mais c’est épatant, ce vrai cadeau, « mine de rien », chère madame de Sabran ! Je vais mettre de côté ce gros texte d'Anne-Sophie Banakas pour le lire d’ici quelque temps et je vais très certainement en éplucher attentivement la bibliographie.
Merci vraiment !
Se peut-il ? Se peut-il ?!!
Cher Bonnefoy, me voici sur un petit nuage de félicité !
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
J'ai téléchargé et parcouru rapidement cette thèse qui m'a semblé exceptionnellement pointue et documentée.
à Éléonore pour l'avoir dénichée.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
J ai copié, vilain garçon que je suis, cette thèse qui a l air bien interessante.
Merci Eléonore et Marie-Jeanne
Merci Eléonore et Marie-Jeanne
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Mr de Talaru- Messages : 3186
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Comme ils font écho aux corsets de la dauphine, ces portraits présumés de Pencini m'intriguent particulièrement.
Ne pensez-vous pas qu'il pourrait plutôt s'agir de Liotard ? Car voici ce que je lis dans la correspondance de Marie-Thérèse avec sa fille, et avec Mercy, entre décembre 1770 et juillet 1771.
2 décembre 1770, Marie-Thérèse à Marie-Antoinette : « J'attends le tableau de Liotard avec empressement, mais dans votre parure, point de négligé, ni dans l'habillement d'homme, vous aimant à voir dans la place qui vous convient.»
17 Décembre 1770, Mercy à Marie-Thérèse : « Liotard travaille au portrait de l'archiduchesse et je compte que votre majesté le recevra dans le courant de janvier prochain.»
Suivent plusieurs lettres dans lesquelles Marie-Thérèse s'impatiente tandis que Mercy se plaint de la lenteur du peintre. Le 16 avril 1771, il annonce enfin que le portrait est sur le point de partir.
Le 7 mai suivant, l'impératrice se dit ravie des expéditions de Mercy, mais « du portrait moins, se tient-elle toujours aussi droite, est-elle coiffée ainsi ? J'attends le grand portrait de Liotard avec impatience »
Le 6 juin suivant, elle écrit à Mercy : « J'attends toujours avec impatience le portrait de ma fille, supposant qu'il réussira mieux que celui en petit ; comme il a valu cependant 1800 livres de France à Liotard, je trouve qu'il est toujours le même »
J'en déduis que Liotard a peint deux portraits, un petit d'abord qui n'a pas satisfait l'impératrice, puis un grand sans doute retravaillé.
Il semble que ce soit une pratique courante, puisque l'impératrice dans sa lettre du 7 mai, tout en s'impatientant du grand portrait de Liotard, rappelle à Mercy le projet de portrait en habit de cheval : « Si vous pouvez m'envoyer en attendant son habillement à cheval, chapeau sur la tête, en petit, si cela se peut, même si la ressemblance n'y est pas.»
Je ne suis donc pas loin de penser que les deux portraits représentent Marie-Antoinette par Liotard en 1770/71. Qu'en dites-vous ?
Ne pensez-vous pas qu'il pourrait plutôt s'agir de Liotard ? Car voici ce que je lis dans la correspondance de Marie-Thérèse avec sa fille, et avec Mercy, entre décembre 1770 et juillet 1771.
2 décembre 1770, Marie-Thérèse à Marie-Antoinette : « J'attends le tableau de Liotard avec empressement, mais dans votre parure, point de négligé, ni dans l'habillement d'homme, vous aimant à voir dans la place qui vous convient.»
17 Décembre 1770, Mercy à Marie-Thérèse : « Liotard travaille au portrait de l'archiduchesse et je compte que votre majesté le recevra dans le courant de janvier prochain.»
Suivent plusieurs lettres dans lesquelles Marie-Thérèse s'impatiente tandis que Mercy se plaint de la lenteur du peintre. Le 16 avril 1771, il annonce enfin que le portrait est sur le point de partir.
Le 7 mai suivant, l'impératrice se dit ravie des expéditions de Mercy, mais « du portrait moins, se tient-elle toujours aussi droite, est-elle coiffée ainsi ? J'attends le grand portrait de Liotard avec impatience »
Le 6 juin suivant, elle écrit à Mercy : « J'attends toujours avec impatience le portrait de ma fille, supposant qu'il réussira mieux que celui en petit ; comme il a valu cependant 1800 livres de France à Liotard, je trouve qu'il est toujours le même »
J'en déduis que Liotard a peint deux portraits, un petit d'abord qui n'a pas satisfait l'impératrice, puis un grand sans doute retravaillé.
Il semble que ce soit une pratique courante, puisque l'impératrice dans sa lettre du 7 mai, tout en s'impatientant du grand portrait de Liotard, rappelle à Mercy le projet de portrait en habit de cheval : « Si vous pouvez m'envoyer en attendant son habillement à cheval, chapeau sur la tête, en petit, si cela se peut, même si la ressemblance n'y est pas.»
Je ne suis donc pas loin de penser que les deux portraits représentent Marie-Antoinette par Liotard en 1770/71. Qu'en dites-vous ?
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Le troisième séjour de Liotard à Paris, à partir de novembre (ou décembre) 1770 et jusqu’en juillet 1771, fut entrepris à la demande de Marie-Thérèse pour peindre la dauphine. L’impératrice faisait ainsi appel à un peintre parmi ses préférés, qui a laissé de nombreux pastels et dessins de la famille impériale à diverses époques. Les huiles sur toile sont rares, elles existent cependant dans son œuvre, même s’il faut constater qu’elles sont rarissimes au tournant des années 1770… Que Liotard soit venu à Paris peindre deux fois la dauphine à l’huile serait une véritable anomalie dans sa production de l’époque. Si la commande de l’impératrice lui rapporte le bon prix de 1 800 livres, Liotard semble surtout employer son énergie à l’organisation d’une exposition de 126 de ses œuvres à son domicile parisien de la rue Montmartre. Il rédige d’ailleurs lui-même le catalogue de cette première exposition particulière de ses propres œuvres, qui se tiendra en avril 1771. La date de son départ de Paris n’est pas connue, mais on le retrouve en Hollande dès le 31 juillet.Marie-Jeanne a écrit:Comme ils font écho aux corsets de la dauphine, ces portraits présumés de Pencini m'intriguent particulièrement.
Ne pensez-vous pas qu'il pourrait plutôt s'agir de Liotard ?
Je comprends votre curiosité par rapport à la question des corsets. Il est vrai que dans sa lettre du 17 décembre 1770 à l’impératrice, Mercy y fait allusion, un peu avant la phrase que vous citez : « La santé de Mme la dauphine se fortifie visiblement, sa figure s’embellit toujours. L’usage du corps de baleine, qui n’a plus été abandonné, a produit tout le bien désirable sur sa taille ».
La correspondance entre Marie-Thérèse et son ambassadeur montre que Liotard trainasse… Si l’impératrice apprécie son œuvre, elle le considère aussi comme un artiste cher, lent et peu fiable et c’est probablement ce qu’elle veut dire quand, résignée, elle écrit à Mercy le 6 juin 1771 : « je trouve qu’il est toujours le même ».
Si l’on essaye de résumer :
- un premier portrait est commencé en décembre (aucune précision de support ou de format), il ne semble avoir été terminé pour être envoyé qu’en avril. L’impératrice le trouve peu à son goût, l’image de sa fille lui déplaît. Mercy répond le 22 mai 1771 que « Le portrait de Mme l’archiduchesse que V.M. a reçu est si mauvais en tout point que j’ai hésité à l’envoyer. S.A.R. ne se tient pas aussi droite, elle n’est pas coiffée ainsi, il n’y a enfin aucune ressemblance ». Nous connaissons Mercy, il aurait écrit exactement le contraire si l’impératrice avait aimé le tableau… Comme à son habitude, il pérore en assurant l’impératrice que « Mme la dauphine est tellement grandie et embellie que V.M. en serait surprise ».
- la correspondance ne dit pas grand-chose ensuite du deuxième portrait « en grand » commandé à Liotard et qui justifiait le prix de 1 800 livres payé par l’impératrice. Marie-Thérèse le réclame dans ses lettres des 7 mai et du 6 juin. Mercy semble botter en touche quand il promet un pastel en habit d’écuyère dans sa dépêche du 22 juin. Nous savons que ce tableau – si réussi ! – est commandé à Krantzinger.
- Qu’est-il donc arrivé à ce « grand portrait » de Marie-Antoinette ? Olivier Blanc y voit le tableau de Sväty Anton que je vous présenterai le 16 mai. Cela ne repose malheureusement sur aucune archive et les spécialistes de Liotard ne retiennent pas ce portrait tant pour des raisons stylistiques que de support.
Liotard est un de mes peintres préférés, j’ai donc reparcouru avec plaisir le Catalogue complet de ses pastels et peintures avant de répondre. Si les deux tableaux de ce fil devaient être de sa main, alors ils feraient véritablement figure d’exception dans sa production. Aussi, je n’y crois guère et, même si l’hypothèse Pencini reste fragile, elle me semble plus plausible sur la base des autres informations dont nous disposons.
Pour terminer, je cite ce paragraphe de Marcel Roethlisberger dans la somme publiée en 2008 avec Renée Loche chez Davaco Publishers aux Pays-Bas (Liotard, Catalogue, Sources et Correspondance) :
« Liotard pourrait avoir exécuté deux portraits, à savoir une miniature et un pastel, dont aucun n’est connu. Le mécontentement au vu du portrait « en petit » s’explique peut-être, mettant hors de cause la maîtrise de la ressemblance de Liotard : dans les douze mois entre le départ de Vienne et le portrait peint à la cour de Versailles, la dauphine, encore adolescente, peut avoir fortement changé d’aspect, au point où la mère ne reconnut plus celle dont elle continua par lettre à diriger le comportement. Le peintre ne conserva pas de copie ou de dessin de ce portrait, et il n’en est jamais question dans ses lettres ou le Traité, ce qui surprend au vu d’une commission si prestigieuse. Doit-on soupçonner quelque expérience malheureuse ? » (Page 607, Tome I)
Note : Marcel Roethlisberger vient de mourir en mars dernier, à l’âge de 91 ans. Il y a 18 mois, il participait encore à la préparation de l’exposition Liotard au Musée de Dresde. J’apprends cette nouvelle sur le blog de Neil Jeffares, que je vous recommande vivement si vous ne le connaissez pas :
Blog de Neil Jeffares
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
En fait j’en suis arrivée à l’hypothèse d’un Liotard à l’huile parce qu’en juillet 1771, lorsque Mercy est sur le point d’expédier le Kranzinger, il s’inquiète en écrivant à Marie-Thérèse « il est peint au pastel, et me fait craindre qu’il ne soutiendra pas le transport. On me dit qu’il y a un artiste à Paris qui possède l’art de fixer le pastel ; je vais consulter les gens de métiers ». Ce dont il n’est pas question à propos des Liotard.
J’ai sans doute été trop rapide dans mes réflexions car les précautions autour du Kranzinger peuvent aussi s’expliquer par la « ressemblance frappante » à protéger à tout prix, pour ne pas gâcher le plaisir de la Sacré Majesté.
Il est vrai que le portrait de X ne dégage pas l’impression si indéfinissable des toiles de Liotard. De mon point de vue, il ne dégage d'ailleurs pas grand chose et d’évidence, pas du tout l’image rayonnante tant attendue par l’impératrice.
Je me demande même si Marie-Antoinette a posé en personne pour ce mystérieux artiste. En conséquence, je vais le laisser de côté dans mes tablettes, concernant le corset et son incontournable mantille. Dommage...
N’étant pas spécialiste en peinture, quelque chose d’autre m’intrigue encore à propos de ces toiles.
En avril, alors qu’il prépare l’envoie du portrait de Liotard, Mercy écrit à M.T : « la masse qui contiendra le portrait de Madame la Dauphine »
L’ayant reçu, l’impératrice écrit en mai à sa fille : « j’écris actuellement devant la masse, celle qui me représente ma chère fille ; mais je ne lui trouve pas cet air de jeunesse qu’elle avait il y a onze mois. »
En aout, il est à nouveau question de masse cette fois à propos du portrait de Kranzinger placé dans son cabinet « et la masse dans ma chambre à coucher, aussi je vous ai toujours avec moi. »
Qu’est-ce donc qu’une masse ? Un petit format, une esquisse ?
J’ai sans doute été trop rapide dans mes réflexions car les précautions autour du Kranzinger peuvent aussi s’expliquer par la « ressemblance frappante » à protéger à tout prix, pour ne pas gâcher le plaisir de la Sacré Majesté.
Il est vrai que le portrait de X ne dégage pas l’impression si indéfinissable des toiles de Liotard. De mon point de vue, il ne dégage d'ailleurs pas grand chose et d’évidence, pas du tout l’image rayonnante tant attendue par l’impératrice.
Je me demande même si Marie-Antoinette a posé en personne pour ce mystérieux artiste. En conséquence, je vais le laisser de côté dans mes tablettes, concernant le corset et son incontournable mantille. Dommage...
N’étant pas spécialiste en peinture, quelque chose d’autre m’intrigue encore à propos de ces toiles.
En avril, alors qu’il prépare l’envoie du portrait de Liotard, Mercy écrit à M.T : « la masse qui contiendra le portrait de Madame la Dauphine »
L’ayant reçu, l’impératrice écrit en mai à sa fille : « j’écris actuellement devant la masse, celle qui me représente ma chère fille ; mais je ne lui trouve pas cet air de jeunesse qu’elle avait il y a onze mois. »
En aout, il est à nouveau question de masse cette fois à propos du portrait de Kranzinger placé dans son cabinet « et la masse dans ma chambre à coucher, aussi je vous ai toujours avec moi. »
Qu’est-ce donc qu’une masse ? Un petit format, une esquisse ?
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Marie-Jeanne a écrit:
Qu’est-ce donc qu’une masse ? Un petit format, une esquisse ?
J'ai beau chercher frénétiquement, je fais chou blanc ...
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Moi aussi. J'attends nos spécialistes.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
La masse m'est inconnue. Mais cependant on peut parler de tableau même s'il s'agit d'un dessin ou d'un pastel. En tous cas on disait cela quand je prenais des cours de dessin dans un atelier.
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Mr de Talaru- Messages : 3186
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Voici ce que j’ai trouvé sur la « masse » en dessin... Je ne sais pas si cela a un rapport...
En fait, si j’ai bien compris, on apprend, dans le dessin, à dessiner en « trois dimensions », même s’il s’agit de reproduire les traits en deux dimensions, c à dire sur une surface qui est un plan...
Ceci est essentiel par exemple pour le portrait, où il s’agit de suggérer la profondeur, les arrondis et les lignes de fuite... Mais aussi pour la nature morte, où il s’agit aussi de reproduire des volumes.
Mais Mercy et l’Impératrice seraient-ils rentrés dans de telles considérations ?
En fait, si j’ai bien compris, on apprend, dans le dessin, à dessiner en « trois dimensions », même s’il s’agit de reproduire les traits en deux dimensions, c à dire sur une surface qui est un plan...
Ceci est essentiel par exemple pour le portrait, où il s’agit de suggérer la profondeur, les arrondis et les lignes de fuite... Mais aussi pour la nature morte, où il s’agit aussi de reproduire des volumes.
Mais Mercy et l’Impératrice seraient-ils rentrés dans de telles considérations ?
Dernière édition par Vicq d Azir le Mer 13 Mai 2020, 13:59, édité 1 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Merci Vicq. Ce serait donc une sorte d'esquisse préfigurant le futur tableau. C'est logique, et expliquerait que Marie-Thérèse en disposait dans ses intérieurs particuliers.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Mais ou sont donc passées ces précieuses masses depuis ? Encore une énigme !
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Qui les amasse, et où ?!!
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Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Marie-Jeanne a écrit:Qu’est-ce donc qu’une masse ? Un petit format, une esquisse ?
Il n’y a pas de véritable mystère autour de la masse en question, juste une interrogation sur l’utilisation par l’impératrice et Mercy de ce mot inattendu pour désigner ce qui est en fait un cadre ouvragé ou bien un motif ornemental, destiné à être intégré à une pièce de mobilier, dans le but d’y exposer par exemple un portrait, comme c’est ici le cas.
A défaut de pouvoir visualiser la masse envoyée à Vienne, les dépêches de Mercy à l’impératrice permettent de comprendre ce dont il retourne. Elles apportent aussi des informations complémentaires sur le déroulement du séjour de Liotard à Paris en 1770-1771 et sur sa production mal connue de portraits de la dauphine. Accessoirement, elles écartent définitivement – à mon avis – l’idée de Liotard comme peintre des deux portraits dont nous discutons ici autour du sieur Pencini. Il serait d’ailleurs peut-être judicieux de déplacer ce message ou de le retrouver également dans le fil Liotard. A nos chers administrateurs de décider !
Je n’avais pas relu toutes mes notes au moment d’envoyer le précédent message. L’interrogation autour de la masse a donc été très utile en rendant nécessaires la consultation de l’ensemble des sources. Il semble d'ailleurs que le grand historien d’art Marcel Roethlisberger, spécialiste de Liotard, n’ait pas considéré toutes l’ensemble des dépêches diplomatiques de la période avant d’aboutir aux conclusions que j’ai rappelées.
Reprenons donc le fil des dépêches. En décembre 1770, Mercy s’avance en faisant espérer à Marie-Thérèse un premier portrait de Liotard pour le mois suivant. Ce n’est qu’avec le courrier d’avril 1771 que le portrait sera en fait expédié, avec une masse, pour être intégré à un bureau que la dauphine offre à l’impératrice. Ce cadeau était un projet sur lequel Marie-Antoinette avait demandé le secret à Mercy, ce qui s’est inévitablement traduit par une annonce à la Sacrée Majesté dès le 19 septembre 1770 : « Son Altesse Royale se propose de faire faire un bureau qu’elle destine à Votre Majesté, mais elle m’a ordonné le secret sur cet article. »
Le bureau est expédié par le courrier de mars 1771, donc avant la masse et son portrait. Ceci permet de penser que la masse pouvait simplement être posée sur le meuble et non pas intégrée à sa structure. Marie-Thérèse est satisfaite du cadeau de sa fille, elle l’écrit à Mercy le 1er avril, précisant que le bureau « sera placé à Schönbrunn dans mon cabinet, près du Jardin. » Elle ajoute cette remarque : « je suis curieuse ce qu’il coûte. » Le diligent comte Mercy répond dans la dépêche suivante, avec une information qui nous donne la clé de l’énigme au sujet de la masse : « Le bureau de Votre Majesté a coûté 1776 livres de France, et la masse qui contiendra le portrait de Madame la Dauphine, que j’attends à tout moment et que j’espère de pouvoir remettre au courrier, coûtera 228 livres. »
C’est Marie-Antoinette qui paye le tout sur ses propres fonds, comme l’apprend une lettre de Vermond citée par Flammermont dans le deuxième article des Portraits de Marie-Antoinette (à la page 286). La même lettre semble donner l’explication du retard de Liotard, qui n’acceptait de livrer son travail que contre argent comptant ! Vuaflart et Bourin déduisent du courrier de Vermond que le portrait a donc été « payé des deniers de Marie-Antoinette ». Il se distinguait du grand portrait au pastel qui faisait l’objet de la mission de Liotard à Versailles et pour lequel le peintre devait recevoir la somme de 1800 livres.
Il est donc permis d’avancer que le premier portrait de Marie-Antoinette par Liotard en 1770-1771 n’était pas une miniature, comme le suggère Marcel Roethlisberger, ou qu’alors c’était une miniature de grand format, proche d’un tableau à l’huile de petites dimensions, susceptible d’être remarqué sur un bureau et d’en faire le principal ornement.
Vuaflart et Bourin avancent, pages 63-64 du tome II des portraits de Marie-Antoinette (la dauphine, 1910, page 64), que le bureau signé Poirier était un ouvrage d’ébénisterie, « à coup sûr agrémenté de bronzes ciselés ; à l’égard de la masse, nous en sommes réduits aux conjectures. C’était peut-être un groupe allégorique en biscuit, un ornement de bois sculpté, ou bien encore un motif en pierre dure, mais il est certain que son emplacement était prévu pour former un ensemble décoratif. Quant au portrait, nous avons des raisons de penser que Liotard le peignit sur porcelaine. » Les auteurs appuient cette hypothèse en raison du fait que Liotard était en lien avec la Manufacture de Sèvres pour débattre des procédés de peinture en usage à la Manufacture de Vienne. Et ils concluent : « Pour donner un échantillon de ses talents et affirmer ses dires, sans doute proposa-t-il d’exposer au feu un portrait sur porcelaine ? ». Hypothèse séduisante, on ne demande plus qu'à voir...
Vuaflart et Bourin s’étaient employés en vain à retrouver le bureau et la masse dans l'une ou l'autre des résidences impériales au début du XXème siècle. Il ne semble pas que ce meuble ait été identifié depuis. La liste s'allonge...
J’aimerais tellement qu’un de nos spécialistes puisse me contredire…
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portraits de Marie-Antoinette ou de sa soeur, Marie-Josèphe, par Antonio Pencini ou Bencini ?
Merci, cher Bonnefoy !
J'ai également trouvé, mine de rien ( ) , l'article suivant, que je soumets à vos lumières.
Le dessin de masse est une méthode développée au XIXème siècle qui est essentielle pour travailler avec de la peinture à l'huile directement sur votre toile en utilisant la technique «humide sur humide» ou «Alla Prima». Il s'agit de simplifier un sujet en grandes formes abstraites, qui peuvent être dessinées plus facilement avec un médium fluide tel que la peinture, avant de dessiner des contours et des détails comme on le ferait avec un crayon.
Cette méthodologie permet de :
- Mettre en place un système simple de mesure comparative pour dessiner avec une proportion précise.
- Voir comment se comporte la peinture à l'huile et comment l'utiliser correctement.
- Simplifier les apparences compliquées en mettant en place de grandes formes faciles à gérer.
- Voir comment les "valeurs" tonales claires et sombres sont utilisées pour créer des formes 3D, pour mettre en place les contours et pour juger de leur importance dans la création d'images réalistes.
Séparateur
Application du dessin de masse à la réalisation d'un portrait
- Pour dessiner la tête à l'aide de marqueurs anatomiques clés.
- Pour reconnaître les divers plans de la tête et les utiliser pour construire la forme.
- Pour mettre en place les «valeurs» tonales claires et sombres utilisées pour sculpter ou «modeler» la tête avec de la peinture
- Pour appliquer les bases de la théorie des couleurs.
- Pour créer des images réalistes en positionnant avec précision les caractéristiques et obtenir une ressemblance avec le modèle.
- Pour simplifier les fonctionnalités complexes et se concentrer sur les détails essentiels.
http://lapalettedecouleurs.over-blog.com/2018/06/dessin-et-peinture-video-2497-application-de-la-methode-du-dessin-de-masse-a-la-realisation-d-un-portrait-peinture-alla-prima.html
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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