Chaises à porteurs, muletières et palanquins du XVIIIe siècle

Un récent article du journal le Courrier Picard présentait, je cite :

La chapelle funéraire de la famille de caulaincourt abrite une chaise à porteur.
Elle fut le moyen de transport de la marquise de Tourzel.



Historien émérite et spécialiste de la famille de Caulaincourt devant l’éternel, Henri-Xavier Delattre s’est fait un plaisir de nous conter la petite histoire de la chaise à porteurs, maillon de la grande histoire de France. « La chaise à porteurs a été achetée par le comte Louis-Amédée de Moustier lors d’une vente à Drouot, pour faire plaisir à l’un de ses gendres.Pour l’instant, elle est entreposée au Dôme faute d’autre endroit où lui trouver une place.

La marquise de Tourzel utilisait sa chaise à porteurs pour se déplacer dans le vaste domaine de son mari, Louis-François Bouchet de Souches, marquis de Tourzel. »

Le fils aîné de La marquise de Tourzel, Charles-Louis-Yves du Bouchet de Sourches, marquis de Tourzel, épousa Augustine-Éléonore de Pons. De cette union sont nés plusieurs enfants dont Augustine-Frédérique qui épousa Amédée de Pérusse, futur duc des Cars et père de Marie-Joséphine-Charlotte de Pérusse des Cars, la 3ème duchesse de Vicence, soit la grand-mère de l’actuel maire de Caulaincourt, Louis-Amédée de Moustier.

Toujours dans un très bel état, avec son confortable intérieur paré d’un tissu matelassé jaune, la chaise à porteur a toute sa place dans le Dôme, là où sont inhumées dans la crypte de célèbres sépultures comme celles de l’épouse et des descendants du Grand Écuyer de l’empereur Napoléon 1er.

Source et article complet ici : http://www.courrier-picard.fr/region/caulaincourt-la-chaise-a-porteurs-de-la-marquise-livre-ses-ia195b0n655022


Je me suis tout d'abord demandé pourquoi "marquise" et pas "duchesse" (même si nous savons que c'est Louis XVIII qui lui octroie ce titre en 1816), mais surtout je me disais que cette chose devait être vraiment lourde à trimbaler.
Pauvres porteurs !! àè-è\':




Du coup, je suis parti dans un délire "Google" et chaises à porteurs !

A mon avis, ce ne serait pas une chaise à "porteurs" (humains), mais, au regard de ses dimensions :  une chaise muletière, ou litière à mules.
C'est à dire que l'on attelait une mule à l'avant et une autre à l'arrière, comme sur ce modèle-ci, exposé au château de Vaux-Le-Vicomte :




Nos amis du forum La Folie dix-huitième ont fait un reportage intéressant sur les voitures du Musée de Compiègne.
Ici : http://www.lafoliedix-huitieme.eu/les-ecuries/voitures-musee-compiegne-t583.html

Et présentent notamment ces litières à mules, dont cette autre :


Ou encore celles-ci :






A suivre : Reportage illustré chaises à porteurs et palanquins !

La nuit, la neige a écrit:Un récent article du journal le Courrier Picard présentait, je cite :

La chapelle funéraire de la famille de caulaincourt abrite une chaise à porteur.
Elle fut le moyen de transport de la marquise de Tourzel.


Du coup, je suis parti dans un délire "Google" et chaises à porteurs !  

Pour notre plus grand plaisir !!!  :n,,;::::!!!:

Que c'est stylé, élégant !  ...   pour le confort, hum ...  sais pas trop .   J'adorerais me trimballer dans un petit bijou comme celui de Mme de Tourzel ou bien ce dernier-là que tu nous présentes .  C'est autre chose que des bottes en caoutchouc .  :

La nuit, la neige a écrit:

A suivre : Reportage illustré chaises à porteurs et palanquins !

Oh que oui !  
A suivre, à pied, à cheval, en voiture ? eh non !  ...   chaises à porteurs, sinon rien .  

Merci pour cet intéressant sujet !!!

Merci Wiki (extraits) et Google pour les images... boudoi32

Toutes les images illustrent des modèles réalisés au XVIIIè siècle.  


Une chaise à porteurs était une cabine munie de brancards et portée à bras d'hommes, utilisée pour se déplacer individuellement. À la différence des litières des Romains ou des hommes du Moyen Âge où le passager était couché, elle offre un siège qui permet de voyager en position assise et limite le nombre de porteurs.

Moyen de transport urbain maniable et peu encombrant, la chaise à porteurs fut très utilisée par les « personnes de qualité » dans l'Europe du XVIe au XVIIIe siècle.


Histoire et origine
La chaise à porteurs commune dans l'Europe des XVIIIe et XVIIIe siècles a, semble-t-il, une autre origine.
Les navigateurs et les conquistadors portugais et espagnols découvrirent des litières de différents types, non seulement en Inde, mais aussi au Mexique et au Pérou (où la roue n'existait pas).



Ce type de véhicule fut alors importé en Espagne, et se répandit bientôt en France et en Angleterre.


En Grande-Bretagne

Aux xviie et xviiie siècles, les chaises à porteurs se trouvaient dans le hall d'entrée des belles demeures urbaines, de sorte qu'une dame de qualité pouvait y entrer et atteindre sa destination sans avoir à jamais poser son pied délicatement chaussé dans la boue de la rue. Un bel exemple classique de ce genre de chaise sont la chaise à porteurs conçue pour la reine Charlotte, conservée à Buckingham Palace et celle de la duchesse de Lorraine Élisabeth-Charlotte conservée au Petit Palais à Paris.








Dès le milieu du XVIIIe siècle, les chaises à porteurs de location étaient devenues un moyen de transport commun.



À Londres, les « chaises » purent se louer dès 1634 ; chacune se voyait attribuer un numéro, et les porteurs devaient obtenir une licence, car l'exploitation des chaises de Londres était le monopole d'un courtisan de Charles Ier.





Les chaises à porteurs pouvaient passer par des rues trop étroites pour un carrosse, et visaient à alléger la densité de la circulation dans les rues de la ville, ce qui est un bel exemple précoce des problèmes d'encombrement de la circulation.



Un système analogue fut plus tard mis en place en Écosse. En 1738, un système de tarification fut instauré pour les chaises à porteurs écossaises, et la réglementation qui s'appliquait aux chaises à porteurs de Bath n'est pas sans rappeler celle qui régit aujourd'hui les taxis anglais.



Un trajet à l'intérieur de la ville coûtait alors six pence, et la location pour la journée revenait à quatre shillings.


.... :

Les porteurs se déplaçaient à bonne allure. À Bath, ils avaient la priorité, et les piétons qui entendaient derrière eux leur cri de « By your leave » (« Avec votre permission ! ») savaient qu'ils devaient s'aplatir contre les murs ou les grilles pour faire place aux porteurs d'une chaise.


Ceux-ci étaient d'ailleurs souvent la cause de désastreux accidents, de « chaises versées », ou de vitrines brisées.

En France

Le Moyen Âge voit apparaitre les premiers textes de loi relatifs à la voirie.
Mais, jusqu'au XIIIe siècle, les ruelles des villes ne comptent guère que des piétons ou des cavaliers, en accord avec leur étroitesse. En revanche, au XIIIe siècle, les nobles commencent à utiliser des chars, conduisant Philippe-le-Bel (1285-1314) à en limiter l'usage.

Probablement importée d'Angleterre aux alentours de 1640, la chaise à porteurs apparaît tout d'abord en tant que service public, comme étant le véhicule le plus adapté pour les courts trajets en ville.
C'est un siège fermé et couvert porté par deux hommes, permettant ainsi de protéger le passager ou la passagère, non seulement des intempéries, mais également des déchets qui jonchent les rues ainsi que de la boue.



Elle se compose d'une caisse en bois et de deux bras (appelés bâtons de chaise d'où l'expression « mener une vie de bâton de chaise » permettant son transport.


On entrait dans les maisons avec ces chaises dont on retirait les bâtons de chaise pour ne pas encombrer l'espace, la caisse étant placée dans les grandes antichambres.

Les portes de la chaise à porteurs pouvaient, comme les carrosses, être ornées des armoiries du propriétaire (doubles armoiries lorsqu'elles étaient possédées par la dame), faisant ainsi de la chaise un symbole de rang social.

La nuit, la neige a écrit:

À Londres, les « chaises » purent se louer dès 1634 ; chacune se voyait attribuer un numéro, et les porteurs devaient obtenir une licence, car l'exploitation des chaises de Londres était le monopole d'un courtisan de Charles Ier.

J'ai vu une chaise très analogue à celle-ci au château de Saint-Germain de Livet :



Le guide nous a dit " Remarquons une chaise à porteurs tout début XVIIIème, de particulièrement belle facture mais que n'orne aucun blason . Cela induit à penser que nous avons sous les yeux l'ancêtre du taxi, puisque sous Louis XIV se met en place un service public de chaises à porteurs . "

La nuit, la neige a écrit:

...   toit ouvrant très " sport " pour élégante à pouf et plumes !!!  
J'adore !!!

J'ai toujours été étonné que la chaise à porteur fut tant utilisée car mon impression est qu'elle devait secouer énormément et surtout que c'était un moyen de transport plus lent que la marche à pied ! Si le seul avantage était de ne pas se salir, il valait mieux poser des planches comme à Venise.

Les exemples que vous montrez sont si jolis qu'on dirait des petits ascenseurs.

Olivier, rien ne sert de courir

Quelques petites choses "italiennes", tout est dans la discrétion et la simplicité... boudoi32

Ayant appartenu à la famille de Savoie :






Chaise à porteurs de Marie Caroline et Ferdinand :



Ou encore ces pièces montées... :









Et d'autres merveilles...











La petite chinoiserie, en panneau de laque, obligatoire...




Côté espagnol, la chaise à porteurs de Barbara de Bragance




Et plus tard dans le siècle, celle de Marie-Louise de Bourbon-Parme

.
Ce n'est pas possible : tu as trouvé un filon !!! :n,,;::::!!!:
Je manque de mots pour m'ébaubir ... Toutes ces chaises à porteurs sont plus élégantes, baroques et raffinées les unes que les autres .
Je suis en pâmoison !

Toutefois j'ai une question pratique ( voire triviale ) : nous avons vu le toit ouvrant pour pouf psychédélique, mais ... les paniers ?
Où se logent les paniers parfois gigantesques de ces dames, le sais-tu ?

Aucune idée.
Clio doit le savoir...forcément ! boudoi32

Oui, c'est elle qui nous dira cela !

Mme de Sabran a écrit:.
Où se logent les paniers parfois gigantesques de ces dames, le sais-tu ?  

Certains paniers se replient comme des éventails...en sortant il suffit de les laisser retomber pour que la robe s'épanouisse autour de la Dame il se doit !


Bien à vous.

Majesté a écrit:
Certains paniers se replient comme des éventails...

Ah, voilà !
...   indispensable pour passer les portes étroites aussi, à moins que de profil à l'égyptienne  :

Revoir LOUIS DE FUNES dans La Folie des grandeurs !!!!!!
Il ne faut oublier qu'avec le panier, les dames portaient une grande queue qui était fixée par des lanières ou un genre de bouton, ancêtre du bouton pression  !!!!!! on pouvait la déposer et la mettre dans un grand sac en tissu, genre sac à couture.
Si j'avais vécu en ce temps, je n'aurais jamais osé prendre une chaise à porteurs avec mon petit poids !!!!! d'accord pour les deux mules, mais point les mules humaines !!!!!
MARIE ANTOINETTE àè-è\':

MARIE ANTOINETTE a écrit:revoir LOUIS DE FUNES dans la folie des grandeurs !!!!!!

J'y ai tout de suite pensé, mais Google-images sèche là-dessus !  ...  

:

Il y a tout de même cette photo :



Bien à vous :

Bon allez...pour vous faire plaisir !

Vous êtes bien, puisqu'on vous le dit !!!

Majesté a écrit:

Mme de Sabran a écrit:.
Où se logent les paniers parfois gigantesques de ces dames, le sais-tu ?  

Certains paniers se replient comme des éventails...en sortant il suffit de les laisser retomber pour que la robe s'épanouisse autour de la Dame il se doit !

Et voila ! Mais certains grands paniers ne pourraient pas y tenir, même relevés car l'habitacle est tout de même réduit .
Pour un tournage, nous devions nous servir d'une chaise XVIII; nous avions choisi une dame mince et deux copains costauds, épuisés très rapidement et sur un petit parcours . Nos ancêtres avaient d'autres muscles !

Une question : pourquoi les anglais disent-ils " sedan chair "? Contacté une dame du service culturel de la ville de Sedan qui ne comprend pas non plus .

The name ‘sedan’ chair came from town of Sedan in France where they were first used. They consisted of a cabin containing a seat mounted on horizontal poles and carried by two burly men, one at the front, the other at the rear. It was an open secret that chairmen preferred female passengers as they were generally lighter to carry. Indeed the use of sedan chairs in the early 1600's by the Duke of Buckingham lead to public disapproval, and he was villified for using people to do the work of animals.

Sedan chairs were re-introduced to England in 1634 by Sir Saunders Duncombe, who took out a 14 year license to provide chairs to the public as vehicles for hire. They quickly became popular in London because they were cheaper than a hackney cab and provided cover to the extravagant wigs and gowns that were currently in fashion. The use of sedan chairs spread to spa towns such as Bath since the spas attracted many people of limited mobility who particularly welcomed sedan travel as being a practical way of being transported from chamber to spa and back again.

http://englishhistoryauthors.blogspot.fr/2013/10/a-short-history-of-sedan-chair.html

Hum...
Ou ici : http://www.etymonline.com/index.php?term=sedan

Oui, tout cela ne donne pas à Clio de réponse définitive .

Ben non, en effet : merci à vous deux . La ville de Sedan reniant la paternité ....

... ce qui est curieux, du reste, car cette paternité est jolie et intéressante !

Je vais reprendre contact avec Sedan.