Théâtre : Ça ira (1) Fin de Louis, une création de Joël Pommerat
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Théâtre : Ça ira (1) Fin de Louis, une création de Joël Pommerat
Du 4 au 29 novembre 2015, le Théâtre des Amandiers, à Nanterre présente :
Ça ira (1) Fin de Louis
De Joël Pommerat
Photo DR
Photo DR
Présentation (extrait) :
« Il ne s’agit pas d’une pièce politique mais d’une pièce dont le sujet est la politique » dit Joël Pommerat à propos de sa nouvelle création.
Dans un monde bouleversé par les printemps révolutionnaires, alors que l’Europe est secouée par le retour des nationalismes et la radicalisation, l’auteur et metteur en scène interroge l’histoire de la Révolution française.
Comment s’emparer de cette matière historique bouillonnante élevée au rang de mythe et éclairer ses liens avec notre présent ?
Ça ira (1) Fin de Louis s’intéresse au processus révolutionnaire plutôt qu’aux héros, observe les mécanismes qui régissent l’action des individus, insiste sur la dimension collective de l’action politique. Les révolutionnaires étaient‑ils préparés à l’exercice du pouvoir ?
Quelle fut la réalité de leur apprentissage, de leurs enthousiasmes et de leurs controverses ? La Révolution française est le fondement de nos démocraties modernes, la base des idées et valeurs qui les constituent.
(...)
* Sources et infos complémentaires ici : http://www.nanterre-amandiers.com/2015-2016/ca-ira-1-fin-de-louis/
La critique du Monde : http://www.lemonde.fr/scenes/article/2015/11/06/theatre-joel-pommerat-la-revolution-incarnee_4804377_1654999.html
Ça ira (1) Fin de Louis
De Joël Pommerat
Photo DR
Photo DR
Présentation (extrait) :
« Il ne s’agit pas d’une pièce politique mais d’une pièce dont le sujet est la politique » dit Joël Pommerat à propos de sa nouvelle création.
Dans un monde bouleversé par les printemps révolutionnaires, alors que l’Europe est secouée par le retour des nationalismes et la radicalisation, l’auteur et metteur en scène interroge l’histoire de la Révolution française.
Comment s’emparer de cette matière historique bouillonnante élevée au rang de mythe et éclairer ses liens avec notre présent ?
Ça ira (1) Fin de Louis s’intéresse au processus révolutionnaire plutôt qu’aux héros, observe les mécanismes qui régissent l’action des individus, insiste sur la dimension collective de l’action politique. Les révolutionnaires étaient‑ils préparés à l’exercice du pouvoir ?
Quelle fut la réalité de leur apprentissage, de leurs enthousiasmes et de leurs controverses ? La Révolution française est le fondement de nos démocraties modernes, la base des idées et valeurs qui les constituent.
(...)
* Sources et infos complémentaires ici : http://www.nanterre-amandiers.com/2015-2016/ca-ira-1-fin-de-louis/
La critique du Monde : http://www.lemonde.fr/scenes/article/2015/11/06/theatre-joel-pommerat-la-revolution-incarnee_4804377_1654999.html
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Théâtre : Ça ira (1) Fin de Louis, une création de Joël Pommerat
«Ça ira, fin de Louis», l’histoire en direct
Par Anne Diatkine Envoyée spéciale à Toulouse — 22 octobre 2015 à 17:36
Lors des répétitions au TNT, à Toulouse. Chaque scène a d’abord été le fruit d’improvisations à partir d’archives. Photo Christian Bellavia. Divergence
Un jeudi soir à Toulouse. Les deux premières parties de Ça ira, fin de Louis, une création de Joël Pommerat, sont représentées au TNT. Une spectatrice, avant le début du spectacle, fait partager sa fureur : «Vous avez vu les costumes ? Il n’y a rien qui m’insupporte autant. Ils sont habillés en contemporain.» Elle tourne la tête à droite et à gauche, montre le dépliant aux spectateurs assis derrière elle. On la sent prête à mordre. Dès le début de la représentation, sa hargne est oubliée. Elle participe, applaudit aux discours, alors même que les acteurs jouent. Standing ovation, lors des saluts.
Yaourts. Un samedi en septembre, au théâtre de Nanterre, pendant des répétitions. Joël Pommerat est exceptionnellement sur la scène, en guise de doublure. Non pour mimer ou montrer à l’actrice ce qu’elle doit faire - en l’occurrence, incarner la parole d’une noble radicale siégeant comme députée - mais pour régler le ballet des yaourts et autres projectiles, au fur et à mesure que sa parole contre-révolutionnaire les suscite. Le metteur en scène, bombardé de toute part, et surtout à la tête, est trempé à la fin du discours, mais le sol également, ce qui obstrue, pour l’instant, la possibilité d’un changement de décor rapide.
L’actrice, Agnès Berthon, prend son rôle en priant qu’on l’épargne des projectiles lors des répétitions. Ce qui frappe, c’est la sincérité de ses inflexions, quand elle fait part de sa peur que la «race noble» se désintègre dans un métissage. Son jeu laisse toutes ses chances à son personnage. Elémentaire, pour une actrice, de se plonger dans une idéologie qu’elle ne partage pas ? Tout dépend du parcours qui permet de l’incarner. L’un des acteurs, Bogdan Zamfir, qui lui aussi joue un noble radical, explique ses difficultés. «Ce que Joël exige, c’est un lien très intime entre soi et l’être qu’on va jouer. On est obligé d’aller fouiller dans des endroits de soi qu’on ne connaît pas. C’est en nous-mêmes que l’on doit faire résonner cette parole et non en composant. Je ne me décale pas corporellement et vocalement. Je pars de ce que je suis, à l’état brut.» Comment, dans ce cas, se réapproprier des propos racistes ? L’acteur s’est raccroché à sa mémoire affective. Et s’est souvenu que lui aussi a connu l’effondrement d’un monde : la chute du couple Ceausescu.
On saisit, à travers ce moment de répétition, l’un des enjeux de la création de Joël Pommerat : montrer la Révolution en train d’avoir lieu, sans que rien ne soit joué d’avance, ni l’issue connue. Versan de Saillie, cette députée jouée par Agnès Berthon, aurait pu avoir gain de cause, et en tout cas, elle l’interprète de telle manière qu’on comprend qu’elle croit encore que le rapport de force peut s’inverser.
«Combustible». Comme toujours avec Joël Pommerat, rien - ni le texte, ni le décor, ni la distribution, ni la musique, ni les costumes - n’existait avant les répétitions, qui ont eu lieu sur deux ans. Chaque scène a d’abord été le fruit d’improvisations à partir d’archives rassemblées par la dramaturge Marion Boudier. La source est cependant recouverte. Le spectacle n’est pas du théâtre documentaire, il ne se sert pas de l’archive comme preuve. Marion Boudier : «Elle est donnée aux comédiens comme combustible, pour être brûlée. D’ailleurs, la plupart du temps, les discours sont composés à partir de plusieurs strates de textes. Pour le discours d’Agnès, je suis partie d’archives parlementaires, et du livre De la nécessité d’une contre-révolution en France, de Montlosier, mais aussi d’écrits très contemporains sur la crainte de la perte de l’identité nationale et de la culture.»
Anachronisme. Les répétitions reprennent depuis le début. Anne Rotgers - qui, comme tous les acteurs, joue au moins quatre rôles mais aussi celui de Marie-Antoinette - est une marchande de bonbons dans un district, avant la constitution des Etats généraux. Cette confiseuse se plaint de la concurrence déloyale des religieuses qui depuis peu se sont mises à vendre elles aussi des bonbons «très mauvais» mais bon marché, car elles n’ont aucune taxe à payer. Pour le spectateur, il est impossible de ne pas penser aux conflits entre les taxis et les Uber, ou tout autre métier déréglementé par la mise en relation directe entre le client et le fournisseur. Plaisir de l’anachronisme ? Non, là encore, les propos si actuels de la confiseuse proviennent d’une archive parlementaire. Anne Rotgers : «Son cas est un peu particulier car pour une fois, je n’avais qu’une seule source, et mes improvisations ont été proches du texte initial.» Là encore, le mot d’ordre était de se réapproprier le document brut, avec ses propres mots et ses affects, et en chamboulant, si besoin, l’ordre du texte. Mais le personnage aurait pu ne pas rester dans la pièce. Au moment où elle faisait émerger le discours de la confiseuse, Anne Rotgers a aussi travaillé sur un texte d’une femme du quatrième ordre - encore plus pauvre que le tiers état - un autre sur la surreprésentation des avocats dans les assemblées, et sur une demande rurale.
Cette matière est restée comme un fantôme, qui nourrit le jeu, et densifie le contexte. Sans oripeaux, cette Révolution est aussi lavée de tous les mots qui font écran. La Bastille est nommée par sa fonction : la prison centrale. Les spectateurs toulousains n’ont pas eu la chance de voir la troisième partie du spectacle, alors encore en chantier. Et on ne sait toujours pas comment la Révolution se termine. Réponse à partir du 4 novembre au Théâtre des Amandiers, à Nanterre.
Anne Diatkine Envoyée spéciale à Toulouse
Bien à vous.
Par Anne Diatkine Envoyée spéciale à Toulouse — 22 octobre 2015 à 17:36
Lors des répétitions au TNT, à Toulouse. Chaque scène a d’abord été le fruit d’improvisations à partir d’archives. Photo Christian Bellavia. Divergence
Joël Pommerat propose une relecture de 1789 au présent. Aperçu des répétitions.
Un jeudi soir à Toulouse. Les deux premières parties de Ça ira, fin de Louis, une création de Joël Pommerat, sont représentées au TNT. Une spectatrice, avant le début du spectacle, fait partager sa fureur : «Vous avez vu les costumes ? Il n’y a rien qui m’insupporte autant. Ils sont habillés en contemporain.» Elle tourne la tête à droite et à gauche, montre le dépliant aux spectateurs assis derrière elle. On la sent prête à mordre. Dès le début de la représentation, sa hargne est oubliée. Elle participe, applaudit aux discours, alors même que les acteurs jouent. Standing ovation, lors des saluts.
Yaourts. Un samedi en septembre, au théâtre de Nanterre, pendant des répétitions. Joël Pommerat est exceptionnellement sur la scène, en guise de doublure. Non pour mimer ou montrer à l’actrice ce qu’elle doit faire - en l’occurrence, incarner la parole d’une noble radicale siégeant comme députée - mais pour régler le ballet des yaourts et autres projectiles, au fur et à mesure que sa parole contre-révolutionnaire les suscite. Le metteur en scène, bombardé de toute part, et surtout à la tête, est trempé à la fin du discours, mais le sol également, ce qui obstrue, pour l’instant, la possibilité d’un changement de décor rapide.
L’actrice, Agnès Berthon, prend son rôle en priant qu’on l’épargne des projectiles lors des répétitions. Ce qui frappe, c’est la sincérité de ses inflexions, quand elle fait part de sa peur que la «race noble» se désintègre dans un métissage. Son jeu laisse toutes ses chances à son personnage. Elémentaire, pour une actrice, de se plonger dans une idéologie qu’elle ne partage pas ? Tout dépend du parcours qui permet de l’incarner. L’un des acteurs, Bogdan Zamfir, qui lui aussi joue un noble radical, explique ses difficultés. «Ce que Joël exige, c’est un lien très intime entre soi et l’être qu’on va jouer. On est obligé d’aller fouiller dans des endroits de soi qu’on ne connaît pas. C’est en nous-mêmes que l’on doit faire résonner cette parole et non en composant. Je ne me décale pas corporellement et vocalement. Je pars de ce que je suis, à l’état brut.» Comment, dans ce cas, se réapproprier des propos racistes ? L’acteur s’est raccroché à sa mémoire affective. Et s’est souvenu que lui aussi a connu l’effondrement d’un monde : la chute du couple Ceausescu.
On saisit, à travers ce moment de répétition, l’un des enjeux de la création de Joël Pommerat : montrer la Révolution en train d’avoir lieu, sans que rien ne soit joué d’avance, ni l’issue connue. Versan de Saillie, cette députée jouée par Agnès Berthon, aurait pu avoir gain de cause, et en tout cas, elle l’interprète de telle manière qu’on comprend qu’elle croit encore que le rapport de force peut s’inverser.
«Combustible». Comme toujours avec Joël Pommerat, rien - ni le texte, ni le décor, ni la distribution, ni la musique, ni les costumes - n’existait avant les répétitions, qui ont eu lieu sur deux ans. Chaque scène a d’abord été le fruit d’improvisations à partir d’archives rassemblées par la dramaturge Marion Boudier. La source est cependant recouverte. Le spectacle n’est pas du théâtre documentaire, il ne se sert pas de l’archive comme preuve. Marion Boudier : «Elle est donnée aux comédiens comme combustible, pour être brûlée. D’ailleurs, la plupart du temps, les discours sont composés à partir de plusieurs strates de textes. Pour le discours d’Agnès, je suis partie d’archives parlementaires, et du livre De la nécessité d’une contre-révolution en France, de Montlosier, mais aussi d’écrits très contemporains sur la crainte de la perte de l’identité nationale et de la culture.»
Anachronisme. Les répétitions reprennent depuis le début. Anne Rotgers - qui, comme tous les acteurs, joue au moins quatre rôles mais aussi celui de Marie-Antoinette - est une marchande de bonbons dans un district, avant la constitution des Etats généraux. Cette confiseuse se plaint de la concurrence déloyale des religieuses qui depuis peu se sont mises à vendre elles aussi des bonbons «très mauvais» mais bon marché, car elles n’ont aucune taxe à payer. Pour le spectateur, il est impossible de ne pas penser aux conflits entre les taxis et les Uber, ou tout autre métier déréglementé par la mise en relation directe entre le client et le fournisseur. Plaisir de l’anachronisme ? Non, là encore, les propos si actuels de la confiseuse proviennent d’une archive parlementaire. Anne Rotgers : «Son cas est un peu particulier car pour une fois, je n’avais qu’une seule source, et mes improvisations ont été proches du texte initial.» Là encore, le mot d’ordre était de se réapproprier le document brut, avec ses propres mots et ses affects, et en chamboulant, si besoin, l’ordre du texte. Mais le personnage aurait pu ne pas rester dans la pièce. Au moment où elle faisait émerger le discours de la confiseuse, Anne Rotgers a aussi travaillé sur un texte d’une femme du quatrième ordre - encore plus pauvre que le tiers état - un autre sur la surreprésentation des avocats dans les assemblées, et sur une demande rurale.
Cette matière est restée comme un fantôme, qui nourrit le jeu, et densifie le contexte. Sans oripeaux, cette Révolution est aussi lavée de tous les mots qui font écran. La Bastille est nommée par sa fonction : la prison centrale. Les spectateurs toulousains n’ont pas eu la chance de voir la troisième partie du spectacle, alors encore en chantier. Et on ne sait toujours pas comment la Révolution se termine. Réponse à partir du 4 novembre au Théâtre des Amandiers, à Nanterre.
Anne Diatkine Envoyée spéciale à Toulouse
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Théâtre : Ça ira (1) Fin de Louis, une création de Joël Pommerat
... intéressant !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Théâtre : Ça ira (1) Fin de Louis, une création de Joël Pommerat
Ce spectacle dure quatre heures, mais c'est tellement actualisé que ça passe comme une lettre à la poste... Et la politique à laquelle a eu affaire Louis XVI est étonnamment contemporaine.
J'ai entendu des extraits à la radio et on semble entendre l'assemblée nationale diffusée à la télévision le mercredi tant l'humeur d'ambiance est reconstituée comme si on y était... ou comme si l'Histoire nous revenait car les protagonistes ne sont pas en costumes d'époque.
On annonce un e tournée dans toute la France, j'ai bien envie de voir cette pièce
Bien à vous.
J'ai entendu des extraits à la radio et on semble entendre l'assemblée nationale diffusée à la télévision le mercredi tant l'humeur d'ambiance est reconstituée comme si on y était... ou comme si l'Histoire nous revenait car les protagonistes ne sont pas en costumes d'époque.
On annonce un e tournée dans toute la France, j'ai bien envie de voir cette pièce
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Théâtre : Ça ira (1) Fin de Louis, une création de Joël Pommerat
Quatre heures, tout de même... àè-è\':
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
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