L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
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Mme de Sabran
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MARIE ANTOINETTE
Comte d'Hézècques
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Les lieux de Marie-Antoinette :: Versailles et Trianon :: Le domaine de Versailles
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L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
.
La Révolution se déchaîne . Versailles est déserté ...
André Chénier écrit son poème Versailles, peu après le massacre à Versailles, le 9 septembre 1792, de la fournée de prisonniers parmi lesquels le duc de Cossé Brissac .
;
Versailles
Ô Versailles, ô bois, ô portiques,
Marbres vivants, berceaux antiques,
Par les dieux et les rois Elysée embelli,
A ton aspect, dans ma pensée,
Comme sur l'herbe aride une fraîche rosée,
Coule un peu de calme et d'oubli.
Paris me semble un autre empire,
Dès que chez toi je vois sourire
Mes pénates secrets couronnés de rameaux,
D'où souvent les monts et les plaines
Vont dirigeant mes pas aux campagnes prochaines,
Sous de triples cintres d'ormeaux.
Les chars, les royales merveilles,
Des gardes les nocturnes veilles,
Tout a fui ; des grandeurs tu n'es plus le séjour.
Mais le sommeil, la solitude,
Dieux jadis inconnus, et les arts, et l'étude,
Composent aujourd'hui ta cour.
Ah ! malheureux ! à ma jeunesse
Une oisive et morne paresse
Ne laisse plus goûter les studieux loisirs.
Mon âme, d'ennui consumée,
S'endort dans les langueurs ; louange et renommée
N'inquiètent plus mes désirs.
L'abandon, l'obscurité, l'ombre,
Une paix taciturne et sombre,
Voilà tous mes souhaits. Cache mes tristes jours,
Et nourris, s'il faut que je vive,
De mon pâle flambeau la clarté fugitive,
Aux douces chimères d'amours.
L'âme n'est point encor flétrie,
La vie encor n'est point tarie,
Quand un regard nous trouble et le coeur et la voix.
Qui cherche les pas d'une belle,
Qui peut ou s'égayer ou gémir auprès d'elle,
De ses jours peut porter le poids.
J'aime ; je vis. Heureux rivage !
Tu conserves sa noble image,
Son nom, qu'à tes forêts j'ose apprendre le soir,
Quand, l'âme doucement émue,
J'y reviens méditer l'instant où je l'ai vue,
Et l'instant où je dois la voir.
Pour elle seule encore abonde
Cette source, jadis féconde,
Qui coulait de ma bouche en sons harmonieux.
Sur mes lèvres, tes bosquets sombres
Forment pour elle encor ces poétiques nombres,
Langage d'amour et des dieux.
Ah ! témoin des succès du crime,
Si l'homme juste et magnanime
Pouvait ouvrir son coeur à la félicité,
Versailles, tes routes fleuries,
Ton silence, fertile en belles rêveries,
N'auraient que joie et volupté.
Mais souvent tes vallons tranquilles,
Tes sommets verts, tes frais asiles,
Tout à coup à mes yeux s'enveloppent de deuil.
J'y vois errer l'ombre livide
D'un peuple d'innocents, qu'un tribunal perfide
Précipite dans le cercueil.
En savoir plus ?!!!
C'est ici :
Versailles en 50 dates -
https://books.google.fr/books?isbn=2226267387
Jean-Jacques Aillagon - 2011 - History
La Révolution se déchaîne . Versailles est déserté ...
André Chénier écrit son poème Versailles, peu après le massacre à Versailles, le 9 septembre 1792, de la fournée de prisonniers parmi lesquels le duc de Cossé Brissac .
;
Versailles
Ô Versailles, ô bois, ô portiques,
Marbres vivants, berceaux antiques,
Par les dieux et les rois Elysée embelli,
A ton aspect, dans ma pensée,
Comme sur l'herbe aride une fraîche rosée,
Coule un peu de calme et d'oubli.
Paris me semble un autre empire,
Dès que chez toi je vois sourire
Mes pénates secrets couronnés de rameaux,
D'où souvent les monts et les plaines
Vont dirigeant mes pas aux campagnes prochaines,
Sous de triples cintres d'ormeaux.
Les chars, les royales merveilles,
Des gardes les nocturnes veilles,
Tout a fui ; des grandeurs tu n'es plus le séjour.
Mais le sommeil, la solitude,
Dieux jadis inconnus, et les arts, et l'étude,
Composent aujourd'hui ta cour.
Ah ! malheureux ! à ma jeunesse
Une oisive et morne paresse
Ne laisse plus goûter les studieux loisirs.
Mon âme, d'ennui consumée,
S'endort dans les langueurs ; louange et renommée
N'inquiètent plus mes désirs.
L'abandon, l'obscurité, l'ombre,
Une paix taciturne et sombre,
Voilà tous mes souhaits. Cache mes tristes jours,
Et nourris, s'il faut que je vive,
De mon pâle flambeau la clarté fugitive,
Aux douces chimères d'amours.
L'âme n'est point encor flétrie,
La vie encor n'est point tarie,
Quand un regard nous trouble et le coeur et la voix.
Qui cherche les pas d'une belle,
Qui peut ou s'égayer ou gémir auprès d'elle,
De ses jours peut porter le poids.
J'aime ; je vis. Heureux rivage !
Tu conserves sa noble image,
Son nom, qu'à tes forêts j'ose apprendre le soir,
Quand, l'âme doucement émue,
J'y reviens méditer l'instant où je l'ai vue,
Et l'instant où je dois la voir.
Pour elle seule encore abonde
Cette source, jadis féconde,
Qui coulait de ma bouche en sons harmonieux.
Sur mes lèvres, tes bosquets sombres
Forment pour elle encor ces poétiques nombres,
Langage d'amour et des dieux.
Ah ! témoin des succès du crime,
Si l'homme juste et magnanime
Pouvait ouvrir son coeur à la félicité,
Versailles, tes routes fleuries,
Ton silence, fertile en belles rêveries,
N'auraient que joie et volupté.
Mais souvent tes vallons tranquilles,
Tes sommets verts, tes frais asiles,
Tout à coup à mes yeux s'enveloppent de deuil.
J'y vois errer l'ombre livide
D'un peuple d'innocents, qu'un tribunal perfide
Précipite dans le cercueil.
En savoir plus ?!!!
C'est ici :
Versailles en 50 dates -
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Le titre de ce sujet m'a tout de suite fait penser à ces propos de Louis XVI montant en voiture, ce 6 octobre 1789 (il est midi passé d'une demi heure) adressé au comte de Gouvernet, fils du ministre de la Guerre (Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet , celui-là même qui déposa en faveur de Marie-Antoinette lors de Son "procès" devant Fouquier-Tinville) :
"Vous restez maître ici. Tâchez de me sauver mon pauvre Versailles."
Bien à vous.
"Vous restez maître ici. Tâchez de me sauver mon pauvre Versailles."
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Merci ! pour ce passionnant sujet !
C'est en effet tout à fait mystérieux et peu connu = qu'advient-il du château splendide une fois le Roi et la Reine prisonniers ( car c'est bien cela) et la cour enfuie ?
Versailles me fascine ( en dépit de notre cher La nuit, la neige ) et est fascinant......
Ce château déserté, sera, je crois, "entretenu" par les serviteurs qui y demeurent durant quelques temps, qui ordonnent une série de nettoyages ainsi qu'il y était procédé à intervalles réguliers; et puis......
C'est absolument fou de penser que depuis, Versailles n'a plus jamais été habité......sinon, plus tard et dans l'aile des Ministres au XXème siècle, par ses conservateurs successifs ( cf le roman de Frédérique Hébrard, la fille d'André Chamson La chambre de Goethe )
" Avant de partir, le roi déclare au gouverneur du château : « Tâchez de me sauver mon Versailles ! ». Avec eux, la famille royale emporte « le mobilier, les pendules, les tentures, le linge et tout le nécessaire » : l'intendance en profite pour faire de grands ménages et des restaurations ; néanmoins, et pour la première fois depuis 1723 (lorsque Louis XV revient à Versailles), « le gouverneur ordonne alors de fermer les contrevents, et le château sombre dans l'obscurité ».
Je trouve cette obscurité très symbolique, ainsi s'achèvent dix-sept siècles de monarchie......et quoiqu'il y ait eu Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe, rien ne sauvera la monarchie Française; une page s'est définitivement tournée;
C'est en effet tout à fait mystérieux et peu connu = qu'advient-il du château splendide une fois le Roi et la Reine prisonniers ( car c'est bien cela) et la cour enfuie ?
Versailles me fascine ( en dépit de notre cher La nuit, la neige ) et est fascinant......
Ce château déserté, sera, je crois, "entretenu" par les serviteurs qui y demeurent durant quelques temps, qui ordonnent une série de nettoyages ainsi qu'il y était procédé à intervalles réguliers; et puis......
C'est absolument fou de penser que depuis, Versailles n'a plus jamais été habité......sinon, plus tard et dans l'aile des Ministres au XXème siècle, par ses conservateurs successifs ( cf le roman de Frédérique Hébrard, la fille d'André Chamson La chambre de Goethe )
" Avant de partir, le roi déclare au gouverneur du château : « Tâchez de me sauver mon Versailles ! ». Avec eux, la famille royale emporte « le mobilier, les pendules, les tentures, le linge et tout le nécessaire » : l'intendance en profite pour faire de grands ménages et des restaurations ; néanmoins, et pour la première fois depuis 1723 (lorsque Louis XV revient à Versailles), « le gouverneur ordonne alors de fermer les contrevents, et le château sombre dans l'obscurité ».
Je trouve cette obscurité très symbolique, ainsi s'achèvent dix-sept siècles de monarchie......et quoiqu'il y ait eu Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe, rien ne sauvera la monarchie Française; une page s'est définitivement tournée;
Invité- Invité
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Article dans le journal « La Mode » de 1832 :
- Pauvre Versailles ! – Juste ciel ! Où donc s’arrêtera le vandalisme de la truelle bourgeoise ! Versailles, le magnifique Versailles lui-même n’a pu obtenir grâce ; son arrêt est prononcé ! Voici ce qu’on en lit dans un journal ministériel :
« Depuis quelque temps, on s’occupe, à l’intendance de la liste civile, des réparations à faire à Versailles. Le 10 novembre prochain, il sera fait une adjudication au rabais des travaux à faire à ce beau domaine. »
Miséricorde ! Versailles un beau domaine ! Que ne dites-vous plutôt une jolie maison de campagne, ô mes maîtres ! Et ce sont des travaux au rabais que vous entendez y faire ! Honnêtes maçons, combien vous êtes dignes de réparer ce glorieux monument que les beaux-arts, sous le grand roi, ont enrichi de tant de merveilles ! Mettez donc la main à l’œuvre, cherchez des artistes au rabais, qui ajoutent quelques gentillesses de leur façon aux chefs-d’œuvre des Mansart, des Lebrun, des Lenôtre. C’est bien ; mais, préalablement, communiquez-nous, de grâce, vos plans de réparations ! S’agit-il d’un autre jardinet, d’un petit saut-de-loup à ménager sur cette gigantesque terrasse toute empreinte des pas de Louis XIV ? Est-ce l’orangerie que vous prétendez transformer en une basse-cour propre à élever de la volaille ? l’histoire vivante du grand roi doit-elle disparaître de la galerie de Lebrun pour faire place à l’histoire de Jemappes, de Valmy et d’Ancône ? est-ce dans le parc que votre génie réparateur se propose d’opérer ? allez-vous mettre les bosquets de Lenôtre en coupe réglée, pour faire du bois, et la pièce du Dragon est-elle condamnée à servir de lavoir aux blanchisseuses du pays ? Répondez donc, monsieur Montalivet : sublime Mécène de la liste civile, hâtez-vous de rassurer la France qui s’épouvante de vos bourgeoises réparations. Hélas ! cette pauvre France a déjà trop bien appris à ses dépens que lorsqu’il s’agit de sa gloire, vous ne savez travailler pour elle qu’au rabais !
La Mode, oct. – nov. – déc. 1832
(Le journal La Mode apparut pour la première fois en 1829, sous la protection de la duchesse de Berry. Depuis la révolution de juillet 1830, le journal devient la porte-parole des royalistes-légitimistes opposés à la monarchie de juillet ; dans bon nombre d’articles Louis-Philippe est attaqué et ridiculisé. De ce fait, à plusieurs reprises le journal est saisi et attaqué en justice par les agents du roi des Français.)
- Pauvre Versailles ! – Juste ciel ! Où donc s’arrêtera le vandalisme de la truelle bourgeoise ! Versailles, le magnifique Versailles lui-même n’a pu obtenir grâce ; son arrêt est prononcé ! Voici ce qu’on en lit dans un journal ministériel :
« Depuis quelque temps, on s’occupe, à l’intendance de la liste civile, des réparations à faire à Versailles. Le 10 novembre prochain, il sera fait une adjudication au rabais des travaux à faire à ce beau domaine. »
Miséricorde ! Versailles un beau domaine ! Que ne dites-vous plutôt une jolie maison de campagne, ô mes maîtres ! Et ce sont des travaux au rabais que vous entendez y faire ! Honnêtes maçons, combien vous êtes dignes de réparer ce glorieux monument que les beaux-arts, sous le grand roi, ont enrichi de tant de merveilles ! Mettez donc la main à l’œuvre, cherchez des artistes au rabais, qui ajoutent quelques gentillesses de leur façon aux chefs-d’œuvre des Mansart, des Lebrun, des Lenôtre. C’est bien ; mais, préalablement, communiquez-nous, de grâce, vos plans de réparations ! S’agit-il d’un autre jardinet, d’un petit saut-de-loup à ménager sur cette gigantesque terrasse toute empreinte des pas de Louis XIV ? Est-ce l’orangerie que vous prétendez transformer en une basse-cour propre à élever de la volaille ? l’histoire vivante du grand roi doit-elle disparaître de la galerie de Lebrun pour faire place à l’histoire de Jemappes, de Valmy et d’Ancône ? est-ce dans le parc que votre génie réparateur se propose d’opérer ? allez-vous mettre les bosquets de Lenôtre en coupe réglée, pour faire du bois, et la pièce du Dragon est-elle condamnée à servir de lavoir aux blanchisseuses du pays ? Répondez donc, monsieur Montalivet : sublime Mécène de la liste civile, hâtez-vous de rassurer la France qui s’épouvante de vos bourgeoises réparations. Hélas ! cette pauvre France a déjà trop bien appris à ses dépens que lorsqu’il s’agit de sa gloire, vous ne savez travailler pour elle qu’au rabais !
La Mode, oct. – nov. – déc. 1832
(Le journal La Mode apparut pour la première fois en 1829, sous la protection de la duchesse de Berry. Depuis la révolution de juillet 1830, le journal devient la porte-parole des royalistes-légitimistes opposés à la monarchie de juillet ; dans bon nombre d’articles Louis-Philippe est attaqué et ridiculisé. De ce fait, à plusieurs reprises le journal est saisi et attaqué en justice par les agents du roi des Français.)
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
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Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Cette photo de couverture est sublime !!!
Invité- Invité
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
C'est vrai ... et si éloquente ! boudoi30
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Grand canal- Messages : 113
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Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Cela me fait penser au poéme de Musset qui commence par les trois marches de marbre rose j'avais été très ému à l'époque et pas toujours d'accord.
le voici :
Alfred de MUSSET (1810-1857)
Sur trois marches de marbre rose
Depuis qu'Adam, ce cruel homme,
A perdu son fameux jardin,
Où sa femme, autour d'une pomme,
Gambadait sans vertugadin,
Je ne crois pas que sur la terre
Il soit un lieu d'arbres planté
Plus célébré, plus visité,
Mieux fait, plus joli, mieux hanté,
Mieux exercé dans l'art de plaire,
Plus examiné, plus vanté,
Plus décrit, plus lu, plus chanté,
Que l'ennuyeux parc de Versailles.
Ô dieux ! ô bergers ! ô rocailles !
Vieux Satyres, Termes grognons,
Vieux petits ifs en rangs d'oignons,
Ô bassins, quinconces, charmilles !
Boulingrins pleins de majesté,
Où les dimanches, tout l'été,
Bâillent tant d'honnêtes familles !
Fantômes d'empereurs romains,
Pâles nymphes inanimées
Qui tendez aux passants les mains,
Par des jets d'eau tout enrhumées !
Tourniquets d'aimables buissons,
Bosquets tondus où les fauvettes
Cherchent en pleurant leurs chansons,
Où les dieux font tant de façons
Pour vivre à sec dans leurs cuvettes !
Ô marronniers ! n'ayez pas peur ;
Que votre feuillage immobile,
Me sachant versificateur,
N'en demeure pas moins tranquille.
Non, j'en jure par Apollon
Et par tout le sacré vallon,
Par vous, Naïades ébréchées,
Sur trois cailloux si mal couchées,
Par vous, vieux maîtres de ballets,
Faunes dansant sur la verdure,
Par toi-même, auguste palais,
Qu'on n'habite plus qu'en peinture,
Par Neptune, sa fourche au poing,
Non, je ne vous décrirai point.
Je sais trop ce qui vous chagrine ;
De Phoebus je vois les effets :
Ce sont les vers qu'on vous a faits
Qui vous donnent si triste mine.
Tant de sonnets, de madrigaux,
Tant de ballades, de rondeaux,
Où l'on célébrait vos merveilles,
Vous ont assourdi les oreilles,
Et l'on voit bien que vous dormez
Pour avoir été trop rimés.
En ces lieux où l'ennui repose,
Par respect aussi j'ai dormi.
Ce n'était, je crois, qu'à demi :
Je rêvais à quelque autre chose.
Mais vous souvient-il, mon ami,
De ces marches de marbre rose,
En allant à la pièce d'eau
Du côté de l'Orangerie,
À gauche, en sortant du château ?
C'était par là, je le parie,
Que venait le roi sans pareil,
Le soir, au coucher du soleil,
Voir dans la forêt, en silence,
Le jour s'enfuir et se cacher
(Si toutefois en sa présence
Le soleil osait se coucher).
Que ces trois marches sont jolies !
Combien ce marbre est noble et doux !
Maudit soit du ciel, disions-nous,
Le pied qui les aurait salies !
N'est-il pas vrai ? Souvenez-vous.
- Avec quel charme est nuancée
Cette dalle à moitié cassée !
Voyez-vous ces veines d'azur,
Légères, fines et polies,
Courant, sous les roses pâlies,
Dans la blancheur d'un marbre pur ?
Tel, dans le sein robuste et dur
De la Diane chasseresse,
Devait courir un sang divin ;
Telle, et plus froide, est une main
Qui me menait naguère en laisse.
N'allez pas, du reste, oublier
Que ces marches dont j'ai mémoire
Ne sont pas dans cet escalier
Toujours désert et plein de gloire,
Où ce roi, qui n'attendait pas,
Attendit un jour, pas à pas,
Condé, lassé par la victoire.
Elles sont près d'un vase blanc,
Proprement fait et fort galant.
Est-il moderne ? est-il antique ?
D'autres que moi savent cela ;
Mais j'aime assez à le voir là,
Étant sûr qu'il n'est point gothique.
C'est un bon vase, un bon voisin ;
Je le crois volontiers cousin
De mes marches couleur de rose ;
Il les abrite avec fierté.
Ô mon Dieu ! dans si peu de chose
Que de grâce et que de beauté !
Dites-nous, marches gracieuses,
Les rois, les princes, les prélats,
Et les marquis à grands fracas,
Et les belles ambitieuses,
Dont vous avez compté les pas ;
Celles-là surtout, j'imagine,
En vous touchant ne pesaient pas.
Lorsque le velours ou l'hermine
Frôlaient vos contours délicats,
Laquelle était la plus légère ?
Est-ce la reine Montespan ?
Est-ce Hortense avec un roman,
Maintenon avec son bréviaire,
Ou Fontange avec son ruban ?
Beau marbre, as-tu vu la Vallière ?
De Parabère ou de Sabran
Laquelle savait mieux te plaire ?
Entre Sabran et Parabère
Le Régent même, après souper,
Chavirait jusqu'à s'y tromper.
As-tu vu le puissant Voltaire,
Ce grand frondeur des préjugés,
Avocat des gens mal jugés,
Du Christ ce terrible adversaire,
Bedeau du temple de Cythère,
Présentant à la Pompadour
Sa vieille eau bénite de cour ?
As-tu vu, comme à l'ermitage,
La rondelette Dubarry
Courir, en buvant du laitage,
Pieds nus, sur le gazon fleuri ?
Marches qui savez notre histoire,
Aux jours pompeux de votre gloire,
Quel heureux monde en ces bosquets !
Que de grands seigneurs, de laquais,
Que de duchesses, de caillettes,
De talons rouges, de paillettes,
Que de soupirs et de caquets,
Que de plumets et de calottes,
De falbalas et de culottes,
Que de poudre sous ces berceaux,
Que de gens, sans compter les sots !
Règne auguste de la perruque,
Le bourgeois qui te méconnaît
Mérite sur sa plate nuque
D'avoir un éternel bonnet.
Et toi, siècle à l'humeur badine,
Siècle tout couvert d'amidon,
Ceux qui méprisent ta farine
Sont en horreur à Cupidon !...
Est-ce ton avis, marbre rose ?
Malgré moi, pourtant, je suppose
Que le hasard qui t'a mis là
Ne t'avait pas fait pour cela.
Aux pays où le soleil brille,
Près d'un temple grec ou latin,
Les beaux pieds d'une jeune fille,
Sentant la bruyère et le thym,
En te frappant de leurs sandales,
Auraient mieux réjoui tes dalles
Qu'une pantoufle de satin.
Est-ce d'ailleurs pour cet usage
Que la nature avait formé
Ton bloc jadis vierge et sauvage
Que le génie eût animé ?
Lorsque la pioche et la truelle
T'ont scellé dans ce parc boueux,
En t'y plantant malgré les dieux,
Mansard insultait Praxitèle.
Oui, si tes flancs devaient s'ouvrir,
Il fallait en faire sortir
Quelque divinité nouvelle.
Quand sur toi leur scie a grincé,
Les tailleurs de pierre ont blessé
Quelque Vénus dormant encore,
Et la pourpre qui te colore
Te vient du sang qu'elle a versé.
Est-il donc vrai que toute chose
Puisse être ainsi foulée aux pieds,
Le rocher où l'aigle se pose,
Comme la feuille de la rose
Qui tombe et meurt dans nos sentiers ?
Est-ce que la commune mère,
Une fois son oeuvre accompli,
Au hasard livre la matière,
Comme la pensée à l'oubli ?
Est-ce que la tourmente amère
Jette la perle au lapidaire
Pour qu'il l'écrase sans façon ?
Est-ce que l'absurde vulgaire
Peut tout déshonorer sur terre
Au gré d'un cuistre ou d'un maçon ?
le voici :
Alfred de MUSSET (1810-1857)
Sur trois marches de marbre rose
Depuis qu'Adam, ce cruel homme,
A perdu son fameux jardin,
Où sa femme, autour d'une pomme,
Gambadait sans vertugadin,
Je ne crois pas que sur la terre
Il soit un lieu d'arbres planté
Plus célébré, plus visité,
Mieux fait, plus joli, mieux hanté,
Mieux exercé dans l'art de plaire,
Plus examiné, plus vanté,
Plus décrit, plus lu, plus chanté,
Que l'ennuyeux parc de Versailles.
Ô dieux ! ô bergers ! ô rocailles !
Vieux Satyres, Termes grognons,
Vieux petits ifs en rangs d'oignons,
Ô bassins, quinconces, charmilles !
Boulingrins pleins de majesté,
Où les dimanches, tout l'été,
Bâillent tant d'honnêtes familles !
Fantômes d'empereurs romains,
Pâles nymphes inanimées
Qui tendez aux passants les mains,
Par des jets d'eau tout enrhumées !
Tourniquets d'aimables buissons,
Bosquets tondus où les fauvettes
Cherchent en pleurant leurs chansons,
Où les dieux font tant de façons
Pour vivre à sec dans leurs cuvettes !
Ô marronniers ! n'ayez pas peur ;
Que votre feuillage immobile,
Me sachant versificateur,
N'en demeure pas moins tranquille.
Non, j'en jure par Apollon
Et par tout le sacré vallon,
Par vous, Naïades ébréchées,
Sur trois cailloux si mal couchées,
Par vous, vieux maîtres de ballets,
Faunes dansant sur la verdure,
Par toi-même, auguste palais,
Qu'on n'habite plus qu'en peinture,
Par Neptune, sa fourche au poing,
Non, je ne vous décrirai point.
Je sais trop ce qui vous chagrine ;
De Phoebus je vois les effets :
Ce sont les vers qu'on vous a faits
Qui vous donnent si triste mine.
Tant de sonnets, de madrigaux,
Tant de ballades, de rondeaux,
Où l'on célébrait vos merveilles,
Vous ont assourdi les oreilles,
Et l'on voit bien que vous dormez
Pour avoir été trop rimés.
En ces lieux où l'ennui repose,
Par respect aussi j'ai dormi.
Ce n'était, je crois, qu'à demi :
Je rêvais à quelque autre chose.
Mais vous souvient-il, mon ami,
De ces marches de marbre rose,
En allant à la pièce d'eau
Du côté de l'Orangerie,
À gauche, en sortant du château ?
C'était par là, je le parie,
Que venait le roi sans pareil,
Le soir, au coucher du soleil,
Voir dans la forêt, en silence,
Le jour s'enfuir et se cacher
(Si toutefois en sa présence
Le soleil osait se coucher).
Que ces trois marches sont jolies !
Combien ce marbre est noble et doux !
Maudit soit du ciel, disions-nous,
Le pied qui les aurait salies !
N'est-il pas vrai ? Souvenez-vous.
- Avec quel charme est nuancée
Cette dalle à moitié cassée !
Voyez-vous ces veines d'azur,
Légères, fines et polies,
Courant, sous les roses pâlies,
Dans la blancheur d'un marbre pur ?
Tel, dans le sein robuste et dur
De la Diane chasseresse,
Devait courir un sang divin ;
Telle, et plus froide, est une main
Qui me menait naguère en laisse.
N'allez pas, du reste, oublier
Que ces marches dont j'ai mémoire
Ne sont pas dans cet escalier
Toujours désert et plein de gloire,
Où ce roi, qui n'attendait pas,
Attendit un jour, pas à pas,
Condé, lassé par la victoire.
Elles sont près d'un vase blanc,
Proprement fait et fort galant.
Est-il moderne ? est-il antique ?
D'autres que moi savent cela ;
Mais j'aime assez à le voir là,
Étant sûr qu'il n'est point gothique.
C'est un bon vase, un bon voisin ;
Je le crois volontiers cousin
De mes marches couleur de rose ;
Il les abrite avec fierté.
Ô mon Dieu ! dans si peu de chose
Que de grâce et que de beauté !
Dites-nous, marches gracieuses,
Les rois, les princes, les prélats,
Et les marquis à grands fracas,
Et les belles ambitieuses,
Dont vous avez compté les pas ;
Celles-là surtout, j'imagine,
En vous touchant ne pesaient pas.
Lorsque le velours ou l'hermine
Frôlaient vos contours délicats,
Laquelle était la plus légère ?
Est-ce la reine Montespan ?
Est-ce Hortense avec un roman,
Maintenon avec son bréviaire,
Ou Fontange avec son ruban ?
Beau marbre, as-tu vu la Vallière ?
De Parabère ou de Sabran
Laquelle savait mieux te plaire ?
Entre Sabran et Parabère
Le Régent même, après souper,
Chavirait jusqu'à s'y tromper.
As-tu vu le puissant Voltaire,
Ce grand frondeur des préjugés,
Avocat des gens mal jugés,
Du Christ ce terrible adversaire,
Bedeau du temple de Cythère,
Présentant à la Pompadour
Sa vieille eau bénite de cour ?
As-tu vu, comme à l'ermitage,
La rondelette Dubarry
Courir, en buvant du laitage,
Pieds nus, sur le gazon fleuri ?
Marches qui savez notre histoire,
Aux jours pompeux de votre gloire,
Quel heureux monde en ces bosquets !
Que de grands seigneurs, de laquais,
Que de duchesses, de caillettes,
De talons rouges, de paillettes,
Que de soupirs et de caquets,
Que de plumets et de calottes,
De falbalas et de culottes,
Que de poudre sous ces berceaux,
Que de gens, sans compter les sots !
Règne auguste de la perruque,
Le bourgeois qui te méconnaît
Mérite sur sa plate nuque
D'avoir un éternel bonnet.
Et toi, siècle à l'humeur badine,
Siècle tout couvert d'amidon,
Ceux qui méprisent ta farine
Sont en horreur à Cupidon !...
Est-ce ton avis, marbre rose ?
Malgré moi, pourtant, je suppose
Que le hasard qui t'a mis là
Ne t'avait pas fait pour cela.
Aux pays où le soleil brille,
Près d'un temple grec ou latin,
Les beaux pieds d'une jeune fille,
Sentant la bruyère et le thym,
En te frappant de leurs sandales,
Auraient mieux réjoui tes dalles
Qu'une pantoufle de satin.
Est-ce d'ailleurs pour cet usage
Que la nature avait formé
Ton bloc jadis vierge et sauvage
Que le génie eût animé ?
Lorsque la pioche et la truelle
T'ont scellé dans ce parc boueux,
En t'y plantant malgré les dieux,
Mansard insultait Praxitèle.
Oui, si tes flancs devaient s'ouvrir,
Il fallait en faire sortir
Quelque divinité nouvelle.
Quand sur toi leur scie a grincé,
Les tailleurs de pierre ont blessé
Quelque Vénus dormant encore,
Et la pourpre qui te colore
Te vient du sang qu'elle a versé.
Est-il donc vrai que toute chose
Puisse être ainsi foulée aux pieds,
Le rocher où l'aigle se pose,
Comme la feuille de la rose
Qui tombe et meurt dans nos sentiers ?
Est-ce que la commune mère,
Une fois son oeuvre accompli,
Au hasard livre la matière,
Comme la pensée à l'oubli ?
Est-ce que la tourmente amère
Jette la perle au lapidaire
Pour qu'il l'écrase sans façon ?
Est-ce que l'absurde vulgaire
Peut tout déshonorer sur terre
Au gré d'un cuistre ou d'un maçon ?
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Merveilleux, et poilant !!!
J'adore l'image d'Eve gambadant sans vertugadin, la petite friponne ! :
Chic ! j'apprends un mot nouveau ( pour moi ) : boulingrin
Un boulingrin désigne un ornement végétal qui se présente sous la forme d'un parterre gazonné en creux, parfois entouré d'une bordure. me dit WIKI jamais à court d'idées !
J'adore l'image d'Eve gambadant sans vertugadin, la petite friponne ! :
Chic ! j'apprends un mot nouveau ( pour moi ) : boulingrin
Un boulingrin désigne un ornement végétal qui se présente sous la forme d'un parterre gazonné en creux, parfois entouré d'une bordure. me dit WIKI jamais à court d'idées !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
C'est étonnant que tu n'aies jamais entendu parler des boulingrins àè-è\':
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
c'est tout simplement l'emplacement dans un jardin, sur une terrasse réservé au JEU DE BOULES ; l'ancêtre de la pétanque, ou du bowling comme l'appelle nos amis d'outre manche..... on fait la différence avec la taille et la matière des boules !!!!!
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
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Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Le titre de ce sujet m'a tout de suite fait penser à ces propos de Louis XVI montant en voiture, ce 6 octobre 1789 (il est midi passé d'une demi heure) adressé au comte de Gouvernet, fils du ministre de la Guerre (Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet , celui-là même qui déposa en faveur de Marie-Antoinette lors de Son "procès" devant Fouquier-Tinville) :
"Vous restez maître ici. Tâchez de me sauver mon pauvre Versailles."
Le soir du 6 octobre, le château est désert .
Mme de Gouvernet est restée sur place :
Une affreuse solitude régnait déjà à Versailles. On n'entendait d'autre bruit dans le Château que celui des portes, des volets, des contrevents que l'on fermait et qui ne l'avaient plus été depuis Louis XIV. Mon mari disposait toutes choses pour la défense du Château, persuadé que, la nuit venue, les figures étrangères et sinistres que l'on voyait errer dans les rues et dans les cours, jusque là encore ouvertes, se réuniraient pour livrer le Château au pillage .
Est-ce que cette Mme de Gouvernet est Henriette Lucy Dillon (1770-1853),
bien connue sous le nom de marquise de La Tour du Pin, épouse de Frédéric-Séraphin, comte de Gouvernet puis marquis de la Tour du Pin ?
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Le comte d'Hézècques fait un petit pélerinage dans Versailles déserté, peu après les événements d'octobre.
Il nous laisse lui aussi son témoignage :
Peu de jours après le 5 octobre, en allant reconnaître le désordre de cette journée, je trouvai les portes laissées ouvertes dans le trouble, et je parcourus ce labyrinthe de passages inconnus, dont plusieurs étaient matelassés ; je pénétrai ainsi dans une foule de petits appartements dépendant de celui de la reine et dont je ne soupçonnais pas même l’existence. La plupart étaient sombres, n’ayant de jour que sur de petites cours. Ils étaient simplement meublés, presque tous en glaces et boiseries. Je n’y vis de remarquable qu’un beau tableau de madame Lebrun ; c’était M. le dauphin, accompagné de sa sœur, donnant une grappe de raisin à une chèvre.
Il nous laisse lui aussi son témoignage :
Peu de jours après le 5 octobre, en allant reconnaître le désordre de cette journée, je trouvai les portes laissées ouvertes dans le trouble, et je parcourus ce labyrinthe de passages inconnus, dont plusieurs étaient matelassés ; je pénétrai ainsi dans une foule de petits appartements dépendant de celui de la reine et dont je ne soupçonnais pas même l’existence. La plupart étaient sombres, n’ayant de jour que sur de petites cours. Ils étaient simplement meublés, presque tous en glaces et boiseries. Je n’y vis de remarquable qu’un beau tableau de madame Lebrun ; c’était M. le dauphin, accompagné de sa sœur, donnant une grappe de raisin à une chèvre.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Absolument...Mme de Sabran a écrit:
Est-ce que cette Mme de Gouvernet est Henriette Lucy Dillon (1770-1853), bien connue sous le nom de marquise de La Tour du Pin, épouse de Frédéric-Séraphin, comte de Gouvernet puis marquis de la Tour du Pin ?
Mme de Sabran a écrit:Le comte d'Hézècques fait un petit pélerinage dans Versailles déserté, peu après les événements d'octobre.
Il nous laisse lui aussi son témoignage :
(...)Je n’y vis de remarquable qu’un beau tableau de madame Lebrun ; c’était M. le dauphin, accompagné de sa sœur, donnant une grappe de raisin à une chèvre.
Ah !?
Soit ce tableau nous est inconnu, soit Hez' se trompe de peintre et donc de sujet s'il évoque ce tableau :
François-Hubert Drouais
Le comte d'Artois enfant (futur roi Charles X) et sa soeur Marie-Clotilde-Xavière
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Et une botte d'haricots verts, pas une grappe de raisin...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Oui, en effet, comme tu dis !
Ou bien peut-être le comte d'Hézèques écrit-il si longtemps après que sa mémoire lui joue des tours ?
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Le témoignage de Mme de Gouvernet est très "sensitif" : on n'entend plus dans le château que le bruit des portes, des volets et des contrevents que l'on ferme ... comme dans un château hanté .
Quant au comte d'Hézèques, il a du confondre le tableau de Drouais avec celui de Madame Royale et Louis-Charles par Mme Vigée-Lebrun :
Quant au comte d'Hézèques, il a du confondre le tableau de Drouais avec celui de Madame Royale et Louis-Charles par Mme Vigée-Lebrun :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Mais il n'y a pas de chèvre sur celui-ci...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
... non plus que de grappe de raisin !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Après l'avoir été une première fois de juin à août 1791, le Château est mis sous scellés en août 1792. Le concierge Boucheman est alors chargé de dresser la liste des occupants : il en dénombre soixante dix qui sont expulsés ( soixante dix, seulement, dans ce dédale d'appartements immenses ?!! Eh bien, ils ne devaient pas se sentir trop à l'étroit ! ) Le décret décidant la vente du mobilier royal est pris en juin 1793 ( ... du vivant du roi ! Cela ne traîne pas . ) La vente se déroule d'août 1793 à août 1794.
A partir de l'automne 1792, les emblêmes royaux, peints et sculptés, sont l'objet d'une campagne de destruction systématique. En vertu d'un arrêté pris par le directoire du district de Versailles en août 1794, la grille royale est détruite, la cour royale est dépavée, la cour de Marbre perd aussi son précieux sol .
En 1793, réfugié à Versailles où il séjourne dans la clandestinité, le poète André Chénier compose les fameux vers
Ô Versailles, ô bois, ô portiques,
Marbres vivants, berceaux antiques,
Par les dieux et les rois Elysée embelli,
Tout a fui ; des grandeurs tu n’es plus le séjour ...
Alexandre Maral ( Les Carnets de Versailles )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Et les Arts, et l'Etude, composent aujourd'hui ta Cour...
Ado, je l’avais appris par cœur pour me le réciter dans les allées de Versailles
Ado, je l’avais appris par cœur pour me le réciter dans les allées de Versailles
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Cher Momo, que c'est romantique !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
Je pense qu'il s'agit vraiment d'un tableau perdu de Vigée-Lebrun , je ne vois pas pourquoi la reine aurait conservé une toile montrant son beau-frère et sa belle-soeur enfants , et de plus dans le tableau de Drouais Artois et Mme Clotilde ne donnent pas de grappe de raisin à la chèvre.
Ce témoignage du comte d'Hézèques est intéressant , notamment sur le fait que les couloirs secondaires de ces petites pièces étaient matelassés , probablement pour étouffer les bruits des passages des personnes , ces lieux simplement cloisonnés devant être très mal insonorisés et isolés.
Ce témoignage du comte d'Hézèques est intéressant , notamment sur le fait que les couloirs secondaires de ces petites pièces étaient matelassés , probablement pour étouffer les bruits des passages des personnes , ces lieux simplement cloisonnés devant être très mal insonorisés et isolés.
hastur- Messages : 541
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: L'après Louis XVI et Marie-Antoinette, à Versailles
La famille royale vit désormais aux Tuileries.
Madame Elisabeth se rend souvent à Saint-Cyr ce qui lui permet de contempler, de loin, Versailles déserté .
Elle écrit à Angélique de Bombelles :
Ce 10 décembre 1790.
Nous nous portons tous bien. Je vais galoper ce matin. Je ne le dirai qu'à toi, mais l'autre jour je me suis approchée de Versailles, et j'ai senti une grande déplaisance de ne pouvoir pas y entrer. Qu'ils sont donc bêtes de ne nous avoir pas tenus prisonniers chez eux ! Geôlier pour geôlier, au moins la prison auroit été plus agréable; mais, adieu, je t'embrasse de tout mon cœur.
... et à Mme de Raigecourt, le même jour :
J'ai été ce matin à Saint-Cyr; on s'y porte fort bien ( ... ) . Je ne suis revenue qu'à quatre heures et demie. J'ai passé par le haut du parc de Versailles. Il faut convenir que c'est un bien beau lieu, et que, malgré la crotte indigne qu'il y a, il seroit bien heureux de pouvoir y être encore.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
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