Goethe, Le Grand Copthe, ou l'Affaire du Collier
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Goethe, Le Grand Copthe, ou l'Affaire du Collier
Comte d'Hézècques a écrit:
Plus tard, quand Marie-Antoinette fut au plus bas de sa popularité après l’affaire du collier, Goethe sera le premier à transformer cette affaire dans une œuvre littéraire qui s’intitulera : Der Groß-Cophta (Le Grand Copthe), une comédie qu’il rédigera pendant l’été de 1791 et qui sera jouée en décembre de la même année au théâtre de la cour ducale de Weimar. En 1792 paraîtra la version imprimée qui est toujours disponible en allemand aux éditions Reclam (jamais traduite si je ne me trompe pas) :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1103-goethe-et-marie-antoinette#67056
Si si, mon cher Félix !
Jacques Porchat a traduit Le Grand Copthe .
Voici un tout petit aperçu, histoire de nous donner l'envie de lire toute la pièce ! :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!:
PERSONNAGES.
... que je n'ai pas besoin de vous présenter ... :
Le chanoine, le comte, le chevalier, le marquis, la marquise, leur nièce .
Le commandant de la garde suisse, Saint-Jean, domestique du chanoine, Lafleur, domestique du marquis, Jack, jockey de la marquise. Société d'hommes et de dames, deux bijoutiers de la Cour, jeunes gens, enfants ...
Une femme de chambre, six soldats suisses, domestiques .
Goethe a écrit cette pièce en prose.
L’affaire du collier et les jongleries de Cagliostro (ici le comte Rostro) en forment le sujet.
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Grand_Cophte
LE GRAND COPHTE.
ACTE PREMIER.
Le théâtre représente une salle éclairée : au fond, une table, autour de laquelle soupe une société de douze à quinze personnes. Le chanoine est placé à droite ; à côté de lui, en arrière, la Marquise ; puis divers convives ; le dernier, à gauche, est le Chevalier. Le dessert est servi et les domestiques se retirent. Le chanoine se lève de table, et va et vient sur l’avant-scène d un air pensif. La société parait s’entretenir de lui. Enfin la Marquise se lève de table et s’approche du Chanoine. L’ouverture, qui a continué jusqu’à ce moment, cesse alors et le dialogue commence.
;
LA MARQUISE.
Est-il permis d’être si préoccupé, de fuir la bonne compagnie, de troubler le plaisir de ses amis dans ces heures d’intimité ? Croyez-vous que nous puissions avoir goût au badinage et à la bonne chère, quand notre hôte quitte la table, qu’il a si obligeamment préprré ; ? Toute la soirée, vous n’avez déjà semblé présent que de corps. Vers la fin du souper, les domestiques une fois retirés, nous espérions encore vous voir ouvert et serein ; et vous sortez de table, vous nous quittez, et vous promenez ici tout pensif, à l’autre bout de la salle, comme s’il n’y avait rien auprès de vous qui pût vous occuper et vous plaire.
LE CHANOINE.
Vous demandez ce qui me préoccupe ? Marquise, ma situation vous est connue…. Serait-ce étonnant que je perdisse la présence d’esprit ? Est-il possible que l’esprit, que le cœur d’un homme reçoive plus d’assauts divers que le mien ? De quel tempérament faut-il que je sois pour ne pas y succomber ? Vous savez ce qui me met hors de moi-même, et vous me le demandez !
LA MARQUISE.
En vérité, je ne vois pas cela si clairement. Tout va cependant comme vous pouvez le désirer.
LE CHANOINE.
Et cette attente ! cette incertitude !
LA MARQUISE.
Vous n’aurez à la supporter que peu de jours…. Le comte, notre grand instituteur et maître, n’a-t-il pas promis de nous faire pénétrer tous, et vous particulièrement, plus avant dans ces mystères ? N’a-t-il pas promis d’apaiser la soif de la science secrète qui nous tourmente tous, et de satisfaire chacun de nous selon sa mesure ? Et pouvons-nous douter qu’il tienne sa parole ?
LE CHANOINE.
Bien ! il l’a promis…. Mais n’a-t-il pas défendu en même temps toutes les réunions comme celle-ci, que nous risquons aujourd’hui à son insu ? Ne nous a-t-il pas commandé le jeûne, la retraite, l’abstinence, l’exacte récapitulation et la méditation silencieuse des préceptes qu’il nous a déjà communiqués ?… Et je suis assez imprudent pour assembler secrètement dans ce pavillon une société joyeuse ; pour consacrer au plaisir cette nuit, dans laquelle je dois me préparer à une grande et sainte apparition !… Ma conscience suffit pour me troubler, quand même il n’en apprendrait rien. Et quand je viens à songer que ses esprits lui rapportent tout sans faute ; qu’il est peut-être en chemin pour nous surprendre…. qui pourra tenir devant sa colère ?… De honte, j’en serais atterré…. À chaque moment…. il me semble l’entendre, entendre le pas d’un cheval, le roulement d’une voiture. (Il court à la porte.)
LA MARQUISE, à part.
Ô comte, tu es un fripon inimitable ! tu es un maître affronteur ! Je t’observe sans cesse, et chaque jour je m’instruis avec toi. Comme il sait mettre à profit, comme il sait enflammer la passion de ce jeune homme ! comme il s’est emparé de toute son âme et le domine absolument ! Nous verrons si notre imitation réussira. (Le Chanoine revient.) Soyez sans inquiétude : le comte sait beaucoup de choses, mais il n’a pas la toute-science, et il n’apprendra pas cette fête…. Il y a quinze jours que je ne vous ai vu, que je n’ai vu nos amis ; pendant quinze jours, je me suis tenue cachée dans une misérable maison des champs ; j’ai dù passer bien des heures d’ennui, uniquement pour être dans le voisinage de notre princesse adorée, pour lui faire parfois ma cour en secret, pendant quelques moments, et l’entretenir des intérêts d’un homme chéri. Aujourd’hui, je retourne à la ville, et vous avez été fort aimable de m’avoir préparé un souper, à moitié chemin, dans cette agréable maison de campagne ; d’être venu à ma rencontre, et d’avoir assemblé mes meilleurs amis pour me recevoir. Assurément, vous êtes digne des bonnes nouvelles que je vous apporte. Vous êtes un chaud et agréable ami. Vous êtes heureux ; vous serez heureux. Je souhaiterais seulement que vous jouissiez aussi de votre bonheur.
LE CHANOINE.
Cela viendra bientôt ! bientôt !
LA MARQUISE.
Venez, asseyez-vous. Le comte est absent, pour passer dans la solitude ses quarante jours de jeûne et se préparer au grand œuvre ; il n’apprendra pas notre réunion, pas plus que notre grand secret. (Avec mystère.) Si l’on venait à découvrir, avant le temps, que la princesse pardonne, que vraisemblablement le prince se laissera bientôt fléchir par une fille chérie, comme tout ce bel édifice pourrait aisément s’écrouler par les efforts de l’envie ! La princesse, qui connaît votre liaison avec le comte, m’a expressément ordonné de cacher à cet homme, qu’elle redoute, notre importante affaire.
LE CHANOINE.
Je dépends entièrement de sa volonté ; cet ordre pénible, je le respecterai aussi, bien que, j’en ai la conviction, la crainte de la princesse ne soit pas fondée. Ce grand homme nous aiderait plutôt que de nous nuire. Devant lui, toutes les conditions sont égales. Unir deux cœurs qui s’aiment est son occupation la plus agréable : « Mes élèves, a-t-il coutume de dire, sont des rois ; ils sont dignes de gouverner le monde et dignes de tous les bonheurs…. » Et si ses esprits l’avertissent, s’il voit que la défiance à son égard resserre nos cœurs, au moment qu’il nous ouvre les trésors de sa sagesse….
LA MARQUISE.
Tout ce que je puis dire, c’est que la princesse le demande expressément.
LE CHANOINE.
Soit ! je lui obéirai, quand même je devrais me perdre.
LA MARQUISE.
Et nous garderons aisément notre secret ; car nul ne peut soupçonner, même de loin, que la princesse vous est favorable.
LE CHANOINE.
En effet, chacun me croit en disgrâce, éloigné pour jamais de la cour. Les regards des personnes qui me rencontrent expriment la pitié et même le dédain. Je ne me soutiens que par une grande dépense, par le crédit de mes amis, par l’appui de quelques mécontents. Fasse le ciel que mes espérances ne soient pas trompeuses ! que ta promesse s’accomplisse !
LA MARQUISE.
Ma promesse ?… Ne parlez plus ainsi, mon cher ami. Jusqu’ici, c’était ma promesse ; mais, depuis ce soir, depuis que je vous ai apporté une lettre, n’ai-je pas mis avec elle dans vos mains les plus belles assurances ?
LE CHANOINE.
Je l’ai déjà baisée mille fois, cette lettre. (Il tire la hure de sa poche.) Laissez-moi la baiser mille fois encore ! Elle ne quittera pas mes lèvres, jusqu’au moment où ces lèvres brûlantes pourront s’attacher à sa belle main, à cette main qui me ravit d’une manière inexprimable, en m’assurant à jamais de mon bonheur.
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Mme de Sabran- Messages : 55305
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Localisation : l'Ouest sauvage
Goethe et la famille de Cagliostro
Goethe et la famille de Cagliostro
https://archive.org/details/tudessurlallema02chasgoog/page/n426/mode/2up
Vous pouvez lire aussi tout de qui concerne Goethe, dans ce livre à partir de la page 337, qui est le type d'homme nouveau issu des decombres des Lumières et formé à travers les illuminés, cabalistes et autres ésotériques, issu de la violence et des guerres revolutionnaires. sans parler du retour aux chevalieries et sources dont le sensualisme de XVIe Siècle.
Un type nouveau d'européen qu'avait soupçonné Madame de Stael (au grand dam de Napoléon).
On le disait le Voltaire de son époque.
Il a laissé des Mémoires
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k69370c/f207.item
p 135: il est à Strasbourg au moment ou Marie-Antoinette passe à la France. Il fait la visite du dispositif mis en place à Strasbourg;.
charenton- Messages : 1147
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Re: Goethe, Le Grand Copthe, ou l'Affaire du Collier
J'ai déplacé votre message ici, Charenton, puisque le Grand Copte de Goethe n'est autre que Cagliostro.
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