L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Sa famille autrichienne
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Le tournant des années 1770 demeure une énigme. Les sources françaises nous renvoient très peu de choses à l'exception de la correspondance de l'impératrice avec Marie-Antoinette où il est parfois question de Marie-Anne.
Les deux sœurs entretenaient elles aussi une correspondance à part, car Marie-Antoinette renseigne sa mère à plusieurs reprises des missives de sa soeur. Toutefois, nous n'avons connaissance d'aucune lettre des deux archiduchesses. Elles ont sans doute été détruites ou perdues depuis longtemps, à moins que les lettres de Marie-Antoinette à sa soeur ainée soient encore conservées dans des collections publiques ou privées, en Autriche, en Allemagne, ou ailleurs... Ce n'est pas impossible.
Pour ce qui traite spécifiquement de la correspondance simultanée entre Marie-Therese et Marie-Antoinette, quelques détails concernent la princesse malade.
Car Marie-Anne l'est très souvent, causant de vives angoisses au sein de son entourage. Son peu de santé reste le problème récurrent de sa vie, il en restera ainsi jusqu'à la fin.
Le 1er novembre 1770 Marie-Thérèse confie à la dauphine de France :
"La Marie-Anne est entièrement remise de sa fièvre et s'en porte mieux que ci-devant. Elle va à toutes les chasses et promenades, hors dans le théâtre".
Ce ne sera qu'une rémission... Trois ans plus tard, Marie-Antoinette déclare :
"J'ai été pénétrée de l'amitié de ma sœur Marianne, qui malgré sa maladie, m'a écrit par ce courrier. Heureusement, cette vilaine maladie ne paraît pas de nature à revenir."
Quelques jours plus tard, l'impératrice dissuade la dauphine de cet optimisme prématuré :
"La Marianne va mieux, mais à bien de la peine à se refaire. Le temps étant si beau comme au mois de mai, j'espère que cela lui fera de bien que tous les remèdes."
Les années passent, la benjamine des archiduchesses devient reine de France, tandis que l'ainée se débat toujours dans les affres de ses maux..
Le 14 mai 1780, Marie-Antoinette écrit a Marie-Thérèse :
"La santé de Marianne m'inquiète. Il me semble qu'elle a beaucoup plus souffert cette année que les autres."
Fait du hasard, la dernière lettre de l'impératrice, datée du 3 novembre 1780, renferme des nouvelles de Marie-Anne. Pourtant, Marie-Thérèse, elle aussi très malade, ne peut s'empêcher avec commisération de penser au calvaire incurable de sa fille :
"Je suis inquiète pour Marie-Anne, qui est tourmentée par une dureté à l'estomac, causée par sa terrible conformation, ce qui lui fait rendre tout ce qu'elle mange, sans effort, mais à la longue, cela ne saurait se soutenir. Elle a pris un rhume, ce qui l'incommode beaucoup. Au premier accident à l'estomac, il n'y à rien a faire, causant d'une cause pareille. Je la vois souffrir avec peine, et son courage que vous lui connaissez commence presque à l'abandonner."
Marie-Thérèse d'Autriche expira le 29 novembre 1780. Elle était morte dans les bras de son fils Joseph II, elle n'avait pas voulu que ses filles la voient dans ses ultimes moments.
Sortant de son marasme, la reine de France écrivit à l'empereur, le 10 décembre, en lui demandant de prendre soin de ses soeurs restées en Autriche, les archiduchesses Marie-Anne, Marie-Christine et Marie-Elisabeth :
"Il ne me reste qu'à vous recommander mes sœurs. Elles ont encore plus perdu que moi. Elles seraient bien malheureuses."
Pour Marie-Anne, comme pour tous les Habsbourg, une page de sa vie se tournait. À quarante-deux ans, éternellement souffrante, mais non résignée, elle allait faire fi des difficultés, imposer ses volontés à Vienne, et éclairer au grand jour là véritable nature de ses qualités de maitresse-femme.
A suivre.
Les deux sœurs entretenaient elles aussi une correspondance à part, car Marie-Antoinette renseigne sa mère à plusieurs reprises des missives de sa soeur. Toutefois, nous n'avons connaissance d'aucune lettre des deux archiduchesses. Elles ont sans doute été détruites ou perdues depuis longtemps, à moins que les lettres de Marie-Antoinette à sa soeur ainée soient encore conservées dans des collections publiques ou privées, en Autriche, en Allemagne, ou ailleurs... Ce n'est pas impossible.
Pour ce qui traite spécifiquement de la correspondance simultanée entre Marie-Therese et Marie-Antoinette, quelques détails concernent la princesse malade.
Car Marie-Anne l'est très souvent, causant de vives angoisses au sein de son entourage. Son peu de santé reste le problème récurrent de sa vie, il en restera ainsi jusqu'à la fin.
Le 1er novembre 1770 Marie-Thérèse confie à la dauphine de France :
"La Marie-Anne est entièrement remise de sa fièvre et s'en porte mieux que ci-devant. Elle va à toutes les chasses et promenades, hors dans le théâtre".
Ce ne sera qu'une rémission... Trois ans plus tard, Marie-Antoinette déclare :
"J'ai été pénétrée de l'amitié de ma sœur Marianne, qui malgré sa maladie, m'a écrit par ce courrier. Heureusement, cette vilaine maladie ne paraît pas de nature à revenir."
Quelques jours plus tard, l'impératrice dissuade la dauphine de cet optimisme prématuré :
"La Marianne va mieux, mais à bien de la peine à se refaire. Le temps étant si beau comme au mois de mai, j'espère que cela lui fera de bien que tous les remèdes."
Les années passent, la benjamine des archiduchesses devient reine de France, tandis que l'ainée se débat toujours dans les affres de ses maux..
Le 14 mai 1780, Marie-Antoinette écrit a Marie-Thérèse :
"La santé de Marianne m'inquiète. Il me semble qu'elle a beaucoup plus souffert cette année que les autres."
Fait du hasard, la dernière lettre de l'impératrice, datée du 3 novembre 1780, renferme des nouvelles de Marie-Anne. Pourtant, Marie-Thérèse, elle aussi très malade, ne peut s'empêcher avec commisération de penser au calvaire incurable de sa fille :
"Je suis inquiète pour Marie-Anne, qui est tourmentée par une dureté à l'estomac, causée par sa terrible conformation, ce qui lui fait rendre tout ce qu'elle mange, sans effort, mais à la longue, cela ne saurait se soutenir. Elle a pris un rhume, ce qui l'incommode beaucoup. Au premier accident à l'estomac, il n'y à rien a faire, causant d'une cause pareille. Je la vois souffrir avec peine, et son courage que vous lui connaissez commence presque à l'abandonner."
Marie-Thérèse d'Autriche expira le 29 novembre 1780. Elle était morte dans les bras de son fils Joseph II, elle n'avait pas voulu que ses filles la voient dans ses ultimes moments.
Sortant de son marasme, la reine de France écrivit à l'empereur, le 10 décembre, en lui demandant de prendre soin de ses soeurs restées en Autriche, les archiduchesses Marie-Anne, Marie-Christine et Marie-Elisabeth :
"Il ne me reste qu'à vous recommander mes sœurs. Elles ont encore plus perdu que moi. Elles seraient bien malheureuses."
Pour Marie-Anne, comme pour tous les Habsbourg, une page de sa vie se tournait. À quarante-deux ans, éternellement souffrante, mais non résignée, elle allait faire fi des difficultés, imposer ses volontés à Vienne, et éclairer au grand jour là véritable nature de ses qualités de maitresse-femme.
A suivre.
Dominique Poulin- Messages : 6994
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
C'est curieux cette façon de Marie-Thérèse d'écrire " la Untelle " !
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Mme de Sabran- Messages : 55400
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
C'est vrai, Eléonore, mais il n'y avait pas d'aigreur je pense dans l'expression de l'impératrice. Elle appelait aussi ses enfants, son "poulailler".
Dominique Poulin- Messages : 6994
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Je trouve le mot "poulailler" attendrissant et drôle. Prouvant que l'Impératrice savait qu'Elle avait bien TRAVAILLE pour son pays. Qui dit mieux ? Je ne suis pas sûre que cela existe encore de nos jours.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Dominique Poulin a écrit: Marie-Anne manifesta très jeune des capacités de compréhension et d'éveil étonnantes, se piquant de curiosité dans de multiples domaines. L'archiduchesse se passionna pour les sciences exactes et les sciences naturelles, chimie, physique, botanique, minéralogie. Elle se constitua des collections importantes d'insectes et de minéraux, se spécialisent par ailleurs pour la numismatique.
En effet, à la Conciergerie , l'un d'entre nous écrivait antan :
Kiki a écrit:
Souffrant de voir ses frères et sœurs jouir de plus d'attentions qu'elle, elle essayait toujours de se faire remarquer. Son comportement orgueilleux et sa jalousie vis-à-vis de son entourage faisaient qu'elle n'était pas particulièrement appréciée (c'est flagrant quand on lit la correspondance d'Isabelle de Parme avec Marie-Christine, les deux belles-sœurs très/trop liées ne la portaient pas dans leur cœur).
Elle se sentait surtout attirée par son père avec qui elle partageait un intérêt pour les sciences naturelles - en particulier pour la minéralogie et la numismatique. En outre, tout comme son père, elle dessinait bien et était très douée pour le théâtre. Ses ambitions artistiques - qui la portaient vers le dessin, l'aquarelle, la gravure - se virent confortées par son admission en 1767 à l'Académie de gravure sur cuivre de Vienne, tout juste créée, et deux ans plus tard à l'Académie grand-ducale des arts de Florence.
Avec son professeur Ignaz von Born, un savant réputé, qui l'introduisit dans le cercle des francs-maçons (dites donc, il semble que Marie-Antoinette était fortement entourée de francs-maçons, j'avais lu ailleurs que c'était le cas pour son père, Joseph, Léopold, Maximilien, Marie-Caroline...), elle se constitua une collection de minéraux qui se trouve aujourd'hui au museum d'histoire naturelle de Vienne. Le magnifique ouvrage qu'elle a rédigé sur les médailles de l'époque thérésienne se trouve actuellement au cabinet des monnaies du musée des Beaux-Arts.
Demeurée célibataire et pourvue depuis 1766 du titre d'abbesse de l'abbaye des nobles demoiselles de Prague, elle vécut jusqu'à la mort de sa mère à la cour de Vienne. Eloignée de la cour, en 1781 par son frère Joseph II (sympa le frérot!), elle vécut alors jusqu'à sa mort à Klagenfurt, à proximité du couvent Sainte-Élisabeth, où elle anima un cercle scientifique et artistique.
Elle avait probablement un sale caractère mais ce devait être une sacrée tronche!
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Mme de Sabran- Messages : 55400
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Suite et Fin de ma présentation biographique sur l'archiduchesse Marie-Amélie :
La mort de Marie-Thérèse modifia radicalement la vie de sa fille. Très vite, Joseph II lui fit entendre que sa présence à la Cour n'était plus désirée en lui conseillant de regagner son abbaye de Prague. C'était un ordre, Marie-Anne connaissait assez son frère pour mésestimer sa décision.
Beaucoup d'historiens ont accusé l'empereur de mysoginie. C'est peut-être excessif, à travers le contexte de l'époque, mais il est indubitablement vrai que Joseph II ne possédait aucun tact avec les femmes. Il était souvent bourru et arrogant à leur égard, voire méprisant. L'omniprésence et le charisme de sa mère cristallisa chez lui une peur inconsciente de la gent féminine. Sa première femme, Isabelle de Parme, bien que sincèrement aimée, souffrit de sa froideur et de son incapacité à exprimer ses sentiments. Quant à sa deuxième épouse, Josepha de Bavière, il l'ignora imperialement
L'avènement de Joseph II n'affecta pas uniquement Marie-Anne. Sa sœur, Marie-Elisabeth, demeurée elle aussi célibataire, fut priée de rejoindre son abbaye d'Innsbruck, tout comme d'autre dames de la Cour qui s'empresserent de déserter les palais impériaux.
En théorie, la raison aurait dû conduire la soeur ainée de l'empereur à s'installer dans son couvent des dames nobles de Prague. Or, Marie-Anne exprima un tout autre désir. La petite cité de Klagenfurt l'attirait irrésistiblement. Elle avait visité la ville et son couvent quinze ans plus tôt, lors du voyage qui avait conduit la Cour à Innsbruck, pour le mariage de l'archiduc Leopold. Klagenfurt resta gravé dans sa mémoire, et on peut s'interroger, mais sans affirmation, si l'archiduchesse n'avait pas exprimé son souhait à sa mère quelques années plus tôt, à moins qu'elle ne l'eut fait sur son lit de mort. Ce n'est cependant qu'une hypothèse.
Toujours est-il que dès 1782, Marie-Anne fit de Klagenfurt, son lieu de résidence quasi-permanent, et pour longtemps. Ses habitants louerent sa bonté, ses largesses, ses charités, surtout pour les pauvres. Elle ne supplanta pas la supérieure du couvent dans ses fonctions, Xaveria Gasser, mais s'en fit une amie dévouée. C'est au sein du monastère de Xaveria Gasser, que l'archiduchesse occupa un appartement.
La présence assidue d'une archiduchesse à Klagenfurt, marqua profondément la ville, Marie-Anne, contribuant grâce à sa fortune, au développement de la ville. Des mesures, découlent directement de son influence, comme la reconstruction de l'hôpital. La princesse, encouragea et parfois en puisant dans sa cassette, des actions culturelles et phylantropiques. Toujours avide de nouvelles connaissances, elle soutint un programme de fouilles archéologiques.
Pourtant, réputée ouverte aux idées nouvelles et d'esprit libéral, proche des milieux intellectuels et scientifiques, les initiatives de Marie-Anne achopperent devant le centralisme de la monarchie bicephale. Joseph II, malgré ses ambitions pour ses peuples, était très jaloux de son autorité. Les philosophes, les hommes de sciences et de progrès avaient alors commencé à se regrouper au sein de loges maçonniques et la soeur de l'empereur avait montré des signes d'acquiescement à leurs créations. L'un des dirigeants les plus en vue des loges Viennoises, Ignace de Born, comptait parmi les protégés de l'archiduchesse. Outre-Rhin, Ignace de Born, représentait une sommité dans le monde des savants, grâce à ses travaux de minéralogie et de géologie, deux disciplines que Marie-Anne affectionnait particulièrement. Cependant, le développement croissant de la franc-maçonnerie, ne devait pas tarder à inquiéter le pouvoir impérial, et au bout de quelques années, de sévères mesures coercitives alienerent les loges notamment avec des ordres de fusion, afin de limiter leur influence, et leur surveillance fut renforcée. A la fin du règne de Joseph II, les loges étaient entrées dans un relatif déclin, malgré le soutien de Marie-Anne.
A Klagenfurt, l'archiduchesse-abbesse, vivait de plus en plus retirée. Avec l'âge, sa santé précaire se deteriora rapidement et la chaise roulante limita ses déplacements. L'ainée des princesses impériales, mourut le 19 novembre 1789, à cinquante et un ans. En France, Marie-Antoinette mandait à Mercy-Argenteau, "de remercier M. d'Ezenberg de l'exactitude avec laquelle il lui a écrit et donné des nouvelles jusqu'à la fin de sa malheureuse soeur."
Deux siècles plus tard, et bien malgré elle, le souvenir de la bienfaitrice de Klagenfurt reparut sous les feux de l'actualité moderne. En témoignage de reconnaissance, Marie-Anne avait légué à son couvent, tous ses objets personnels demeurés sur place. Parmi eux, un chapelet précieux ornés de médaillons, contenait les cheveux de tous les enfants de la feue impératrice. Mr Philippe Delorme, à la recherche de la résolution de l'énigme Louis XVII, obtint afin de faire aboutir ses investigations, de procéder au prélèvement ADN des cheveux des archiduchesses Jeanne-Gabrielle et Marie-Josephe. Leurs correspondances avec le coeur du petit roi prouva la filiation formelle avec les soeurs de Marie-Anne et de Marie-Antoinette, et pour le moins, l'élimination de la thèse Naundorff.
Au-delà de la mort, c'est l'ultime réminiscence, de l'abbesse du chapitre des dames nobles de Prague, puis de la recluse de Klagenfurt, et pour l'ensemble de ces travaux présentés sur ce forum, l'état sommaire et global de nos connaissances en France.
La mort de Marie-Thérèse modifia radicalement la vie de sa fille. Très vite, Joseph II lui fit entendre que sa présence à la Cour n'était plus désirée en lui conseillant de regagner son abbaye de Prague. C'était un ordre, Marie-Anne connaissait assez son frère pour mésestimer sa décision.
Beaucoup d'historiens ont accusé l'empereur de mysoginie. C'est peut-être excessif, à travers le contexte de l'époque, mais il est indubitablement vrai que Joseph II ne possédait aucun tact avec les femmes. Il était souvent bourru et arrogant à leur égard, voire méprisant. L'omniprésence et le charisme de sa mère cristallisa chez lui une peur inconsciente de la gent féminine. Sa première femme, Isabelle de Parme, bien que sincèrement aimée, souffrit de sa froideur et de son incapacité à exprimer ses sentiments. Quant à sa deuxième épouse, Josepha de Bavière, il l'ignora imperialement
L'avènement de Joseph II n'affecta pas uniquement Marie-Anne. Sa sœur, Marie-Elisabeth, demeurée elle aussi célibataire, fut priée de rejoindre son abbaye d'Innsbruck, tout comme d'autre dames de la Cour qui s'empresserent de déserter les palais impériaux.
En théorie, la raison aurait dû conduire la soeur ainée de l'empereur à s'installer dans son couvent des dames nobles de Prague. Or, Marie-Anne exprima un tout autre désir. La petite cité de Klagenfurt l'attirait irrésistiblement. Elle avait visité la ville et son couvent quinze ans plus tôt, lors du voyage qui avait conduit la Cour à Innsbruck, pour le mariage de l'archiduc Leopold. Klagenfurt resta gravé dans sa mémoire, et on peut s'interroger, mais sans affirmation, si l'archiduchesse n'avait pas exprimé son souhait à sa mère quelques années plus tôt, à moins qu'elle ne l'eut fait sur son lit de mort. Ce n'est cependant qu'une hypothèse.
Toujours est-il que dès 1782, Marie-Anne fit de Klagenfurt, son lieu de résidence quasi-permanent, et pour longtemps. Ses habitants louerent sa bonté, ses largesses, ses charités, surtout pour les pauvres. Elle ne supplanta pas la supérieure du couvent dans ses fonctions, Xaveria Gasser, mais s'en fit une amie dévouée. C'est au sein du monastère de Xaveria Gasser, que l'archiduchesse occupa un appartement.
La présence assidue d'une archiduchesse à Klagenfurt, marqua profondément la ville, Marie-Anne, contribuant grâce à sa fortune, au développement de la ville. Des mesures, découlent directement de son influence, comme la reconstruction de l'hôpital. La princesse, encouragea et parfois en puisant dans sa cassette, des actions culturelles et phylantropiques. Toujours avide de nouvelles connaissances, elle soutint un programme de fouilles archéologiques.
Pourtant, réputée ouverte aux idées nouvelles et d'esprit libéral, proche des milieux intellectuels et scientifiques, les initiatives de Marie-Anne achopperent devant le centralisme de la monarchie bicephale. Joseph II, malgré ses ambitions pour ses peuples, était très jaloux de son autorité. Les philosophes, les hommes de sciences et de progrès avaient alors commencé à se regrouper au sein de loges maçonniques et la soeur de l'empereur avait montré des signes d'acquiescement à leurs créations. L'un des dirigeants les plus en vue des loges Viennoises, Ignace de Born, comptait parmi les protégés de l'archiduchesse. Outre-Rhin, Ignace de Born, représentait une sommité dans le monde des savants, grâce à ses travaux de minéralogie et de géologie, deux disciplines que Marie-Anne affectionnait particulièrement. Cependant, le développement croissant de la franc-maçonnerie, ne devait pas tarder à inquiéter le pouvoir impérial, et au bout de quelques années, de sévères mesures coercitives alienerent les loges notamment avec des ordres de fusion, afin de limiter leur influence, et leur surveillance fut renforcée. A la fin du règne de Joseph II, les loges étaient entrées dans un relatif déclin, malgré le soutien de Marie-Anne.
A Klagenfurt, l'archiduchesse-abbesse, vivait de plus en plus retirée. Avec l'âge, sa santé précaire se deteriora rapidement et la chaise roulante limita ses déplacements. L'ainée des princesses impériales, mourut le 19 novembre 1789, à cinquante et un ans. En France, Marie-Antoinette mandait à Mercy-Argenteau, "de remercier M. d'Ezenberg de l'exactitude avec laquelle il lui a écrit et donné des nouvelles jusqu'à la fin de sa malheureuse soeur."
Deux siècles plus tard, et bien malgré elle, le souvenir de la bienfaitrice de Klagenfurt reparut sous les feux de l'actualité moderne. En témoignage de reconnaissance, Marie-Anne avait légué à son couvent, tous ses objets personnels demeurés sur place. Parmi eux, un chapelet précieux ornés de médaillons, contenait les cheveux de tous les enfants de la feue impératrice. Mr Philippe Delorme, à la recherche de la résolution de l'énigme Louis XVII, obtint afin de faire aboutir ses investigations, de procéder au prélèvement ADN des cheveux des archiduchesses Jeanne-Gabrielle et Marie-Josephe. Leurs correspondances avec le coeur du petit roi prouva la filiation formelle avec les soeurs de Marie-Anne et de Marie-Antoinette, et pour le moins, l'élimination de la thèse Naundorff.
Au-delà de la mort, c'est l'ultime réminiscence, de l'abbesse du chapitre des dames nobles de Prague, puis de la recluse de Klagenfurt, et pour l'ensemble de ces travaux présentés sur ce forum, l'état sommaire et global de nos connaissances en France.
Dominique Poulin- Messages : 6994
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Pour Marie-Anne, Prague n'aura donc pas eu ( loin s'en faut ) la séduction de Klagenfurt !
A jeter un oeil dans Google images, je trouve pourtant que ces deux cités ont un petit air de ressemblance .
Leos saurait nous dire si je me trompe, sans doute .
Merci, cher Dominique, pour cette courte mais précise biographie d'une archiduchesse beaucoup moins connue que ses soeurs . Nous la découvrons !
A jeter un oeil dans Google images, je trouve pourtant que ces deux cités ont un petit air de ressemblance .
Leos saurait nous dire si je me trompe, sans doute .
Merci, cher Dominique, pour cette courte mais précise biographie d'une archiduchesse beaucoup moins connue que ses soeurs . Nous la découvrons !
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Mme de Sabran- Messages : 55400
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Chers amis,
Les villes d'Europe centrale ont un caractère similaire.
Klagenfurt est entourée de hautes montagnes, contrairement à la ville de Prague.
Mais il est plus proche de Vienne, ce qui était sûrement pour Marianne satisfaction
Prague était certainement considéré comme un exilé
Aujourd'hui est, bien sûr, Prague couleur intéressante magique ..
Mais pour vivre ici en permanence à l'extérieur de la cour, l'archiduc et l'archiduchesse ne veulent pas ...
Leos
Les villes d'Europe centrale ont un caractère similaire.
Klagenfurt est entourée de hautes montagnes, contrairement à la ville de Prague.
Mais il est plus proche de Vienne, ce qui était sûrement pour Marianne satisfaction
Prague était certainement considéré comme un exilé
Aujourd'hui est, bien sûr, Prague couleur intéressante magique ..
Mais pour vivre ici en permanence à l'extérieur de la cour, l'archiduc et l'archiduchesse ne veulent pas ...
Leos
Leos- Messages : 794
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 54
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Leos a écrit:
Mais il est plus proche de Vienne, ce qui était sûrement pour Marianne satisfaction
Ah ! voilà certainement un bon argument pour cette préférence !
Merci, cher Leos !
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Mme de Sabran- Messages : 55400
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Klagenfurt est presque aussi éloignée géographiquement de Vienne que Prague.
Mais c'est une ville autrichienne, alors que Prague est la capitale de la Couronne tchèque /Boheme/
La ville au nord ..
La ville pour elle inconnue ..
Sa mère Marie Therése se rendit à Prague comme une petite fille, accompagnée de ses parents en 1721, puis lors de leur célèbre couronnement en 1723, elle assista à un grand triomphe des parents, puis en 1732, puis au couronnement de 1743 puis à sejourner ici en 1754.
Elle avait probablement une relation personnelle, plus proche de la ville
J'ai lu quelque part dans la biographie qu'petit Anne l'accompagnait au couronnement de 1743, mais je n'ai rien lu de tel dans les sources / wiener diarum/.
Leos
Mais c'est une ville autrichienne, alors que Prague est la capitale de la Couronne tchèque /Boheme/
La ville au nord ..
La ville pour elle inconnue ..
Sa mère Marie Therése se rendit à Prague comme une petite fille, accompagnée de ses parents en 1721, puis lors de leur célèbre couronnement en 1723, elle assista à un grand triomphe des parents, puis en 1732, puis au couronnement de 1743 puis à sejourner ici en 1754.
Elle avait probablement une relation personnelle, plus proche de la ville
J'ai lu quelque part dans la biographie qu'petit Anne l'accompagnait au couronnement de 1743, mais je n'ai rien lu de tel dans les sources / wiener diarum/.
Leos
Leos- Messages : 794
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 54
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
https://en.wikipedia.org/wiki/Aurorazhdarcho
Il paraît que Marianne possédait le premier exemplaire connu d'un ptérodactyle fossile, le "pester".
Je me demande quelle sorte d'association mentale aurait-elle pu faire à la comtemplation de l'énorme dragon en pierre de la célèbre fontaine à Klagenfurt, qui date du XVIe siècle, le "lindwurn", qui en reste encore l'emblême de la ville, dont l'une des hypothèses expliquait la toponymie relevant de " forteresse aux laments" â savoir, les sons de ces bêtes qui pourraient être écoutés très anciennement dans ces parages marécageux.
Donc, la princesse avait, comme Daenerys Targarien, ses dragons
Bien entendu, il faut préciser que le specimen a été identifié et catalogué comme un reptile volant quelque 50 ans après et que, du vivant de Marie Anne, son menteur Ignaz von Born l'avait pris pour un "crustacé décapode", ce qui répond aux rêveries de l'imagination posées ci-dessus mais déprive très probablement la collectionneuse du plaisir de la possession consciente d'une telle merveille.
Il paraît que Marianne possédait le premier exemplaire connu d'un ptérodactyle fossile, le "pester".
Je me demande quelle sorte d'association mentale aurait-elle pu faire à la comtemplation de l'énorme dragon en pierre de la célèbre fontaine à Klagenfurt, qui date du XVIe siècle, le "lindwurn", qui en reste encore l'emblême de la ville, dont l'une des hypothèses expliquait la toponymie relevant de " forteresse aux laments" â savoir, les sons de ces bêtes qui pourraient être écoutés très anciennement dans ces parages marécageux.
Donc, la princesse avait, comme Daenerys Targarien, ses dragons
Bien entendu, il faut préciser que le specimen a été identifié et catalogué comme un reptile volant quelque 50 ans après et que, du vivant de Marie Anne, son menteur Ignaz von Born l'avait pris pour un "crustacé décapode", ce qui répond aux rêveries de l'imagination posées ci-dessus mais déprive très probablement la collectionneuse du plaisir de la possession consciente d'une telle merveille.
Dernière édition par Alix le Lun 31 Juil 2023, 23:16, édité 3 fois
Alix- Messages : 79
Date d'inscription : 13/05/2022
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Mme de Sabran a écrit:C'est curieux cette façon de Marie-Thérèse d'écrire " la Untelle " !
C'est un germanisme que l'on entend encore aujourd'hui fréquemment en Lorraine. Le ou la Untel(le), demande au / à la Untel(le).
Gouverneur Morris- Messages : 11738
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Gouverneur Morris a écrit:Mme de Sabran a écrit:C'est curieux cette façon de Marie-Thérèse d'écrire " la Untelle " !
C'est un germanisme que l'on entend encore aujourd'hui fréquemment en Lorraine. Le ou la Untel(le), demande au / à la Untel(le).
En effet, en allemand et aussi en flamand on rajoute souvent dans la langue parlée un article défini devant le prénom d'une personne pour désigner son degré de familiarité avec la personne en question.
"Le Félix, c'est un homme tellement cool !"
A propos de la Marie-Anne, disposons-nous d'une iconographie de son faciès, ou rien du tout ?
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Oui, oui, comme on dit en Italie " la Magnani ", " la Mangano " ... etc ...
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Mme de Sabran- Messages : 55400
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Alix- Messages : 79
Date d'inscription : 13/05/2022
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Désolé, je n'ai pas pu traduire étant donné que dans lee texte on emploie plusieurs langues.
Dernière édition par Alix le Jeu 20 Juil 2023, 01:54, édité 1 fois
Alix- Messages : 79
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Marianne n'habitait pas dans le couvent. En fait, elle menait un type de vie plus semblable à une veuve riche et pieuse. Elle possédait un grand palais, devenu après le palais de l'archévêque ( d'après Vigée-Lebrun: "le palais de l'archiduchesse Marie Anne est énorme"). Elle se rendait aussi à Annabichl, une demeure délicieuse. Elle possédait un autre palais au centre de la ville. Xaveria Gasser n'était pas la supérieure du couvent des élisabethines à son arrivée, ce fut Marianne qui enleva l'antérieure et mit à sa place Gasser 6 jours exactement après son arrivée. À son Annabichl, l'archiduchesse recevait la crème des industriels, intellectuels, artistes, en salonnière. Plus elle y voyait tous les jours Franz Enzenberg, son obersthofmeister, de 9 ans son cadet, filleul de l'impératice Marie Thérèse et connu sous le nom "le beau Franzl", que lui avait donné sa marraine pour ses beaux traits et qui y fut placé casuellement après la mort de Marie-Thérèse, en 1781, exclusivement " pour éviter que la pieuse princesse ne s'adonne pas trop au retirement et à la fréquentation du couvent" sic.
Je me demande à quel point Klagenfurt fut choisi par ou pour Marianne. On connaît la romantique visite lors de la mort de son père en 1765 et qu'elle en aurait resté marquée et éprise mais on ne peut pas ignorer l'importance de la présence d'un membre de la famille impériale dans une province en plein essor industriel avec de nouvelles énormes fortunes liées à la maçonnerie et aux courants intellectuels les plus frais et innovateurs. Il faudrait bien une figure là.
Ce furent très probablement, malgré sa maladie, peut-être les années les plus heureuses de sa vie ( 1780-85). La reclusion, Ahh, ce fut avant ...
Je me demande à quel point Klagenfurt fut choisi par ou pour Marianne. On connaît la romantique visite lors de la mort de son père en 1765 et qu'elle en aurait resté marquée et éprise mais on ne peut pas ignorer l'importance de la présence d'un membre de la famille impériale dans une province en plein essor industriel avec de nouvelles énormes fortunes liées à la maçonnerie et aux courants intellectuels les plus frais et innovateurs. Il faudrait bien une figure là.
Ce furent très probablement, malgré sa maladie, peut-être les années les plus heureuses de sa vie ( 1780-85). La reclusion, Ahh, ce fut avant ...
Alix- Messages : 79
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Merci Alix pour ces nombreuses informations complémentaires !
Bischöfliche Residenz, Klagenfurt
Image : Commons wikimedia
Bischöfliche Residenz, erbaut zwischen 1769 und 1776 nach Plänen des Wiener Hofbaumeisters Nikolaus von Pacassi, Mariannengasse 2, 6.
Image : Commons wikimedia
Schloss Annabichl
Markus Pernhart (1824-1871)
Image : Commons wikimedia
Schloss Annabichl, Klagenfurt am Wörthersee (Österreich)
Image : Commons wikimedia
Sauf erreur de ma part, voici (ce n'est pas si "énorme") :Alix a écrit:Marianne n'habitait pas dans le couvent. En fait, elle menait un type de vie plus semblable à une veuve riche et pieuse. Elle possédait un grand palais, devenu après le palais de l'archévêque ( d'après Vigée-Lebrun: "le palais de l'archiduchesse Marie Anne est énorme").
Bischöfliche Residenz, Klagenfurt
Image : Commons wikimedia
Bischöfliche Residenz, erbaut zwischen 1769 und 1776 nach Plänen des Wiener Hofbaumeisters Nikolaus von Pacassi, Mariannengasse 2, 6.
Image : Commons wikimedia
Alix a écrit:Elle se rendait aussi à Annabichl, une demeure délicieuse.
Schloss Annabichl
Markus Pernhart (1824-1871)
Image : Commons wikimedia
Schloss Annabichl, Klagenfurt am Wörthersee (Österreich)
Image : Commons wikimedia
La nuit, la neige- Messages : 18102
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Merci, mon cher La nuit
Voilà de belles images. Vous savez que je suis assez maladroit pour bien poster. À vrai dire, je suis con
Je suis d'accord que ce n'est pas si énorme. Bon ,un peu plus aisé que la cellule en tout cas
J'aime rester quelques instants à contempler cette peinture de Pemhart et que je suis incapable d'exprimer le sentiment que j'en éprouve. C'est vrai, j'adore cette image!!
J'espère que vous aurez vu un portrait de famille du XVIème s. des anciens propriétaires. C'est incroyable: le bâtiment, sauf pour quelques petits détails, reste exactement le même depuis presque 500 ans!
Merci, mon ami, j'ai beaucoup aimé ainsi que l'excellente présentation de Dominique Poulin.
Voilà de belles images. Vous savez que je suis assez maladroit pour bien poster. À vrai dire, je suis con
Je suis d'accord que ce n'est pas si énorme. Bon ,un peu plus aisé que la cellule en tout cas
J'aime rester quelques instants à contempler cette peinture de Pemhart et que je suis incapable d'exprimer le sentiment que j'en éprouve. C'est vrai, j'adore cette image!!
J'espère que vous aurez vu un portrait de famille du XVIème s. des anciens propriétaires. C'est incroyable: le bâtiment, sauf pour quelques petits détails, reste exactement le même depuis presque 500 ans!
Merci, mon ami, j'ai beaucoup aimé ainsi que l'excellente présentation de Dominique Poulin.
Alix- Messages : 79
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Comte d'Hézècques a écrit:A propos de la Marie-Anne, disposons-nous d'une iconographie de son faciès, ou rien du tout ?
Tu retrouveras quelques portraits page 1 de ce sujet auxquels j'ajoute ces autres...
Portrait of Archduchess Maria Anna of Austria (1738-1789)
Master of Archduchesses
Oil on canvas, c. 1760
Image : Commons wikimedia
Portrait of Archduchess Maria Anna of Austria (1738-1789)
Jean-Etienne Liotard
Black chalk, red chalk, graphite and watercolor, white gouache and red wash on white laid paper
Commissioned by Empress Maria Theresia of Austria in 1762
Image : Office of Graphic Arts Museums of Art and History, Geneva, property of the Swiss Confederation, Gottfried Keller Foundation, Berne
Portrait of Archduchess Maria Anna of Austria
Pierre Bernard
pastel et gouache sur vélin, 1763
hauteur : 69,2 cm ; largeur : 56,5 cm
Image :The Norton Simon Foundation
Portrait de Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Martin Van Meytens
Après 1765
Riesensaal (Giant hall), Innsbruck
Image : Commons wikimedia
Joseph II with his sisters Maria Anna and Maria Elisabeth at the spinet
Joseph Hauzinger
Oil on canvas, 1778
Image : Kunsthistorisches Museum Vienna
Le Nationalmuseum de Stockholm présente ce portrait comme celui d'une "princesse autrichienne inconnue"...
Princesse autrichienne inconnue
Joseph Hickel (1736-1807)
Huile sur toile
Image : NationalMuseum
A mettre en perpective avec cet autre, si l'attribution noté sur la toile est correcte (ce qui n'est pas toujours assuré ! ). Sans doute faudrait-il enquêté sur cette décoration...
Ritratto a mezzo busto dell'arciduchessa d'Austria Maria Anna d'Asburgo
Pittura a olio, 68 x 53 cm
Museo storico e il parco del Castello di Miramare (Trieste)
Image : Catalogo Beniculturali
Et probablement de même, ou attribués aussi, parfois, comme des portraits de sa soeur, Marie-Elisabeth...
Portrait de l'archiduchesse Maria Anna
Anonyme
Huile sur toile, 18e siècle
Images : Galéria mesta Bratislavy, GMB
So-called portrait of Archduchess Maria Elisabeth of Austria (1743-1808) with the Damenstift decoration (?)
Image : Pinterest
Mes préférés, s'il s'agit bien d'elle...
Erzherzogin Maria Anna
Faustino Sterbini
La nuit, la neige- Messages : 18102
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Alix- Messages : 79
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Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
D'emblée, la médaille qu'elle porte n'offre pas de doute au moins. Il s'agît de la marque de chanoinesse de l'Institut pour Dames Nobles à Prague (Damenstift).
À remarquer que dans le portrait de la série du " Maître des archiduchesses" elle porte la distinction ou "marque". Ce fut le 1er Février 1766 que Marie Anne reçut les marques de chanoinesse et le dyplôme d'abbesse de sa mère, donc il serait probable que la consécution de son portrait aurait eu lieu à la fin 1765 ou même en 1766, s'il n'y a pas eu de retouches, d' interchanges de têtes et d'autres bizarreries.
Comme cette médaille montre l'image émaillée de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, on ne pourrait pas la confondre avec la médaille ou marque du damenstift d'Innsbruck qui montre la Crucifixion. Cette dernière est portée par sa soeur Marie Élizabeth.
Les rubans de dame sont-ils différents aussi. Blanc ivoire brodé d'or pour Prague; blanc rayé noir pour Innsbruck.
Il est encore des médailles à kapitulerinnen que l'on trouve de quand en quand aux enchères, mais sans diamants.
On décrit ces enseignes comme des plaques ovales en émaux, aux rayons en soleil dessinant une croix.
C'est à dire, les rayons se regroupent en quatre faisceaux.
C'est cette disposition que l'on trouve sur toutes les représentations, sauf pour le dernier portrait.
Sur le revers on pourrait trouver les lettres MT entrelacées sur des motifs végétaux, correspondant à la fondatrice de ce chapitre, l'impératrice sa mère. Un gros diamant est placé sur la médaille et l'unit au ruban.
Le dernier portrait ( il faut remercier LNLN pour ces belles images), montre une plaque inscrite au lieu d'un brillant. La médaille, aussi, est entourée d'un plein soleil, sans espaces.
Les lettres NA se correspondent à l'expression latine "NULLIUS ABBATISSA" pour laquelle il reste un peu glissant de donner une traduction actuelle.
Comme Princesse-Abbesse d'un institut ou colège impérial ( très souvent on a employé et on emploie les mots couvent, kloster, chapître ) elle ne relève d'aucune autorité princière ou cléricale. Elle jouit de la Reichsunmittelbarkeit ou immédiaté impériale "vere nullius dioecesis", qui ne dépend d'aucun évêque.
À remarquer aussi qu'elle porte cette médaille si elle veut mais n'y est pas collée comme on voit dans le portrait familier intime avec as soeur et son frère, et qu'elle porte des robes rouges, jaunes, aux motifs floraux, des bijoux incroyablement somptueux.
C'est très difficile de comprendre de nos jours la vraie signification et le rôle des princesses-abbesses séculières au XVIIIème siècle,
Je vous prie d'excuser mon terrible français.
Merci, les amis.
À remarquer que dans le portrait de la série du " Maître des archiduchesses" elle porte la distinction ou "marque". Ce fut le 1er Février 1766 que Marie Anne reçut les marques de chanoinesse et le dyplôme d'abbesse de sa mère, donc il serait probable que la consécution de son portrait aurait eu lieu à la fin 1765 ou même en 1766, s'il n'y a pas eu de retouches, d' interchanges de têtes et d'autres bizarreries.
Comme cette médaille montre l'image émaillée de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, on ne pourrait pas la confondre avec la médaille ou marque du damenstift d'Innsbruck qui montre la Crucifixion. Cette dernière est portée par sa soeur Marie Élizabeth.
Les rubans de dame sont-ils différents aussi. Blanc ivoire brodé d'or pour Prague; blanc rayé noir pour Innsbruck.
Il est encore des médailles à kapitulerinnen que l'on trouve de quand en quand aux enchères, mais sans diamants.
On décrit ces enseignes comme des plaques ovales en émaux, aux rayons en soleil dessinant une croix.
C'est à dire, les rayons se regroupent en quatre faisceaux.
C'est cette disposition que l'on trouve sur toutes les représentations, sauf pour le dernier portrait.
Sur le revers on pourrait trouver les lettres MT entrelacées sur des motifs végétaux, correspondant à la fondatrice de ce chapitre, l'impératrice sa mère. Un gros diamant est placé sur la médaille et l'unit au ruban.
Le dernier portrait ( il faut remercier LNLN pour ces belles images), montre une plaque inscrite au lieu d'un brillant. La médaille, aussi, est entourée d'un plein soleil, sans espaces.
Les lettres NA se correspondent à l'expression latine "NULLIUS ABBATISSA" pour laquelle il reste un peu glissant de donner une traduction actuelle.
Comme Princesse-Abbesse d'un institut ou colège impérial ( très souvent on a employé et on emploie les mots couvent, kloster, chapître ) elle ne relève d'aucune autorité princière ou cléricale. Elle jouit de la Reichsunmittelbarkeit ou immédiaté impériale "vere nullius dioecesis", qui ne dépend d'aucun évêque.
À remarquer aussi qu'elle porte cette médaille si elle veut mais n'y est pas collée comme on voit dans le portrait familier intime avec as soeur et son frère, et qu'elle porte des robes rouges, jaunes, aux motifs floraux, des bijoux incroyablement somptueux.
C'est très difficile de comprendre de nos jours la vraie signification et le rôle des princesses-abbesses séculières au XVIIIème siècle,
Je vous prie d'excuser mon terrible français.
Merci, les amis.
Dernière édition par Alix le Dim 06 Aoû 2023, 11:58, édité 1 fois
Alix- Messages : 79
Date d'inscription : 13/05/2022
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Merci beaucoup, Alix, pour tous vos commentaires !
Vous maîtrisez très bien notre langue (un cauchemar à écrire... ), je vous félicite !!
Voilà qui est intéressant. Je reviendrai poster quelques autres portraits avec ce détail qui nous aidera peut-être à identifier l'une ou l'autre soeur...Alix a écrit:D'emblée, la médaille qu'elle porte n'offre pas de doute au moins. Il s'agît de la marque de chanoinesse de l'Institut pour Dames Nobles à Prague (Damenstift).
(...)
Comme cette médaille montre l'image émaillée de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, on ne pourrait pas la confondre avec la médaille ou marque du damenstift d'Innsbruck qui montre la Crucifixion. Cette dernière est portée par sa soeur Marie Élizabeth. Les rubans de dame sont-ils différents aussi. Blanc ivoire brodé d'or pour Prague; blanc rayé noir pour Innsbruck.
Alix a écrit:
Je vous prie d'excuser mon terrible français.
Vous maîtrisez très bien notre langue (un cauchemar à écrire... ), je vous félicite !!
La nuit, la neige- Messages : 18102
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche (1738-1789)
Alix a écrit:D'emblée, la médaille qu'elle porte n'offre pas de doute au moins. Il s'agît de la marque de chanoinesse de l'Institut pour Dames Nobles à Prague (Damenstift).
(...)
Comme cette médaille montre l'image émaillée de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, on ne pourrait pas la confondre avec la médaille ou marque du damenstift d'Innsbruck qui montre la Crucifixion. Cette dernière est portée par sa soeur Marie Élizabeth.
Les rubans de dame sont-ils différents aussi. Blanc ivoire brodé d'or pour Prague; blanc rayé noir pour Innsbruck.
Je reviens sur ce qu'écrivait Alix précédemment, avec l'image d'un portrait dont le modèle a été donné à l'une ou l'autre des deux archiduchesses. Ce portrait fait partie d'une série de pastels sur parchemin possiblement attribués à Ducreux (non confirmés) conservés au Louvre et à Versailles.
Les pastels sont en très mauvais état, et nous savons qu'il en est de même des filles de Louis XV ou celles de Marie-Thérèse : les princesses sont parfois confondues les unes avec les autres, mais enfin, me semble-t-il, le ruban de la médaille me semble intégralement blanc, ce qui laisserait supposer que c'est la piste Marie-Anne qui pourrait être la bonne, encore que je la trouve plutôt méconnaissable...
Je cite la présentation (interminable ) du site du musée du Louvre :
Portrait de femme à mi-corps, vue de trois quarts, tournée vers la gauche / Marie-Anne, archiduchesse d'Autriche (1738-1789) (?)
Anonyme français, XVIIIe siècle / Proposition d'attribution : Joseph Ducreux (?)
Pastel sur parchemin tendu sur châssis, XVIIIe siècle
Au dos, annoté à la plume et encre brune : Mda Larchiduchesse Marie-Anne, et au crayon : Versailles le 3. 9bre 1803.
Image : RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) - Michel Urtado
Commentaire du musée du Louvre :
Analogie de modèle :
Xavier Salmon, Les Pastels du musée du château de Versailles, Musée national du Château de Versailles, Paris, RMN, 1997, n° 9, p. 60, comme original de Ducreux, Marie-Elisabeth-Josèphe-Jeanne-Antoinette (1743-1808), archiduchesse d'Autriche.
Une autre version par Ducreux (?) est à Vienne (Kunsthistorisches Museum, inv. GG 3121a). Neil Jeffares, dans Dictionary of pastellists before 1800, online February 11th, 2016, p. 12, écrit que la version de Vienne est une copie.
Ce pastel est en relation avec trois autres portraits INV.34901 et INV.35804.
Une réplique également peinte au pastel est inscrite sur l'inventaire du Kunsthistorisches Museum à Vienne comme portrait de l'archiduchesse Marie-Anne par un maître anonyme (0,67 × 0,51 m), inv. GG 3121a.
Si, grâce aux annotations, Geneviève Monnier avait correctement identifié en 1972 chacun des trois personnages, elle n'était cependant parvenue à identifier ni l'auteur des pastels, ni l'historique des portraits. Très usées et en grande partie décolorées en raison de manipulations maladroites et d'une trop longue exposition à la lumière, les trois œuvres sont de la même main et doivent être associées à quatre autres pastels également demeurés dans les collections nationales, mais aujourd'hui conservés au château de Versailles après y avoir été déposés par le musée du Louvre avant 1855. Tous représentent les enfants de Marie-Thérèse d'Autriche, frères et sœurs de l'archiduchesse Marie-Antoinette.
Au Louvre, on reconnaît ainsi Marie-Anne (1738-1789), l'aînée des quatorze enfants de l'impératrice, abbesse du couvent des Demoiselles nobles de Prague, Marie-Christine (1742-1798), mariée en 1766 à Albert de Saxe, et l'empereur Joseph II (1741-1790), fils aîné de Marie-Thérèse.
Portrait de l'archiduchesse Marie-Christine (1742-1798)
Anonyme français, XVIIIe siècle / Proposition d'attribution : Joseph Ducreux (?)
Pastel sur parchemin tendu sur châssis, 1767 (?)
Annoté à la plume et encre brune au verso du cadre : Portrait de l'archiduchesse Marie Christine, 1767
H. 0,63 m ; L. 0,52 m
Image : RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) - Philippe Fuzeau
Joseph II (1741-1790), empereur du Saint Empire romain germanique
Anonyme français, XVIIIe siècle / Proposition d'attribution : Joseph Ducreux (?)
Pastel sur parchemin tendu sur châssis
H. 0,688 m ; L. 0,528 m
Image : RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) - Tony Querrec
À Versailles, on identifie aisément Marie-Élisabeth (1743-1808), vêtue de bleu (Inv. Louvre 19179. Inv. Versailles MV 4575), Marie-Amélie (1746-1802), qui épousa en 1769 l'infant d'Espagne Ferdinand II, duc de Parme (Inv. Louvre 19178. Inv. Versailles MV 4576), et les deux petits archiducs, Ferdinand (1754-1806), avant-dernier fils du couple impérial, marié à la princesse Marie-Béatrice d'Espagne (Inv. Louvre 19177. Inv. Versailles MV 4578), et Maximilien (1756-1802), le plus jeune des frères de Marie-Antoinette (Inv. Louvre 19176. Inv. Versailles MV4579).
Marie-Elisabeth (1743-1808), archiduchesse d'Autriche, abbesse de Innsbruck
Joseph Ducreux
Pastel sur parchemin tendu sur châssis, 1769
H. 68,2 ; L. 52,3 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Peint à Vienne par Joseph Ducreux, 1769 ; le pastel est achevé et envoyé à Versailles par le marquis de Durfort en même temps que le portrait au pastel de l'archiduchesse Christine, 20 mai 1769 ; M. de Choiseul en accuse réception, 7 juin 1769 ; vraisemblablement saisies révolutionnaires à Versailles ; entré au Louvre à une date indéterminée
Marie-Amélie (1746-1802), archiduchesse d'Autriche, duchesse de Parme et Plaisance
Joseph Ducreux
Pastel sur parchemin tendu sur châssis, 1769
H. 68,6 ; L. 52,8 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Ferdinand (1754-1806), archiduc d'Autriche, duc de Modène
Joseph Ducreux
Pastel sur parchemin tendu sur châssis, 1769
H. 68,1 ; L. 52,4 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Peint à Vienne par Joseph Ducreux, après le 20 mai 1769 ; le pastel est rapporté par l'artiste à Versailles qui le remet à choiseul, 8 décembre 1769 ; sans doute faut-il y reconnaître l'un des deux portraits au pastel représentant deux frères de l'empereur dans leur jeunesse cités dans le cabinet de la vaisselle d'or, 1er janvier 1791 ; vraisemblablement saisies révolutionnaires à Versailles ; entré au Louvre à une date indéterminée
Maximilien (1756-1801), archiduc d'Autriche, évêque de Münster et archevêque-électeur de Cologne
Joseph Ducreux
Pastel sur parchemin tendu sur châssis, 1769
H. 68,5 ; L. 53 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
À ces sept pastels peints sur parchemin fut ajouté en 1998 un huitième décrivant Marie-Antoinette, acquis pour le château de Versailles (Inv. Versailles MV 8973).
Marie-Antoinette (1755-1793), archiduchesse d'Autriche, reine de France
Joseph Ducreux
Pastel sur parchemin, 1769
H. 64,8 ; L. 49,5 cm
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Ce pastel a été exécuté à Vienne par Joseph Ducreux en 1769, puis envoyé en France. C'est ce portrait qui permit de faire connaître le visage de Marie-Antoinette à la Cour
Privilégiant les visages et accordant moins d'importance aux bustes et aux habits, les huit portraits ont tous été exécutés par Joseph Ducreux en 1769 dans des circonstances que nous avons déjà relatées, en particulier en 1997 lors de la parution du catalogue raisonné des pastels conservés au château de Versailles (p. 57-65, nos 9 à 12) et dans un essai rédigé en 2006 pour le catalogue de l'exposition « Marie-Antoinette, femme réelle, femme mythique » organisée à la bibliothèque municipale de Versailles(p. 38-51).
L'alliance entre la couronne de France et la maison d'Autriche avait été scellée par le mariage du Dauphin, futur Louis XVI, avec l'archiduchesse Marie-Antoinette, la plus jeune des filles de Marie-Thérèse. Comme à l'accoutumée, ce projet matrimonial avait nécessité l'envoi de portraits, en particulier de la future épouse. La miniature commandée par Vienne au début de l'année 1769 pour être montrée à Versailles n'ayant pas été jugée suffisante pour témoigner du physique agréable de la petite princesse autrichienne, décision avait été rapidement prise de dépêcher un portraitiste français de talent à la cour impériale. À François-Hubert Drouais, en premier lieu approché mais aux prétentions financières exorbitantes, l'administration française avait finalement préféré un plus jeune portraitiste formé par Maurice Quentin de La Tour.
Le 14 février 1769, Joseph Ducreux arrivait à Vienne avec le friseur Larseneur. Ce dernier avait reçu pour mission de coiffer l'archiduchesse Marie-Antoinette à la mode de Paris afin de dissimuler en partie son front, considéré comme un peu trop haut. Marie-Thérèse avait alors saisi cette occasion pour faire portraiturer ses autres enfants avant de poser à son tour.
La correspondance du marquis de Durfort, ambassadeur de France à Vienne, avec le ministre Choiseul, et celle du comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur de Marie-Thérèse à Paris, avec le prince Kaunitz révèlent que l'artiste avait peint entre février et novembre onze portraits destinés à la cour de Versailles : ceux des archiduchesses Marie-Thérèse et Marie-Antoinette, partis de Vienne le 2 mai, ceux des archiduchesses Marie-Christine et Marie Élisabeth, partis le 20 mai, ceux des archiduchesses Marie-Anne et Marie-Amélie, partis vers le 26 juillet, et enfin ceux de l'impératrice Marie-Thérèse, de l'empereur Joseph II, des deux archiducs Ferdinand et Maximilien, et un second portrait de Marie-Antoinette, partis de Vienne le 16 novembre. Pour Marie-Thérèse, Ducreux avait été également invité à livrer des effigies de Marie-Christine, du prince Albert de Saxe, et de l'électeur de Trèves Clément Wenceslas de Saxe, toutes trois probablement exécutées lors d'un déplacement à Presbourg, ainsi que des répliques de certains des portraits peints pour la cour de Versailles (en particulier celui de l'impératrice appartenant à l'Académie des beaux-arts de Vienne, inv. 207, et ceux de Marie-Amélie et Marie-Élisabeth conservés au Kunsthistorisches Museum à Vienne, inv. 2123 et 8732.
À propos de ces deux derniers portraits, nous avions par erreur reconnu en 2006 sur le second le visage de Marie-Christine, ce qui était impossible, la princesse ayant les yeux marron et non pas bleus. Une copie à l'huile conservée au couvent des Elisabethinen à Klagenfurt, inv. no 64, porte une inscription confirmant cette identité).
Bien qu'exécutés avec rapidité, les portraits avaient donné toute satisfaction à Louis XV, le souverain ayant ainsi pu juger de la beauté de la future dauphine et découvert les traits de ses frères et sœurs. Certains des pastels furent même disposés dans ses appartements à Versailles, dans le cabinet intérieur ou cabinet d'angle ou dans la salle à manger intérieure ou salle à manger aux salles neuves. S'il est aujourd'hui bien difficile de juger de leur qualité en raison de leur mauvais état de conservation, ils aidèrent pourtant à lancer le jeune Ducreux.
* Texte : Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 54, p. 118-122).
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