Le marquis de Durfort, duc de Civrac, et madame

Je lis dans mon Hervé Hasquin que  

Mercy avait étoffé son réseau d'informateurs, dont la marquise de Durfort, épouse de l'ancien ambassadeur de France à Vienne, et dame d'honneur de Madame Victoire, l'une des filles restées célibataires de Louis XV. Ajoutons quelques femmes de chambre et l'un ou l'autre valet soudoyé, et l'on dispose d'une vue assez claire de la toile tissée par Mercy autour de Marie-Antoinette . Les rapports de Vermond et les confidences de Mme de Durfort, tout autant que ses entretiens avec la reine et les ministres sur les affaires les plus confidentielles fournissaient à Mercy une somme impressionnante d'informations sur la famille royale et sur les lignes directrices de la politique suivie par l'équipe dirigeante sous Louis XVI.

Nous savions depuis belle lurette que Mercy avait truffé Versailles d'espions à sa dévotion, sans connaître de noms très explicitement ... hormis Vermond bien entendu, que nous avions démasqué depuis longtemps .
J'ai donc voulu poster ce détail sur la marquise de Durfort dans le sujet Durfort .  
Or point de sujet !  

Il est temps de remédier à cet oubli !  

Voici !  

Aimeric-Joseph-Jacques, marquis de Durfort, duc de Civrac (19 mars 1716, Lamothe-Montravel - 8 avril 1787, Versailles), est un diplomate français, colonel du régiment de Royal-Vaisseaux, ambassadeur de France à Venise de 1758 à 1769, puis à Naples de 1762 à 1765
Il avait épousé, en 1744, Anne-Marie de la Faurie, fille d’un conseiller au Parlement de Bordeaux, dont il eut quatre enfants: Jean-Laurent de Durfort, comte, puis duc de Lorges (1746-1826), qui le suivit à Vienne, et trois filles qui épousèrent Guy de Donnissan, marquis de Citran, le marquis de Lescure et le comte de Chastellux.

Et là, je reviens à Maurice Boutry
qui plonge, pour nous les rapporter , dans les Mémoires du marquis de Durfort .
C'est lui qui parlera de Marie-Antoinette comme d'un " morceau friand " .      

En présence des événements qui allaient s’accomplir, il devenait plus indispensable que jamais à Choiseul d’avoir auprès de la cour d'Autriche un agent très honorable sans doute, mais assez modéré dans ses ambitions, quelque peu dépourvu d’initiative, disposé à accepter un rôle de comparse du moment que ce rôle n’était ni trop ingrat, ni trop humiliant, assez habile cependant pour dissimuler son effacement sous beaucoup de tenue, de prudence et de dignité.
Le ministre eut la main heureuse en faisant signer à Louis XV la nomination du marquis de Durfort-Civrac *, très riche, très considéré à la cour et n’ambitionnant pas pour la fin de sa vie une plus haute fortune. Dès son arrivée à Vienne, le 3 février 1767, le marquis de Durfort fut accueilli avec des prévenances particulières, à la fois comme ambassadeur très accrédité et comme ami véritable, presque comme un confident. Puisque les affaires importantes continuaient à se traiter plutôt à Versailles, entre Choiseul et Mercy-Argenteau, qu'à Vienne entre le nouvel ambassadeur et Kaunitz, Marie-Thérèse pouvait plus aisément sortir de la réserve officielle, se laisser aller à des allusions significatives qui ne l’engageaient pas précisément et ne compromettaient guère la cour de France mais qui devaient avoir une salutaire influence sur les négociations. Durfort parut véritablement gêné de ces attentions multiples, incessantes : il s’ingéniait à ne pas les repousser, à ne pas y répondre ouvertement, à garder la réserve correcte qui lui était imposée et lui fut à diverses reprises recommandée, car plusieurs fois il parut faiblir, séduit, ébloui, flatté au delà de toute expression par les amabilités de Marie-Thérèse, par les égards, la déférence même que lui témoignaient les ministres autrichiens.

Durfort possédait un caractère essentiellement pacifique, légèrement sceptique; il avait toujours vécu à l’abri des passions ; il s’accommodait fort bien, pendant ses longs séjours à l’étranger, de laisser à Versailles la marquise de Durfort qui remplissait les fonctions de dame d’atours auprès des filles du Roi *. Son indolence n’excluait pas la perspicacité, et les courtes esquisses qu’il consacre, dans la suite de son mémoire, à l’entourage de Marie-Thérèse, ne manquent ni de finesse, ni d’intérêt.

Du 3 février 1767 à mai 1770, il est l'ambassadeur de France à Vienne. Il y est chargé de négocier le mariage du Dauphin de France, futur roi Louis XVI, avec l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche.



Le 13 juin 1769, le marquis de Durfort, ambassadeur de France à Vienne, la demande en mariage pour le dauphin. Marie-Thérèse accepte aussitôt. Je crois cependant devoir vous mander à la suite de ceci que le public de Vienne parle mariage autant pour le moins que le public de Paris. Mais aucun ministre ne m’en a dit mot ni rien d'approchant; à la réserve du prince de Stahremberg qui me demanda un jour comment je trouvais l’archiduchesse Antoinette : « parfaitement bien, » lui dis-je.   Il me regarda en riant et me dit : « M. le Dauphin aura là une charmante femme ». « Le morceau est friand, répliquai-je en riant aussi, et sera en bonnes mains, si cela est. »

Durfort devient chevalier d'honneur de madame Victoire en 1771.
Il est titré duc de Civrac par brevet du 1er décembre 1774, et est nommé chevalier de l'ordre du Saint-Esprit le 2 février 1776

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aimeric_Joseph_de_Durfort-Civrac

https://archive.org/stream/LeMariageDeMarieAntoinette/Le_mariage_de_Marie_Antoinette_djvu.txtj

Madame de Sabran nous indique que le duc Aimeric Joseph de Durfort de Civrac chevalier d'honneur de Madame Victoire avait pour épouse Anne-Marie de la Faurie de Monbadon dame d'honneur de Mesdames et pour laquelle nous disposons d'un buste de Houdon qui est je crois au Louvre.

Or, cette Anne-Marie a-t-elle deux identité? Monsieur Louis Pierre d'Hozier dans le Grand armorial de la France nous enseigne que Hyacinthe de Moynier seigneur de Saint Blancard et capitaine des Mousquetaires de la garde du Roi avait lui aussi épousé une Anne-Marie de la Faurie 1720-1786.

La duchesse de Civrac s'est-elle fait également appelée duchesse de Moynier?

Vos lumières seront les miennes. Merci.

Anne-Marie de Durfort, duchesse de Civrac (1720-1786)
Pastel
Anonyme, école française, XVIIIe siècle
Musée du Louvre
Photo : RMN

Nous avons un sujet consacré à cette dame :

Ici : La duchesse de Civrac

Et vous retrouverez une biographie ainsi qu'une étude généalogique, sur ce site :

Geneanet : Anne-Marie de la Faurie de Monbadon

Désolé de vous importuner mais d'Hozier dans l'Armorial général nous indique bien une dame Hyacinthe de Moynier née Anne-Marie de la Faurie.

Voir https://books.google.ca/books?id=6aJwYzbTXX4C&pg=PA454&lpg=PA454&dq=Hyacinthe+de+Moynier+faurie&source=bl&ots=ssfpKLZY37&sig=ACfU3U0J3k2iVDYF5VpMkkaJ1n6wjrKOgQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiJ847rzcbgAhVr1lkKHd6KCToQ6AEwBnoECAkQAQ#v=onepage&q=Hyacinthe%20de%20Moynier%20faurie&f=false

XI DEGRÉ
Jeanne Julie Thérèse de Chamborant Chanoinesse Comtesse du Chapitre Noble de Neuville fille aînée du Marquis André Claude de Chamborant & de Marie Julie Vassal née à Paris le 7 Novembre 1770 & décédée le 29 Nivôse an X 19 Janvier 1802 à Montpellier. Elle avait épousé en premières noces en 1792 Antoine Étienne Baron de Sarret de Coussergues mort en 1794 sans enfants ;

Et en secondes noces en 1797 François Hippolyte Comte de Moynier né à Lunel le 6 Novembre 1777 mort en 1836 Chef d'escadron au premier régiment des gardes d'honneur le 16 Octobre 1813 Lieutenant Colonel du 3e régiment de hussards Chevalier de Saint Louis 12 Novembre 1817 Officier de la Légion d honneur 18 Juillet 1818 fils de Messire Hyacinthe de Moynier Chevalier Seigneur de Malherbes & de Saint Blancard ancien Capitaine des mousquetaires de la garde du Roi Chevalier de Saint Louis & d'Anne Marie de la Faurie

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Je connais bien du reste l'attachement respectif de Madame Victoire pour les Civrac puis les Chastellux (je pense ici au salon des Palmes au château des Chastellux ou le beau portrait en pied de Madame Victoire est présent...) et celui de Madame Adélaide pour madame de Narbonne-Lara. Nous ne pouvons qu'être sensible à ces liens.

Quant à madame de Moynier née de la Faurie, je dois conclure que vous ne la connaissez malheureusement ni d'Ève ni d'Adam. J'aurais bien aimé croyez moi. Merci quand même surtout à monsieur La nuit, la neige pour le joli portrait que je ne connaissais pas. A bientôt

Fauveau de Frénilly a écrit:
Désolé de vous importuner mais d'Hozier dans l'Armorial général nous indique bien une dame Hyacinthe de Moynier née Anne-Marie de la Faurie.

Je trouve, dans les Souvenirs de Jacob-Nicolas Moreau,  une dame Anne de la Faurie de Monbadon épouse d'Emeric-Joseph de Durfort, marquis de Durfort puis duc de Civrac et mère de Louis de Durfort de Lorge.
Moreau relate les circonstances de la succession tumultueuse de Louis de Durfort de Lorge qui donne lieu à un procès entre Adélaïde-Philippine, sa fille  et Jean-Laurent de Durfort-Civrac d'une part, et le vicomte et la vicomtesse de Choiseul d'autre part.

( Seconde partie  1774 - 1797  à partir de la page 290 )

Adélaïde-Philippine et sa soeur Guyonne-Marguerite-Philippine se disputent, en particulier, la prise en compte dans la succession de la baronnie de Quintin.
Les lettres patentes de mars 1691 créent et érigent en faveur de Guy de Durfort de Lorge maréchal de France la comté baronnie de Quintin en duché (réunion de la vicomté de Pommeriet et des seigneuries d'Avangour de l'Hermitage, au Guemnée Pumerit et Quitin en une seule terre). Celles de 1706 changent le nom du duché de Quintin en duché de Lorge. Celles du 25 mars 1773 entérinent la transmission du duché de Lorge à la branche Dufort-Civrac en la personne de Jean-Laurent par Louis de Durfort-Lorge, père d'Adélaïde-Philippine sa seule héritière mariée à Jean-Laurent.
1773-1810.
 ( - Mémoires et consultations d'avocats, jugements, délibérations du conseil du roi, extraits des lettres patentes du roi, arrêts du conseil d'état, procuration, correspondance officielle et privée (1773-1810) ; transcriptions. )

...petite note de l'éditeur :