Du chauffage au château de Versailles ?
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Du chauffage au château de Versailles ?
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Dans le salon d'Hercule, ce sont presque des troncs d'arbres entiers que reçoit la cheminée !
LE CHAUFFAGE ET SES INCONVENIENTS :
En 1747, le Domaine Royal fournissait en bois de chauffage, les 130 personnes inscrites sur les listes, soit des officiers, soit des institutions et représentait environ 985 cordes et 79 000 fagots de bois. En 1756, on passe à 1270 cordes et 82 000 fagots.
Il était entreposé sous l’escalier de la Cour centrale, dans les sous sols et dans les attiques.
En 1783, il existait 1170 cheminées dans le château. Le Roi donnait gratuitement le bois de chauffage aux officiers du roi et à la famille royale, les courtisans eux qui n’avaient pas de charge, devaient s’approvisionner chez un marchand.
Même si tout le monde, disposait de bois en quantité suffisante, il ne faisait vraiment pas chaud au château : la chaleur montait vite aux plafonds très hauts et les fenêtres n’étaient pas vraiment étanches. Les appartements du haut pensaient bénéficier de la chaleur des étages de dessous, mais ce n’était qu’enfumage : les cheminées tiraient mal et lorsqu’il y avait du vent, toute la fumée se rabattait dans les pièces, en noircissant les meubles et les murs…et par jours de pluie, l’eau rentrait et coulait dans les pièces…
Paradoxalement, tout le monde insistait pour avoir une cheminée dans ses appartements : la cheminée marquait le rang et la dignité des personnes. Plus le rang était élevé, plus la cheminée était élégante. De la moins belle en manteau de bois, en passant par le rang haut dessus où elle était en pierre, tous aspiraient au marbre. Il était d’usage que les courtisans reçoivent des cheminées déjà usagées, revenant de l’atelier de réparation.
Les poêles firent leur apparition vers 1778, les premiers en métal, les autres en faïence. Ces nouveautés pouvaient chauffer deux pièces contigües, de manière égale, sans danger : le poêle de Franklin. Mais chacun voulait installer les tuyaux à sa façon, sans considérer les trous à faire dans les murs, ni accrocher les tuyaux sur les parois extérieures, ce qui endommagerait les façades du château : ces tuyaux étant appelés cheminées postiches. Le seul problème fut les tuyaux en eux-mêmes : en fer, ils rouillaient et laissaient passer la fumée, trop proches d’éléments combustibles, la suie les bouchant, et au pire le feu pouvait se déclarer…surtout dans les Petites et les Grandes Écuries où là, les cheminées étaient obligatoirement construites en briques. Malgré tout, il y eut des installations « clandestines », cause de l’incendie en 1761 dans les Petites Écuries.
Les moyens humains étaient alors considérables : plus de 4000 hommes étaient nécessaires. Le matériel manquait, ils n’avaient que des seaux. Ce n’est qu’à partir de 1747 que les premières pompes furent utilisées, et en 1755 le château disposait de six pompes.
En 1780, il devint nécessaire d’avoir une équipe de pompiers-fontainiers à domicile, pouvant intervenir au château et dans la ville même : le projet fut ajourné, seuls de nouveaux tuyaux furent achetés pour remplacer ceux défectueux. En effet, les tuyaux ne servaient pas qu’à éteindre les incendies, lors des grosses chaleurs, il fallait arroser les voiles tendues devant les fenêtres de la famille royale et remplir les réservoirs sur les toits.
En 1782, Versailles n’avait toujours pas d’équipe sur place, ce sont les pompiers de Paris qui devaient se déplacer et perdaient ainsi deux jours pour le trajet.
Ce n’est qu’en 1785, qu’un corps de pompiers-fontainiers fut créé définitivement à Versailles.
http://souvenirsdutemps.vraiforum.com/t1772-LES-LOGEMENTS-a-Versailles.htm
Merci, First Lady ! :n,,;::::!!!:
.
Ce sont les officiers de la Fourrière qui approvisionnent le château en bois et combustible et la Fruiterie en bougies. Outre les cheminées, les brasiers (braseros), les bougies et girandoles, il semblerait qu’il existât un chauffage indirect par le sol, à l’entresol plus précisément, comme sous la grande galerie.
Pascale Mormiche :
Devenir prince, l’école du pouvoir en France. XVIIe-XVIIIe siècle
CNRS éditions. Septembre 2009
.
Un froid glacial à Versailles !
Dans leur particulier, les habitants du château tentaient de se réchauffer de leur mieux : la marquise de Rambouillet cousait sur son corps une peau d'ours ; la maréchale de Luxembourg passait tout l'hiver dans sa chaise à porteurs en société de nombreuses chaufferettes ; une autre, au risque d'être rôtie, s'enfouissait dans un tonneau posé sur une bassinoire brasillante, suivant en cela l'exemple du médecin Charles Delorme qui couchait sur un four en briques, se couvrait la tête de huit bonnets et garnissait ses jambes d'autant de paires de bas auxquels il ajoutait des bottes fourrées de peaux de mouton.
Cela n'empêchait pas les sauces de geler dans les plats sur la table royale ; les carafes ne contenaient que des glaçons, et la neige qui s'engouffrait dans les larges cheminées y retombait en pluie et éteignait les flammes. Louis XV avait si froid dans son lit que, bien avant qu'il fit jour, il se réfugiait dans son cabinet, échafaudait les bûches et soufflait sur les braises.
— Lorsque je me lève, disait-il, avant qu'on soit entré, j'allume mon feu et je n'ai besoin d'appeler personne ; il faut laisser dormir ces pauvres gens : je les en empêche assez souvent.
Comment lutter contre une telle calamité ? On cherchait le remède sans aboutir à aucun résultat pratique. L'un de ces nombreux inventeurs avait bien proposé, dès le XVIIe siècle, l'emploi d'une machine « propre à donner de la chaleur dans les appartements de Sa Majesté, en y introduisant, préalablement chauffé, le grand air du dehors incessamment renouvelé et purifié de toute sorte de mauvaise qualité » (sic) ; il ajoutait que l'emploi de ce procédé serait plus justifié à Versailles que partout ailleurs, « car l'air extraordinairement froid qu'on y respire est d'autant plus nuisible qu'il est renfermé et contient en lui toutes les odeurs méphitiques et les haleines d'un nombre infini de personnes ». C'était le principe de nos calorifères ; par malheur, l'ingénieux précurseur prétendait établir ses chaudières sur le toit du palais, et doutait lui-même que l'air chaud consentit à descendre de si haut jusqu'aux appartements du roi. Le projet fut donc abandonné, et la cour de Versailles dut se résigner, non seulement à grelotter, mais à vivre durant tout l'hiver dans un brouillard de fumée si dense et si tenace qu'on ne distinguait rien que de vagues ombres quand on circulait, aux jours d'affluence, dans les galeries, les salons et les antichambres, imprégnés d'une âcre odeur de suie qui persistait jusqu'au plus fort de l'été. Les cheminées, en effet, « tiraient » mal, et les architectes s'évertuaient, sans y parvenir, à triompher de cet inconvénient : il eût fallu tout démolir, refaire les murs, et l'on se refusait à gâter l'admirable décor créé par les artistes du grand roi.
http://www.histoire-en-questions.fr/ancien%20regime/versailles-froid.html
Dans le salon d'Hercule, ce sont presque des troncs d'arbres entiers que reçoit la cheminée !
LE CHAUFFAGE ET SES INCONVENIENTS :
En 1747, le Domaine Royal fournissait en bois de chauffage, les 130 personnes inscrites sur les listes, soit des officiers, soit des institutions et représentait environ 985 cordes et 79 000 fagots de bois. En 1756, on passe à 1270 cordes et 82 000 fagots.
Il était entreposé sous l’escalier de la Cour centrale, dans les sous sols et dans les attiques.
En 1783, il existait 1170 cheminées dans le château. Le Roi donnait gratuitement le bois de chauffage aux officiers du roi et à la famille royale, les courtisans eux qui n’avaient pas de charge, devaient s’approvisionner chez un marchand.
Même si tout le monde, disposait de bois en quantité suffisante, il ne faisait vraiment pas chaud au château : la chaleur montait vite aux plafonds très hauts et les fenêtres n’étaient pas vraiment étanches. Les appartements du haut pensaient bénéficier de la chaleur des étages de dessous, mais ce n’était qu’enfumage : les cheminées tiraient mal et lorsqu’il y avait du vent, toute la fumée se rabattait dans les pièces, en noircissant les meubles et les murs…et par jours de pluie, l’eau rentrait et coulait dans les pièces…
Paradoxalement, tout le monde insistait pour avoir une cheminée dans ses appartements : la cheminée marquait le rang et la dignité des personnes. Plus le rang était élevé, plus la cheminée était élégante. De la moins belle en manteau de bois, en passant par le rang haut dessus où elle était en pierre, tous aspiraient au marbre. Il était d’usage que les courtisans reçoivent des cheminées déjà usagées, revenant de l’atelier de réparation.
Les poêles firent leur apparition vers 1778, les premiers en métal, les autres en faïence. Ces nouveautés pouvaient chauffer deux pièces contigües, de manière égale, sans danger : le poêle de Franklin. Mais chacun voulait installer les tuyaux à sa façon, sans considérer les trous à faire dans les murs, ni accrocher les tuyaux sur les parois extérieures, ce qui endommagerait les façades du château : ces tuyaux étant appelés cheminées postiches. Le seul problème fut les tuyaux en eux-mêmes : en fer, ils rouillaient et laissaient passer la fumée, trop proches d’éléments combustibles, la suie les bouchant, et au pire le feu pouvait se déclarer…surtout dans les Petites et les Grandes Écuries où là, les cheminées étaient obligatoirement construites en briques. Malgré tout, il y eut des installations « clandestines », cause de l’incendie en 1761 dans les Petites Écuries.
Les moyens humains étaient alors considérables : plus de 4000 hommes étaient nécessaires. Le matériel manquait, ils n’avaient que des seaux. Ce n’est qu’à partir de 1747 que les premières pompes furent utilisées, et en 1755 le château disposait de six pompes.
En 1780, il devint nécessaire d’avoir une équipe de pompiers-fontainiers à domicile, pouvant intervenir au château et dans la ville même : le projet fut ajourné, seuls de nouveaux tuyaux furent achetés pour remplacer ceux défectueux. En effet, les tuyaux ne servaient pas qu’à éteindre les incendies, lors des grosses chaleurs, il fallait arroser les voiles tendues devant les fenêtres de la famille royale et remplir les réservoirs sur les toits.
En 1782, Versailles n’avait toujours pas d’équipe sur place, ce sont les pompiers de Paris qui devaient se déplacer et perdaient ainsi deux jours pour le trajet.
Ce n’est qu’en 1785, qu’un corps de pompiers-fontainiers fut créé définitivement à Versailles.
http://souvenirsdutemps.vraiforum.com/t1772-LES-LOGEMENTS-a-Versailles.htm
Merci, First Lady ! :n,,;::::!!!:
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Ce sont les officiers de la Fourrière qui approvisionnent le château en bois et combustible et la Fruiterie en bougies. Outre les cheminées, les brasiers (braseros), les bougies et girandoles, il semblerait qu’il existât un chauffage indirect par le sol, à l’entresol plus précisément, comme sous la grande galerie.
Pascale Mormiche :
Devenir prince, l’école du pouvoir en France. XVIIe-XVIIIe siècle
CNRS éditions. Septembre 2009
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Un froid glacial à Versailles !
Dans leur particulier, les habitants du château tentaient de se réchauffer de leur mieux : la marquise de Rambouillet cousait sur son corps une peau d'ours ; la maréchale de Luxembourg passait tout l'hiver dans sa chaise à porteurs en société de nombreuses chaufferettes ; une autre, au risque d'être rôtie, s'enfouissait dans un tonneau posé sur une bassinoire brasillante, suivant en cela l'exemple du médecin Charles Delorme qui couchait sur un four en briques, se couvrait la tête de huit bonnets et garnissait ses jambes d'autant de paires de bas auxquels il ajoutait des bottes fourrées de peaux de mouton.
Cela n'empêchait pas les sauces de geler dans les plats sur la table royale ; les carafes ne contenaient que des glaçons, et la neige qui s'engouffrait dans les larges cheminées y retombait en pluie et éteignait les flammes. Louis XV avait si froid dans son lit que, bien avant qu'il fit jour, il se réfugiait dans son cabinet, échafaudait les bûches et soufflait sur les braises.
— Lorsque je me lève, disait-il, avant qu'on soit entré, j'allume mon feu et je n'ai besoin d'appeler personne ; il faut laisser dormir ces pauvres gens : je les en empêche assez souvent.
Comment lutter contre une telle calamité ? On cherchait le remède sans aboutir à aucun résultat pratique. L'un de ces nombreux inventeurs avait bien proposé, dès le XVIIe siècle, l'emploi d'une machine « propre à donner de la chaleur dans les appartements de Sa Majesté, en y introduisant, préalablement chauffé, le grand air du dehors incessamment renouvelé et purifié de toute sorte de mauvaise qualité » (sic) ; il ajoutait que l'emploi de ce procédé serait plus justifié à Versailles que partout ailleurs, « car l'air extraordinairement froid qu'on y respire est d'autant plus nuisible qu'il est renfermé et contient en lui toutes les odeurs méphitiques et les haleines d'un nombre infini de personnes ». C'était le principe de nos calorifères ; par malheur, l'ingénieux précurseur prétendait établir ses chaudières sur le toit du palais, et doutait lui-même que l'air chaud consentit à descendre de si haut jusqu'aux appartements du roi. Le projet fut donc abandonné, et la cour de Versailles dut se résigner, non seulement à grelotter, mais à vivre durant tout l'hiver dans un brouillard de fumée si dense et si tenace qu'on ne distinguait rien que de vagues ombres quand on circulait, aux jours d'affluence, dans les galeries, les salons et les antichambres, imprégnés d'une âcre odeur de suie qui persistait jusqu'au plus fort de l'été. Les cheminées, en effet, « tiraient » mal, et les architectes s'évertuaient, sans y parvenir, à triompher de cet inconvénient : il eût fallu tout démolir, refaire les murs, et l'on se refusait à gâter l'admirable décor créé par les artistes du grand roi.
http://www.histoire-en-questions.fr/ancien%20regime/versailles-froid.html
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Du chauffage au château de Versailles ?
Si vous explorez les ouvrages de Monsieur NEWTON, vous trouverez des extraits de revendications des personnes demeurant tant dans le château que dans les communs des demandes pour monter des systèmes de chauffage, à leur frais, avec des installations de tuyaux passant à travers les fenêtres, les plafonds, n'importe quel moyen pour enfin ne plus avoir froid pendant la période hivernale.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Du chauffage au château de Versailles ?
Mme de Sabran a écrit:
[i]Dans leur particulier, les habitants du château tentaient de se réchauffer de leur mieux : la marquise de Rambouillet cousait sur son corps une peau d'ours ; la maréchale de Luxembourg passait tout l'hiver dans sa chaise à porteurs en société de nombreuses chaufferettes ; une autre, au risque d'être rôtie, s'enfouissait dans un tonneau posé sur une bassinoire brasillante, suivant en cela l'exemple du médecin Charles Delorme qui couchait sur un four en briques, se couvrait la tête de huit bonnets et garnissait ses jambes d'autant de paires de bas auxquels il ajoutait des bottes fourrées de peaux de mouton.
Les pauvres ! Je les comprends !
Tout sauf le froid... :
Je suppose qu'il existe des études sur les grandes vagues de froid du XVIIIè siècle, plus fortes qu'aujourd'hui.
Et nous nous souvenons par exemple que l'hiver 1788-89 fut redoutable : la Seine, à Paris, étant complètement gelée pendant plusieurs semaines !!
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Du chauffage au château de Versailles ?
Sans oublier le grand hiver de 1709-1710.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Du chauffage au château de Versailles ?
Le bouquin présenté Devenir prince est génial !
Invité- Invité
Re: Du chauffage au château de Versailles ?
La nuit, la neige a écrit:
Les pauvres ! Je les comprends !
Tout sauf le froid... :
Je suppose qu'il existe des études sur les grandes vagues de froid du XVIIIè siècle, plus fortes qu'aujourd'hui.
Et nous nous souvenons par exemple que l'hiver 1788-89 fut redoutable : la Seine, à Paris, étant complètement gelée pendant plusieurs semaines !!
En voici une illustration, à Bruxelles, Musée de la B.D. !
Apollon, pris dans la glace ... brrrrr !
L'Hiver 1709, par Nathalie Sergeef et Philippe Xavier
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Du chauffage au château de Versailles ?
Chez nous, on connaît ça des hivers rigoureux, à l`époque on traversait une petite ère glacière.
fleurdelys- Messages : 668
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 54
Localisation : Québec
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