Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
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Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Ah ! Je suis bien aise de savoir que ce livre plaît. :\\\\\\\\:
J'apprécie beaucoup cet auteur, qui propose toujours des études sensibles, en plus d'être fouillées et surtout argumentées de façon intéressante.
Enfin, à mon avis.
J'apprécie beaucoup cet auteur, qui propose toujours des études sensibles, en plus d'être fouillées et surtout argumentées de façon intéressante.
Enfin, à mon avis.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Je le partage tout à fait .
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Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
La nuit, la neige a écrit:
J'apprécie beaucoup cet auteur, qui propose toujours des études sensibles, en plus d'être fouillées et surtout argumentées de façon intéressante.
C'est certain, et ce qui me plaît aussi, c'est que l'auteur appuie souvent sur son avis personnel : " je pense ", ' je crois ". Il construit un plaidoyer bouleversant. Il puise aux meilleures sources pour comprendre Marie-Antoinette . On ne connaît pas Marie-Antoinette si l'on n'essaie pas de la comprendre .
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Mme de Sabran- Messages : 55510
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
La nuit, la neige a écrit:
Emmanuel de Waresquiel passe en revue, ou dresse le portrait d'une foule de personnages oubliés ou mal connus : acteurs actifs ou passifs d'un évènement qu'il replace également dans son contexte historique, politique, social etc...
Oui, nous découvrons tous ces personnages secondaires . Déception quant à Chauveau-Lagarde ...
La nuit, la neige a écrit:
Et s'il fait preuve d'une empathie sincère pour son sujet principal, il ne tombe pas pour autant dans le pathos larmoyant, ou l'idolâtrie, qui auraient pu être le piège d'un récit dont nous connaissons le triste et tragique dénouement.
Je dirais même qu'E. de Waresquiel exprime une vibrante admiration pour la reine déchue, comme il appelle Marie-Antoinette à maintes reprises.
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Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Je sais que j'ai en ce moment un gros train de retard! : Mais j'ai vu l'auteur présenter son livre dans l'émission La Grande Librairie, il m'a convaincue, il faut que je le lise!
Dernière édition par Emilie du Châtelet le Mar 15 Nov 2016, 19:09, édité 3 fois
Emilie du Châtelet- Messages : 276
Date d'inscription : 11/01/2014
Age : 45
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Oui, oui...chère Emilie. C'est un livre à lire, quoique le sujet ne soit pas très plaisant, évidemment.
Mais enfin, il est très intéressant.
Mais enfin, il est très intéressant.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Il est formidable, ce livre, tellement prenant !!! :n,,;::::!!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Malgré mon absence je ne suis pas resté sans lecture j'ai absolument ADORÉ cet ouvrage. Il est remarquable. On apprend pleins de choses que je pensais ne pas découvrir. A garder précieusement sous la main. Voila un ouvrage qui manquait.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
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Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
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Marie-Antoinette face à ses juges
Henri Gibier / Directeur des développement éditoriaux | Le 09/12 à 06:00
image: http://www.lesechos.fr/medias/2016/12/09/2049303_marie-antoinette-face-a-ses-juges-web-tete-0211571116416_1000x300.jpg
Marie-Antoinette face à ses juges Aisa/Leemage
Biographie : Auteur d'un Talleyrand et d'un Fouché qui ont fait tous les deux date, l'historien Emmanuel de Waresquiel a cette fois mis ses pas dans ceux qui menèrent Marie-Antoinette devant ses juges, puis à l'échafaud. En trois jours et deux nuits, du 14 au 16 octobre 1793 à midi, l'ancienne reine de France fut jugée et exécutée, sans jamais perdre sa dignité, malgré sa peine, ses peurs et sa maladie - cette dernière se manifestant par des hémorragies à répétition. Elle allait avoir 38 ans. « Elle a été reine, elle a fait son métier de reine et elle l'est restée jusqu'au bout. Elle en a été grandie et elle en est morte », conclut le biographe, qui explique dans sa postface pourquoi il a eu envie de retracer les dernières heures de la fille de Marie-Thérèse d'Autriche. Si ce procès fabriqué par Robespierre, perdu d'avance pour la malheureuse accusée, le fascine tant, c'est qu'on y voit s'affronter « deux sociétés, deux systèmes de représentation, deux mondes », en une sorte de « combat singulier ».
Bien qu'on en connaisse l'épilogue, le récit est haletant car Emmanuel de Waresquiel connaît tous les trucs du bon conteur. Il alterne les retours en arrière, quand ils permettent de mettre en lumière le cheminement personnel de la jeune épouse de Louis XVI devenue la plus intransigeante défenderesse de la royauté - « Le roi n'a qu'un homme, c'est sa femme », disait Mirabeau en juin 1790 -, et de passionnantes incursions dans l'avenir, afin de suivre le destin des protagonistes de cette sinistre parodie de justice. Beaucoup d'entre eux ne survivront que de quelques mois à leur victime. C'est le cas notamment d'un des quinze jurés, le dénommé Châtelet, auquel le narrateur réserve un sort particulier car avant de condamner Marie-Antoinette à la mort, il avait été un de ses peintres favoris sous les ors du Petit Trianon. « Que diable a dû éprouver Châtelet en revoyant au fauteuil des accusés celle qui avait si joliment favorisé sa carrière et fait de lui un peintre à la mode ? » s'interroge Waresquiel. Il ne cache pas sa perplexité devant ce « pinceau des fêtes » transformé en actionneur de la guillotine : « Où est le véritable Châtelet ? »
LE FUNESTE DESTIN DES ACCUSATEURS
La punition de cette trahison morale viendra à son heure, car ce Jacobin fervent admirateur de Robespierre finira guillotiné en mai 1795. Ce fut le cas aussi pour les témoins restés les plus proches de la reine, comme le vieux marquis de Gouvernet ou son cousin, le comte de La Tour du Pin, qui la suivront très vite sur l'échafaud. Et tout autant pour le responsable le plus direct de son supplice, Fouquier-Tinville, l'accusateur public, âgé de 46 ans à l'époque : il aura la tête tranchée, dix-huit mois seulement après Marie-Antoinette.
D'avril 1793 à mai 1795, à la fois fin de Robespierre et date de sa dissolution, le tribunal révolutionnaire aura condamné 2 747 personnes à mort. La richesse de l'ouvrage tient à la multiplicité des points de vue privilégiés par le chercheur à l'École pratique des hautes études. Il analyse en profondeur les raisons politiques, et plus encore diplomatiques, qui conduisirent la Terreur à vouloir faire un exemple avec la reine. Parfois, l'historien se transforme en reporter, revisite la Conciergerie avec les yeux de son illustre prisonnière, refait le parcours de la condamnée sur sa lugubre charrette, amenant le lecteur à se mettre lui-même dans la peau de la monarque déchue. Il s'attache à restituer l'état de l'opinion et le climat intellectuel de l'époque, à travers les manchettes de la presse révolutionnaire, rappelant qu'une seule grande figure, Germaine de Staël, osa dénoncer publiquement le traitement réservé à Marie-Antoinette : « Elle ne défend pas la reine, mais la femme et la mère. » Enfin, qu'il s'agisse du sort du Dauphin, arraché à sa mère, ou de l'infinie tristesse de l'amant, le comte Axel de Fersen, s'écriant plusieurs jours après la disparition de l'amour de sa vie : « Tous les jours, je sens davantage tout ce que j'ai perdu », les moments d'émotion ne manquent pas dans ce remarquable travail historique.
Juger la reine, par Emmanuel de Waresquiel. Éditions Tallandier, 360 p., 22,50 EUR.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/week-end/culture/livres/0211569174052-marie-antoinette-face-a-ses-juges-2049303.php#bvvidPgC0oD57SKq.99
Marie-Antoinette face à ses juges
Henri Gibier / Directeur des développement éditoriaux | Le 09/12 à 06:00
image: http://www.lesechos.fr/medias/2016/12/09/2049303_marie-antoinette-face-a-ses-juges-web-tete-0211571116416_1000x300.jpg
Marie-Antoinette face à ses juges Aisa/Leemage
Biographie : Auteur d'un Talleyrand et d'un Fouché qui ont fait tous les deux date, l'historien Emmanuel de Waresquiel a cette fois mis ses pas dans ceux qui menèrent Marie-Antoinette devant ses juges, puis à l'échafaud. En trois jours et deux nuits, du 14 au 16 octobre 1793 à midi, l'ancienne reine de France fut jugée et exécutée, sans jamais perdre sa dignité, malgré sa peine, ses peurs et sa maladie - cette dernière se manifestant par des hémorragies à répétition. Elle allait avoir 38 ans. « Elle a été reine, elle a fait son métier de reine et elle l'est restée jusqu'au bout. Elle en a été grandie et elle en est morte », conclut le biographe, qui explique dans sa postface pourquoi il a eu envie de retracer les dernières heures de la fille de Marie-Thérèse d'Autriche. Si ce procès fabriqué par Robespierre, perdu d'avance pour la malheureuse accusée, le fascine tant, c'est qu'on y voit s'affronter « deux sociétés, deux systèmes de représentation, deux mondes », en une sorte de « combat singulier ».
Bien qu'on en connaisse l'épilogue, le récit est haletant car Emmanuel de Waresquiel connaît tous les trucs du bon conteur. Il alterne les retours en arrière, quand ils permettent de mettre en lumière le cheminement personnel de la jeune épouse de Louis XVI devenue la plus intransigeante défenderesse de la royauté - « Le roi n'a qu'un homme, c'est sa femme », disait Mirabeau en juin 1790 -, et de passionnantes incursions dans l'avenir, afin de suivre le destin des protagonistes de cette sinistre parodie de justice. Beaucoup d'entre eux ne survivront que de quelques mois à leur victime. C'est le cas notamment d'un des quinze jurés, le dénommé Châtelet, auquel le narrateur réserve un sort particulier car avant de condamner Marie-Antoinette à la mort, il avait été un de ses peintres favoris sous les ors du Petit Trianon. « Que diable a dû éprouver Châtelet en revoyant au fauteuil des accusés celle qui avait si joliment favorisé sa carrière et fait de lui un peintre à la mode ? » s'interroge Waresquiel. Il ne cache pas sa perplexité devant ce « pinceau des fêtes » transformé en actionneur de la guillotine : « Où est le véritable Châtelet ? »
LE FUNESTE DESTIN DES ACCUSATEURS
La punition de cette trahison morale viendra à son heure, car ce Jacobin fervent admirateur de Robespierre finira guillotiné en mai 1795. Ce fut le cas aussi pour les témoins restés les plus proches de la reine, comme le vieux marquis de Gouvernet ou son cousin, le comte de La Tour du Pin, qui la suivront très vite sur l'échafaud. Et tout autant pour le responsable le plus direct de son supplice, Fouquier-Tinville, l'accusateur public, âgé de 46 ans à l'époque : il aura la tête tranchée, dix-huit mois seulement après Marie-Antoinette.
D'avril 1793 à mai 1795, à la fois fin de Robespierre et date de sa dissolution, le tribunal révolutionnaire aura condamné 2 747 personnes à mort. La richesse de l'ouvrage tient à la multiplicité des points de vue privilégiés par le chercheur à l'École pratique des hautes études. Il analyse en profondeur les raisons politiques, et plus encore diplomatiques, qui conduisirent la Terreur à vouloir faire un exemple avec la reine. Parfois, l'historien se transforme en reporter, revisite la Conciergerie avec les yeux de son illustre prisonnière, refait le parcours de la condamnée sur sa lugubre charrette, amenant le lecteur à se mettre lui-même dans la peau de la monarque déchue. Il s'attache à restituer l'état de l'opinion et le climat intellectuel de l'époque, à travers les manchettes de la presse révolutionnaire, rappelant qu'une seule grande figure, Germaine de Staël, osa dénoncer publiquement le traitement réservé à Marie-Antoinette : « Elle ne défend pas la reine, mais la femme et la mère. » Enfin, qu'il s'agisse du sort du Dauphin, arraché à sa mère, ou de l'infinie tristesse de l'amant, le comte Axel de Fersen, s'écriant plusieurs jours après la disparition de l'amour de sa vie : « Tous les jours, je sens davantage tout ce que j'ai perdu », les moments d'émotion ne manquent pas dans ce remarquable travail historique.
Juger la reine, par Emmanuel de Waresquiel. Éditions Tallandier, 360 p., 22,50 EUR.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/week-end/culture/livres/0211569174052-marie-antoinette-face-a-ses-juges-2049303.php#bvvidPgC0oD57SKq.99
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Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Entretien
Emmanuel de Waresquiel : « Les révolutionnaires ne supportaient pas le pouvoir des femmes de la noblesse »
À travers le procès de Marie-Antoinette, jugée conspiratrice et perverse, ce sont les femmes de l’aristocratie que l’on condamne, affirme Emmanuel de Waresquiel. La méfiance à leur égard annonce le puritanisme du XIXe siècle.
par Valérie Toranian
Pour les révolutionnaires, Marie-Antoinette personnifiait le secret, la perversion et le complot. Son procès fut d’une violence inouïe. À travers elle, explique Emmanuel de Waresquiel, ce sont les femmes de l’aristocratie qui sont visées. Les révolutionnaires ne leur pardonnent pas de « régner » sur les esprits. L’auteur de Juger la reine et des biographies incontournables de Talleyrand et de Fouché évoque cette « méfiance incommensurable » qui annonce le puritanisme du XIXe siècle.
Revue des Deux Mondes– D’où provient la haine violente à l’encontre de la reine Marie-Antoinette ?
Emmanuel de Waresquiel – Marie-Antoinette construit quelque chose d’extrêmement moderne qui est l’apparition, au cœur du pouvoir, d’un espace privé. Elle importe en France ce qui existait à Vienne à l’époque de son enfance : une séparation entre la vie publique et la vie privée des princes. La notion même d’espace privé qui, du point de vue des représentations révolutionnaires, relève du secret, de la manipulation, du complot, s’inscrit en travers de l’idéal révolutionnaire, à savoir celui de la transparence. L’organisation par Marie-Antoinette du secret, d’un espace clos, est un chef d’accusation retenu par les révolutionnaires.
« Le renversement des alliances est mal vécu par la cour. Les élites intellectuelles françaises, les Lumières, ont toujours considéré les Habsbourg comme l’ennemi héréditaire du royaume. »
Mais la haine n’éclot pas avec le procès, elle existe depuis 1780, année où paraît clandestinement le premier pamphlet émanant de la cour, le Lever de l’aurore, peut-être rédigé par le comte de Provence lui-même. Il prend appui sur la liberté que s’accorde Marie-Antoinette d’inviter sa société à contempler le lever du soleil sur les terrasses de Marly, avec les extensions fantasmatiques que l’on peut imaginer – « buissonnades » et autres débauches. La haine se développe et se cristallise très tôt pour des raisons d’abord politiques et diplomatiques.
Elles tiennent au renversement des alliances en 1756, voulu par Louis XV et le duc de Choiseul pour des causes conjoncturelles – la lutte du royaume contre l’Angleterre. Louis XV pense qu’une nouvelle alliance avec l’Autriche plutôt qu’avec la Prusse facilitera le rééquilibrage de la puissance française.
Le renversement des alliances est mal vécu par la cour. Les élites intellectuelles françaises, les Lumières, ont toujours considéré les Habsbourg comme l’ennemi héréditaire du royaume. Depuis Henri IV, toute la politique française a été une politique de desserrement de l’étau Habsbourg, du fameux pré carré qui enferme la France au nord avec les provinces belges et autrichiennes de Belgique, à l’est avec l’empire d’Allemagne et l’Autriche, au sud-est avec les liens qui peuvent exister entre des principautés italiennes et les Habsbourg, au sud avec l’Espagne. Le rapprochement avec l’ennemi héréditaire a été mal ressenti.
« Marie-Antoinette a toujours conservé une nostalgie de l’enfance, de l’univers clos et protecteur. »
Quand Marie-Antoinette arrive en France en 1770, elle est à la fois le gage et la caution de cette politique dite de renversement des alliances. Elle n’est pas la première princesse étrangère à épouser un dauphin ou un prince français (il y a eu Marie Lezczinska, Marie-Thérèse d’Autriche) mais elle est la première à venir dans des circonstances politiques particulières et nouvelles, causes de la méfiance qu’on lui porte. Elle est perçue comme un émissaire secret de la cour de Vienne.
La seconde explication de cette haine tient à Marie-Antoinette elle-même, à son éducation, sa jeunesse, son tempérament. Elle a 14 ans et demi quand la cour de France l’accueille. On la défait du cocon familial, de ses dames, de ses frères et sœurs pour la projeter dans un monde « hérissé de miroirs et de clous », pour reprendre une expression de Roberto Calasso qui pourrait s’appliquer à Versailles, le cœur du faux-semblant et du mensonge.
Marie-Antoinette a toujours conservé une nostalgie de l’enfance, de l’univers clos et protecteur. Il y a en même temps la jeunesse, la gaieté, l’orgueil de la jeune archiduchesse parfaitement consciente de son lignage supérieur, ce qui explique la distanciation et la reconstruction d’un monde refuge, d’une thébaïde idéale avec le Petit Trianon offert par son mari Louis XVI dès son avènement en 1774. Bien qu’elle y passe peu de temps, il y a une rupture mal vue entre le Petit Trianon et l’organisation publique de la cour de Versailles. Le favoritisme suscité plus ou moins volontairement par Marie-Antoinette à l’égard de ses proches provoque des jalousies et des ambitions déçues chez les courtisans.
« Pour les révolutionnaires, Marie-Antoinette personnifie le secret, la perversion, la manipulation. »
Marie-Antoinette affiche sa volonté d’organiser des amitiés sensibles et pas seulement de cour. Elle crée des frustrations et des désirs de vengeance. Les premiers pamphlets naissent de ces circonstances. L’épisode crucial de l’affaire du collier (1784-1785), maladroitement conduite par Louis XVI et Marie-Antoinette elle-même, alimente la montée en puissance du fantasme et de la haine. Avec la publicité donnée aux comparses – Mme de La Motte, son mari et quelques autres –, l’opinion en pleine cristallisation s’empare de l’affaire pour accuser Marie-Antoinette de cupidité, de dilapidation de l’argent de l’État et d’adultère avec le cardinal de Rohan. Elle est victime de la transparence.
1789 marque un autre tournant dans sa vie : avant la tourmente révolutionnaire, elle perd son fils aîné, qu’elle aimait profondément. Il n’y eut pas un jour de sa vie où elle fut véritablement heureuse, rapporte le prince de Ligne dans les souvenirs publiés par Mme de Staël en 1807. C’est un mundus muliebris du désespoir, comme dirait Marc Fumaroli.
Pour les révolutionnaires, Marie-Antoinette personnifie le secret, la perversion, la manipulation (donc le complot), sans compter que son sexe et son statut de reine aggravent son cas. C’est un procès à tiroirs : on juge une reine déchue, une femme et une mère. La conjonction des trois personnes en une seule fait d’elle l’accusée idéale dans le procès qu’intente la Révolution à l’Ancien Régime, l’incarnation de tout ce qui est haï dans la monarchie : l’inversion du rapport entre les hommes et les femmes.
Revue des Deux Mondes – Les révolutionnaires haïssent l’amollissement et le pervertissement du pouvoir de la monarchie, dus, selon eux, au « règne des femmes sur les hommes »…
Emmanuel de Waresquiel – Ce « règne » des femmes sur les hommes commence au XVIIe siècle, avec les salons. La femme est la médiatrice d’une société nouvelle qui se met en place ; elle y applique un principe d’égalité entre les jeunes talents et les anciennes élites. Dans les salons parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, la femme atteint un niveau d’influence jamais connu: elle a l’initiative des usages, des modes et des mœurs ; elle acquiert un rôle politique. Il faut lire Talleyrand sur ce sujet : le pouvoir grandissant de la femme est perçu comme insupportable par les révolutionnaires […]
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Merci Majesté !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Tout à fait passionnant !!! merci
Invité- Invité
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
À vos agendas ! Conférence le 21 septembre à la Conciergerie :
https://www.facebook.com/events/1305324702928392??ti=ia
https://www.facebook.com/events/1305324702928392??ti=ia
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Gouverneur Morris a écrit:À vos agendas ! Conférence le 21 septembre à la Conciergerie :
Quelle nouvelle grandiose !!! Je serai donc le 21 septembre à Paris et la Conciergerie !!!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Il est probable et logique que cela ressemble beaucoup à ce qu'on a entendu de lui en décembre au Archives Nationales....
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Les veinards qui vont pourvoir y aller auront tout intérêt à faire un compte-rendu aux petits oignons et photos à l'appui !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
EXACT ...........
SINON TERRIBLES REPRÉSAILLES............
SINON TERRIBLES REPRÉSAILLES............
Invité- Invité
Invité- Invité
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Comme d'habitude, cher Majesté, je n'ai pas le loisir de voir votre vidéo. C'est frustrant. Mais demain, je serai sur un autre ordinateur que ce vieux "robespierre".
Merci Momo pour la conférence du 21 septembre prochain. Je rejoins Comtesse Diane et Louise-Adelaïde pour que ceux qui y participeront nous laissent un résumé sans faille.
Merci Momo pour la conférence du 21 septembre prochain. Je rejoins Comtesse Diane et Louise-Adelaïde pour que ceux qui y participeront nous laissent un résumé sans faille.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
TOUT A FAIT !!! nous persistons z et signons.........
Invité- Invité
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Il me semblait avoir lu quelque part que cette conférence avait lieu à la Chapelle Expiatoire...
D'éon- Messages : 213
Date d'inscription : 27/12/2013
Age : 51
Localisation : Normandie
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Merci cher d’Éon ! Le lien que j'ai inséré est bien à jour, j'ai dû confondre... tous à La Chapelle Expiatoire, donc !
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Juger la reine (Les derniers jours de Marie-Antoinette). De Emmanuel de Waresquiel
Emmanuel de Waresquiel dédicaçait son livre chez un antiquaire du carré rive gauche (Xavier Delesalle) avant hier soir. Cet événement était organisé en association avec Dorian Guo, un artiste d'origine chinoise fan de Marie-Antoinette. Voici quelques photos de la soirée et certaines des créations de Dorian :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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