Marie-Thérèse d'Autriche : Le pouvoir au féminin & Les conflits d'une mère. De Elisabeth Badinter

Je suis ravi d'apprendre que le livre d'Elisabeth Badinter, consacré à l'impératrice Marie-Thérèse, est annoncé en librairie pour le mois de novembre prochain.  :n,,;::::!!!:

Une publication attendue, que nous avions déjà annoncée ici.  Cela fait maintenant plusieurs années que Mme Badinter travaille sur ce projet !  :\\\\\\\\:

Le pouvoir au féminin
Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780), l'impératrice-reine
De Elisabeth Badinter
Chez Flammarion (Nov. 16)



Note de l'éditeur (succincte, pour l'instant)

Présentation de celle qui fut la mère de Marie-Antoinette, héritière des Habsbourg, épouse d'un mari volage, mère de seize enfants et souveraine d'un immense empire.
L'historienne tente de comprendre comment cette femme toute puissante a pu ou non concilier ses différents statuts

La nuit, la neige a écrit:

Présentation de celle qui fut la mère de Marie-Antoinette, héritière des Habsbourg, épouse d'un mari volage, mère de seize enfants et souveraine d'un immense empire.
L'historienne tente de comprendre comment cette femme toute puissante a pu ou non concilier ses différents statuts

Oui, c'est une sacrée gageure ( pour une Sacrée Majesté dirait Mercy :  )
Je crois que Marie-Thérèse s'en est tirée avec brio .   Si elle ne fut pas une mère irréprochable, elle fut un grand chef d'Etat .
Elle prenait les écarts de son époux avec philosophie, comme un petit souci tellement mineur qu'il n'y a pas lieu de s'en formaliser ...  

Merci pour cette nouvelle référence : à lire absolument !!! :n,,;::::!!!:

Mme de Sabran a écrit:
Merci pour cette nouvelle référence : à lire absolument !!!

Evidemment ! Je suis fan... boudoi30

D'Elisabeth Badinter, j'entends. Pas de Marie-Thérèse... :

La nuit, la neige a écrit:Evidemment ! Je suis fan... boudoi30

D'Elisabeth Badinter, j'entends. Pas de Marie-Thérèse... :

Je vous comprends..... un peu. Car mis à part le fait que l'Impératrice Marie-Thérèse ne fût pas une mère très présente pour sa progéniture, c'est la plus grande souveraine que l'Autriche ait jamais eue. C'était avant tout une femme politique qui a reçu ce lourd héritage de son père. Comment pallier les 2 ? Mais, je le redis, je vous comprends. J'aurais aimé vous dire le contraire.

Un premier article, publié sur le site internet du magazine L'Histoire, que je cite :

Mère courage

Marie-Thérèse d'Autriche, la mère de Marie-Antoinette, fut l'une des femmes les plus puissantes du siècle des Lumières. Comment concilier le rôle de mère, d'épouse aimante et d'« homme d'État » ?
Pour y répondre, Élisabeth Badinter a lu l'abondante correspondance de la souveraine ce qui lui permet de se placer au plus près des états d'âme de l'héritière des Habsbourg. Gouvernant avec son mari, François-Étienne de Lorraine, empereur du Saint Empire romain germanique, elle se rend compte de la médiocrité de celui qui partage sa vie. Ce qui ne l'empêche pas de l'aimer jusqu'au bout : seize enfants naîtront de leur union, dont cinq fils !

Ce qui frappe, c'est le rôle de l'affectif dans le mode de gouvernement de cette « impératrice-reine »: elle entretient une véritable relation d'amitié avec ceux qui l'ont servie, même si elle exerça un pouvoir absolu et autocrate (elle hait les philosophes), marqué par l'intolérance et un despotisme puritain, jusqu'à la persécution de la vie intime de ses sujets (les bals doivent se terminer à 23 heures !).
Son conflit avec Frédéric II - qui osa s'emparer de la Silésie - fut l'une des constantes du règne, comme cette cogérance qu'elle pratiqua, d'abord avec son époux, puis avec son fils Joseph II, qui manifesta très tôt un caractère autoritaire l'opposant à sa mère.

La vie de Marie-Thérèse fut une perpétuelle tension entre le corps naturel (de la reine), le corps immortel de la souveraineté et le corps maternel qui perpétue la lignée.
Mais cette imbrication permanente du privé et du public n'est-elle pas le caractère spécifique de tout pouvoir féminin ?
C'est bien l'intérêt de cette biographie que de retracer le portrait en action de cette « mère courage » : jusqu'au dernier jour, reconnaîtra Frédéric II, qui pour une fois fit taire sa misogynie, « elle a fait honneur au trône et à son sexe ».

Site source : http://www.lhistoire.fr/livres/m%C3%A8re-courage


Swiss School, 18th century - Maria Theresa, Empress (1717-1780)
Royal Collection Trust/© Her Majesty Queen Elizabeth II 2016

Si le sujet vous intéresse, notez qu'Elisabeth Badinter viendra présenter son livre aux micros de l'émission, La fabrique de l'histoire, sur France Culture, lundi prochain de 9h à 10h.

Nous aurons l'occasion de proposer le lien internet afin de réécouter cette émission.

Comme déjà annoncé, Elisabeth Badinter était, en avant première, l'invitée de la matinale de France Culture.
Voici les liens pour réécouter ces émissions de radio, si les sujets vous intéressent.
La seconde concernera plus précisément Marie-Thérèse et donc ce livre.  


- L'invité des matins (durée 20 mn) : E. Badinter, le pouvoir des femmes
A la veille de l'élection américaine qui pourrait bien consacrer pour la première fois une femme à la tête du pays, les Matins reçoivent Elisabeth Badinter, philosophe, spécialiste des Lumières et écrivaine.

C'est ici : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/elisabeth-badinter-le-pouvoir-des-femmes

Et :

- La Fabrique de l'Histoire (durée 53 mn) : entretien avec E. Badinter
Elisabeth Badinter évoque son livre : Le pouvoir au féminin, Marie-Thérèse d’Autriche, l’impératrice-reine paru aux éditions Flammarion.



Pousser le curseur temps à 9mn, pour le début de l'entretien.  
C'est ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/entretien-avec-elisabeth-badinter

Je suis sur le point d'achever la lecture de ce livre d’Élisabeth Badinter, et viens donc en faire un premier commentaire...

A la différence de sa biographie sur Condorcet, très "épaisse" et détaillée, ce livre-ci ne présente pas les mêmes caractéristiques : ce n'est pas une biographie disons "classique".
Et comme Élisabeth Badinter l'a d'ailleurs précisé dans ses interviews, il s'agit davantage d'un portrait.
Et j'ajoute un portrait disons "au féminin" : ce n'est pas une surprise que de dire qu'il s'agit d'un des angles d'études préférés d’Élisabeth Badinter.

Je n'avais guère envie de m'envoyer une biographie de 800 pages sur Marie-Thérèse, je l'avoue... :
Aussi cette étude me convient-elle tout à fait !

Quoique la trame générale respecte une certaine chronologie, l'auteure préfère donc mettre en exergue des points plutôt que d'autres : qu'il s'agisse d'une étude disons "personnelle" de la souveraine, ou d'une analyse des faits les plus marquants de son règne.

Lecture très intéressante !
En particulier pour ce qui concerne les (nombreuses) années qui précèdent l'histoire de Marie-Antoinette, disons "adulte", et ce qui va avec. Que je connais donc un peu mieux, évidemment.

J'ai personnellement appris beaucoup de choses sur son accession au(x) trône(s), ses premières années de règne, et en particulier donc sur les origines de la guerre de Succession d'Autriche.
Quel fourbe que ce Frédéric II !  

Chapitres très intéressants également au sujet de son époux (que je connaissais encore moins  ) ; sur les liens de Marie-Thérèse avec la Russie, et en particulier avec la tsarine Élisabeth Ière ; ou encore avec son fils Joseph, avec qui elle "partagera" le pouvoir.

Bref, quoique je n'ai pas encore tout à fait achevé cette lecture, je crois que je peux déjà dire que je la recommande, si ces premiers commentaires et avertissements vous conviennent.

Tu me donnes vraiment envie LNLN. Autant celle de Bled m'était tombé des mains, car trop scientifique, autant celle-ci me tente !

Oui, voilà : agréable à lire...

Cependant, si tu connais Marie-Thérèse sur le bout des doigts, peut-être n'apprendras-tu rien d'inédit ?
Je ne sais pas.
Mais enfin, son étude est intéressante, justement aussi parce qu'il ne s'agit pas d'une biographie "classique".

J'ai tout à apprendre quant à moi : c'est super !

Je pense que tu vas bien aimer...

Je reviendrai sous peu copier des extraits intéressants de ce livre.

La nuit, la neige a écrit:
Je pense que tu vas bien aimer...

Alors j'en suis sûre .

Franck Ferrand recevait hier Élisabeth Badinter pour une émission plus longue que les interventions précédentes de l'auteure et donc passionnante !!!

http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire

Madame Badinter a évoqué la possibilité d'un comportement maniacodépressif chez Marie-Thérèse qui pouvait travailler pendant des journées de quinze heures et pouvaient avoir envie de garder la chambre toute la journée dans l'obscurité (ce qu'elle ne faisait pas, gouvernement oblige ! ) . Aujourd'hui on parlerait de bipolarité.
Elle évoque également la dépression dont était sujette l'Impératrice-Reine à la mort de son mari.... peut-être même un peu avant.
C'est subjuguant comme je découvre Marie-Thérèse grâce à Élisabeth Badinter .... et je n'ai pas encore lu son livre .... mais je ne saurais résister longtemps.... :n,,;::::!!!:


Bien à vous.

Nous nous en doutions un peu, mais il est bien curieux de découvrir que l'Augusta que nous nous représentons toujours comme une matrone tout de noir vêtue qui ne passait rien à sa fille, Marie-Thérèse donc a été jeune, elle aussi, si si !

Je suis éberluée de découvrir le duc de Lorraine tel que le dépeint Mme Badinter ! ... un radis creux , presque un analphabète ... et pas plus sympathique que ça, par-dessus le marché .
Jeune, physiquement pas déplaisant, il faisait apparemment illusion auprès d'une enfant enamourée. Soit ! Mais c'est durant toute sa vie que Marie-Thérèse a adoré cet époux falot .

Si j'en crois les réactions d'Emmanuel de Waresquiel , par rapport aux émissions dans lesquelles nous les avons tous deux vus (il nous demandait si leur inimitié n'était pas trop visible dans ces débats...    ), je pense pouvoir mettre certaines guillemets dans les dépréciations de l'auteure.  boudoi29

Existe-t-il des biographies sur François-Étienne?
Peut-on ne se fier qu'à cette seule vision du duc de Lorraine?
Une antithèse serait un minimum pour se faire une vraie idée ...


Bien à vous.

Ce n'est pas une vision de Mme Badinter,   ce portrait du duc de Lorraine , mais diverses sources de divers contemporains dont Nicolas Jacquemin, représentant de Léopold à Vienne, le chargé d'affaires Bussy, l'ambassadeur Audiffret, le comte de Broglie, Thomas Robinson, etc, etc ...

Wiki ne donne pas de références de biographies du duc .

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Quelle que raide-dingue-amoureuse qu'elle soit  de son Lorraine de mari , Marie-Thérèse n'entendait nullement partager le pouvoir .  

" Le premier coup de canif à la corégence nous est connu par l'extrait de la Lettre ordinaire de Vienne du 11 avril 1742. On y lit que la reine a donné audience au vieux maréchal Koenigsegg " pour lui ordonner de ne faire aucun cas des ordres qu'il pourrait recevoir, bien que signés de sa main et du Conseil de guerre, si en confirmation il n'en recevait des doubles contresignés d'un chiffre concerté entre elle et lui.  Elle a pris ces arrangements pour éviter les inconvénients qui pourraient résulter de quelque ordre que Son Altesse royale pourrait extorquer d'elle ou du Conseil de guerre.   Koenigsegg qui n'est pas un sot, a exigé que cette princesse lui donnât cet ordre par écrit, signé de sa main, en cas d'incident. "
L'information ne peut manquer de surprendre. Elle révèle le double visage et surtout le double jeu de la reine.  Incapable de résister aux demandes du grand-duc, la souveraine prend des précautions pour pouvoir les contourner derrière son dos .  Ce qui prouve que leur entente politique n'est parfois que de façade et qu'elle sait s'arranger pour garder le dernier mot et en évitant les conflits . "

( Elisabeth Badinter : Le pouvoir au féminin )

Oh, la fine mouche !  

Elle avait plus d'un tour dans son sac, la Marie-Thérèse ! :\\\\\\\\:

Oui Comtesse Diane, et heureusement pour cette grande dame.
Nous voyons cela de notre "canapé", mais imaginez comme cela devait être difficile de régner et d'avoir, comme vous dites : "plus d'un tour dans son sac". Si possible pendant des années....et ce fût le cas. Bravo à la mère de Marie-Antoinette.

Marie-Thérèse employait donc avec son mari le même stratagème que déploiera plus tard Marie-Antoinette avec elle : lui dire ce qu'elle veut entendre mais n'en faire qu'à son idée .
Je ne sais pas si je suis claire ? :

Oh !   ... la gaffe !   ... 

Très intéressantes aussi sont les bisbilles entre Marie-Thérèse et Elisabeth de Russie, avec Frédéric II tapi dans l'ombre qui compte les points !
La politique internationale était affaire d'atomes crochus or not entre les grands .

Mme de Sabran a écrit:Marie-Thérèse employait donc avec son mari le même stratagème que déploiera plus tard Marie-Antoinette avec elle :  lui dire ce qu'elle veut entendre mais n'en faire qu'à son idée .  
Je ne sais pas si je suis claire ?   :

Très claire.
Mais n'est-ce pas le "stratagème" dont use beaucoup de femmes, encore aujourd'hui...pour avoir la paix !
En tous les cas, c'est vraiment ce qu'il y a plus simple et de plus efficace.