Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
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Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
Nous évoquions cette dame dans l'un de nos sujets, précisémment ICI.
Voici sa biographie Wikipédia (extraits), qui est intéressante à plus d'un titre...
Agathe de Rambaud, née Agathe Mottet
Née à Versailles elle a été baptisée Agathe Rosalie Mottet dans l'église Saint-Louis de Versailles le 10 décembre 1764. Elle est morte à Aramon, dans le Gard, le 19 octobre 1853 et a été enterrée au cimetière Saint-Véran, à Avignon.
Elle a été femme de chambre de la Maison des Enfants du Roi, présentée comme étant «berceuse des enfants de France », et « attachée à la personne du Dauphin » de 1785 à 1792.
Avant la Révolution
Agathe Mottet est la fille de Louis Melchior Mottet, commissaire général responsable des colonies, et de Jeanne Agathe Le Proux de La Rivière, fille d'un premier commissaire de la Marine.
Son père est le fils du baron Claude Nicolas Louis Mottet de La Motte, seigneur de la Motte, officier dans la vénerie du roi, baron fieffé de l'abbaye Saint-Corneille ; elle est la nièce du baron Benoît Mottet de La Fontaine, commissaire-ordonnateur des établissements français de l'Inde, gouverneur de Pondichéry.
On donne quelquefois à Agathe de Rambaud le titre de courtoisie de comtesse de Ribécourt.
Blason de la famille Mottet de Ribécourt
Agathe Mottet épouse Benoît-Thérèse de Rambaud, capitaine d'infanterie, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, issu d'une vieille famille bourgeoise de Provence, le 7 mars 1785, à Versailles, en l’église Saint-Louis.
Agathe Mottet devient, par son mariage, la belle-sœur de Georges-René Pléville Le Pelley, capitaine des vaisseaux du roi, futur amiral et ministre de la Marine et des Colonies sous le Directoire.
Portrait de Georges-René Le Pelley de Pléville, dit « le Corsaire à la jambe de bois »
Agathe de Rambaud est désignée pour être la berceuse du duc de Normandie, né en 1785, qui devient le Dauphin à la mort de son frère aîné Louis de France (1781-1789).
Alain Decaux écrit :
Madame de Rambaud a été placée auprès du Dauphin depuis le jour de sa naissance jusqu'au 10 août 1792, soit pendant sept ans. Durant ces sept ans, elle ne l'a pas quitté, elle l’a bercé, elle l’a soigné, elle l’a vêtu, elle l’a consolé, elle l’a grondé. Dix fois, cent fois plus que Marie-Antoinette, elle a été pour lui, une véritable Mère.
Auguste de Rambaud, son premier enfant, naît le 11 janvier 1786. Quand naît Madeleine Célinie de Rambaud, le 29 juillet 1787 à Versailles, son père a été nommé commandant de trois forts et gouverneur du royaume de Galam, pour la compagnie du Sénégal.
Il est tué en 1789 au fort Saint-Joseph de Galam, situé à cinq cents kilomètres des côtes du Sénégal.
Agathe est veuve à l'âge de 25 ans à peine, et perd aussi sa fille. Elle ne se remarie pas.
De la Révolution à l'Empire
Lors de la journée du 10 août 1792, elle fuit le palais des Tuileries avec Jean-Baptiste Cléry.
Dès les premiers jours de l'emprisonnement de la famille royale, Agathe de Rambaud demande en vain à servir le Dauphin, Louis-Charles, et ses parents à la prison de la Tour du Temple.
Agathe de Rambaud n'émigre pas ; elle doit se cacher du fait de ses anciennes fonctions, comme le font également certains de ses parents.
Après la chute de Robespierre, la plupart de ses proches, épris d'idées nouvelles et francs-maçons, servent avec zèle le Directoire, le Consulat et le Premier Empire.
La Restauration
Auguste, son fils, donne sa démission de ses fonctions dans l'administration bonapartiste et rejoint les troupes alliées, puis le roi, à Compiègne le 29 mars 1814. La famille se rallie au nouveau régime.
Toutefois, Agathe ne touche qu'une pension de 1 000 francs du roi, à partir du 6 septembre 1815, en tant qu’ancienne attachée à la personne du Dauphin. Son fils, Auguste, commissaire des guerres à Gand, est mis en demi-solde.
Quand Louis XVIII meurt, Agathe de Rambaud est reçue à la Cour plus régulièrement.
Agathe de Rambaud fréquente la bonne société parisienne, aussi bien les amis du duc Sosthène de La Rochefoucauld, qui écrira « Madame de Rambaud fut une femme fort honnête », que ceux du comte Charles d'Hozier, ou bien encore de Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, prince de Poix.
La Monarchie de Juillet
Les Trois Glorieuses n'ont aucune conséquence sur la vie d'Agathe de Rambaud. Elle semble être l’une des rares pensionnaires de l'ancienne liste civile considérée comme digne de recevoir, en tant qu'ancienne femme de chambre du Dauphin, fils de Louis XVI, une pension de 1 000 francs.
a belle-fille, Françoise Gaudelet d'Armenonville, se voit attribuer par le nouveau roi une pension de 600 francs, comme enfant d’anciens serviteurs de la Maison des enfants du roi.
Son fils, d'abord commissaire des guerres, puis demi-solde, ayant constaté à Vendôme que son avenir dans l'armée était inexistant, avait préféré partir aux Indes, puis au Mexique, où il meurt en 1834.
C'est à cette époque qu'un homme prétendant être Louis XVII surgit dans sa vie. Pendant plus d'une année, ce Charles-Guillaume Naundorff va vivre chez elle.
Elle va le questionner et évoquer de vieux souvenirs, constater également des marques sur son corps identiques à celles qu'elle avait notées à la demande de Marie-Antoinette sur le corps du Dauphin.
Les confidences qu'elle lui fait et les souvenirs qu'elle évoque permettront à Naundorff de se forger un passé crédible auprès de ceux qu'il va solliciter.
Portrait de Karl Wilhelm Naundorff
Agathe de Rambaud mènera presque jusqu'à sa mort un long combat pour défendre vigoureusement les droits de celui qu'elle ne considère pas comme un imposteur.
Son appartement est perquisitionné par des policiers qui saisissent, outre des documents appartenant à Naundorff, des archives familiales et même des cadeaux de la famille royale à Agathe de Rambaud.
Sa cousine germaine, femme d'Henry II Russell, rencontre à Londres la duchesse de Berry et Arthur Wellesley de Wellington dans son château familial, voisin du sien, et leur demande d'aider le duc de Normandie.
Mais ces derniers refusent, alors qu'ils aideront l'un de ses parents à devenir officier de l'armée des Indes.
La fin de sa vie
Pendant des années, elle entretient une correspondance avec Charles qu'elle persiste à appeler son prince, lui demandant d'abandonner ses projets de nouvelle religion, à la limite du sectarisme, et de se méfier des illuminés qui l'entourent et détournent de lui les personnes qui croient qu'il est le fils de Louis XVI.
Malgré son âge, elle fait plusieurs fois le voyage à Londres où Naundorff s'est installé.
Agathe de Rambaud vit depuis des années chez le mari de sa petite-fille, rue Banasterie, à Avignon, au pied du Palais des Papes.
Elle meurt à l'âge de 88 ans, le 19 octobre 1853, à Aramon. Elle est enterrée dans un premier temps à Aramon, puis elle rejoint le nouveau caveau familial au cimetière Saint-Véran (Avignon).
Plaque sur le caveau familial au cimetière Saint-Véran
PS : Nous noterons sur cette plaque la mention "Femme de chambre de Marie-Antoinette" ; et l'orthographe de son prénom et de son nom d'épouse.
Sources images et textes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agathe_de_Rambaud
Voici sa biographie Wikipédia (extraits), qui est intéressante à plus d'un titre...
Agathe de Rambaud, née Agathe Mottet
Née à Versailles elle a été baptisée Agathe Rosalie Mottet dans l'église Saint-Louis de Versailles le 10 décembre 1764. Elle est morte à Aramon, dans le Gard, le 19 octobre 1853 et a été enterrée au cimetière Saint-Véran, à Avignon.
Elle a été femme de chambre de la Maison des Enfants du Roi, présentée comme étant «berceuse des enfants de France », et « attachée à la personne du Dauphin » de 1785 à 1792.
Avant la Révolution
Agathe Mottet est la fille de Louis Melchior Mottet, commissaire général responsable des colonies, et de Jeanne Agathe Le Proux de La Rivière, fille d'un premier commissaire de la Marine.
Son père est le fils du baron Claude Nicolas Louis Mottet de La Motte, seigneur de la Motte, officier dans la vénerie du roi, baron fieffé de l'abbaye Saint-Corneille ; elle est la nièce du baron Benoît Mottet de La Fontaine, commissaire-ordonnateur des établissements français de l'Inde, gouverneur de Pondichéry.
On donne quelquefois à Agathe de Rambaud le titre de courtoisie de comtesse de Ribécourt.
Blason de la famille Mottet de Ribécourt
Agathe Mottet épouse Benoît-Thérèse de Rambaud, capitaine d'infanterie, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, issu d'une vieille famille bourgeoise de Provence, le 7 mars 1785, à Versailles, en l’église Saint-Louis.
Agathe Mottet devient, par son mariage, la belle-sœur de Georges-René Pléville Le Pelley, capitaine des vaisseaux du roi, futur amiral et ministre de la Marine et des Colonies sous le Directoire.
Portrait de Georges-René Le Pelley de Pléville, dit « le Corsaire à la jambe de bois »
Agathe de Rambaud est désignée pour être la berceuse du duc de Normandie, né en 1785, qui devient le Dauphin à la mort de son frère aîné Louis de France (1781-1789).
Alain Decaux écrit :
Madame de Rambaud a été placée auprès du Dauphin depuis le jour de sa naissance jusqu'au 10 août 1792, soit pendant sept ans. Durant ces sept ans, elle ne l'a pas quitté, elle l’a bercé, elle l’a soigné, elle l’a vêtu, elle l’a consolé, elle l’a grondé. Dix fois, cent fois plus que Marie-Antoinette, elle a été pour lui, une véritable Mère.
Auguste de Rambaud, son premier enfant, naît le 11 janvier 1786. Quand naît Madeleine Célinie de Rambaud, le 29 juillet 1787 à Versailles, son père a été nommé commandant de trois forts et gouverneur du royaume de Galam, pour la compagnie du Sénégal.
Il est tué en 1789 au fort Saint-Joseph de Galam, situé à cinq cents kilomètres des côtes du Sénégal.
Agathe est veuve à l'âge de 25 ans à peine, et perd aussi sa fille. Elle ne se remarie pas.
De la Révolution à l'Empire
Lors de la journée du 10 août 1792, elle fuit le palais des Tuileries avec Jean-Baptiste Cléry.
Dès les premiers jours de l'emprisonnement de la famille royale, Agathe de Rambaud demande en vain à servir le Dauphin, Louis-Charles, et ses parents à la prison de la Tour du Temple.
Agathe de Rambaud n'émigre pas ; elle doit se cacher du fait de ses anciennes fonctions, comme le font également certains de ses parents.
Après la chute de Robespierre, la plupart de ses proches, épris d'idées nouvelles et francs-maçons, servent avec zèle le Directoire, le Consulat et le Premier Empire.
La Restauration
Auguste, son fils, donne sa démission de ses fonctions dans l'administration bonapartiste et rejoint les troupes alliées, puis le roi, à Compiègne le 29 mars 1814. La famille se rallie au nouveau régime.
Toutefois, Agathe ne touche qu'une pension de 1 000 francs du roi, à partir du 6 septembre 1815, en tant qu’ancienne attachée à la personne du Dauphin. Son fils, Auguste, commissaire des guerres à Gand, est mis en demi-solde.
Quand Louis XVIII meurt, Agathe de Rambaud est reçue à la Cour plus régulièrement.
Agathe de Rambaud fréquente la bonne société parisienne, aussi bien les amis du duc Sosthène de La Rochefoucauld, qui écrira « Madame de Rambaud fut une femme fort honnête », que ceux du comte Charles d'Hozier, ou bien encore de Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, prince de Poix.
La Monarchie de Juillet
Les Trois Glorieuses n'ont aucune conséquence sur la vie d'Agathe de Rambaud. Elle semble être l’une des rares pensionnaires de l'ancienne liste civile considérée comme digne de recevoir, en tant qu'ancienne femme de chambre du Dauphin, fils de Louis XVI, une pension de 1 000 francs.
a belle-fille, Françoise Gaudelet d'Armenonville, se voit attribuer par le nouveau roi une pension de 600 francs, comme enfant d’anciens serviteurs de la Maison des enfants du roi.
Son fils, d'abord commissaire des guerres, puis demi-solde, ayant constaté à Vendôme que son avenir dans l'armée était inexistant, avait préféré partir aux Indes, puis au Mexique, où il meurt en 1834.
C'est à cette époque qu'un homme prétendant être Louis XVII surgit dans sa vie. Pendant plus d'une année, ce Charles-Guillaume Naundorff va vivre chez elle.
Elle va le questionner et évoquer de vieux souvenirs, constater également des marques sur son corps identiques à celles qu'elle avait notées à la demande de Marie-Antoinette sur le corps du Dauphin.
Les confidences qu'elle lui fait et les souvenirs qu'elle évoque permettront à Naundorff de se forger un passé crédible auprès de ceux qu'il va solliciter.
Portrait de Karl Wilhelm Naundorff
Agathe de Rambaud mènera presque jusqu'à sa mort un long combat pour défendre vigoureusement les droits de celui qu'elle ne considère pas comme un imposteur.
Son appartement est perquisitionné par des policiers qui saisissent, outre des documents appartenant à Naundorff, des archives familiales et même des cadeaux de la famille royale à Agathe de Rambaud.
Sa cousine germaine, femme d'Henry II Russell, rencontre à Londres la duchesse de Berry et Arthur Wellesley de Wellington dans son château familial, voisin du sien, et leur demande d'aider le duc de Normandie.
Mais ces derniers refusent, alors qu'ils aideront l'un de ses parents à devenir officier de l'armée des Indes.
La fin de sa vie
Pendant des années, elle entretient une correspondance avec Charles qu'elle persiste à appeler son prince, lui demandant d'abandonner ses projets de nouvelle religion, à la limite du sectarisme, et de se méfier des illuminés qui l'entourent et détournent de lui les personnes qui croient qu'il est le fils de Louis XVI.
Malgré son âge, elle fait plusieurs fois le voyage à Londres où Naundorff s'est installé.
Agathe de Rambaud vit depuis des années chez le mari de sa petite-fille, rue Banasterie, à Avignon, au pied du Palais des Papes.
Elle meurt à l'âge de 88 ans, le 19 octobre 1853, à Aramon. Elle est enterrée dans un premier temps à Aramon, puis elle rejoint le nouveau caveau familial au cimetière Saint-Véran (Avignon).
Plaque sur le caveau familial au cimetière Saint-Véran
PS : Nous noterons sur cette plaque la mention "Femme de chambre de Marie-Antoinette" ; et l'orthographe de son prénom et de son nom d'épouse.
Sources images et textes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agathe_de_Rambaud
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
Je rappelle notre sujet concernant les gouvernantes et sous-gouvernantes des Enfants de France, avec qui Mme Rambaud s'est occupée du petit dauphin.
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2782-gouvernantes-et-sous-gouvernantes-des-enfants-de-france?highlight=gouvernantes
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2782-gouvernantes-et-sous-gouvernantes-des-enfants-de-france?highlight=gouvernantes
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
Extrait du Journal de Jean-Baptiste Cléry, qui raconte sa fuite des Tuileries, le 10 août 1792, en compagnie de Mme de Rambaud, et comment ils ont probablement échappé à la mort :
Je restai dans cet asile depuis dix heures du matin jusqu'à quatre heures du soir, ayant sous les yeux le spectacle des horreurs qui se commirent sur la place de Louis XV.
Des hommes assassinaient, d'autres coupaient la tête des cadavres ; des femmes, oubliant toute pudeur, les mutilaient, en arrachaient des lambeaux, et les portaient en triomphe.
Pendant cet intervalle, madame de Rambaut (sic), femme de chambre de monsieur le Dauphin, qui n'avait échappé qu'avec peine au massacre des Tuileries, vint aussi se réfugier dans cette maison ; quelques signes que nous nous fîmes nous engagèrent au silence. Les fils de nos hôtes, qui dans ce moment arrivèrent de l'Assemblée nationale, nous apprirent que le Roi, suspendu de ses fonctions, était gardé à vue avec la famille royale dans la loge du rédacteur du Logographe, et qu'il était impossible d'approcher de sa personne.
Je résolus alors d'aller retrouver ma femme et mes enfants, dans une maison de campagne, à cinq lieues de Paris, que j'habitais depuis plus de deux ans ; mais les barrières étaient fermées, et je ne devais pas abandonner madame de Rambaut.
Nous convînmes de prendre la route de Versailles, où elle demeurait ; les fils de nos hôtes nous accompagnèrent.
Nous traversâmes le pont de Louis XVI, couvert de cadavres nus, déjà putréfiés par la grande chaleur ; et, après bien des dangers, nous sortîmes de Paris par une brèche qui n'était point gardée.
Dans la plaine de Grenelle, nous fûmes rencontrés par des paysans à cheval qui crièrent de loin en nous menaçant de leurs armes: « Arrête, ou la mort ! »
L'un d'eux, me prenant pour un garde du Roi, me coucha en joue et allait tirer sur moi, lorsqu'un autre proposa de nous conduire à la municipalité de Vaugirard.
« Il y en a déjà une vingtaine », disait-il, « l'abatis sera plus «grand. »
Arrivés à la municipalité, nos hôtes furent reconnus : le maire m'interrogea. « Pourquoi dans le danger de la patrie n'es-tu pas à ton poste ? Pourquoi quittes-tu Paris ? Cela annonce de mauvaises intentions. »
— « Oui, oui, » cria la populace, « en prison, les aristocrates ! en prison ! »
— « C'est précisément, répondis-je, parce que je voulais me rendre à mon poste, que vous m'avez rencontré sur la route de Versailles, où je demeure ; c'est là qu'est mon poste, comme c'est ici le vôtre. »
On interrogea aussi madame de Rambaut : nos hôtes assurèrent que nous disions la vérité, et l'on nous délivra des passe-ports.
Je dois rendre grâce à la Providence de n'avoir pas été conduit à la prison de Vaugirard : on venait d'y enfermer vingt-deux gardes du Roi, que l'on conduisit ensuite à l'Abbaye, où ils furent massacrés le 2 septembre suivant.
De Vaugirard à Versailles, des patrouilles de gens armés nous arrêtèrent à chaque instant pour vérifier nos passe-ports.
Je conduisis madame de Rambaut chez ses parents, et je partis aussitôt pour me rendre au sein de ma famille.
La chute que j'avais faite en sautant par une fenêtre des Tuileries, la fatigue d'un voyage de douze lieues, et mes réflexions douloureuses sur les déplorables événements qui venaient de se passer, m'accablèrent tellement, que j'eus une fièvre très-forte. Je gardai le lit pendant trois jours ; mais, impatient de savoir le sort du Roi, je surmontai mon mal, et revins à Paris.
Portrait de Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry
Par Henri-Pierre Danloux
Je restai dans cet asile depuis dix heures du matin jusqu'à quatre heures du soir, ayant sous les yeux le spectacle des horreurs qui se commirent sur la place de Louis XV.
Des hommes assassinaient, d'autres coupaient la tête des cadavres ; des femmes, oubliant toute pudeur, les mutilaient, en arrachaient des lambeaux, et les portaient en triomphe.
Pendant cet intervalle, madame de Rambaut (sic), femme de chambre de monsieur le Dauphin, qui n'avait échappé qu'avec peine au massacre des Tuileries, vint aussi se réfugier dans cette maison ; quelques signes que nous nous fîmes nous engagèrent au silence. Les fils de nos hôtes, qui dans ce moment arrivèrent de l'Assemblée nationale, nous apprirent que le Roi, suspendu de ses fonctions, était gardé à vue avec la famille royale dans la loge du rédacteur du Logographe, et qu'il était impossible d'approcher de sa personne.
Je résolus alors d'aller retrouver ma femme et mes enfants, dans une maison de campagne, à cinq lieues de Paris, que j'habitais depuis plus de deux ans ; mais les barrières étaient fermées, et je ne devais pas abandonner madame de Rambaut.
Nous convînmes de prendre la route de Versailles, où elle demeurait ; les fils de nos hôtes nous accompagnèrent.
Nous traversâmes le pont de Louis XVI, couvert de cadavres nus, déjà putréfiés par la grande chaleur ; et, après bien des dangers, nous sortîmes de Paris par une brèche qui n'était point gardée.
Dans la plaine de Grenelle, nous fûmes rencontrés par des paysans à cheval qui crièrent de loin en nous menaçant de leurs armes: « Arrête, ou la mort ! »
L'un d'eux, me prenant pour un garde du Roi, me coucha en joue et allait tirer sur moi, lorsqu'un autre proposa de nous conduire à la municipalité de Vaugirard.
« Il y en a déjà une vingtaine », disait-il, « l'abatis sera plus «grand. »
Arrivés à la municipalité, nos hôtes furent reconnus : le maire m'interrogea. « Pourquoi dans le danger de la patrie n'es-tu pas à ton poste ? Pourquoi quittes-tu Paris ? Cela annonce de mauvaises intentions. »
— « Oui, oui, » cria la populace, « en prison, les aristocrates ! en prison ! »
— « C'est précisément, répondis-je, parce que je voulais me rendre à mon poste, que vous m'avez rencontré sur la route de Versailles, où je demeure ; c'est là qu'est mon poste, comme c'est ici le vôtre. »
On interrogea aussi madame de Rambaut : nos hôtes assurèrent que nous disions la vérité, et l'on nous délivra des passe-ports.
Je dois rendre grâce à la Providence de n'avoir pas été conduit à la prison de Vaugirard : on venait d'y enfermer vingt-deux gardes du Roi, que l'on conduisit ensuite à l'Abbaye, où ils furent massacrés le 2 septembre suivant.
De Vaugirard à Versailles, des patrouilles de gens armés nous arrêtèrent à chaque instant pour vérifier nos passe-ports.
Je conduisis madame de Rambaut chez ses parents, et je partis aussitôt pour me rendre au sein de ma famille.
La chute que j'avais faite en sautant par une fenêtre des Tuileries, la fatigue d'un voyage de douze lieues, et mes réflexions douloureuses sur les déplorables événements qui venaient de se passer, m'accablèrent tellement, que j'eus une fièvre très-forte. Je gardai le lit pendant trois jours ; mais, impatient de savoir le sort du Roi, je surmontai mon mal, et revins à Paris.
Portrait de Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry
Par Henri-Pierre Danloux
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
Merci, cher ami, pour l'ouverture de ce sujet dédié à Mme de Rambaud .
C'est donc elle, la fameuse dame qui disait formellement reconnaître Naundorff comme étant Louis XVII !
Apparemment, et de bonne foi, elle est restée dans l'erreur toute sa vie .
C'est le fameux épisode, que nous connaissons bien, du petit habit bleu .
Elle le rencontre après 41 ans de séparation. Elle va le reconnaître et ne cessera pas de le soutenir. C’est normal elle le considère un peu comme son fils et il a été son pupille, cela mérite des sacrifices. Que cela ne plaise pas aux autorités en place ou à quelques journalistes n’est peut-être pas pour lui déplaire.
Convaincue d'avoir été mise en présence de Louis XVII, elle alla jusqu'à Prague, en 1834, pour tenter d'en persuader la duchesse d'Angoulême, qui refusa de la recevoir. Il semble qu'elle n'ait pas varié dans sa croyance jusqu'à sa mort, survenue en octobre 1853.
Là il a raison et cette dame de « 68 ans » va voyager à travers l’Europe plusieurs fois, affronter les juges et les policiers, sans jamais être accusée de faux témoignages et perdre sa pension du Roi. A « 68 ans », elle va même réussir à faire témoigner une quarantaine de proches du roi-martyr et de Marie Antoinette, et même survivre à leur fille.
Son "témoignage" ne peut toutefois troubler celui qui l' a étudié attentivement. A ce titre, la lecture du compte-rendu de Geoffroy est édifiante. Mme de Rambaud, écrit l'avocat, voulait éprouver le prétendant auprès de qui on allait la conduire. A cet effet, elle emporta un petit habit bleu que le prince avait porté "à cinq ou six ans", ainsi qu'un petit portrait de Marie-Antoinette.
( ... )
« J’avais conservé un petit vêtement pour me rappeler mon cher Prince, puisqu’on ne voulait pas m’admettre au Temple avec Mme de Tourzel; peut-être vous souviendrez-vous de l’avoir mis, et dans quelle circonstance, aux Tuileries ? »
On déploya l’habit bleu sous les yeux de Naundorff, qui éleva la voix :
« Oh ! je le reconnais bien; ce n’était pas aux Tuileries, mais à Versailles, pour une fête... et je ne l’ai plus porté, je crois, depuis la fête, car il me gênait. »
A ce moment, Mme de Rambaud céda à son émotion. Elle posa un genou à terre, devant l’individu qui venait de lui répondre de la sorte et s’écria :
« O mon Dieu ! O mon Dieu ! C’est lui. Il n’y a que mon Prince qui puisse me dire cela. Et elle pressait ses mains, des larmes coulaient de tous les yeux. Oui ! Oui ! c’était à Versailles et vous ne vouliez plus le porter ».
Mme de Rambaud par Guy de Rambaud - Naundorffisme
naundorffisme.free.fr/Mme%20de%20Rambaud%20par%20Guy%20de%20Rambaud...
Mme de Rambaud était entre-temps devenue berceuse du deuxième fils de Louis .
La rencontre avec Naundorff était organisée par l'avocat Geoffroy ...
Peut-être ce petit habit bleu ressemblait-il à celui de Louis-Joseph que tu nous montrais hier :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t131p50-louis-joseph-premier-dauphin#92207
C'est donc elle, la fameuse dame qui disait formellement reconnaître Naundorff comme étant Louis XVII !
Apparemment, et de bonne foi, elle est restée dans l'erreur toute sa vie .
C'est le fameux épisode, que nous connaissons bien, du petit habit bleu .
Elle le rencontre après 41 ans de séparation. Elle va le reconnaître et ne cessera pas de le soutenir. C’est normal elle le considère un peu comme son fils et il a été son pupille, cela mérite des sacrifices. Que cela ne plaise pas aux autorités en place ou à quelques journalistes n’est peut-être pas pour lui déplaire.
Convaincue d'avoir été mise en présence de Louis XVII, elle alla jusqu'à Prague, en 1834, pour tenter d'en persuader la duchesse d'Angoulême, qui refusa de la recevoir. Il semble qu'elle n'ait pas varié dans sa croyance jusqu'à sa mort, survenue en octobre 1853.
Là il a raison et cette dame de « 68 ans » va voyager à travers l’Europe plusieurs fois, affronter les juges et les policiers, sans jamais être accusée de faux témoignages et perdre sa pension du Roi. A « 68 ans », elle va même réussir à faire témoigner une quarantaine de proches du roi-martyr et de Marie Antoinette, et même survivre à leur fille.
Son "témoignage" ne peut toutefois troubler celui qui l' a étudié attentivement. A ce titre, la lecture du compte-rendu de Geoffroy est édifiante. Mme de Rambaud, écrit l'avocat, voulait éprouver le prétendant auprès de qui on allait la conduire. A cet effet, elle emporta un petit habit bleu que le prince avait porté "à cinq ou six ans", ainsi qu'un petit portrait de Marie-Antoinette.
( ... )
« J’avais conservé un petit vêtement pour me rappeler mon cher Prince, puisqu’on ne voulait pas m’admettre au Temple avec Mme de Tourzel; peut-être vous souviendrez-vous de l’avoir mis, et dans quelle circonstance, aux Tuileries ? »
On déploya l’habit bleu sous les yeux de Naundorff, qui éleva la voix :
« Oh ! je le reconnais bien; ce n’était pas aux Tuileries, mais à Versailles, pour une fête... et je ne l’ai plus porté, je crois, depuis la fête, car il me gênait. »
A ce moment, Mme de Rambaud céda à son émotion. Elle posa un genou à terre, devant l’individu qui venait de lui répondre de la sorte et s’écria :
« O mon Dieu ! O mon Dieu ! C’est lui. Il n’y a que mon Prince qui puisse me dire cela. Et elle pressait ses mains, des larmes coulaient de tous les yeux. Oui ! Oui ! c’était à Versailles et vous ne vouliez plus le porter ».
Mme de Rambaud par Guy de Rambaud - Naundorffisme
naundorffisme.free.fr/Mme%20de%20Rambaud%20par%20Guy%20de%20Rambaud...
Mme de Rambaud était entre-temps devenue berceuse du deuxième fils de Louis .
La rencontre avec Naundorff était organisée par l'avocat Geoffroy ...
Peut-être ce petit habit bleu ressemblait-il à celui de Louis-Joseph que tu nous montrais hier :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t131p50-louis-joseph-premier-dauphin#92207
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
Ouh là ! L'habit bleu. Que d'aventures...:roll: boudoi32Mme de Sabran a écrit:
Apparemment, et de bonne foi, elle est restée dans l'erreur toute sa vie .
C'est le fameux épisode, que nous connaissons bien, du petit habit bleu .
Je n'ai jamais guère compris et/ou suivi les affaires et mystères Louis XVII.
Mais merci pour le rappel.
Vous retrouverez, sur ce site, une biographie de Madame de Rambaud plus détaillée, ainsi que des informations sur sa famille.
Je ne suis pas certain d'avoir bien compris le fonctionnement du site , mais il me semble que cette page et d'autres ont été écrites par l'auteur de ce livre :
C'est ici : http://fr.guyderambaud.wikia.com/wiki/Agathe_de_Rambaud#cite_note-0
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
La nuit, la neige a écrit:
Je ne suis pas certain d'avoir bien compris le fonctionnement du site , mais il me semble que cette page et d'autres ont été écrites par l'auteur de ce livre :
Il doit être un descendant de la dame, ou petit-petit-petit neveu ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
On attend la suite avec Rambaud II boudoi26
Gouverneur Morris- Messages : 11795
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Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
Bizarrement, je ne trouve Mme de Rambaud nullle part dans le Journal de Bombelles !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Agathe de Rambaud, berceuse de Louis-Charles, duc de Normandie
Mme de Rambaud a reconnu Naundorff. Et certains princes russes ont reconnu Mme Anderson. Et puis plouf !
pilayrou- Messages : 674
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