Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
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Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
Situé dans le Berry ce ravissant château a toute sa place parmi les demeures du XVIIIe présentées ici. D'ailleurs la façade devrait vous rappeler quelque chose : : : C'est un château que j'ai visité quand j'avais 10 ans et que je n'ai jamais oublié, bonne visite.
Le château de Bouges
Image : Daniel Jolivet / Commons Wikimedia
Le château de Bouges
Image : Daniel Jolivet / Commons Wikimedia
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
Je ne bouge pas d'là !
Merci François pour cette découverte - pour moi - !!!!!!!!!!!
Merci François pour cette découverte - pour moi - !!!!!!!!!!!
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
Merveilleux !!! Merci, cher François !!! :n,,;::::!!!:
Cette demeure n'a rien d'un bouge ... :
Cette demeure n'a rien d'un bouge ... :
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
Merci cher François pour cette visite, et cette découverte !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
Les façades de ce ravissant château, propriété du Centre des monuments nationaux, ont été restaurées il y a peu...
Vue aérienne du château de Bouges depuis l'Est
Image : Yann Monel / Centre des monuments nationaux
Façade sur cour du château de Bouges après restauration
Image : Yann Monel / Centre des monuments nationaux
Façade sur jardin après restauration
Image : Yann Monel / Centre des monuments nationaux
Présentation du projet :
Ce chantier a eu pour but d’assurer la conservation du monument avec des interventions ponctuelles et ciblées. Les façades ont donc fait l’objet d’un nettoyage léger. Afin de remettre en valeur le contraste voulu par l’architecte entre la surface lisse des murs et les bossages aux angles, les joints ont été estompés autant que possible. Les maçonneries ainsi qu’une partie des sculptures ont été reprises, notamment par la réalisation de greffes et de bouchons. Les pierres conservées ont bénéficié d’un dessalement complet. Les pierres fortement dégradées, fendues voire fracturées ont quant à elles été remplacées.
Les menuiseries ont également fait l’objet d’une restauration.
A suivre, un rapide historique du domaine...
Vue aérienne du château de Bouges depuis l'Est
Image : Yann Monel / Centre des monuments nationaux
Façade sur cour du château de Bouges après restauration
Image : Yann Monel / Centre des monuments nationaux
Façade sur jardin après restauration
Image : Yann Monel / Centre des monuments nationaux
Présentation du projet :
Ce chantier a eu pour but d’assurer la conservation du monument avec des interventions ponctuelles et ciblées. Les façades ont donc fait l’objet d’un nettoyage léger. Afin de remettre en valeur le contraste voulu par l’architecte entre la surface lisse des murs et les bossages aux angles, les joints ont été estompés autant que possible. Les maçonneries ainsi qu’une partie des sculptures ont été reprises, notamment par la réalisation de greffes et de bouchons. Les pierres conservées ont bénéficié d’un dessalement complet. Les pierres fortement dégradées, fendues voire fracturées ont quant à elles été remplacées.
Les menuiseries ont également fait l’objet d’une restauration.
A suivre, un rapide historique du domaine...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
... que voici !
La terre de Bouges (Condita Bolgensis) est mentionnée en 917 dans la charte de fondation de l'abbaye de Déols. Au XIIIe siècle, elle relève de la châtellenie de Levroux. En 1218, le seigneur de Châteauroux, Guillaume de Chauvigny, la laisse en apanage à ses frères. Elle se transmet par les femmes (cf. l'article Levroux) jusqu'au XVe siècle et, par le mariage en 1416 de Jacquette du Peschin avec Bertrand V de La Tour d'Auvergne, la seigneurie, vraisemblablement constituée à cette époque d'une motte féodale, va entrer dans la famille des Médicis.
Portrait d'une dame inconnue, parfois identifiée de façon posthume à Madeleine de La Tour d'Auvergne (1498-1519),
comtesse de Boulogne, dame de St Saturnin, duchesse d'Urbino par marriage.
Femme de Laurent II de Médicis et mère de Catherine de Médicis, reine de France.
En effet, un siècle plus tard, en 1518, leur arrière-petite-fille, Madeleine de La Tour d'Auvergne, épouse Laurent II de Médicis. De cette union naît Catherine de Médicis dont le mari devient roi de France sous le nom de Henri II. Celle-ci ne s'intéresse pas à ses terres de Berry et, en 1547, année de son accession au trône, elle offre la moitié de la terre de Bouges à son conseiller et premier maître d'hôtel, Jean-Baptiste Seghizo, « en récompense et reconnaissance [...] de bons, grands et fidèles services ».
- Spoiler:
Le petit castel est décrit comme une « maison-fort (sic), fossés, basse-cour, maison et jardin étant en ladite paroisse et bourg de Bouges ». Par des achats et échanges successifs, Jean-Baptiste Seghizo recomposé la terre de Bouges dont il finit par détenir la totalité en 1565. De son vivant, elle est divisée entre ses neveux, Marc Antoine, premier écuyer tranchant de la reine, « capitaine de la ville et château » de Verneuil-sur-Seine, et Jean Marc. Mais ceux-ci décèdent sans enfant de sorte que la donation revient à Jean-Baptiste qui « vend, cède, quitte et délaisse » Bouges au profit d'un autre neveu, Marc Antoine, en vertu d'une autorisation donnée par Catherine de Médicis le 20 septembre 1570.
Au lendemain de la Fronde, le 26 octobre 1657, la terre est donnée à bail à Françoise de Prunelé, veuve d'Anne de Tournebu, conseiller du roi en les conseils d'État et privé, premier président en requête du palais à Rouen. Son descendant, Claude Le Roux, hérite de Bouges en 1684. Après lui, la terre passe par succession à Claude Lignaud de Lussac, mais celui-ci, criblé de dettes, voit ses biens saisis et Bouges est vendue par adjudication à Jacques Alleaume, trésorier de France en la généralité d'Alençon, en vertu d'un décret du 15 novembre 1717.
Sa veuve, Blanche Marie Anne Lenormand, abandonne son bien à son fils, Jean Jacques Alleaume, trésorier de France en la généralité de Bourges. L'épouse séparée de biens de ce dernier vend la seigneurie de Bouges et ses dépendances (Bretagne, La Champenoise et Liniez) à Claude Charles François Leblanc de Marnaval, le 30 mars 1759, pour 275 000 livres, y compris les meubles et effets mobiliers évalués à 25 000 livres. Les actes de vente du xviiie siècle indiquent que l'ancienne motte féodale avait été fortifiée, sans doute durant les Guerres de religion et la Fronde.
1759-1781 : Leblanc de Marnaval et la construction du château actuel
Leblanc de Marnaval est un maître de forges qui a réalisé une importante fortune et épousé Marie Anne Gaudard, fille d'un trésorier de France au bureau des finances de la généralité de Bourges. Il fait raser l'ancienne maison forte et construire sur ses vestiges, vers 17654, le château actuel dont le fronton porte ses armes et celles de son épouse.
Les travaux sont menés rapidement puisque l'affiche de la vente de 1781 indique que « le château est bâti à neuf depuis dix ans ». Le 19 mars 1763, des lettres patentes confèrent à Marnaval d'autorisation d'exercer ses droits seigneuriaux de basse, moyenne et haute justice et celui-ci fait dresser à cette fin, l'année suivante, un plan terrier de son domaine en 28 planches par l'arpenteur François Bonnin.
Le propriétaire ne cesse d'effectuer des travaux et améliorations dans son domaine. En 1778, il procède à une transformation d'ampleur des toitures : c'est peut-être seulement à cette époque qu'elles sont réalisées à l'italienne. L'allée cavalière est tracée après échange de prés avec divers particuliers. Des orangers sont placés sur les terrasses. Une volière et une fabrique trouvent leur place dans le parc.
Marnaval fait faillite en 1778 et vend la terre de Bouges, le 11 avril 1779 « avec tous les bâtiments, basse-cour y contiguë, l'orangerie, jardin, parc, terrasses, avenues et autres dépendances », ainsi que les ornements et le mobilier dont 20 000 livres de glaces.
Son frère, Leblanc de Logny, capitaine des chasses du duché de Berry, la remet contre 516 000 livres à Jean François, marquis de Rochedragon, colonel d'infanterie, qui n'en disposera qu'à partir de 1781. Sont compris dans la vente « tous les ornements mis à perpétuelle demeure dans le château », estimés à 52 785 livres, mais les travaux de toiture effectués en 1778 sont considérés comme « une dépense purement voluptuaire (sic) et qui n'a pu donner aucune augmentation de valeur au château ».
1781-1818 : le marquis de Rochedragon
Le nouveau propriétaire Jean François (1744-1816), marquis de Rochedragon, baron de Mirebeaux, est « mestre de camp des armées du roi, colonel général infanterie française et étrangère », chevalier de Malte et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.
Avec son épouse, Adélaïde Félicité de Sailly (1753-1785), il habite l'hôtel de Conti, rue Saint-Dominique à Paris. Il augmente le domaine et l'administre avec soin et en tire des revenus importants. Il reste sur ses terres durant la Révolution française qui semble ne l'avoir que peu affecté. C'est tout juste si le conseil municipal de Bouges, rebaptisé « Fonds-Cœur », fait enlever les grilles du portail, réalisées aux forges de Clavières, qui sont adjugées à un bourrelier de Bourges ; mais les ferronneries des balcons échappent à la réquisition.
Le marquis de Rochedragon est même sollicité pour intervenir auprès de l'Assemblée nationale en vue de la création d'un département intermédiaire entre le bas Bourbonnais, le haut Berry et le pays des Combrailles afin de « régénérer » la contrée.
Sa carrière semble avoir été un long fleuve tranquille ou presque ...
- Spoiler:
- Il commence sa carrière le 1er juillet 1756, comme page à la
Petite Écurie, et il devient garde du corps du roi compagnie Villeroy le 25 février 1760. En 1761, il sert comme aide de camp en Allemagne, et le 1er mars 1763, il est nommé capitaine au régiment Royal-Piémont cavalerie. Réformé à la réorganisation du 11 avril 1763, il est congédié des gardes du corps pour entrer aux carabiniers le 1er avril 1765. Le 28 avril 1776, il reçoit son brevet de major au Régiment d'Artois cavalerie, et le 1er mars 1778, il passe mestre de camp en second du régiment Médoc-infanterie. il est fait chevalier de Saint-Louis le 28 avril 1778.
Il achète le Château de Bouges en 1781. Le 24 avril 1781, il est nommé mestre de camp commandant le régiment du Maréchal de Turenne, et le 1er janvier 1784, il devient mestre de camp lieutenant-commandant et inspecteur du régiment Colonel-Général. Il est élu député suppléant de la noblesse du Berry aux États généraux de 1789.
Il est promu maréchal de camp à la 22e division militaire le 30 juin 1791, et il démissionne pour raison de santé le 7 septembre 1792. Il est emprisonné comme noble en 1793. Réhabilité en 1794, après la chute de Robespierre, il refuse de reprendre du service sous le Consulat et l’Empire. Il obtient une solde de retraite le 21 février 1801. Lors de la Première Restauration, il est nommé lieutenant-général honoraire par le roi Louis XVIII le 23 août 1814.
Il meurt le 2 janvier 1816, à Paris.
Le fils aîné du marquis de Rochedragon, Louis Fortuné, ayant émigré, les droits sur la terre de Bouges qu'il a hérités de sa mère, décède en 1785, sont considérés comme appartenant à la nation, mais la fille naturelle du marquis, Marguerite Rosalie Laforest, se porte acquéreur de ces droits auprès de l'administration du département le 11 prairial de l'an IV (30 mai 1796) ; sa proposition est acceptée le 26 ventôse de l'an VI (16 mars 1798) et elle verse 191 999 livres soit le sixième de la valeur du domaine selon l'estimation faite par Pierre Delalande, ingénieur géographe. Ce prête-nom permet au marquis de conserver dans sa famille la totalité de ses droits de propriété.
Après sa mort survenue en 1816, Bouges échoit à ses deux enfants survivants : Anselme François Marie Henri de Rochedragon (1783-1851), gendre du maréchal Mac Donald, colonel du régiment de cuirassiers du duc de Berry et maire de Bouges, et sa sœur Anastasie Flore Éléonore (°1776), par son mariage marquise de Montaigu.
1818-1826 : Talleyrand et la duchesse de Dino
La duchesse de Dino séjourne à plusieurs reprises à Bouges, mis à sa disposition par son oncle Talleyrand.
Le 31 janvier 1818 Bouges est vendu pour 650 000 livres à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent, qui possède non loin de là le château de Valençay. Le château est « orné de glaces, boiseries, tentures et autres embellissements » et décrit comme « formant pavillon carré à l'italienne, avec terrasses, jardins, parcs, cour d'honneur, basse-cour, écuries, remises, pavillons de concierge, bâtiments d'exploitation » et il est cédé avec ses « meubles meublants et de ménage, linge, vaisselle, glaces, tableaux, tentures, tapisseries, lits, couchettes ».
Le nouveau propriétaire renouvelle une partie du mobilier comme l'indique l'inventaire effectué en septembre 1818 par Bourgognon, tapissier. Les objets de table, notamment les verres et les couverts, sont gravés de la lettre B ou du nom de Bouges. La chambre dite « de la duchesse de Dino » au rez-de-chaussée, abrite un lit de fer et un mobilier d'acajou recouvert de soie bleue. ( Je dirais plutôt verte ... )
Dans le grand salon se trouvent des chaises, fauteuils et deux canapés en bois peint garnis de velours jaune, ainsi que deux jardinières. À l'étage, la chambre du prince comprend un lit à baldaquin et un bureau en bois noir. Ce mobilier est laissé à la garde du concierge Mallet qui reprend cet état le 1er novembre 1819 et signale « un mauvais billard et dix mauvaises queues ».
Talleyrand utilise peu le château de Bouges. Son ami le général-comte de Castellane, relatant une visite qu'il y effectue en octobre 1819, précise que le château est « comme neuf, charmant dans tous ses détails, meuble par [le prince] complètement [...] sans qu'il y ait encore couché ». En 1822, Talleyrand fait dresser un état des titres du domaine dont il exploite les vignes.
Il met la demeure à la disposition de Dorothée de Courlande (1793-1862), duchesse de Dino, épouse de son neveu Edmond, qui y séjourne à diverses reprises mais ne l'évoque jamais.
1826-1852 : la famille Masson
Le 21 novembre 1826, Talleyrand revend Bouges à un homme d'affaires lorrain, Georges Timothée Masson (1774-1857), qui possède également en Berry le château de Villedieu et ses 4 500 hectares de terres, mais passe le plus clair de son temps à Nancy. Il doit sa fortune à la manufacture de tabac fondée par son père à Nancy et possède de grands domaines tels que Guermange et Art-sur-Meurthe. Maire-adjoint de Nancy en 1814, il y reçoit le tsar Alexandre Ier de Russie.
Son fils, Antoine Achille Masson (1815-1882) administre les domaines de Bouges et de Villedieu au décès de sa mère en 1839. Il épouse en 1850 Adélaïde Joséphine Bachasson de Montalivet, deuxième fille d'Adélaïde de Saint-Germain et du ministre Camille de Montalivet qui obtiendra de Napoléon III l'autorisation de transmettre son nom aux descendants de son gendre.
On attribue à Antoine Achille Masson la transformation du parc de Bouges en parc à l'anglaise. Sans doute est-ce lui qui effectue également des aménagements intérieurs : installation du billard dans l'actuelle salle de jeux ; transformation de la chambre contiguë en salle à manger ; installation d'un piano dans le petit salon, avec une partie du mobilier de la chambre de Talleyrand.
1853-1857 : le général Ben Ayed
En juin 1853, la famille Masson-Bachasson de Montalivet vend le domaine de Bouges au général Mahmoud Ben Ayed, issu d'une importante famille tunisienne originaire de Djerba et installée à Tunis au XVIIIe siècle. Nommé directeur des magasins de l'État par le bey de Tunis Ahmed Ier, progressivement titulaire de tous les fermages de Tunisie, il crée une banque en 1847 et obtient le monopole de l'émission de billets au porteur remboursables, garantis sur des fonds d'État. Selon le rapport d'un inspecteur des finances envoyé en mission à Tunis, il détourne de 50 à 60 millions de francs, c'est l'affaire Mahmoud Ben Ayed.
Dès 1850, le général obtient la nationalité française et, en 1852, il quitte la Tunisie avec son trésor tout en y conservant certaines affaires. À Paris, il achète l'hôtel Collot, 25 quai d'Orsay (aujourd'hui quai Anatole-France), dont le propriétaire vient de mourir, ainsi que des immeubles de rapport comme le Passage Ben-Aïad. Au moment où il fait l'acquisition de Bouges, il fait déjà l'objet de poursuites. Celles-ci le contraignent à fuir à Constantinople d'où il négocie la vente du château en 1857 au profit d'Adolphe Dufour, qui travaille pour la Compagnie des Eaux de Paris.
1857-1917 : la famille Dufour
À la mort de ce dernier en 1870, son fils Henri hérite du château et fera effectuer d'importants travaux jusqu'à sa mort en 1913, avec le concours de l'architecte départemental Alfred Dauvergne (1824-1886) puis, probablement, du fils de celui-ci, Henri.
Dauvergne refait les façades du château et envisage de blanchir les balustrades des terrasses (1873). Un calorifère et un monte-plats sont installés dans le château. Le plafond de la salle à manger est refait (1878) à la suite de son agrandissement par la suppression des pièces de service attenantes au nord. Un poêle de style Renaissance y est installé. L'ordonnance de la salle de billard est renforcée par le doublement des portes d'accès au grand salon et à la salle à manger par des percées symétriques; des niches sont créées dans la cloison du vestibule.
C'est très certainement Dauvergne qui ouvre un puits de lumière au centre du château qu'il orne de pilastres et de colonnes ioniques et que l'érudit Fauconneau-Dufresne décrit comme « une splendide cage d'escalier, éclairée par le haut, au moyen d'un double vitrail, terminé par une large lanterne ». Un belvédère est représenté sur une vignette illustrant les Esquisses pittoresques sur le département de l'Indre (1882), mais un dessin du graveur vendéen Octave de Rochebrune dédié à Mme Henri Dufour en 1885, montre un lanterneau de plan carré (surmonté d'un paratonnerre ?) tel que celui qui subsiste aujourd'hui; l'eau-forte (coll. pers.) qu'offrit à la châtelaine "l'hôte reconnaissant" est datée du 20 novembre 1886.
Le château est entièrement restauré vers 1880 et Henri Dufour constate que « les communs produisent un très mauvais effet ». Dauvergne intervient alors sur les dépendances de la basse-cour. Pour relier la cour des communs aux terrasses du château il propose la création d'un escalier qui ne sera réalisé qu'au début du XXe siècle. Il crée des talus et un grand massif circulaire dans la cour d'honneur (1878).
Le parterre de broderies devant la façade nord.
En 1897, Henri Dufour fait appel au célèbre paysagiste Henri Duchêne pour créer des jardins à la française à proximité du château. Son projet est mis en œuvre par son fils, Achille, jusqu'en 1909. Le parc à l'anglaise est restructuré pour dégager des points de vue pittoresques, notamment vers l'étang dont l'emprise est modifiée. Les axes du château sont soulignés par des parterres de buis, notamment au nord, tandis qu'à l'ouest est tracée une longue perspective comprenant un bassin en hémicycle avec buffet d'eau orné de congélations et un grand "tapis vert" se déroulant jusqu'à un monument qui sert de point de fuite.
La cour d'honneur, bordée de terrasses plantées de tilleuls, est traitée sobrement : Duchêne supprime les massifs et crée une transition entre les terrasses et la cour par des plates-bandes dont les graviers de brique et d'ardoise dessinent une frise de postes.
1917-1967 : les Viguier
Le 21 janvier 1917, le château est acquis par l'homme d'affaires Henri Viguier (1877-1967), propriétaire et président-directeur général du Bazar de l'Hôtel de Ville, célèbre magasin parisien qu'il développe et dont il assure la prospérité. C'est lui qu'évoque André Roussin dans ses souvenirs : « le très riche et débonnaire oncle Henri, président-directeur-général, habitant alternativement hôtel avenue Foch, château dans l'Indre, manoir à Houlgate ou villa à Grasse ».
En janvier 1906, il épouse Marie-Claire Renée Normant, issue d'une riche famille de drapiers de Romorantin, dont les établissements, dénommés Manufacture Normant frères, ont connu une grande prospérité au XIXe et au début du XXe siècle en fournissant le drap bleu des uniformes de l'armée.
Henry Viguier est élu maire de Bouges en 1919, sans s'être présenté, et sera réélu sans discontinuer jusqu'à sa mort.
Le jardin de fleurs créé par Renée Viguier.
Les Viguier restaurent le château, le décorent et le remeublent. En effet, à la suite de la succession difficile d'Henri Dufour, sa veuve, qui vit à Biarritz, fait enlever toutes les tapisseries, les meubles et objets mobiliers, et même des glaces et trumeaux. On enlève ainsi les tapisseries de la salle à manger et les dessus-de-portes « embellis de peintures à la manière de Boucher ». Renée Viguier va rendre son atmosphère au château en multipliant les acquisitions de boiseries et de meubles. Elle bénéficie des conseils de l'épouse du couturier Jacques Doucet, qui avait réuni une prestigieuse collections de mobilier du XVIIIe siècle dans son hôtel de la rue Spontini, dont il se sépara par une vente publique mémorable en 1912. Les Viguier achètent un mobilier de qualité mais relevant de la production courante des grands ébénistes parisiens, et n'hésitent pas à le compléter d'éléments de style. Ils constituent des ensembles de sièges à partir d'éléments disparates unifiés par l'emploi de la peinture « gris Trianon » alors à la mode. Le confort de la demeure est amélioré par l'installation de l'électricité et du chauffage central et chacune des sept chambres dispose d'une salle de bains ou d'un cabinet de toilette avec l'eau courante. Les Viguier restaurent les compositions végétales des Duchêne et transforment le potager en jardins de fleurs, tandis que la serre reçoit des plantes exotiques.
Grand amateur d'équitation, Viguier est membre de la Société des Courses de Châteauroux et président du Cercle de l'Etrier. Il possède sa propre écurie, à casaque bleu et jonquille. De luxueux équipages sont remisés dans les communs, les écuries, la sellerie d'honneur sont magnifiques. Le maître des lieux organise aussi des chasses réputées.
En 1944, le domaine fait l'objet d'une demande de réquisition par les autorités allemandes mais une exemption est obtenue grâce à l'intervention de l'architecte en chef des monuments historiques Michel Ranjard. Les travaux reprennent en 1951.
Après le décès de son épouse en mai 1966, Henry Viguier, âgé de 89 ans et sans descendance, décide de léguer son domaine à la Caisse nationale des Monuments historiques et des Sites, devenue aujourd'hui le Centre des Monuments nationaux. À sa mort, le 22 août 1967, le domaine entre donc dans le patrimoine propre de cet établissement public avec son mobilier comprenant 1 600 pièces. Le testament d'Henry Viguier précise que les revenus du domaine sont destinés à assurer l'entretien et la restauration du château, des communs et du parc.
Le Centre des Monuments nationaux emploie 8 agents contractuels à Bouges. La fréquentation totale s'est élevée à 13 271 visiteurs en 2008 pour une recette de 55 989 euros.
En 1991, un cambriolage a lieu au château et une pendule provenant de Louis XVI est volée. Retrouvée par la police chez les époux Berlusconi qui demandent à L’État français un dédommagement de 100 000 euros pour la rendre, l'État refuse et la pendule reste chez les Berlusconi.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Bouges
Berlusconi receleur malgré lui
L'homme d'affaires italien détient une pendule Louis XVI volée en France en 1991.
par Vincent Noce
publié le 25 juillet 2002
Les tribulations d'une pendule, volée aux collections publiques il y a maintenant onze ans, montrent de manière exemplaire comment il est possible de «laver» une oeuvre sur le marché de l'art en sautant par-dessus les frontières. Même si cette affaire n'a rien à voir avec le réseau jugé à Montbrison (lire ci-contre), elle éclaire bien les mécanismes du trafic sur le continent.
Cette pendule astronomique d'époque Louis XVI signée de Robin, horloger du roi et de la reine, a été volée dans la nuit du 28 au 29 mai 1991 au château de Bouges, un élégant édifice du XVIIIe siècle près de Châteauroux, administré par la Caisse nationale des monuments historiques. En bronze noir, d'une hauteur d'environ 50 cm, elle représente les trois Parques en train de dévider leur fil fatidique, surmontées d'un coq. Pour l'assurance, elle avait été évaluée par l'inspection des Monuments historiques à 100 000 euros.
L'affaire n'a jamais été révélée officiellement. Mais, selon nos informations, cet objet d'art décore aujourd'hui la résidence secondaire de Silvio Berlusconi, près de Milan. Son périple, tel que reconstitué par les enquêteurs français et italiens, est exemplaire. Sortie en contrebande via la Belgique, elle a été achetée 50 000 francs (7 500 euros, moins du dixième de son prix) aux trafiquants par un «grossiste» néerlandais. Ce dernier l'a revendue quatre fois plus cher (200 000 francs, 30 400 euros) à un marchand allemand de Brême. Lui-même l'a cédée pour le double (400 000 francs, 61 000 euros) à un antiquaire suisse de Zurich, la galerie Ridding, qui a fini par la revendre, en 1995, à Mme Berlusconi, pour 700 000 francs, soit son vrai prix. A la demande de la France, les carabiniers sont allés voir l'homme d'affaires, qui a refusé de rendre la pendule à moins d'être remboursé. Sa bonne foi au moment de l'achat n'est pas mise en doute, non plus que celle de l'antiquaire suisse. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une pièce inaliénable du patrimoine public.
https://www.liberation.fr/culture/2002/07/25/berlusconi-receleur-malgre-lui_411134/
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
Merci d'avoir repris la main pour le "bref historique" de ce charmant château !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le château de Bouges, le Petit Trianon du Berry
Quel charmant château que ce Bouges, en effet !
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
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