Carlo Broschi, dit Farinelli
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Carlo Broschi, dit Farinelli
Eh bien ?!
Je souhaitais vous présenter un portrait de Farinelli, photographié à l'occasion de notre visite au Musée Cognacq-Jay, et je me rends compte qu'aucun sujet est dédié au célèbre chanteur...
C'est chose faite (merci Wiki) !
Portrait de Carlo Broschi, dit Farinelli
Par Jacopo Amigoni, vers 1740
Musée Carnavalet
Né à Andria (province de Bari, alors intégrée au Royaume de Naples), le 24 janvier 1705, de Salvatore Brosca et Caterina Barrese, et mort à Bologne le 16 septembre 1782.
Jeunesse, formation et premiers succès
Le jeune Carlo est issu d'une famille de la noblesse de robe locale.
Son père, Salvatore, détient des charges administratives féodales ; c'est un passionné de musique qui décide de faire de ses deux fils des artistes ; l'aîné, Riccardo, comme compositeur, et le cadet, Carlo, comme chanteur.
Les premiers éléments d'instruction musicale sont dispensés à Carlo par son père et son frère Riccardo, plus âgé que Carlo de 7 ans.
Carlo est emmené à Naples vers 1714-1715, c'est vraisemblablement là qu'il subit la castration.
Il est admis au prestigieux Conservatoire dei Poveri di Gesù Cristo et suit l'enseignement de Nicola Porpora, le maître absolu des grands castrats à Naples.
Le maestro développe chez son élève une prodigieuse voix de soprano, qui néanmoins peut atteindre des graves de mezzo, et à l'inverse peut atteindre dans les vocalises le do5 (le contre-ut), ce qui confère à la voix de Farinelli l'ambitus exceptionnel de 3 octaves.
Pris sous la protection d'une riche famille de magistrats napolitains du nom de Farina, il adoptera le nom de scène de Farinelli en hommage à ses mécènes.
Le cursus d'études au Conservatoire dure 6 ans.
Précoce et virtuose, le jeune artiste débute en public à 15 ans, en 1720, lors d'une soirée donnée à Naples en l'honneur de l'impératrice d'Autriche.
Il y chante dans la sérénade Angelica e Medoro de Porpora, en compagnie du soprano féminin star Marianna Bulgarelli dite La Romanina, du célébrissime castrat soprano Domenico Gizzi, et du castrat contralto Francesco Vitale.
Il obtient le plus vif succès.
Il y fait la connaissance du librettiste Pietro Metastasio (en français, Métastase), de sept ans son aîné, dont c'est le premier texte représenté, et qui allait devenir l'un des plus grands librettistes de l'opéra seria ainsi que le poète officiel de la cour de Vienne.
Carlo et Pietro nouent une amitié qui durera jusqu'à la mort de Pietro survenue 5 mois seulement avant celle de Carlo. Ce premier succès vaut au jeune castrat de nombreux engagements et une réputation qui se répand comme une traînée de poudre.
Une carrière européenne
Carlo fait ses débuts à Rome pour le Carnaval de 1722 au Teatro Alibert, dans le dramma per musica Sofonisba du bolonais Luca Antonio Predieri (1688-1767), et Flavio Anicio Olibrio de Porpora dans le rôle féminin de Placidia, de nouveau en compagnie de Gizzi et Vitale.
En 1722, il avait entamé au sein d'une compagnie dirigée par Porpora une tournée de représentations dans les principales villes italiennes et européennes qui devait se poursuivre quinze ans.
Il chante à Vienne, Venise, Naples, Milan, Bologne, Parme, Turin, Munich.
Il connaît triomphe sur triomphe, aux côtés des plus grands chanteurs de l'époque, Vittoria Tesi dite La Fiorentina, Francesca Cuzzoni dite La Parmigiana, Faustina Bordoni (épouse de Johann Adolf Hasse), le ténor vedette Angelo Amorevoli, les castrats soprano Nicolò Grimaldi dit Nicolino et contralto Francesco Bernardi dit Senesino.
Le public de l'époque adorait la virtuosité, qui pour les chanteurs consistait en l'exécution de variations arbitraires sur des passages d'œuvres chantées, dans lesquelles les difficultés techniques extrêmes prennent le pas sur la pure expression musicale.
Il y avait donc de fréquents duels entre musiciens.
À Rome, Farinelli avait remporté dès 1722 l'un de ces duels avec un trompettiste virtuose allemand sur la tenue d'une note suraiguë.
À Bologne en 1727, il affronte le castrat vedette Antonio Bernacchi, qui remporte le concours.
C'est le point de départ d'une rivalité tout artificielle plus suscitée par le public que réelle, aucun antagonisme personnel n'opposant les deux chanteurs, Bernacchi étant l'aîné de Farinelli de 20 ans et dispensant force conseils et suggestions à son cadet.
Farinelli, vers 1735
En 1734, Farinelli se rend à Londres et chante au théâtre de Lincoln's Inn Fields (Opera of the Nobility), que dirige Porpora et où triomphe Senesino comme chanteur principal.
Sa première apparition se fait dans l'Artaserse de Hasse, avec insertion d'autres airs par d'autres compositeurs dont un de son frère Riccardo au 3° acte, "Son qual nave ch'agitata" : une exceptionnelle "messa di voce" ferme, soutenue jusqu'au bout et extraordinairement longue suscita dans le public un enthousiasme délirant.
Portrait de Farinelli
Par Jacopo Amigoni, vers 1735
National Museum of Art of Romania Own work
Le succès est immédiat, le Prince de Galles et sa cour le couvrent d'éloges et d'honneurs. Sa vogue est immense, il perçoit dans les trois années de son séjour des cachets cumulés de plus de 5000 livres sterling, somme fabuleuse pour un chanteur.
Ces années, qui marquent le faîte de sa gloire en tant qu'artiste de scène, furent également des années de rivalité acharnée entre les deux troupes d'opéra résidant à Londres, le King's Theatre dirigé par Haendel et l'Opera of the Nobility dirigé par Porpora, Farinelli triomphant non seulement de Senesino, mais aussi de l'autre célèbre chanteur de la troupe adverse, l'autre grand castrat soprano vedette de l'époque et son grand rival, Gaetano Majorano dit Caffarelli.
.....A SUIVRE !
Je souhaitais vous présenter un portrait de Farinelli, photographié à l'occasion de notre visite au Musée Cognacq-Jay, et je me rends compte qu'aucun sujet est dédié au célèbre chanteur...
C'est chose faite (merci Wiki) !
Carlo Maria Michele Angelo Broschi
Surnommé Farinelli ou encore Farinello
Surnommé Farinelli ou encore Farinello
Portrait de Carlo Broschi, dit Farinelli
Par Jacopo Amigoni, vers 1740
Musée Carnavalet
Né à Andria (province de Bari, alors intégrée au Royaume de Naples), le 24 janvier 1705, de Salvatore Brosca et Caterina Barrese, et mort à Bologne le 16 septembre 1782.
Jeunesse, formation et premiers succès
Le jeune Carlo est issu d'une famille de la noblesse de robe locale.
Son père, Salvatore, détient des charges administratives féodales ; c'est un passionné de musique qui décide de faire de ses deux fils des artistes ; l'aîné, Riccardo, comme compositeur, et le cadet, Carlo, comme chanteur.
Les premiers éléments d'instruction musicale sont dispensés à Carlo par son père et son frère Riccardo, plus âgé que Carlo de 7 ans.
Carlo est emmené à Naples vers 1714-1715, c'est vraisemblablement là qu'il subit la castration.
Il est admis au prestigieux Conservatoire dei Poveri di Gesù Cristo et suit l'enseignement de Nicola Porpora, le maître absolu des grands castrats à Naples.
Le maestro développe chez son élève une prodigieuse voix de soprano, qui néanmoins peut atteindre des graves de mezzo, et à l'inverse peut atteindre dans les vocalises le do5 (le contre-ut), ce qui confère à la voix de Farinelli l'ambitus exceptionnel de 3 octaves.
Pris sous la protection d'une riche famille de magistrats napolitains du nom de Farina, il adoptera le nom de scène de Farinelli en hommage à ses mécènes.
Le cursus d'études au Conservatoire dure 6 ans.
Précoce et virtuose, le jeune artiste débute en public à 15 ans, en 1720, lors d'une soirée donnée à Naples en l'honneur de l'impératrice d'Autriche.
Il y chante dans la sérénade Angelica e Medoro de Porpora, en compagnie du soprano féminin star Marianna Bulgarelli dite La Romanina, du célébrissime castrat soprano Domenico Gizzi, et du castrat contralto Francesco Vitale.
Il obtient le plus vif succès.
Il y fait la connaissance du librettiste Pietro Metastasio (en français, Métastase), de sept ans son aîné, dont c'est le premier texte représenté, et qui allait devenir l'un des plus grands librettistes de l'opéra seria ainsi que le poète officiel de la cour de Vienne.
Carlo et Pietro nouent une amitié qui durera jusqu'à la mort de Pietro survenue 5 mois seulement avant celle de Carlo. Ce premier succès vaut au jeune castrat de nombreux engagements et une réputation qui se répand comme une traînée de poudre.
Une carrière européenne
Carlo fait ses débuts à Rome pour le Carnaval de 1722 au Teatro Alibert, dans le dramma per musica Sofonisba du bolonais Luca Antonio Predieri (1688-1767), et Flavio Anicio Olibrio de Porpora dans le rôle féminin de Placidia, de nouveau en compagnie de Gizzi et Vitale.
En 1722, il avait entamé au sein d'une compagnie dirigée par Porpora une tournée de représentations dans les principales villes italiennes et européennes qui devait se poursuivre quinze ans.
Il chante à Vienne, Venise, Naples, Milan, Bologne, Parme, Turin, Munich.
Il connaît triomphe sur triomphe, aux côtés des plus grands chanteurs de l'époque, Vittoria Tesi dite La Fiorentina, Francesca Cuzzoni dite La Parmigiana, Faustina Bordoni (épouse de Johann Adolf Hasse), le ténor vedette Angelo Amorevoli, les castrats soprano Nicolò Grimaldi dit Nicolino et contralto Francesco Bernardi dit Senesino.
Le public de l'époque adorait la virtuosité, qui pour les chanteurs consistait en l'exécution de variations arbitraires sur des passages d'œuvres chantées, dans lesquelles les difficultés techniques extrêmes prennent le pas sur la pure expression musicale.
Il y avait donc de fréquents duels entre musiciens.
À Rome, Farinelli avait remporté dès 1722 l'un de ces duels avec un trompettiste virtuose allemand sur la tenue d'une note suraiguë.
À Bologne en 1727, il affronte le castrat vedette Antonio Bernacchi, qui remporte le concours.
C'est le point de départ d'une rivalité tout artificielle plus suscitée par le public que réelle, aucun antagonisme personnel n'opposant les deux chanteurs, Bernacchi étant l'aîné de Farinelli de 20 ans et dispensant force conseils et suggestions à son cadet.
Farinelli, vers 1735
En 1734, Farinelli se rend à Londres et chante au théâtre de Lincoln's Inn Fields (Opera of the Nobility), que dirige Porpora et où triomphe Senesino comme chanteur principal.
Sa première apparition se fait dans l'Artaserse de Hasse, avec insertion d'autres airs par d'autres compositeurs dont un de son frère Riccardo au 3° acte, "Son qual nave ch'agitata" : une exceptionnelle "messa di voce" ferme, soutenue jusqu'au bout et extraordinairement longue suscita dans le public un enthousiasme délirant.
Portrait de Farinelli
Par Jacopo Amigoni, vers 1735
National Museum of Art of Romania Own work
Le succès est immédiat, le Prince de Galles et sa cour le couvrent d'éloges et d'honneurs. Sa vogue est immense, il perçoit dans les trois années de son séjour des cachets cumulés de plus de 5000 livres sterling, somme fabuleuse pour un chanteur.
Ces années, qui marquent le faîte de sa gloire en tant qu'artiste de scène, furent également des années de rivalité acharnée entre les deux troupes d'opéra résidant à Londres, le King's Theatre dirigé par Haendel et l'Opera of the Nobility dirigé par Porpora, Farinelli triomphant non seulement de Senesino, mais aussi de l'autre célèbre chanteur de la troupe adverse, l'autre grand castrat soprano vedette de l'époque et son grand rival, Gaetano Majorano dit Caffarelli.
.....A SUIVRE !
Dernière édition par La nuit, la neige le Lun 22 Oct 2018, 21:21, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Farinelli se ressemble bien de portrait en portraits .... on doit donc avoir affaire à l’œuvre d'artistes compétents et fidèles à la physionomie de leurs modèles
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Merci LNLN !
Nous nous demandions d'ailleurs hier avec Eléonore, Clio et Lucius ce que ce portrait pouvait bien faire à Carnavalet !!!
Nous nous demandions d'ailleurs hier avec Eléonore, Clio et Lucius ce que ce portrait pouvait bien faire à Carnavalet !!!
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Ce sujet arrive donc à point . Merci, cher la nuit, la neige.
Je note que pour une fois les trois portraits sont ressemblants entre eux .
Je note que pour une fois les trois portraits sont ressemblants entre eux .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Gouverneur Morris a écrit:Merci LNLN !
Nous nous demandions d'ailleurs hier avec Eléonore, Clio et Lucius ce que ce portrait pouvait bien faire à Carnavalet !!!
Je ne sais pas. Mais pourquoi pas ?
En tous cas, je ne me souviens pas l'avoir jamais vu, mais je peux me tromper.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
La suite donc...
Farinelli à la cour d'Espagne
Las des chicanes entre les deux théâtres, Farinelli quitte Londres en mai 1737 : il a accepté l'invitation de la reine Isabelle, épouse de Philippe V (roi d'Espagne).
Traversant la France, il s'arrête à Versailles, où il était déjà brièvement venu à l'été 1736, et chante avec grand succès devant Louis XV, pourtant peu amateur de musique en général et de musique italienne en particulier, mais qui pour l'occasion le couvre de richissimes cadeaux. :
Il arrive à Madrid le 7 juillet, et est accueilli avec pompe par les souverains.
Elizabeth Farnese with her husband Philip V (1743)
Dès le 30 août, Farinelli est nommé "familiar criado" (parent élevé) avec délivrance d'un brevet, avec un traitement de 2000 ducats, le logement, serviteurs en livrée de cour, carrosses avec chevaux de la cour, et privilège d'exemption de toute juridiction.
Le roi d'Espagne souffrait gravement de neurasthénie et de mélancolie. Il avait abandonné toute vie publique et vivait en reclus aux portes de la folie.
La reine Elisabeth pria Farinelli de se produire devant son mari, dans l'espoir que sa voix prodigieuse parviendrait à le tirer de son abattement.
L'épisode est resté célèbre, et a contribué à accroître un peu plus la légende entourant le chanteur.
La voix de Farinelli fit un tel effet sur le roi qu'il ne voulut plus se séparer du chanteur. Il lui fit promettre de rester à la cour d'Espagne, avec pour seule requête de ne plus chanter en public.
Âgé de seulement 32 ans, Farinelli accepte de mettre un terme à sa carrière publique.
Il restera plus de 20 ans à la cour d'Espagne, chantant au roi les quatre mêmes airs tous les soirs : deux extraits de l'Artaserse de Hasse, "Pallido il sole" et "E pur questo dolce amplesso" ; un "minuetto" que Farinelli variait toujours ; et un air peut-être de sa composition en imitation du chant du rossignol.
Le chanteur voit son importance croître à l'avènement de Ferdinand VI et de Barbara de Bragance.
Ferdinand le fait en 1750 chevalier de l'Ordre de Calatrava, la plus haute dignité, jusque-là réservée aux gentilshommes ayant pu prouver la noblesse et l'ancienneté de leurs familles.
Carlo Borschi portant l'ordre de Calatrava
Par Jacopo Amigoni
Favori du monarque, Farinelli exerçait alors sur la cour, et même sur la politique, une grande influence, sans jamais se départir de sa modestie ou abuser de sa position privilégiée.
On lui doit les premiers travaux d'assainissement des rives du Tage.
Il a la charge de la chapelle royale, et la direction des théâtres royaux du Buen Retiro, d'Aranjuez et de Los Caños del Peral. Il assure la suprématie de l'opéra du drame musical italien, faisant traduire en castillan les livrets, faisant venir les chanteurs et instrumentistes italiens les plus éminents, faisant faire des mises en scène extraordinairement fastueuses et imaginatives, pleines d'inventions mécaniques de son cru ou dues au machiniste bolonais Giacomo Bonavera qu'il a fait venir à la cour.
Il organise les spectacles de cour, la réception des hôtes étrangers de marque, etc. Il collabore avec son compatriote Domenico Scarlatti, lui aussi installé à la cour d'Espagne depuis 1733 et où il restera jusqu'à sa mort en 1757.
Farinelli est choyé par tous, comblé de cadeaux.
Il intervient dans diverses affaires internationales, incitant Philippe, Elisabeth et Ferdinand à intervenir auprès du roi de Naples pour obtenir des titres à son frère et à ses connaissances ; il soutient la politique du marquis de la Ensenada, ministre réformateur, liant à lui son destin politique.
Portrait de Carlo Broschi, Farinelli
Par Corrado Giaquinto
En 1752, il tente, en vain, en passant par la reine Elisabeth, de pousser Charles de Bourbon à accepter le traité d'Aranjuez entre l'Espagne, l'Empire et le roi de Sardaigne.
Deux ans plus tard, il use de toute son influence sur Ferdinand pour qu'il accepte l'accord avec la France proposée par le marquis d'Ensenada, contre celle favorable à l'Angleterre du duc de Huescar, du comte de Valparaiso et de Richard Wall.
En 1758, après la mort de Barbara de Bragance, il intrigue avec le duc d'Albe pour pousser Ferdinand à un nouveau mariage. Pendant la longue infirmité de Ferdinand, il est suspecté d'intriguer contre l'accès au trône de Charles de Bourbon.
Il se fait un ennemi du principal conseiller de Charles, le ministre Bernardo Tanucci.
À l'avènement de Charles III en 1759, le ministre Richard Wall reçoit ordre que Farinelli soit laissé libre d'aller où bon lui semble, en conservant tous ses émoluments et privilèges, tous les présents reçus (dont deux violons, un Amati et un Stradivarius, trois clavecins de prix et toute la musique de la reine), à condition toutefois qu'il ne se présente plus jamais à la cour. boudoi26
Portrait de Farinelli, assis au centre.
Par Jacopo Amigoni, circa 1750-1752.
Image from user Sailko at Wikimedia Commons
.....A suivre !
Farinelli à la cour d'Espagne
Las des chicanes entre les deux théâtres, Farinelli quitte Londres en mai 1737 : il a accepté l'invitation de la reine Isabelle, épouse de Philippe V (roi d'Espagne).
Traversant la France, il s'arrête à Versailles, où il était déjà brièvement venu à l'été 1736, et chante avec grand succès devant Louis XV, pourtant peu amateur de musique en général et de musique italienne en particulier, mais qui pour l'occasion le couvre de richissimes cadeaux. :
Il arrive à Madrid le 7 juillet, et est accueilli avec pompe par les souverains.
Elizabeth Farnese with her husband Philip V (1743)
Dès le 30 août, Farinelli est nommé "familiar criado" (parent élevé) avec délivrance d'un brevet, avec un traitement de 2000 ducats, le logement, serviteurs en livrée de cour, carrosses avec chevaux de la cour, et privilège d'exemption de toute juridiction.
Le roi d'Espagne souffrait gravement de neurasthénie et de mélancolie. Il avait abandonné toute vie publique et vivait en reclus aux portes de la folie.
La reine Elisabeth pria Farinelli de se produire devant son mari, dans l'espoir que sa voix prodigieuse parviendrait à le tirer de son abattement.
L'épisode est resté célèbre, et a contribué à accroître un peu plus la légende entourant le chanteur.
La voix de Farinelli fit un tel effet sur le roi qu'il ne voulut plus se séparer du chanteur. Il lui fit promettre de rester à la cour d'Espagne, avec pour seule requête de ne plus chanter en public.
Âgé de seulement 32 ans, Farinelli accepte de mettre un terme à sa carrière publique.
Il restera plus de 20 ans à la cour d'Espagne, chantant au roi les quatre mêmes airs tous les soirs : deux extraits de l'Artaserse de Hasse, "Pallido il sole" et "E pur questo dolce amplesso" ; un "minuetto" que Farinelli variait toujours ; et un air peut-être de sa composition en imitation du chant du rossignol.
Le chanteur voit son importance croître à l'avènement de Ferdinand VI et de Barbara de Bragance.
Ferdinand le fait en 1750 chevalier de l'Ordre de Calatrava, la plus haute dignité, jusque-là réservée aux gentilshommes ayant pu prouver la noblesse et l'ancienneté de leurs familles.
Carlo Borschi portant l'ordre de Calatrava
Par Jacopo Amigoni
Favori du monarque, Farinelli exerçait alors sur la cour, et même sur la politique, une grande influence, sans jamais se départir de sa modestie ou abuser de sa position privilégiée.
On lui doit les premiers travaux d'assainissement des rives du Tage.
Il a la charge de la chapelle royale, et la direction des théâtres royaux du Buen Retiro, d'Aranjuez et de Los Caños del Peral. Il assure la suprématie de l'opéra du drame musical italien, faisant traduire en castillan les livrets, faisant venir les chanteurs et instrumentistes italiens les plus éminents, faisant faire des mises en scène extraordinairement fastueuses et imaginatives, pleines d'inventions mécaniques de son cru ou dues au machiniste bolonais Giacomo Bonavera qu'il a fait venir à la cour.
Il organise les spectacles de cour, la réception des hôtes étrangers de marque, etc. Il collabore avec son compatriote Domenico Scarlatti, lui aussi installé à la cour d'Espagne depuis 1733 et où il restera jusqu'à sa mort en 1757.
Farinelli est choyé par tous, comblé de cadeaux.
Il intervient dans diverses affaires internationales, incitant Philippe, Elisabeth et Ferdinand à intervenir auprès du roi de Naples pour obtenir des titres à son frère et à ses connaissances ; il soutient la politique du marquis de la Ensenada, ministre réformateur, liant à lui son destin politique.
Portrait de Carlo Broschi, Farinelli
Par Corrado Giaquinto
En 1752, il tente, en vain, en passant par la reine Elisabeth, de pousser Charles de Bourbon à accepter le traité d'Aranjuez entre l'Espagne, l'Empire et le roi de Sardaigne.
Deux ans plus tard, il use de toute son influence sur Ferdinand pour qu'il accepte l'accord avec la France proposée par le marquis d'Ensenada, contre celle favorable à l'Angleterre du duc de Huescar, du comte de Valparaiso et de Richard Wall.
En 1758, après la mort de Barbara de Bragance, il intrigue avec le duc d'Albe pour pousser Ferdinand à un nouveau mariage. Pendant la longue infirmité de Ferdinand, il est suspecté d'intriguer contre l'accès au trône de Charles de Bourbon.
Il se fait un ennemi du principal conseiller de Charles, le ministre Bernardo Tanucci.
À l'avènement de Charles III en 1759, le ministre Richard Wall reçoit ordre que Farinelli soit laissé libre d'aller où bon lui semble, en conservant tous ses émoluments et privilèges, tous les présents reçus (dont deux violons, un Amati et un Stradivarius, trois clavecins de prix et toute la musique de la reine), à condition toutefois qu'il ne se présente plus jamais à la cour. boudoi26
Portrait de Farinelli, assis au centre.
Par Jacopo Amigoni, circa 1750-1752.
Image from user Sailko at Wikimedia Commons
.....A suivre !
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Charles III aurait déclaré : "je ne veux de chapon que sur ma table !" àè-è\': :
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Je n'aime pas ces voix de haute-contre. Et rien que de penser qu'avant on leur coupait les nouilles ...
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Ces voix de contre-ténor ? Leurs accents semblent neiger du Paradis tels des plumes d'anges ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Pas d'accord avec vous Eléo; moi, ce sont plutôt les voix de basse-taille qui m'émeuvent.
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Je les adore aussi . Mais, justement, les unes mettent les autres en valeur .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Sérieusement ?? :Gouverneur Morris a écrit:Charles III aurait déclaré : "je ne veux de chapon que sur ma table !" àè-è\': :
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Oui, on retrouve cette citation dans l'ouvrage de Yves Bottineau Les Bourbons d'Espagne, Fayard, 1993, p.294
Il précise cependant qu'on la prête au roi et ne l'avance pas comme une sortie drôlatique certaine. boudoi26
Il précise cependant qu'on la prête au roi et ne l'avance pas comme une sortie drôlatique certaine. boudoi26
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Pour en revenir à la voix du chanteur dans le film de Gérard Corbiau, il s'agit d'un trucage basé sur le mixage de la voix d'une soprano et de celle d'un contre-ténor :
"Pour tenter de se rapprocher le plus possible de la voix d'un castrat, l'IRCAM a effectué l'association d'une voix de contre-ténor (Derek Lee Ragin) et de soprano colorature (Ewa Małas-Godlewska)" (Wikipedia)
"Pour tenter de se rapprocher le plus possible de la voix d'un castrat, l'IRCAM a effectué l'association d'une voix de contre-ténor (Derek Lee Ragin) et de soprano colorature (Ewa Małas-Godlewska)" (Wikipedia)
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Oui. Performance technique que je trouvais plutôt réussie.
Comme la comtesse, j'avoue avoir aussi un peu de mal avec la voix d'un "simple" contre-ténor.
Comme la comtesse, j'avoue avoir aussi un peu de mal avec la voix d'un "simple" contre-ténor.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
La suite... :
Retraite et mort
Farinelli retourne en Italie (il y emporte en particulier deux recueils manuscrits des sonates de Domenico Scarlatti qui restent aujourd'hui les principales sources de ces sonates) ; d'abord à Parme où l'on aurait bien voulu le retenir à la cour, puis en novembre 1760, il se trouve à Naples, accueilli avec grand enthousiasme par le peuple mais avec une telle froideur par les membres de la Régence qu'il préfère, en juillet 1761, se fixer dans sa somptueuse villa de Bologne (aujourd'hui disparue).
Portrait de Carlo Maria Michele Angelo Broschi, dit Farinelli
Bartolomeo Nazari
Huile sur toile, 1734
Image : Royal College of Music, London
Il y passa le fin de ses jours, riche et chargé de gloire, objet de toute la considération des citoyens, des magistrats, des lettrés, et des musiciens parmi lesquels le père Giovanni Battista Martini qui fut l'un de ses grands amis - recevant de nombreuses visites dont le jeune Mozart, Christoph Willibald Gluck, l'électrice de Saxe, l'empereur Joseph II - faisant admirer sa collection de 400 tableaux de grands maîtres constituée au long de sa carrière, et sa riche collection de clavecins dont chacun portait un nom de grand peintre italien : Titien, Corrège, Raphaël, etc.
Malgré cela, Farinelli souffrit jusqu'à sa mort de solitude et de mélancolie.
Il s'éteignit le 16 septembre 1782.
Selon son vœu, il fut enterré au cimetière de la Chartreuse de Bologne, hors les murs de la ville, au pied de la colline della Guardia.
Riccardo Broschi, dit Farinelli
Civico Museo Bibliografico Musicale, Bologna
Ses collections furent malheureusement dispersées par ses héritiers.
Il reste de lui quelques beaux portraits peints par Amigoni et Giaquinto, des lettres qu'il avait envoyées à ses amis.
Mais malgré sa légende, il demeure un personnage relativement mystérieux, dans la mesure où il se confia peu.
À ses amis qui le priaient de rédiger ses Mémoires, il avait répondu :
« À quoi bon ? Il me suffit qu'on sache que je n'ai porté préjudice à personne. Qu'on y ajoute aussi mon regret de n'avoir pu faire tout le bien que j'aurais souhaité. »
Farinelli se signalait également par sa grande culture attestée par le témoignage de visiteurs de marque pratiquant le Grand Tour.
Retraite et mort
Farinelli retourne en Italie (il y emporte en particulier deux recueils manuscrits des sonates de Domenico Scarlatti qui restent aujourd'hui les principales sources de ces sonates) ; d'abord à Parme où l'on aurait bien voulu le retenir à la cour, puis en novembre 1760, il se trouve à Naples, accueilli avec grand enthousiasme par le peuple mais avec une telle froideur par les membres de la Régence qu'il préfère, en juillet 1761, se fixer dans sa somptueuse villa de Bologne (aujourd'hui disparue).
Portrait de Carlo Maria Michele Angelo Broschi, dit Farinelli
Bartolomeo Nazari
Huile sur toile, 1734
Image : Royal College of Music, London
Il y passa le fin de ses jours, riche et chargé de gloire, objet de toute la considération des citoyens, des magistrats, des lettrés, et des musiciens parmi lesquels le père Giovanni Battista Martini qui fut l'un de ses grands amis - recevant de nombreuses visites dont le jeune Mozart, Christoph Willibald Gluck, l'électrice de Saxe, l'empereur Joseph II - faisant admirer sa collection de 400 tableaux de grands maîtres constituée au long de sa carrière, et sa riche collection de clavecins dont chacun portait un nom de grand peintre italien : Titien, Corrège, Raphaël, etc.
Malgré cela, Farinelli souffrit jusqu'à sa mort de solitude et de mélancolie.
Il s'éteignit le 16 septembre 1782.
Selon son vœu, il fut enterré au cimetière de la Chartreuse de Bologne, hors les murs de la ville, au pied de la colline della Guardia.
Riccardo Broschi, dit Farinelli
Civico Museo Bibliografico Musicale, Bologna
Ses collections furent malheureusement dispersées par ses héritiers.
Il reste de lui quelques beaux portraits peints par Amigoni et Giaquinto, des lettres qu'il avait envoyées à ses amis.
Mais malgré sa légende, il demeure un personnage relativement mystérieux, dans la mesure où il se confia peu.
À ses amis qui le priaient de rédiger ses Mémoires, il avait répondu :
« À quoi bon ? Il me suffit qu'on sache que je n'ai porté préjudice à personne. Qu'on y ajoute aussi mon regret de n'avoir pu faire tout le bien que j'aurais souhaité. »
Farinelli se signalait également par sa grande culture attestée par le témoignage de visiteurs de marque pratiquant le Grand Tour.
Dernière édition par La nuit, la neige le Jeu 27 Mai 2021, 12:38, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Oui, la villa de Farinelli fut détruite durant le XXeme siècle :
http://www.bibliotecasalaborsa.it/cronologia/bologna/1949/869
Merci encore LNLN pour tous ces souvenirs qui me renvoient à la sortie du film et à la littérature abondante associée alors
http://www.bibliotecasalaborsa.it/cronologia/bologna/1949/869
Merci encore LNLN pour tous ces souvenirs qui me renvoient à la sortie du film et à la littérature abondante associée alors
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
La nuit, la neige a écrit:
Malgré cela, Farinelli souffrit jusqu'à sa mort de solitude et de mélancolie.
Il s'éteignit le 16 septembre 1782.
Selon son vœu, il fut enterré au cimetière de la Chartreuse de Bologne, hors les murs de la ville, au pied de la colline della Guardia.
.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Remarquable sujet la Nuit, remarquable.
il est vrai que le personnage ne manque pas de piquant.
Personnellement les voix des Haute contre m'enchantent et m'emeuvent. Plusieurs d'entre eux m'ont émus jusqu"au bord des larmes, (je sais je suis trop hypersensible). Je me souviens d'un concert en la Chapelle Royale de Versailles qui m'a marqué à jamais. c'était avec James Bowman !!! le Jaroussky des années 80 90. Quand j'entends ou mieux quand je peux l'entendre chanter c'est du bonheur à l'êtat pur. Comtesse c'est dommage que vous ne goutiez à ces parfums là vous perdez un moment de pur plaisir (ce qui est un luxe aujourd'hui).
il est vrai que le personnage ne manque pas de piquant.
Personnellement les voix des Haute contre m'enchantent et m'emeuvent. Plusieurs d'entre eux m'ont émus jusqu"au bord des larmes, (je sais je suis trop hypersensible). Je me souviens d'un concert en la Chapelle Royale de Versailles qui m'a marqué à jamais. c'était avec James Bowman !!! le Jaroussky des années 80 90. Quand j'entends ou mieux quand je peux l'entendre chanter c'est du bonheur à l'êtat pur. Comtesse c'est dommage que vous ne goutiez à ces parfums là vous perdez un moment de pur plaisir (ce qui est un luxe aujourd'hui).
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Mr de Talaru- Messages : 3193
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Localisation : près des Cordeliers...
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
On entend cet air dans Les Liaisons Dangereuses (1989) de Stephen Frears
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Mr de Talaru a écrit:
juste pour le plaisir
Divin ... Merci, mon cher François !
« Douces et charmantes branches de mon cher platane, Le destin vous sourit !
Que le tonnerre, l’éclair et la tempête Ne troublent jamais votre précieuse paix,
Et le rapace vent du sud Ne vienne pas non plus vous violenter !
Jamais l’ombre d’aucun arbre
Ne fut plus douce, plus précieuse, Plus agréable ! »
Auprès de mon arbre, je vivais heureux ...
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Où nous apprenons
dans l'Almanach des Muses de 1765
que Farinelli ( comme son nom l'indique : ) était ... espagnol !
FARINELLI
ET SON TAILLEUR
CONTE
" Signor, vous chantez à merveille !
D'un homme tel que vous, je ne veux pas d'argent
Charmez un instant mes oreilles
Et je m'en irai trop content . "
Ainsi parlait un fou : cependant je m'explique;
Ce n'était pas un Langeli,
Ce n'était qu'un fou de musique,
Le tailleur de Farinelli
Qui venait de lui rendre un habit magnifique.
" Pardon, ajoute-t-il, je suis bien indiscret,
Car je sens tout le prix d'une faveur si grande
Mais enfin, si je la demande,
Au moins je réponds du secret ."
Farinelli fut prêt à se mettre en colère.
" Moi, chanter, et pour qui ? Que diraient les railleurs ?
Ce n'est pas de cette manière
Que je m'acquitte avec mes fournisseurs .
C'est en or que je paie; il leur est nécessaire :
Je ne chante jamais que pour les grands seigneurs."
Quel orgueil ! dira-t-on . Là là, pensez, messieurs
Que l'on peut avoir l'âme un peu fière,
Quand on est Espagnol et l'aigle des chanteurs !
Cependant il lui vint un penser tout contraire ,
Penser d'en haut; et ce sont les meilleurs.
Il s'apaise, et reprend : " Je veux te satisfaire .
Je le dois par respect pour le trait qui m'éclaire,
Et pour la nouveauté du fait ."
Farinelli chante, en effet,
Il chante ! ... Ecoutez, paix ! nul n'a doit de prétendre
A tant de bravo, de vivat .
Laissons Linus, Orphée et l'Oiseau du Méandre
Et nos chanteurs Stentors, Rois et Dieux d'apparat,
Ici Momus se tait, il n'a rien à reprendre
Pour s'en faire une idée, il faut aller entendre
Garat.
Complaisant, cette fois, et même outre mesure,
( comme de tous les temps le fait est arrivé )
Signor Farinelli, quand il eut achevé,
" Es-tu content ? dit-il . " Très content, je vous jure ! "
" Eh bien moi, je ne le suis pas .
Je te devais trente ducats,
Je les double, prends vite, et ne réplique pas. "
" Signor, je suis payé ." " Non. Ton refus m'offense.
Prends, te dis-je, et plus de façons.
Si tu veux habiller les gens pour des chansons,
Quitte Madrid et passe en France. "
Le comte Félix de Nogaret
https://books.google.fr/books?id=rqQBAAAAYAAJ&pg=PA150&lpg=PA150&dq=farinelli+garat&source=bl&ots=hfx4HeIlnh&sig=LEiaUpBMKLXq23HV8DZKOuohf7w&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiz1Pqyyv7SAhWBOhoKHSrWBFwQ6AEIQTAI#v=onepage&q=farinelli%20garat&f=false
dans l'Almanach des Muses de 1765
que Farinelli ( comme son nom l'indique : ) était ... espagnol !
FARINELLI
ET SON TAILLEUR
CONTE
" Signor, vous chantez à merveille !
D'un homme tel que vous, je ne veux pas d'argent
Charmez un instant mes oreilles
Et je m'en irai trop content . "
Ainsi parlait un fou : cependant je m'explique;
Ce n'était pas un Langeli,
Ce n'était qu'un fou de musique,
Le tailleur de Farinelli
Qui venait de lui rendre un habit magnifique.
" Pardon, ajoute-t-il, je suis bien indiscret,
Car je sens tout le prix d'une faveur si grande
Mais enfin, si je la demande,
Au moins je réponds du secret ."
Farinelli fut prêt à se mettre en colère.
" Moi, chanter, et pour qui ? Que diraient les railleurs ?
Ce n'est pas de cette manière
Que je m'acquitte avec mes fournisseurs .
C'est en or que je paie; il leur est nécessaire :
Je ne chante jamais que pour les grands seigneurs."
Quel orgueil ! dira-t-on . Là là, pensez, messieurs
Que l'on peut avoir l'âme un peu fière,
Quand on est Espagnol et l'aigle des chanteurs !
Cependant il lui vint un penser tout contraire ,
Penser d'en haut; et ce sont les meilleurs.
Il s'apaise, et reprend : " Je veux te satisfaire .
Je le dois par respect pour le trait qui m'éclaire,
Et pour la nouveauté du fait ."
Farinelli chante, en effet,
Il chante ! ... Ecoutez, paix ! nul n'a doit de prétendre
A tant de bravo, de vivat .
Laissons Linus, Orphée et l'Oiseau du Méandre
Et nos chanteurs Stentors, Rois et Dieux d'apparat,
Ici Momus se tait, il n'a rien à reprendre
Pour s'en faire une idée, il faut aller entendre
Garat.
Complaisant, cette fois, et même outre mesure,
( comme de tous les temps le fait est arrivé )
Signor Farinelli, quand il eut achevé,
" Es-tu content ? dit-il . " Très content, je vous jure ! "
" Eh bien moi, je ne le suis pas .
Je te devais trente ducats,
Je les double, prends vite, et ne réplique pas. "
" Signor, je suis payé ." " Non. Ton refus m'offense.
Prends, te dis-je, et plus de façons.
Si tu veux habiller les gens pour des chansons,
Quitte Madrid et passe en France. "
Le comte Félix de Nogaret
https://books.google.fr/books?id=rqQBAAAAYAAJ&pg=PA150&lpg=PA150&dq=farinelli+garat&source=bl&ots=hfx4HeIlnh&sig=LEiaUpBMKLXq23HV8DZKOuohf7w&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiz1Pqyyv7SAhWBOhoKHSrWBFwQ6AEIQTAI#v=onepage&q=farinelli%20garat&f=false
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Carlo Broschi, dit Farinelli
Cherchez pas ! Y'a aucune coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels, ni fortuite ni involontaire ni rien de rien.
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
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