Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
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Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
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Eh oui ! Ces marbres multicolores qui concourent à la richesse de Versailles, d'où viennent-ils ? :n,,;::::!!!:
Les richesses de l'ex-région Languedoc-Roussillon retentissent jusqu'à Versailles. C'est ce que veulent montrer Jean-Louis Bonnet, Louis Anglade et René Fabre dans leur livre «Marbres du Languedoc et des Pyrénées à Versailles».
«Les visiteurs du château de Versailles ne connaissent pas l'origine méridionale des marbres utilisés dans les décors et le mobilier», raconte Jean-Louis Bonnet. Dans une première partie, l'ancien professeur de Lettres et historien retrace le parcours historique du marbre à partir d'archives locales et régionales. Dans cette même partie, Louis Anglade, directeur des Carrières de France et exploitant de seize carrières de marbre jusqu'en 1986, explique le mode d'extraction des marbres dans un chapitre technique. Dans la deuxième partie du livre, l'architecte-sculpteur René Fabre repère les différents ouvrages faits de marbre méridional qui décorent le château de Versailles.
Un ouvrage sans précédent
Les trois spécialistes travaillent sur ce livre de 240 pages depuis près de quatorze ans.
«C'est un livre unique. Aucun ouvrage ne parle de la présence de ce matériau noble dans les palais royaux», explique l'historien Jean-Louis Bonnet. Les trois hommes ont travaillé seuls, sans avoir recours à un éditeur, qui aurait coûté trop cher pour que l'ouvrage puisse voir le jour.
«Nous avons fait ce livre pour faire connaître le patrimoine marbrier de la région», explique Jean-Louis Bonnet. «C'était aussi l'occasion de mettre en avant l'importance du marbre à l'époque royale. De grands personnages de la cour sont venus dans la région pour voir les carrières du Midi», poursuit-il. Jean-Louis Bonnet, Louis Anglade et René Fabre ont mis du cœur à l'ouvrage pour arriver à publier, seuls, ce livre qui valorise les richesses de la région.
A.R.
Fraudes et profits autour des marbres méridionaux, de Colbert au duc d’Antin
par Pascal Julien
La fraude, que l’on a pu parfois considérer comme un profit bien compris, est un phénomène rarement, voire jamais pris en compte dans le cadre des chantiers, alors qu’il s’agit d’une pratique courante et constante dans le monde des métiers, notamment sous l’Ancien Régime. Les marbres, matériaux coûteux à extraire, à transporter et à mettre en œuvre, furent particulièrement exposés à ces pratiques, notamment lors de leur emploi à Versailles, où il en fut acheté pour plusieurs millions de livres. De quoi susciter bien des convoitises. La politique marbrière mise en place par les surintendant et directeurs des Bâtiments du roi pour approvisionner ce chantier, de Colbert au duc d’Antin, a laissé la trace de différents abus et de manœuvres menées jusqu’au plus haut niveau, peu apparentes habituellement dans les documents. Leur analyse permet de constater que ce qui apparaît parfois comme un phénomène mineur, sinon négligeable, peut avoir d’importantes conséquences sur le long terme, en favorisant parfois des développements inattendus.
« Il y a eu cy devant un très grand abus, même de la prévarication dans le transport des marbres »
Geneviève Bresc-Bautier et Hélène du Mesnil, « La politique royale du marbre français (1700-17 (...)
La fourniture de matériaux pour de grands chantiers s’avéra un problème d’une grande complexité dans le cas des marbres, blancs ou de couleur. Rares et recherchées, ces roches ornementales étaient difficiles à exploiter, malaisées à transporter et souvent très éloignées des sites de mise en œuvre. En dépit de ces inconvénients, leur caractère symbolique et leur valeur esthétique furent tels aux yeux de Louis XIV que les Bâtiments du roi redoublèrent d’effort pour s’en procurer, afin d’en parer le château et les jardins de Versailles. La politique d’approvisionnement qui fut alors mise en place et qui donna des résultats incomparables, a fait l’objet de plusieurs études. Il convient toutefois de revenir sur ce sujet en l’abordant sous un jour différent. En effet, aux classiques questions de coût, de qualité, de quantité ou de disponibilité qui se posent en pareil cas, il faut ajouter un paramètre rarement pris en compte dans l’étude des chantiers mais pourtant séculaire et essentiel : celui des manœuvres, des fraudes et des profits bien compris. Un paramètre qu’il est toujours difficile, bien évidemment, de mettre en lumière, mais qui eut, dans le cas des marbres royaux, une ampleur et des conséquences non négligeables, à la hauteur des sommes vertigineuses mises en jeu.
Carrière de Veyrède (Hautes-Pyrénées)
Les excès d’une « société désimée »
Depuis Henri II, les marbres de couleur français avaient acquis leurs lettres de noblesse auprès des Bâtiments du roi, car ils ajoutaient à d’indéniables qualités techniques et visuelles l’intérêt de concurrencer artistiquement et économiquement l’Italie, fournisseur traditionnel en la matière. Il en naquit une réelle notion d’orgueil national attachée à l’exploitation du sol du royaume, ce dont témoignent de nombreux textes.
Cette notion ne fut pas étrangère à la volonté constante et déterminée de Colbert puis de Louvois de développer ces ressources par l’intermédiaire de marchands puis de « sociétés », en dépit de bien des difficultés.
Les marbres du Midi ne furent pas les seuls sollicités, loin de là, et l’on continua de s’approvisionner en Flandre et en Hainaut ainsi qu’en Ligurie et en Toscane comme par le passé. Mais le développement du circuit français nécessita des interventions et adaptations successives qui demeurent consignées dans des archives d’une incroyable richesse, où transparaît parfois le dessous des cartes.
Dans un premier temps, Colbert proposa l’exploitation des sites du royaume à des fournisseurs qu’il mit en concurrence.
Banquiers et négociants traitaient directement avec les carriers et les convoyeurs, se chargeant de toutes les phases de la production et du transport jusqu’à Paris où ils étaient directement payés par les services des Bâtiments du roi. Entre 1668 et 1683, malgré une quasi-interruption du trafic durant la guerre de Hollande – de 1672 à 1679 – près de deux millions et demi de livres furent dépensées en achat de marbres de tous les pays ( ... )
Le grand avantage pour Colbert fut de déléguer ainsi toutes les opérations, confiées à des entrepreneurs spécialisés, déjà aguerris par le commerce avec l’Italie. Mais ce système avait aussi ses inconvénients : Formont n’eut de cesse que d’éliminer ses rivaux et parvint presque à un monopole qui lui laissait pratiquer des prix dont la pertinence était incontrôlable ; tout cela au risque de donner priorité à la quantité, au détriment de la qualité. Aussi le surintendant chargea-t-il Étienne Ducrot, en 1679 ...
Lire tout l'article, c'est ici : https://lha.revues.org/179
Détail de la colonnade (1686), parc du château de Versailles
Eh oui ! Ces marbres multicolores qui concourent à la richesse de Versailles, d'où viennent-ils ? :n,,;::::!!!:
Les richesses de l'ex-région Languedoc-Roussillon retentissent jusqu'à Versailles. C'est ce que veulent montrer Jean-Louis Bonnet, Louis Anglade et René Fabre dans leur livre «Marbres du Languedoc et des Pyrénées à Versailles».
«Les visiteurs du château de Versailles ne connaissent pas l'origine méridionale des marbres utilisés dans les décors et le mobilier», raconte Jean-Louis Bonnet. Dans une première partie, l'ancien professeur de Lettres et historien retrace le parcours historique du marbre à partir d'archives locales et régionales. Dans cette même partie, Louis Anglade, directeur des Carrières de France et exploitant de seize carrières de marbre jusqu'en 1986, explique le mode d'extraction des marbres dans un chapitre technique. Dans la deuxième partie du livre, l'architecte-sculpteur René Fabre repère les différents ouvrages faits de marbre méridional qui décorent le château de Versailles.
Un ouvrage sans précédent
Les trois spécialistes travaillent sur ce livre de 240 pages depuis près de quatorze ans.
«C'est un livre unique. Aucun ouvrage ne parle de la présence de ce matériau noble dans les palais royaux», explique l'historien Jean-Louis Bonnet. Les trois hommes ont travaillé seuls, sans avoir recours à un éditeur, qui aurait coûté trop cher pour que l'ouvrage puisse voir le jour.
«Nous avons fait ce livre pour faire connaître le patrimoine marbrier de la région», explique Jean-Louis Bonnet. «C'était aussi l'occasion de mettre en avant l'importance du marbre à l'époque royale. De grands personnages de la cour sont venus dans la région pour voir les carrières du Midi», poursuit-il. Jean-Louis Bonnet, Louis Anglade et René Fabre ont mis du cœur à l'ouvrage pour arriver à publier, seuls, ce livre qui valorise les richesses de la région.
A.R.
Fraudes et profits autour des marbres méridionaux, de Colbert au duc d’Antin
par Pascal Julien
La fraude, que l’on a pu parfois considérer comme un profit bien compris, est un phénomène rarement, voire jamais pris en compte dans le cadre des chantiers, alors qu’il s’agit d’une pratique courante et constante dans le monde des métiers, notamment sous l’Ancien Régime. Les marbres, matériaux coûteux à extraire, à transporter et à mettre en œuvre, furent particulièrement exposés à ces pratiques, notamment lors de leur emploi à Versailles, où il en fut acheté pour plusieurs millions de livres. De quoi susciter bien des convoitises. La politique marbrière mise en place par les surintendant et directeurs des Bâtiments du roi pour approvisionner ce chantier, de Colbert au duc d’Antin, a laissé la trace de différents abus et de manœuvres menées jusqu’au plus haut niveau, peu apparentes habituellement dans les documents. Leur analyse permet de constater que ce qui apparaît parfois comme un phénomène mineur, sinon négligeable, peut avoir d’importantes conséquences sur le long terme, en favorisant parfois des développements inattendus.
« Il y a eu cy devant un très grand abus, même de la prévarication dans le transport des marbres »
Geneviève Bresc-Bautier et Hélène du Mesnil, « La politique royale du marbre français (1700-17 (...)
La fourniture de matériaux pour de grands chantiers s’avéra un problème d’une grande complexité dans le cas des marbres, blancs ou de couleur. Rares et recherchées, ces roches ornementales étaient difficiles à exploiter, malaisées à transporter et souvent très éloignées des sites de mise en œuvre. En dépit de ces inconvénients, leur caractère symbolique et leur valeur esthétique furent tels aux yeux de Louis XIV que les Bâtiments du roi redoublèrent d’effort pour s’en procurer, afin d’en parer le château et les jardins de Versailles. La politique d’approvisionnement qui fut alors mise en place et qui donna des résultats incomparables, a fait l’objet de plusieurs études. Il convient toutefois de revenir sur ce sujet en l’abordant sous un jour différent. En effet, aux classiques questions de coût, de qualité, de quantité ou de disponibilité qui se posent en pareil cas, il faut ajouter un paramètre rarement pris en compte dans l’étude des chantiers mais pourtant séculaire et essentiel : celui des manœuvres, des fraudes et des profits bien compris. Un paramètre qu’il est toujours difficile, bien évidemment, de mettre en lumière, mais qui eut, dans le cas des marbres royaux, une ampleur et des conséquences non négligeables, à la hauteur des sommes vertigineuses mises en jeu.
Carrière de Veyrède (Hautes-Pyrénées)
Les excès d’une « société désimée »
Depuis Henri II, les marbres de couleur français avaient acquis leurs lettres de noblesse auprès des Bâtiments du roi, car ils ajoutaient à d’indéniables qualités techniques et visuelles l’intérêt de concurrencer artistiquement et économiquement l’Italie, fournisseur traditionnel en la matière. Il en naquit une réelle notion d’orgueil national attachée à l’exploitation du sol du royaume, ce dont témoignent de nombreux textes.
Cette notion ne fut pas étrangère à la volonté constante et déterminée de Colbert puis de Louvois de développer ces ressources par l’intermédiaire de marchands puis de « sociétés », en dépit de bien des difficultés.
Les marbres du Midi ne furent pas les seuls sollicités, loin de là, et l’on continua de s’approvisionner en Flandre et en Hainaut ainsi qu’en Ligurie et en Toscane comme par le passé. Mais le développement du circuit français nécessita des interventions et adaptations successives qui demeurent consignées dans des archives d’une incroyable richesse, où transparaît parfois le dessous des cartes.
Dans un premier temps, Colbert proposa l’exploitation des sites du royaume à des fournisseurs qu’il mit en concurrence.
Banquiers et négociants traitaient directement avec les carriers et les convoyeurs, se chargeant de toutes les phases de la production et du transport jusqu’à Paris où ils étaient directement payés par les services des Bâtiments du roi. Entre 1668 et 1683, malgré une quasi-interruption du trafic durant la guerre de Hollande – de 1672 à 1679 – près de deux millions et demi de livres furent dépensées en achat de marbres de tous les pays ( ... )
Le grand avantage pour Colbert fut de déléguer ainsi toutes les opérations, confiées à des entrepreneurs spécialisés, déjà aguerris par le commerce avec l’Italie. Mais ce système avait aussi ses inconvénients : Formont n’eut de cesse que d’éliminer ses rivaux et parvint presque à un monopole qui lui laissait pratiquer des prix dont la pertinence était incontrôlable ; tout cela au risque de donner priorité à la quantité, au détriment de la qualité. Aussi le surintendant chargea-t-il Étienne Ducrot, en 1679 ...
Lire tout l'article, c'est ici : https://lha.revues.org/179
Détail de la colonnade (1686), parc du château de Versailles
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
;
A l'occasion de cette exploitation massive des carrières de marbres destinés au château de Versailles, l'enrichissement personnel du duc d'Antin :
Louis Antoine de Pardaillans n'était autre que le fils légitime de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, et d’Athénaïs de Montespan .
Grâce à son mariage avec Julie Françoise de Crussol d'Uzès , Louis Antoine de Pardaillan était entré dans le cercle du Grand Dauphin. Il s'était également lié avec ses demi-frères, le duc du Maine et le comte de Toulouse, bâtards légitimés de la Montespan et de Louis XIV. Mais, en dépit de grands efforts, il ne parvenait pas à se concilier la faveur du Roi. À la suite d'une erreur de manœuvre à la bataille de Ramillies (1706), il fut même rayé des cadres de l'armée (1707).
Pourtant, en cette même année, la mort de la Montespan attira sur son fils la faveur royale. La cour persévérante de Louis Antoine de Pardaillan fut enfin récompensée par le gouvernement d'Orléans en 1707 et, en 1708, par la direction des Bâtiments du Roi, charge qui présentait l'intérêt de donner les entrées auprès du monarque. En 1711, Louis XIV érigea le marquisat d'Antin en duché-pairie, et en 1724 d'Antin devint chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit.
C'était un excellent organisateur, avec une aptitude naturelle à commander, sachant plaire et sachant aplanir les difficultés. Il s'était enrichi puissamment dans le système de Law.
Comme directeur des Bâtiments, le duc d'Antin supervisa les travaux de Versailles. Confident des projets de Louis XIV, il parvint à les faire exécuter par Louis XV, à l'instar du Salon d'Hercule. Il fit ouvrir dans le sud de la France de nouvelles carrières de marbre, telle celle de Beyrède, qui fournit un marbre appelé « brèche d'Antin », qui fut le préféré de Louis XIV et fut utilisé pour de nombreuses cheminées à Versailles, par exemple la cheminée monumentale du Salon d'Hercule.
Les profits du duc d’Antin
La politique marbrière supervisée par Colbert avait essentiellement suscité des oppositions, manœuvres et coups bas entre négociants, sans grande conséquence sur la qualité des livraisons, alors que la politique menée par Louvois avait entraîné une faillite financière et un déséquilibre des variétés stockées en magasin, pour certaines fort médiocres. La guerre empêcha Hardouin-Mansart de mieux organiser cet approvisionnement et ce fut le duc d’Antin, à partir de 1712, qui réussit à l’optimiser vraiment, en créant un département des marbres des plus efficaces.
Toutefois, l’intérêt qu’il porta à ce matériau fut très largement amplifié par une implication très personnelle dans son trafic.
Tous les détails : https://lha.revues.org/179
A l'occasion de cette exploitation massive des carrières de marbres destinés au château de Versailles, l'enrichissement personnel du duc d'Antin :
Louis Antoine de Pardaillans n'était autre que le fils légitime de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, et d’Athénaïs de Montespan .
Grâce à son mariage avec Julie Françoise de Crussol d'Uzès , Louis Antoine de Pardaillan était entré dans le cercle du Grand Dauphin. Il s'était également lié avec ses demi-frères, le duc du Maine et le comte de Toulouse, bâtards légitimés de la Montespan et de Louis XIV. Mais, en dépit de grands efforts, il ne parvenait pas à se concilier la faveur du Roi. À la suite d'une erreur de manœuvre à la bataille de Ramillies (1706), il fut même rayé des cadres de l'armée (1707).
Pourtant, en cette même année, la mort de la Montespan attira sur son fils la faveur royale. La cour persévérante de Louis Antoine de Pardaillan fut enfin récompensée par le gouvernement d'Orléans en 1707 et, en 1708, par la direction des Bâtiments du Roi, charge qui présentait l'intérêt de donner les entrées auprès du monarque. En 1711, Louis XIV érigea le marquisat d'Antin en duché-pairie, et en 1724 d'Antin devint chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit.
C'était un excellent organisateur, avec une aptitude naturelle à commander, sachant plaire et sachant aplanir les difficultés. Il s'était enrichi puissamment dans le système de Law.
Comme directeur des Bâtiments, le duc d'Antin supervisa les travaux de Versailles. Confident des projets de Louis XIV, il parvint à les faire exécuter par Louis XV, à l'instar du Salon d'Hercule. Il fit ouvrir dans le sud de la France de nouvelles carrières de marbre, telle celle de Beyrède, qui fournit un marbre appelé « brèche d'Antin », qui fut le préféré de Louis XIV et fut utilisé pour de nombreuses cheminées à Versailles, par exemple la cheminée monumentale du Salon d'Hercule.
Les profits du duc d’Antin
La politique marbrière supervisée par Colbert avait essentiellement suscité des oppositions, manœuvres et coups bas entre négociants, sans grande conséquence sur la qualité des livraisons, alors que la politique menée par Louvois avait entraîné une faillite financière et un déséquilibre des variétés stockées en magasin, pour certaines fort médiocres. La guerre empêcha Hardouin-Mansart de mieux organiser cet approvisionnement et ce fut le duc d’Antin, à partir de 1712, qui réussit à l’optimiser vraiment, en créant un département des marbres des plus efficaces.
Toutefois, l’intérêt qu’il porta à ce matériau fut très largement amplifié par une implication très personnelle dans son trafic.
Tous les détails : https://lha.revues.org/179
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
Ah, par exemple !!! Il y a même des marbres belges au château de Versailles ! :n,,;::::!!!:
Eric Groessens, Professeur à l'Université catholique de Louvain-la Neuve, Géologue au Service géologique de Belgique.
Pour Louis XIV, tous les matériaux les plus beaux et les plus chers devaient être montrés à Versailles. Ainsi trouve t'on à Versailles, les marbres de Rance et de Barbençon, le Sainte-Anne, la brèche de Waulsort et le marbre noir de Dinant. Les restaurations ultérieures, y ont ajouté le petit-granit, le Marbre noir de Golzinne et le Noir de Tournai et encore quelques autres marbres rouges belges.
La revue "Les Cahiers de Science et Vie" n°24 du mois d'avril 2003, est consacrée aux "Sciences et techniques des bâtisseurs de Versailles". Les marbres du sud de la France, surtout ceux des Pyrénées y occupent, à côté du Carrare, une place de choix.
Les marbres de chez nous y sont à peine cités. Le but de cet article est donc de leur rendre la place qu'ils occupent dans le Château.
Les romains exploitaient et exportaient la plupart de nos marbres. Une exception notable, le petit-granit, qui, bien qu'exploité depuis le XVème siècle, n'a été poli qu'à partir de la fin du XVIIIème. A la période Baroque, et il suffit de visiter la Maison de Rubens (1610) pour s'en rendre compte, des centaines de variétés différentes de marbres étaient disponibles et il n'est donc pas étonnant que les ingénieurs de Louis XIV se soient tournés vers la partie septentrionale du Royaume pour leur approvisionnement.
Les marbres de chez nous ne sont pas les seuls à servir la gloire du roi. Tous les matériaux les plus beaux et les plus chers devaient être montrés à Versailles. Il ne faut pas oublier que Versailles a été voulu comme la vitrine de la France. Vitrine politique et diplomatique d'abord, vitrine artistique et technologique ensuite, vitrine des savoir-faire du Grand Siècle enfin. Donc, à coté des marbres "belges" on y rencontre les célèbres marbres des Pyrénées : le Sarrancolin, le Campan, le marbre d'Antin, le statuaire blanc de Saint-Béat, le Petit Antique d'Hèches, la brèche de Barbazan etc. Les rouges du Languedoc : Rouge incarnat, Griotte, le Féline etc; les marbres du Bourbonnais, les marbres jaune et rose de Provence, de Trets sans oublier les Carrare, Portor et autres marbres vert d'Egypte.
Cette profusion de marbres peut étonner, mais il ne faut pas oublier qu'à Versailles il y avait 67 escaliers, 1400 fontaines et que le château était chauffé par 1252 cheminées , dont il ne nous reste qu'un dixième !!!
Rappelons que tous nos marbres sont des calcaires durs, sédimentaires et de très faible porosité; qu'ils sont tous d'âge Dévonien supérieur ou Carbonifère inférieur, c'est à dire qu'ils ont été déposés, dans un intervalle de temps de 50 millions d'années, entre 380 et 330 millions d'années et que la gamme chromatique est par contre limitée au noir, rouge et gris. La plupart de ces exploitations ont disparu et les archives (n'oublions pas que la construction de Versailles se déroule aux XVII-XVIIIèmes siècles) n'ont pas encore livré toutes les traces écrites.
Par contre le nombre d'informations fausses, fantaisistes ou non référencées, relatives à des utilisations à Versailles, circulent et doivent inciter à la plus grande prudence. La méthode utilisée dans cet exposé préliminaire est donc celle du touriste, géologue de profession, qui visite le Château et note au passage les marbres qu'il croit reconnaître comme provenant de la région où il travaille.
Il trouve d'abord le Marbre rouge de Rance utilisé à profusion tant en placages qu'en pilastres, comme dans la Galerie des Glaces que pour la confection de colonnes et de cheminées monumentales. Il peut aussi y observer des revêtements muraux ou des dallages en Sainte-Anne (belge), en Marbre Noir de Dinant, en genre Grand Antique de Barbençon, en Brèche de Waulsort (ou de Dourlers) en Petit-granit (anciennement appelé Ecaussinnes ou Marbre de Ligny), en Marbre noir de Golzinne et de Tournai.
Il y rencontre aussi des marbres de l'Avesnois : Quelques dalles en Marbres de Cousolre, de Glageon, en Marbres noir français de la région de Bavay, etc. On peut raisonnablement penser qu'en ce qui concerne les six derniers cités, il s'agit de matériaux ayant servi lors des restaurations effectuées sous la Monarchie de juillet ou même postérieurement.
La durée des travaux, la succession des architectes, les restaurations ultérieures font que la décoration marbrière n'est pas homogène. L'essentiel du décor des Grands Appartements, dont l'architecte est Le Vau, est constitué par "des revêtements de marbres qui couvrent les murs et sont combinés avec un souci d'oppositions de couleurs vigoureuses : rouges et vert foncé ou noir veiné jouant sur un fond blanc uni" alors que lorsque l'on pénètre dans la Galerie des Glaces, due à l'architecte Mansart, avec, à ses deux extrémités les deux salons annexes de la Guerre et de la Paix, "l'œil est aussitôt caressé par une tonalité générale beaucoup plus douce. Au lieu de chercher, en effet des contrastes de couleurs vigoureux, Mansart a choisi des marbres tirant sur le gris, d'un rouge éteint, d'un vert clair, et qui se détachent sur un fond non plus de blanc uni, mais de blanc veiné. De nombreux rehauts de bronze et de stucs dorés viennent ajouter à la richesse et à la gaieté de l'ensemble".
Dans un article sur la diffusion du marbre de Rance en France (1992) je regrettais que "quand on visite Versailles ou une autre belle demeure, aucun guide, ne répond à la question concernant la provenance de tel ou tel marbre ; et pourtant qu'elle est belle la Galerie des Glaces et cette beauté est indissociable de la qualité des dorures, des glaces et du marbre. Et que dire des hommes et femmes anonymes qui se cachent derrière ces magnifiques décors.
Procédons maintenant à la visite.
Lorsque l'on pénètre dans l'enceinte du château, le regard se porte d'abord naturellement vers la partie centrale, c'est à dire la façade qui est aussi la partie la plus ancienne, car construit sous Louis XIII. Louis XIV y a ajouté une colonnade en marbre rouge de Rance, colonnes qui ont subit les outrages du temps, mais sont restées très belles. Que dire de ces mêmes colonnes qui ont gardé un poli profond et que l'on admire dans le Grand Vestibule !
Le marbre de Rance est probablement celui qui a été le plus employé dans la décoration du château de Versailles. En particulier, le seul parmi ceux exploités dans cette localité qui soit reconnaissable sans ambiguïté, le "Vieux Rance".
A l'époque de la construction de Versailles, c'était la carrière de la Margelle à Rance, qui fournissait la majorité des marbres mais n'arrivait plus à satisfaire tous les besoins d'autant plus qu'on demandait des blocs de plus en plus grands pour colonnes et l'on décida de l'ouverture du gisement du "trou à Rocs" dénommé depuis "Trou de Versailles". Pour transporter les énormes colonnes monolithes, les ingénieurs de Louis XIV abattirent tout un quartier de forêt, souvent des troncs de chênes pour construire un chemin artificiel (de Renlies à Cousolre). Ce beau marbre était exploité par M.P.G. jusque vers 1952 ou 1953.
Avant de terminer ce paragraphe sur les marbres rouge belge, signalons que des colonnes rappelant celles de la façade principales et faisant face à la Cour royale sont en marbre rouge griotte impérialé et que des restaurations récentes effectuées dans le Grand Vestibule y ont apporté des rouges griottes, provenant probablement de la carrière de Maudoux-Mousty à Neuville.
Des meubles sont également recouverts d'une plaque de marbre rouge royal ou du marbre de Beauchâteau (Senzeille) bien reconnaissable grâce aux fossiles
Dans le pavement des Grands Appartements, on peut voir de nombreux exemples d'applications de marbre Sainte-Anne.
La dernière carrière active de marbre Sainte-Anne est celle des Hayettes à Biesme. Elle était exploitée par M.P.G. et a été arrêtée en 1975.
La rampe du grand escalier de la Reine, et certains éléments des Grands Appartements pourraient avoir été confectionnés en Grand antique de Barbençon aussi connu sous le nom de "Brayelle"...
Signalons aussi que l'on trouve quelques dalles de Marbre "Sainte-Anne de Cousolre" et de Marbre de Glageon dans les couloirs du Parlement à Versailles. Elles furent probablement placées au XIXème siècle pour remplacer des dalles défectueuses. Un certain nombre de couloirs, et surtout la salle de bain de Louis XV, sont pavés d'un damier de marbre blanc et noir. Le marbre banc est probablement italien. Le noir, par contre, est originellement du marbre noir de Dinant.
Au cours du XIXème siècle, d'autres marbres noirs, surtout celui de Golzinne dont les conditions de gisement rendaient l'extraction moins onéreuse, vont concurrencer le marbre noir de Dinant. Le dallage du Grand Vestibule, damier de blanc de Carrare et d'un marbre d'un noir profond, qui datait de 1679 a été remplacé en 1986 par le Noir belge ou marbre noir de Golzinne, probablement fournit par Merbes-Sprimont. De même, la célèbre Cour de Marbre, qui formait dès 1679, l'entrée principale du château et dont le dessin original nous est inconnu, a été rehaussée vers 1990 et est actuellement constituée d'un damier en marbre blanc, en Petit-granit provenant de la carrière Gauthier-Winqz de Soignies et de Noir de Tournai, livré par les Carrières Lemay de Vaulx-lez-Tournai. Notons au passage que ce qui fut exploité, essentiellement au cours de la seconde moitié du XIXème siècle sous le nom de Noir français est un calcaire noir du Dévonien de la région de Bavay, surtout du Givétien ( 375 millions d'années). Certains bancs présentent des fossiles de lucines (Noir à Amandes), de murchisonies (le Fleuri ou Blondeau) ou des géodes de calcite (boule-de-neige) et ces marbres sont bien représentés dans des dallages au château et de la chapelle de Versailles. Ils datent probablement des aménagements de Louis-Philippe. L'origine des panneaux de brèche, que l'on voit entre autres, dans le Salon d'Hercule et en d'autres endroits dans les appartements royaux, ne peut pas être déterminé sans passer par les archives. On peut évidemment penser en priorité à Dourlers, dont le gisement en Avesnois, était probablement exploité à cette époque. Comme belge, on appellerait ce marbre, Waulsort ou Fontaine-l'Evêque. Le Petit-granit, qui est relativement bien représenté dans les pavements à Versailles, date probablement de restaurations ultérieures aux règnes des rois de France. Nous avons déjà cité à ce propos, le dallage de la Cour de marbre. On peut y ajouter le dallage contemporain de la Galerie Basse ou alternent marbres blancs, Petit-granit et Noir Marquina d'Espagne. Les paliers du grand escalier de la Reine possèdent également des éléments en Petit-granit dont la date de la pose m'est inconnue.
Ce texte est le résumé d'une communication présentée à Versailles, lors l'un colloque international intitulé "Marbres de Rois, splendeurs des pierres ornementales - XVIIe et XVIIIe siècle" qui s'est tenu dans la Galerie Basse du Château.
http://www.mineral-hub.net/marbre-chateau-versailles.html
Eric Groessens, Professeur à l'Université catholique de Louvain-la Neuve, Géologue au Service géologique de Belgique.
Pour Louis XIV, tous les matériaux les plus beaux et les plus chers devaient être montrés à Versailles. Ainsi trouve t'on à Versailles, les marbres de Rance et de Barbençon, le Sainte-Anne, la brèche de Waulsort et le marbre noir de Dinant. Les restaurations ultérieures, y ont ajouté le petit-granit, le Marbre noir de Golzinne et le Noir de Tournai et encore quelques autres marbres rouges belges.
La revue "Les Cahiers de Science et Vie" n°24 du mois d'avril 2003, est consacrée aux "Sciences et techniques des bâtisseurs de Versailles". Les marbres du sud de la France, surtout ceux des Pyrénées y occupent, à côté du Carrare, une place de choix.
Les marbres de chez nous y sont à peine cités. Le but de cet article est donc de leur rendre la place qu'ils occupent dans le Château.
Les romains exploitaient et exportaient la plupart de nos marbres. Une exception notable, le petit-granit, qui, bien qu'exploité depuis le XVème siècle, n'a été poli qu'à partir de la fin du XVIIIème. A la période Baroque, et il suffit de visiter la Maison de Rubens (1610) pour s'en rendre compte, des centaines de variétés différentes de marbres étaient disponibles et il n'est donc pas étonnant que les ingénieurs de Louis XIV se soient tournés vers la partie septentrionale du Royaume pour leur approvisionnement.
Les marbres de chez nous ne sont pas les seuls à servir la gloire du roi. Tous les matériaux les plus beaux et les plus chers devaient être montrés à Versailles. Il ne faut pas oublier que Versailles a été voulu comme la vitrine de la France. Vitrine politique et diplomatique d'abord, vitrine artistique et technologique ensuite, vitrine des savoir-faire du Grand Siècle enfin. Donc, à coté des marbres "belges" on y rencontre les célèbres marbres des Pyrénées : le Sarrancolin, le Campan, le marbre d'Antin, le statuaire blanc de Saint-Béat, le Petit Antique d'Hèches, la brèche de Barbazan etc. Les rouges du Languedoc : Rouge incarnat, Griotte, le Féline etc; les marbres du Bourbonnais, les marbres jaune et rose de Provence, de Trets sans oublier les Carrare, Portor et autres marbres vert d'Egypte.
Cette profusion de marbres peut étonner, mais il ne faut pas oublier qu'à Versailles il y avait 67 escaliers, 1400 fontaines et que le château était chauffé par 1252 cheminées , dont il ne nous reste qu'un dixième !!!
Rappelons que tous nos marbres sont des calcaires durs, sédimentaires et de très faible porosité; qu'ils sont tous d'âge Dévonien supérieur ou Carbonifère inférieur, c'est à dire qu'ils ont été déposés, dans un intervalle de temps de 50 millions d'années, entre 380 et 330 millions d'années et que la gamme chromatique est par contre limitée au noir, rouge et gris. La plupart de ces exploitations ont disparu et les archives (n'oublions pas que la construction de Versailles se déroule aux XVII-XVIIIèmes siècles) n'ont pas encore livré toutes les traces écrites.
Par contre le nombre d'informations fausses, fantaisistes ou non référencées, relatives à des utilisations à Versailles, circulent et doivent inciter à la plus grande prudence. La méthode utilisée dans cet exposé préliminaire est donc celle du touriste, géologue de profession, qui visite le Château et note au passage les marbres qu'il croit reconnaître comme provenant de la région où il travaille.
Il trouve d'abord le Marbre rouge de Rance utilisé à profusion tant en placages qu'en pilastres, comme dans la Galerie des Glaces que pour la confection de colonnes et de cheminées monumentales. Il peut aussi y observer des revêtements muraux ou des dallages en Sainte-Anne (belge), en Marbre Noir de Dinant, en genre Grand Antique de Barbençon, en Brèche de Waulsort (ou de Dourlers) en Petit-granit (anciennement appelé Ecaussinnes ou Marbre de Ligny), en Marbre noir de Golzinne et de Tournai.
Il y rencontre aussi des marbres de l'Avesnois : Quelques dalles en Marbres de Cousolre, de Glageon, en Marbres noir français de la région de Bavay, etc. On peut raisonnablement penser qu'en ce qui concerne les six derniers cités, il s'agit de matériaux ayant servi lors des restaurations effectuées sous la Monarchie de juillet ou même postérieurement.
La durée des travaux, la succession des architectes, les restaurations ultérieures font que la décoration marbrière n'est pas homogène. L'essentiel du décor des Grands Appartements, dont l'architecte est Le Vau, est constitué par "des revêtements de marbres qui couvrent les murs et sont combinés avec un souci d'oppositions de couleurs vigoureuses : rouges et vert foncé ou noir veiné jouant sur un fond blanc uni" alors que lorsque l'on pénètre dans la Galerie des Glaces, due à l'architecte Mansart, avec, à ses deux extrémités les deux salons annexes de la Guerre et de la Paix, "l'œil est aussitôt caressé par une tonalité générale beaucoup plus douce. Au lieu de chercher, en effet des contrastes de couleurs vigoureux, Mansart a choisi des marbres tirant sur le gris, d'un rouge éteint, d'un vert clair, et qui se détachent sur un fond non plus de blanc uni, mais de blanc veiné. De nombreux rehauts de bronze et de stucs dorés viennent ajouter à la richesse et à la gaieté de l'ensemble".
Dans un article sur la diffusion du marbre de Rance en France (1992) je regrettais que "quand on visite Versailles ou une autre belle demeure, aucun guide, ne répond à la question concernant la provenance de tel ou tel marbre ; et pourtant qu'elle est belle la Galerie des Glaces et cette beauté est indissociable de la qualité des dorures, des glaces et du marbre. Et que dire des hommes et femmes anonymes qui se cachent derrière ces magnifiques décors.
Procédons maintenant à la visite.
Lorsque l'on pénètre dans l'enceinte du château, le regard se porte d'abord naturellement vers la partie centrale, c'est à dire la façade qui est aussi la partie la plus ancienne, car construit sous Louis XIII. Louis XIV y a ajouté une colonnade en marbre rouge de Rance, colonnes qui ont subit les outrages du temps, mais sont restées très belles. Que dire de ces mêmes colonnes qui ont gardé un poli profond et que l'on admire dans le Grand Vestibule !
Le marbre de Rance est probablement celui qui a été le plus employé dans la décoration du château de Versailles. En particulier, le seul parmi ceux exploités dans cette localité qui soit reconnaissable sans ambiguïté, le "Vieux Rance".
A l'époque de la construction de Versailles, c'était la carrière de la Margelle à Rance, qui fournissait la majorité des marbres mais n'arrivait plus à satisfaire tous les besoins d'autant plus qu'on demandait des blocs de plus en plus grands pour colonnes et l'on décida de l'ouverture du gisement du "trou à Rocs" dénommé depuis "Trou de Versailles". Pour transporter les énormes colonnes monolithes, les ingénieurs de Louis XIV abattirent tout un quartier de forêt, souvent des troncs de chênes pour construire un chemin artificiel (de Renlies à Cousolre). Ce beau marbre était exploité par M.P.G. jusque vers 1952 ou 1953.
Avant de terminer ce paragraphe sur les marbres rouge belge, signalons que des colonnes rappelant celles de la façade principales et faisant face à la Cour royale sont en marbre rouge griotte impérialé et que des restaurations récentes effectuées dans le Grand Vestibule y ont apporté des rouges griottes, provenant probablement de la carrière de Maudoux-Mousty à Neuville.
Des meubles sont également recouverts d'une plaque de marbre rouge royal ou du marbre de Beauchâteau (Senzeille) bien reconnaissable grâce aux fossiles
Dans le pavement des Grands Appartements, on peut voir de nombreux exemples d'applications de marbre Sainte-Anne.
La dernière carrière active de marbre Sainte-Anne est celle des Hayettes à Biesme. Elle était exploitée par M.P.G. et a été arrêtée en 1975.
La rampe du grand escalier de la Reine, et certains éléments des Grands Appartements pourraient avoir été confectionnés en Grand antique de Barbençon aussi connu sous le nom de "Brayelle"...
Signalons aussi que l'on trouve quelques dalles de Marbre "Sainte-Anne de Cousolre" et de Marbre de Glageon dans les couloirs du Parlement à Versailles. Elles furent probablement placées au XIXème siècle pour remplacer des dalles défectueuses. Un certain nombre de couloirs, et surtout la salle de bain de Louis XV, sont pavés d'un damier de marbre blanc et noir. Le marbre banc est probablement italien. Le noir, par contre, est originellement du marbre noir de Dinant.
Au cours du XIXème siècle, d'autres marbres noirs, surtout celui de Golzinne dont les conditions de gisement rendaient l'extraction moins onéreuse, vont concurrencer le marbre noir de Dinant. Le dallage du Grand Vestibule, damier de blanc de Carrare et d'un marbre d'un noir profond, qui datait de 1679 a été remplacé en 1986 par le Noir belge ou marbre noir de Golzinne, probablement fournit par Merbes-Sprimont. De même, la célèbre Cour de Marbre, qui formait dès 1679, l'entrée principale du château et dont le dessin original nous est inconnu, a été rehaussée vers 1990 et est actuellement constituée d'un damier en marbre blanc, en Petit-granit provenant de la carrière Gauthier-Winqz de Soignies et de Noir de Tournai, livré par les Carrières Lemay de Vaulx-lez-Tournai. Notons au passage que ce qui fut exploité, essentiellement au cours de la seconde moitié du XIXème siècle sous le nom de Noir français est un calcaire noir du Dévonien de la région de Bavay, surtout du Givétien ( 375 millions d'années). Certains bancs présentent des fossiles de lucines (Noir à Amandes), de murchisonies (le Fleuri ou Blondeau) ou des géodes de calcite (boule-de-neige) et ces marbres sont bien représentés dans des dallages au château et de la chapelle de Versailles. Ils datent probablement des aménagements de Louis-Philippe. L'origine des panneaux de brèche, que l'on voit entre autres, dans le Salon d'Hercule et en d'autres endroits dans les appartements royaux, ne peut pas être déterminé sans passer par les archives. On peut évidemment penser en priorité à Dourlers, dont le gisement en Avesnois, était probablement exploité à cette époque. Comme belge, on appellerait ce marbre, Waulsort ou Fontaine-l'Evêque. Le Petit-granit, qui est relativement bien représenté dans les pavements à Versailles, date probablement de restaurations ultérieures aux règnes des rois de France. Nous avons déjà cité à ce propos, le dallage de la Cour de marbre. On peut y ajouter le dallage contemporain de la Galerie Basse ou alternent marbres blancs, Petit-granit et Noir Marquina d'Espagne. Les paliers du grand escalier de la Reine possèdent également des éléments en Petit-granit dont la date de la pose m'est inconnue.
Ce texte est le résumé d'une communication présentée à Versailles, lors l'un colloque international intitulé "Marbres de Rois, splendeurs des pierres ornementales - XVIIe et XVIIIe siècle" qui s'est tenu dans la Galerie Basse du Château.
http://www.mineral-hub.net/marbre-chateau-versailles.html
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
Du marbre belge, cré bou diou ! T'entends ça, Félix ? :n,,;::::!!!:
Mais la statuaire, les grands vases dans les jardins, tout ça est en marbre blanc de Carrare, n'est-ce pas !
Mais la statuaire, les grands vases dans les jardins, tout ça est en marbre blanc de Carrare, n'est-ce pas !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
Si fait !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
Lorsqu'on dit marbre belge, il s'agit plutôt de marbre des Flandres, dont à la fois en France et sur une partie seulement de la Belgique actuelle. Cela est important, car cet étalage de marbre est aussi un moyen de montrer que la France peut faire aussi bien que l'Italie, qu'elle possède ses propres marbres, mais aussi en employant ces carrières, de montrer que ces provinces récemment rattachées sont bien françaises, puisqu'elles sont représentées dans la demeure du Roi.
En ce qui concerne la fraude, elle existait aussi au détriment des Bâtiment du Roi. Ainsi il est arrivé que des petits malins, allant officiellement acquérir des marbres de faible qualité dans les entrepôts de la place Louis XV, scient un marbre de plus grand prix, le place en sandwich entre deux plaques d'un même marbre de moindre qualité, pour faire sortir le premier à moindre prix !
En ce qui concerne la fraude, elle existait aussi au détriment des Bâtiment du Roi. Ainsi il est arrivé que des petits malins, allant officiellement acquérir des marbres de faible qualité dans les entrepôts de la place Louis XV, scient un marbre de plus grand prix, le place en sandwich entre deux plaques d'un même marbre de moindre qualité, pour faire sortir le premier à moindre prix !
Lucius- Messages : 11656
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Re: Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
Il ne faut jamais désespérer !!!
Un bloc de marbre rouge va être enfin livré quatre siècles après avoir été commandé .
Louis XIV en avait assez d'attendre, il est mort.
Un bloc de marbre retrouvé dans une carrière de l’Aude avait été commandé par le Château de Versailles au moment de sa construction, au XVIIe siècle. Plus de trois-cent ans après son extraction, le bloc va enfin être livré selon les conditions de l’époque. Tiré par des chevaux sur les chemins de halage, il empruntera ensuite la voie maritime jusqu’au monument.
Un bloc de marbre rouge en provenance de Caunes-Minervois (Aude) va enfin être livré au château de Versailles (Yvelines) avec… 349 ans de retard. La pierre, qui pèse trois tonnes, a été retrouvée dans un bosquet par les exploitants d’une carrière
Cette belle pièce avait été commandée au XVIIe siècle au moment de la construction du château pour la création d’une chapelle, explique Le Parisien.
Transporté avec les moyens de l’époque
« Nous avons décidé d’honorer la commande, comme à l’époque », indique au quotidien francilien Khalid Massoud, gérant de carrière et président de l’association « Marbres en Minervois ». Le bloc ne prendra donc pas la route sur une remorque de camion pour parcourir les 800 km qui le séparent du Château.
Dans un premier temps, le marbre sera transporté sur un chariot de bois, tiré par des chevaux jusqu’au canal du Midi. Comme au siècle de Louis XIV, le bloc sera ensuite placé sur un radeau pour suivre les chemins de halage.
Un délai de transport de « 4 à 5 saisons »
Au lieu d’une bonne journée de route, la livraison « devrait nous prendre 4 à 5 saisons », assure le gérant. Sur tout le trajet, des animations seront prévues dans les grandes villes autour du projet.
Quand il sera arrivé à destination, le bloc devra être taillé. Mais impossible de savoir pour l’instant quelle forme il prendra. Le projet avait été abandonné par Versailles « pour une histoire de délais ».
https://www.ouest-france.fr/culture/patrimoine/chateau-de-versailles-un-bloc-de-marbre-va-etre-livre-quatre-siecles-apres-avoir-ete-commande-6222514
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Re: Les richesses marbrières, de la région au château de Versailles
Plainte des scieurs de pierre et de marbre contre les scies mécaniques.
Le 21 avril 1789
( Archives nationales )
Les scies mécaniques qui menacent de chômage les scieurs de pierre et de marbre existent depuis le XIIIème siècle. Elles étaient parvenues à un grand degré de perfection à partir de la Renaissance. Marchant jour et nuit, celles dont il est question ici se trouvaient sur la rivière des Gobelins, près de la Seine, où débarquaient les cargaisons.
Elles sont sans doute formées d'un chassis horizontal, portant des lames parallèles ( 45 pour la plus grande ! ) , mises en marche par un système de bielle-manivelle qui transforme le mouvement continu circulaire en va-et-vient rectiligne, alors que la pierre à débiter avance par un autre mécanisme.
Plaintes fréquentes dans les cahiers de doléances ( surtout dans les régions des textiles ) , celui du baillage de Rouen réclame purement et simplement leurs destruction :
" Ce sont les bras qu'il faut occuper, le travail doit fournir à chaque individu une subsistance honnête; que toutes les mécaniques quelles qu'elles soient, soient détruites. Elles laissent nombre de familles sans travaux, elles les mettent dans le cas de manquer de nourriture, elles les rendent capables de tout. "
Cette dernière injonction sonne comme un avertissement des heurts qui vont se déchaîner bientôt.
La notion de juste rétribution intervient dans ce texte, en opposition à la loi de l'offre et la demande qui va écraser les salaires ouvriers au XIXème siècle avec l'avènement de l'industrialisation et du capitalisme.
Le 21 avril 1789
( Archives nationales )
Les scies mécaniques qui menacent de chômage les scieurs de pierre et de marbre existent depuis le XIIIème siècle. Elles étaient parvenues à un grand degré de perfection à partir de la Renaissance. Marchant jour et nuit, celles dont il est question ici se trouvaient sur la rivière des Gobelins, près de la Seine, où débarquaient les cargaisons.
Elles sont sans doute formées d'un chassis horizontal, portant des lames parallèles ( 45 pour la plus grande ! ) , mises en marche par un système de bielle-manivelle qui transforme le mouvement continu circulaire en va-et-vient rectiligne, alors que la pierre à débiter avance par un autre mécanisme.
Plaintes fréquentes dans les cahiers de doléances ( surtout dans les régions des textiles ) , celui du baillage de Rouen réclame purement et simplement leurs destruction :
" Ce sont les bras qu'il faut occuper, le travail doit fournir à chaque individu une subsistance honnête; que toutes les mécaniques quelles qu'elles soient, soient détruites. Elles laissent nombre de familles sans travaux, elles les mettent dans le cas de manquer de nourriture, elles les rendent capables de tout. "
Cette dernière injonction sonne comme un avertissement des heurts qui vont se déchaîner bientôt.
La notion de juste rétribution intervient dans ce texte, en opposition à la loi de l'offre et la demande qui va écraser les salaires ouvriers au XIXème siècle avec l'avènement de l'industrialisation et du capitalisme.
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