Le pavillon de chasse de Stupinigi (Italie)

Mme de Sabran a écrit:
C'est fou ce que la décoration est surchargée, notamment celle des boiseries... mais au diable la simplicité !

Et encore, les pièces sont peu meublées, et les objets décoratifs y sont quasiment absents.

Marie-Jeanne a écrit:Je trouve les sols tout à fait surprenants dans un lieux aussi sophistiqué

Absolument. Pas de parquets.
Est-ce à supposer qu'ils furent démontés au cours des XIXe et XXe siècles.

Merci LNLN ! On retrouve comme à Turin ces portes montées en biais, de sorte qu’elles peuvent se fermer automatiquement sous leur propre poids si elles ne sont pas bloquées exprès.

Gouverneur Morris a écrit:Merci LNLN ! On retrouve comme à Turin ces portes montées en biais, de sorte qu’elles peuvent se fermer automatiquement sous leur propre poids si elles ne sont pas bloquées exprès.

Oui ! Merci pour tes recherches...

J'attendais de poster une photo où une porte apparaissait bien étrangement montée pour donner ton explication.
Comme celle-ci !    



Dans l'appartement du duc de Chablais que nous allons visiter désormais...

Quelle bizarrerie, c'est fou !  
Il y a une cale dessous.

J'achève cette visite par l'appartement dit des ducs de Chablais, princes cadets de la maison de Savoie.
Et pour la période qui nous intéresse...

Benedetto Maurizio, duca del Chiablese (1741-1808)
Pittore piemontese
Olio su tela, 18e s.
Torino, Palazzo Madama – Museo Civico d’Arte Antica
Image : Lavenaria.it

Pédigrée  

Benoît-Maurice de Savoie (Benedetto Maurizio di Savoia), né le 21 juin 1741 et mort le 4 janvier 1808, était un prince de la Maison de Savoie et chef militaire durant les guerres de la Révolution française.
Titré prince de Savoie, duc de Chablais (1763) et marquis d'Ivrée (1796).

Le plus jeune des fils de Charles-Emmanuel III de Savoie roi de Sardaigne, prince de Piémont et duc de Savoie (qui sera trois fois veuf à seulement 40 ans), et de Elisabeth-Thérèse de Lorraine.
Il est donc le demi-frère de Victor-Amédée III (père des comtesses d'Artois et de Provence), et également le neveu de l'empereur François Ier du Saint-Empire (et donc cousin germain de Marie-Antoinette).
Chouchou de l'empereur, il fut envisagé un temps pour épouser l'archiduchesse Marie-Christine d'Autriche, mais le décès soudain de son oncle fit capoter le projet (à la joie de l'archiduchesse, qui était amoureuse d'un autre).

Il se maria sur le tard avec Marie-Anne de Savoie (1757-1824), l'une de ses nièces, sixième enfant de son frère aîné Victor-Amédée III de Sardaigne. Leur mariage resta stérile.

Ritratto di Maria Anna di Savoia, duchessa del Chiablese
Pittura a olio su tela, ca. 1775
Museo di Palazzo Reale, Torino
Image : Catalogo Generale dei Beni Culturali

Lors de l'occupation du Piémont par les troupes de Napoléon Bonaparte, le duc et la duchesse de Chablais quittèrent Turin pour la Sardaigne, où ils restèrent jusqu'en 1799, puis s'installèrent à Rome.

Veuve en 1808, la duchesse revient s'installer à Turin (au Palazzo Chiablese) et meurt, en 1824, à l'âge de 70 ans, au pavillon de chasse de Stupinigi.



L'appartement du ou des duc(s) de Chablais (Etendu et réaménagé à partir des années 1760)


Piantina della palazzina di caccia di Stupinigi
Image : Volipindarici.it

A nouveau une enfilade de corridors et petites pièces pour la plupart très difficiles à photographier...

Suite de l'appartement du (ou des) duc(s) de Chablais

L'antichambre








Le salon











La chambre à coucher








Suite de petits cabinets


















Portrait du prince de Savoie, futur duc de Chablais, enfant





La salle des perspectives





A suivre...

Toutes mes félicitations LNLN pour ce reportage inédit !
En effet, il ne s'agit pas d'un simple pavillon de chasse, mais d'une résidence royale " de standing ".
La maison de Savoie n'a pas lésiné sur les moyens : comme je l'ai dit, elle voulait se hisser de gré ou de force au même niveau, pour le moins approchant, à la magnificence des autres cours d'Europe.

Dominique Poulin a écrit:
En effet, il ne s'agit pas d'un simple pavillon de chasse, mais d'une résidence royale " de standing ".  
La maison de Savoie n'a pas lésiné sur les moyens (...)

Et encore, comme je le disais déjà tantôt, le bâtiment a subi les affres du temps et des évènements historiques.
Avec l'occupation française de la fin du XVIIIe siècle, le pavillon connaît le dépouillement et la dispersion des meubles et objets dans d'autres résidences.

En 1807, le prince Camille Borghese, beau-frère allié de Napoléon, est nommé Gouverneur-général des départements au-delà des Alpes et chargé du gouvernement du Piémont.


Portrait of Camillo Borghese
Italian School, circa 1800
Black and white chalk on light brown paper
Image : Christie's

Il décidera de résider très fréquemment à Stupinigi (à deux pas de Turin), en s'installant principalement dans cet appartement, dit du duc de Chablais, qu'il réaménage et décore.
Stupinigi est rebaptisé alors Villa impériale, et le prince Borghèse, richissime, y donne des fêtes somptueuses.

Son épouse, Pauline (soeur de Napoléon) ne se déplacera que très rarement à Turin, préférant rester en France (elle a pourtant une bien jolie salle de bains / images à suivre  ).


Pauline Bonaparte, princesse Borghèse
Robert Lefèvre
Huile sur toile, 1808
Musée national du Château de Fontainebleau
Image : RMN-Grand Palais - D. Arnaudet / J. Schormans

A la chute du Premier Empire (1814), Camille Borghèse quitte Turin, et Stupinigi, comme d'autres résidences impériales, fut à nouveau dépouillé de beaucoup de son mobilier.

Bref !  

J'achève cette visite de cet appartement du palais avec...

Les cabinets chinois

Deux petits cabinets, dont les murs sont tapissés de papiers peints en "chinoiseries" du milieu du XVIIIe siècle (probablement peints en Angleterre).


























Chambre à coucher (au XVIIIe siècle et début XIXe siècle)








Le cabinet des glaces

Plafond réalisé en 1763, décoré de miroirs et peintures à effet de fleurs en porcelaine








Le cabinet de toilette de Pauline Borghèse







Et enfin, la joyeuse et colorée salles des jeux  

Dont les décors fantasques et " en chinoiseries " datent de la seconde moitié du XVIIIe siècle...





















Fin de cette visite, d'une partie, seulement, des 137 pièces, 17 galeries et autres communs qui occupent les 46 000 m2 de superficie de ce...pavillon.  

Merci LNLN ! Je suis à deux doigts de sauter dans un avion pour Turin !    

LNLN a écrit:

Sais-tu ce que vient faire ici ce pauvre Stanislas, si fatigué qu'il a l'air d'être arrivé à pied par la Chine ?

N'est-ce pas ce que l'on appelle un effet chiné justement ?

On ne peut pas ne pas penser au billard de la Reine à Versailles :


Broché chenillé fond blanc et dessins d'arabesques coloriées et médaillons rapportés
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon, cabinets intérieurs de la Reine
Photo (C) RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
https://www.photo.rmn.fr/archive/93-001190-2C6NU0HRZOJ9.html

La nuit, la neige a écrit:

Deux petits cabinets, dont les murs sont tapissés de papiers peints en "chinoiseries" du milieu du XVIIIe siècle (probablement peints en Angleterre).

Ils sont à mourir !
Je n'ai jamais vu plafond aussi étrange que celui que tu nous montres-là, décoré de miroirs et peintures à effet de fleurs en porcelaine !
En existe-t-il de semblables ailleurs ?!

Gouverneur Morris a écrit:
Sais-tu ce que vient faire ici ce pauvre Stanislas, si fatigué qu'il a l'air d'être arrivé à pied par la Chine ?

Gouverneur Morris a écrit:Merci LNLN ! Je suis à deux doigts de sauter dans un avion pour Turin !

Et je n'ai pas encore terminé mes reportages des petites " bicoques " du coin...

Gouverneur Morris a écrit:Sais-tu ce que vient faire ici ce pauvre Stanislas, si fatigué qu'il a l'air d'être arrivé à pied par la Chine ?  

Aucune idée. Et il ne faut pas compter sur des cartels lors de la visite !

Je t'avoue que comme il est associé dans le décor à un portrait de Marie-Thérèse, j'ai pensé qu'il s'agissait de l'empereur François Ier du Saint-Empire...

Gouverneur Morris a écrit:N'est-ce pas ce que l'on appelle un effet chiné justement ?

Aucune idée...

Mme de Sabran a écrit:
Je n'ai jamais vu plafond aussi étrange que celui que tu nous montres-là, décoré de miroirs et peintures à effet de fleurs en porcelaine !
En existe-t-il de semblables ailleurs ?!

Sans doute ? Je ne sais pas à vrai dire...
Nombre de plafonds et autres décors de boiseries à Stupinigi sont l'oeuvre d'un certain Giovanni Pietro Pozzo, dont ce plafond donc.

Source image : Paris Orlando - Wikipedia

Source image : Paris Orlando - Wikipedia

Source image : Paris Orlando - Wikipedia


Je regrette de ne pas avoir pris davantage de photos des plafonds, car ils sont superbes, mais très difficiles à photographier !  Et il y a bien peu d'images sur le net, contrairement à ce que je pensais...

J adresse toutes mes félicitations à LNLN pour ce magnifique reportage sur notre magnifique Stupinigi qui est une pièce maîtresse de ce que nous appelons «  la couronne des délices » qui comprend différents châteaux de la Maison de Savoie situés du nord au sud ( il y’a le château de Raconiggi au sud ouest de Turin qui se visite aussi - a noter sur les billets des uns donnent une réduction pour le billet des autres) à l ouest de Turin pour la plupart et dans Turin également ( Palais Madame, Palais royal etc.

    Stupinigi possède des écuries fantastiques de chaque côté lorsqu’on arrive, avant l entrée du pavillon de chasse

Merci M. de Velleguindry, et soyez le bienvenu ici...

Vous retrouverez dans cette même rubrique, Lieux du XVIIIe siècle, quelques-uns des sites de cette belle " couronne des délices " et autres visites piémontaises.

N'hésitez pas à compléter nos sujets !

Merci LnLn de votre accueil et de votre réponse, j'ai plaisir à lire les articles de ce forum et à contempler les très belles photos que chacun dépose.

Cet objet, prochainement présenté en vente aux enchères, me donne l'occasion d'évoquer le séjour de Napoléon Ier dans ce " palais impérial "...

Sèvres
Assiette en porcelaine dure du service de l’Empereur à Stupinigi,
à décor en brun imitant le bronze au centre de deux flambeaux sur fond rose, l’aile décorée de vases, glaive, flambeau, carquois et trompe à l’imitation du bronze dans un entourage de guirlandes de fleurs.
Marquée en rouge : Sèvres II.
D. 23,8 cm. Usures et un éclat au talon.


Provenance :

Cette assiette provient du service à fond rose guirlande de fleurs et attributs livré à l’Empereur Napoléon Ier le 8 pluviôse an 13 (28 janvier 1805) pour le palais impérial de Stupinigi à Turin où l’Empereur réside avant son couronnement en tant que Roi d’Italie en mai 1805.
Ce service comprenait quatre-vingt-seize assiettes à décor d’attributs au centre et de guirlandes de fleurs et attributs à l’imitation du bronze sur l’aile.

Archives, Cité de la céramique, Sèvres et Limoges, Vy16, fol. 19 et Vbb2, fol. 8v°, voir Napoléon Ier et Sèvres, L’art de la porcelaine au service de l’Empire, ouvrage collectif sous la direction de Camille Le Prince, Paris, 2016, n° 57, p. 256.

* Source et infos complémentaires : Osenat - L'Empire à Fontainebleau (vente du 5 mai 2021)