L'Hôtel de Crillon, Karl Lagerfeld et Marie-Antoinette

Non, non...ce n'est pas sujet consacré à l'histoire de ce célèbre bâtiment de la place de la Concorde, mais celui de son non moins célèbre hôtel, qui a réouvert ses portes il y a peu, après une longue campagne de restauration qui a duré plusieurs années...



Entre autres décorateurs sollicités, Karl Lagerfeld, le touche-à-tout, a collaboré à cette entreprise, en dirigeant notamment la décoration de deux suites de l'hôtel, appelées "Les grands appartements".


Dans le grand salon, Karl est près d’une bergère Louis XVI au même motif gaufré que celui des chaises du mariage de Marie Antoinette et du dauphin.
La table basse dessinée par le maître est en marqueterie de cristal de roche.
Photo : Emanuele Scorcelletti

Il en parle dans un article publié sur le site internet du magazine Paris-Match, dont je cite quelques extraits :

Ces Grands Appartements, est-ce votre idée spirituelle du XVIIIe siècle versus le XXIe ? Votre petit Versailles ?
Exactement. Et c’est Paris en même temps. Le gris Trianon, le gris tourterelle : ça, c’est Paris !
Ce n’est pas le beigeasse et le rose de certains hôtels…
A mon arrivée ici, j’étais encore à l’école, je m’asseyais sur la rambarde de la terrasse des Tuileries. Je regardais le Crillon avant d’aller retrouver ma petite suite d’hôtel de la rue de la Sorbonne et je me disais que j’aimerais habiter ici. C’est drôle, non ? (Très...  )


Photo : Hôtel Crillon




Photo : Hôtel Crillon

Manufacture royale, manufacture des Gobelins, vous avez convoqué tout le patrimoine vivant de France !
Ce n’est pas une reconstitution. C’est un endroit pour vivre et être bien, tout comme au XVIIIe siècle. Ils étaient à l’aise, même dans le plus grand luxe.
Tout cela doit être traité comme si c’était du Ikea. Il faut avoir cette aisance avec les meubles.





Vous avez utilisé des couleurs oubliées, comme ce rose extrêmement pâle dans la chambre.
Le rose de cuisse de nymphe émue. Vous aviez aussi la couleur puce, un gris violet… Ce sont des couleurs passées de mode. Depuis, les gens sont devenus pudibonds.
Imaginez dire à une bourgeoise du XIXe siècle : “Comme votre salon couleur de cuisse de nymphe émue est joli !” Elle aurait trouvé cela obscène, ayant à peine connu cette couleur pour sa propre cuisse !  





Photo : Hôtel Crillon

Signe du destin, il y a trente ans vous avez acquis la maquette de l’hôtel de Crillon signée Jacques Ange Gabriel, l’architecte du roi. On lui doit également le Pavillon français à Versailles.
Cette partie de l’histoire de France, c’est comme si je l’avais vécue.
Je pourrais faire guide à Versailles, avec les détails cocasses que les professionnels, d’habitude, n’osent pas dire. C’était une civilisation à son apogée, avant l’embourgeoisement et les bigoteries qui ont suivi.

Bossuet, que j’aime beaucoup, a écrit pour l’oraison funèbre de la Palatine : “Elle vit le monde, elle en fut vue ; bientôt elle sentit qu’elle plaisait, il faut lui pardonner.” N’est-ce pas joliment dit ? Elle était très coquine dans sa jeunesse. Puis, ça a moins bien marché… Elle est devenue bigote.

Connaissez-vous le comte Roger de Bussy-Rabutin ? Cousin de Mme de Sévigné, général des armées royales, il était libertin et membre de l’Académie française. Il a écrit “Histoire amoureuse des Gaules”, une charge contre Louis XIV et sa cour. Chassé, il s’est exilé dans son château. Avant de partir, il a fait faire le portrait de toutes les dames qu’il a connues. Bibliquement ou pas… Une belle galerie de beautés ! Avec une phrase sous chacun des tableaux, dont celle-ci sous le portrait de la marquise de Montglas, sa maîtresse : “Moins connue pour sa beauté que pour l’usage qu’elle en fit.”
Voyez-vous, c’est là tout l’esprit que j’aime. Le côté moralisateur, pisse-vinaigre et hypocrite, je déteste !



Au XVIIIe siècle, qui auriez-vous été ?
J’aime la vision idéale de Versailles. Je ne veux pas trop en savoir sur l’hygiène de l’époque, les pots de chambre et le reste… La bassine et la chaise percée, non merci ! Et la chaleur en été, le froid en hiver… Quelle horreur !
Dix mille personnes vivaient dans le château. Les HLM, à côté, ce n’est rien ! ( )



(...)

Toute l'interview, où il est encore question de ses goûts, de ses collections, de son chat Choupette (évidemment !), mais aussi des jambes de Brigitte Macron (oui, oui ! ) et autres originalités...

C'est ici : Karl Lagerfeld nous reçoit au Crillon




A noter que parmi toutes les pièces restaurées et décorées de cette hôtel, deux portent le nom de Marie-Antoinette.

Une suite...


Hôtel Crillon - Suite Marie-Antoinette


Hôtel Crillon - Suite Marie-Antoinette

Et un salon, dont la décoration a été confiée à l'architecte Richard Martinet :


Hôtel Crillon - Salon Marie-Antoinette


Hôtel Crillon - Salon Marie-Antoinette


Hôtel Crillon - Salon Marie-Antoinette

Il nous le présente plus longuement, ici :

On entend Lagerfeld quand on lit ses citations tant ses mots sont siens
J'adore ces salles-de-bain en marbre... surtout la première.... mais ce peut paraître un peu frisquet....
Remarquez les couleurs utilisées, "le rose de cuisse de nymphe émue, la couleur puce, un gris violet…", qui nous sont familières, ici ...


Bien à vous.

C'est beau; il est vrai. Mais Dieu que c'est snob tout ça ! 

J'aimais bien le côté "vieille France" du Crillon (comme celle du Ritz, toujours en travaux d'ailleurs) avec sa décoration à l'ancienne...
Mais elle ne correspondait sans doute plus aux normes et standards internationaux et probablement aux goûts de la cliente habituée à fréquenter les palaces du monde en entier.

Ainsi par exemple, le salon Marie-Antoinette avant sa restauration.
A comparer donc avec sa décoration actuelle, présentée dans mon message précédent (c'est mieux, certes !).




Une petite visite de l'hôtel ?
De nombreux architectes ont donc participé à ce vaste programme de remise au goût du jour de cet hôtel.
C'est réussi !  



Anciens salons de réception :






Hall de réception (avant et après) :






Le salon des Ambassadeurs (avant et aujourd'hui donc) :








Le salon des Aigles (avant et après) :






De petits boudoirs...





La piscine couverte (qui n'existait pas auparavant) :






L'un des restaurants :




Et vous aurez donc compris que les chambres et suites ont été elles aussi rafraîchies...

La plus chère, la suite Bernstein, 200 m2 s'vous plaît (avant et après) :









En effet, c'est mieux après !
Compter environ 25 000 € la nuit : le prix (aussi) d'une jolie vue...





Ma suite préférée, si quelqu'un veut me faire plaisir un jour ?
La suite dite du duc de Crillon, avant :



Et aujourd'hui, donc :









Visite complète de l'hôtel et réservation , ici : https://www.rosewoodhotels.com/en/hotel-de-crillon/gallery

Fastueuse visite, grand merci !

Nous nous souvenons que Amélie Marie Louise Berton des Balbes de Crillon avait épousé ( le 14 juin 1842 ) Armand Jules Jean Melchior de Polignac , le petit-fils de Yolande par Jules junior.

Bon ... alors, si c'est la famille ... je retire tout ce que j'ai dit ! 

Merci LNLN !!!!

Comtesse Diane a écrit:Bon ... alors, si c'est la famille ... je retire tout ce que j'ai dit ! 

Jolly good !

Bien plus souvent le beau que le laid, comtesse.
On peut lui reprocher parfois de dire des énormités, mais il faut reconnaître son génie et/ou son talent pour pratiquement tout ce qu'il touche, oui.
Il n'y en a pas beaucoup des comme lui ; et à son âge encore bien moins, pour ne pas dire...personne.

Comment l'Hôtel de Crillon est-il entré dans l'Histoire ?  

À en juger par les nombreuses spéculations et les discussions autour de la réouverture du Crillon, et ce depuis le début de sa vaste campagne de rénovation entamée en mars 2013, on comprend combien l'établissement prestigieux de la place de la Concorde n'est pas un hôtel comme les autres. Les raisons se trouvent dans son histoire si singulière. Voici une explication en 17 dates-clés, à quelques jours de sa réouverture, le 5 juillet.

1758 : Ange-Jacques Gabriel, l'architecte favori de Louis XV, érige la face de l'Hôtel de Crillon

9 mai 1775 : deux ans après que le roi ait cédé le terrain et la façade à la Ville de Paris, l'architecte Louis-François Trouard devient le premier propriétaire et bâtisseur de l'Hôtel de Crillon.

22 avril 1788 : l'hôtel est vendu à François Félix Dorothée des Balbes de Berton, comte de Crillon. Le propriétaire est député à l'Assemblée, défend la constitution et le roi jusqu'en 1791.

Février 1820 : le duc de Crillon meurt et sa veuve hérite, qui transmettra les lieux à son fils cadet, Louis Marie Félix Prosper des Balbes Berton, marquis de Crillon, en avril 1835.

1896 : la façade de l'Hôtel de Crillon est classée Monument Historique.

12 avril 1906 : l'hôtel se trouve un nouveau souffle sous le coup de crayon de l'architecte de Walter-André Destailleurs. La décoration des trois salons d'honneur est repensée. Tout le reste est détruit, mais la façade est conservée. Le 24 avril, les descendants de la duchesse de Polignac vendent l'hôtel pour 2.500.000 francs à la Société du Louvre.

Du 3 février au 11 avril 1919 : Les délégations étrangères se réunissent au Crillon pour rédiger le Pacte de la Société des Nations, lors de la conférence de la paix.  

21 avril 1920 : l'Hôtel de Crillon rouvre ses portes après une campagne de travaux. En 1945, une nouvelle édition aura lieu pour remettre l'établissement en état après la guerre.

1954 : Pierre Taittinger, fondateur de la maison de Champagne qui porte son nom, devient le président de la Société du Louvre, et donc du Crillon.

14 octobre 1954 : moment historique et très médiatisé, Charlie Chaplin rencontre l'Abbé Pierre qui reçoit deux millions de francs pour son mouvement Emmaüs lors du fameux hiver 1954.



1982 : Une nouvelle campagne de rénovation est entamée et la créatrice Sonia Rykiel repense la décoration intérieure tandis que le sculpteur César réalise un bar incrusté de miroirs facettés de 5,2m de long. En juin 1991, la célèbre couturière signe la décoration de la célèbre suite Bernstein.

Juin 1988 : le grand chef Christian Constant devient le chef du restaurant les Ambassadeurs, et impulse une cuisine de terroir. Il dirige dans sa brigade un petit nouveau : Jean-François Piège...

27 septembre 1988 : le tout premier Bal des Débutantes se déroule à l'Hôtel de Crillon.

Juillet 1998 : l'équipe de France de Football séjourne à l'Hôtel de Crillon et brandit le trophée d'or après sa victoire en finale face au Brésil.

Février 2004 : Jean-François Piège devient le nouveau chef du restaurant gastronomique et décroche les deux étoiles un an plus tard.

21 juillet 2005 : le groupe Starwood rachète les parts de la famille Taittinger et devient le nouveau propriétaire de l'Hôtel de Crillon.

31 mars 2013 : l'Hôtel de Crillon ferme ses portes pour une vaste campagne de travaux, qui durera quatre ans, au lieu de deux initialement.

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/voyages/comment-l-hotel-de-crillon-est-il-entre-dans-l-histoire-26-06-2017-7090824.php

Les nouveaux aménagements d'un blanc-gris semblent d'une solitude sinistre, un espace moribond dans son ennuis glacé.

On imagine le visiteur wertherien entrer dans la pièce, s'y tenir immobile une heure, les fenêtres ouvertes alors qu'il neige, avant de se jeter impassiblement par la fenêtre.

Tellement bien dit Lulu ! Exactement ce que je ressens ... avant de me jeter par la fenêtre ! 

Roooh !
Ne me dîtes pas que vous préférez les précédents camaïeux de couleurs ?  

tout est devenu gris acier

le précédents font moins contemporains, mais bien plus accueillants.

C'est koikoi, toute cette bouillie sous la fenêtre ?!!