Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
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Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Je reprends ici les éléments dont nous disposons, permettant d'affirmer que la relation entre Marie-Antoinette et Fersen était plus qu'amicale.
I - Les mots d’amour de Marie-Antoinette pour Fersen
- « Je puis vous dire que je vous aime et n’ai même le temps que de cela. Je me porte bien. Ne soyez pas inquiet pour moi. Je voudrais bien vous savoir de même. Ecrivez-moi en chiffre par la poste à l’adresse de Mme Brown, dans une enveloppe double pour M. de Gougens. Envoyez les lettres par votre valet de chambre. Mandez-moi à qui je dois adresser celles que je pourrai vous écrire, car je ne peux vivre sans cela. Adieu, le plus aimé et le plus aimant des hommes. Je vous embrasse de tout mon cœur » (lettre non datée, envoyée par la reine à Fersen en 1791 ou 1792, publiée par Lucien Maury à la Revue Bleue en 1907 et citée par E. Lever dans sa Correspondance de Marie-Antoinette (1770-1793). Lucien Maury précise, dans la Revue Bleue, qu'il a eu l’autorisation de copier ce passage par le baron de Klinckowström dont le père avait publié les lettres gardées par Fersen.)
- « J’existe mon bien aimé et c’est pour vous adorer. Que j’ai été bien inquiète de vous, et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n’avoir point de nos nouvelles. Le ciel permettra que celle-ci vous arrive. Ne m’écrivez pas, ce serait nous exposer, et surtout ne revenez pas ici sous aucun prétexte. On sait que c’est vous qui nous avez fait sortir d’ici ; tout serait perdu si vous paraissiez. Nous sommes gardés à vue jour et nuit ; cela m’est égal. Vous n’êtes pas ici. Soyez tranquille, il ne m’arrivera rien. L’Assemblée veut nous traiter avec douceur. Adieu le plus aimé des hommes. Calmez-vous si vous pouvez. Ménagez-vous pour moi. Je ne pourrais plus vous écrire mais rien au monde ne pourra m’empêcher de vous adorer jusqu’à la mort. » (lettre du 29 juin 1791 de la reine à Fersen, récemment re-déchiffrée à partir de l'original par les scientifiques de l'Université de Versailles et du CNRS).
- « Adieu, mon bien aimé » (Girault de Coursac, « Louis XVI et Marie-Antoinette, Vie conjugale, vie politique, p. 712).
Voici ces documents :
A / Lettre de Marie-Antoinette du 29 juin 1791, reçue par Fersen le 4 juillet 1791
Voici cette lettre en chiffre :
NB : sur cette lettre, les lignes sont par blocs de 3. Pour chaque bloc, sur la ligne du milieu, se trouve le texte chiffré. Sur la ligne du bas, la clé "depuis" est répétée autant de fois que nécessaire (de la main de Fersen ou de son secrétaire) et enfin sur la ligne du haut, se trouve le texte clair tel que déchiffré par Madame Nachef et Monsieur Patarin (écriture de Madame Nachef). Sur la lettre aux archives nationales, il n'y a donc que deux lignes par bloc.
Voici maintenant cette même lettre, telle que déchiffrée ou recopiée par Fersen (j'ai bien le sentiment que c'est l'écriture de Fersen).
Fersen n'a pas recopié les mots d'amour et mis des points de suspension à la place.
Voici, enfin, cette même lettre, telle que déchiffrée par Madame Nachef et Monsieur Patarin :
Les passages mis en gras par Madame Nachef et Monsieur Patarin sont ceux que Fersen a occultés dans sa retranscription en clair de cette lettre de Marie-Antoinette.
L'écriture ne paraît pas être celle de Marie-Antoinette. Il est cependant établi que Marie-Antoinette faisait écrire ses lettres chiffrées par d'autres qu'elle-même, notamment par Madame Campan. Madame Campan en témoigne dans ses mémoires :
B / Lettre sans date "probablement en septembre 1791" de Marie-Antoinette à Fersen
Cette lettre fut publiée pour la première fois par Lucien Maury à la Revue Bleue au début du XXème siècle. Voici la Revue bleue :
Voici le texte conservé par les Archives Nationales :
Cette lettre est reproduite dans la Correspondance de Madame Lever (p. 545) avec la note de bas de page suivante : "Ce billet chiffré, conservé dans les papiers de Fersen, n'a pas été publié par le baron de Klinckowström. Il fut déchiffré et publié, pour la première fois, par Lucien Maury dans la Revue bleue. Une copie manuscrite déchiffrée existe dans le dossier de la correspondance de la reine avec Fersen, achetée par les Archives Nationales en 1982 et conservée sous la cote AP440. Cette lettre est la seule qui évoque clairement les relations amoureuses entre Marie-Antoinette et Fersen".
Nous n'avons plus le texte chiffré correspondant à cette lettre : le texte chiffré, de la main de Marie-Antoinette (ou de son secrétaire) est perdu (ou détruit ou volé ou non localisé).
L'écriture ne semble pas être celle de Fersen (sans doute celle de son arrière petit-neveu, ou alors l'écriture de Lucien Maury ?).
A noter que contrairement à ce qu'indique Mme Lever, cette lettre n'est en définitive pas "la seule qui évoque clairement les relations amoureuses entre Marie-Antoinette et Fersen". Madame Nachef et Monsieur Patarin ont en effet déchiffré d'autres lettres qui contiennent des mots d'amour (cf . A) ci-dessus et C) ci-dessous).
C) Lettre de Marie-Antoinette à Fersen du 7 novembre 1791
Cette lettre commence en clair et se termine en chiffre.
A la toute fin de cette lettre, Marie-Antoinette a écrit en chiffre "Adieu mon bien aimé". L'écriture est bien celle de Marie-Antoinette.
Fersen n'a retranscrit en clair que le mot "Adieu" :
Madame Nachef et Monsieur Patarin ont déchiffré "mon bien aimé" après "Adieu".
Si Fersen s'est abstenu de retranscrire en clair "mon bien aimé", c'est qu'il savait que ces mots étaient lourds de sens… Fersen a cherché à protéger la réputation de la reine, dans l'hypothèse où des yeux indiscrets tomberaient sur cette lettre (puisqu'il s'abstient de retranscrire "mon bien aimé" en clair).
A noter qu'au XVIIIème siècle, les termes "mon bien aimé" relèvent bien entendu du langage amoureux. C'est ainsi, par exemple, que Danceny s'adresse à la femme qu'il aime (Cécile), dans "Les liaisons dangereuses" :
(extrait des "Liaisons dangereuses")
D) Fragment d'une lettre adressée par Marie-Antoinette à Fersen
« Adieu mon cœur est tout a vous » (fragment d’une lettre adressée par Marie-Antoinette à Fersen, v. planche X du livre d’Alma Söderhjelm : il s’agit bien de l’écriture de la reine).
[/b]
E) "Tout me conduit à toi" ("Tutto a te mi guida")
Après le décès de Louis XVI, Marie-Antoinette demande à Jarjayes de remettre à Fersen un billet sur lequel elle a imprimé sa devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit à toi »). La reine dit à Jarjayes : « … Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sente que jamais elle n’a été plus vraie. » Pourquoi cette devise de la reine n’a-t-elle « jamais été plus vraie » ? On remarque qu’à ce moment-là, Marie-Antoinette est certes désespérée, mais également veuve et célibataire. Zweig voit dans ce geste, le « dernier cri de passion amoureuse d’une femme vouée à la mort ». Fersen ne reçut ce billet de Marie-Antoinette que le 21 janvier 1794. Il explique, dans son Journal, que le cachet de la reine, avec la devise « Tutto a te mi guida » s’inspire des armes de la famille de Fersen (cachet avec un pigeon volant).
Les termes employés par la reine démontrent, selon une majorité d’historiens (S. Zweig, E. Lever, J.-C. Petitfils, A. Söderhjelm) que le sentiment que la reine éprouvait pour Fersen était de l’amour. Mme Simone Bertière parle, quant à elle, d’« amitié amoureuse ».
F) Les lettres raturées
Etrangement, beaucoup de lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été détruites et bien souvent, certains passages des lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été raturés (par Axel de Fersen lui-même selon sa famille). L’argument selon lequel les passages raturés contiendraient des réflexions politiques ne paraît pas recevable. Comme Stefan Zweig le fait remarquer dans son ouvrage, les passages raturés n'apparaissent, presque toujours, qu'au commencement ou à la fin des lettres, au début ou après le mot « adieu ». Les passages supprimés se trouvent-ils au milieu d'une lettre, c'est toujours, chose étrange, dans un paragraphe qui ne traite pas de politique. L’hypothèse selon laquelle on a raturé des mots d’amour paraît, de loin, la plus vraisemblable.
Exemple avec cette lettre de la reine reçue le 3 janvier 1792 par Fersen :
Exemple avec cette autre lettre de la reine reçue le 5 janvier 1792 par Fersen :
I - Les mots d’amour de Marie-Antoinette pour Fersen
- « Je puis vous dire que je vous aime et n’ai même le temps que de cela. Je me porte bien. Ne soyez pas inquiet pour moi. Je voudrais bien vous savoir de même. Ecrivez-moi en chiffre par la poste à l’adresse de Mme Brown, dans une enveloppe double pour M. de Gougens. Envoyez les lettres par votre valet de chambre. Mandez-moi à qui je dois adresser celles que je pourrai vous écrire, car je ne peux vivre sans cela. Adieu, le plus aimé et le plus aimant des hommes. Je vous embrasse de tout mon cœur » (lettre non datée, envoyée par la reine à Fersen en 1791 ou 1792, publiée par Lucien Maury à la Revue Bleue en 1907 et citée par E. Lever dans sa Correspondance de Marie-Antoinette (1770-1793). Lucien Maury précise, dans la Revue Bleue, qu'il a eu l’autorisation de copier ce passage par le baron de Klinckowström dont le père avait publié les lettres gardées par Fersen.)
- « J’existe mon bien aimé et c’est pour vous adorer. Que j’ai été bien inquiète de vous, et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n’avoir point de nos nouvelles. Le ciel permettra que celle-ci vous arrive. Ne m’écrivez pas, ce serait nous exposer, et surtout ne revenez pas ici sous aucun prétexte. On sait que c’est vous qui nous avez fait sortir d’ici ; tout serait perdu si vous paraissiez. Nous sommes gardés à vue jour et nuit ; cela m’est égal. Vous n’êtes pas ici. Soyez tranquille, il ne m’arrivera rien. L’Assemblée veut nous traiter avec douceur. Adieu le plus aimé des hommes. Calmez-vous si vous pouvez. Ménagez-vous pour moi. Je ne pourrais plus vous écrire mais rien au monde ne pourra m’empêcher de vous adorer jusqu’à la mort. » (lettre du 29 juin 1791 de la reine à Fersen, récemment re-déchiffrée à partir de l'original par les scientifiques de l'Université de Versailles et du CNRS).
- « Adieu, mon bien aimé » (Girault de Coursac, « Louis XVI et Marie-Antoinette, Vie conjugale, vie politique, p. 712).
Voici ces documents :
A / Lettre de Marie-Antoinette du 29 juin 1791, reçue par Fersen le 4 juillet 1791
Voici cette lettre en chiffre :
NB : sur cette lettre, les lignes sont par blocs de 3. Pour chaque bloc, sur la ligne du milieu, se trouve le texte chiffré. Sur la ligne du bas, la clé "depuis" est répétée autant de fois que nécessaire (de la main de Fersen ou de son secrétaire) et enfin sur la ligne du haut, se trouve le texte clair tel que déchiffré par Madame Nachef et Monsieur Patarin (écriture de Madame Nachef). Sur la lettre aux archives nationales, il n'y a donc que deux lignes par bloc.
Voici maintenant cette même lettre, telle que déchiffrée ou recopiée par Fersen (j'ai bien le sentiment que c'est l'écriture de Fersen).
Fersen n'a pas recopié les mots d'amour et mis des points de suspension à la place.
Voici, enfin, cette même lettre, telle que déchiffrée par Madame Nachef et Monsieur Patarin :
Les passages mis en gras par Madame Nachef et Monsieur Patarin sont ceux que Fersen a occultés dans sa retranscription en clair de cette lettre de Marie-Antoinette.
L'écriture ne paraît pas être celle de Marie-Antoinette. Il est cependant établi que Marie-Antoinette faisait écrire ses lettres chiffrées par d'autres qu'elle-même, notamment par Madame Campan. Madame Campan en témoigne dans ses mémoires :
B / Lettre sans date "probablement en septembre 1791" de Marie-Antoinette à Fersen
Cette lettre fut publiée pour la première fois par Lucien Maury à la Revue Bleue au début du XXème siècle. Voici la Revue bleue :
Voici le texte conservé par les Archives Nationales :
Cette lettre est reproduite dans la Correspondance de Madame Lever (p. 545) avec la note de bas de page suivante : "Ce billet chiffré, conservé dans les papiers de Fersen, n'a pas été publié par le baron de Klinckowström. Il fut déchiffré et publié, pour la première fois, par Lucien Maury dans la Revue bleue. Une copie manuscrite déchiffrée existe dans le dossier de la correspondance de la reine avec Fersen, achetée par les Archives Nationales en 1982 et conservée sous la cote AP440. Cette lettre est la seule qui évoque clairement les relations amoureuses entre Marie-Antoinette et Fersen".
Nous n'avons plus le texte chiffré correspondant à cette lettre : le texte chiffré, de la main de Marie-Antoinette (ou de son secrétaire) est perdu (ou détruit ou volé ou non localisé).
L'écriture ne semble pas être celle de Fersen (sans doute celle de son arrière petit-neveu, ou alors l'écriture de Lucien Maury ?).
A noter que contrairement à ce qu'indique Mme Lever, cette lettre n'est en définitive pas "la seule qui évoque clairement les relations amoureuses entre Marie-Antoinette et Fersen". Madame Nachef et Monsieur Patarin ont en effet déchiffré d'autres lettres qui contiennent des mots d'amour (cf . A) ci-dessus et C) ci-dessous).
C) Lettre de Marie-Antoinette à Fersen du 7 novembre 1791
Cette lettre commence en clair et se termine en chiffre.
A la toute fin de cette lettre, Marie-Antoinette a écrit en chiffre "Adieu mon bien aimé". L'écriture est bien celle de Marie-Antoinette.
Fersen n'a retranscrit en clair que le mot "Adieu" :
Madame Nachef et Monsieur Patarin ont déchiffré "mon bien aimé" après "Adieu".
Si Fersen s'est abstenu de retranscrire en clair "mon bien aimé", c'est qu'il savait que ces mots étaient lourds de sens… Fersen a cherché à protéger la réputation de la reine, dans l'hypothèse où des yeux indiscrets tomberaient sur cette lettre (puisqu'il s'abstient de retranscrire "mon bien aimé" en clair).
A noter qu'au XVIIIème siècle, les termes "mon bien aimé" relèvent bien entendu du langage amoureux. C'est ainsi, par exemple, que Danceny s'adresse à la femme qu'il aime (Cécile), dans "Les liaisons dangereuses" :
(extrait des "Liaisons dangereuses")
D) Fragment d'une lettre adressée par Marie-Antoinette à Fersen
« Adieu mon cœur est tout a vous » (fragment d’une lettre adressée par Marie-Antoinette à Fersen, v. planche X du livre d’Alma Söderhjelm : il s’agit bien de l’écriture de la reine).
[/b]
E) "Tout me conduit à toi" ("Tutto a te mi guida")
Après le décès de Louis XVI, Marie-Antoinette demande à Jarjayes de remettre à Fersen un billet sur lequel elle a imprimé sa devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit à toi »). La reine dit à Jarjayes : « … Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sente que jamais elle n’a été plus vraie. » Pourquoi cette devise de la reine n’a-t-elle « jamais été plus vraie » ? On remarque qu’à ce moment-là, Marie-Antoinette est certes désespérée, mais également veuve et célibataire. Zweig voit dans ce geste, le « dernier cri de passion amoureuse d’une femme vouée à la mort ». Fersen ne reçut ce billet de Marie-Antoinette que le 21 janvier 1794. Il explique, dans son Journal, que le cachet de la reine, avec la devise « Tutto a te mi guida » s’inspire des armes de la famille de Fersen (cachet avec un pigeon volant).
Les termes employés par la reine démontrent, selon une majorité d’historiens (S. Zweig, E. Lever, J.-C. Petitfils, A. Söderhjelm) que le sentiment que la reine éprouvait pour Fersen était de l’amour. Mme Simone Bertière parle, quant à elle, d’« amitié amoureuse ».
F) Les lettres raturées
Etrangement, beaucoup de lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été détruites et bien souvent, certains passages des lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été raturés (par Axel de Fersen lui-même selon sa famille). L’argument selon lequel les passages raturés contiendraient des réflexions politiques ne paraît pas recevable. Comme Stefan Zweig le fait remarquer dans son ouvrage, les passages raturés n'apparaissent, presque toujours, qu'au commencement ou à la fin des lettres, au début ou après le mot « adieu ». Les passages supprimés se trouvent-ils au milieu d'une lettre, c'est toujours, chose étrange, dans un paragraphe qui ne traite pas de politique. L’hypothèse selon laquelle on a raturé des mots d’amour paraît, de loin, la plus vraisemblable.
Exemple avec cette lettre de la reine reçue le 3 janvier 1792 par Fersen :
Exemple avec cette autre lettre de la reine reçue le 5 janvier 1792 par Fersen :
Dernière édition par Cosmo le Lun 20 Jan 2014, 23:24, édité 2 fois
cosmo- Invité
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Magistral exposé , mon cher Cosmo, mais à l'heure où ma moitié réclame son autre ! :
J'ai survolé, en diagonale . Tu prêches une convaincue .
Je détaillerai tout cela demain matin .
Bonne nuit, les amis !
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
II- Les mots d’amour de Fersen pour Marie-Antoinette
Le Journal de Fersen pour la période 1776-mai 1791 ayant disparu, les mots d’amour de Fersen, qui sont parvenus jusqu’à nous, sont peu nombreux. D’autant que Fersen est un « homme réservé de nature » nous dit A. Söderhjelm.
En outre, « Fersen est très réservé de nature et dans son Journal où il note ses sentiments les plus intimes comme le moindre détail ou incident, malaises ou maladies de sa vie quotidienne, on a rarement l’impression qu’il se confie complètement. Et si, quelquefois, dans des moments tragiques, il se dévoile, il le fait par une phrase brève. » (A. Söderhjelm). Fersen n’a donc pas tout dit de sa relation avec la reine dans son Journal. Eût-il dit beaucoup de choses, une partie cruciale de son Journal a aujourd’hui disparu : le Journal de Fersen pour la période 1776-mai 1791 a été détruit au lendemain de la fuite vers Montmédy. C’est-à-dire, la période cruciale qui va du début de sa relation avec la reine jusqu’au milieu de la révolution.
Les quelques bribes du Journal de Fersen dont nous disposons, font état de sa première rencontre avec Marie-Antoinette (alors Dauphine). Elle lui parle « longtemps » lors du fameux bal de l’Opéra nous dit-il dans son Journal (le 30 janvier 1774). Une fois devenue reine, elle le distinguera parmi tant d’autres, le 25 août 1778 (« Ah ! mais c’est une ancienne connaissance »). Pas de quoi en faire tout un plat, diront certains : mais il ne paraît non plus saugrenu de considérer que cet intérêt subi de Marie-Antoinette pour Fersen lors du bal de l’Opéra de 1774 s’explique par le fait qu’il était « très beau » (« beau comme un ange » selon la comtesse de Boigne ; « un des plus beaux hommes » selon le comte de Tilly ; « Il est si beau que toutes les femmes qu’il rencontre sur son chemin sentent leur cœur battre plus vite. Son apparition dans les salons provoque des murmures d’admiration » selon A. Söderhjelm).
Un point marquant : Fersen explique ainsi son refus de se marier à sa sœur : « … Je ne puis pas etre a la seule personne a qui je voudrois etre la seule qui m’aime veritablement, ainsi je ne veux etre a personne. » (lettre à S. Piper du 31 juillet 1783). Selon Alma Söderhjelm, il résulte de ce courrier que Fersen « savait que Marie-Antoinette l’aimait ». La « seule personne », à laquelle Fersen fait référence dans cette lettre, serait Marie-Antoinette. En effet, en juillet 1783, Fersen est à Versailles et bénéficie de la faveur de la reine, qui écrira très peu de temps après à Gustave III (dans une lettre reçue par ce dernier le 19 septembre 1783) afin d’appuyer sa demande d’obtention du régiment Royal-Suédois. La reine indique dans cette lettre que, « par son caractère et ses bonnes qualités », le comte de Fersen « a mérité l’estime et l’affection de tous ceux qui ont eu l’occasion de le connaître. J’espère qu’il ne tardera pas à être pourvu d’un régiment… ». En outre, le 21 juillet Fersen avait écrit à son père pour le supplier de consentir à l’achat du Royal-Suédois semble-t-il (« la seule chose qui puisse me rendre heureux à jamais »), ajoutant de façon bien mystérieuse qu’il y avait « encore mille autres raisons que je n’ose confier au papier » pour consentir à ce projet. La reine a joué un rôle décisif dans l’obtention par Fersen du Royal-Suédois puisque dès qu’il obtient son brevet, il écrit à la reine « pour la remercier du régiment et demander Stedingk pour colonel commandant ». La thèse d’A. Söderhjelm paraît donc plausible (Simone Bertière paraît convaincue en tout cas : « Lorsque Fersen rentre d'Amérique, on a vu qu'il change très brusquement en l'espace de quelques semaines, rejette tout projet de mariage, clame son bonheur : la reine « l'aime véritablement » »).
A partir de la fin de l’année 1789, les relations entre Fersen et Marie-Antoinette se resserrent assez nettement : Fersen écrit en effet à sa sœur (Sophie Piper), le 27 décembre 1789 qu’il a passé « pour la première fois », une « journée entière » avec « Elle » le « 24 » (novembre ?) 1789 (A. Söderhjelm, p. 138). A noter que lorsque Fersen parle d’« Elle » ou « elle », il paraît évident, dans de nombreux cas, qu’il parle de la reine : ainsi, lorsque Fersen envoie une natte de cheveux d’« Elle » / « elle » à sa sœur, il s’agit certainement de la reine (on voit mal la sœur de Fersen demander à son frère de lui envoyer une natte de cheveux de sa dernière conquête féminine : en outre, si par impossible tel était le cas, on ne voit pas pourquoi il serait nécessaire de prendre autant de précautions pour préserver l’anonymat d’« Elle »/« elle »... il est donc plausible, dans nombre de cas, que « Elle »/ « elle » n’est autre que la reine). « Elle » n’est pas, en tout cas, Eleonore Sullivan, puisque Sophie Piper fait nettement la distinction entre « Elle » et Eleonore Sullivan dans une lettre qu’elle adresse à son frère le 15 déc. 1791.
Avant la mort de la reine, voici ce que Fersen écrit à sa sœur au sujet de la reine :
« … Voici les cheveux que vous m’avés demandé s’il n’y en avoit pas assés je vous en enverrai encore, c’est elle qui vous les donne et elle a ete vivement touchee de ce desir de votre par. Elle est si bonne et si parfaitte et il me semble que je l’aime encore plus depuis qu’elle vous aime… » (lettre de Fersen à Sophie Piper, 3 janvier 1791).
« … Adieu adieu elle vous dit mille choses et partage bien tendrement vos peines, elle en pleure souvent avec moi, jugés si je dois l’aimer. Si vous avés un moyen pour qu’il soit simple que la bague que vous voulés avoir soit faitte ici, mandés le moi et comment vous le voulés faire faire, c’est elle qui le veut et qui veut vous la donner… » (lettre de Fersen à Sophie Piper, 17 janvier 1791).
Après la mort de la reine, Fersen « se lâche » dans son Journal et exprime clairement sa passion pour la reine. C’est ici :
« Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerois toutte ma vie, les détails les plus minutieux, tout d’elle m’est précieux. Oh, combien je me reproche mes torts envers elle et combien je sais à présent que je l’aimois. Eleonore ne la remplacera pas dans mon cœur, quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat. L’autre (Ndlr : Eleonore Sullivan) n’a pas tout cela… » (Journal de Fersen, 5 novembre 1793). Comme le fait justement remarquer Alma Söderhjelm « Comment Fersen aurait-il pu, souvent, comparer Marie-Antoinette à Madame Sullivan, cette aventurière qu’il jugeait vulgaire et illettrée s’il n’eût point existé entre elles une certaine analogie ? Et quelle analogie, sinon que ses relations avec elles eurent été analogues ? ».
« … Le seul objet de mon intérêt n’existe plus, lui seul réunissoit tout pour moi et c’est à présent que je sens bien combien je lui étois véritablement attaché il ne cesse de m’occuper, son image me suit et me suivra sans cesse et partout je n’aime qu’à en parler à me rappeler les beaux moments de ma vie hélas il ne m’en reste que le souvenir mais je le conserverai et cela ne me quittera qu’avec la vie. J’ai donné commission d’acheter à Paris tout ce qu’on pourroit trouver d’elle, tout ce que j’en ai est sacré pour moi ce sont des reliques qui seront sans cesse l’objet de mon admiration constante… » (lettre de Fersen à Sophie Piper du 17 nov. 1793).
Le Journal de Fersen pour la période 1776-mai 1791 ayant disparu, les mots d’amour de Fersen, qui sont parvenus jusqu’à nous, sont peu nombreux. D’autant que Fersen est un « homme réservé de nature » nous dit A. Söderhjelm.
En outre, « Fersen est très réservé de nature et dans son Journal où il note ses sentiments les plus intimes comme le moindre détail ou incident, malaises ou maladies de sa vie quotidienne, on a rarement l’impression qu’il se confie complètement. Et si, quelquefois, dans des moments tragiques, il se dévoile, il le fait par une phrase brève. » (A. Söderhjelm). Fersen n’a donc pas tout dit de sa relation avec la reine dans son Journal. Eût-il dit beaucoup de choses, une partie cruciale de son Journal a aujourd’hui disparu : le Journal de Fersen pour la période 1776-mai 1791 a été détruit au lendemain de la fuite vers Montmédy. C’est-à-dire, la période cruciale qui va du début de sa relation avec la reine jusqu’au milieu de la révolution.
Les quelques bribes du Journal de Fersen dont nous disposons, font état de sa première rencontre avec Marie-Antoinette (alors Dauphine). Elle lui parle « longtemps » lors du fameux bal de l’Opéra nous dit-il dans son Journal (le 30 janvier 1774). Une fois devenue reine, elle le distinguera parmi tant d’autres, le 25 août 1778 (« Ah ! mais c’est une ancienne connaissance »). Pas de quoi en faire tout un plat, diront certains : mais il ne paraît non plus saugrenu de considérer que cet intérêt subi de Marie-Antoinette pour Fersen lors du bal de l’Opéra de 1774 s’explique par le fait qu’il était « très beau » (« beau comme un ange » selon la comtesse de Boigne ; « un des plus beaux hommes » selon le comte de Tilly ; « Il est si beau que toutes les femmes qu’il rencontre sur son chemin sentent leur cœur battre plus vite. Son apparition dans les salons provoque des murmures d’admiration » selon A. Söderhjelm).
Un point marquant : Fersen explique ainsi son refus de se marier à sa sœur : « … Je ne puis pas etre a la seule personne a qui je voudrois etre la seule qui m’aime veritablement, ainsi je ne veux etre a personne. » (lettre à S. Piper du 31 juillet 1783). Selon Alma Söderhjelm, il résulte de ce courrier que Fersen « savait que Marie-Antoinette l’aimait ». La « seule personne », à laquelle Fersen fait référence dans cette lettre, serait Marie-Antoinette. En effet, en juillet 1783, Fersen est à Versailles et bénéficie de la faveur de la reine, qui écrira très peu de temps après à Gustave III (dans une lettre reçue par ce dernier le 19 septembre 1783) afin d’appuyer sa demande d’obtention du régiment Royal-Suédois. La reine indique dans cette lettre que, « par son caractère et ses bonnes qualités », le comte de Fersen « a mérité l’estime et l’affection de tous ceux qui ont eu l’occasion de le connaître. J’espère qu’il ne tardera pas à être pourvu d’un régiment… ». En outre, le 21 juillet Fersen avait écrit à son père pour le supplier de consentir à l’achat du Royal-Suédois semble-t-il (« la seule chose qui puisse me rendre heureux à jamais »), ajoutant de façon bien mystérieuse qu’il y avait « encore mille autres raisons que je n’ose confier au papier » pour consentir à ce projet. La reine a joué un rôle décisif dans l’obtention par Fersen du Royal-Suédois puisque dès qu’il obtient son brevet, il écrit à la reine « pour la remercier du régiment et demander Stedingk pour colonel commandant ». La thèse d’A. Söderhjelm paraît donc plausible (Simone Bertière paraît convaincue en tout cas : « Lorsque Fersen rentre d'Amérique, on a vu qu'il change très brusquement en l'espace de quelques semaines, rejette tout projet de mariage, clame son bonheur : la reine « l'aime véritablement » »).
A partir de la fin de l’année 1789, les relations entre Fersen et Marie-Antoinette se resserrent assez nettement : Fersen écrit en effet à sa sœur (Sophie Piper), le 27 décembre 1789 qu’il a passé « pour la première fois », une « journée entière » avec « Elle » le « 24 » (novembre ?) 1789 (A. Söderhjelm, p. 138). A noter que lorsque Fersen parle d’« Elle » ou « elle », il paraît évident, dans de nombreux cas, qu’il parle de la reine : ainsi, lorsque Fersen envoie une natte de cheveux d’« Elle » / « elle » à sa sœur, il s’agit certainement de la reine (on voit mal la sœur de Fersen demander à son frère de lui envoyer une natte de cheveux de sa dernière conquête féminine : en outre, si par impossible tel était le cas, on ne voit pas pourquoi il serait nécessaire de prendre autant de précautions pour préserver l’anonymat d’« Elle »/« elle »... il est donc plausible, dans nombre de cas, que « Elle »/ « elle » n’est autre que la reine). « Elle » n’est pas, en tout cas, Eleonore Sullivan, puisque Sophie Piper fait nettement la distinction entre « Elle » et Eleonore Sullivan dans une lettre qu’elle adresse à son frère le 15 déc. 1791.
Avant la mort de la reine, voici ce que Fersen écrit à sa sœur au sujet de la reine :
« … Voici les cheveux que vous m’avés demandé s’il n’y en avoit pas assés je vous en enverrai encore, c’est elle qui vous les donne et elle a ete vivement touchee de ce desir de votre par. Elle est si bonne et si parfaitte et il me semble que je l’aime encore plus depuis qu’elle vous aime… » (lettre de Fersen à Sophie Piper, 3 janvier 1791).
« … Adieu adieu elle vous dit mille choses et partage bien tendrement vos peines, elle en pleure souvent avec moi, jugés si je dois l’aimer. Si vous avés un moyen pour qu’il soit simple que la bague que vous voulés avoir soit faitte ici, mandés le moi et comment vous le voulés faire faire, c’est elle qui le veut et qui veut vous la donner… » (lettre de Fersen à Sophie Piper, 17 janvier 1791).
Après la mort de la reine, Fersen « se lâche » dans son Journal et exprime clairement sa passion pour la reine. C’est ici :
« Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerois toutte ma vie, les détails les plus minutieux, tout d’elle m’est précieux. Oh, combien je me reproche mes torts envers elle et combien je sais à présent que je l’aimois. Eleonore ne la remplacera pas dans mon cœur, quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat. L’autre (Ndlr : Eleonore Sullivan) n’a pas tout cela… » (Journal de Fersen, 5 novembre 1793). Comme le fait justement remarquer Alma Söderhjelm « Comment Fersen aurait-il pu, souvent, comparer Marie-Antoinette à Madame Sullivan, cette aventurière qu’il jugeait vulgaire et illettrée s’il n’eût point existé entre elles une certaine analogie ? Et quelle analogie, sinon que ses relations avec elles eurent été analogues ? ».
« … Le seul objet de mon intérêt n’existe plus, lui seul réunissoit tout pour moi et c’est à présent que je sens bien combien je lui étois véritablement attaché il ne cesse de m’occuper, son image me suit et me suivra sans cesse et partout je n’aime qu’à en parler à me rappeler les beaux moments de ma vie hélas il ne m’en reste que le souvenir mais je le conserverai et cela ne me quittera qu’avec la vie. J’ai donné commission d’acheter à Paris tout ce qu’on pourroit trouver d’elle, tout ce que j’en ai est sacré pour moi ce sont des reliques qui seront sans cesse l’objet de mon admiration constante… » (lettre de Fersen à Sophie Piper du 17 nov. 1793).
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
III- Les témoignages des contemporains
A) Le comte de Creutz et la duchesse de Fitz-James
Avant le départ de Fersen pour l’Amérique, l'ambassadeur de Suède (le comte de Creutz) écrit, le 10 avril 1779, à Gustave III que la reine a « du penchant » pour Fersen : « Je dois confier à Votre Majesté que le jeune comte de Fersen a été si bien vu de la reine que cela a donné des ombrages à plusieurs personnes. J’avoue que je ne puis m’empêcher de croire qu’elle avait du penchant pour lui : j’en ai vu des indices trop sûrs pour en douter. Le jeune comte de Fersen a eu dans cette occasion une conduite admirable par sa modestie et par sa réserve et surtout par le parti qu’il a pris d’aller en Amérique. En s’éloignant il écartait tous les dangers : mais il fallait évidemment une fermeté au-dessus de son âge pour surmonter cette séduction. La reine ne pouvait le quitter des yeux les derniers jours ; en le regardant, ils étaient remplis de larmes. Je supplie Votre Majesté d’en garder le secret pour Elle et pour le sénateur Fersen. Lorsqu’on sut le départ du comte, tous les favoris furent enchantés. La duchesse de Fitz-James lui dit : « Quoi, Monsieur, vous abandonnez ainsi votre conquête ? – Si j’en avais fait une, je ne l’abandonnerais pas, répondit-il, et malheureusement sans laisser de regrets. » Votre Majesté avouera que cette réponse était d’une sagesse et d’une prudence au-dessus de son âge. Du reste la reine se conduit avec beaucoup plus de retenue et de sagesse qu’autrefois… »
B) Le baron de Taube
Selon le baron de Taube, la reine s’entoure de Suédois, afin de tenter de « masquer » la faveur dont Fersen bénéficie et faire taire les ragots. Le baron de Taube indique ainsi, dans une lettre du 20 avril 1780 à Gustave III : « La Reine a dans toutes les occasions distingué les Suédois qui ont paru à la Cour (...). Elle a particulièrement distingué le jeune comte Axel. Toutes les fois qu'elle vient au bal de l'opéra cet hiver, elle se promenait toujours avec lui. Elle monta même dans une loge avec lui, où elle resta longtemps à lui parler. Il se trouva des envieux qui trouvaient étonnant que la reine se promenât toutes les fois avec le jeune comte Axel, qui était un étranger (...). Je crois enfin que toutes ces réflexions revinssent aux oreilles de la Reine. Cela ne fit qu'augmenter la fantaisie qu'elle avait de voir le jeune comte. Mais pour que cela ne fût pas trop remarquable, elle voulut admettre plus de Suédois dans la société. Elle fit donc en sorte que M. de Stedingk, à qui le roi avait parlé depuis son retour d'Amérique, fût ordonné de souper dans les cabinets. Stedingk avala cela et crut que c'était pour ses beaux yeux que cette distinction lui arriva. On cria beaucoup de ce que M. de Stedingk eût cette faveur, on voulut savoir s'il était assez gentilhomme pour pouvoir souper dans les cabinets avec le roi. Toutes ces informations étaient moins agréables pour notre Stedingk, mais enfin la reine avait gagné par là que toutes les clameurs étaient tombées sur lui. »
Il est possible de croire Alma Söderhjelm lorsqu’elle dit que Fersen était le « personnage principal » de la fête somptueuse donnée à Trianon en juin 1784, en l’honneur de Gustave III (monarque d’un pays « subalterne » selon les propres termes d’Axel de Fersen). Certes, A. Söderhjelm n’explique pas clairement sur quel fondement elle base cette opinion. Mais d’une part, certains aspects de cette fête sont troublants : ainsi, de l’exclusion des princes du sang de cette fête. D’autre part, Mme Campan indique, dans ses mémoires, que la reine n’appréciait guère Gustave III : dans ces conditions, pourquoi donner une telle fête à Trianon ? Les fêtes données à Versailles pour Gustave III n’étaient-elles pas déjà amplement suffisantes ?... D’ailleurs, lorsque le père de Fersen sera arrêté sur l’ordre de Gustave III, la reine n’hésitera pas à privilégier les intérêts de Fersen sur ceux de Gustave III. On a ainsi retrouvé dans les papiers de Fersen une copie faite de la main de Marie-Antoinette, d’une lettre de quatre feuillets que le père de Fersen avait adressé de sa prison à son fils (le père de Fersen fût arrêté et emprisonné par Gustave III en 1789, pour avoir dirigé l’opposition contre le pouvoir royal). « Marie-Antoinette vivait elle-même au milieu de troubles et d’émeutes populaires et portait naturellement un intérêt tout particulier aux événements de Suède. De par sa situation elle aurait dû prendre le parti de Gustave III, mais les liens très intimes qui l’attachaient à la famille Fersen lui firent prendre le parti opposé. » (v. A. Söderhjelm, p. 126).
C) La comtesse de Boigne
Compagne de jeu du Dauphin, fille de la comtesse d’Osmond, cette dernière étant dame d’honneur de Mesdames, proche de la princesse de Guéméné et d'une dame d’honneur de la reine.
« La reine n'a eu qu'un grand sentiment, et peut-être une faiblesse. M. le comte de Fersen, Suédois, beau comme un ange, et fort distingué sous tous les rapports, vint à la Cour de France. La Reine fut coquette pour lui comme pour tous les étrangers, car ils étaient à la mode ; il devint sincèrement et passionnément amoureux, elle en fut certainement touchée, mais résista à son goût et le força à s’éloigner. Il partit pour l’Amérique, y resta deux années pendant lesquelles il fut si malade qu’il revint à Versailles, vieilli de dix ans et ayant presque perdu la beauté de sa figure. On croit que ce changement toucha la Reine ; quelle qu’en fût la raison, il n'était guère douteux pour les intimes qu'elle n'eût cédé à la passion de M. de Fersen. Il a justifié ce sacrifice par un dévouement sans bornes, une affection aussi sincère que respectueuse et discrète, il ne respirait que par elle, et toutes les habitudes de sa vie étaient modelées de manière à la compromettre le moins possible. Aussi cette liaison, quoique devinée, n'a jamais donné de scandale. Si les amis de la Reine avaient été aussi discrets et aussi désintéressés que M. de Fersen, la vie de cette malheureuse princesse aurait été moins calomniée. » (mémoires de la comtesse de Boigne, p. 32, Plon, 1907).
D) L’archevêque Lindblom
Le 19 novembre 1778, Fersen écrit à son père que « La Reine me traite toujours avec bonté. Je vas souvent lui faire ma cour au jeu, elle me parle toujours. Elle avoit entendu parler de mon uniforme et elle me temoigna beaucoup d’envie de le voir au lever ; je dois y aller mardi ainsi habillé non pas au lever mais chés la Reine. C’est la princesse la plus aimable que je connoisse. »
Cette anecdote est confirmée par un jeune Suédois, qui deviendra plus tard l’archevêque Lindblom, et qui ne connaissait pas personnellement Fersen (peu suspect de « vouloir faire mousser » Fersen donc). Lindblom rapporte en effet cette anecdote dans une lettre qu’il adressa de Versailles le 24 décembre 1778 à un ami en Suède : « … Tout Versailles ne parle que d’un comte Fersen qui est venu à la cour portant l’habit national suédois que la Reine, d’après ce qu’on m’a dit, a examiné très soigneusement. » (A. Söderhjelm, p. 61).
E) Saint-Priest
Je rappelle enfin le témoignage de Saint-Priest. « Tout ce qu’il y avait de plus brillant, aspirait à cette conquête, mais après plusieurs vélléités, le comte de Fersen, Suédois de nation, fixa le cœur de la Souveraine. Il en fût remarqué spécialement en 1779, lorsque se trouvant en France où il était venu servir, il parut à Versailles dans le nouveau costume suédois. La reine l’aperçut et fut frappée de sa beauté. C’était en effet alors une figure remarquable. Grand, élancé, parfaitement bien fait, de beaux yeux, le teint mat mais animé, il était fait pour donner sous l’œil d’une femme qui cherchait les impressions vives plus qu’elle ne redoutait. »
Saint-Priest indique dans ses mémoires que « … Fersen se rendait à cheval dans le parc, du côté du Trianon, trois ou quatre fois la semaine ; la reine seule en faisait autant de son côté, et ces rendez-vous causaient un scandale public, malgré la modestie et la retenue du favori, qui ne marqua jamais rien à l’extérieur et a été, de tous les amis d’une reine, le plus discret. »
Saint-Priest explique que la reine avait trouvé le moyen de « faire agréer » par Louis XVI, « sa liaison avec le comte de Fersen; en répétant à son époux tous les propos qu'elle apprenait qu'on tenait dans le public sur cette intrigue, elle offrait de cesser de le voir, ce que le roi refusa. Sans doute, elle lui insinua que, dans le déchaînement de la malignité contre elle, cet étranger était le seul sur lequel on pût compter; ce monarque entra tout à fait dans ce sentiment. »
Fersen indique dans une lettre à son père, en date du 1er février 1790, qu’il est « fort bien » avec Saint-Priest, « sa maison est la mienne, il me comble de bontés, de politesses et de confiances. Je sais par lui ce qui se passe, et souvent même il me consulte. Malgré tout cela, je ne lui dis que ce que je veux, et je suis prudent ; la réserve est plus que jamais nécessaire ».
A) Le comte de Creutz et la duchesse de Fitz-James
Avant le départ de Fersen pour l’Amérique, l'ambassadeur de Suède (le comte de Creutz) écrit, le 10 avril 1779, à Gustave III que la reine a « du penchant » pour Fersen : « Je dois confier à Votre Majesté que le jeune comte de Fersen a été si bien vu de la reine que cela a donné des ombrages à plusieurs personnes. J’avoue que je ne puis m’empêcher de croire qu’elle avait du penchant pour lui : j’en ai vu des indices trop sûrs pour en douter. Le jeune comte de Fersen a eu dans cette occasion une conduite admirable par sa modestie et par sa réserve et surtout par le parti qu’il a pris d’aller en Amérique. En s’éloignant il écartait tous les dangers : mais il fallait évidemment une fermeté au-dessus de son âge pour surmonter cette séduction. La reine ne pouvait le quitter des yeux les derniers jours ; en le regardant, ils étaient remplis de larmes. Je supplie Votre Majesté d’en garder le secret pour Elle et pour le sénateur Fersen. Lorsqu’on sut le départ du comte, tous les favoris furent enchantés. La duchesse de Fitz-James lui dit : « Quoi, Monsieur, vous abandonnez ainsi votre conquête ? – Si j’en avais fait une, je ne l’abandonnerais pas, répondit-il, et malheureusement sans laisser de regrets. » Votre Majesté avouera que cette réponse était d’une sagesse et d’une prudence au-dessus de son âge. Du reste la reine se conduit avec beaucoup plus de retenue et de sagesse qu’autrefois… »
B) Le baron de Taube
Selon le baron de Taube, la reine s’entoure de Suédois, afin de tenter de « masquer » la faveur dont Fersen bénéficie et faire taire les ragots. Le baron de Taube indique ainsi, dans une lettre du 20 avril 1780 à Gustave III : « La Reine a dans toutes les occasions distingué les Suédois qui ont paru à la Cour (...). Elle a particulièrement distingué le jeune comte Axel. Toutes les fois qu'elle vient au bal de l'opéra cet hiver, elle se promenait toujours avec lui. Elle monta même dans une loge avec lui, où elle resta longtemps à lui parler. Il se trouva des envieux qui trouvaient étonnant que la reine se promenât toutes les fois avec le jeune comte Axel, qui était un étranger (...). Je crois enfin que toutes ces réflexions revinssent aux oreilles de la Reine. Cela ne fit qu'augmenter la fantaisie qu'elle avait de voir le jeune comte. Mais pour que cela ne fût pas trop remarquable, elle voulut admettre plus de Suédois dans la société. Elle fit donc en sorte que M. de Stedingk, à qui le roi avait parlé depuis son retour d'Amérique, fût ordonné de souper dans les cabinets. Stedingk avala cela et crut que c'était pour ses beaux yeux que cette distinction lui arriva. On cria beaucoup de ce que M. de Stedingk eût cette faveur, on voulut savoir s'il était assez gentilhomme pour pouvoir souper dans les cabinets avec le roi. Toutes ces informations étaient moins agréables pour notre Stedingk, mais enfin la reine avait gagné par là que toutes les clameurs étaient tombées sur lui. »
Il est possible de croire Alma Söderhjelm lorsqu’elle dit que Fersen était le « personnage principal » de la fête somptueuse donnée à Trianon en juin 1784, en l’honneur de Gustave III (monarque d’un pays « subalterne » selon les propres termes d’Axel de Fersen). Certes, A. Söderhjelm n’explique pas clairement sur quel fondement elle base cette opinion. Mais d’une part, certains aspects de cette fête sont troublants : ainsi, de l’exclusion des princes du sang de cette fête. D’autre part, Mme Campan indique, dans ses mémoires, que la reine n’appréciait guère Gustave III : dans ces conditions, pourquoi donner une telle fête à Trianon ? Les fêtes données à Versailles pour Gustave III n’étaient-elles pas déjà amplement suffisantes ?... D’ailleurs, lorsque le père de Fersen sera arrêté sur l’ordre de Gustave III, la reine n’hésitera pas à privilégier les intérêts de Fersen sur ceux de Gustave III. On a ainsi retrouvé dans les papiers de Fersen une copie faite de la main de Marie-Antoinette, d’une lettre de quatre feuillets que le père de Fersen avait adressé de sa prison à son fils (le père de Fersen fût arrêté et emprisonné par Gustave III en 1789, pour avoir dirigé l’opposition contre le pouvoir royal). « Marie-Antoinette vivait elle-même au milieu de troubles et d’émeutes populaires et portait naturellement un intérêt tout particulier aux événements de Suède. De par sa situation elle aurait dû prendre le parti de Gustave III, mais les liens très intimes qui l’attachaient à la famille Fersen lui firent prendre le parti opposé. » (v. A. Söderhjelm, p. 126).
C) La comtesse de Boigne
Compagne de jeu du Dauphin, fille de la comtesse d’Osmond, cette dernière étant dame d’honneur de Mesdames, proche de la princesse de Guéméné et d'une dame d’honneur de la reine.
« La reine n'a eu qu'un grand sentiment, et peut-être une faiblesse. M. le comte de Fersen, Suédois, beau comme un ange, et fort distingué sous tous les rapports, vint à la Cour de France. La Reine fut coquette pour lui comme pour tous les étrangers, car ils étaient à la mode ; il devint sincèrement et passionnément amoureux, elle en fut certainement touchée, mais résista à son goût et le força à s’éloigner. Il partit pour l’Amérique, y resta deux années pendant lesquelles il fut si malade qu’il revint à Versailles, vieilli de dix ans et ayant presque perdu la beauté de sa figure. On croit que ce changement toucha la Reine ; quelle qu’en fût la raison, il n'était guère douteux pour les intimes qu'elle n'eût cédé à la passion de M. de Fersen. Il a justifié ce sacrifice par un dévouement sans bornes, une affection aussi sincère que respectueuse et discrète, il ne respirait que par elle, et toutes les habitudes de sa vie étaient modelées de manière à la compromettre le moins possible. Aussi cette liaison, quoique devinée, n'a jamais donné de scandale. Si les amis de la Reine avaient été aussi discrets et aussi désintéressés que M. de Fersen, la vie de cette malheureuse princesse aurait été moins calomniée. » (mémoires de la comtesse de Boigne, p. 32, Plon, 1907).
D) L’archevêque Lindblom
Le 19 novembre 1778, Fersen écrit à son père que « La Reine me traite toujours avec bonté. Je vas souvent lui faire ma cour au jeu, elle me parle toujours. Elle avoit entendu parler de mon uniforme et elle me temoigna beaucoup d’envie de le voir au lever ; je dois y aller mardi ainsi habillé non pas au lever mais chés la Reine. C’est la princesse la plus aimable que je connoisse. »
Cette anecdote est confirmée par un jeune Suédois, qui deviendra plus tard l’archevêque Lindblom, et qui ne connaissait pas personnellement Fersen (peu suspect de « vouloir faire mousser » Fersen donc). Lindblom rapporte en effet cette anecdote dans une lettre qu’il adressa de Versailles le 24 décembre 1778 à un ami en Suède : « … Tout Versailles ne parle que d’un comte Fersen qui est venu à la cour portant l’habit national suédois que la Reine, d’après ce qu’on m’a dit, a examiné très soigneusement. » (A. Söderhjelm, p. 61).
E) Saint-Priest
Je rappelle enfin le témoignage de Saint-Priest. « Tout ce qu’il y avait de plus brillant, aspirait à cette conquête, mais après plusieurs vélléités, le comte de Fersen, Suédois de nation, fixa le cœur de la Souveraine. Il en fût remarqué spécialement en 1779, lorsque se trouvant en France où il était venu servir, il parut à Versailles dans le nouveau costume suédois. La reine l’aperçut et fut frappée de sa beauté. C’était en effet alors une figure remarquable. Grand, élancé, parfaitement bien fait, de beaux yeux, le teint mat mais animé, il était fait pour donner sous l’œil d’une femme qui cherchait les impressions vives plus qu’elle ne redoutait. »
Saint-Priest indique dans ses mémoires que « … Fersen se rendait à cheval dans le parc, du côté du Trianon, trois ou quatre fois la semaine ; la reine seule en faisait autant de son côté, et ces rendez-vous causaient un scandale public, malgré la modestie et la retenue du favori, qui ne marqua jamais rien à l’extérieur et a été, de tous les amis d’une reine, le plus discret. »
Saint-Priest explique que la reine avait trouvé le moyen de « faire agréer » par Louis XVI, « sa liaison avec le comte de Fersen; en répétant à son époux tous les propos qu'elle apprenait qu'on tenait dans le public sur cette intrigue, elle offrait de cesser de le voir, ce que le roi refusa. Sans doute, elle lui insinua que, dans le déchaînement de la malignité contre elle, cet étranger était le seul sur lequel on pût compter; ce monarque entra tout à fait dans ce sentiment. »
Fersen indique dans une lettre à son père, en date du 1er février 1790, qu’il est « fort bien » avec Saint-Priest, « sa maison est la mienne, il me comble de bontés, de politesses et de confiances. Je sais par lui ce qui se passe, et souvent même il me consulte. Malgré tout cela, je ne lui dis que ce que je veux, et je suis prudent ; la réserve est plus que jamais nécessaire ».
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Ce qui m'étonne avec tous tes arguments c'est que Marie-Antoinette n'a pas été inquiétée par le sinistre tribunal révolutionnaire d'une quelconque liaison avec Fersen qui a pourtant été évoqué lors du procès.
Crois-tu que s'il y avait eu (avant 1930, j'entends ) le moindre doute qui permette de torturer Marie-Antoinette Fuckier-Tinville s'en serait privé?
Bien à vous.
Crois-tu que s'il y avait eu (avant 1930, j'entends ) le moindre doute qui permette de torturer Marie-Antoinette Fuckier-Tinville s'en serait privé?
Bien à vous.
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
IV- Le silence troublant de deux témoins majeurs
A) Le comte de Mercy
L'ambassadeur d'Autriche en France, si prompt à rapporter à l'Impératrice, les moindres faits et gestes de Marie-Antoinette, ne prononce jamais le nom de "Fersen" dans la correspondance publiée. La correspondance de Mercy a-t-elle été expurgée? Ou alors, Mercy n'a-t-il jamais osé coucher par écrit ce qu'il voyait ou pensait de cette relation ? Ce silence de Mercy est, en tout cas, pour le moins étrange. Comme disait Eléonore dans le feu Boudoir "Quand on sait qu’il évoque le moindre pet de mouche à la cour de Versailles, on est surpris en effet d’un tel silence ". :
B) Madame Campan
De même, Madame Campan ne parle, à aucun moment, de Fersen dans ses mémoires.
Les mémoires de Madame Campan ont-ils été expurgés ? C'est ce que prétend, notamment Holland :
Ce que dit Holland n'est pas cohérent par rapport aux mémoires publiés par Mme Campan. En effet, Mme Campan indique dans ses mémoires qu'elle n'était pas de service à Versailles le 6 octobre 1789. De là, plusieurs hypothèses : soit Mme Campan n'a jamais dit ce que Holland dit qu'elle aurait dit à Talleyrand ; soit elle l'a dit, et contrairement à ce qu'elle affirme dans ses mémoires, elle était de service le 6 octobre et a vu Fersen avec la reine ; soit la soeur de Mme Campan qui était de service ce soir-là le lui a raconté ; soit Mme Campan était de service le 6 octobre et a menti à Talleyrand.
Cela étant, Holland n'est pas le seul à soutenir que les mémoires de Madame Campan ont été expurgés : selon une notice publiée par Georges Laguerre dans l' "Intermédiaire des Chercheurs et Curieux" de mars 1906, l'éditeur de Mme Campan, François Barrière, aurait eu en main un manuscrit inédit de l'ancienne femme de chambre de la reine, non publié dans ses "Mémoires", reconnaissant que la reine avait eu des faiblesses pour le "jeune chevalier Fersen". Malheureusement, il aurait brûlé ce fragment "par respect pour la mémoire de la reine Marie-Antoinette".
A) Le comte de Mercy
L'ambassadeur d'Autriche en France, si prompt à rapporter à l'Impératrice, les moindres faits et gestes de Marie-Antoinette, ne prononce jamais le nom de "Fersen" dans la correspondance publiée. La correspondance de Mercy a-t-elle été expurgée? Ou alors, Mercy n'a-t-il jamais osé coucher par écrit ce qu'il voyait ou pensait de cette relation ? Ce silence de Mercy est, en tout cas, pour le moins étrange. Comme disait Eléonore dans le feu Boudoir "Quand on sait qu’il évoque le moindre pet de mouche à la cour de Versailles, on est surpris en effet d’un tel silence ". :
B) Madame Campan
De même, Madame Campan ne parle, à aucun moment, de Fersen dans ses mémoires.
Les mémoires de Madame Campan ont-ils été expurgés ? C'est ce que prétend, notamment Holland :
Ce que dit Holland n'est pas cohérent par rapport aux mémoires publiés par Mme Campan. En effet, Mme Campan indique dans ses mémoires qu'elle n'était pas de service à Versailles le 6 octobre 1789. De là, plusieurs hypothèses : soit Mme Campan n'a jamais dit ce que Holland dit qu'elle aurait dit à Talleyrand ; soit elle l'a dit, et contrairement à ce qu'elle affirme dans ses mémoires, elle était de service le 6 octobre et a vu Fersen avec la reine ; soit la soeur de Mme Campan qui était de service ce soir-là le lui a raconté ; soit Mme Campan était de service le 6 octobre et a menti à Talleyrand.
Cela étant, Holland n'est pas le seul à soutenir que les mémoires de Madame Campan ont été expurgés : selon une notice publiée par Georges Laguerre dans l' "Intermédiaire des Chercheurs et Curieux" de mars 1906, l'éditeur de Mme Campan, François Barrière, aurait eu en main un manuscrit inédit de l'ancienne femme de chambre de la reine, non publié dans ses "Mémoires", reconnaissant que la reine avait eu des faiblesses pour le "jeune chevalier Fersen". Malheureusement, il aurait brûlé ce fragment "par respect pour la mémoire de la reine Marie-Antoinette".
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Cosmo a écrit:III- Les témoignages des contemporains
Tu évoques les témoignages?
Dans le livre-journal de Madame Eloffe, Gustave-Armand-Henri de Reiset(1821-1905) commente l'époque de la dame et l'entourage de la Reine qui fut pour la plupart sa clientèle.
Voici ce que Reiset conte à propos d'Axel de Fersen :
Le comte de Fersen a joué un si grand rôle comme ami dévoué de la Reine, que je crois de mon devoir de consacrer ici quelques lignes en l'honneur de ce gentilhomme, qui était un véritable chevalier.
(...) Il était de haute taille et d'une figure très régulière. La première fois qu'il vit la Reine (Marie-Antoinette était encore Dauphine ! ) , il fut frappé de sa beauté, et Marie-Antoinette de son côté le distingua; elle avait vite compris ce que pouvait être le dévouement d'un pareil homme doué de tant de belles qualités.
Il n'en fallait pas davantage pour répandre les mauvais bruits qui ont couru alors, à propos de l'intimité de la Reine et de ce bon et loyal ami.
Jamais, cependant, il n'y a rien eu de répréhensible dans leurs rapports mutuels; nous les avons étudiés dans tous les ouvrages du temps avec le plus grand soin et toute l'impartialité dont nous sommes capable; le comte de Fersen avait pour la Reine l'affection la plus respectueuse et la plus dévouée; pour elle il aurait donné sa vie sans jamais hésiter; la Reine s'intéressait également à lui, et lui avait donné sa confiance; le Roi , de son côté, reconnaissait dans M. de Fersen un homme de bon conseil et estimait fort son noble caractère; il s'était ouvert à lui de ses projets de fuite, sachant que personne ne pouvait mieux le servir et le seconder en cette difficile circonstance.
Il est une chose à regretter, c'est que le comte de Fersen n'ait pas accompagné jusqu'au bout la famille royale dans ce voyage de Varennes; il était homme d'énergie et capable de sauver le Roi malgré lui, et même de lui tenir tête quand il aurait fallu en venir aux mesures de rigueur que Louis XVI , pour épargner l'effusion de sang, ne pouvait se résigner à prendre.
Voilà quel était l'homme qui avait préparé et dirigé cette affaire de Varennes; on comprend la douleur qu'il ressentit à la nouvelle de l'insuccès de ce triste voyage. Il voyait clairement la marche de la Révolution et ne se faisait aucune illusion sur le sort réservé au Roi et à la Reine. C'est pourquoi , pendant son séjour à l'étranger, lorsqu'il ne pouvait venir à Paris où il était trop connu , il fit tout ce qu'un ami pouvait faire pour sauver la famille royale.
Je regrette beaucoup que M. le baron de Klinckowström , qui a publié en 1878 les papiers du comte de Fersen , son grand-oncle, n'ait pas voulu accepter ma proposition de soumettre à des hommes capables et experts en écritures les passages des lettres qu'il laisse en blanc dans la publication qu'il en a faite, parce qu'ils ont été raturés. Dans un sentiments assurément bien respectable , M. de Klinckowström n'a pas voulu qu'on touchât aux autographes dont son oncle avait jugé à propos d'effacer quelques lignes; ces suppressions ont cependant donné lieu à d'injustes suppositions . Je suis persuadé que sous ces ratures on ne trouveraitrien qui ne pourrait être divulgué pour le plus grand honneur de la Reine et du comte. Ils avaient sans doute , je le répète, l'un pour l'autre une grande amitié; mais elle était bien placée de part et d'autre , car sous le rapport des affections la Reine était une femme admirable; elle n'abandonnait jamais quelqu'un après l'avoir pris une fois en amitié.
Que de faussetés n'a-t-on pas imprimées sur ces sentiments de la Reine ! Je suis assez âgé pour avoir vécu avec bien des personnes qui avaient connu le comte de Fersen et Marie-Antoinette , et je n'en ai trouvé aucune qui ait jamais suspecté leurs relations. Sans doute la Reine voyait son ami au plaisir, mais quel mal y a-t-il à cela? Elle le lui avoue même dans la lettre du 7 décembre 1791. "Il est absolument impossible, dit-elle, que vous veniez ici dans ce moment: ce serait risquer notre bonheur , et quand je le dis, on peut m'en croire, car j'ai un extrême désir de vous voir."
Est-ce là une preuve comme tu l'entendais?
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Majesté a écrit:Ce qui m'étonne avec tous tes arguments c'est que Marie-Antoinette n'a pas été inquiétée par le sinistre tribunal révolutionnaire d'une quelconque liaison avec Fersen qui a pourtant été évoqué lors du procès.
Crois-tu que s'il y avait eu (avant 1930, j'entends ) le moindre doute qui permette de torturer Marie-Antoinette Fuckier-Tinville s'en serait privé?
Bien à vous.
Oui, j'en suis convaincu, mon cher Majesté.
Voici pourquoi :
- D'une part, le nom de Fersen apparaît très peu dans les pamphlets de l'époque. Son nom n'est mentionné que dans deux pamphlets, dont l"un ("Les Essais historiques...") qui prête un nombre incalculable d'amants à la reine; autant dire que le nom de Fersen est "noyé" dans la masse. Fersen n'était pas notoirement, ni publiquement accusé d'être l'amant de la reine.
- D'autre part et surtout, à l'époque du procès de la reine, les jacobins soutenaient que l'amant de la reine était… Lafayette. Moult pamphlets de l'époque prétendent que Marie-Antoinette et Lafayette sont amants. Lors du procès, on insinue également que Marie-Antoinette était très proche de Lafayette. L'objectif des jacobins était de "salir" les défenseurs de la monarchie constitutionnelle, afin d'affermir la République. Ils n'avaient que faire de Fersen. Ils voulaient atteindre Lafayette et, à travers lui, les monarchistes .
Dernière édition par Cosmo le Mar 21 Jan 2014, 01:00, édité 1 fois
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
V.- Eléonore Sullivan
Selon Alma Söderhjelm, Eleonore Sullivan serait devenue la maîtresse de Fersen « au début de la Révolution et jusqu’en 1799 » (p. 196). A l’instar de Fersen, elle semble douée pour la séduction : elle a eu pour amants, le duc de Wurtemberg (avec lequel elle a eu trois enfants) et Joseph II. Elle se mariera ensuite avec un certain M. Sullivan, puis vivra en couple avec le richissime Quintin Craufurd.
La reine écrit à Fersen, le 7 décembre 1791 : « J’attends M. Craufurd avec impatience, mais je suis fâchée pour vous qu’il vous quitte ; j’espère qu’ils ne seront pas l’hiver ici, et qu’il retournera à Brux., car vous avez besoin de distraction... ». Je comprends, à la lecture de ce courrier, que la reine ne souhaite pas, pour Fersen, qu’il se retrouve seul à Bruxelles pendant l’hiver sans son ami Quintin Craufurd ou sans le couple Craufurd. La reine parle du couple (« ils ne seront ») et/ou de Quintin Craufurd seul (« il retournera à Brux. ») mais pas d’Eleonore en tant que telle. Je n’interprète donc pas ce courrier comme signifiant que la reine encourage Fersen à se jeter dans les bras d’Eleonore Sullivan ou à se « distraire » avec elle.
Quant à la question de savoir si Marie-Antoinette connaissait la liaison que Fersen entretenait avec Eleonore Sullivan, rien n’est moins douteux : Sophie Piper écrit en effet à son frère, le 15 décembre 1791, à propos des rumeurs lui imputant une relation avec Eleonore Sullivan : « … mon cher Axel pour l’amour de Elle qui si ces nouvelles sont mendé a lui pourront lui causer une peine mortelle, tout le monde vous observe, et parle de vs, soyez à la malheureuse Elle, épargnez de toutes les douleurs la plus mortelle… ». "Elle" signifie la reine dans la correspondance entre Fersen et sa soeur. Donc manifestement, la reine ne sait pas que Fersen a des relations charnelles avec Eléonore Sullivan.
A supposer que Fersen ait eu une liaison avec la reine, il ne pouvait apparemment pas s’en satisfaire. Fersen avait peut-être besoin d’entretenir une relation « normale » avec une autre femme. Peut-être qu’Eleonore apportait à Fersen des choses que la reine ne pouvait pas ou ne voulait pas lui offrir (des relations charnelles) ? (ce qui n’exclut pas que la reine ait pu « craquer » un jour pour Fersen, pourquoi pas ?...). A moins que Fersen ait entretenu une double relation avec Eleonore Sullivan et la reine, à l’insu de cette dernière ? Quoi qu’il en soit, selon Fersen, Marie-Antoinette occupe bien la première place dans son cœur, et Eleonore Sullivan ne la « remplacera pas » :
« Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerois toutte ma vie, les détails les plus minutieux, tout d’elle m’est précieux. Oh, combien je me reproche mes torts envers elle et combien je sais à présent que je l’aimois. Eleonore ne la remplacera pas dans mon cœur, quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat. L’autre (Ndlr : Eleonore Sullivan) n’a pas tout cela… » (Journal de Fersen, 5 novembre 1793).
Selon Alma Söderhjelm, Eleonore Sullivan serait devenue la maîtresse de Fersen « au début de la Révolution et jusqu’en 1799 » (p. 196). A l’instar de Fersen, elle semble douée pour la séduction : elle a eu pour amants, le duc de Wurtemberg (avec lequel elle a eu trois enfants) et Joseph II. Elle se mariera ensuite avec un certain M. Sullivan, puis vivra en couple avec le richissime Quintin Craufurd.
La reine écrit à Fersen, le 7 décembre 1791 : « J’attends M. Craufurd avec impatience, mais je suis fâchée pour vous qu’il vous quitte ; j’espère qu’ils ne seront pas l’hiver ici, et qu’il retournera à Brux., car vous avez besoin de distraction... ». Je comprends, à la lecture de ce courrier, que la reine ne souhaite pas, pour Fersen, qu’il se retrouve seul à Bruxelles pendant l’hiver sans son ami Quintin Craufurd ou sans le couple Craufurd. La reine parle du couple (« ils ne seront ») et/ou de Quintin Craufurd seul (« il retournera à Brux. ») mais pas d’Eleonore en tant que telle. Je n’interprète donc pas ce courrier comme signifiant que la reine encourage Fersen à se jeter dans les bras d’Eleonore Sullivan ou à se « distraire » avec elle.
Quant à la question de savoir si Marie-Antoinette connaissait la liaison que Fersen entretenait avec Eleonore Sullivan, rien n’est moins douteux : Sophie Piper écrit en effet à son frère, le 15 décembre 1791, à propos des rumeurs lui imputant une relation avec Eleonore Sullivan : « … mon cher Axel pour l’amour de Elle qui si ces nouvelles sont mendé a lui pourront lui causer une peine mortelle, tout le monde vous observe, et parle de vs, soyez à la malheureuse Elle, épargnez de toutes les douleurs la plus mortelle… ». "Elle" signifie la reine dans la correspondance entre Fersen et sa soeur. Donc manifestement, la reine ne sait pas que Fersen a des relations charnelles avec Eléonore Sullivan.
A supposer que Fersen ait eu une liaison avec la reine, il ne pouvait apparemment pas s’en satisfaire. Fersen avait peut-être besoin d’entretenir une relation « normale » avec une autre femme. Peut-être qu’Eleonore apportait à Fersen des choses que la reine ne pouvait pas ou ne voulait pas lui offrir (des relations charnelles) ? (ce qui n’exclut pas que la reine ait pu « craquer » un jour pour Fersen, pourquoi pas ?...). A moins que Fersen ait entretenu une double relation avec Eleonore Sullivan et la reine, à l’insu de cette dernière ? Quoi qu’il en soit, selon Fersen, Marie-Antoinette occupe bien la première place dans son cœur, et Eleonore Sullivan ne la « remplacera pas » :
« Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerois toutte ma vie, les détails les plus minutieux, tout d’elle m’est précieux. Oh, combien je me reproche mes torts envers elle et combien je sais à présent que je l’aimois. Eleonore ne la remplacera pas dans mon cœur, quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat. L’autre (Ndlr : Eleonore Sullivan) n’a pas tout cela… » (Journal de Fersen, 5 novembre 1793).
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Majesté a écrit:
Est-ce là une preuve comme tu l'entendais?
.
Reiset n'était pas encore né, que Fersen et Marie-Antoinette étaient déjà morts. Il n'a rien vu, ni entendu personnellement. Son opinion me semble avoir très peu de poids.
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Mais alors pourquoi tous ces témoignages n'ont eu d'écho qu'après l'interprétation d'Alma Soderjhelm ... 120 ans après la mort de Fersen?
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Majesté a écrit:Mais alors pourquoi tous ces témoignages n'ont eu d'écho qu'après l'interprétation d'Alma Soderjhelm ... 120 ans après la mort de Fersen?
Bien à vous.
Deux raisons à cela selon moi :
1/ Dès la mort de Marie-Antoinette, un certain nombre de publications voient le jour, où l'on s'emploie à laver l'honneur de la reine. Ce sont les fameuses hagiographies, qui se vendent comme des petits pains. Le mouvement s'amplifie sous la Restauration et perdure tout au long du XIXème siècle. La fin de la reine a été horrible : les Français culpabilisent . Hors de question, dans ces conditions, d'accabler la reine. Le XIXème siècle est un siècle très puritain, de surcroît. Après avoir été traînée dans la boue, voici Marie-Antoinette devenue une Sainte.
2/ C'est dans le contexte rappelé ci-dessus, que les témoignages éparpillés ça et là ont été délibérément oubliés par les historiens du XIXème siècle … mais une fois les papiers de Fersen publiés par A. Söderhjelm, ces témoignages prennent un sens nouveau. A. Söderhjelm a certes tiré un certain nombre de conclusions des papiers qu'elle a été amenée à consulter. De là à dire qu'elle se serait livrée à une "interprétation"… je ne suis pas tout à fait d'accord. Dans son ouvrage, elle reproduit un grand nombre de passages du Journal de Fersen, ainsi que les lettres à sa soeur notamment, qui parlent d'eux-mêmes. Elle ne s'appuie pas sur du vent.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Majesté a écrit: Fuckier-Tinville
Excellent !!! :\\\\\\\\:
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Il me semble que tu as tellement bien fait le tour de la question que l'évidence doit apparaître à tout esprit impartial .
Maintenant, il peut y avoir des parti-pris irrationnels, voire épidermiques, qui nieront toujours ce que Marie-Antoinette écrit elle-même .
.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Mme de Sabran a écrit:
Il me semble que tu as tellement bien fait le tour de la question que l'évidence doit apparaître à tout esprit impartial .
Maintenant, il peut y avoir des parti-pris irrationnels, voire épidermiques, qui nieront toujours ce que Marie-Antoinette écrit elle-même .
.
Oui irrationnel c'est bien le mot . Le fait que la reine a écrit ces mots, en chiffre et non en clair leur donne encore plus de poids.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Quelle agressivité... Je ne m'autocongratule pas. Mais si tu veux me congratuler , vas-y lâche toi . Ou alors, dis quelque chose d'intéressant sur le sujet qui nous occupe.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Bon... On ne va pas remettre un nouveau round...
Pour moi, il était trop tôt pour reparler de cela... J'y vois du masochisme !!! On a tellement de boulot sur tous les sujets, pourquoi jeter de l'huile sur le feu ?
On n'allait pas changer d'avis en un mois...
Pour moi, il était trop tôt pour reparler de cela... J'y vois du masochisme !!! On a tellement de boulot sur tous les sujets, pourquoi jeter de l'huile sur le feu ?
On n'allait pas changer d'avis en un mois...
Dernière édition par Österreich le Mar 21 Jan 2014, 11:38, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
La FIFMA ne préfère rien entendre pour l'instant !!!!
Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
D'accord avec Osterreich !!! :\\\\\\\\:
Bannissons de notre vocabulaire des termes comme autocongratulation et agressivité !!!
:c^ùù!!: smiley12 :c^ùù!!:
.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Je pense que c'est à chacun de comprendre qu'il puisse y avoir des avis différents...
Ne pas être d'accord ne signifie pas pour autant l'affrontement.
Ne pas être d'accord ne signifie pas pour autant l'affrontement.
Invité- Invité
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