Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
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Dominique Poulin
La nuit, la neige
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Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Semaine prochaine, chez vos libraires...
Les derniers jours de Versailles
Alexandre MARAL
Editions Perrin (Janvier 2018)
Présentation de l'éditeur :
1789 est la dernière année de Versailles comme lieu de pouvoir. Les rituels de la vie de cour, qui semblent imperturbables, sont bousculés par les événements révolutionnaires suivant un rythme et une densité sans précédent. Le 17 juin, le roi perd son pouvoir au profit de l'Assemblée nationale.
Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d'une révolution populaire le 14 juillet, d'une révolution sociétale le 4 août, d'une révolution idéologique le 26 août, d'une révolution sociale les 5 et 6 octobre.
En moins de quatre mois, un système plus que millénaire est abattu.
Avec un art du récit sans pareil, Alexandre Maral restitue l'enchaînement, serré, des événements à la lumière de la perception qu'en ont eue les habitants du lieu – souverains, courtisans, députés, citadins.
Il prend appui sur des archives, des périodiques, des témoignages personnels et des dépositions – sources inédites – et explore les moindres détails de cette dynamique conflictuelle, examinant ainsi sur un processus qui contient en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.
Qui est l'auteur ?
Archiviste-paléographe, docteur ès lettres, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Alexandre Maral est conservateur en chef au château de Versailles, où il est chargé des collections de sculpture.
Les éditions Perrin ont publié en 2012 son ouvrage Le Roi-Soleil et Dieu. Essai sur la religion de Louis XIV (préface de Marc Fumaroli, prix Pierre-Lafue), suivi en 2013 par Le roi, la cour et Versailles, 1682-1789. Le coup d’éclat permanent, et en 2014 par Les Derniers Jours de Louis XIV.
Les derniers jours de Versailles
Alexandre MARAL
Editions Perrin (Janvier 2018)
Présentation de l'éditeur :
1789 est la dernière année de Versailles comme lieu de pouvoir. Les rituels de la vie de cour, qui semblent imperturbables, sont bousculés par les événements révolutionnaires suivant un rythme et une densité sans précédent. Le 17 juin, le roi perd son pouvoir au profit de l'Assemblée nationale.
Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d'une révolution populaire le 14 juillet, d'une révolution sociétale le 4 août, d'une révolution idéologique le 26 août, d'une révolution sociale les 5 et 6 octobre.
En moins de quatre mois, un système plus que millénaire est abattu.
Avec un art du récit sans pareil, Alexandre Maral restitue l'enchaînement, serré, des événements à la lumière de la perception qu'en ont eue les habitants du lieu – souverains, courtisans, députés, citadins.
Il prend appui sur des archives, des périodiques, des témoignages personnels et des dépositions – sources inédites – et explore les moindres détails de cette dynamique conflictuelle, examinant ainsi sur un processus qui contient en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.
Qui est l'auteur ?
Archiviste-paléographe, docteur ès lettres, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Alexandre Maral est conservateur en chef au château de Versailles, où il est chargé des collections de sculpture.
Les éditions Perrin ont publié en 2012 son ouvrage Le Roi-Soleil et Dieu. Essai sur la religion de Louis XIV (préface de Marc Fumaroli, prix Pierre-Lafue), suivi en 2013 par Le roi, la cour et Versailles, 1682-1789. Le coup d’éclat permanent, et en 2014 par Les Derniers Jours de Louis XIV.
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Merci LNLN !
J'achèterai cet ouvrage, je suis très intéressé !
Le titre me fait penser à un autre livre, beaucoup plus ancien, "Les derniers jours de Versailles" du vicomte Fleury, document que j'avais consulté en bibliothèque il y a quelques années.
J'apprécie assez Alexandre Maral pour la précision et la justesse de ses ouvrages, même si l'esprit grand public domine à travers ses publications.
J'achèterai cet ouvrage, je suis très intéressé !
Le titre me fait penser à un autre livre, beaucoup plus ancien, "Les derniers jours de Versailles" du vicomte Fleury, document que j'avais consulté en bibliothèque il y a quelques années.
J'apprécie assez Alexandre Maral pour la précision et la justesse de ses ouvrages, même si l'esprit grand public domine à travers ses publications.
Dominique Poulin- Messages : 6936
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Bien !
Si vous l'achetez, vous nous direz ce que vous en pensez une fois lu...
Si vous l'achetez, vous nous direz ce que vous en pensez une fois lu...
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Certainement !
Dominique Poulin- Messages : 6936
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Une amie qui l'a lu en avant première m'a dit qu'il était très bien.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Duc d'Ostrogothie a écrit:Une amie qui l'a lu en avant première m'a dit qu'il était très bien.
Ah bon ? Cela me tente aussi.
J'espère seulement que cela ne soit pas trop "politique", ce qui me paraît inévitable. J'ai essayé ces mois derniers (et des années auparavant), mais je n'y arrive pas. Le style peut-être, il faut toujours être tenace et essayer de comprendre au-delà de ses aspirations. Alors, faites-moi savoir avant que je l'achète.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
J'ai feuilleté ce livre en librairie.
Il s'agit d'un gros volume, agrémenté de quelques illustrations.
Le récit est chronologique avec une mise en exergue de différents épisodes-clés et une attention particulière donnée à...Versailles, on s'en doute !
Il s'agit d'un gros volume, agrémenté de quelques illustrations.
Le récit est chronologique avec une mise en exergue de différents épisodes-clés et une attention particulière donnée à...Versailles, on s'en doute !
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Chers amis,
Je viens de terminer la lecture du livre d'Alexandre Maral. Quel travail ! Je l'ai trouvé absolument remarquable et indispensable à tous ceux qui veulent comprendre ce qui s'est réellement passé entre le 5 mai, date de l'ouverture des états généraux et le 6 octobre, date du départ de la famille royale pour Paris. Rassemblant des témoignages de tous bords, l'auteur nous décrit au jour le jour les événements qui ont émaillé cette crise à la façon dont un journaliste de notre temps qui se serait voulu sans parti pris l'aurait fait. Avec lui, on assiste aux interminables discussions sur le vote des députés par ordre ou en commun, aux premiers débats de l'assemblée nationale, mais on est également présent aux Conseils du roi, dans le cabinet des ministres ou bien dans les salons des partisans de la monarchie absolue. A ce descriptif factuel, à cette somme de témoignages, il apporte sa propre réflexion sur la signification ou les conséquences des événements décrits, des décisions prises par les uns ou les autres, mais aussi sa parfaite connaissance de la topographie des lieux. Le récit des journées des 5 et 6 octobre, me semble à cet égard tout particulièrement éclairant. De par la diversité des récits, de par les éclairages de l'auteur sur la topographie du château et de ses alentours, de par les précisions apportées sur chacune des péripéties de ces deux journées, le lecteur assiste à l'émeute pour ainsi dire aux premières loges, en saisissant à la fois l'atmosphère de panique qui s'installa dans la ville et au château, le rôle joué par chacun des grands protagonistes de la tragédie qui se déroule devant ses yeux, en constatant les courages ou les lâchetés des uns et des autres, l'impuissance des responsables de la sécurité du roi, la violence, la barbarie mais aussi la naïveté des pauvres gens manipulés en sous-main par des intérêts divers désireux de créer un désordre propice à leurs fins. Et, à la relation qu'il nous en fait, on ne peut s'empêcher de penser que son livre constitue une magnifique étude d'un cas école pour la formation des hommes politiques à la gestion de crise. De l'intérêt d'une connaissance approfondie de l'histoire !
Au final, le déroulé de ces quatre mois qui ont changé de manière déterminante l'histoire de notre pays nous laisse apparaître à l'évidence que, quelque soit par ailleurs ses grandes qualités, le roi fut bien par son inertie, par sa pusillanimité, par son indécision aux moments critiques et en fin de compte par son peu d'appétence pour le rôle que la destinée lui avait réservé le premier responsable de la fin de son règne. Le "casting" de l'hérédité avait cette fois été mauvais! Nous le savions tous, mais Alexandre Maral, en reprenant le récit de ces journées historiques, nous en apporte la démonstration de manière magistrale.
Amicalement. Roi-cavalerie
Je viens de terminer la lecture du livre d'Alexandre Maral. Quel travail ! Je l'ai trouvé absolument remarquable et indispensable à tous ceux qui veulent comprendre ce qui s'est réellement passé entre le 5 mai, date de l'ouverture des états généraux et le 6 octobre, date du départ de la famille royale pour Paris. Rassemblant des témoignages de tous bords, l'auteur nous décrit au jour le jour les événements qui ont émaillé cette crise à la façon dont un journaliste de notre temps qui se serait voulu sans parti pris l'aurait fait. Avec lui, on assiste aux interminables discussions sur le vote des députés par ordre ou en commun, aux premiers débats de l'assemblée nationale, mais on est également présent aux Conseils du roi, dans le cabinet des ministres ou bien dans les salons des partisans de la monarchie absolue. A ce descriptif factuel, à cette somme de témoignages, il apporte sa propre réflexion sur la signification ou les conséquences des événements décrits, des décisions prises par les uns ou les autres, mais aussi sa parfaite connaissance de la topographie des lieux. Le récit des journées des 5 et 6 octobre, me semble à cet égard tout particulièrement éclairant. De par la diversité des récits, de par les éclairages de l'auteur sur la topographie du château et de ses alentours, de par les précisions apportées sur chacune des péripéties de ces deux journées, le lecteur assiste à l'émeute pour ainsi dire aux premières loges, en saisissant à la fois l'atmosphère de panique qui s'installa dans la ville et au château, le rôle joué par chacun des grands protagonistes de la tragédie qui se déroule devant ses yeux, en constatant les courages ou les lâchetés des uns et des autres, l'impuissance des responsables de la sécurité du roi, la violence, la barbarie mais aussi la naïveté des pauvres gens manipulés en sous-main par des intérêts divers désireux de créer un désordre propice à leurs fins. Et, à la relation qu'il nous en fait, on ne peut s'empêcher de penser que son livre constitue une magnifique étude d'un cas école pour la formation des hommes politiques à la gestion de crise. De l'intérêt d'une connaissance approfondie de l'histoire !
Au final, le déroulé de ces quatre mois qui ont changé de manière déterminante l'histoire de notre pays nous laisse apparaître à l'évidence que, quelque soit par ailleurs ses grandes qualités, le roi fut bien par son inertie, par sa pusillanimité, par son indécision aux moments critiques et en fin de compte par son peu d'appétence pour le rôle que la destinée lui avait réservé le premier responsable de la fin de son règne. Le "casting" de l'hérédité avait cette fois été mauvais! Nous le savions tous, mais Alexandre Maral, en reprenant le récit de ces journées historiques, nous en apporte la démonstration de manière magistrale.
Amicalement. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Je vous remercie, cher Roi-cavalerie, pour ce compte-rendu de lecture tellement pointu et passionnant .
Comment ne pas courir ventre-à-terre acheter ce dernier ouvrage d'Alexandre Maral ?
son inertie, sa pusillanimité, son indécision aux moments critiques ... Hélas, hélas, hélas ! trois fois hélas ! j'en suis bien convaincue...
J'ajouterais même sa versabilité, car Louis XVI était capable spontanément d'élans, mais qui étaient suivis de marches arrières comme s'il ( nous dirions vulgairement ) " se dégonflait " . J'ajouterais encore sa résignation paralysante, un certain goût pour une mortification toute chrétienne de martyr ... bref, un cas désespéré ...
Comment ne pas courir ventre-à-terre acheter ce dernier ouvrage d'Alexandre Maral ?
Roi-cavalerie a écrit:Au final, le déroulé de ces quatre mois qui ont changé de manière déterminante l'histoire de notre pays nous laisse apparaître à l'évidence que, quelque soit par ailleurs ses grandes qualités, le roi fut bien par son inertie, par sa pusillanimité, par son indécision aux moments critiques et en fin de compte par son peu d'appétence pour le rôle que la destinée lui avait réservé le premier responsable de la fin de son règne. Le "casting" de l'hérédité avait cette fois été mauvais! Nous le savions tous, mais Alexandre Maral, en reprenant le récit de ces journées historiques, nous en apporte la démonstration de manière magistrale.
son inertie, sa pusillanimité, son indécision aux moments critiques ... Hélas, hélas, hélas ! trois fois hélas ! j'en suis bien convaincue...
J'ajouterais même sa versabilité, car Louis XVI était capable spontanément d'élans, mais qui étaient suivis de marches arrières comme s'il ( nous dirions vulgairement ) " se dégonflait " . J'ajouterais encore sa résignation paralysante, un certain goût pour une mortification toute chrétienne de martyr ... bref, un cas désespéré ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Merci, Roi-cavalerie, pour ce commentaire de lecture...
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Roi-cavalerie a écrit:
Le "casting" de l'hérédité avait cette fois été mauvais !
Mais oui, absolument .
Mme de Laage de Volude écrivait à peu près la même chose ( avant la Révolution, pendant l'agonie du petit Louis-Joseph ) : le roi n'est pas à sa place, quelque chose comme ça ... Je recherche la citation exacte .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Oui mais quel roi le fut ? Et selon quels critères ?
Hum...
C'est souvent la question que je me pose, et je dois bien dire qu'aucun, parmi ceux de l'époque "moderne", ne trouve vraiment grâce à mes yeux.
Hum...
C'est souvent la question que je me pose, et je dois bien dire qu'aucun, parmi ceux de l'époque "moderne", ne trouve vraiment grâce à mes yeux.
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
J'ai retrouvé cet extrait que je poste donc ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t90p150-portrait-moral-de-louis-xvi#117174
https://marie-antoinette.forumactif.org/t90p150-portrait-moral-de-louis-xvi#117174
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Chers amis,
Ce qui est frappant lorsqu'on observe les événements de 1789 c'est le délitement de l'autorité publique en quelques semaines dès lors que les 17 et 20 juin 1789, le tiers état, confronté aux hésitations et à la passivité du roi a résolu de s'ériger en Assemblée nationale, représentante de la Nation. Je viens de relire les pages qu'Alexandre Maral a consacré aux journées des 5 et 6 octobre 1789. Elles sont fascinantes. Le roi, confronté à une situation de crise grave, se laisse porter par les événements sans chercher à aucun moment à réagir alors qu'il en avait manifestement les moyens. L'Assemblée nationale, quant à elle, est manifestement dépassée par la colère des Parisiens et ne contrôle plus rien si ce n'est le roi puisqu'elle profite de la pression populaire pour obtenir son accord concernant les travaux sur la déclaration des droits de l'homme et les premiers articles de la constitution !
Loin de vouloir jouer les "y a qu'à, faut qu'on", je détaille ci-dessous les points qui m'ont semblé caractéristiques de son impéritie et de celle de ses différents ministres du moins tels qu'ils apparaissent dans les témoignages recueillis par Alexandre Maral. C'est un peu long mais libre à vous de me lire!
- La rumeur d'un mouvement insurrectionnel courrait à Paris dès le 4 au soir en raison de l'attroupement de nombreux miséreux qui s'étaient rassemblés devant l'Hôtel de ville. Ils réclamaient du pain et souhaitaient punir les gardes du corps qui, selon ce qui avait été raconté, auraient piétiné la cocarde nationale au cours du banquet du 1er octobre à l'Orangerie. Néanmoins, le roi malgré les précédentes échauffourées de l'été (14 juillet, incendie de nombreux châteaux en province, pillages divers) ne modifie en rien son emploi du temps et s'en va tranquillement chasser à Rambouillet le lendemain. Les informations sur ce rassemblement lui sont-ils parvenus ? La police du royaume et les services du ministre de la Maison du Roi auquel elle était rattachée fonctionnaient-ils encore correctement ? On peut en douter.
- Le 5 au matin, eut lieu un nouveau rassemblement de femmes qui menacèrent de mettre le feu à l'Hôtel de ville si on ne leur donnait pas du pain. Leur colère détournée sur Versailles par des meneurs, elles se rassemblèrent en grand nombre sur la place Louis XV, avant de prendre la route de Versailles armées de manière hétéroclite et accompagnées de 4 canons. Ce remue-ménage pourtant peu discret ne fût signalé qu'à 11h00 du matin au comte de Saint-Priest, ministre de la Maison du roi, qui envoya prévenir le souverain, lequel chassait alors dans la forêt de Meudon. Mais il fallut le trouver. Ceci expliquerait sans doute pourquoi il ne regagna le château que vers 15 heures. L'avant-garde du cortège des femmes avait déjà atteint Versailles. Pendant tout ce laps de temps, soit 4 heures, il semble qu'aucun des ministres n'ait pris sur lui, en attendant les ordres du roi, de faire bloquer les ponts, verrous essentiels sur la route de Paris, par la troupe ce qui aurait permis de voir venir. On attendit l'arrivée des manifestants à Versailles plutôt que de tenter de les stopper au plus loin. Néanmoins, les forces mises en place en protection du château, tant bien que mal et à la hâte au dernier moment, comprenait selon les témoins : les gardes suisses rangés en bataille à droite sur la place d'Armes, le régiment de Flandres à gauche, cinquante cavaliers de la maréchaussée, deux cent chasseurs et huit cent garde du corps à cheval devant la grille de la cour des Ministres à l'extérieur. A l'intérieur du château, un grand nombre de gentilshommes s'étaient rassemblées et semblaient prêts à défendre le roi avec leurs seules épées. Ce dispositif mis aux ordres d'un commandement unifié et résolu, même s'il n'était que défensif, aurait pu cependant donner au roi une capacité de réaction avec des troupes à peu près sûres s'il avait eu l'intention de dégager les abords du château des quelques centaines d'hommes ou de femmes armés de faucilles ou de piques accompagnés de 2 canons stationnés sur la place et appuyés par des éléments de la milice locale ralliés aux insurgés avant l'arrivée de Lafayette et de la garde nationale de Paris. Il ne le fit pas.
- En effet, lors du Conseil qui suivit son retour, le roi écarta par principe l'usage de la force armée en particulier contre des femmes, refusa de se porter à la tête des gardes du corps au devant des insurgés comme le lui conseillait Saint-Priest, et finalement, sur les conseils de Necker et de Montmorin, de quitter Versailles avec sa famille pour Rambouillet afin de ne pas être soumis à la pression de la rue. Il se résolut donc à rester, choisissant ainsi ce qui parait avoir été la plus mauvaise des solutions dans la mesure où il n'utilisa pas les forces à sa disposition pour tenter de contrôler la situation de manière active même si un peu de sang devait inévitablement couler. Ce qui arriva d'ailleurs dans les heures qui suivirent mais ce fut celui de ses gardes du corps qu'il sacrifia ainsi à sa passivité. Quelques heures plus tard, sur les conseils de Saint-Priest soutenu par le ministre de la Guerre, devant l'aggravation de la situation, il se reprendra et décidera de partir, mais il sera trop tard, la foule et certains éléments de la garde nationale de Versailles ralliés à l'insurrection contrôlant définitivement les accès au château du côté de la ville.
- Après 20h00, un calme apparent et trompeur semblant se rétablir sur la place, le roi donna l'ordre aux troupes de se retirer dans leurs quartiers. Décision vraiment malheureuse qui laisse assez perplexe sur la capacité du roi et de ses ministres à gérer cette crise. Ne leur étaient-ils pas possible d'apprécier de manière plus juste la situation dans la ville à quelques centaines de mètres du château? Le régiment de Flandres se replia sur son bivouac du manège de la Grande Ecurie. Les gardes du corps se firent accrocher par les émeutiers lorsqu'ils tentèrent de rejoindre leur hôtel, et se replièrent sur le château où ils s'installèrent à nouveau dans la cour des ministres. On laissa donc la place libre aux insurgés qui en profitèrent pour orienter les canons en leur possession vers le château. Le roi pour calmer l'agitation ordonna alors aux gardes du corps de basculer du côté des jardins, mouvement qui manifestement ne pouvait que réjouir les émeutiers et les inciter à poursuivre. Vers minuit, plutôt que les conserver à disposition comme force de réaction, le roi, persévérant dans son erreur initiale et sans doute toujours dans la même optique de ne pas exacerber les tensions, leur fit donner l'ordre de rejoindre leur quartier de Rambouillet. La garde du château fut donc assurée seulement par un contingent des gardes du corps et des cent suisses pour les appartements, les gardes suisses étant chargés de l'extérieur. Ainsi le roi, par des ordres inappropriés, se trouva imprudemment démunis des troupes qui, sur le pied de guerre, auraient pu le protéger dans les heures qui suivirent.
- L'arrivée du marquis de Lafayette à la tête (ou plutôt à la suite comme le précise Alexandre Maral) de la garde nationale (dont une partie formée par les anciens du régiment des gardes françaises) et d'une seconde vague d'insurgés parisiens eut lieu aux alentours de 22 h 00. Parvenu devant le roi, et ne cachant pas son souhait que le régiment de Flandres soit éloigné, il obtint de celui-ci que la sécurité extérieure du château et de ses hôtes soit confiée à la garde nationale, troupe qu'il ne contrôlait pas parfaitement et dont un certain nombre de membres avaient rallié le camp des émeutiers lors des évènements de juillet. Erreur manifeste mais logique de la part de ce roi qui, par crainte d'une guerre civile, avait renvoyé les troupes chargées de sa garde dans leurs cantonnements, se mettant ainsi à la portée d'être malmené par les Parisiens. En ville, selon plusieurs témoignages, de nombreux émeutiers et des badauds étaient manifestement toujours présents et prêts à faire le coup de feu. Malgré ces circonstances, Lafayette alla prendre quelques temps de repos sans même, selon certains témoins, donner des consignes particulières à son état-major. Il semblerait qu'il ne fit pas plus contrôler au point du jour les postes de garde aux accès du château ce qui aurait peut-être permis d'éviter l'infiltration d'une bande d'insurgés dans les appartements du roi. En effet, à l'aube et nonobstant la situation tendue dans laquelle on se trouvait, les grilles d'accès à la cour des Ministres, celles de la cour de la chapelle furent quand même réouvertes. Celles de la cour des princes n'avaient pas été fermées de la nuit pour laisser passer les sentinelles selon les habitudes des anciennes gardes françaises. Très rapidement, pénétrèrent dans l'enceinte du château une foule de personnes de laquelle surgirent la centaine d'émeutiers qui réussirent à s'infiltrer en direction des appartements royaux.
La suite nous la connaissons tous. Le roi capitula devant les vociférations d'une foule obéissant aux consignes de meneurs et accepta de revenir à Paris avec sa famille fortement aidé en cela par un marquis de Lafayette qui accomplit ainsi la mission de ramener le roi à Paris qu'on lui avait confié. Dans toute cette affaire, comme on vient de le voir, on ne peut que s'interroger sur le fonctionnement du gouvernement et de l'Assemblée nationale, dépassés par les événements. Tout remonte au roi et celui-ci se trouve de fait condamné à se trouver en première ligne, aucun de ses grands subordonnées ne prenant d'initiatives qui auraient pu lui permettre de se soustraire à la pression populaire ou de gagner du temps.
Roi-cavalerieLoin de vouloir jouer les "y a qu'à, faut qu'on", je détaille ci-dessous les points qui m'ont semblé caractéristiques de son impéritie et de celle de ses différents ministres du moins tels qu'ils apparaissent dans les témoignages recueillis par Alexandre Maral. C'est un peu long mais libre à vous de me lire!
- La rumeur d'un mouvement insurrectionnel courrait à Paris dès le 4 au soir en raison de l'attroupement de nombreux miséreux qui s'étaient rassemblés devant l'Hôtel de ville. Ils réclamaient du pain et souhaitaient punir les gardes du corps qui, selon ce qui avait été raconté, auraient piétiné la cocarde nationale au cours du banquet du 1er octobre à l'Orangerie. Néanmoins, le roi malgré les précédentes échauffourées de l'été (14 juillet, incendie de nombreux châteaux en province, pillages divers) ne modifie en rien son emploi du temps et s'en va tranquillement chasser à Rambouillet le lendemain. Les informations sur ce rassemblement lui sont-ils parvenus ? La police du royaume et les services du ministre de la Maison du Roi auquel elle était rattachée fonctionnaient-ils encore correctement ? On peut en douter.
- Le 5 au matin, eut lieu un nouveau rassemblement de femmes qui menacèrent de mettre le feu à l'Hôtel de ville si on ne leur donnait pas du pain. Leur colère détournée sur Versailles par des meneurs, elles se rassemblèrent en grand nombre sur la place Louis XV, avant de prendre la route de Versailles armées de manière hétéroclite et accompagnées de 4 canons. Ce remue-ménage pourtant peu discret ne fût signalé qu'à 11h00 du matin au comte de Saint-Priest, ministre de la Maison du roi, qui envoya prévenir le souverain, lequel chassait alors dans la forêt de Meudon. Mais il fallut le trouver. Ceci expliquerait sans doute pourquoi il ne regagna le château que vers 15 heures. L'avant-garde du cortège des femmes avait déjà atteint Versailles. Pendant tout ce laps de temps, soit 4 heures, il semble qu'aucun des ministres n'ait pris sur lui, en attendant les ordres du roi, de faire bloquer les ponts, verrous essentiels sur la route de Paris, par la troupe ce qui aurait permis de voir venir. On attendit l'arrivée des manifestants à Versailles plutôt que de tenter de les stopper au plus loin. Néanmoins, les forces mises en place en protection du château, tant bien que mal et à la hâte au dernier moment, comprenait selon les témoins : les gardes suisses rangés en bataille à droite sur la place d'Armes, le régiment de Flandres à gauche, cinquante cavaliers de la maréchaussée, deux cent chasseurs et huit cent garde du corps à cheval devant la grille de la cour des Ministres à l'extérieur. A l'intérieur du château, un grand nombre de gentilshommes s'étaient rassemblées et semblaient prêts à défendre le roi avec leurs seules épées. Ce dispositif mis aux ordres d'un commandement unifié et résolu, même s'il n'était que défensif, aurait pu cependant donner au roi une capacité de réaction avec des troupes à peu près sûres s'il avait eu l'intention de dégager les abords du château des quelques centaines d'hommes ou de femmes armés de faucilles ou de piques accompagnés de 2 canons stationnés sur la place et appuyés par des éléments de la milice locale ralliés aux insurgés avant l'arrivée de Lafayette et de la garde nationale de Paris. Il ne le fit pas.
- En effet, lors du Conseil qui suivit son retour, le roi écarta par principe l'usage de la force armée en particulier contre des femmes, refusa de se porter à la tête des gardes du corps au devant des insurgés comme le lui conseillait Saint-Priest, et finalement, sur les conseils de Necker et de Montmorin, de quitter Versailles avec sa famille pour Rambouillet afin de ne pas être soumis à la pression de la rue. Il se résolut donc à rester, choisissant ainsi ce qui parait avoir été la plus mauvaise des solutions dans la mesure où il n'utilisa pas les forces à sa disposition pour tenter de contrôler la situation de manière active même si un peu de sang devait inévitablement couler. Ce qui arriva d'ailleurs dans les heures qui suivirent mais ce fut celui de ses gardes du corps qu'il sacrifia ainsi à sa passivité. Quelques heures plus tard, sur les conseils de Saint-Priest soutenu par le ministre de la Guerre, devant l'aggravation de la situation, il se reprendra et décidera de partir, mais il sera trop tard, la foule et certains éléments de la garde nationale de Versailles ralliés à l'insurrection contrôlant définitivement les accès au château du côté de la ville.
- Après 20h00, un calme apparent et trompeur semblant se rétablir sur la place, le roi donna l'ordre aux troupes de se retirer dans leurs quartiers. Décision vraiment malheureuse qui laisse assez perplexe sur la capacité du roi et de ses ministres à gérer cette crise. Ne leur étaient-ils pas possible d'apprécier de manière plus juste la situation dans la ville à quelques centaines de mètres du château? Le régiment de Flandres se replia sur son bivouac du manège de la Grande Ecurie. Les gardes du corps se firent accrocher par les émeutiers lorsqu'ils tentèrent de rejoindre leur hôtel, et se replièrent sur le château où ils s'installèrent à nouveau dans la cour des ministres. On laissa donc la place libre aux insurgés qui en profitèrent pour orienter les canons en leur possession vers le château. Le roi pour calmer l'agitation ordonna alors aux gardes du corps de basculer du côté des jardins, mouvement qui manifestement ne pouvait que réjouir les émeutiers et les inciter à poursuivre. Vers minuit, plutôt que les conserver à disposition comme force de réaction, le roi, persévérant dans son erreur initiale et sans doute toujours dans la même optique de ne pas exacerber les tensions, leur fit donner l'ordre de rejoindre leur quartier de Rambouillet. La garde du château fut donc assurée seulement par un contingent des gardes du corps et des cent suisses pour les appartements, les gardes suisses étant chargés de l'extérieur. Ainsi le roi, par des ordres inappropriés, se trouva imprudemment démunis des troupes qui, sur le pied de guerre, auraient pu le protéger dans les heures qui suivirent.
- L'arrivée du marquis de Lafayette à la tête (ou plutôt à la suite comme le précise Alexandre Maral) de la garde nationale (dont une partie formée par les anciens du régiment des gardes françaises) et d'une seconde vague d'insurgés parisiens eut lieu aux alentours de 22 h 00. Parvenu devant le roi, et ne cachant pas son souhait que le régiment de Flandres soit éloigné, il obtint de celui-ci que la sécurité extérieure du château et de ses hôtes soit confiée à la garde nationale, troupe qu'il ne contrôlait pas parfaitement et dont un certain nombre de membres avaient rallié le camp des émeutiers lors des évènements de juillet. Erreur manifeste mais logique de la part de ce roi qui, par crainte d'une guerre civile, avait renvoyé les troupes chargées de sa garde dans leurs cantonnements, se mettant ainsi à la portée d'être malmené par les Parisiens. En ville, selon plusieurs témoignages, de nombreux émeutiers et des badauds étaient manifestement toujours présents et prêts à faire le coup de feu. Malgré ces circonstances, Lafayette alla prendre quelques temps de repos sans même, selon certains témoins, donner des consignes particulières à son état-major. Il semblerait qu'il ne fit pas plus contrôler au point du jour les postes de garde aux accès du château ce qui aurait peut-être permis d'éviter l'infiltration d'une bande d'insurgés dans les appartements du roi. En effet, à l'aube et nonobstant la situation tendue dans laquelle on se trouvait, les grilles d'accès à la cour des Ministres, celles de la cour de la chapelle furent quand même réouvertes. Celles de la cour des princes n'avaient pas été fermées de la nuit pour laisser passer les sentinelles selon les habitudes des anciennes gardes françaises. Très rapidement, pénétrèrent dans l'enceinte du château une foule de personnes de laquelle surgirent la centaine d'émeutiers qui réussirent à s'infiltrer en direction des appartements royaux.
La suite nous la connaissons tous. Le roi capitula devant les vociférations d'une foule obéissant aux consignes de meneurs et accepta de revenir à Paris avec sa famille fortement aidé en cela par un marquis de Lafayette qui accomplit ainsi la mission de ramener le roi à Paris qu'on lui avait confié. Dans toute cette affaire, comme on vient de le voir, on ne peut que s'interroger sur le fonctionnement du gouvernement et de l'Assemblée nationale, dépassés par les événements. Tout remonte au roi et celui-ci se trouve de fait condamné à se trouver en première ligne, aucun de ses grands subordonnées ne prenant d'initiatives qui auraient pu lui permettre de se soustraire à la pression populaire ou de gagner du temps.
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Grand merci, cher Roi-cavalerie, pour cette analyse des catastrophiques atermoiements de Louis XVI qui servirent si bien la Révolution et précipitèrent la chute de l'Ancen-Régime .
Pauvre, pauvre Marie-Antoinette échue ( avec un d ) à un si piètre époux !
Oui, c'est atterrant .
Souvenez-vous de sa réaction en apprenant que ces messieurs de l'Assemblée n'ont pas d'ordre à recevoir et ne sortiront pas du Jeu de Paume : " Eh bien, foutre ! qu'ils restent . "
Et tout à l'avenant ...
Vous parlez des 17 et 20 juin, cher ami, mais les troubles graves dans la capitale avaient commencé dès le sac de l'entreprise Réveillon .
Le roi aurait dû opter pour prendre un parti :
- le parti de Necker de marcher avec la Révolution, pour la diriger .
- le parti de la reine ( avec Artois, les Polignac ) d'opposer la fermeté et de ne céder sur rien .
C'était soit l'un soit l'autre, pas d'alternative .
Eh bien si, entre les deux, il y a le brouillard dans lequel le roi tâtonne et ne sait où se diriger .
Pensez donc ! ... pas question de sauter un mot !!!
Nous connaissons le caractère faible de Louis XVI et sa fluctuation pathologique d'une indécision à l'autre devant les événements, mais il n'était pas l'appareil d'Etat à lui tout seul !!!
Or, vous le dites, pendant tout ce laps de temps, soit 4 heures, il semble qu'aucun des ministres n'ait pris sur lui, en attendant les ordres du roi, de faire bloquer les ponts, verrous essentiels sur la route de Paris, par la troupe ce qui aurait permis de voir venir. On attendit l'arrivée des manifestants à Versailles plutôt que de tenter de les stopper au plus loin.
C'est à n'y pas croire !
Louis XVI, se retrouvant emmené manu militari prisonnier à Paris, avec toute sa famille, aurait pu en tirer l'amère leçon et réfléchir sur les dangers de n'écouter que sa pusilanimité .
Eh bien non : il aura la même attitude suicidaire à Varennes et le 10 août.
Pauvre, pauvre Marie-Antoinette échue ( avec un d ) à un si piètre époux !
Roi-cavalerie a écrit:Chers amis,
Ce qui est frappant lorsqu'on observe les événements de 1789 c'est le délitement de l'autorité publique en quelques semaines dès lors que les 17 et 20 juin 1789, le tiers état, confronté aux hésitations et à la passivité du roi a résolu de s'ériger en Assemblée nationale, représentante de la Nation.
Oui, c'est atterrant .
Souvenez-vous de sa réaction en apprenant que ces messieurs de l'Assemblée n'ont pas d'ordre à recevoir et ne sortiront pas du Jeu de Paume : " Eh bien, foutre ! qu'ils restent . "
Et tout à l'avenant ...
Vous parlez des 17 et 20 juin, cher ami, mais les troubles graves dans la capitale avaient commencé dès le sac de l'entreprise Réveillon .
Le roi aurait dû opter pour prendre un parti :
- le parti de Necker de marcher avec la Révolution, pour la diriger .
- le parti de la reine ( avec Artois, les Polignac ) d'opposer la fermeté et de ne céder sur rien .
C'était soit l'un soit l'autre, pas d'alternative .
Eh bien si, entre les deux, il y a le brouillard dans lequel le roi tâtonne et ne sait où se diriger .
Roi-cavalerie a écrit:Loin de vouloir jouer les "y a qu'à, faut qu'on"
Roi-cavalerie a écrit:
, je détaille ci-dessous les points qui m'ont semblé caractéristiques de son impéritie et de celle de ses différents ministres du moins tels qu'ils apparaissent dans les témoignages recueillis par Alexandre Maral. C'est un peu long mais libre à vous de me lire!
Pensez donc ! ... pas question de sauter un mot !!!
Nous connaissons le caractère faible de Louis XVI et sa fluctuation pathologique d'une indécision à l'autre devant les événements, mais il n'était pas l'appareil d'Etat à lui tout seul !!!
Or, vous le dites, pendant tout ce laps de temps, soit 4 heures, il semble qu'aucun des ministres n'ait pris sur lui, en attendant les ordres du roi, de faire bloquer les ponts, verrous essentiels sur la route de Paris, par la troupe ce qui aurait permis de voir venir. On attendit l'arrivée des manifestants à Versailles plutôt que de tenter de les stopper au plus loin.
C'est à n'y pas croire !
Louis XVI, se retrouvant emmené manu militari prisonnier à Paris, avec toute sa famille, aurait pu en tirer l'amère leçon et réfléchir sur les dangers de n'écouter que sa pusilanimité .
Eh bien non : il aura la même attitude suicidaire à Varennes et le 10 août.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Mme de Sabran a écrit:
Louis XVI, se retrouvant emmené manu militari prisonnier à Paris, avec toute sa famille, aurait pu en tirer l'amère leçon et réfléchir sur les dangers de n'écouter que sa pusilanimité .
Eh bien non : il aura la même attitude suicidaire à Varennes et le 10 août.
Vous avez parfaitement raison, chère Eléonore. Le 10 aout, confronté à une crise similaire mais beaucoup plus grave, le roi abandonna ses Suisses à la fureur populaire sans penser peut-être qu'il les condamnait à une mort certaine. En effet, comme le savent bien les militaires, les mouvements de retraite sous la pression ennemie sont toujours très difficiles à mettre en oeuvre et dans ce cas particulier certainement encore plus délicat car le combat se déroulait en zone urbaine peu propice aux manoeuvres d'ensemble.
Je cite J-C Petitfils après que Roederer eut proposé au roi de se réfugier à l'Asseblée nationale :
"Louis qui quelques instants auparavant avait déclaré au marquis de Briges et au comte de Saint-Priest qu'il aimait mieux se faire "clouer aux murs du château que de se réfugier à l'Assemblée" se prit à hésiter de faire courir un risque à ses proches. La reine, au contraire, était pleine de pugnacité. Non, il ne fallait pas capituler ! "Monsieur, répondit-elle à Roederer, il y a ici des forces, il est temps de savoir qui l'emportera du roi et de la Constitution ou de la faction!"[...] Louis, toujours raisonnable, trop raisonnable car beaucoup de contemporains ont considéré qu'une ferme détermination du château serait venue à bout de hordes faubouriennes mal organisées et finalement beaucoup moins nombreuses qu'on ne le pensait."
Après le départ du roi, la fusillade éclata à nouveau :
" A deux reprises au moins Louis commanda le cessez le feu. Dans la confusion générale,,comme rien n'y faisait, on lui fit signer un ordre écrit que le maréchal de camp d'Hervilly porta au château : Le roi ordonne aux Suisses de poser à l'instant leurs armes et de se retirer dans leurs casernes".
Ordre absolument irréaliste qui aurait nécessité pour pouvoir être appliqué à la lettre d'entamer une négociation entre les belligérants. Il s'en suivit donc le massacre de très nombreux Suisses, victimes en bons soldats, comme les gardes du corps des journées d'octobre 1789, de leur fidélité au roi et à la mission dont ils étaient chargés. Triste sortie de scène pour ce pauvre roi !
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Roi-cavalerie a écrit:
"Louis qui quelques instants auparavant avait déclaré au marquis de Briges et au comte de Saint-Priest qu'il aimait mieux se faire "clouer aux murs du château que de se réfugier à l'Assemblée"
Tiens ! Je connais cette citation, à ceci près qu'elle est prêtée à la reine .
Elle est sans doute apocryphe, mais ressemble davantage à Marie-Antoinette qu'à son époux .
Ce dénouement du 10 août est affligeant ...
Il me semble certain que Louis n'imagine pas une seconde que ses Suisses vont être impitoyablement massacrés.
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Mme de Sabran a écrit:
Ce dénouement du 10 août est affligeant ...
Il me semble certain que Louis n'imagine pas une seconde que ses Suisses vont être impitoyablement massacrés.
Chère amie,
C'est à mon avis vraisemblable. Le problème de ce roi est que, par certains côtés de sa personnalité, il était un peu "hors sol" ayant passé son enfance et la plus grande partie de son règne dans un monde très protégé, sans même visiter la France réelle en parcourant ses provinces. Qui plus est, à ma connaissance, son éducation militaire avait été négligée. Comme, par ailleurs, il n'avait pas eu l'occasion de participer à des campagnes militaires, il devait être assez loin de la réalité de la guerre. La faute sans doute à son grand-père, à son père, au duc de La Vauguyon, responsables collectivement de sa formation, mais aussi à sa position de cadet. Petitfils écrit dans le tome 1 de son Louis XVI:
" Autre lacune grave: l'absence d'éducation militaire. Louis XIV, Louis XV, le dauphin Louis Ferdinand avaient connu la vie des camps, la poudre et les tranchées, les défilés glorieux.Le lieutenant général de La Vauguyon s'était gardé de lui inculquer les vertus guerrières. Il semble que Louis Auguste, rarement convié à des prises d'armes, n'ait inspecté son régiment de cavalerie, le Dauphin-Dragons, en 1772."
Ceci ne le prédisposait pas à occuper le rôle de "roi de guerre" que ces événements, en quelque sorte, lui réservaient. Resterait à comprendre pour quelles raisons, il n'avaient pas accepté de confier le commandement des troupes à un militaire confirmé en pleine possession de ses moyens en lequel il aurait eu confiance. L'armée française ne manquait pas de lieutenants généraux expérimentés qui avaient fait leur preuve au feu dans la guerre d'Amérique. Je pense à Rochambeau ou au marquis de Bouillé, mais il y en avait sûrement bien d'autres. La lourdeur de l'administration du palais, la rigidité des charges, et la dilution des responsabilités due à leur multiplicité contribuaient sans doute à l'inefficacité du système lorsque des cas non conformes comme ceux-ci se présentaient. Déjà, lors des journées de juillet 1789, il avait fait une erreur de casting en confiant le commandement des opérations militaires au maréchal de Broglie, vieux soldat couvert de gloire, mais vraisemblablement accablé par le poids des années et manifestement dépassé par les opérations de l'ordre en milieu urbain qui lui avaient été confiées. Ceci est peut être une partie de l'explication.
Amitiés. Roi-cavalerie
" Autre lacune grave: l'absence d'éducation militaire. Louis XIV, Louis XV, le dauphin Louis Ferdinand avaient connu la vie des camps, la poudre et les tranchées, les défilés glorieux.Le lieutenant général de La Vauguyon s'était gardé de lui inculquer les vertus guerrières. Il semble que Louis Auguste, rarement convié à des prises d'armes, n'ait inspecté son régiment de cavalerie, le Dauphin-Dragons, en 1772."
Ceci ne le prédisposait pas à occuper le rôle de "roi de guerre" que ces événements, en quelque sorte, lui réservaient. Resterait à comprendre pour quelles raisons, il n'avaient pas accepté de confier le commandement des troupes à un militaire confirmé en pleine possession de ses moyens en lequel il aurait eu confiance. L'armée française ne manquait pas de lieutenants généraux expérimentés qui avaient fait leur preuve au feu dans la guerre d'Amérique. Je pense à Rochambeau ou au marquis de Bouillé, mais il y en avait sûrement bien d'autres. La lourdeur de l'administration du palais, la rigidité des charges, et la dilution des responsabilités due à leur multiplicité contribuaient sans doute à l'inefficacité du système lorsque des cas non conformes comme ceux-ci se présentaient. Déjà, lors des journées de juillet 1789, il avait fait une erreur de casting en confiant le commandement des opérations militaires au maréchal de Broglie, vieux soldat couvert de gloire, mais vraisemblablement accablé par le poids des années et manifestement dépassé par les opérations de l'ordre en milieu urbain qui lui avaient été confiées. Ceci est peut être une partie de l'explication.
Amitiés. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Oui, oui, certainement .
Quelle carence étonnante, n'est-ce pas, dans l'éducation d'un futur roi !
Louis XVI ne mesurait sans doute pas jusqu'où la barbarie allait se déchaîner.
Il n'était pas préparé non plus à la réalité de la situation du fait de sentiments religieux très prégnants, qui l'emportaient chez lui sur d'autres considérations plus immédiates, plus concrètes .
Peut-être s'en remettait-il à la volonté divine, une espèce d' " advienne que pourra ! " ?
Que ta volonté soit faite ... etc ...
Je crois qu'il ne faut pas sous-estimer la dimension religieuse de ses préoccupations et la résignation qui l'emporte, chez lui, annihilant toutes velléités de résistance à l'adversité.
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Très juste, ma chère Eléonore !
Il y a chez Louis XVI une forme de résignation tout autant liée à son caractère qu'à son éducation religieuse (l'exemple du Christ). Son principal défaut est d'avoir eu peur de prendre ses responsabilités et de n'avoir jamais fait les choses qu'à moitié. Il devait prendre parti pour un camp et s'y tenir, sous peine de se retrouver isolé.
Il y a chez Louis XVI une forme de résignation tout autant liée à son caractère qu'à son éducation religieuse (l'exemple du Christ). Son principal défaut est d'avoir eu peur de prendre ses responsabilités et de n'avoir jamais fait les choses qu'à moitié. Il devait prendre parti pour un camp et s'y tenir, sous peine de se retrouver isolé.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Encore un mot sur l'excellent livre de Monsieur Maral qui ne peut que vous inciter à le lire. La multiplicité des témoignages qu'il nous offre, pour certains assez peu connus du grand public, apporte un certain nombre de petits détails qui peuvent présenter un certain intérêt pour ceux qui cherchent à connaitre un peu la réalité des faits derrière les versions officielles qu'on en a faites. Ainsi, ce détail à propos de la reine dans la nuit du 5 au 6 octobre :
" retirée dans ses cabinets, la reine demande à Mme de Tourzel de lui amener ses enfants dès lors qu'elle entendra le moindre bruit: " Elle fit dire à onze heures du soir que, si l'on avait de l'inquiétude, je les menasse, au contraire, sur le champ chez le roi. Elle venait d'être avertie des dangers personnels qu'elle pouvait courir dans son appartement et on l'avait engagée à passer la nuit dans celui du roi, mais elle s'y refusa positivement: " J'aime mieux dit-elle, m'exposer à quelque danger, s'il y en a à courir, et les éloigner de la personne du roi et de mes enfants.""
Roi-cavalerie
" retirée dans ses cabinets, la reine demande à Mme de Tourzel de lui amener ses enfants dès lors qu'elle entendra le moindre bruit: " Elle fit dire à onze heures du soir que, si l'on avait de l'inquiétude, je les menasse, au contraire, sur le champ chez le roi. Elle venait d'être avertie des dangers personnels qu'elle pouvait courir dans son appartement et on l'avait engagée à passer la nuit dans celui du roi, mais elle s'y refusa positivement: " J'aime mieux dit-elle, m'exposer à quelque danger, s'il y en a à courir, et les éloigner de la personne du roi et de mes enfants.""
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Chers amis,
Encore un petit mot sur ce sujet et ce qu'il nous révèle de la personnalité de Louis XVI!
Au récit des journées des 5 et 6 octobres 1789, telles que nous les fait revivre Alexandre Maral, je me suis surpris à me remémorer ces quelques lignes de la conclusion que Joël Félix avait donnée à son livre Louis XVI et Marie-Antoinette un couple en politique (Biographie Payot). Il m'a semblé que le Louis XVI que nous voyons se débattre avec les mégères et les poissardes parisiennes puis capituler en acceptant de revenir à Paris dans le récit de Maral diffère par bien des points du Louis XVI de Joël Félix. Voici ce que nous dit J Félix :
"Avec une telle éducation et des ancêtres aussi célèbres érigés en modèle, Louis XVI ne pouvait pas être un esprit faible et encore moins un homme indécis. Peut-on d'ailleurs vraiment déceler de la faiblesse chez un roi qui fit enfermer Beaumarchais sur un coup de tête à cause de quelques phrases peu respectueuses, qui punit le cardinal de Rohan après que le Parlement l'avait déchargé de toute accusation dans l'affaire du collier, qui résista aux pressions des notables, envoya le Parlement de Paris à Troyes, exila pendant 4 mois le duc d'Orléans ainsi que plusieurs magistrats parisiens et provinciaux en captivité près d'une année ? Doit-on croire que ce fut un roi irrésolu qui a l'issue de trois discussions en Conseil, se rendit devant la représentation nationale le 23 juin 1789 pour casser les décisions du tiers état puis fit aussitôt amasser des troupes autour des châteaux royaux et de la capitale pour préparer sa réaction contre Necker ? Est-ce un homme hésitant qui travailla secrètement dès le mois d'octobre 1790, à préparer sa fuite et qui ne décida d'accepter la Constitution de 1791 qu'avec l'intention de l'utiliser pour mieux parvenir, avec l'aide de son épouse et l'appui des puissances étrangères, à restaurer son autorité contre la Révolution ?
Il n'est pas possible de voir un homme faible en Louis XVI, ce monarque qui, après sa victoire contre l'Angleterre dans le conflit pour la liberté de l'Amérique et des mers, se crut l'égal de Louis XIV. Les contradictions apparentes de ses décisions furent point l'expression de vacillations dans ses convictions ou de travers inhérents à sa personnalités. Elles furent au contraire le résultat des interventions personnelles du roi dans les affaires de sa monarchie pour tenter de restreindre la portée des concessions qu'il avait été contraint d'accorder malgré lui et le plus souvent après si être opposé avec obstination. Les principes de Louis XVI, qui se considérait comme la seule personne capable de décider du bien de son royaume dans l'intérêt de tous, et les devoirs que ses convictions lui imposaient, en tout premier lieu le maintien de l'ordre public et la sécurité des personnes, expliquent qu'il n'hésita jamais à tromper ses ministres, à les utiliser les uns contre les autres, à prétendre même accepter de bonne foi des compromis pour mener plus librement une action secrète destinée à recouvrer la plénitude de son autorité.
Si Louis XVI avait l'âme d'un monarque absolu, il n'eut cependant jamais le désir de régner sur les Français comme un tyran. L'idée que ces actes puissent susciter une guerre civile ou d'avoir à faire couler le sang lui était aussi odieuse qu'à la reine. Cela dit, le roi n'a jamais hésité à donner son aval pour réprimer sévèrement les émeutes populaires, comme par exemple durant la guerre des Farines. En 1788, et avant la réunion des ordres au mois de juin 1789, les Gardes-Françaises avaient déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, de tirer sur la foule des émeutiers dans la capitale et avaient fait plusieurs morts. On peut certainement mettre au crédit du roi son refus, dans la journée du 5 octobre 1789, d'accueillir par des coups de feu, comme on le lui avait suggéré, les quelques milliers de femmes qui étaient en marche sur Versailles. Le roi, au fond chercha toujours à faire usage des troupes pour effrayer, prévenir les débordements et, bien sûr, protéger sa famille contre d'éventuels attentats. Une fois aux Tuileries, il n'eut plus le commandement des troupes chargées de sa sécurité. Le recours à la violence demeura cependant une donnée que le roi intégra dans sa réflexion politique, mais comme une possibilité dont il ne devait faire usage qu'en dernier recours. Il ne cessa jamais d'espérer que des hommes tels que Bouillé lui seraient assez fidèles pour réprimer avec courage les excès des factieux. "
Certes, il s'agit là d'une crise ponctuelle à l'aune de laquelle on ne peut pas tirer des conclusions définitives et complètes sur le caractère de Louis XVI. Néanmoins, son indécision, son manque de réactions face aux événements, ses ordres et ses contre-ordres à contre-temps, et pour finir sa soumission aux volontés des Parisiens ne me paraissent pas être les signes d'un homme "droit dans ses bottes" qui gérerait au mieux une situation compliquée et dangereuse. Cela me le parait d'autant moins qu'on assiste de sa part à des réactions analogues dans d'autres moments de crise qui ont émaillé les quelques années qui lui restaient à vivre. Je pense là à sa décision d'accepter de retirer les troupes rassemblées à Versailles au soir du 14 juillet, à son incapacité à profiter de l'occasion que lui offrait l'arrivée des hussards de Choiseul à Varennes pour forcer son destin ou encore à son choix de suivre le mauvais conseil que lui donnera Roederer dans la journée du 10 août. Certes, Louis XVI n'a pas toujours fait preuve de faiblesse comme le démontre le professeur Félix, mais, comme nous le savons tous, la fermeté ou le courage ne sont pas forcément des qualités permanentes chez un homme. Un tel qui fera preuve de fermeté face une situation dangereuse un jour, s'effondrera un autre en raison du contexte ou de son état psychologique du moment. Cela peut-être était le cas de Louis XVI qui avait manifestement très mal supporté le rejet de son projet de révolution royale par les notables en 1787-1788 et dont le comportement s'est modifié profondément à la suite de cet échec. Et puis, c'est une chose que de se montrer ferme quand son pouvoir n'est pas encore remis en question ce qui était son cas au moment de la guerre des Farines ou lors des émeutes parisiennes du printemps 1789 et de le rester ferme, ce 6 octobre, face à une foule hurlante et déchaînée qui vient directement lui demander des comptes! Voilà les raisons pour lesquelles si je ne réfute pas entièrement l'argumentation de Joël Félix, je ne la partage pas entièrement.
Amicalement. Roi-cavalerie
Encore un petit mot sur ce sujet et ce qu'il nous révèle de la personnalité de Louis XVI!
Au récit des journées des 5 et 6 octobres 1789, telles que nous les fait revivre Alexandre Maral, je me suis surpris à me remémorer ces quelques lignes de la conclusion que Joël Félix avait donnée à son livre Louis XVI et Marie-Antoinette un couple en politique (Biographie Payot). Il m'a semblé que le Louis XVI que nous voyons se débattre avec les mégères et les poissardes parisiennes puis capituler en acceptant de revenir à Paris dans le récit de Maral diffère par bien des points du Louis XVI de Joël Félix. Voici ce que nous dit J Félix :
"Avec une telle éducation et des ancêtres aussi célèbres érigés en modèle, Louis XVI ne pouvait pas être un esprit faible et encore moins un homme indécis. Peut-on d'ailleurs vraiment déceler de la faiblesse chez un roi qui fit enfermer Beaumarchais sur un coup de tête à cause de quelques phrases peu respectueuses, qui punit le cardinal de Rohan après que le Parlement l'avait déchargé de toute accusation dans l'affaire du collier, qui résista aux pressions des notables, envoya le Parlement de Paris à Troyes, exila pendant 4 mois le duc d'Orléans ainsi que plusieurs magistrats parisiens et provinciaux en captivité près d'une année ? Doit-on croire que ce fut un roi irrésolu qui a l'issue de trois discussions en Conseil, se rendit devant la représentation nationale le 23 juin 1789 pour casser les décisions du tiers état puis fit aussitôt amasser des troupes autour des châteaux royaux et de la capitale pour préparer sa réaction contre Necker ? Est-ce un homme hésitant qui travailla secrètement dès le mois d'octobre 1790, à préparer sa fuite et qui ne décida d'accepter la Constitution de 1791 qu'avec l'intention de l'utiliser pour mieux parvenir, avec l'aide de son épouse et l'appui des puissances étrangères, à restaurer son autorité contre la Révolution ?
Il n'est pas possible de voir un homme faible en Louis XVI, ce monarque qui, après sa victoire contre l'Angleterre dans le conflit pour la liberté de l'Amérique et des mers, se crut l'égal de Louis XIV. Les contradictions apparentes de ses décisions furent point l'expression de vacillations dans ses convictions ou de travers inhérents à sa personnalités. Elles furent au contraire le résultat des interventions personnelles du roi dans les affaires de sa monarchie pour tenter de restreindre la portée des concessions qu'il avait été contraint d'accorder malgré lui et le plus souvent après si être opposé avec obstination. Les principes de Louis XVI, qui se considérait comme la seule personne capable de décider du bien de son royaume dans l'intérêt de tous, et les devoirs que ses convictions lui imposaient, en tout premier lieu le maintien de l'ordre public et la sécurité des personnes, expliquent qu'il n'hésita jamais à tromper ses ministres, à les utiliser les uns contre les autres, à prétendre même accepter de bonne foi des compromis pour mener plus librement une action secrète destinée à recouvrer la plénitude de son autorité.
Si Louis XVI avait l'âme d'un monarque absolu, il n'eut cependant jamais le désir de régner sur les Français comme un tyran. L'idée que ces actes puissent susciter une guerre civile ou d'avoir à faire couler le sang lui était aussi odieuse qu'à la reine. Cela dit, le roi n'a jamais hésité à donner son aval pour réprimer sévèrement les émeutes populaires, comme par exemple durant la guerre des Farines. En 1788, et avant la réunion des ordres au mois de juin 1789, les Gardes-Françaises avaient déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, de tirer sur la foule des émeutiers dans la capitale et avaient fait plusieurs morts. On peut certainement mettre au crédit du roi son refus, dans la journée du 5 octobre 1789, d'accueillir par des coups de feu, comme on le lui avait suggéré, les quelques milliers de femmes qui étaient en marche sur Versailles. Le roi, au fond chercha toujours à faire usage des troupes pour effrayer, prévenir les débordements et, bien sûr, protéger sa famille contre d'éventuels attentats. Une fois aux Tuileries, il n'eut plus le commandement des troupes chargées de sa sécurité. Le recours à la violence demeura cependant une donnée que le roi intégra dans sa réflexion politique, mais comme une possibilité dont il ne devait faire usage qu'en dernier recours. Il ne cessa jamais d'espérer que des hommes tels que Bouillé lui seraient assez fidèles pour réprimer avec courage les excès des factieux. "
Certes, il s'agit là d'une crise ponctuelle à l'aune de laquelle on ne peut pas tirer des conclusions définitives et complètes sur le caractère de Louis XVI. Néanmoins, son indécision, son manque de réactions face aux événements, ses ordres et ses contre-ordres à contre-temps, et pour finir sa soumission aux volontés des Parisiens ne me paraissent pas être les signes d'un homme "droit dans ses bottes" qui gérerait au mieux une situation compliquée et dangereuse. Cela me le parait d'autant moins qu'on assiste de sa part à des réactions analogues dans d'autres moments de crise qui ont émaillé les quelques années qui lui restaient à vivre. Je pense là à sa décision d'accepter de retirer les troupes rassemblées à Versailles au soir du 14 juillet, à son incapacité à profiter de l'occasion que lui offrait l'arrivée des hussards de Choiseul à Varennes pour forcer son destin ou encore à son choix de suivre le mauvais conseil que lui donnera Roederer dans la journée du 10 août. Certes, Louis XVI n'a pas toujours fait preuve de faiblesse comme le démontre le professeur Félix, mais, comme nous le savons tous, la fermeté ou le courage ne sont pas forcément des qualités permanentes chez un homme. Un tel qui fera preuve de fermeté face une situation dangereuse un jour, s'effondrera un autre en raison du contexte ou de son état psychologique du moment. Cela peut-être était le cas de Louis XVI qui avait manifestement très mal supporté le rejet de son projet de révolution royale par les notables en 1787-1788 et dont le comportement s'est modifié profondément à la suite de cet échec. Et puis, c'est une chose que de se montrer ferme quand son pouvoir n'est pas encore remis en question ce qui était son cas au moment de la guerre des Farines ou lors des émeutes parisiennes du printemps 1789 et de le rester ferme, ce 6 octobre, face à une foule hurlante et déchaînée qui vient directement lui demander des comptes! Voilà les raisons pour lesquelles si je ne réfute pas entièrement l'argumentation de Joël Félix, je ne la partage pas entièrement.
Amicalement. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Comme, avec Joël Félix, nous nous éloignons d'Alexandre Maral , cher Roi-cavalerie, je vous réponds ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t90p150-portrait-moral-de-louis-xvi#117386
https://marie-antoinette.forumactif.org/t90p150-portrait-moral-de-louis-xvi#117386
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Voici venue la parution en format poche du livre que notre ami Roi-Cavalerie nous recommandait chaudement lors de sa première édition (lire nos messages ci-dessus) :
Les derniers jours de Versailles
De Alexandre Maral
Editions Tempus (Oct. 2022)
832 pages
Présentation :
La fin d'un monde.
L’année 1789 est une succession d’épisodes d’une densité et d’un rythme sans précédents. Le 17 juin, le roi perd son pouvoir au profit de l’Assemblée nationale. Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d’une révolution populaire le 14 juillet, d’une révolution sociétale le 4 août, d’une révolution idéologique le 26 août, d’une révolution sociale les 5 et 6 octobre. En moins de quatre mois, un système plus que millénaire est abattu.
Alexandre Maral restitue l’enchaînement, serré, des événements à la lumière de la perception qu’en ont eue les habitants du lieu – souverains, courtisans, députés, citadins.
S’appuyant sur des archives, des périodiques, des témoignages personnels et des dépositions inédites, il revient avec maestria sur un processus qui contient en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.
Qui est l'auteur ?
Archiviste-paléographe, docteur ès lettres, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Alexandre Maral est conservateur général au château de Versailles, où il est chargé des collections de sculpture et directeur du Centre de recherche.
Les éditions Perrin ont déjà publié ses ouvrages intitulés Le Roi-Soleil et Dieu. Essai sur la religion de Louis XIV (préface de Marc Fumaroli), Le Roi, la Cour et Versailles. Le coup d’éclat permanent, 1682-1789, Les Derniers Jours de Louis XIV et Femmes de Versailles.
Les derniers jours de Versailles
De Alexandre Maral
Editions Tempus (Oct. 2022)
832 pages
Présentation :
La fin d'un monde.
L’année 1789 est une succession d’épisodes d’une densité et d’un rythme sans précédents. Le 17 juin, le roi perd son pouvoir au profit de l’Assemblée nationale. Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d’une révolution populaire le 14 juillet, d’une révolution sociétale le 4 août, d’une révolution idéologique le 26 août, d’une révolution sociale les 5 et 6 octobre. En moins de quatre mois, un système plus que millénaire est abattu.
Alexandre Maral restitue l’enchaînement, serré, des événements à la lumière de la perception qu’en ont eue les habitants du lieu – souverains, courtisans, députés, citadins.
S’appuyant sur des archives, des périodiques, des témoignages personnels et des dépositions inédites, il revient avec maestria sur un processus qui contient en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.
Qui est l'auteur ?
Archiviste-paléographe, docteur ès lettres, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Alexandre Maral est conservateur général au château de Versailles, où il est chargé des collections de sculpture et directeur du Centre de recherche.
Les éditions Perrin ont déjà publié ses ouvrages intitulés Le Roi-Soleil et Dieu. Essai sur la religion de Louis XIV (préface de Marc Fumaroli), Le Roi, la Cour et Versailles. Le coup d’éclat permanent, 1682-1789, Les Derniers Jours de Louis XIV et Femmes de Versailles.
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les derniers jours de Versailles. De Alexandre Maral
Rediffusion de l'entretien radiophonique avec l'auteur, sur la chaîne Storiavoce, si vous ne l'aviez pas écouté à l'époque de la parution du livre...
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
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