Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
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Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
De Bièvre à Brisset : du calembour de salon au calembour cosmique
article de Bernard Champion
LE CALEMBOUR FACE À LA RÉVOLUTION
L’étymologie du mot calembour est discutée. Sa description en revanche ne pose pas spécialement question : C’est un redoublement de la ligne sémantique et sa subtilité, si l’on peut dire, consiste à offrir, par un phénomène de réverbération sonore, une fausse fenêtre au sens produit par la phrase : l’homophonie bouscule le sens. Cette discontinuité crée un effet de surprise qui se dénoue par le rire.
« Fiente de l’esprit qui vole » a pu dire Victor Hugo du calembour : c’est-à-dire une certaine forme d’esprit, qui, au fond, dénie au langage sa capacité à peser sur le réel. Le calembour exprime sans doute une maîtrise-verbale –, mais cette maîtrise s’épuise dans la circularité d’un verbe auto-référentiel. Il suppose ou ne crée du sens que pour le nier. Il n’y a ainsi aucune relation significative entre la gaieté et le guéridon (Si t’es gai, ris donc !) qui est pourtant supposé la provoquer.
Mais cette construction-destruction est réputée créer un effet plaisant. Le modèle conceptuel du calembour pourrait être l’exploit du potache qui met bout à bout des mots authentiquement latins dont la succession n’a aucun sens, pour composer des phrases sensées (de préférence salaces ) dans sa langue maternelle, du type : Cleopater certe cuis, Caesar latremens – potache que, bien entendu, remplissent d’aise les fameux : Par trois fois dans son sein, le fer a repassé (pastiche du malheureux Corneille ), Quand on pousse Fred Astaire, ça Gene Kelly , dans quel état j’erre !, J’me tire ailleurs parce que c’est plus bath ailleurs , Cicéron c’est Poincaré, etc.
Bièvre, fut la coqueluche des salons avant la Révolution de 1789 et ses calembours (entre autres) lui valent d’être fait marquis. Bièvre sera de la première émigration quand éclate la Révolution française.
À sa manière, le calembour, jeu irresponsable, est un défi à la raison utilitaire et matérialiste qui soutient la Révolution française, l’épopée de Bonaparte en Europe et, au terme du siècle, le partage de l’Afrique par les nations européennes à la conférence de Berlin en 1895. Un défi à l’histoire et au progrès. Le calembour, c’est le son qui prend le sens en défaut, ou, pour Brisset, c’est le son et rien que le son qui crée le sens. Le calembour, c’est la négation de la double articulation et de l’arbitraire du signe qui spécifient le langage de l’homme.
Y a-t-il un sens-et quel sens-à prendre ainsi le progrès en dérision ?
FRANÇOIS-GEORGES MARÉCHAL, MARQUIS DE BIÈVRE
À la veille de la Révolution française, la carrière littéraire du marquis de Bièvre (François-Georges Maréchal, Marquis de Bièvre : 1747-1789), le « calembourdier par excellence » selon un contemporain (on dit aussi « calembourdiste »), est probablement révélatrice, dans son système, de la fonction ordinaire du calembour : jouer et se jouer du réel.
« À l’époque où Georges de Bièvre endossa la casaque des mousquetaires, la mode voulait que tout gentilhomme affichât des prétentions littéraires ; chacun s’essayait à composer des odes, à rimer des couplets, à trouver des épigrammes. Les plus habiles de ces innombrables poètes voyaient leurs pièces fugitives imprimées dans l’Almanach des Muses, où trônait Voltaire, et c’était pour eux la consécration. »
Bièvre est représentatif de cette philosophie de la conversation et de l’esprit des salons décriés par Rousseau dans sa critique du « vaste désert du monde » L’homonymie et la paronymie préfèrent la voix à l’écriture et le calembour prospère d’abord en situation. L’esprit, qui fait la distinction et la réputation, met en vedette la parole vive, l’à-propos du face-à-face, la répartie, soit un art du contact où l’empathie sociale culmine quand fuse un (bon) mot qui fait rire ou sourire de concert ce microcosme que constitue un salon.
En 1770, Bièvre fait imprimer sa Lettre écrite à Mme la comtesse Tation par le sieur de Bois-Flotté, étudiant en droit fil, ouvrage traduit de l’anglais. L’entête, qui ne mentionne pas de nom d’auteur, indique : « À Amsterdam, aux dépens de la Compagnie de perdreaux ». « Quand parut la Lettre à Mme la comtesse Tation, on ne manqua pas de dire que M. de Bièvre avait eu pour collaborateurs l’abbé Tise et l’abbé Vue ; le succès de cette facétie n’en fut pas moins extraordinaire. »
Voici ce qu’en écrit Grimm dans sa Correspondance adressée à un souverain d’Allemagne :
« avril 1770. Un Mousquetaire, dont le nom ne me revient pas, a publié il y a quelque temps une Lettre écrite à Mme la comtesse Tation par le sieur de Bois-Flotté, étudiant en droit fil, ouvrage traduit de l’anglais : nouvelle édition, augmentée de plusieurs notes d’infamie. Ce titre vous met au fait du genre de plaisanteries qui règne dans cette brochure. C’est un recueil de pointes, de jeux de mots, de rébus et de calembours [...]. Le plus détestable genre de plaisanteries est celui qui, en se servant d’un mot dans un sens ordinaire, y ajoute un autre mot qui peut s’y trouver joint dans d’autres circonstances, et qui, dans l’occasion où l’auteur l’ajoute, n’offre aucun sens [...]. Qu’un Mousquetaire s’amuse à faire des platitudes si misérables et à les imprimer, le mal n’est assurément pas grand [...] Mais que cette insipide et exécrable rapsodie ait fait dans le public plus de sensation qu’aucun des ouvrages publiés dans le cours de l’hiver, qu’on en ait fait plusieurs éditions en très peu de semaines, et que, pendant plus de quinze jours, on n’ait parlé que de la comtesse Tation, voilà une note d’infamie qui retombe directement sur le public, et dont il ne se relèvera pas de si tôt dans mon esprit. »
L’invraisemblable succès de la Lettre à la comtesse Tation, qui justifie une quinzaine d’éditions, fait penser à la contamination d’une fièvre de rire. Georges de Bièvre devient aussitôt une des personnalités les plus en vue des salons, protégé de Louis XV qui le fait marquis.
Il récidivera avec les Variations comiques de l’abbé Quille , une tragédie, Vercingentorixe (1770), et les Amours de l’ange Lure , roman historique (1772). Quand il écrit sa Lettre, il a vingt-trois ans. Il notera, dans une Dissertation sur les jeux de mots (1799), philosophant sur cet art qui lui a valu une gloire éphémère (il sera sollicité par Diderot, en 1776, pour écrire la notice « Kalembour ou Calembour » destiné au Supplément à l’Encyclopédie), la relation entre la jeunesse et la frénésie des jeux de mots : « Les jeunes gens doués d’imagination, et dont le goût n’est pas encore formé, explique-t-il, sont presque tous éblouis par ces antithèses recherchées [...] Il en est peu qui, à leur entrée dans le monde, ne paient à la frivolité un tribut de quolibets ».
Même si la fièvre retombe rapidement, le succès foudroyant de calembours aussi lamentables que « De nos pères de bas imitons la constance », « Ton image en mon coeur sera peinte ou chopine », « Je vais me retirer dans ma tente ou ma nièce » , tous tirés de Vercingentorixe, laisse songeur.
Il y a, en effet, une sorte d’hébéphrénie dans cet usage mécanique du calembour, propre à l’adolescence, vraisemblablement nécessaire à l’apprentissage de soi, et largement hermétique pour qui a passé cet âge climatérique. La lecture de Vercingentorixe demande ainsi un temps d’accommodation, tant la production de calembours (un par vers, matérialisé par des italiques) y brouille l’expression, jusqu’à ce qu’il apparaisse que le calembour entre (conformément à la définition rappelée plus haut), non pas dans la construction de la ligne sémantique, mais dans sa destruction. C’est, en l’espèce, une rime ou une cheville, dans le genre « poils aux dents » de l’humour potache, une interférence qui vient redoubler phonétiquement le mot cible. Ainsi :
Mais plus que toi Sylvie est adroite en rentrant,
Ne peut-on vivre heureux sans elle de dindon,
Je méritais plutôt d’être plaint comme un oeuf.
Pourquoi ce ton salé ? Prenez un air de boeuf.
Je sus, comme un cochon, résister à leurs armes,
Et je pus, comme un bouc, dissiper vos alarmes.
Ne peut-on vivre heureux sans elle de dindon,
Je méritais plutôt d’être plaint comme un oeuf.
Pourquoi ce ton salé ? Prenez un air de boeuf.
Je sus, comme un cochon, résister à leurs armes,
Et je pus, comme un bouc, dissiper vos alarmes.
L’adolescent familier qui répète systématiquement la phrase que l’adulte vient d’énoncer (y compris, bien entendu, celle qui le prie de cesser de faire le perroquet) s’installe dans une même dénégation de la communication, dans une production de sens, une écholalie qui ne vise que la destruction du sens, le dire du rien. Cet investissement parodique de la langue n’est pas gratuit. Il exprime, sans doute, la maîtrise, ou l’exercice, du locuteur.
Sous la plume du marquis, Vercingentorixe est probablement aussi une caricature et une démystification de ces « Gaulois » et de ce Tiers État supposé devoir reprendre le pouvoir à ces descendants des Francs qui les auraient subjugués. Mais il trahit aussi bien la frivolité ou l’impuissance du même locuteur, quand la réalité n’existe que pour entrer dans les jeux des mots et se plier au désir du calembourdier.
Le marquis aurait ainsi fait planter des ifs dans sa propriété, au nombre de six, afin de pouvoir dire au moment crucial à l’objet de sa flamme « Voilà l’endroit des six ifs » :
Le marquis se plaisait à promener ses futures conquêtes dans les mystérieux labyrinthes des bosquets [...] « Nous entrâmes, poursuit la duchesse d’Abrantès, dans une forêt de sapins dont l’ombre mystérieuse avait engagé Monsieur de Bièvre à en faire un lieu propre à tout ce que pouvait permettre une retraite aussi solitaire, et, dans un rond assez bien entouré de talus recouvert de gazon, dans lequel on avait semé quantité de violettes et de pensées sauvages, on voyait six ifs plantés symétriquement. »
C’est là que le châtelain amenait ses jolies invitées, après maint assaut livré à leur vertu,
« Madame, s’écriait-il, voici l’endroit des six ifs ( décisif ) ! »
Vertige de l’âge, vertige des mots, vertige de l’histoire, aussi, qui va emporter dans sa tourmente « beaux esprits de cour » et « bretteurs de langue ». Le marquis est de la première émigration. Il décèdera en Allemagne, en octobre 1789.
Bièvre illustre les derniers éclats d’une civilisation condamnée par l’histoire, mais aussi une manière de refus de la raison triomphante. Il est parfaitement conscient, dans sa Dissertation, de la différence entre le jeu de mots et le bon mot.
« Lorsque la finesse d’une saillie ne consiste pas dans une équivoque, mais dans une idée ingénieuse, exprimée avec précision, ce n’est plus un jeu de mots, c’est véritablement un bon mot. Il n’en échappe qu’aux gens d’esprit, tandis que le jeu de mots est l’esprit de ceux qui n’en ont pas. »
Dans son article « Calembour » pour le Supplément de l’Encyclopédie, Bièvre n’en revendique pas moins la recette du jeu de mots et son effet : « Tantôt l’idée du calembour n’a pas l’ombre du bon sens, mais alors il n’en est que plus plaisant, parce qu’il transporte tout à coup l’imagination fort loin du sujet dont on parle, pour ne lui offrir qu’une puérilité piquante et curieuse. »
Bièvre proclame en effet une volonté de « gaieté » contre les « tristes amateurs de l’esprit public » : « J’ai jugé que le calembour pourrait fort bien tenir lieu d’arme défensive contre ces ennuyeux personnages [...] Le goût du calembour n’est point une maladie chez moi, mais une ressource innocente pour repousser l’ennui et rappeler la gaieté. »
Il revendique la « frivolité » contre la « vanité des sérieux ». Davantage, il dénie à la raison et aux philosophes la capacité à expliquer le monde.
Selon une publicité citée par Antoine de Baecque (ibid., p. 21).
« Inventeur de cet art très sublime de se passer d’instruction et de suppléer aux sciences par les calembours », il se pose, dans une lettre adressée à la Bibliothèque universelle des romans, en avril 1776, en sectateur de la « faction satyrique » contre le « complot philosophique », sa « froide jactance » et sa vaine prétention à expliquer les mystères de l’univers, en « aiguillon du Parnasse français » contre le parler « rude et barbare » des « imitateurs des mœurs étrangères ». La critique des « philosophes », des « raisonneurs » et autres Cacouacs est dans l’air du temps.
Charles Palissot de Montenoy les représente ainsi :
Palissot de Montenoy Charles, Les Philosophes, comédie en trois actes et en vers, Paris, Duchêne, (...)
Nous n’extravagons plus qu’à force de raison.
D’abord on a banni cette gaieté grossière
Délice des traitants, aliment du vulgaire.
À nos soupers décents, tout au plus on sourit.
Si l’on s’ennuie, au moins c’est avec de l’esprit.
D’abord on a banni cette gaieté grossière
Délice des traitants, aliment du vulgaire.
À nos soupers décents, tout au plus on sourit.
Si l’on s’ennuie, au moins c’est avec de l’esprit.
Alors qu’il est désormais interdit de faire des calembours en présence du roi (le serrurier ne les comprenait pas) et que la révolution éclate, Bièvre persiste et signe :
« La révolution qui est en train de produire tant de changements n’a presque rien opéré sur le caractère français. Même frivolité, même goût pour le bel esprit. Paris, ce pays si fertile en contrastes, offre ce genre des excès d’extravagance. Tandis que tout est en combustion, le Parisien joue sur les mots, et se console avec des calembours. »
Sans doute. Mais il y a des limites au pouvoir des jeux de mots et l’on pourrait opposer au marquis et à sa philosophie de l’accommodement par le rire une parodie de la réplique de Liancourt à Louis XVI : « Non, marquis, ce n’est pas une comtesse Tation, c’est une Révolution ! »
http://books.openedition.org/pupo/3625?lang=fr
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Georges-François Mareschal de Bièvre était l'arrière-petit-fils de Georges Mareschal, seigneur de Bièvre, premier chirurgien de Louis XIV; en récompense des services rendus à la couronne par sa famille, la seigneurie de Bièvre fut érigée en marquisat pour lui et ses héritiers mâles, suivant lettres patentes signées de Louis XV au mois de juin 1770. Mousquetaire du roi depuis 1700, le marquis de Bièvre reçut en 1771 le grade de capitaine de cavalerie et acquit en 1772 la charge de maréchal-général-des-logis des Camps et Armées. La même année, le comte de Provence le choisissait pour son « écuyer ordinaire » ; il resta auprès de ce prince, devenu « Monsieur », jusqu'en 1784. Pendant ce temps, il parvenait au rang de « mestre-de-camp », ou de colonel, qu'il obtint en 1780; quatre ans plus tard, il fut nommé chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.
Tout en jouant sur les mots, M. de Bièvre se consacrait à la poésie dramatique; en 1783, il lit représenter au Théâtre Français une comédie de caractère intitulée le Séducteur, et les Parisiens accueillirent par leurs applaudissements cette première œuvre sérieuse du calembouriste; imprimé peu après, le Séducteur resta au répertoire du Théâtre-Français.
En 1788, le marquis de Bièvre donnait à la Comédie une nouvelle pièce : les Réputations ; mais ses critiques des salons et des journalistes littéraires s'y multipliaient avec tant d'àpreté que l'ouvrage fut mal accueilli. L'année suivante, à peine âgé de quarante-deux ans, Bièvre décédait en Allemagne après une courte maladie.
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Il est élégant d'affirmer l'ineptie du calembour et l'on traite dédaigneusement le genre d'esprit dont il émane. Mais, en dépit de ses contempteurs, le jeu de mots, survivant au marquis de Bièvre, est devenu presque national : le plaisir que prend le public des théâtres aux « à-peu-près » de ses acteurs favoris montre que le calembour procède d'une tournure d'esprit particulière aux Français.
Les plus graves personnages ne peuvent retenir leur sourire quand ils entendent une équivoque spirituelle. « Je sais le peu de cas que l'on doit faire en général des jeux de mots, écrivait le duc de Lévis, ils sont même pitoyables quand ils reviennent trop souvent, et surtout lorsqu'ils sont étudiés; mais je sais aussi que, quand ces plaisanteries sont inattendues et inspirées par l'occasion, elles n'ont pas été dédaignées par les plus grands hommes de tous les âges et de tous les pays. »
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Merci Mme de Sabran le champagne !
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Je vais lire tout cela à tête reposée un peu plus tard et grand merci pour cette découverte !
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Bienvenue au club Momo !Gouverneur Morris a écrit:Merci Mme de Sabran le champagne !
Merci pour cet esprit plein de sel que je découvre Eléo !
Sinon, - mais à notre époque - c'est Boby LAPOINTE qui a excellé !!!
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Entièrement d'accord avec vous, ma chère Diane !!!
Bobby Lapointe était un maître en la matière . Il me fait tordre de rire !
Dis, à m'aimer consens, va !
Dis-lui toi-même, à Mémé, qu'on s'en va .
Bobby Lapointe était un maître en la matière . Il me fait tordre de rire !
Dis, à m'aimer consens, va !
Dis-lui toi-même, à Mémé, qu'on s'en va .
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Le marquis de Bièvre appartenait à une famille parisienne d'origine étrangère.
Son trisaïeul , John Marshall , gentilhomme irlandais , avait émigré en France pendant les troubles du règne de Charles I". Mettant son épée au service de Louis XIII, alors engagé dans la guerre de Trente ans, il devint capitaine au régiment de Guiche-Cavalerie et fut grièvement blessé à Rocroy, en 1643. Comme la perte de son bras droit l'obligeait à quitter le service du roi, il vint habiter Calais, puis Gravelines.
Pendant les vingt-huit ans que l'émigré irlandais passa dans ces deux villes, des revers de fortune le réduisirent à la misère, et, quand il mourut en 1671. son fils, Georges, alors âgé de treize ans, se trouva sans ressources et sans protecteurs.
L'ascendance du calembouriste offre alors un bel exemple de rebondissement social. Obligé d'apprendre un métier, Georges Mareschal vint étudier la chirurgie à Paris. Après quelques années, il était le meilleur opérateur de France, et, en 1703, Louis XIV le choisissait comme « premier- chirurgien ». Il succède ainsi à Charles-François Félix ( qui avait opéré la fameuse fistule anale de sinistre souvenir )
La loyauté de son caractère lui valut bientôt l'intime confiance du Roi-soleil : en 1707, Mareschal reprit le rang dont la détresse de l'exil avait privé son père, car il reçut du roi des lettres de noblesse héréditaire. Ces lettres lui donnaient le droit « de tenir et posséder tous fiefs, terres et seigneuries nobles de quelque titre et qualité qu'elles soient »; il acquit en 1712 la chàtellenie de Bièvre, près Versailles. Conservant sa charge auprès de Louis XV, le premier-chirurgien utilisa pour les progrès de son art le crédit dont le jeune souverain l'honorait et fonda en 1731 la fameuse Académie royale de Chirurgie. Georges Mareschal, seigneur de Bièvre, Vélizy, Montéclain, Favreuse, etc., chevalier de l'ordre de Saint-Michel, mourut le 13 décembre 1736.
Son trisaïeul , John Marshall , gentilhomme irlandais , avait émigré en France pendant les troubles du règne de Charles I". Mettant son épée au service de Louis XIII, alors engagé dans la guerre de Trente ans, il devint capitaine au régiment de Guiche-Cavalerie et fut grièvement blessé à Rocroy, en 1643. Comme la perte de son bras droit l'obligeait à quitter le service du roi, il vint habiter Calais, puis Gravelines.
Pendant les vingt-huit ans que l'émigré irlandais passa dans ces deux villes, des revers de fortune le réduisirent à la misère, et, quand il mourut en 1671. son fils, Georges, alors âgé de treize ans, se trouva sans ressources et sans protecteurs.
L'ascendance du calembouriste offre alors un bel exemple de rebondissement social. Obligé d'apprendre un métier, Georges Mareschal vint étudier la chirurgie à Paris. Après quelques années, il était le meilleur opérateur de France, et, en 1703, Louis XIV le choisissait comme « premier- chirurgien ». Il succède ainsi à Charles-François Félix ( qui avait opéré la fameuse fistule anale de sinistre souvenir )
La loyauté de son caractère lui valut bientôt l'intime confiance du Roi-soleil : en 1707, Mareschal reprit le rang dont la détresse de l'exil avait privé son père, car il reçut du roi des lettres de noblesse héréditaire. Ces lettres lui donnaient le droit « de tenir et posséder tous fiefs, terres et seigneuries nobles de quelque titre et qualité qu'elles soient »; il acquit en 1712 la chàtellenie de Bièvre, près Versailles. Conservant sa charge auprès de Louis XV, le premier-chirurgien utilisa pour les progrès de son art le crédit dont le jeune souverain l'honorait et fonda en 1731 la fameuse Académie royale de Chirurgie. Georges Mareschal, seigneur de Bièvre, Vélizy, Montéclain, Favreuse, etc., chevalier de l'ordre de Saint-Michel, mourut le 13 décembre 1736.
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Son fils aîné, Georges-Louis Mareschal, seigneur de Bièvre, Vélizy et autres lieux, exerça près de Louis XIV et Louis XV trois charges de Cour ; d'abord premier-chirurgien de Sa Majesté en survivance de son père, puis maître d'hôtel et gentil- homme ordinaire du roi, enfin fermier-général, il mourut le 5 mai 1747, laissant sept enfants.
Suivant l'usage des familles nobles, ses quatre fils incorporèrent à leur nom patronymique ceux des seigneuries paternelles et s'appelèrent : Georges Mareschal de Bièvre, Alexandre Mareschal de la Châtaigneraie, Denis Mareschal de Montéclain et Charles Mareschal de Favreuse. Leurs sœurs épousèrent, l'une, Gilles Charpentier d'Audron, vicomte de Couvrelles, directeur -intendant de
l'Hôtel royal des Invalides; la seconde, Jacques Roussel, seigneur de Rocquancourt et de la Celle, secrétaire du roi, puis fermier-général; la troisième, François Marchant de Varennes, maître d'hôtel du roi, fermier-général après son heau-frère Jacques Roussel.
M. de Bièvre, l'aîné des petits-fils du premier-chirurgien de Louis XIV, devait être le père de notre calembouriste.
Ne à Paris le 8 août 1719, le jeune homme s'adonna au droit et fut nommé par le roi conseiller au Parlement de Paris en la première
Chambre des Enquêtes, suivant lettres patentes du 18 décembre 1744 (3). Le 29 du même mois, il épousait Marie-Anne Eynaud, fille de Léon Eynaud, écuyer, secrétaire du Roi, seigneur de Saultonne, la Mothe-Gharente et autres lieux.
Le 22 novembre 1746, le conseiller eut une fille qu'il appela Louise; moins d'un an après, il mourait presque subitement le 28 septembre 1747, laissant sa femme grosse d'un fils qui devait être le si spirituel marquis de Bièvre .
Suivant l'usage des familles nobles, ses quatre fils incorporèrent à leur nom patronymique ceux des seigneuries paternelles et s'appelèrent : Georges Mareschal de Bièvre, Alexandre Mareschal de la Châtaigneraie, Denis Mareschal de Montéclain et Charles Mareschal de Favreuse. Leurs sœurs épousèrent, l'une, Gilles Charpentier d'Audron, vicomte de Couvrelles, directeur -intendant de
l'Hôtel royal des Invalides; la seconde, Jacques Roussel, seigneur de Rocquancourt et de la Celle, secrétaire du roi, puis fermier-général; la troisième, François Marchant de Varennes, maître d'hôtel du roi, fermier-général après son heau-frère Jacques Roussel.
M. de Bièvre, l'aîné des petits-fils du premier-chirurgien de Louis XIV, devait être le père de notre calembouriste.
Ne à Paris le 8 août 1719, le jeune homme s'adonna au droit et fut nommé par le roi conseiller au Parlement de Paris en la première
Chambre des Enquêtes, suivant lettres patentes du 18 décembre 1744 (3). Le 29 du même mois, il épousait Marie-Anne Eynaud, fille de Léon Eynaud, écuyer, secrétaire du Roi, seigneur de Saultonne, la Mothe-Gharente et autres lieux.
Le 22 novembre 1746, le conseiller eut une fille qu'il appela Louise; moins d'un an après, il mourait presque subitement le 28 septembre 1747, laissant sa femme grosse d'un fils qui devait être le si spirituel marquis de Bièvre .
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Grand merci Eléonore pour ces beaux compléments généalogiques et biographiques de la famille de Georges- François Mareschal.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Mais je vous en prie, Domi, c'est un plaisir .
Un jour, M. de Bièvre tint le pari de répondre à toute question par un vers de Virgile approprié . C'était à Versailles, et Marie-Antoinette, apprenant cette gageure, voulut embarrasser l'imprudent :
« Marquis, lui dit-elle, combien de fois reçûtes-vous le fouet pendant votre enfance? »
Les traits du gentilhomme exprimèrent à l'instant une pathétique émotion, tandis qu'il s'écriait :
« Infandum, regina, jubés renovare dolorem! »
( " Reine, vous m'ordonnez de renouveler une indicible douleur " .)
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Pourquoi les frotteurs aiment-ils la musique ? demanda un jour le marquis de Bièvre à Grétry.
- Parce qu'ils y trouvent un do, mi, si, la, sol, fa, si, la, si, ré
(domicile à sol facile à cirer)
- Parce qu'ils y trouvent un do, mi, si, la, sol, fa, si, la, si, ré
(domicile à sol facile à cirer)
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Excellent !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Il devait être de bonne compagnie, ce marquis!
Monsieur de la Pérouse- Messages : 506
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
On ferait un recueil des jeux de mots, souvent pitoyables comme c'est l'écueil du genre ( ) , du marquis de Bièvre. A la suite de la première représentation du Séducteur, l'acteur Molé lui confie ses craintes de ne pouvoir tenir le rôle principal parce qu'il est enroué. « Mais c'est précisément en roué qu'il faut jouer ! répond M. de Bièvre. » — « Faites-moi donc un calembourg ! lui dit brusquement un jour le roi Louis XV. — Mais, sur quel sujet, Sire?— Sur moi. — Oh! Sire, réplique Bièvre, Votre Majesté n'est pas un sujet. »
Et comme Marie-Antoinette, un peu plus tard, lui posait ex abrupto la même question, le marquis un instant hésite, puis, s'apercevant que la reine porte des souliers verts sans ornements : « Madame, dit-il en s'inclinant, l'univers est aux pieds de Votre Majesté. »
( Baron de Maricourt )
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
On ferait un recueil des jeux de mots, souvent pitoyables comme c'est l'écueil du genre ( ) , du marquis de Bièvre. A la suite de la première représentation du Séducteur, l'acteur Molé lui confie ses craintes de ne pouvoir tenir le rôle principal parce qu'il est enroué. « Mais c'est précisément en roué qu'il faut jouer ! répond M. de Bièvre. » — « Faites-moi donc un calembourg ! lui dit brusquement un jour le roi Louis XV. — Mais, sur quel sujet, Sire?— Sur moi. — Oh! Sire, réplique Bièvre, Votre Majesté n'est pas un sujet. »
Et comme Marie-Antoinette, un peu plus tard, lui posait ex abrupto la même question, le marquis un instant hésite, puis, s'apercevant que la reine porte des souliers verts sans ornements : « Madame, dit-il en s'inclinant, l'univers est aux pieds de Votre Majesté. »
( Baron de Maricourt )
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Mme de Sabran a écrit:
On ferait un recueil des jeux de mots, souvent pitoyables comme c'est l'écueil du genre ( ) , du marquis de Bièvre. A la suite de la première représentation du Séducteur, l'acteur Molé lui confie ses craintes de ne pouvoir tenir le rôle principal parce qu'il est enroué. « Mais c'est précisément en roué qu'il faut jouer ! répond M. de Bièvre. » — « Faites-moi donc un calembourg ! lui dit brusquement un jour le roi Louis XV. — Mais, sur quel sujet, Sire?— Sur moi. — Oh! Sire, réplique Bièvre, Votre Majesté n'est pas un sujet. »
Et comme Marie-Antoinette, un peu plus tard, lui posait ex abrupto la même question, le marquis un instant hésite, puis, s'apercevant que la reine porte des souliers verts sans ornements : « Madame, dit-il en s'inclinant, l'univers est aux pieds de Votre Majesté. »
( Baron de Maricourt )
J'adore les jeux de mots du marquis de Bièvre
J'ai un livre sur lui que je dois encore lire.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Il est élégant d'affirmer l'ineptie du calembour et l'on traite dédaigneusement le genre d'esprit dont il émane. Mais, en dépit de ses contempteurs, le jeu de mots, survivant au marquis de Bièvre, est devenu presque national : le plaisir que prend le public des théâtres aux « à-peu-près » de ses acteurs favoris montre que le calembour procède d'une tournure d'esprit particulière aux Français. Les plus graves personnages ne peuvent retenir leur sourire quand ils entendent une équivoque spirituelle.
« Je sais le peu de cas que l'on doit faire en général des jeux de mots, écrivait le duc de Lévis, ils sont même pitoyables quand ils reviennent trop souvent, et surtout lorsqu'ils sont étudiés; mais je sais aussi que, quand ces plaisanteries sont inattendues et inspirées par l'occasion, elles n'ont pas été dédaignées par les plus grands hommes de tous les âges et de tous les pays. »
Dix ans après la mort de M. de Bièvre, le médecin auxerrois Albéric Deville forma un recueil de ses « pointes », auquel il donna le nom de Biévriana . Les calembours du marquis, périodiquement reproduits dans les « nouvelles à la main », sont dans toutes les mémoires.
Source :
Le marquis de Bièvre : sa vie, ses calembours, ses comédies, 1747-1789... / Cte Gabriel Mareschal de Bièvre
Biévriana, ou Jeux de mots de M. de Bièvre […].
Par A. D. [Albéric Deville] (Paris, Maradan,
16 rue Pavée-André-des-Arcs, An VIII, in-8, portrait).
Albéric Deville (1774 (ou 1773 ?)-1832), dont l’anagramme était « Cerilli de Belval », était médecin de formation, un temps professeur d’histoire naturelle à Auxerre et éditeur d’ouvrages dont les écrits botaniques de Rousseau. Il était très investi dans l’érudition liée au département de l’Yonne. Le Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne (1861) recense parmi les écrits demeurés manuscrits de Deville le présent « Amphigouri » .
L’amphigouri est une figure de style consistant en un discours, texte ou dessin volontairement obscur ou inintelligible à visée burlesque. Par extension, on l’utilise pour qualifier un texte confus et incohérent, ce qui est alors péjoratif, proche du « galimatias ».
« Je sais le peu de cas que l'on doit faire en général des jeux de mots, écrivait le duc de Lévis, ils sont même pitoyables quand ils reviennent trop souvent, et surtout lorsqu'ils sont étudiés; mais je sais aussi que, quand ces plaisanteries sont inattendues et inspirées par l'occasion, elles n'ont pas été dédaignées par les plus grands hommes de tous les âges et de tous les pays. »
Dix ans après la mort de M. de Bièvre, le médecin auxerrois Albéric Deville forma un recueil de ses « pointes », auquel il donna le nom de Biévriana . Les calembours du marquis, périodiquement reproduits dans les « nouvelles à la main », sont dans toutes les mémoires.
Source :
Le marquis de Bièvre : sa vie, ses calembours, ses comédies, 1747-1789... / Cte Gabriel Mareschal de Bièvre
Biévriana, ou Jeux de mots de M. de Bièvre […].
Par A. D. [Albéric Deville] (Paris, Maradan,
16 rue Pavée-André-des-Arcs, An VIII, in-8, portrait).
Albéric Deville (1774 (ou 1773 ?)-1832), dont l’anagramme était « Cerilli de Belval », était médecin de formation, un temps professeur d’histoire naturelle à Auxerre et éditeur d’ouvrages dont les écrits botaniques de Rousseau. Il était très investi dans l’érudition liée au département de l’Yonne. Le Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne (1861) recense parmi les écrits demeurés manuscrits de Deville le présent « Amphigouri » .
L’amphigouri est une figure de style consistant en un discours, texte ou dessin volontairement obscur ou inintelligible à visée burlesque. Par extension, on l’utilise pour qualifier un texte confus et incohérent, ce qui est alors péjoratif, proche du « galimatias ».
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Quant parut la Lettre à Mme la comtesse Tation, on ne manqua pas de dire que M. de Bièvre avait eu pour collaborateurs l'abbé Tise et l'abbé Vue; le succès de cette facétie n'en fut pas moins extraordinaire.
Les graves littérateurs du Mercure de France, outrés de voir la brochure du Mousquetaire préférée à leurs œuvres, résolurent d'en détourner le public. Ils préparèrent donc, en leur numéro d'avril, un article désobligeant pour l'auteur. Mais, la veille de la distribution du journal, Bièvre apprit cette manœuvre, et, quelques heures après, la feuille contenant les malveillantes appréciations disparaissait. « Du soir au lendemain, écrivait-il plus tard, j'ai fait mettre un carton au Mercure, pour corriger un article insolent où l'on rendait compte de la première folie que j'ai fait imprimer . »
Grimm, pour rédiger ses analyses littéraires, s'inspirait des articles du Mercure; dans sa Correspondance adressée ci un souverain d'Allemagne, il ne manque pas de s'indigner contre le mauvais goût des Parisiens, qui apprécient une " rapsodie " comme la fameuse Lettre. Ses efforts pour faire comprendre à un étranger les jeux de mots de Bièvre sont amusants :
« Avril 1770. Un Mousquetaire, dont le nom ne me revient pas, a publié il y a quelque temps une [i]Lettre écrite à Mme la
comtesse Tation par le sieur de Bois-Flotté. étudiant en droit-fil, ouvrage traduit de l'anglais ; nouvelle édition, augmentée de plusieurs notes d'infamie. Ce titre vous met au fait des genres de plaisanteries qui règne dans cette brochure. C'est un recueil de
pointes, de jeux de mots, de rébus et de calembours... La comtesse Tation réveille par sa prononciation le même son que la contestation, comme l'abbé Quille ressemble parfaitement à la béquille. Le plus détestable genre de plaisanteries est celui qui, en se servant d'un mot dans son sens ordinaire, y ajoute un autre mot qui peut s'y trouver joint dans d'autres circonstances, et qui, dans l'occasion où l'auteur rajoute, n'offre aucun sens. ( ... )
Friedrich Melchior, baron von Grimm est un diplomate et homme de lettres bavarois d’expression française.
Fils du surintendant du clergé luthérien de Regensburg, Jean Melchior Grimm et de son épouse Sibylle Koch, Grimm adapta le roman "Die asiatische Banise" de Heinrich Anselm von Ziegler und Kliphausen au théâtre. Enthousiasmé, Gottsched publia la pièce dans son "Deutsche Schaubühne" l’année suivante, mais sa présentation fut un échec. Grimm se consacra surtout à l’explication, la critique et la traduction d’ouvrages français, dont ceux de Voltaire.
Correspondance de Grimm, Diderot, Meister, etc., édition Maurice
Tourneux, Paris, 1882, t. VIII, p. 503
Les graves littérateurs du Mercure de France, outrés de voir la brochure du Mousquetaire préférée à leurs œuvres, résolurent d'en détourner le public. Ils préparèrent donc, en leur numéro d'avril, un article désobligeant pour l'auteur. Mais, la veille de la distribution du journal, Bièvre apprit cette manœuvre, et, quelques heures après, la feuille contenant les malveillantes appréciations disparaissait. « Du soir au lendemain, écrivait-il plus tard, j'ai fait mettre un carton au Mercure, pour corriger un article insolent où l'on rendait compte de la première folie que j'ai fait imprimer . »
Grimm, pour rédiger ses analyses littéraires, s'inspirait des articles du Mercure; dans sa Correspondance adressée ci un souverain d'Allemagne, il ne manque pas de s'indigner contre le mauvais goût des Parisiens, qui apprécient une " rapsodie " comme la fameuse Lettre. Ses efforts pour faire comprendre à un étranger les jeux de mots de Bièvre sont amusants :
« Avril 1770. Un Mousquetaire, dont le nom ne me revient pas, a publié il y a quelque temps une [i]Lettre écrite à Mme la
comtesse Tation par le sieur de Bois-Flotté. étudiant en droit-fil, ouvrage traduit de l'anglais ; nouvelle édition, augmentée de plusieurs notes d'infamie. Ce titre vous met au fait des genres de plaisanteries qui règne dans cette brochure. C'est un recueil de
pointes, de jeux de mots, de rébus et de calembours... La comtesse Tation réveille par sa prononciation le même son que la contestation, comme l'abbé Quille ressemble parfaitement à la béquille. Le plus détestable genre de plaisanteries est celui qui, en se servant d'un mot dans son sens ordinaire, y ajoute un autre mot qui peut s'y trouver joint dans d'autres circonstances, et qui, dans l'occasion où l'auteur rajoute, n'offre aucun sens. ( ... )
Friedrich Melchior, baron von Grimm est un diplomate et homme de lettres bavarois d’expression française.
Fils du surintendant du clergé luthérien de Regensburg, Jean Melchior Grimm et de son épouse Sibylle Koch, Grimm adapta le roman "Die asiatische Banise" de Heinrich Anselm von Ziegler und Kliphausen au théâtre. Enthousiasmé, Gottsched publia la pièce dans son "Deutsche Schaubühne" l’année suivante, mais sa présentation fut un échec. Grimm se consacra surtout à l’explication, la critique et la traduction d’ouvrages français, dont ceux de Voltaire.
Correspondance de Grimm, Diderot, Meister, etc., édition Maurice
Tourneux, Paris, 1882, t. VIII, p. 503
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
On sait combien Delille se montra sévère pour le calembour :
de l'abbé Jacques Delille
Delille s'est-il bien rendu compte de l'importance de cette condamnation? Savait-il que parmi ceux que sa muse anathématisait se trouvaient des écrivains estimés, des orateurs célèbres, des poètes immortels et jusqu'au Messie lui-même?
Avait-il donc oublié ces paroles du divin Maître à l'un de ses disciples :
Il y a évidemment là une pensée profonde; mais sur quoi repose-t-elle?!! ...
... sur un calembour, Delille lui-même n'eût pu le nier.
Je suis toujours dans ton livre du descendant de notre marquis, mon cher Félix.
ainsi que Mille et un calembours.
De François de Donville, Étienne Ducret
de l'abbé Jacques Delille
Delille s'est-il bien rendu compte de l'importance de cette condamnation? Savait-il que parmi ceux que sa muse anathématisait se trouvaient des écrivains estimés, des orateurs célèbres, des poètes immortels et jusqu'au Messie lui-même?
Avait-il donc oublié ces paroles du divin Maître à l'un de ses disciples :
Il y a évidemment là une pensée profonde; mais sur quoi repose-t-elle?!! ...
... sur un calembour, Delille lui-même n'eût pu le nier.
Je suis toujours dans ton livre du descendant de notre marquis, mon cher Félix.
ainsi que Mille et un calembours.
De François de Donville, Étienne Ducret
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Nous nous faisons un devoir ( ) de reconnaître que le poète des Jardins, Delille, n'est pas le seul qui se soit élevé contre le calembour. Voltaire —qui cependant en commit quelques-uns —s'était montré tout aussi sévère pour lui :
Le calembour est « le fléau de la bonne conversation », « l’éteignoir de l’esprit ».
Le philosophe avait même convaincu Madame du Deffand de se liguer contre le calembour, au motif qu’« un tyran si bête usurpe l’empire du grand monde ».
https://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/calembour-le-mot-desprit-a-la-francaise/
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Voltaire me déçoit un peu sur ce coup-là.
En voici un petit en passant: Une dame qui chantait avec prétention n'ayant pu achever sur le ton qu'elle l'avait pris l'air qu'elle avait commencé, dit à un homme d'esprit, assis à côté d'elle : « Je vais le reprendre en mi. — Non, madame, restez-en là », lui repartit son voisin.
En voici un petit en passant: Une dame qui chantait avec prétention n'ayant pu achever sur le ton qu'elle l'avait pris l'air qu'elle avait commencé, dit à un homme d'esprit, assis à côté d'elle : « Je vais le reprendre en mi. — Non, madame, restez-en là », lui repartit son voisin.
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Ah oui, il y a de l'idée !
Parmi tous jeux de mots de Bièvre deux concernent des personnages du temps. L'un, le spirituel et naïf ( j'ajouterai très attachant ) Poinsinet, auteur de nombreux libretti d'opéras, était mort l'année précédente, englouti dans les eaux du Guadalquivir, hélas !
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5069-les-mystifications-de-poinsinet?highlight=poinsinet
... l'abbé Quille, faisant allusion à cette fin tragique, prétendait que les favoris d'Apollon éprouvent tôt ou tard un sort funeste, car Daphné fut changé en laurier, et Poinsinet en noyer.
Le second, le fameux Lekain, vivait encore. Depuis vingt ans, il incarnait avec brio les héros de Voltaire au Théâtre-Français. Bièvre le proclamait « le premier acteur tragique de la nation » et demandait à l'abbé Quille lequel il préférait de Lekain ou d'Arlequin. « Tous deux sont certainement de grands acteurs, répondit Quille : mais Arlequin possède un art, et Lekain n'en a pas. »
Extraits du
RECUEIL DE CALEMBOURS
SENTIMENTS PATRIOTIQUES
ET RÉFLEXIONS UTILES DE L'ABBÉ QUILLE
Recueillis avec soin par le sieur de Bois-Flotté,
étudiant en droit-fil.
(Publiés en 1770 par le marquis de Bièvre.)
Il disait que les cardinaux étaient des soupapes .
*
Que les marchands de vins devaient prédire l'avenir.
*
Que, pour rebattre tous les matelas de Paris,
c'était l'affaire d'un quart d'heure.
*
Que le jeu était nuisible à la santé, lorsqu'on perdait, et même lorsqu'on ne gagnait point; qu'il était bien aisé alors de s'apercevoir que l'on était sanguin . Aussi ne voulut-il jouer au trictrac ou au passe-dix qu'avec des gens parfaits, parce qu'il prétendait qu'il y avait un désavantage réel à jouer avec un homme qui aurait un seul défaut .
https://excerpts.numilog.com/books/9782307513940.pdf
La Lettre à la comtesse Tation fit un véritable tabac et eut quatre éditions en deux mois !!! Bièvre jouissait désormais d'une fameuse renommée .
Lorsque le bruit fait autour de la Lettre à la comtesse Tation parvint à Versailles, Louis XV sut que l'auteur était l'arrière-petit-fils du chirurgien qui l'entourait de soins pendant ses vingt-six premières années. Demeuré trente-trois ans le chef de sa profession, Georges Mareschal avait puissamment contribué à la renaissance de l'art opératoire en France, et l'Académie fondée par lui « régnait, écrit le docteur Daremberg, sur le monde entier ».
Tout récemment, Sa Majesté signait un arrêt du conseil ordonnant l'achat du collège de Bourgogne et son remplacement par un vaste édifice destiné à l'Académie de chirurgie : cette décision rappelait la noble figure de Georges Mareschal au souvenir royal.
Louis XV se fit présenter le calembouriste et reporta sur lui la bienveillance autrefois témoignée à ses ascendants. En juin 1743, il accordait à son aïeul Georges-Louis Mareschal, seigneur de Bièvre, des lettres de maintenue de noblesse : en juin 1770, accueillant la demande du jeune homme, il érigea en marquisat la châtellenie que sa famille possédait depuis quatre générations.
Parmi tous jeux de mots de Bièvre deux concernent des personnages du temps. L'un, le spirituel et naïf ( j'ajouterai très attachant ) Poinsinet, auteur de nombreux libretti d'opéras, était mort l'année précédente, englouti dans les eaux du Guadalquivir, hélas !
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... l'abbé Quille, faisant allusion à cette fin tragique, prétendait que les favoris d'Apollon éprouvent tôt ou tard un sort funeste, car Daphné fut changé en laurier, et Poinsinet en noyer.
Le second, le fameux Lekain, vivait encore. Depuis vingt ans, il incarnait avec brio les héros de Voltaire au Théâtre-Français. Bièvre le proclamait « le premier acteur tragique de la nation » et demandait à l'abbé Quille lequel il préférait de Lekain ou d'Arlequin. « Tous deux sont certainement de grands acteurs, répondit Quille : mais Arlequin possède un art, et Lekain n'en a pas. »
Extraits du
RECUEIL DE CALEMBOURS
SENTIMENTS PATRIOTIQUES
ET RÉFLEXIONS UTILES DE L'ABBÉ QUILLE
Recueillis avec soin par le sieur de Bois-Flotté,
étudiant en droit-fil.
(Publiés en 1770 par le marquis de Bièvre.)
Il disait que les cardinaux étaient des soupapes .
*
Que les marchands de vins devaient prédire l'avenir.
*
Que, pour rebattre tous les matelas de Paris,
c'était l'affaire d'un quart d'heure.
*
Que le jeu était nuisible à la santé, lorsqu'on perdait, et même lorsqu'on ne gagnait point; qu'il était bien aisé alors de s'apercevoir que l'on était sanguin . Aussi ne voulut-il jouer au trictrac ou au passe-dix qu'avec des gens parfaits, parce qu'il prétendait qu'il y avait un désavantage réel à jouer avec un homme qui aurait un seul défaut .
*
Il trouvait les inspecteurs de haras un peu lestes depuis qu'il les avait vus parler à de grands princes en leur montrant les talons .
*
Il ne pardonnait l'amour-propre qu'aux moissonneurs : il est tout naturel, disait-il, qu'un moissonneur s'aime beaucoup.
*
Un de ses amis venant lui apprendre la mort d'une sœur qu'il aimait, Mlle Quille, et la seule qu'il eut, lui faisait des reproches de ce qu'il ne paraissait pas assez sensible. L'abbé Quille lui répondit sèchement :
" Monsieur, ne frondez personne; désormais ce soin ne regarde que moi, puisque malheureusement me voilà censeur.
*
Il disait que la salle de l'Opéra devait être beaucoup plus propre
que celle des autres spectacles, parce que les balais en étaient infiniment meilleurs.
*
Il ne pardonnait l'amour-propre qu'aux moissonneurs : il est tout naturel, disait-il, qu'un moissonneur s'aime beaucoup.
*
Un de ses amis venant lui apprendre la mort d'une sœur qu'il aimait, Mlle Quille, et la seule qu'il eut, lui faisait des reproches de ce qu'il ne paraissait pas assez sensible. L'abbé Quille lui répondit sèchement :
" Monsieur, ne frondez personne; désormais ce soin ne regarde que moi, puisque malheureusement me voilà censeur.
*
Il disait que la salle de l'Opéra devait être beaucoup plus propre
que celle des autres spectacles, parce que les balais en étaient infiniment meilleurs.
https://excerpts.numilog.com/books/9782307513940.pdf
La Lettre à la comtesse Tation fit un véritable tabac et eut quatre éditions en deux mois !!! Bièvre jouissait désormais d'une fameuse renommée .
Lorsque le bruit fait autour de la Lettre à la comtesse Tation parvint à Versailles, Louis XV sut que l'auteur était l'arrière-petit-fils du chirurgien qui l'entourait de soins pendant ses vingt-six premières années. Demeuré trente-trois ans le chef de sa profession, Georges Mareschal avait puissamment contribué à la renaissance de l'art opératoire en France, et l'Académie fondée par lui « régnait, écrit le docteur Daremberg, sur le monde entier ».
Tout récemment, Sa Majesté signait un arrêt du conseil ordonnant l'achat du collège de Bourgogne et son remplacement par un vaste édifice destiné à l'Académie de chirurgie : cette décision rappelait la noble figure de Georges Mareschal au souvenir royal.
Louis XV se fit présenter le calembouriste et reporta sur lui la bienveillance autrefois témoignée à ses ascendants. En juin 1743, il accordait à son aïeul Georges-Louis Mareschal, seigneur de Bièvre, des lettres de maintenue de noblesse : en juin 1770, accueillant la demande du jeune homme, il érigea en marquisat la châtellenie que sa famille possédait depuis quatre générations.
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Re: Georges-François Mareschal, marquis de Bièvre et roi du calembour
Un article du Supplément à l’Encyclopédie (1777) donne, pour la première fois, la définition officielle du calembour :
par Sandrine Campese
« C’est l’abus que l’on fait d’un mot susceptible de plusieurs interprétations, tel le mot pièce, qui s’emploie de tant de manières, pièces de théâtre, pièces de plain-pied, pièces de vin, etc. Par exemple, en disant qu’on doit donner à la comédie une fort jolie pièce de deux sols, on fera de ce mot l’abus que nous appelons kalembour. »
Précisons que cet article a pour intitulé « Kalembour ou Calembour ».
Pourquoi Kalembour avec un K ? Parce que la lettre C avait déjà été traitée !
Pas moins de huit étymologies différentes ont été avancées pour expliquer l’origine de « calembour ». La plus plausible semble être celle qui rapproche le calem de « calembredaine » (plaisanterie cocasse) et le bour de « bourde », d’où calem – bour !
Un calembour est un jeu d’esprit fondé sur :
1- la polysémie : des mots ayant plusieurs sens.
Exemples :
- « Nous le savons et pas seulement de Marseille » (Pierre Desproges)
- « J’suis dans un état proch’ de l’Ohio… » (Serge Gainsbourg)
2- l’homophonie : des mots dont la prononciation est identique, mais dont le sens est différent.
Exemples :
- « De deux choses lune, l’autre c’est le soleil » de Jacques Prévert,
- « un mal, des mots », célèbre slogan de l’association SOS Amitié ;
3- la paronymie : des mots dont la prononciation est proche, mais dont le sens est différent.
Exemples :
- « Nos âmes sont tordues, pour pécher c’est le pied » (Renaud),
- « Chassez le naturiste, il revient au bungalow ! » ( Jean-Paul Grousset , le Canard enchaîné )
par Sandrine Campese
« C’est l’abus que l’on fait d’un mot susceptible de plusieurs interprétations, tel le mot pièce, qui s’emploie de tant de manières, pièces de théâtre, pièces de plain-pied, pièces de vin, etc. Par exemple, en disant qu’on doit donner à la comédie une fort jolie pièce de deux sols, on fera de ce mot l’abus que nous appelons kalembour. »
Précisons que cet article a pour intitulé « Kalembour ou Calembour ».
Pourquoi Kalembour avec un K ? Parce que la lettre C avait déjà été traitée !
Pas moins de huit étymologies différentes ont été avancées pour expliquer l’origine de « calembour ». La plus plausible semble être celle qui rapproche le calem de « calembredaine » (plaisanterie cocasse) et le bour de « bourde », d’où calem – bour !
_ Les trois types de calembours _
Un calembour est un jeu d’esprit fondé sur :
1- la polysémie : des mots ayant plusieurs sens.
Exemples :
- « Nous le savons et pas seulement de Marseille » (Pierre Desproges)
- « J’suis dans un état proch’ de l’Ohio… » (Serge Gainsbourg)
2- l’homophonie : des mots dont la prononciation est identique, mais dont le sens est différent.
Exemples :
- « De deux choses lune, l’autre c’est le soleil » de Jacques Prévert,
- « un mal, des mots », célèbre slogan de l’association SOS Amitié ;
3- la paronymie : des mots dont la prononciation est proche, mais dont le sens est différent.
Exemples :
- « Nos âmes sont tordues, pour pécher c’est le pied » (Renaud),
- « Chassez le naturiste, il revient au bungalow ! » ( Jean-Paul Grousset , le Canard enchaîné )
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