Etienne de Silhouette, le ministre banni de l'histoire de France. De Thierry Maugenest

Pour notre amie Clio, qui aime tant ces portraits...

Vient de paraître :

Étienne de Silhouette
Le ministre banni de l'histoire de France
De Thierry Maugenest
Editions La découverte (Janvier 18)



Présentation :

Si la postérité a boudé Étienne de Silhouette, la langue française a retenu son patronyme, passé dans l’usage commun, qui désigna d’abord un portrait dessiné de profil.
Derrière cette « silhouette » monochrome, se cache pourtant un homme haut en couleur.

Grand voyageur, écrivain, espion, homme d’État, Étienne de Silhouette fut l’un des hommes les plus connus de son temps. Alors que rien ne le prédestinait à atteindre les sommets du pouvoir, ce brillant philosophe des Lumières, lecteur de Confucius, traducteur de Pope, protégé de madame de Pompadour, deviendra ministre des Finances de Louis XV.

Nous sommes en 1759, trente ans avant la Révolution française.
Tandis que le peuple, accablé sous les impôts, est en proie à la famine, la politique lancée par Étienne de Silhouette va ébranler Versailles.
Aussitôt aux affaires, le nouvel homme fort de l’État n’hésite pas, en effet, à taxer très lourdement les privilégiés afin de soulager les indigents.
On ne lui pardonnera jamais pareil affront. Ridiculisé, évincé, calomnié : rien ne sera épargné à celui qui réunit contre lui la noblesse, la finance et le parti dévot qui tentent de le bannir de l’histoire de France.

Cette biographie enlevée, qui s’appuie sur de nombreux documents d’époque, redonne vie à ce personnage d’exception, et rend justice à son audacieuse politique égalitaire.



Notre sujet dédié aux portraits dits "à la silhouette" et à Etienne de Silhouette, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3340-l-art-du-portrait-en-silhouette?highlight=silhouette

L'auteur de ce livre était l'invité, cette semaine, de l'émission de radio Un jour dans l'Histoire.

Etienne de Silhouette, le ministre philosophe qui voulait venir en aide au peuple et taxer les riches...

C'est ici : https://www.rtbf.be/auvio/detail_un-jour-dans-l-histoire?id=2300201

Merci, cher la nuit, la neige, pour ce lien !  
Je ne manquerai pas d'écouter cette émission.


Hier soir, dans le beau film d'Henri Verneuil " Maxime "  
nous avons retrouvé avec bonheur Arletty, Michèle Morgan, Charles Boyer ...

Henri Vidal souffle la belle Michèle à Charles Boyer.  Il lui dit son amour à une terrasse de café, un homme s'approche ...   dans ses mains  ( premier plan ) du papier une paire de ciseaux  ...




Nos amoureux ne lui prêtent aucune attention et roucoulent toujours .   Echange de serments ...   L'homme leur tend leur portrait en silhouette et s'éloigne.  

Il faut déjà avoir un sacré coup de ciseaux !

C'est que la scène se situe à Montmartre  ( que vous connaissez bien, Comtesse  ), place du Tertre où les artistes sont presque aussi nombreux que les badauds, et parmi eux ce disciple d'Etienne de Silhouette .

La nuit, la neige a écrit:Etienne de Silhouette, le ministre philosophe qui voulait venir en aide au peuple et taxer les riches...

Ce pauvre Silhouette !  
Il n'a vraiment pas été aidé .  


«  Choiseul ne fit pas d'effort particulier pour aider dans son entreprise de réformes le contrôleur général des Finances M. de Silhouette, maîtres des requêtes,  nommé en mars 1759.  Ce dernier fut d'abord très populaire parce qu'en avril, il réussit à placer un emprunt de 72 millions qui semblait limiter les profits des fermiers généraux.  Il tenta également de réduire les pensions assignées sur le Trésor. Mais rien de tout cela ne pouvait suffire.
En septembre, ce fut l'édit de subvention générale, un troisième vingtième " accompagné de taxes sur les laquais, les chevaux, voitures, galons, velours, soieries, étoffes d'or et d'argent, toiles peintes, sur les boutiques et enseignes, avec un doublement des droits de marque de l'or et de l'argent, de nouveaux droits d'entrée sur le café, les fourrures, les étoffes étrangères, une suspension des privilèges de franc-salé, quatre nouveaux sols pour livre ajoutés aux droits des fermes, sauf la gabelle et le tabac. "
La contestation au Parlement et dans l'opinion fut brutale et immédiate . Le 21 octobre un arrêt du Conseil suspendait pour un an le remboursement de tous les capitaux payables par le Trésor royal et la caisse des amortissements . Le 26 octobre, le roi envoyait sa vaisselle d'argent à la Monnaie...
Silhouette dut se retirer .
En novembre 1759, lui succédait Bertin, protégé de la Pompadour et plus au fait des pratiques du sérail.   Dans l'opinion cependant, les relations entre les hommes de pouvoir ne sont pas toujours perçues pour ce qu'elles sont.   Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau en fournissent une amusante illustration : il pense que Choiseul et Pompadour sont en rivalité, il admire Choiseul et Silhouette.  Il écrit même à Silhouette, au moment de son renvoi, une lettre de soutien témoignant de son admiration pour la lutte entreprise contre " les gagneurs d'argent "  et confie cette lettre à la maréchale de Luxembourg, ignorant qu'elle était " l'un de ces gagneurs d'argent qui s'intéressaient aux sous-fermes et qui avaient fait déplacer Silhouette ".  »

( Monique Cottret, Choiseul, l'obsession du pouvoir )

J'ai l'impression que les mêmes causes produisent encore et toujours les mêmes effets...