Marie-Antoinette, la famille royale, et la Révolution. Par Ernst Meisel

Des tableaux que nous avons eu l'occasion de croiser dans nos divers sujets, mais que je regroupe ici sous le nom de l'artiste peintre.

Nous sommes dans la peinture dite "d'histoire" qui reprenait, plus particulièrement dans la seconde partie du XIXe siècle, les thèmes historiques des siècles précédents.
Si celui de la Révolution française a inspiré les peintres français du genre, il est intéressant de noter qu'il s'agit là de la vision d'un peintre allemand : Ernst Meisel (1838 - 1895).
Elle est plutôt sombre et dramatique, mais les tableaux sont bien peints...ce qui n'est pas toujours le cas !

La famille royale au Temple, est un épisode qui a particulièrement intéressé ce peintre.
Ici la séparation de Louis XVI d'avec sa famille.





Gros plan :

La séparation de Louis XVI de sa famille à la prison du Temple, le 26 septembre 1792
Ernst Meisel, 1873
Photos : Musée de la Révolution française de Vizille

Et cette copie, dont je n'ai pas retrouvé la version en couleurs, si vous voulez jouer au jeu des 7 erreurs (indice : voir les murs de pierres).




Ces trois variantes ont été présentées en vente aux enchères, et présentées comme   :


Le départ de Marie-Antoinette pour son exécution
Ernst Meiseil



Madame Elisabeth et sa nièce à la prison du Temple
Ernst Meiseil
Photo : Atkinson Art Gallery Collection




Gros plan :

Le départ de Marie-Antoinette pour son exécution
D'après Ernst Meiseil


Et enfin, ces trois versions d'une Marie-Antoinette, dans sa cellule.
Sur le net, on trouve parfois diverses interprétations complémentaires de ce sujet :

- Marie-Antoinette à la Conciergerie.
A cause de l'image bien connue et répétée des gardes derrières le fameux paravent ? Marie-Antoinette serait-elle "visitée" par une figure angélique ? Penserait-elle à son fils ? Notons que, selon les copies, la servante porte une seule tasse ou deux, qui semblent empilées sur son plateau, et auquel cas...

- Marie-Antoinette et son fils au Temple.
Bon, pourquoi pas ?
Mais la cellule en question ne correspond pas à ce que nous connaissons de son descriptif.

Mais peu importe, c'est comme vous voulez !  
Le peintre ne fait pas dans le descriptif précis et historique, mais insiste sur le martyre d'une reine déchue dans une cellule décrépie.



Gros plan :

Merci pour ce sujet.  
C'est vrai que c'est pas mal peint, mais c'est assez décalé par rapport à la réalité des faits représentés.
La qualité d'exécution est remarquable, mais les expressions, les attitudes sont caricaturées.
On est en plein romantisme XIXème, tendance "goût pour le morbide".
Nous savons tous ici que Marie-Antoinette ne s'est pas effondrée en larmes, et encore moins évanouie, à l'occasion de son transfert à la conciergerie, ni à l'annonce de son jugement.

La nuit, la neige a écrit:

Un costume similaire à celui que Louis XVI porte sur ce tableau est passé aux enchères au mois de mars dernier chez Coutau Bégarie :

Oui, il donne à fond dans le mélo-dramatique mais, ceci dit, le thème choisi s'y prête.

Duc d'Ostrogothie a écrit:
On est en plein romantisme XIXème, tendance "goût pour le morbide".
Nous savons tous ici que Marie-Antoinette ne s'est pas effondrée en larmes, et encore moins évanouie, à l'occasion de son transfert à la conciergerie, ni à l'annonce de son jugement.

Tu as raison, le courage ne lui a pas manqué pour endurer ses propres souffrances .
Mais il en fut autrement quand on l'a séparée d'avec sa famille.  Elle a gémi douloureusement quand on a emmené le roi.  Elle s'est battue avec l'énergie du désespoir quand on lui a arraché son petit garçon.  

la nuit, la neige a écrit:- Marie-Antoinette à la Conciergerie.
A cause de l'image bien connue et répétée des gardes derrières le fameux paravent ? Marie-Antoinette serait-elle "visitée" par une figure angélique ? Penserait-elle à son fils ? Notons que, selon les copies, la servante porte une seule tasse ou deux, qui semblent empilées sur son plateau, et auquel cas...

Oui, ces deux interprétations sont recevables .  En tous cas, la servante  
avec cette mine patibulaire n'est pas Rosalie . Je ne vois pas deux tasses, si ?!
Le petit est une apparition imaginaire ( halo de lumière, yeux au ciel ) parce qu'il ne quitte pas les pensées de sa mère, peut-être ?
Le linge de la literie, taie d'oreiller grossière, très mince couverture ajoutent au sordide de la cellule .
Un homme assis, à droite, lit une gazette ( ou autre ) à la lumière d'une bougie. On le sent " à demeure " dans l'intimité de la prisonnière.

Dans le même goût « historiciste », cette peinture sur cuivre fin 19e, ou début 20e.

L'attitude " yeux au ciel " est d'un théâtral !
Ce n'est pas du tout elle.

Non, mais pas du tout...
Sur certaines gravures Second Empire, elle a le même regard, très « Eugénie éplorée »...