Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
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Dominique Poulin
Mme de Sabran
La nuit, la neige
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: L'histoire de Marie-Antoinette :: Marie-Antoinette et la Révolution française
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Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
* Dossier Historia présenté, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1081p25-marie-antoinette-a-t-elle-trahi-la-france-ou-la-revolution#123899
L'un des arguments de Jean-François Kahn est que Marie-Antoinette, et Louis XVI dans une bien moindre mesure, ont poussé à la politique du pire, qui servait leurs (ses) intérêts.
Si cet argument est souvent repris dans les divers travaux et recherches historiques pour ce qui concerne la politique extérieure (le manifeste de Brunswick, la déclaration de guerre de 1792 etc.), JFK insiste aussi, et à plusieurs reprises, au sujet d'un double jeu intérieur, s'appuyant sur le soutien aux menées des révolutionnaires les plus radicaux.
Entre autres exemples, et je commence par la fin de cet article, je cite :
Toujours la même idée : mieux vaut s'acoquiner provisoirement avec l'extrême gauche que s'entendre avec le centre.
Selon Lameth, il était question à la veille du 10 août d'arrêter Robespierre et Marat, mais la reine les fit prévenir.
Conclusion de Marie-Antoinette quand tout sera consommé : "Bah, ce sont six mauvaises semaines à passer. Le duc de Brunswick n'en sera pas moins en France le 23".
La source n'est pas citée, mais voici une piste qui nous permettrait de savoir quelle est-elle ?
Est-ce celle-ci précisément, ou bien provient-elle d'un autre livre ? Je l'ignore.
A mon avis, on ne peut guère faire plus "Fake news", comme nous le disons aujourd'hui...
A lire donc ce passage des Mémoires (ou plutôt une compilation de notes publiés après sa mort) de Théodore de Lameth :
La note en bas de page en plus gros, si vous ne parvenez pas à la lire depuis mon image précédente :
Dernière édition par La nuit, la neige le Jeu 31 Mai 2018, 11:15, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Fantastique !!! Tu as réussi à retrouver la source !!!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Cette histoire m'intriguait...Mme de Sabran a écrit:
Fantastique !!! Tu as réussi à retrouver la source !!!
Le chevalier d'Abancourt mérite d'ailleurs un petit sujet dans notre forum.
Pour le reste, je n'ai guère le temps de le faire en ce moment, mais je reviendrai sur cette histoire abracadabrantesque...
Que la duchesse d'Aiguillon, compagne de cellule de Thérésia Cabarrus et de Rose de Beauharnais, aille taper la causette à ce sujet précis avec Santerre, à la prison des Carmes ; puis, plus tard, qu'elle confie cette histoire à Lameth, dont les notes seront reprises dans des Mémoires publiés 50 ans après sa mort, me paraît digne du plus grand intérêt historique...
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 29 Mai 2018, 23:59, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Je poursuis ma petite enquête...
Et d'après donc les Mémoires de Théodore de Lameth et selon Jean-François Kahn dans l'article d'Historia pour qui : "Selon Lameth, il était question à la veille du 10 août d'arrêter Robespierre et Marat, mais la reine les fit prévenir".
La duchesse d'Aiguillon, Rose de Beauharnais (future impératrice Josephine), Thérésia Cabarrus sont bien emprisonnées durant une même période à la prison des Carmes.
Notre amie Nikko nous avait d'ailleurs posté cette image d'un poème retrouvé dans la pierre de l'une des cellules, avec les signatures des trois femmes.
Liberté, quand cesseras-tu d'être un vain mot. Voilà aujourd'hui 17 jours que nous sommes enfermés ici. On nous dit que nous sortirons demain, mais n'est-ce pas là un vain espoir ?
Notre sujet, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3115-la-prison-des-carmes?highlight=Carmes
Sont également emprisonnées avec elles, Madame de Custine et Mme Charles de Lameth (la belle soeur de l'auteur de ces Mémoires ).
Après vérification, Antoine-Joseph Santerre est également emprisonné aux Carmes (dénoncé par Marat et Maximilien de Robespierre, il fut protégé par Bertrand Barère de Vieuzac et Jean-Marie Collot d'Herbois qui, pour le soustraire à des dangers certains, l'ont fait incarcérer et protéger - Cf Wiki).
D'après ce que j'ai pu lire ici ou là, tout ce petit monde se côtoie bien aux Carmes, et apparemment dans une bonne entente et une certaine solidarité. Santerre réconfortant les un(e)s et les autres.
Tous échappent à la mort après la chute de Robespierre, et seront donc libérés.
Plus tard, l'impératrice Joséphine, lorsqu'elle voyait Santerre, ne dédaignait point de lui reparler de ces temps si terribles, et de lui rappeler que dans la prison elle l'avait surnommé Le consolateur.
Source : Santerre, général de la République française: sa vie politique et privée... De Antoine Étienne CARRO (1847)
Le consolateur ! Ben merde alors, quelle période de dingue !
A suivre, qui est cette Mme d'Aiguillon, qui est allée (ou prétendument) raconter ce que Santerre lui aurait confié au sujet de Marie-Antoinette ?
Et d'après donc les Mémoires de Théodore de Lameth et selon Jean-François Kahn dans l'article d'Historia pour qui : "Selon Lameth, il était question à la veille du 10 août d'arrêter Robespierre et Marat, mais la reine les fit prévenir".
La nuit, la neige a écrit:
Que la duchesse d'Aiguillon, compagne de cellule de Thérésia Cabarrus et de Rose de Beauharnais, aille taper la causette à ce sujet précis avec Santerre, à la prison des Carmes ; puis, plus tard, qu'elle confie cette histoire à Lameth, dont les notes seront reprises dans des Mémoires publiés 50 ans après sa mort, me paraît digne du plus grand intérêt historique...
La duchesse d'Aiguillon, Rose de Beauharnais (future impératrice Josephine), Thérésia Cabarrus sont bien emprisonnées durant une même période à la prison des Carmes.
Notre amie Nikko nous avait d'ailleurs posté cette image d'un poème retrouvé dans la pierre de l'une des cellules, avec les signatures des trois femmes.
Liberté, quand cesseras-tu d'être un vain mot. Voilà aujourd'hui 17 jours que nous sommes enfermés ici. On nous dit que nous sortirons demain, mais n'est-ce pas là un vain espoir ?
Notre sujet, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3115-la-prison-des-carmes?highlight=Carmes
Sont également emprisonnées avec elles, Madame de Custine et Mme Charles de Lameth (la belle soeur de l'auteur de ces Mémoires ).
Après vérification, Antoine-Joseph Santerre est également emprisonné aux Carmes (dénoncé par Marat et Maximilien de Robespierre, il fut protégé par Bertrand Barère de Vieuzac et Jean-Marie Collot d'Herbois qui, pour le soustraire à des dangers certains, l'ont fait incarcérer et protéger - Cf Wiki).
D'après ce que j'ai pu lire ici ou là, tout ce petit monde se côtoie bien aux Carmes, et apparemment dans une bonne entente et une certaine solidarité. Santerre réconfortant les un(e)s et les autres.
Tous échappent à la mort après la chute de Robespierre, et seront donc libérés.
Plus tard, l'impératrice Joséphine, lorsqu'elle voyait Santerre, ne dédaignait point de lui reparler de ces temps si terribles, et de lui rappeler que dans la prison elle l'avait surnommé Le consolateur.
Source : Santerre, général de la République française: sa vie politique et privée... De Antoine Étienne CARRO (1847)
Le consolateur ! Ben merde alors, quelle période de dingue !
A suivre, qui est cette Mme d'Aiguillon, qui est allée (ou prétendument) raconter ce que Santerre lui aurait confié au sujet de Marie-Antoinette ?
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Il existe une biographie sur la duchesse d'Aiguillon de Paul d'Estress et de Albert Callet de 1912, ce n'est pas jeune...
Peut-être des renseignements intéressants pourraient étayer votre enquête dans cet ouvrage.
Elle est disponible sur Gallica.
Cette duchesse d'Aiguillon était l'épouse du duc d'Aiguillon, ministre des Affaires Étrangères de Louis XV à la fin de son règne.
Peut-être des renseignements intéressants pourraient étayer votre enquête dans cet ouvrage.
Elle est disponible sur Gallica.
Cette duchesse d'Aiguillon était l'épouse du duc d'Aiguillon, ministre des Affaires Étrangères de Louis XV à la fin de son règne.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
La nuit, la neige a écrit:Je poursuis ma petite enquête...
Et nous t'en remercions . Tu as raison quelle époque !
Je n'arrive toujours pas à croire à cette anecdote . Nous nous basons toujours sur tous les témoignages du temps mais, après tout, ils peuvent être fallacieux, erronés, mensongers ... enfin tout ce que l'on voudra ! Celui-ci ne me convainc pas plus que ça .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Dominique Poulin a écrit:Il existe une biographie sur la duchesse d'Aiguillon de Paul d'Estress et de Albert Callet de 1912, ce n'est pas jeune...
Peut-être des renseignements intéressants pourraient étayer votre enquête dans cet ouvrage.
Elle est disponible sur Gallica.
Cette duchesse d'Aiguillon était l'épouse du duc d'Aiguillon, ministre des Affaires Étrangères de Louis XV à la fin de son règne.
Merci Dominique ! Mais je pense que cette duchesse d'Aiguillon n'est pas la bonne.
Sauf erreur de ma part, il s'agit là de la belle mère de notre "informatrice"...
Dernière édition par La nuit, la neige le Jeu 31 Mai 2018, 12:19, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Jeanne-Henriette de Navailles, duchesse d'Aiguillon
La duchesse d'Aiguillon, codétenue de Rose de Beauharnais à la prison des Carmes, et qui se serait entretenue avec Santerre, voisin de cellule, qui l'informera du "coup de pouce" de Marie-Antoinette à Robespierre et Marat, la veille du 10 août 1792 est...
Jeanne-Henriette de Montaud de Navailles, vicomtesse de Saint-Martin, baronne d’Assat et de Mirepleix.
Née en 1770 et décédée en 1818.
De par son premier mariage avec Armand-Désiré de Vignerot du Plessis-Richelieu, duchesse d'Agenois (1785) puis duchesse d'Aiguillon (1788)
Voici son portrait, par Adélaïde Labille-Guiard, qui sera justement proposé en vente aux enchères, le 21 juin 2018, par Sotheby's Paris.
La maison de vente nous communique aussi quelques informations...en anglais ! Sorry.
Adélaïde Labille-Guiard
Portrait de la duchesse d'Aiguillon(1770-1818)
Photo : Sotheby's
Note au catalogue (extraits) :
The portrait presented here is that of another very interesting female personality. Jeanne-Victoire-Henriette de Montaud de Navailles, vicomtesse de Saint-Martin d’Arberonne, baronne d’Assat et de Mirepeix, devenue plus tard duchesse d’Aiguillon, was one of the most fashionable women of her day, a member of the Parisian aristocracy and a veritable icon of beauty in her time.
Daughter of baron de Mirepeix, she married in 1785 the comte Armand Désiré de Vignerot du Plessis de Richelieu, comte d’Agenois (1761-1800), who became duc d’Agenois in 1785 and duc d’Aiguillon in 1788.
History has retained the name of this peer of France who was one of the first to propose the abolition of titles and who was one of the friends of the duc d’Orléans (Philippe-Egalité, 1747-1793), known by the epithet of ‘Regicide’.
(...)
Adelaïde Labille-Guiard
Portrait du duc d’Aiguillon
Collection particulière, France
Photo : Sotheby's
The duchess was particularly integrated into fashionable circles at the end of the Ancien Régime. As part of the exclusive circle of the Palais-Royal, she mixed with this world through her husband, an intimate friend of the duc d’Orléans.
She became friends with the comtesse Charles de Lameth – also painted by Labille-Guiard – with whom she lived during the Revolution at the château de Busagny, near Pontoise.
(...)
Only in the second half of 1790 was Labille-Guiard introduced to the circle of the duc d’Orléans.
It was probably while going to Bellechasse to paint the portraits of Madame de Genlis and the princesse Adélaide d’Orléans that she had the chance to meet certain prominent political figures of that time : the duc d’Aiguillon first and foremost, but also Alexandre, vicomte de Beauharnais, Charles and Alexandre, comtes de Lameth. (Les frères de l'auteur de ces Mémoires cités plus haut, qui balance donc cette anecdote, celle reprise par Jean-François Kahn).
Not long after the present portrait was finished, Anne-Marie de Lameth and Jeanne-Victoire-Henriette d’Aiguillon were arrested and imprisoned in the former Carmelite convent until the end of the Reign of Terror.
After her liberation, the duchess re-joined her husband in London and accompanied him to Hamburg, where they remained until his death on 4 May 1800.
During her exile in the Oise, the brother of the comtes de Lameth, Théodore, (l'auteur de ces mémoires qui nous révèle cette "information") took refuge in 1793 at the château de Busagney where the duchess was staying.
In his memoirs, he extols the memory of the beautiful duchess :
I seem to see Madame d’Aiguillon, model of all imposing and ravishing forms and of all the charms of beauty. What would I want to do with her melancholy sadness, her scorn for our oppressors, her noble, proud indifference to her own dangers, her honourable fears for my own and her tender compassion. Il découvre sa beauté, et sa langue bien pendue...
And, indeed, the duchess was reputed to be one of the most beautiful women of her time; to the point that some affirmed that her portrait, so emblematic of the feminine ideal of the second half of the 18th century, could be considered the Mona Lisa of the Enlightenment.
She remarried Louis, marquis de Girardin (1767-1848), with whom she had three children.
For a time lady in waiting to the queen of Spain, Julie Clary, wife of Joseph Bonaparte, Jeanne-Victoire-Henriette d’Aiguillon died in 1818, at the age of forty-eight.
Source et infos complémentaires : http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/lot.67.html/2018/tableaux-omp-19me-sculpture-pf1809
Ce site présente également une courte biographie, ainsi que sa tombe au cimetière du Père Lachaise.
Extraits :
- Mariée le 1er février 1785, Versailles, p.c. 23 janvier 1785 et Paris Saint Eustache, avec Armand Désiré de Vignerot du Plessis de Richelieu, duc d’Agenois 1761-1800.
- Présentée à la Cour le 27 février 1785, elle reçut le tabouret le 21 août 1785.
- Mariée le 12 janvier 1801, Paris (Saint-Roch), avec Louis, comte de Girardin 1767-1848
- Dame d’honneur de la reine d’Espagne, Julie Clary
...Madame la duchesse d’Aiguillon, avait une très grande égalité de caractère, beaucoup de douceur, une âme élevée, un sourire enchanteur, une tête charmante, et dans toute sa personne un mélange de grâce et de dignité qui inspiraient à la fois le respect et l’affection.
Sa conversation était si attachante que j’aurais passé des journées entières à l’écouter ; mais j’éprouvais en la voyant un plaisir qui avait plus de douceur que de vivacité : loin d’elle je ne ressentais aucune peine ; son image ne troublait pas mon repos ; je serais resté des mois entiers sans la voir que je n’eusse pas été malheureux ; sa présence n’était pas nécessaire à ma vie ; quel était donc le sentiment que j’avais pour elle ?
C’était un attachement mêlé d’admiration, un culte aussi noble, aussi pur que celle qui en était l’objet : j’ai conservé ce même sentiment jusqu’au moment de sa mort, que j’ai pleurée avec tous ceux pour qui une âme distinguée, un noble caractère, un esprit charmant, une amitié fidèle ne sont pas de vains noms.
Stanislas de Girardin
Source texte et images : https://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=3120
Jeanne-Henriette de Montaud de Navailles, vicomtesse de Saint-Martin, baronne d’Assat et de Mirepleix.
Née en 1770 et décédée en 1818.
De par son premier mariage avec Armand-Désiré de Vignerot du Plessis-Richelieu, duchesse d'Agenois (1785) puis duchesse d'Aiguillon (1788)
Voici son portrait, par Adélaïde Labille-Guiard, qui sera justement proposé en vente aux enchères, le 21 juin 2018, par Sotheby's Paris.
La maison de vente nous communique aussi quelques informations...en anglais ! Sorry.
Adélaïde Labille-Guiard
Portrait de la duchesse d'Aiguillon(1770-1818)
Photo : Sotheby's
Note au catalogue (extraits) :
The portrait presented here is that of another very interesting female personality. Jeanne-Victoire-Henriette de Montaud de Navailles, vicomtesse de Saint-Martin d’Arberonne, baronne d’Assat et de Mirepeix, devenue plus tard duchesse d’Aiguillon, was one of the most fashionable women of her day, a member of the Parisian aristocracy and a veritable icon of beauty in her time.
Daughter of baron de Mirepeix, she married in 1785 the comte Armand Désiré de Vignerot du Plessis de Richelieu, comte d’Agenois (1761-1800), who became duc d’Agenois in 1785 and duc d’Aiguillon in 1788.
History has retained the name of this peer of France who was one of the first to propose the abolition of titles and who was one of the friends of the duc d’Orléans (Philippe-Egalité, 1747-1793), known by the epithet of ‘Regicide’.
(...)
Adelaïde Labille-Guiard
Portrait du duc d’Aiguillon
Collection particulière, France
Photo : Sotheby's
The duchess was particularly integrated into fashionable circles at the end of the Ancien Régime. As part of the exclusive circle of the Palais-Royal, she mixed with this world through her husband, an intimate friend of the duc d’Orléans.
She became friends with the comtesse Charles de Lameth – also painted by Labille-Guiard – with whom she lived during the Revolution at the château de Busagny, near Pontoise.
(...)
Only in the second half of 1790 was Labille-Guiard introduced to the circle of the duc d’Orléans.
It was probably while going to Bellechasse to paint the portraits of Madame de Genlis and the princesse Adélaide d’Orléans that she had the chance to meet certain prominent political figures of that time : the duc d’Aiguillon first and foremost, but also Alexandre, vicomte de Beauharnais, Charles and Alexandre, comtes de Lameth. (Les frères de l'auteur de ces Mémoires cités plus haut, qui balance donc cette anecdote, celle reprise par Jean-François Kahn).
Not long after the present portrait was finished, Anne-Marie de Lameth and Jeanne-Victoire-Henriette d’Aiguillon were arrested and imprisoned in the former Carmelite convent until the end of the Reign of Terror.
After her liberation, the duchess re-joined her husband in London and accompanied him to Hamburg, where they remained until his death on 4 May 1800.
During her exile in the Oise, the brother of the comtes de Lameth, Théodore, (l'auteur de ces mémoires qui nous révèle cette "information") took refuge in 1793 at the château de Busagney where the duchess was staying.
In his memoirs, he extols the memory of the beautiful duchess :
I seem to see Madame d’Aiguillon, model of all imposing and ravishing forms and of all the charms of beauty. What would I want to do with her melancholy sadness, her scorn for our oppressors, her noble, proud indifference to her own dangers, her honourable fears for my own and her tender compassion. Il découvre sa beauté, et sa langue bien pendue...
And, indeed, the duchess was reputed to be one of the most beautiful women of her time; to the point that some affirmed that her portrait, so emblematic of the feminine ideal of the second half of the 18th century, could be considered the Mona Lisa of the Enlightenment.
She remarried Louis, marquis de Girardin (1767-1848), with whom she had three children.
For a time lady in waiting to the queen of Spain, Julie Clary, wife of Joseph Bonaparte, Jeanne-Victoire-Henriette d’Aiguillon died in 1818, at the age of forty-eight.
Source et infos complémentaires : http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/lot.67.html/2018/tableaux-omp-19me-sculpture-pf1809
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Ce site présente également une courte biographie, ainsi que sa tombe au cimetière du Père Lachaise.
Extraits :
- Mariée le 1er février 1785, Versailles, p.c. 23 janvier 1785 et Paris Saint Eustache, avec Armand Désiré de Vignerot du Plessis de Richelieu, duc d’Agenois 1761-1800.
- Présentée à la Cour le 27 février 1785, elle reçut le tabouret le 21 août 1785.
- Mariée le 12 janvier 1801, Paris (Saint-Roch), avec Louis, comte de Girardin 1767-1848
- Dame d’honneur de la reine d’Espagne, Julie Clary
...Madame la duchesse d’Aiguillon, avait une très grande égalité de caractère, beaucoup de douceur, une âme élevée, un sourire enchanteur, une tête charmante, et dans toute sa personne un mélange de grâce et de dignité qui inspiraient à la fois le respect et l’affection.
Sa conversation était si attachante que j’aurais passé des journées entières à l’écouter ; mais j’éprouvais en la voyant un plaisir qui avait plus de douceur que de vivacité : loin d’elle je ne ressentais aucune peine ; son image ne troublait pas mon repos ; je serais resté des mois entiers sans la voir que je n’eusse pas été malheureux ; sa présence n’était pas nécessaire à ma vie ; quel était donc le sentiment que j’avais pour elle ?
C’était un attachement mêlé d’admiration, un culte aussi noble, aussi pur que celle qui en était l’objet : j’ai conservé ce même sentiment jusqu’au moment de sa mort, que j’ai pleurée avec tous ceux pour qui une âme distinguée, un noble caractère, un esprit charmant, une amitié fidèle ne sont pas de vains noms.
Stanislas de Girardin
Source texte et images : https://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=3120
La nuit, la neige- Messages : 18137
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Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Historia; la revue du réchauffé !
N'oublions pas le 20 juin 1792; Robespierre, Danton, Marat ou pas.
N'oublions pas le 20 juin 1792; Robespierre, Danton, Marat ou pas.
pilayrou- Messages : 674
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Armand-Désiré de Vignerot du Plessis-Richelieu, duc d'Aiguillon
Ce petit aperçu biographique nous apprend donc que la jeune duchesse d'Aiguillon (une vingtaine d'années à l'époque où elle est incarcérée) fréquentait auparavant toute la "clique" du Palais-Royal.
Peut-être avait-elle ses propres opinions, mais regardons tout de même qui était son époux ?
Voici des extraits de sa fiche Wiki.
Ne pas le confondre avec son père, que nous évoquons dans un autre sujet ici : Le duc d'Aiguillon
C'est pénible ces noms avec des titres !
Ainsi donc, Armand-Désiré de Vignerot du Plessis-Richelieu
Photo : Sotheby's
Avant la Révolution :
Fils d’Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis, duc d'Aiguillon, il sert en 1773 dans les chevau-légers de la garde du roi, obtient le rang de capitaine le 17 décembre 1778, et celui de capitaine-lieutenant le 31 octobre 1779.
Il épouse le 1er février 1785 Jeanne-Henriette de Navailles-Mirepeix, vicomtesse de Saint-Martin en Navarre.
Titré duc d’Agenois le 12 août 1785, il est réformé avec la compagnie de chevau-légers le 1er octobre 1787.
Il refuse sa nomination de mestre de camp du régiment de la Fère infanterie le 10 mars 1788, et est nommé colonel du régiment Royal-Pologne cavalerie le 21 septembre 1788.
À la mort de son père le 1er septembre 1788, il accède à la pairie et devient duc d’Aiguillon.
Pendant la Révolution
Élu député de la noblesse de la sénéchaussée d’Agen aux États généraux le 26 mars 1789, il est l’un des plus chauds partisans de la Révolution à ses débuts et l’un des chefs du Club breton.
Il est un des premiers représentants de la noblesse à se réunir au tiers état, et lors de la fameuse nuit du 4 août, il est le second à demander aux gentilshommes à renoncer à leurs privilèges.
"Monument à la République", Statue Place de la République, Paris
Haut-relief en bronze : La nuit du 4 août 1789
Par Léopold Morice, 1883
En effet après Louis-Marie de Noailles, qui, le premier, demande la suppression sans indemnité des servitudes personnelles, le duc d’Aiguillon, plus grosse fortune du royaume après le roi, monte à la tribune pour proposer le rachat à très faible taux des droits féodaux et renoncer aux privilèges nobiliaires. Cela lui vaut l’hostilité de la droite monarchique.
On prétend l’avoir vu déguisé en poissarde, les 5 et 6 octobre 1789, lors de l’invasion du palais de Versailles par la foule.
Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau l’ayant rencontré sur sa route, lui aurait crié : « Passe ton chemin, salope ! ».
Il a toujours repoussé ces accusations.
Médaillon réversible du duc d'Aiguillon en « poissarde »
Estampe satirique de l'époque révolutionnaire.
Augustin Challamel dans : Histoire-musée de la république Française, depuis l'assemblée des notables, Paris, Delloye (1842).
Il est élu secrétaire de l’Assemblée constituante le 4 janvier 1790, et le 15 avril se prononce pour la création des assignats.
Le 15 mai suivant, à l’occasion de l’armement de l’Espagne contre l’Angleterre, auquel la Cour paraît déterminée à prendre une part active, il s’élève fortement contre la guerre, qu’il qualifie de piège tendu par les ministres, et expose avec beaucoup d’adresse et de clairvoyance les dangers pour un État libre d’un roi guerrier et victorieux.
Il conclut sur la proposition que l’Assemblée commence par délibérer pour déterminer qui du corps législatif ou du roi a le droit de paix et de guerre. Dans le débat qui suit, il se prononce pour l’attribution de ce droit à la nation et non au roi.
À la séance du 23 février 1791, après la lecture d’une lettre de la municipalité de Moret qui annonce qu’elle a essayé en vain de s’opposer au départ de Mesdames, tantes du roi, obligée qu’elle fut de céder devant la force, le duc d’Aiguillon demande que le ministre de la guerre soit interpellé pour savoir s’il a ordonné de fournir une escorte. Il ajoute : « Dans ce cas, je le dénonce comme auteur d’un délit grave et comme ayant porté atteinte à la constitution ».
À la suite de cette affaire, il réclame quelques jours plus tard une loi sur la résidence de la famille royale, et, le 13 août suivant il propose que le roi et l’héritier présomptif de la couronne ne puissent jamais commander les armées.
La vie politique du duc d’Aiguillon se termine là.
Revenu dans l’armée, il sert comme colonel du 1er régiment de chasseurs à cheval le 23 novembre 1791, puis du 7e Chasseurs à Cheval en garnison à Sélestat le 15 décembre 1791.
Il est nommé maréchal de camp employé à l’armée du Rhin le 7 mai 1792, et occupe les gorges de Porrentruy en remplacement de Custine, nommé à la tête de l’armée du Rhin.
Employé à l’armée du Haut-Rhin sous le général d’Harambure, il réprouve l’insurrection du 10 août 1792.
Le 31 août, il est destitué et décrété d’accusation. Abandonnant sa fonction, il émigre alors le 6 septembre 1792 et gagne en octobre 1792 Hambourg, où il s’installe avec ses amis les frères Alexandre et Charles-Malo de Lameth.
Accusé par Achille Viard d’être à Londres le membre d’une coterie d’émigrés complotant contre la France, il le nie dans une lettre parue en 1793 dans Le Moniteur.
Radié de la liste des émigrés en 1800, il s’apprête à rentrer en France, mais meurt fusillé le 4 mai à Hambourg (cité dans les Reminiscences de Michael Kelly).
Il fut le dernier duc d’Aiguillon en ligne directe.
Franc-Maçonnerie :
Pour expliquer ses opinions défavorables à sa classe, Michaud évoque l’hypothèse que c’était peut-être un ressentiment particulier contre la reine, qui avait haï son père et contribué à sa disgrâce, qui l’avait jeté dans le parti démocratique.
Il est possible aussi que ce fût son appartenance de longue date à la franc-maçonnerie, qui avait fait mûrir en lui ces idées de progrès. Il fut en effet, avant la Révolution, membre de la loge « L’Olympique de la Parfaite Estime » du Grand Orient de France, à laquelle appartenaient aussi les frères Lameth.
En 1786, il fut membre de la loge « Société Olympique », et grand officier du Grand Orient de France.
* Source et infos complémentaires : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand-D%C3%A9sir%C3%A9_de_Vignerot_du_Plessis
Peut-être avait-elle ses propres opinions, mais regardons tout de même qui était son époux ?
Voici des extraits de sa fiche Wiki.
Ne pas le confondre avec son père, que nous évoquons dans un autre sujet ici : Le duc d'Aiguillon
C'est pénible ces noms avec des titres !
Ainsi donc, Armand-Désiré de Vignerot du Plessis-Richelieu
Photo : Sotheby's
Avant la Révolution :
Fils d’Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis, duc d'Aiguillon, il sert en 1773 dans les chevau-légers de la garde du roi, obtient le rang de capitaine le 17 décembre 1778, et celui de capitaine-lieutenant le 31 octobre 1779.
Il épouse le 1er février 1785 Jeanne-Henriette de Navailles-Mirepeix, vicomtesse de Saint-Martin en Navarre.
Titré duc d’Agenois le 12 août 1785, il est réformé avec la compagnie de chevau-légers le 1er octobre 1787.
Il refuse sa nomination de mestre de camp du régiment de la Fère infanterie le 10 mars 1788, et est nommé colonel du régiment Royal-Pologne cavalerie le 21 septembre 1788.
À la mort de son père le 1er septembre 1788, il accède à la pairie et devient duc d’Aiguillon.
Pendant la Révolution
Élu député de la noblesse de la sénéchaussée d’Agen aux États généraux le 26 mars 1789, il est l’un des plus chauds partisans de la Révolution à ses débuts et l’un des chefs du Club breton.
Il est un des premiers représentants de la noblesse à se réunir au tiers état, et lors de la fameuse nuit du 4 août, il est le second à demander aux gentilshommes à renoncer à leurs privilèges.
"Monument à la République", Statue Place de la République, Paris
Haut-relief en bronze : La nuit du 4 août 1789
Par Léopold Morice, 1883
En effet après Louis-Marie de Noailles, qui, le premier, demande la suppression sans indemnité des servitudes personnelles, le duc d’Aiguillon, plus grosse fortune du royaume après le roi, monte à la tribune pour proposer le rachat à très faible taux des droits féodaux et renoncer aux privilèges nobiliaires. Cela lui vaut l’hostilité de la droite monarchique.
On prétend l’avoir vu déguisé en poissarde, les 5 et 6 octobre 1789, lors de l’invasion du palais de Versailles par la foule.
Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau l’ayant rencontré sur sa route, lui aurait crié : « Passe ton chemin, salope ! ».
Il a toujours repoussé ces accusations.
Médaillon réversible du duc d'Aiguillon en « poissarde »
Estampe satirique de l'époque révolutionnaire.
Augustin Challamel dans : Histoire-musée de la république Française, depuis l'assemblée des notables, Paris, Delloye (1842).
Il est élu secrétaire de l’Assemblée constituante le 4 janvier 1790, et le 15 avril se prononce pour la création des assignats.
Le 15 mai suivant, à l’occasion de l’armement de l’Espagne contre l’Angleterre, auquel la Cour paraît déterminée à prendre une part active, il s’élève fortement contre la guerre, qu’il qualifie de piège tendu par les ministres, et expose avec beaucoup d’adresse et de clairvoyance les dangers pour un État libre d’un roi guerrier et victorieux.
Il conclut sur la proposition que l’Assemblée commence par délibérer pour déterminer qui du corps législatif ou du roi a le droit de paix et de guerre. Dans le débat qui suit, il se prononce pour l’attribution de ce droit à la nation et non au roi.
À la séance du 23 février 1791, après la lecture d’une lettre de la municipalité de Moret qui annonce qu’elle a essayé en vain de s’opposer au départ de Mesdames, tantes du roi, obligée qu’elle fut de céder devant la force, le duc d’Aiguillon demande que le ministre de la guerre soit interpellé pour savoir s’il a ordonné de fournir une escorte. Il ajoute : « Dans ce cas, je le dénonce comme auteur d’un délit grave et comme ayant porté atteinte à la constitution ».
À la suite de cette affaire, il réclame quelques jours plus tard une loi sur la résidence de la famille royale, et, le 13 août suivant il propose que le roi et l’héritier présomptif de la couronne ne puissent jamais commander les armées.
La vie politique du duc d’Aiguillon se termine là.
Revenu dans l’armée, il sert comme colonel du 1er régiment de chasseurs à cheval le 23 novembre 1791, puis du 7e Chasseurs à Cheval en garnison à Sélestat le 15 décembre 1791.
Il est nommé maréchal de camp employé à l’armée du Rhin le 7 mai 1792, et occupe les gorges de Porrentruy en remplacement de Custine, nommé à la tête de l’armée du Rhin.
Employé à l’armée du Haut-Rhin sous le général d’Harambure, il réprouve l’insurrection du 10 août 1792.
Le 31 août, il est destitué et décrété d’accusation. Abandonnant sa fonction, il émigre alors le 6 septembre 1792 et gagne en octobre 1792 Hambourg, où il s’installe avec ses amis les frères Alexandre et Charles-Malo de Lameth.
Accusé par Achille Viard d’être à Londres le membre d’une coterie d’émigrés complotant contre la France, il le nie dans une lettre parue en 1793 dans Le Moniteur.
Radié de la liste des émigrés en 1800, il s’apprête à rentrer en France, mais meurt fusillé le 4 mai à Hambourg (cité dans les Reminiscences de Michael Kelly).
Il fut le dernier duc d’Aiguillon en ligne directe.
Franc-Maçonnerie :
Pour expliquer ses opinions défavorables à sa classe, Michaud évoque l’hypothèse que c’était peut-être un ressentiment particulier contre la reine, qui avait haï son père et contribué à sa disgrâce, qui l’avait jeté dans le parti démocratique.
Il est possible aussi que ce fût son appartenance de longue date à la franc-maçonnerie, qui avait fait mûrir en lui ces idées de progrès. Il fut en effet, avant la Révolution, membre de la loge « L’Olympique de la Parfaite Estime » du Grand Orient de France, à laquelle appartenaient aussi les frères Lameth.
En 1786, il fut membre de la loge « Société Olympique », et grand officier du Grand Orient de France.
* Source et infos complémentaires : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand-D%C3%A9sir%C3%A9_de_Vignerot_du_Plessis
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Le médaillon réversible est excellent !!!!
Bravo aussi pour le titre du sujet.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Oui ! J'aime aussi le "Passe ton chemin, salope !"
Je poursuis cette petite enquête, et je pense que nous pouvons déjà faire un premier bilan :
- La source n'est pas citée, mais elle pourrait-être celle trouvée dans les Mémoires de Théodore de Lameth : recueil de ses notes compilées par un autre auteur, et publié une cinquantaine d'années après sa mort.
- Plus modéré que ses frères, l'auteur (présumé), Théodore de Lameth, n'est cependant pas le témoin direct.
Il dit reprendre les propos de la duchesse d'Aiguillon.
Madame d'Aiguillon qui fréquente donc, du temps de sa jeunessee, les salons séditieux du Palais-Royal.
Son époux est un aristocrate aux idées révolutionnaires.
Comme nous l'avons vu, le couple est également très lié aux frères Lameth. Le duc d'Aiguillon fondera avec Alexandre et Charles de Lameth une maison de Commerce à Hambourg durant leur exil).
- La duchesse d'Aiguillon n'est pas davantage le témoin direct de l'acte présumé de Marie-Antoinette.
Elle est supposée rapporter les confidences de Antoine-Joseph Santerre, avec qui elle serait entretenue à ce sujet durant leur incarcération commune à la prison des Carmes.
- Rappelons que Santerre, commandant de la garde nationale parisienne le 20 juin 1792, laisse envahir le château des Tuileries le 20 juin 1792.
De même, le 10 août 1792, à la tête de son détachement de la Garde nationale du Faubourg Saint-Antoine, Santerre ne remplit pas la mission d’interposition qui est normalement la sienne. Au contraire, il favorise le mouvement insurrectionnel qui aboutit à la prise du château des Tuileries.
C’est aussi lui qui assure le transfert de la famille royale à la prison du Temple.
Lors des massacres de Septembre, Jérôme Pétion, alors maire de Paris, accusera Santerre de ne pas s'être s’interposé entre les massacreurs et les prisonniers désarmés, alors qu'il lui demandait d'intervenir.
Promu maréchal de camp le 11 octobre 1792, et il est présent à l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793. Il est surnommé le « général roulement », allusion au roulement de tambour qu’il aurait ordonné pour couvrir la voix de Louis XVI sur la guillotine (d'autres versions attribuant cette initiative au général Berruyer).
Enfin, déjà inquiété des accusations de Marat, et après avoir été enrôlé dans l'armée (notamment pour servir en Vendée), lorsqu'il reviendra à Paris en septembre 1793 : il est inquiété cette fois-ci par les accusations de Robespierre.
C'est à ce moment là que Bertrand Barère de Vieuzac et Jean-Marie Collot d'Herbois, le font incarcérer et protéger, pour le soustraire à des dangers certains. Il sera d'ailleurs libéré après le 9 Thermidor.
Disons donc que toutes ces bouches à nombreuses oreilles (ce qui est déjà rarement sérieux) sont initiées par des "témoins" qui n'auraient eu guère de scrupules à raconter n'importe quoi sur Marie-Antoinette après sa mort.
Des personnes qui avaient également (et peut-être surtout) des comptes à régler avec Robespierre !
Durant la Révolution, à juste titre ou pas, nombre de révolutionnaires se sont mutuellement accusés de collusion avec la cour des Tuileries.
Et Robespierre n'y échappe pas.
Peu avant le 10 août 1792, au printemps de la même année, une campagne de presse avait été menée contre lui par les partisans de Brissot, qui l'accusaient notamment d'être à la solde du comité "comité autrichien".
Marat, Desmoulins et même Hébert prirent la défense de l'incorruptible dans leurs journaux.
Je cite Hébert dans le n°130 de son Père Duchesne :
Qui se sent morveux se mouche. Ceux qui jappent si fort contre Robespierre ressemblent beaucoup aux Lameth et aux Barnave, quand ce défenseur du peuple leur arracha leur masque, ils le traitèrent de factieux, de républicain ; on l'appelle de même aujourd'hui, parce qu'il découvre encore une fois le pot aux roses.
Si Robespierre dénonçait le Père Duchesne, j'en serais bougrement fâché car je fais plus de cas de l'estime des honnêtes gens que de tous les trésors de l'univers (...)
Première conclusion : Tout ce groupe de "témoins" ne me semble pas très fiable, c'est le moins que l'on puisse dire.
A suivre, une tentative de mise en contexte historique...
Je poursuis cette petite enquête, et je pense que nous pouvons déjà faire un premier bilan :
Jean-François Kahn, extrait article du magazine [u]Historia[/u] a écrit:
Toujours la même idée : mieux vaut s'acoquiner provisoirement avec l'extrême gauche que s'entendre avec le centre.
Selon Lameth, il était question à la veille du 10 août d'arrêter Robespierre et Marat, mais la reine les fit prévenir.
- La source n'est pas citée, mais elle pourrait-être celle trouvée dans les Mémoires de Théodore de Lameth : recueil de ses notes compilées par un autre auteur, et publié une cinquantaine d'années après sa mort.
- Plus modéré que ses frères, l'auteur (présumé), Théodore de Lameth, n'est cependant pas le témoin direct.
Il dit reprendre les propos de la duchesse d'Aiguillon.
Madame d'Aiguillon qui fréquente donc, du temps de sa jeunessee, les salons séditieux du Palais-Royal.
Son époux est un aristocrate aux idées révolutionnaires.
Comme nous l'avons vu, le couple est également très lié aux frères Lameth. Le duc d'Aiguillon fondera avec Alexandre et Charles de Lameth une maison de Commerce à Hambourg durant leur exil).
- La duchesse d'Aiguillon n'est pas davantage le témoin direct de l'acte présumé de Marie-Antoinette.
Elle est supposée rapporter les confidences de Antoine-Joseph Santerre, avec qui elle serait entretenue à ce sujet durant leur incarcération commune à la prison des Carmes.
- Rappelons que Santerre, commandant de la garde nationale parisienne le 20 juin 1792, laisse envahir le château des Tuileries le 20 juin 1792.
De même, le 10 août 1792, à la tête de son détachement de la Garde nationale du Faubourg Saint-Antoine, Santerre ne remplit pas la mission d’interposition qui est normalement la sienne. Au contraire, il favorise le mouvement insurrectionnel qui aboutit à la prise du château des Tuileries.
C’est aussi lui qui assure le transfert de la famille royale à la prison du Temple.
Lors des massacres de Septembre, Jérôme Pétion, alors maire de Paris, accusera Santerre de ne pas s'être s’interposé entre les massacreurs et les prisonniers désarmés, alors qu'il lui demandait d'intervenir.
Promu maréchal de camp le 11 octobre 1792, et il est présent à l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793. Il est surnommé le « général roulement », allusion au roulement de tambour qu’il aurait ordonné pour couvrir la voix de Louis XVI sur la guillotine (d'autres versions attribuant cette initiative au général Berruyer).
Enfin, déjà inquiété des accusations de Marat, et après avoir été enrôlé dans l'armée (notamment pour servir en Vendée), lorsqu'il reviendra à Paris en septembre 1793 : il est inquiété cette fois-ci par les accusations de Robespierre.
C'est à ce moment là que Bertrand Barère de Vieuzac et Jean-Marie Collot d'Herbois, le font incarcérer et protéger, pour le soustraire à des dangers certains. Il sera d'ailleurs libéré après le 9 Thermidor.
Disons donc que toutes ces bouches à nombreuses oreilles (ce qui est déjà rarement sérieux) sont initiées par des "témoins" qui n'auraient eu guère de scrupules à raconter n'importe quoi sur Marie-Antoinette après sa mort.
Des personnes qui avaient également (et peut-être surtout) des comptes à régler avec Robespierre !
Durant la Révolution, à juste titre ou pas, nombre de révolutionnaires se sont mutuellement accusés de collusion avec la cour des Tuileries.
Et Robespierre n'y échappe pas.
Peu avant le 10 août 1792, au printemps de la même année, une campagne de presse avait été menée contre lui par les partisans de Brissot, qui l'accusaient notamment d'être à la solde du comité "comité autrichien".
Marat, Desmoulins et même Hébert prirent la défense de l'incorruptible dans leurs journaux.
Je cite Hébert dans le n°130 de son Père Duchesne :
Qui se sent morveux se mouche. Ceux qui jappent si fort contre Robespierre ressemblent beaucoup aux Lameth et aux Barnave, quand ce défenseur du peuple leur arracha leur masque, ils le traitèrent de factieux, de républicain ; on l'appelle de même aujourd'hui, parce qu'il découvre encore une fois le pot aux roses.
Si Robespierre dénonçait le Père Duchesne, j'en serais bougrement fâché car je fais plus de cas de l'estime des honnêtes gens que de tous les trésors de l'univers (...)
Première conclusion : Tout ce groupe de "témoins" ne me semble pas très fiable, c'est le moins que l'on puisse dire.
A suivre, une tentative de mise en contexte historique...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Magnifique exposé, nous attendons la suite haletante !!!
Oui, ces témoignages à la traçabilité rocambolesque sont franchement douteux ...
Enfin moi, je ne suis pas convaincue !
La nuit, la neige a écrit:
Lors des massacres de Septembre, Jérôme Pétion, alors maire de Paris, accusera Santerre de ne pas s'être s’interposé entre les massacreurs et les prisonniers désarmés, alors qu'il lui demandait d'intervenir.
Promu maréchal de camp le 11 octobre 1792, et il est présent à l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793. Il est surnommé le « général roulement », allusion au roulement de tambour qu’il aurait ordonné pour couvrir la voix de Louis XVI sur la guillotine (d'autres versions attribuant cette initiative au général Berruyer).
Que n'as-tu gardé cette anecdote pour notre Jeu .
Tu tenais là une bonne énigme .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Mme de Sabran a écrit:
Magnifique exposé, nous attendons la suite haletante !!!
Oui, ces témoignages à la traçabilité rocambolesque sont franchement douteux ...
Oui, jolie démonstration . C'est l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours... pas sérieux.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Je reviens sur le contexte historique au sujet de cette accusation : peu avant l'insurrection du 10 août 1792, Marie-Antoinette aurait fait prévenir Marat et Robespierre que l'on envisageait de faire arrêter.
Qui est ce "on" qu'évoque Théodore de Lameth dans ses Mémoires ?
Charles-Xavier Joseph de Francqueville d'Abancourt, dit le chevalier d'Abancourt (1758 -1792)
Durant cette période particulièrement instable où les révolutionnaires et la cour jouaient au jeu des chaises musicales pour les nominations aux postes clés des ministères selon les intérêts et moyens de pression des uns et des autres, il est l'un des 6 ministres de la Guerre qui se succèdent à ce poste en 1792, et le dernier nommé par le roi.
Neveu du célèbre contrôleur général des finances Charles Alexandre de Calonne, il fut volontaire, à quinze ans, dans les mousquetaires de la garde du roi, puis sous-lieutenant en 1777 à la suite du régiment Mestre de camp général de la cavalerie, lieutenant en second en 1779, capitaine en second (1784), et capitaine en premier le 1er mai 1788 puis lieutenant-colonel au 5e régiment de chasseurs à cheval, il fut, grâce à l'influence de Calonne et à la protection des royalistes constitutionnels, nommé adjudant-général, puis ministre de la Guerre, après le renvoi du ministère girondin et la démission du ministère feuillant qui l'avait remplacé.
Le 23 juillet 1792, le lendemain même du jour où avait été rendu le décret de la Patrie en danger, il fut nommé ministre par le Roi, fonctions qu’il ne devait exercer que pendant 19 jours.
Les enrôlements de volontaires en 1792
Par Jean-Baptiste Vinchon
Photo : Musée de la Révolution française - Vizille
À la publication du manifeste de Brunswick, deux jours plus tard, d'Abancourt s'efforça vainement de rassurer l'Assemblée sur la situation militaire entre l'Escaut et la Sambre, sur l'organisation des bataillons de volontaires, et sur la formation du camp de Soissons.
Trois commissaires enquêteurs, Lacombe-Saint-Michel, Gasparin et Carnot l'aîné, furent délégués pour connaître la vérité, et rendirent compte de leur mission dans la séance du 6 août, en constatant que l'alimentation et l'habillement des soldats étaient également défectueux.
Le 9 août, Lacroix montait à la tribune pour dénoncer les agissements du ministre, relativement à la formation du camp de Soissons.
Les dispositions défiantes de l'Assemblée à l'égard du ministre de la Guerre s'exaspérèrent encore par suite des mesures prises par lui, quelques jours avant le 10 août.
Un décret du roi ordonnant l'envoi à la frontière de deux bataillons de gardes suisses resta inexécuté ; on soupçonna le ministre de préméditer une évasion du roi du côté de la Normandie, dont les autorités semblaient dévouées aux constitutionnels, et sa mise en accusation fut formellement réclamée une première fois, par Guadet ; l'Assemblée ne passa à l'ordre du jour qu'après avoir déclaré « qu'aucun motif ne peut autoriser un ministre à retarder l'exécution d'un décret », et après avoir renvoyé au comité diplomatique l'examen de la conduite du ministre.
Lors de la journée du 10 août 1792, D’Abancourt organisa comme il put la défense des Tuileries. Il fit venir deux régiments suisses de Courbevoie et de Rueil, mais le recrutement des gentilshommes volontaires que les révolutionnaires appelaient les chevaliers du poignard était fait par le ministre de la maison du roi.
Sommé par l’Assemblée législative d’éloigner les Suisses, d’Abancourt refusa. Il ne parait pas avoir joué de rôle important pendant l’attaque des Tuileries mais, accusé par Thuriot de la Marne d’avoir été un des principaux auteurs des malheurs de la journée, il fut, sur la proposition de ce dernier, décrété d'accusation.
Arrêté immédiatement, il fut écroué d'abord à La Force et conduit ensuite à la prison d'Orléans, pour y être jugé par la haute Cour nationale « comme prévenu de crime contre la Constitution et d'avoir attenté contre la sûreté de l'État ».
D'Abancourt fut arraché de la prison le 4 septembre, en même temps que cinquante-deux autres prisonniers, pour être transféré à Versailles, les fers aux pieds et les menottes aux mains, sous la garde de deux ou trois mille volontaires parisiens.
Massacre à Versailles des prisonniers de la prison de la haute cour Nationale d'Orléans, 8 septembre 1792
Photo : Musée Carnavalet
À leur arrivée dans cette ville, le 9 septembre, au moment de franchir la grille de l'Orangerie, 44 d'entre eux furent massacrés par le peuple, sans que l'escorte pût ou voulût les défendre.
D'Abancourt fut du nombre des victimes, avec Claude-Antoine de Valdec de Lessart, ancien ministre de l'Intérieur puis des Affaires étrangères et comte de Cossé-Brissac, commandant en chef de la Garde constitutionnelle du Roi Louis XVI.
La liste des prisonniers traîtres à leur patrie, conspirateurs, détenus dans les prisons d'Orléans, et jugés en dernier ressort par le peuple souverain à Versailles, liste qui fut criée le soir même dans Paris, porte cette mention laconique : « Dabancourt non interrogé ».
Qui est ce "on" qu'évoque Théodore de Lameth dans ses Mémoires ?
Charles-Xavier Joseph de Francqueville d'Abancourt, dit le chevalier d'Abancourt (1758 -1792)
Durant cette période particulièrement instable où les révolutionnaires et la cour jouaient au jeu des chaises musicales pour les nominations aux postes clés des ministères selon les intérêts et moyens de pression des uns et des autres, il est l'un des 6 ministres de la Guerre qui se succèdent à ce poste en 1792, et le dernier nommé par le roi.
Neveu du célèbre contrôleur général des finances Charles Alexandre de Calonne, il fut volontaire, à quinze ans, dans les mousquetaires de la garde du roi, puis sous-lieutenant en 1777 à la suite du régiment Mestre de camp général de la cavalerie, lieutenant en second en 1779, capitaine en second (1784), et capitaine en premier le 1er mai 1788 puis lieutenant-colonel au 5e régiment de chasseurs à cheval, il fut, grâce à l'influence de Calonne et à la protection des royalistes constitutionnels, nommé adjudant-général, puis ministre de la Guerre, après le renvoi du ministère girondin et la démission du ministère feuillant qui l'avait remplacé.
Le 23 juillet 1792, le lendemain même du jour où avait été rendu le décret de la Patrie en danger, il fut nommé ministre par le Roi, fonctions qu’il ne devait exercer que pendant 19 jours.
Les enrôlements de volontaires en 1792
Par Jean-Baptiste Vinchon
Photo : Musée de la Révolution française - Vizille
À la publication du manifeste de Brunswick, deux jours plus tard, d'Abancourt s'efforça vainement de rassurer l'Assemblée sur la situation militaire entre l'Escaut et la Sambre, sur l'organisation des bataillons de volontaires, et sur la formation du camp de Soissons.
Trois commissaires enquêteurs, Lacombe-Saint-Michel, Gasparin et Carnot l'aîné, furent délégués pour connaître la vérité, et rendirent compte de leur mission dans la séance du 6 août, en constatant que l'alimentation et l'habillement des soldats étaient également défectueux.
Le 9 août, Lacroix montait à la tribune pour dénoncer les agissements du ministre, relativement à la formation du camp de Soissons.
Les dispositions défiantes de l'Assemblée à l'égard du ministre de la Guerre s'exaspérèrent encore par suite des mesures prises par lui, quelques jours avant le 10 août.
Un décret du roi ordonnant l'envoi à la frontière de deux bataillons de gardes suisses resta inexécuté ; on soupçonna le ministre de préméditer une évasion du roi du côté de la Normandie, dont les autorités semblaient dévouées aux constitutionnels, et sa mise en accusation fut formellement réclamée une première fois, par Guadet ; l'Assemblée ne passa à l'ordre du jour qu'après avoir déclaré « qu'aucun motif ne peut autoriser un ministre à retarder l'exécution d'un décret », et après avoir renvoyé au comité diplomatique l'examen de la conduite du ministre.
Lors de la journée du 10 août 1792, D’Abancourt organisa comme il put la défense des Tuileries. Il fit venir deux régiments suisses de Courbevoie et de Rueil, mais le recrutement des gentilshommes volontaires que les révolutionnaires appelaient les chevaliers du poignard était fait par le ministre de la maison du roi.
Sommé par l’Assemblée législative d’éloigner les Suisses, d’Abancourt refusa. Il ne parait pas avoir joué de rôle important pendant l’attaque des Tuileries mais, accusé par Thuriot de la Marne d’avoir été un des principaux auteurs des malheurs de la journée, il fut, sur la proposition de ce dernier, décrété d'accusation.
Arrêté immédiatement, il fut écroué d'abord à La Force et conduit ensuite à la prison d'Orléans, pour y être jugé par la haute Cour nationale « comme prévenu de crime contre la Constitution et d'avoir attenté contre la sûreté de l'État ».
D'Abancourt fut arraché de la prison le 4 septembre, en même temps que cinquante-deux autres prisonniers, pour être transféré à Versailles, les fers aux pieds et les menottes aux mains, sous la garde de deux ou trois mille volontaires parisiens.
Massacre à Versailles des prisonniers de la prison de la haute cour Nationale d'Orléans, 8 septembre 1792
Photo : Musée Carnavalet
À leur arrivée dans cette ville, le 9 septembre, au moment de franchir la grille de l'Orangerie, 44 d'entre eux furent massacrés par le peuple, sans que l'escorte pût ou voulût les défendre.
D'Abancourt fut du nombre des victimes, avec Claude-Antoine de Valdec de Lessart, ancien ministre de l'Intérieur puis des Affaires étrangères et comte de Cossé-Brissac, commandant en chef de la Garde constitutionnelle du Roi Louis XVI.
La liste des prisonniers traîtres à leur patrie, conspirateurs, détenus dans les prisons d'Orléans, et jugés en dernier ressort par le peuple souverain à Versailles, liste qui fut criée le soir même dans Paris, porte cette mention laconique : « Dabancourt non interrogé ».
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Merci, cher ami, pour cette suite de ton passionnant exposé !
Je ne connaissais pas ce chevalier d'Abancourt, mort dans la même circonstance tragique que le duc de Brissac ...
Point de mention, ici, d'intervention de la reine . Je ne sens pas non plus qu'elle soit sous-entendue .
Cette absence simultanée qui parut alors ( suspecte ? ) ... j'aimerais bien lire la suite .
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
J'ai oublié de le dire, mais je cite simplement sa bio Wiki : il ne faut donc pas s'attendre à grand chose d'autre qu'un petit survol biographique.Mme de Sabran a écrit:
Point de mention, ici, d'intervention de la reine . Je ne sens pas non plus qu'elle soit sous-entendue.
Mais je ne crois pas pouvoir trouver dans mes livres une quelconque allusion à cette accusation.
Je pense que je m'en souviendrais si je l'avais jamais lue quelque part (y compris dans les bios de Robespierre que je possède).
Je ne dois pas avoir les bons livres !
Mme de Sabran a écrit:Cette absence simultanée qui parut alors ( suspecte ? ) ... j'aimerais bien lire la suite .
A suivre...
Mais d'ores et déjà, je peux dire que l'on explique pas vraiment pourquoi Robespierre s'est tenu à l'écart de cette journée.
Si ce n'est que ce n'est pas le seul des grandes figures de l'époque : c'était une sorte de quitte ou double, un affrontement entre la cour et les révolutionnaires, mais aussi entre les révolutionnaires eux-mêmes sur fond d'insurrection populaire.
C'est une période très, très complexe.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
La nuit, la neige a écrit:Mais d'ores et déjà, je peux dire que l'on explique pas vraiment pourquoi Robespierre s'est tenu à l'écart de cette journée.
Oui, cela semble certain . C'est toujours ce que j'ai lu .
Souci de sa part de ne pas endosser la responsabilité de cette journée des funérailles de la monarchie ?!!
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Notons qu'il disparaît également quelques jours, au moment de l'emmurement du petit .
Peut-être, après tout, Robespierre n'était-il qu'un couard, un sinistre faux-jeton ?
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
La nuit, la neige a écrit:
Durant la Révolution, à juste titre ou pas, nombre de révolutionnaires se sont mutuellement accusés de collusion avec la cour des Tuileries.
Et Robespierre n'y échappe pas.
Comme la princesse de Lamballe qui aurait joué le rôle d'intermédiaire entre la cour et Robespierre et Danton.
Nous trouvons cette thèse élaborée dans l'excellent livre de Marcel Jullian :
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Passionnant...
Je ne connaissais pas ce livre...
Il est évident que tout a été tenté pour « corrompre » les révolutionnaires influents. On pense bien sûr à Danton...
Mais quel rôle aurait pu jouer cette chère Lamballe?
Je pense aussi à sa supposée mission auprès de Mme de Lamotte à la Sapetriere, au moment de l’affaire du collier...cela se passe bien sûr avant la période qui nous intéresse, mais elle se serait ( ou on l’aurait ) déjà chargée d’une mission délicate, de même aussi à Londres, un peu plus tard...
Je ne connaissais pas ce livre...
Il est évident que tout a été tenté pour « corrompre » les révolutionnaires influents. On pense bien sûr à Danton...
Mais quel rôle aurait pu jouer cette chère Lamballe?
Je pense aussi à sa supposée mission auprès de Mme de Lamotte à la Sapetriere, au moment de l’affaire du collier...cela se passe bien sûr avant la période qui nous intéresse, mais elle se serait ( ou on l’aurait ) déjà chargée d’une mission délicate, de même aussi à Londres, un peu plus tard...
Dernière édition par Vicq d Azir le Ven 08 Juin 2018, 17:16, édité 3 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Localisation : Paris x
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Vicq d Azir a écrit:Passionnant...
Je ne connaissais pas ce livre...
Il est évident que tout a été tenté pour « corrompre » les révolutionnaires influents. On pense bien sûr à Danton...
Mais quel rôle aurait pu jouer cette chère Lamballe?
..
La présentation de ce livre est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t978-louis-et-maximilien-de-marcel-jullian?highlight=jullian
Mme de Lamballe aurait reçu au Pavillon de Flore quelques uns des chefs de la Révolution pour les amadouer et les rapprocher de la famille royale . Ont couru notamment des rumeurs concernant un possible poste de précepteur du dauphin pour Robespierre .
Vicq d Azir a écrit:
Je pense aussi à sa supposée mission auprès de Mme de Lamotte à la Sapetriere, au moment de l’affaire du collier...cela se passe bien sûr avant la période qui nous intéresse, mais elle se serait ( ou on l’aurait ) déjà chargée d’une mission délicate, de même aussi qu’à Londres, un peu plus tard...
Mais oui, c'est l'un des grands points d'interrogation du Forum : que diable allait-elle faire dans cette galère ?
D'autant que l'évasion de la femme la Motte a lieu dans les jours qui suivent .
La princesse fut-elle à la Salpêtrière de son propre chef, simplement par compassion pour une femme meurtrie qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer quelques fois chez le duc de Penthièvre, son beau-père ?
Y a-t-elle apporté une grosse somme d'argent ( de la reine , ou bien du duc d'Orléans ) pour acheter les complicités dont bénéficia la Motte pour s'évader ?
Les bruits les plus fous furent colportés dans Paris et dans toute l'Europe.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Oui, encore beaucoup de zones d’ombre...,
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
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Localisation : Paris x
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
J'y reviendrai...Mme de Sabran a écrit:
Souci de sa part de ne pas endosser la responsabilité de cette journée des funérailles de la monarchie ?!!
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
Comte d'Hézècques a écrit:
Comme la princesse de Lamballe qui aurait joué le rôle d'intermédiaire entre la cour et Robespierre et Danton.
Nous trouvons cette thèse élaborée dans l'excellent livre de Marcel Jullian :
Cher Héz', si un chapitre de ton livre analyse la période qui précède le 10 août 1792, n'hésite pas à nous donner quelques informations complémentaires...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
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