Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux

Vicq d Azir a écrit:
Je pense aussi à sa supposée mission auprès de Mme de Lamotte à la Sapetriere, au moment de l’affaire du collier...cela se passe bien sûr avant la période qui nous intéresse, mais elle se serait ( ou on l’aurait ) déjà chargée d’une mission délicate, de même aussi qu’à Londres, un peu plus tard...

Mme de Sabran a écrit:Mais oui, c'est l'un des grands points d'interrogation du Forum :  que diable allait-elle faire dans cette galère ?
D'autant que l'évasion de la femme la Motte a lieu dans les jours qui suivent .

La princesse fut-elle à la Salpêtrière de son propre chef, simplement par compassion pour une femme meurtrie qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer quelques fois chez le duc de Penthièvre, son beau-père ?
Y a-t-elle apporté une grosse somme d'argent  ( de la reine   , ou bien du duc d'Orléans    ) pour acheter les complicités dont bénéficia la Motte pour s'évader ?
Les bruits les plus fous furent colportés dans Paris et dans toute l'Europe.

Chers amis, je vous vois glisser lentement, mais sûrement, vers un joli petit hors sujet...

Roh ! nous sommes incorrigibles  .  Heureusement, tu es là pour nous remonter les bretelles !

La nuit, la neige a écrit:

Comte d'Hézècques a écrit:
Comme la princesse de Lamballe qui aurait joué le rôle d'intermédiaire entre la cour et Robespierre et Danton.
Nous trouvons cette thèse élaborée dans l'excellent livre de Marcel Jullian :

Cher Héz', si un chapitre de ton livre analyse la période qui précède le 10 août 1792, n'hésite pas à nous donner quelques informations complémentaires...

Je viens de retrouver le mien : ce sera pour demain, sans faute !

Ah ! Très bien...

Et hop !

Le roi reçoit le manifeste de Brunswick le 25 juillet au soir.
Il est publié et porté à la connaissance du public le 3 août.

Dès le 4 août, la section des Quinze-Vingt fixe au 10 l'assaut des Tuileries si la déchéance de Louis XVI n'est pas prononcée d'ici là.

L'Assemblée se garde bien de légiférer. Les ténors habituels sont aphones. Parmi eux, le trio d'élite que, selon le docteur Seiffert, la princesse de Lamballe essaie de rapprocher du roi : Robespierre, Danton, Pétion .
Tout porte à situer les " dîners politiques " de la princesse durant les longs mois de claustration et d'ennui qui ont précédé .
" C'est chez Mme de Lamballe que se réunissaient les fidèles servieurs du roi, parmi lesquels se trouvaient des gens moins sûrs, mais qu'on croyait devoir ménager." écrit le comte d'Espinchal.
En août, on songe peut-être, si la Législative s'en ouvre à Louis XVI, à proposer à Pétion, Robespierre et Danton le poste de précepteur du dauphin.

Le docteur Seiffert rapporte les confidences que la princesse lui a faites .
Selon elle, Marie-Antoinette était présente lorsque l'on introduisit Pétion : la reine flatta si bien sa vanité extrême qu'il accepta avec de grandes protestations de dévouement le poste qu'on lui offait.

Puis c'est le tour de Danton :
" Il posa de grosses conditions : il demandait, sans avoir de comptes à rendre, deux millions de livres par an sur les dépenses secrètes de la liste civile du roi. La reine promit et Danton d'assurer Marie-Antoinette de sa résolution de rendre à Louis XVI la confiance du peuple et tout son pouvoir . "

Robespierre enfin :
" Le roi saura bientôt qu'il m'a choisi pour son bonheur ! Le discours que je vais prononcer aux Jacobins vous sera une preuve du désir que j'ai de vous servir ! Et qui oserait me contredire ? Le peuple m'aime, ma popularité servira à étouffer bien des mécontentements contre le roi . Votre Majesté peut se fier à moi. J'emploierai toute mon influence à défendre la cause qu'elle remet entre mes mains . "

Tout ceci selon la princesse de Lamballe, via le docteur Seiffert . Et nous sommes censés être début août .

... à suivre .

Moi j'ai photographié les deux pages qui concernent cette période, je n'ai pas eu le courage de tout retaper sur l'écran :

Grand merci, mon cher Félix !
C'est vrai que c'est fastidieux de tout taper ...

Quoi, allô ?
Peut-on croire sérieusement que Marie -Antoinette et Mme. de Lamballe, en 92, reçoivent tous ces messieurs (Danton, Robespierre, Petion), sans doute dans les appartements du pavillon de Flore, et que ceux ci se répandent en protestations royalistes?
Rappelez vous que la Reine n’allait plus chez son amie depuis l’histoire de l’anglais qui avait montré une bague (ou un médaillon )contenant des cheveux de Cromwell.
Il y a donc , pour moi, quelque chose qui ne colle pas...

Oui, oui, cher Févicq, tout cela se serait tramé dans le Pavillon de Flore, toujours selon Seiffert.

Alors ! discours ou pas discours de Robespierre aux Jacobins ?    
Ce n'est pas clair .
Pas de trace, aucune certitude .  
Ce qui est sûr, c'est que Roberspierre disparaît bien, en effet, au moment de la prise des Tuileries .  Marcel Julian le suppose loin du tumulte peut-être en compagnie d'Eléonore Duplay qui passe pour sa fiancée .
Il semble réapparaître trois jours plus tard .

Le docteur Seiffert écrit :
Le 13 août, Robespierre pronoça aux Jacobins un discours où il se disculpait de n'avoir pas combattu, où il décernait les plus grands éloges aux insurgés, et qui terminait en parlant de son désintéressement, et en flattant les passions du peuple .

Je ne doute pas de l’opportunisme de « l’incorruptible », ce dont je doute, c’est que la Reine ait pu se laisser aller à de telles démarches. Certes, elle avait pactisé, si on peut dire, avec Mirabeau, puis Barnave, mais les temps avaient changé, elle détestait Petion, quant à Robespierre... Ce qui est sûr, c’est que le Roi a essayé de corrompre Danton, mais en sous-main.

Je le trouve comme vous, et pourtant ...
La rumeur court .
Le journal Les Révolutions de Paris accuse aussi Robespierre de pactiser avec Marie-Antoinette par l'entremise de la princesse de Lamballe :

On aurait voulu faire tomber Robespierre, qu’on ne s’y serait pas pris autrement.
Rappelons nous qu’à cette époque là, la suprême insulte c’est d’être vendu au Roi et à la Cour (ou ce qu’il en reste)...

Vicq d Azir a écrit:On aurait voulu faire tomber Robespierre, qu’on ne s’y serait pas pris autrement.
...

Oui, n'est-ce pas !
Il aurait donc dû être au premier rang des assaillants du 10 août au lieu de faire profil bas ...
histoire de se refaire une virginité révolutionnaire

La rumeur d'un projet de mariage de Robespierre avec Mme Elisabeth avait également couru me semble-t-il . Nous en avions parlé dans un sujet me semble-t-il.

Cela me rappelle quelque chose, en effet . C'est complètement délirant .
Personne sans doute n'y a jamais cru .

Est-ce qu’on n’est pas là un peu dans le n’Importe quoi?
Mais je reconnais que ceci est troublant...
A verser aussi au dossier: la pension qu’aurait reçue la sœur de Robespierre sous la Restauration, accordée par Loui XVIII...

Vicq d Azir a écrit:Est-ce qu’on n’est pas là un peu dans le n’Importe quoi?
Mais je reconnais que ceci est troublant...
A verser aussi au dossier: la pension qu’aurait reçue la sœur de Robespierre sous la Restauration, accordée par Loui XVIII...

Si si ! Et tenez, pour continuer dans le pur délire :
Projets de mariage de Madame Royale avec un sans-culotte .


Le comte d'Artois à M. de Vaudreuil
Hamm, ce 6 novembre 1793

Paris est un gouffre plus exécrable que jamais; il est impossible de se faire une idée de tout ce qui s'y fait et de tout ce qui s'y invente . Je vous envie si vous ne recevez pas tous les papiers infernaux aussi exactement que nous. Il faut cependant les lire pour être au courant, mais ils sont déchirants. Mes inquiétudes sur ma soeur sont loin de diminuer; enfin imagine-toi que ces infâmes pensent à marier la petite Madame avec un sans-culotte. Tout cela est une suite de crimes qui étaient inconnus aux démons. La vengeance céleste éclatera sur ses monstres; mais rien ne réparera les atrocités qui se commettent tous les jours .
https://marie-antoinette.forumactif.org/t624p200-marie-therese-charlotte-dite-madame-royale

Mais STOP !!!
Nous digressons à nouveau allègrement dans le hors-sujet .

Merci, chers amis, d'avoir pris le temps de recopier ces passages et de scanner ces pages !  

Mme de Sabran a écrit:
Parmi eux, le trio d'élite que, selon le docteur Seiffert, la princesse de Lamballe essaie de rapprocher du roi :  Robespierre, Danton, Pétion .
Tout porte à situer les " dîners politiques " de la princesse durant les longs mois de claustration et d'ennui qui ont précédé.

" C'est chez Mme de Lamballe que se réunissaient les fidèles servieurs du roi, parmi lesquels se trouvaient des gens moins sûrs, mais qu'on croyait devoir ménager." écrit le comte d'Espinchal.
En août, on songe peut-être, si la Législative s'en ouvre à Louis XVI, à proposer à Pétion, Robespierre et Danton le poste de précepteur du dauphin.

Le docteur Seiffert rapporte les confidences que la princesse lui a faites .
Selon elle, Marie-Antoinette était présente lorsque l'on introduisit Pétion : la reine flatta si bien sa vanité extrême qu'il accepta avec de grandes protestations de dévouement le poste qu'on lui offait.

Puis c'est le tour de Danton :
" Il posa de grosses conditions : il demandait, sans avoir de comptes à rendre, deux millions de livres par an sur les dépenses secrètes de la liste civile du roi.  La reine promit et Danton d'assurer Marie-Antoinette de sa résolution de rendre à Louis XVI la confiance du peuple et tout son pouvoir . "

Robespierre enfin :
" Le roi saura bientôt qu'il m'a choisi pour son bonheur ! Le discours que je vais prononcer aux Jacobins vous sera une preuve du désir que j'ai de vous servir ! Et qui oserait me contredire ?  Le peuple m'aime, ma popularité servira à étouffer bien des mécontentements contre le roi . Votre Majesté peut se fier à moi. J'emploierai toute mon influence à défendre la cause qu'elle remet entre mes mains . "

Tout ceci selon la princesse de Lamballe, via le docteur Seiffert .   Et nous sommes censés être début août .

...   à suivre .  

Franchement ? Seiffert ?    
Tout ceci est délirant. Je n'en crois pas un seul mot.
Nous avions déjà évoqué cette rumeur du poste de gouverneur ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t110p50-maximilien-de-robespierre#70962

J'écrivais notamment :
C'est au moment du retour de Varennes, en 1791, que l'idée de déposer Louis XVI (parjure) et de nommer un Conseil régence est envisagée par quelques députés de l'Assemblée. Marie-Antoinette est vite écartée, évidemment ; le duc d'Orléans n'a pas assez de partisans, et on ne lui fait déjà plus guère confiance. L'Assemblée débat donc et constitue une liste de candidats possibles , et ils sont nombreux à être évoqués, sans pour autant faire acte de candidature.

Enfin, et surtout, comment imaginer une seule seconde que, alors que la "Patrie est déjà déclarée en danger", que les Fédérés sont déjà dans Paris, Robespierre (qui veut la déchéance du roi et la dissolution de cette assemblée) et Danton (encore plus radical, il voulait lui abattre la monarchie une fois pour toute) aient pu dîner ne serait-ce qu'un soir chez la princesse de Lamballe ?
C'est une farce !

Mme de Sabran a écrit:
Alors ! discours ou pas discours de Robespierre aux Jacobins ?    
Ce n'est pas clair .
Pas de trace, aucune certitude .
Pas de trace de ce discours = pas de discours en ce sens, voilà tout !  

En revanche, celui-ci existe bien. Il le prononce le 29 juillet :

Le chef du pouvoir exécutif (il ne le nomme même plus "le roi") a-t-il été fidèle à la nation ? il faut le conserver.
L'a-t-il trahie ? il faut le destituer.
L'Assemblée nationale ne veut point prononcer cette déchéance (il répond à la question  ) ; et si on le suppose coupable, l'Assemblée nationale est elle-même complice de ses attentats, elle est aussi incapable que lui de sauver l'Etat.
Dans ce cas, il faut donc régénérer à la fois et le pouvoir public et la législature...Il s'agit d'opter entre les membres actuelles de la législature et la liberté. (...)

Ce qui est sûr, c'est que Roberspierre disparaît bien, en effet, au moment de la prise des Tuileries .  Marcel Julian le suppose loin du tumulte peut-être en compagnie d'Eléonore Duplay qui passe pour sa fiancée .
Il semble réapparaître trois jours plus tard.

Robespierre, Danton et d'autres se tiennent à l'écart pour des raisons diverses, mais grosso modo parce qu'ils ne savent pas qui sortira vainqueur de cet ultime épisode :
- La cour ?  Qui avait ses chances avec les troupes des Suisses ramenées à Paris, les royalistes qui se sont rassemblés aux Tuileries, La Fayette qui rôdait dans les environs avec ses troupes et enfin Mandat, royaliste, qui commandait la Garde nationale parisienne...
- Lequel des partis révolutionnaires qui s'affrontaient à l'époque (Brissotins ? Girondins ? Jacobins etc.)
- Un débordement populaire incontrôlable et avec eux leurs meneurs  (ce que craignait Robespierre, qui ne voulait justement pas une guerre civile dans Paris alors que les troupes étrangères étaient déjà entrées en France ?

Mme de Sabran a écrit:

Je le trouve comme vous, et pourtant ...    
La rumeur court .
Le journal  Les Révolutions de Paris accuse aussi Robespierre de pactiser avec Marie-Antoinette par l'entremise de la princesse de Lamballe :

Oui, c'est l'épisode que je raconte ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3915-contre-revolution-et-politique-du-pire-marie-antoinette-et-les-revolutionnaires-les-plus-radicaux#124169

Un campagne diffamatoire menée par les Brissotins, et qui a vite tourné court.

Que Marie-Antoinette, pour une logique tactique que je n'ai pas encore saisie (si ce n'est son désir, réel, de ne rien devoir à La fayette et Pétion) ait pu faire prévenir Robespierre de je ne sais quoi d'improbable, why not (disons que c'est à étudier) ; mais acheter celui que même ses ennemis nommaient l'Incorruptible, et l'avoir à sa botte : cela n'a, à mon avis, aucun sens.  

Du reste, à cette période là, Robespierre n'est pas encore la "star" révolutionnaire avec tous les pouvoirs.  
A aucun moment dans ses courriers qui nous sont aujourd'hui connus, Marie-Antoinette évoquera seulement son nom ! Pas une seule fois.

Mme de Sabran a écrit:
Notons qu'il disparaît également quelques jours, au moment de l'emmurement du petit .
Peut-être, après tout, Robespierre n'était-il qu'un couard, un sinistre faux-jeton ?

Je vous rejoins. Cela fait longtemps que je pense ceci de lui.

C'est une supputation parfaitement gratuite de ma part. En effet, sur Robespierre je n'ai jamais lui aucune autre biographie que l'excellent Louis et Maximilien de Marcel Jullian. Cet homme reste pour moi une parfaite énigme, et notamment quand je pense qu'il était ( en tous cas à ses débuts en politique ) un adversaire convaincu de la peine de mort .

Mme de Sabran a écrit:C'est une supputation parfaitement gratuite de ma part.    En effet, sur Robespierre je n'ai jamais lui aucune autre biographie que l'excellent Louis et Maximilien de Marcel Jullian.  Cet homme reste pour moi une parfaite énigme,  et notamment quand je pense qu'il était ( en tous cas à ses débuts en politique ) un adversaire convaincu de la peine de mort .

Pou ma part, c'est également plus une impression, liée à quelques traits de sa personnalité. Jeune, je me suis plus intéressé à Danton, qui n'est plus pour moi aujourd'hui une énigme, que j'apparenterais, sous quelques réserves liées à certains comportements encore obscurs, par ses calculs, ses manigances, son double jeu, à un homme politique moderne.

...  comme cette libération manquée de Marie-Antoinette, fomentée avec Hérault de Séchelles et Ribbes côté français, et Fersen côté autrichien .  
Si si, de ce point de vue là, Danton me semble vraiment très difficile à cerner.

Mme de Sabran a écrit:...  comme cette libération manquée de Marie-Antoinette, fomentée avec Hérault de Séchelles et Ribbes côté français,  et Fersen côté autrichien .  
Si si, de ce point de vue là, Danton me semble vraiment très difficile à cerner.

Oui cette affaire est l'une des pierres d'achoppement à lesquelles je pensais. De manière générale, son comportement est celui d'un homme politique plus moderne, avec ses roueries, ses changements de bord politique, son double voire triple jeu. Et puis il y aussi ce côté aventurier, risque-tout. Etait-ce encore un jeu politique ? Ou alors était-il véritablement janusien, au sens mythologique du mot, une face tournée vers le passé, une autre vers l'avenir, torturé entre les deux ?