L'abbé Maury
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L'abbé Maury
Je trouve sous la plume de Jules et Edmond de Goncourt
un portrait de l'abbé Maury qui me donne l'idée d'ouvrir un sujet pour ce personnage de notre époque de prédilection que, somme toute finalement, nous croisons souvent dans nos lectures . J'ignorais qu'il faisait la paire avec Mirabeau-Tonneau !
Dépouillé de ses biens, frappé dans sa puissance temporelle, le clergé avait encore sur les esprits d’immenses moyens d’action et de grandes influences. Ce fut lui qui se chargea de résister et de lutter. La noblesse, divisée, débandée, irrésolue, embarrassée, toute neuve dans les batailles de la parole et dans les campagnes de parlement, — le clergé se jeta au premier rang, animé jusqu’au bout des espoirs de la victoire.
L’abbé Maury fut le vaillant qui conduisit la guerre. Violent, brutal même, porté aux colères de la Bible plutôt qu’aux mansuétudes persuasives du Nouveau Testament, l’abbé Maury avait la menace, il avait l’emportement, il avait la vigueur. Robuste de corps et d’âme, sans crainte aux pugilats de la rue comme aux duels de la dialectique, il y avait dans ce défenseur du clergé, jetant des cartels d’éloquence à Mirabeau, impatient dans sa fougue, quelque chose de frère Jean des Entommeures. C’était lui qui, à cette question : « Comment se fait-il que vous haïssiez si fort la Révolution? » — faisait cette réponse : « Pour deux raisons : la première, et c’est la meilleure, c’est qu’elle m’enlève mes bénéfices; la seconde, c’est que, depuis trente ans, j’ai trouvé les hommes si méchants, en particulier et pris un à un, que je n’attends rien de bon d’eux en public et pris collectivement.»
C’était lui qui ralliait la petite armée noire, couvrant les retraites, les défections, en sonnant les charges sonores, souvent seul sur la brèche, mais sauvant la défaite par l’imposant clairon de sa voix et la pompe mâle de sa parole. L’aide de camp de l’abbé Maury était un gros et gras viveur, buveur, mangeur, fort rieur, fort malin, courageux jusque par delà l’imprudence, une gaie caricature d’héroïsme, un Falstaff brave : le vicomte de Mirabeau; et tous deux, ce fils de savetier, que les pamphlets entourent d’un cortège de recarreleurs de souliers et le Mirabeau-tonneau, ils courent les hasards de la tribune du Manège, la fortune des journaux, les périls du dehors, défendant la royauté par l’Église, forts contre les emportements des tribuns, audacieux contre les lois et la marche des choses.
Il est élu député du clergé aux États généraux de 1789 pour le bailliage de Péronne, dans le ressort duquel se situe son prieuré. Il défend les intérêts du clergé et de la noblesse et s'oppose à Mirabeau, élu du tiers état. Il lutte contre l'émancipation des Juifs en 1789 et 1790. Il proteste notamment contre la Constitution civile du clergé et défend l'autorité pontificale.
« Danse aristocrate. Il ne sait sur quel pied danser. »
Caricature anonyme de 1790 montrant le cardinal Maury sur une corde raide tenue par le diable habillé en bouffon, encouragé à gauche par deux aristocrates et harcelé à droite par deux membres du tiers état.
Quand l'Assemblée constituante est dissoute, il émigre à Coblence, puis à Rome. Le 1er mai 1792, il y est sacré archevêque in partibus de Nicée et nommé ambassadeur de la Cour de Rome à Francfort-sur-le-Main pendant l'élection impériale. En 1794, il reçoit le chapeau de cardinal et est nommé évêque titulaire des diocèses réunis de Montefiascone et de Corneto. Il joue un rôle important pendant le conclave de 1799-1800 en proposant l'élection du futur Pie VII.
Il est la cible de maintes gracieusetés.
Après le Révolution, il se rallie à l'Empire, est nommé sénateur (1806), aumônier du roi de Westphalie, membre de l'Académie française (1806), comte de l'Empire (1810) avant d'accepter en 1810 l'archevêché de Paris, malgré l'opposition de Pie VII, alors prisonnier à Savone (Italie), qui lui avait défendu d'accepter ce siège. Il soutient activement Napoléon Ier dans ses mandements et ses sermons.
L'exil
À la Restauration, on lui fait payer durement son ralliement à l'Empire.
Repoussé par le roi, la noblesse et le clergé, il est déposé par le chapitre de Paris, exclu de l'Académie et exilé. Il retourne en 1814 à Rome, où le Pape le fait mettre six mois en prison au château Saint-Ange, puis chez les lazaristes, pour le punir de sa désobéissance.
Rentré en grâce, il meurt en 1817 dans un monastère.
Eh bien, quelle histoire !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Sifrein_Maury
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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