Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
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La nuit, la neige
Gouverneur Morris
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Voilà une plume extraordinaire : le chevalier réalise le tour de force d'annoncer la mort du petit Duroure ( dont on le sent sincèrement affecté ), et la sottise crasse de sa famille, dans des termes désopilants !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
La nuit, la neige a écrit:
Assurément, il semble coquinou ce chevalier.
Oh que oui ! Tiens, pour confirmation ( : ) :
Le chevalier de l'Isle, au prince de Ligne :
Paris, le 16 mai 1782 .
Je crois que vous ne laisserez pas le Grand-Duc errer dans Paris sans vous, mon cher Prince . Le tendre couple n'a prévenu de son arrivée qu'un seul personnage considérable qui est Mlle Bertin; mais nous savons par elle que, très positivement, leurs Altesses Impériales seront ici demain au soir, apparemment pour se trouver dimanche à la cérémonie des Cordons-Bleus, et la Reine se propose de donner dès lundi un grand concert, où toutes les dames seront, comme dit Mme de Luynes, " le feu au cul " .
La nuit, la neige a écrit:
Il ne manque que des : pour illustrer quelques-unes des ses phrases.
Comme tu dis ! : : :
Il s'agit bien-sûr de Paul, le fils de Catherine II, et son épouse née de Wurtemberg, la petite copine de la baronne d'Oberkirch.
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Oh non, je n'y crois pas !
Où m'as-tu dégotté pareille illustration ?!!! :\\\\\\\\: :\\\\\\\\: :\\\\\\\\:
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
... montré au chevalier, écroulé lui aussi !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Mme de Sabran a écrit: et la Reine se propose de donner dès lundi un grand concert, où toutes les dames seront, comme dit Mme de Luynes," le feu au cul "
J’aime beaucoup cette expression !
Je l’emploie très souvent... :
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
La nuit, la neige a écrit:
J’aime beaucoup cette expression !
Je l’emploie très souvent... :
Je parie que tu ignorais que tu avais un côté duchesse de Luynes !!! : : :
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Le chevalier n'a pas toujours le coeur à rire.
Ici, le ton est très grave et Marie-Antoinette partage sa tristesse :
Paris, le 8 septembre 1782.
Vous demandez, mon bon Prince, ce que c'est que cela ? Je m'en vais vous le dire . C'est un pauvre homme, malheureux et triste, qui, trouvant injuste, de vous importuner de son malheur et de sa tristesse, pour cela même, ne vous écrit pas .
Nous avions ramené Mme Dillon dans un état inquiétant sans doute, mais qui laissait pourtant espérer la ressource du voyage de Naples : elle nous est entièrement ôtée. La faiblesse, la maigreur, la destruction, sont, en moins de huit jours, parvenues au dernier période ( ainsi dans le texte ) . Cette affreuse maladie est celle que les Anglais nomme " galoping consomption ". C'est en effet avec une incroyable rapidité qu'elle mène à la mort; mais elle a , du moins, l'avantage de si bien dérober au mourant la connaissance du danger et la proximité du terme, que Mme Dillon, de qui nous attendons, d'un instant à l'autre, le dernier soupir, s'occupe, à l'instant même où je vous parle, des préparatifs de son voyage d'Italie, des ressorts de sa voiture, de la façon de placer ses malles, et de l'habillement qu'elle adoptera comme plus commode.
Elle a demandé à la Reine, qui est venue passer une demi-journée avec elle, la permission de ne point faire sa première semaine. La Reine, en lui accordant, n'a pu retenir ses larmes qu'heureusement elle a cachées bien vite en abaissant son chapeau car elles eussent peut-être retiré Mme Dillon de l'heureuse ignorance dans laquelle nous espérons qu'elle finira.
M. de Guéménée fait la plus grande pitié. Sa douleur est si profonde et si vraie qu'elle m'inspirerait un sensible intérêt si je le voyais pour la première fois . Je le connais et je l'aime depuis vingt ans. Vous jugez combien mon affliction personnelle s'accroît encore de la sienne. Je le quitterai d'autant moins qu'il ne peut, dans ce moment-ci, ne compter que sur moi seul.
Mme de Guiche accouche incessamment. Tous les Polignac sont à Paris, à demeure, pour cet événement-là.
Je scinde .
Sujet créé pour la famille Dillon !
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Allez ! :n,,;::::!!!: encore un petit bijou de lettre du chevalier de l'Isle, toujours à son grand ami le prince de Ligne.
... de Versailles le 24 novembre 1782.
( Le contexte : la comte d'Artois et Vaudreuil rentrent du siège de Gibraltar, Mme de Polignac vient d'être tout fraîchement nommée gouvernante des Enfants de France . )
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Il faut voir comme la racaille des courtisans y foisonne.
Ce chevalier de l'Isle me fait rire !
Mme de Polignac couchera-t-elle avec M. le Dauphin ?
Ouf, j'ai dû lire deux fois avant de capter !
Heureusement que le tribunal révolutionnaire n'a jamais eu connaissance de cette lettre
Ce chevalier de l'Isle me fait rire !
Mme de Polignac couchera-t-elle avec M. le Dauphin ?
Ouf, j'ai dû lire deux fois avant de capter !
Heureusement que le tribunal révolutionnaire n'a jamais eu connaissance de cette lettre
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Mme de Sabran a écrit: et la Reine se propose de donner dès lundi un grand concert, où toutes les dames seront, comme dit Mme de Luynes, " le feu au cul ".
Comme ils disent : un vieux four est plus aisé à chauffer qu'un neuf...
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Comte d'Hézècques a écrit:
Ce chevalier de l'Isle me fait rire !
... moi aussi !!!
Qu'est-ce qu'il peut être trouspet ! : ( oh ! retour de mes smileys !!! :n,,;::::!!!: )
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Cette lettre est comme d'habitude charmante mais je trouve terrible de voir à quel point l'appartement des Enfants de France se transformait en foire aussi souvent dans la semaine. Certes, il fallait les habituer à la vie publique mais l'une n'avait pas encore quatre ans et l'autre un an. Sans oublier le changement de gouvernante qui devait quelque peu les perturber. Même si ils n'ont rien perdu au change !
Et cette pauvre madame de Polignac qui n'aimait que le calme et son entourage chaleureux !
Et cette pauvre madame de Polignac qui n'aimait que le calme et son entourage chaleureux !
Invité- Invité
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Le prince de Ligne appelait le chevalier de l’Isle : le dieu du couplet et du style épistolaire, qui, pour faire croire qu’il dînait avec la reine, le dimanche chez les Polignac, y arrivait le premier au sortir de table.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Comte d'Hézècques a écrit:
Ce chevalier de l'Isle me fait rire !
N'est-ce pas ! :::
Alors, allez zou ! :n,,;::::!!!: encore une bafouille hilarante de l'Isle au prince de Ligne :
Versailles, le 6 mai 1783,
Pardieu, que j'en suis piqué ! Une lettre de quatre pages, galonnée de tous les côtés ! Et vous ne l'avez pas reçue ?
Il n'est pourtant pas possible qu'on l'ait arrêtée, retenue, confisquée à la poste; car je ne disais rien contre la religion, que je trouve trop ennuyeuse pour en parler; ni contre le gouvernement dont la douceur et la liberté ne me laissent aucune plainte à faire; ni contre les moeurs, que je voudrais voir universellement pures, afin d'être comme tout le monde, les miennes l'étant forcément devenues; ni contre qui que ce soit; pas même contre ce vieux maréchal de Richelieu, de qui je vous contais historiquement et sans nul venin, la noire méchanceté, lorsque, pour nuire à M. de Choiseul, il a privé toute la bonne compagnie de Paris d'un spectacle extraordinaire de la Comédie Italienne.
Je vous parlais de nos petits inoculés, du bonheur de leurs mères, de celui surtout de Mme de Sabran qui veut faire inoculer jusqu'à l'évêque de Laon, tant elle trouve que l'inoculation, qui lui donnait tant de craintes, est une chose douce, simple, excellente.
Il est impossible d'être plus heureux que nous l'avons été pendant les trois semaines qui viennent de s'écouler. Je comptais en recommencer trois autres à Passy, comme gardien de la Bichette, inoculée depuis samedi dernier; mais le chirurgien Désoteux croit que le venin ne prendra pas . Je l'ai quittée aujourd'hui, pour venir voir Mme de Polignac qui a eu deux petits accès de fièvre occasionnés par une fluxion au cou. Elle m'en paraît quitte; et moi, pour l'être aussi de la commission qu'elle me donne, je vous dis, mon cher Prince, qu'elle vous aime, vous regrette, et vous salue ! La comtesse Diane veut vous écrire de sa propre main . Je n'anticiperai point sur les tendresses qu'elle se propose de vous dire en réponse à celles dont est remplie la lettre qu'elle vient de recevoir de vous .
( La Bichette est Louise de Polastron, bien sûr . )
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Il est fort, il est fort !
Vraiment, quelle jolie plume... :;\':;\':;
Vraiment, quelle jolie plume... :;\':;\':;
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
... si preste, si déliée !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Oui ! Ses correspondants devaient attendre ses lettres avec une grande impatience.
Il sait susciter l’intérêt ! :\\\\\\\\:
Je bascule deux secondes dans le hors-sujet (pardon, pardon ) pour copier ici une lettre génialissime, et bien connue, de Mme de Sévigné à M. de Coulanges.
Si ce n’est pas du grand art pour captiver son lecteur, alors je ne sais pas ce que c’est d’autre ?
Voici :
Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’à aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie ; enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés : encore cet exemple n’est-il pas juste ; une chose que nous ne saurions croire à Paris, comment la pourrait-on croire à Lyon ?
Une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie madame de Rohan et madame d’Hauterive ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire, devinez-la, je vous le donne en trois ; jetez-vous votre langue aux chiens ?
Hé bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ?
Je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Madame de Coulanges dit : Voilà qui est bien difficile à deviner ! c’est madame de la Vallière. Point du tout, madame.
C’est donc mademoiselle de Retz ? Point du tout ; vous êtes bien provinciale.
Ah ! vraiment, nous sommes bien bêtes, dites-vous : c’est mademoiselle Colbert. Encore moins.
C’est assurément mademoiselle de Créqui. Vous n’y êtes pas.
Il faut donc à la fin vous le dire : il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du roi, mademoiselle, mademoiselle de mademoiselle, devinez le nom ; il épouse Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi jurée ! Mademoiselle, la grande Mademoiselle, Mademoiselle, fille de feu Monsieur, Mademoiselle, petite-fille de Henri IV, mademoiselle d’Eu, mademoiselle de Dombes, mademoiselle de Montpensier, mademoiselle d’Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du roi ; Mademoiselle, destinée au trône ; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur.
Il sait susciter l’intérêt ! :\\\\\\\\:
Je bascule deux secondes dans le hors-sujet (pardon, pardon ) pour copier ici une lettre génialissime, et bien connue, de Mme de Sévigné à M. de Coulanges.
Si ce n’est pas du grand art pour captiver son lecteur, alors je ne sais pas ce que c’est d’autre ?
Voici :
Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’à aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie ; enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés : encore cet exemple n’est-il pas juste ; une chose que nous ne saurions croire à Paris, comment la pourrait-on croire à Lyon ?
Une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie madame de Rohan et madame d’Hauterive ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire, devinez-la, je vous le donne en trois ; jetez-vous votre langue aux chiens ?
Hé bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ?
Je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Madame de Coulanges dit : Voilà qui est bien difficile à deviner ! c’est madame de la Vallière. Point du tout, madame.
C’est donc mademoiselle de Retz ? Point du tout ; vous êtes bien provinciale.
Ah ! vraiment, nous sommes bien bêtes, dites-vous : c’est mademoiselle Colbert. Encore moins.
C’est assurément mademoiselle de Créqui. Vous n’y êtes pas.
Il faut donc à la fin vous le dire : il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du roi, mademoiselle, mademoiselle de mademoiselle, devinez le nom ; il épouse Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi jurée ! Mademoiselle, la grande Mademoiselle, Mademoiselle, fille de feu Monsieur, Mademoiselle, petite-fille de Henri IV, mademoiselle d’Eu, mademoiselle de Dombes, mademoiselle de Montpensier, mademoiselle d’Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du roi ; Mademoiselle, destinée au trône ; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur.
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
... la suite est également des plus piquantes :
Lettre de la marquise de Sévigné à M. de Coulanges du 19 décembre 1670 :
« Ce qui s’appelle tomber du haut des nues, c’est ce qui arriva hier au soir aux Tuileries ; mais il faut reprendre les choses de plus loin. Vous en êtes à la joie, aux transports, aux ravissements de la princesse et de son bienheureux amant. Ce fut donc lundi que la chose fut déclarée.
Le mardi se passa à parler, à s’étonner, à complimenter.
Le mercredi, Mademoiselle fit une donation à M. de Lauzun, avec dessein de lui donner les titres, les noms et les ornements nécessaires pour être nommé dans le contrat de mariage, qui fut fait le même jour. Elle lui donna donc, en attendant mieux, quatre duchés : le premier, c’est le comté d’Eu, qui est la première pairie de France, et qui donne le premier rang ; le duché de Montpensier, dont il porta hier le nom toute la journée ; le duché de Saint-Fargeau ; le duché de Châtellerault : tout cela estimé vingt-deux millions. Le contrat fut dressé ensuite ; il y prit le nom de Montpensier.
Le jeudi matin, qui était hier, Mademoiselle espéra que le roi signerait le contrat, comme il l’avait dit ; mais sur les sept heures du soir, la reine, Monsieur, et plusieurs barbons, firent entendre à S. M. que cette affaire faisait tort à sa réputation : en sorte qu’après avoir fait venir Mademoiselle et M. de Lauzun, le roi leur déclara, devant M. le Prince, qu’il leur défendait absolument de songer à ce mariage.
M. de Lauzun reçut cet ordre avec tout le respect, toute la soumission, toute la fermeté et tout le désespoir que méritait une si grande chute. Pour Mademoiselle, suivant son humeur, elle éclata en pleurs, en cris, en douleurs violentes, en plaintes excessives, et tout le jour elle a gardé son lit, sans rien avaler que des bouillons. Voilà un beau songe, voilà un beau sujet de roman ou de tragédie, mais surtout un beau sujet de raisonner et de parler éternellement : c’est ce que nous faisons jour et nuit, soir et matin, sans fin, sans cesse ; nous espérons que vous en ferez autant. »
Lettre de la marquise de Sévigné à M. de Coulanges du 19 décembre 1670 :
« Ce qui s’appelle tomber du haut des nues, c’est ce qui arriva hier au soir aux Tuileries ; mais il faut reprendre les choses de plus loin. Vous en êtes à la joie, aux transports, aux ravissements de la princesse et de son bienheureux amant. Ce fut donc lundi que la chose fut déclarée.
Le mardi se passa à parler, à s’étonner, à complimenter.
Le mercredi, Mademoiselle fit une donation à M. de Lauzun, avec dessein de lui donner les titres, les noms et les ornements nécessaires pour être nommé dans le contrat de mariage, qui fut fait le même jour. Elle lui donna donc, en attendant mieux, quatre duchés : le premier, c’est le comté d’Eu, qui est la première pairie de France, et qui donne le premier rang ; le duché de Montpensier, dont il porta hier le nom toute la journée ; le duché de Saint-Fargeau ; le duché de Châtellerault : tout cela estimé vingt-deux millions. Le contrat fut dressé ensuite ; il y prit le nom de Montpensier.
Le jeudi matin, qui était hier, Mademoiselle espéra que le roi signerait le contrat, comme il l’avait dit ; mais sur les sept heures du soir, la reine, Monsieur, et plusieurs barbons, firent entendre à S. M. que cette affaire faisait tort à sa réputation : en sorte qu’après avoir fait venir Mademoiselle et M. de Lauzun, le roi leur déclara, devant M. le Prince, qu’il leur défendait absolument de songer à ce mariage.
M. de Lauzun reçut cet ordre avec tout le respect, toute la soumission, toute la fermeté et tout le désespoir que méritait une si grande chute. Pour Mademoiselle, suivant son humeur, elle éclata en pleurs, en cris, en douleurs violentes, en plaintes excessives, et tout le jour elle a gardé son lit, sans rien avaler que des bouillons. Voilà un beau songe, voilà un beau sujet de roman ou de tragédie, mais surtout un beau sujet de raisonner et de parler éternellement : c’est ce que nous faisons jour et nuit, soir et matin, sans fin, sans cesse ; nous espérons que vous en ferez autant. »
Invité- Invité
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Recueil de poésies, par le chevalier de *** [L'Isle]
Bruxelles : Imprimerie du prince Charles de Ligne, 1781. In-8°.
Joint : portrait de Charles de Ligne, gravé par Jakes Adam d'après Jose Kreitzinger, 1785.
Reliure, XIXe siècle. Demi-maroquin bleu, papier Annonay.
Provenance : Jean-Baptiste Théodore De Jonghe (ex-libris, cat. vente, Bruxelles, novembre 1860, n° 2706, 60 F) - duc d'Aumale (acq. vente De Jonghe).
XXXII-B-037
Jean-Baptiste Nicolas, chevalier de L’Isle (1735-1784), poète et épistolier, rencontra vers 1779 le prince de Ligne dans le salon littéraire de la duchesse de Polignac. Ce fut le début d’une longue amitié, dont témoignent les lettres échangées jusqu’à la mort du chevalier, qui dressent avec gaîté et simplicité un tableau pittoresque de leur vie de courtisans et de militaires, ainsi que de leurs travaux littéraires. Le prince de Ligne fit imprimer trois recueils du chevalier (Recueil de poésies, Bruxelles, 1781 ; Poésies du chevalier de L., Bruxelles, 1782 ; Recueil de Poésies légères, Beloeil, s.d., un seul exemplaire connu).
Cette édition très rare fut tirée selon Brunet à dix ou douze exemplaires. Seul exemplaire conservé en France.
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier de l'Isle et Marie-Antoinette
Désolée pas de photos
fleurdelys- Messages : 668
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 54
Localisation : Québec
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