Jean-Claude Bologne, La France, ton café f... le camp !
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Jean-Claude Bologne, La France, ton café f... le camp !
Jean-Claude Bologne,est historien, essayiste et romancier.
Qui m’aime me suive, est un dictionnaire commenté des allusions historiques, éditions Larousse, 2007
Résumé de l'éditeur :
Un recueil des paroles historiques qui ont traversé les siècles et dont l'écho résonne encore aujourd'hui. JC Bologne met en scène les expressions dans leur contexte d'origine et témoigne de leur vitalité en relevant leur usage de nos jours, un clin d'oeil à l'histoire qui porte souvent à sourire on s'amusera de l'origine de l'expression(du bois dont on fait la flûte) on apprendra que (faire la queue) date de l'exécution de Robespierre et l'on saura (briller par son absence) sans être Cassius ou Brutus.
Telles :
Alors, Louis XV et Mme du Barry ?
Tout fout le camp , comme le rappelle une expression vigoureuse, mais pourquoi particulièrement le café ? Notre génération habituée à la cafetière électrique ne peut plus comprendre cette hantise de voir déborder le précieux breuvage, mais elle a retenu la vieille expression, « café bouillu, café foutu ».
Avant la Révolution française, lorsque le café est encore une denrée exotique, sa préparation est une périlleuse aventure. Il faut le torréfier soi-même dans une poêle, moudre les grains, et les faire infuser dans une eau portée dix fois de suite à ébullition. À chaque opération, le liquide menace de déborder, et il convient de le surveiller à chaque instant.
Louis XV était un amateur particulièrement avisé, qui ne confiait à personne d’autre la délicate opération. Cela se savait à la cour. Or, un beau matin de 1773, le 20 mars selon la tradition, le roi vieillissant fut distrait par sa toute jeune maîtresse, la comtesse du Barry. Tandis qu’il la lutinait dans les petits appartements de Versailles, le précieux mélange menaçait lui aussi de prendre ses aises. « Eh ! La France, prends donc garde, ton café f... le camp, s’écria la belle Favorite !..... » Les propos furent surpris et dès le lendemain, toute la cour se gaussait de la faiblesse du roi et de la vulgarité de sa maîtresse.
L’anecdote est rapportée en 1775, deux ans après les faits, par Pidansat de Mairobert, qui publie anonymement à Londres ses Anecdotes sur M. la comtesse du Barri. Ce pamphlet virulent, qui ne donne pour source qu’un journal manuscrit aujourd’hui perdu, n’est absolument pas digne de foi. Il témoigne tout au plus du mépris de la cour pour la favorite, un mépris longtemps contenu et qui peut s’exprimer librement après la mort du roi. On raillait les origines populaires de Jeanne Bécu, mariée pour la forme au comte du Barry, dont les manières différaient du tout au tout de la grâce et de la culture dont faisait preuve jadis la marquise de Pompadour.
Il est cependant peu plausible que, même dans l’intimité, la comtesse se soit permis autant d’incongruités ramassées en une seule phrase : tutoyer le monarque, l’affubler d’un surnom ridicule, utiliser un mot grossier. La phrase n’a-t-elle pour autant jamais été prononcée ? Pas si sûr. Un historien, Charles Vatel, a retrouvé dans les comptes du tailleur Carlier, entre 1770 et 1772, des commandes passées par un certain La France, valet de pied de madame du Barry. Les domestiques étaient souvent appelés par le nom de leur région d’origine. Ainsi Damiens, qui a tenté d’assassiner Louis XV, avait-il servi sous le nom de Flamand chez des parlementaires parisiens, puisqu’il venait du Pas-de-Calais. La France était donc un domestique venu d’Ile-de-France, ce qui explique le tutoiement et le langage relâché de la favorite.
https://www.canalacademie.com/ida5526-France-ton-cafe-fout-le-camp.html
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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