Le Roi et le Fermier, de Sedaine et Monsigny
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Le Roi et le Fermier, de Sedaine et Monsigny
AU THEATRE, CE SOIR !
... par la Troupe des Seigneurs, Le roi et le Fermier !
Source :
Dictionnaire lyrique, ou Histoire des opéras : contenant l'analyse et la nomenclature de tous les opéras et opéras-comiques représentés en France et à l'étranger, depuis l'origine de ce genre d'ouvrages jusqu'à nos jours / par Félix Clément
390px-Portrait_de_Michel-Jean_Sedaine_par_Jacques-Louis_David
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« Jamais opéracomique n’a eu plus de succès, en ce pays-ci ».
En 1776, il fut donné à Saint-Pétersbourg en présence de Catherine II et de son entourage par la troupe du Corps des cadets de l’école militaire.
Le 1er août 1780, Le Roi et le fermier fut le premier spectacle joué par la Reine, Marie-Antoinette, et ses proches. Marie-Antoinette incarnait Jenny et le Comte d’Artois (le futur Charles X) Rustaut. Le public était strictement limité à Louis XVI et aux princes et princesses royaux sans aucune personne de leur suite.
Marie-Antoinette joua épisodiquement dans son théâtre entre 1780 et 1783, puis, et pour la dernière fois, le 19 août 1785. Fort heureusement, les décors pour Le Roi et le fermier ont survécu aux destructions du temps et, dûment restaurés, ont été employés pour les représentations d’Opera Lafayette au théâtre royal de Versailles.
En 1776, il fut donné à Saint-Pétersbourg en présence de Catherine II et de son entourage par la troupe du Corps des cadets de l’école militaire.
Le 1er août 1780, Le Roi et le fermier fut le premier spectacle joué par la Reine, Marie-Antoinette, et ses proches. Marie-Antoinette incarnait Jenny et le Comte d’Artois (le futur Charles X) Rustaut. Le public était strictement limité à Louis XVI et aux princes et princesses royaux sans aucune personne de leur suite.
Marie-Antoinette joua épisodiquement dans son théâtre entre 1780 et 1783, puis, et pour la dernière fois, le 19 août 1785. Fort heureusement, les décors pour Le Roi et le fermier ont survécu aux destructions du temps et, dûment restaurés, ont été employés pour les représentations d’Opera Lafayette au théâtre royal de Versailles.
Juste après la fermeture des théâtres de la foire, Monsigny remporta son premier grand succès à la Comédie italienne avec « Le Roi et le fermier » sur un livret de Sedaine que Philidor avait rejeté. Sedaine s’était inspiré d’une pièce de théâtre anglaise de Robert Dodsley (1704–1764) : « The King and the Miller of Mansfield » (1737), qui avait paru en 1756 dans une traduction de Claude-Pierre Patu (1729–1757).
Le choix d’un modèle anglais n’était pas inhabituel pour Sedaine. Ce dernier avait déjà adapté la traduction de Patu du Ballad-Opera de Charles Coffey, The Devil to Pay, or The Wives Metamorphos’d (1731), pour le livret de l’opéra-comique, Le Diable à quatre, mis en musique par Philidor et Laruette en 1756. Sedaine était aussi très introduit dans les salons de l’aristocratie parisienne qui à cette époque affectait une passion pour tout ce qui était anglais.
Notre sujet sur l'anglomanie :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2449-l-anglomanie-a-la-cour-de-france?highlight=anglomanie
En 1745/46, Pierre-Antoine de La Place (1707–1793) avait publié sa traduction du théâtre de Shakespeare. Des articles comparant le théâtre de Shakespeare à celui de Corneille, au détriment de ce dernier, avaient paru dans le Journal encyclopédique en octobre 1760, incitant Voltaire, pourtant amateur de Shakespeare, à venir à la défense du théâtre classique français.
En fait cette anglophilie avait aussi une dimension politique. C’était une réaction contre le gouvernement alors en pleine guerre de Sept Ans (1756–1763) contre l’Angleterre. Par les deux traités de Versailles (1756 et 1757), la France tournait le dos à deux cents ans de politique anti-habsbourgeoise et signait avec l’Autriche une alliance qu’allait renforcer le mariage du petit-fils de Louis XV, le futur Louis XVI, à Marie-Antoinette, fille de l’impératrice Marie-Thérèse.
Le choix d’un modèle anglais n’était pas inhabituel pour Sedaine. Ce dernier avait déjà adapté la traduction de Patu du Ballad-Opera de Charles Coffey, The Devil to Pay, or The Wives Metamorphos’d (1731), pour le livret de l’opéra-comique, Le Diable à quatre, mis en musique par Philidor et Laruette en 1756. Sedaine était aussi très introduit dans les salons de l’aristocratie parisienne qui à cette époque affectait une passion pour tout ce qui était anglais.
Notre sujet sur l'anglomanie :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2449-l-anglomanie-a-la-cour-de-france?highlight=anglomanie
En 1745/46, Pierre-Antoine de La Place (1707–1793) avait publié sa traduction du théâtre de Shakespeare. Des articles comparant le théâtre de Shakespeare à celui de Corneille, au détriment de ce dernier, avaient paru dans le Journal encyclopédique en octobre 1760, incitant Voltaire, pourtant amateur de Shakespeare, à venir à la défense du théâtre classique français.
En fait cette anglophilie avait aussi une dimension politique. C’était une réaction contre le gouvernement alors en pleine guerre de Sept Ans (1756–1763) contre l’Angleterre. Par les deux traités de Versailles (1756 et 1757), la France tournait le dos à deux cents ans de politique anti-habsbourgeoise et signait avec l’Autriche une alliance qu’allait renforcer le mariage du petit-fils de Louis XV, le futur Louis XVI, à Marie-Antoinette, fille de l’impératrice Marie-Thérèse.
Ce renversement d’alliances était très impopulaire dans tout le pays et particulièrement parmi les intellectuels groupés autour des encyclopédistes. Ceux-ci considéraient la monarchie anglaise bien plus libérale que les monarchies des Bourbons et des Habsbourgs et voulaient saper l’influence de l’Eglise catholique sur le pouvoir parce qu’ils considéraient qu’elle avait encouragé le rapprochement des deux royaumes catholiques et avait ainsi entraîné la France dans une guerre désastreuse. La France allait perdre la plupart de ses colonies aux Indes, le Canada, la vallée du Mississipi et la Nouvelle-Orléans ainsi que plusieurs îles des Antilles.
Sedaine était conscient de l’aspect subversif du livret de « Le Roi et le fermier » et tâcha de se justifier dans l’ « Avertissement de l’auteur » publié en préface du livret :
« Entraîné par la Scène & par le lieu où elle se passe, & par l’Original Anglois qui m’a beaucoup servi ; j’avois fait dire à mon Fermier des vérités de toutes les Cours, & de tous les temps : mais quelques personnes animées de ce zèle que j’aurois eu peut-être moi-même à leur place, ont crû voir des duretés, ils ont fait changer cette Scène, & elle est représentée telle qu’elle a été changée. »
Il n’empêche que le dialogue de l’Acte III, scène 10, entre le Roi et Richard dans lequel ce dernier met en doute l’affirmation du Roi : « Soyez persuadé, Richard, qu’un Roi qui sait aimer, a des amis fidèles, & des Ministres sûrs. » peut être pris comme une critique voilée de la confiance que Louis XV mettait en ses ministres responsables du renversement d’alliances avec ses conséquences néfastes.
Le livret de Sedaine n’est pas seulement neuf de par son engagement politique mais aussi, et surtout, par sa manière de fusionner la musique et le drame. Ainsi, dans la dernière scène de l’Acte I, un orage se lève interrompant le duo de Jenny et de Richard et les obligeant à prendre abris dans la ferme.
L’orage sert d’interlude musical entre les actes et s’entend encore s’éloignant dans le lointain pendant le duo qui ouvre le second acte. Sedaine permet à Monsigny de caractériser ses personnages à travers leurs émotions : d’entrée de scène, Richard chante une ariette agitée mais Sedaine ne révèle la cause de cette agitation qu’à la scène IV et fait suivre cette révélation d’une autre ariette pour Richard, marquée amoroso dans la partition. Cette manière de présenter les personnages par le biais de leurs émotions était neuve à l’opéra-comique de cette période. Travaillant en étroite collaboration avec son compositeur, Sedaine offre des occasions à la musique de magnifier la situation dramatique.
Sedaine était conscient de l’aspect subversif du livret de « Le Roi et le fermier » et tâcha de se justifier dans l’ « Avertissement de l’auteur » publié en préface du livret :
« Entraîné par la Scène & par le lieu où elle se passe, & par l’Original Anglois qui m’a beaucoup servi ; j’avois fait dire à mon Fermier des vérités de toutes les Cours, & de tous les temps : mais quelques personnes animées de ce zèle que j’aurois eu peut-être moi-même à leur place, ont crû voir des duretés, ils ont fait changer cette Scène, & elle est représentée telle qu’elle a été changée. »
Il n’empêche que le dialogue de l’Acte III, scène 10, entre le Roi et Richard dans lequel ce dernier met en doute l’affirmation du Roi : « Soyez persuadé, Richard, qu’un Roi qui sait aimer, a des amis fidèles, & des Ministres sûrs. » peut être pris comme une critique voilée de la confiance que Louis XV mettait en ses ministres responsables du renversement d’alliances avec ses conséquences néfastes.
Le livret de Sedaine n’est pas seulement neuf de par son engagement politique mais aussi, et surtout, par sa manière de fusionner la musique et le drame. Ainsi, dans la dernière scène de l’Acte I, un orage se lève interrompant le duo de Jenny et de Richard et les obligeant à prendre abris dans la ferme.
L’orage sert d’interlude musical entre les actes et s’entend encore s’éloignant dans le lointain pendant le duo qui ouvre le second acte. Sedaine permet à Monsigny de caractériser ses personnages à travers leurs émotions : d’entrée de scène, Richard chante une ariette agitée mais Sedaine ne révèle la cause de cette agitation qu’à la scène IV et fait suivre cette révélation d’une autre ariette pour Richard, marquée amoroso dans la partition. Cette manière de présenter les personnages par le biais de leurs émotions était neuve à l’opéra-comique de cette période. Travaillant en étroite collaboration avec son compositeur, Sedaine offre des occasions à la musique de magnifier la situation dramatique.
Pierre-Alexandre Monsigny
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La Révolution française et le changement dans les goûts du public ruinèrent la fortune de Monsigny. Emus, les artistes de l’Opéra-Comique lui offrirent une pension de 2400 livres rapportée par le Journal de Paris du 15 août 1798 en ces termes : « Le citoyen Monsigny, musicien distingué, auteur du Roi et le fermier et de plusieurs autres jolis ouvrages, est un des premiers créateurs du vrai genre de l’opéra-comique, dont on ne s’est que trop écarté depuis ». Huit ans plus tard, l’ouvrage était repris à l’Opéra-Comique avec un tel succès qu’il valut à son auteur, malade et appauvri, une nouvelle pension de 2000 francs.
... un article de Nizam Kettaneh
que vous pouvez lire ici, en entier :
https://www.naxos.com/mainsite/blurbs_reviews.asp?item_code=8.660322&catNum=660322&filetype=About%20this%20Recording&language=French
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55523
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Roi et le Fermier, de Sedaine et Monsigny
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Mme de Sabran- Messages : 55523
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55523
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Roi et le Fermier, de Sedaine et Monsigny
Mme de Sabran a écrit:Décidément les sources divergent et ne sont pas faciles à interroger
Mais chère Eléonore, il n'y a pas de raison que seuls soient à la peine celles et ceux qui se penchent sur les tableaux...
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Le Roi et le Fermier, de Sedaine et Monsigny
— " Le Roi et le Fermier ", paroles de M. Sedaine, musique de M. Monsigny, n’a pas eu le succès qu’on s’en promettait. Le premier acte est bien fait, quant à la partie dramatique ; la musique est excellente : les deux autres sont très-médiocres en tout, et mauvais à quelques égards.
( les Mémoires secrets )
Ah bon ?!
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Mme de Sabran- Messages : 55523
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Roi et le Fermier, de Sedaine et Monsigny
Jean Elleviou, dans le rôle de Richard .
D’esprit plutôt modéré, il ne sympathise guère avec les opinions politiques de la Révolution et, après la chute de Robespierre, le 9 thermidor, il se rapproche des milieux réactionnaires, de sensibilité généralement royaliste, que les Conventionnels appelaient muscadins. Il finira par être recherché par la police et devra disparaître quelque temps pour se faire oublier.
D’esprit plutôt modéré, il ne sympathise guère avec les opinions politiques de la Révolution et, après la chute de Robespierre, le 9 thermidor, il se rapproche des milieux réactionnaires, de sensibilité généralement royaliste, que les Conventionnels appelaient muscadins. Il finira par être recherché par la police et devra disparaître quelque temps pour se faire oublier.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 506
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
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