La chapelle du Palais Royal à Madrid
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Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La chapelle du Palais Royal à Madrid
Le dais est splendide. Cela nous donne une idée de ce que pouvaient être ces décors textiles des grandes occasions.
Savez vous si il est sorti pour les souverains, ou exposé pour les visiteurs ?
Savez vous si il est sorti pour les souverains, ou exposé pour les visiteurs ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: La chapelle du Palais Royal à Madrid
Sur le dais de la Chapelle royale :
Le plan de la chapelle du nouveau palais royal de Madrid, réalisé en 1756 par l’architecte Ventura Rodríguez, élève de Sacchetti, montre la disposition des acteurs principaux pendant les cérémonies les plus solennelles qui devaient être célébrées dans la chapelle du palais royal de Madrid. Cette distribution est celle qui fut suivie en l’Église de San Jerónimo el Real depuis le XVIIe siècle, chapelle du palais d’El Buen Retiro, résidence habituelle des rois pendant la période de construction du nouveau palais royal. Cette disposition, selon des sources comme le Ceremonial de la Real Capilla, rédigé en 180224 ou le plan de Ventura Rodríguez, paraît être celle qui fut utilisée au sein de la nouvelle chapelle royale sous Charles III.
Deux rangs de bancs qui se faisaient face situés perpendiculairement au maître-autel, d’une part, et perpendiculairement également à la tribune royale, ou cancel, située au pied de la nef. De cette façon, personne ne tournait le dos ni au roi, ni à l’autel, ni à la famille royale.
La position des acteurs pendant les célébrations solennelles : le roi, les célébrants et la cour
Suivant cette logique de distribution spatiale, les acteurs prenaient place comme suit :
Le roi, sous le dais et devant son prie-Dieu, était situé à gauche du maître-autel (du côté de l’Évangile) et servait de point de repère pour la disposition des autres participants en fonction de la hiérarchie. À la différence des Habsbourg, les Bourbons ne se dissimulaient pas derrière un rideau pour préserver le mystère d’une majesté ineffable. Ceci explique que le dais, dépourvu de rideaux dès l’époque de Charles III, ait permis de voir le roi depuis n’importe quel point de la chapelle. Autour du souverain prenaient place les hauts officiers de la maison du roi : le mayordomo mayor (équivalent du Grand Maître de France) à sa gauche, le sumiller de cortina à sa droite, et enfin le capitán de la guardia real.
https://journals.openedition.org/e-spania/25422
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La chapelle du Palais Royal à Madrid
Je vais lire ça avec grand intérêt, merci !
Je vous laisse la main, je n'ai rien en poche.
Je vous laisse la main, je n'ai rien en poche.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La chapelle du Palais Royal à Madrid
Fastueux !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La chapelle du Palais Royal à Madrid
Oui, et en plus, cela nous permet d'imaginer ce que devait être le faste des cérémonies royales françaises. De tels élements font aujourd'hui cruellement défaut à Versailles...
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La chapelle du Palais Royal à Madrid
La genèse de la chapelle de Charles III :
le projet de Juvara (1735) et les références à la cour de Savoie
La nuit de noël de l’année 1734, l’ancien Alcazar des Habsbourg fut ravagé par un incendie. Même si la famille royale ne logeait à Madrid que trois mois dans l’année, le roi Philippe V se vit obligé de bâtir un nouveau lieu pour la monarchie hispanique, un château qui pourrait surpasser le précédent par sa grandeur et sa splendeur, afin de magnifier le rang de Philippe V, souverain possédant le plus de territoires.
Pour tracer le nouveau palais, on ne fit pas appel à un architecte français – malgré la nostalgie du roi pour son Versailles natal – mais à un italien venu de la cour de Savoie, l’abbé Filippo Juvara (1678-1736).
The_Royal_Palace_of_Madrid
https://www.easyreserve.fr/idees-voyages/2019/espagne/sites-touristiques/chateaux/royal-palace-madrid
En ce qui concerne le processus de construction des chapelles royales des Bourbons, cf. José Luis S (...)
Formé à l’école classiciste romaine de Bernini et Fontana, fin connaisseur de l’architecture française du grand siècle, Juvara acquît sa renommée à la cour de Savoie, terre natale de la première épouse du roi, Marie Louise Gabrielle. En 1735, il arrive à Madrid pour présenter, à Philippe V et à la reine Isabelle Farnèse, sa seconde femme, le premier projet du nouveau palais royal. Cet édifice fastueux devait être constitué d’une énorme bibliothèque et d’un théâtre d’opéra – ou coliseo –, ainsi que de deux chapelles : une chapelle privée à l’intérieur des appartements royaux, et une chapelle publique– ou d’apparat –, destinée à la cour.
Cette dernière présentait déjà les principaux éléments architecturaux de la plupart des chapelles royales des Bourbons : un espace central, couvert d’une grande coupole, qui deviendra le centre architectural de la chapelle, ainsi que l’usage systématique des colonnes et pilastres du grand ordre. Il s’agit là d’une combinaison d’éléments que Juvara semble avoir utilisé, tout d’abord, dans les édifices réalisés à la cour de Turin, notamment à la Basilique de Superga – le panthéon royal de la maison de Savoie.
Bien que ce projet ne fût jamais entrepris pour différentes raisons, le modèle architectural de Juvara deviendra la principale référence pour tous les architectes qui travaillèrent pour la couronne espagnole au XVIIIe siècle. La chapelle définitive du palais royal, qui fut édifiée en 1759 d’après les plans de Giovanni Battista Sacchetti (1690-1764), ainsi que les chapelles des palais d’Aranjuez et d’El Pardo, projets élaborés sous Charles III et Charles IV, semblent s’inspirer elles aussi du modèle créé par Juvara.
le projet de Juvara (1735) et les références à la cour de Savoie
La nuit de noël de l’année 1734, l’ancien Alcazar des Habsbourg fut ravagé par un incendie. Même si la famille royale ne logeait à Madrid que trois mois dans l’année, le roi Philippe V se vit obligé de bâtir un nouveau lieu pour la monarchie hispanique, un château qui pourrait surpasser le précédent par sa grandeur et sa splendeur, afin de magnifier le rang de Philippe V, souverain possédant le plus de territoires.
Pour tracer le nouveau palais, on ne fit pas appel à un architecte français – malgré la nostalgie du roi pour son Versailles natal – mais à un italien venu de la cour de Savoie, l’abbé Filippo Juvara (1678-1736).
The_Royal_Palace_of_Madrid
https://www.easyreserve.fr/idees-voyages/2019/espagne/sites-touristiques/chateaux/royal-palace-madrid
En ce qui concerne le processus de construction des chapelles royales des Bourbons, cf. José Luis S (...)
Formé à l’école classiciste romaine de Bernini et Fontana, fin connaisseur de l’architecture française du grand siècle, Juvara acquît sa renommée à la cour de Savoie, terre natale de la première épouse du roi, Marie Louise Gabrielle. En 1735, il arrive à Madrid pour présenter, à Philippe V et à la reine Isabelle Farnèse, sa seconde femme, le premier projet du nouveau palais royal. Cet édifice fastueux devait être constitué d’une énorme bibliothèque et d’un théâtre d’opéra – ou coliseo –, ainsi que de deux chapelles : une chapelle privée à l’intérieur des appartements royaux, et une chapelle publique– ou d’apparat –, destinée à la cour.
Cette dernière présentait déjà les principaux éléments architecturaux de la plupart des chapelles royales des Bourbons : un espace central, couvert d’une grande coupole, qui deviendra le centre architectural de la chapelle, ainsi que l’usage systématique des colonnes et pilastres du grand ordre. Il s’agit là d’une combinaison d’éléments que Juvara semble avoir utilisé, tout d’abord, dans les édifices réalisés à la cour de Turin, notamment à la Basilique de Superga – le panthéon royal de la maison de Savoie.
Bien que ce projet ne fût jamais entrepris pour différentes raisons, le modèle architectural de Juvara deviendra la principale référence pour tous les architectes qui travaillèrent pour la couronne espagnole au XVIIIe siècle. La chapelle définitive du palais royal, qui fut édifiée en 1759 d’après les plans de Giovanni Battista Sacchetti (1690-1764), ainsi que les chapelles des palais d’Aranjuez et d’El Pardo, projets élaborés sous Charles III et Charles IV, semblent s’inspirer elles aussi du modèle créé par Juvara.
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Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La chapelle du Palais Royal à Madrid
Le projet de Sacchetti (1749) : une chapelle provisoire rendue définitive
Après la mort de Juvara en 1737, son élève, l’architecte Giovanni Battista Sacchetti
fut choisi par Philippe V pour réaliser le projet définitif du palais royal. Selon José Luis Sancho, Sacchetti – qui n’avait pas l’autorité de son maître – fut contraint de réduire d’un tiers le projet de Juvara, étant donné que le lieu choisi par le roi – l’emplacement de l’ancien Alcazar – n’était pas suffisamment étendu pour bâtir le grand château prévu. Cependant, Sacchetti conserva les mêmes principes architecturaux et esthétiques que Juvara pour son projet définitif.
Quant à la chapelle, les deux prévues par Juvara furent réduites à une seule, conservant cependant la même morphologie essentielle que celle de la grande chapelle du projet initial. L’élévation du projet initial de Sacchetti, réalisé en 1737, montre que la chapelle royale présente une structure architecturale très similaire à celle de la grande chapelle de son maître. À ce moment-là, l’église du palais était située au centre de la façade principale de l’édifice. Mais les critiques du marquis de Scotti, secrétaire de la reine, jugeant la chapelle trop étroite et peu confortable, obligèrent Sacchetti à la déplacer dans la partie nord du château, où elle se trouve à présent. Selon Sancho, cette solution répondait aux besoins ostentatoires des souverains, qui souhaitaient des espaces somptueux.
Cependant, les Bourbons, de Philippe V à Charles III, ne semblent pas avoir été satisfaits du résultat final de la chapelle royale de Madrid. Cela pourrait expliquer que la décoration, originellement prévue en marbre, ne fut réalisée qu’en stuc, prévoyant un possible agrandissement de cette chapelle provisoire, qui deviendra définitive. Ce paradoxe pourrait expliquer également que le plan iconographique prévu pour les décors fût plus sobre et moins complexe que celui d’autres chapelles royales européennes, comme celle de Versailles.
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Mme de Sabran- Messages : 55508
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