La Villa Arnaga, chez Edmond Rostand

Non loin de Saint-Jean de Luz, à Cambo les bains, allons visiter la sublime villa Arnaga d'Edmond et Rosemonde Rostand.
Après l'Histoire et le circuit Louis XIV,  à nous l'un des plus beaux écrins de la Littérature, puisque c'est à Anarga que Rostand écrit son célèbre Chantecler . 
Fouette cocher !!!  

















UNE OEUVRE TOTALE










Autour de cette vaste maison, Edmond Rostand crée un ensemble de jardins sur plus de 15 hectares qui témoignent de la dualité assumée de leur auteur : d’un coté la richesse, l’ostentation, de l’autre le doux et l’intime.

Coté Soleil levant, il implante un jardin "à la Française". En toile de fond, les montagnes pyrénéennes. Une grande pergola semble clôturer l’espace du jardin. Devant, trois plans se succèdent : un grand parterre de fleurs annuelles, un grand miroir d’eau où se reflète la maison, des pelouses bordées de topiaires qui encadrent le canal.

Coté couchant, se déploie un jardin "à l'Anglaise" alliant verdure et courbes minérales. Azalées, Rhododendrons, Cornouillers de Floride se relayent pour fleurir tout au long de l’année. D’autres essences dont les Cryptomerias du Japon offrent une palette de senteurs, de couleurs et de formes qui réveillent les sens.













Avant d’être un musée, Arnaga a été un rêve, celui d’un grand auteur du siècle dernier, Edmond Rostand. Cette demeure, il l’a ardemment souhaitée, imaginée et conçue dans ses moindres détails. La maison de style néobasque apparait traditionnelle à l’extérieur. L’intérieur est traité comme un somptueux décor de théâtre. 




















Arnaga est classé « Monument historique », labellisé « Jardin Remarquable », « Arbres remarquables » et « Maisons des Illustres ».

http://www.arnaga.com/Decouvrez-Arnaga/L-histoire-d-Arnaga

Puisque nous voici dans la maison, ne restons pas plantés là dans l'entrée : visitons, si le coeur vous en dit . 
A SUIVRE ! 

Merci pour les photos.

Nous avons failli y aller au mois d'août avec les aminches, mais finalement nous n'avons pas eu le temps.

C'est assez étrange comme style : des jardins à la française devant une maison landaise, tout ce bois clair à l'intérieur comme dans un manoir anglais. Trop d'influences et de styles différents, je bugge.

Ce n'est pas une maison landaise mais de style néo-basque.      
C'est une déclinaison coquette et confortable de la ferme labourdine ( fin XIXème ).

Mme de Sabran a écrit:Ce n'est pas une maison landaise mais de style néo-basque.    .

Les Landes ne sont pas très loin.

C'est vrai !    ...   des étendues de pins ...

La maison d'Edmond ressemble à une maison typique du Pays basque. Elle ne l'est qu'en apparence. Inspirée de la ferme de la région, elle est l'une des toutes première création d'un nouveau courant architectural : le style néo basque.
A l’aube du XX° siècle, un nouveau courant d’architecture se développe en France. Il  veut adapter les besoins modernes et les progrès techniques aux styles régionaux.
Arnaga en est un des premiers modèles. Inspirée des fermes basques du Labourd, elle reprend les éléments du bâti traditionnel qu’elle transforme pour former une riche demeure confortable et moderne.
http://www.arnaga.com/Decouvrez-Arnaga/L-histoire-d-Arnaga/Le-style-neo-basque

Mme de Sabran a écrit:Non loin de Saint-Jean de Luz, à Cambo les bains, allons visiter la sublime villa Anarga d'Edmond et Rosemonde Rostand.

Quel endroit merveilleux et féerique. Merci pour cette découverte

Merci, mon cher Félix .  
Alors, la visite continue !


































Raymond Lerouge, précepteur des enfants Rostand :


 « Après déjeuner, un des plaisirs favoris [d’Edmond Rostand] était de chercher de nouvelles combinaisons d’ameublement. C’était son jeu à lui, et il aimait qu’on y entrât. Que de fauteuils nous avons roulés ensemble; de tapis tirés, de tentures déployées de cadres accrochés et décrochés. Le poète trouvait là, du reste, l’occasion d’un bon exercice physique. »








Les Quatre Eléments ! 














...    et, bien-sûr, Rosemonde !  







Plus que comédienne Rosemonde a surtout été poète. Elle a rarement joué la comédie, hormis une fois dans le rôle de Roxane de Cyrano de Bergerac, avec Sarah Bernhardt lui donnant la réplique en « Cyrano ».  Tiens, est-ce curieux !  J'imaginais plutôt à Sarah Bernhardt une voie haut perchée, un peu une voix de crécelle comme dans les vieux films.


Petite-fille du comte maréchal Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram, et de Louise-Rose-Aimée de Timbrune-Thiembrone de Valence, dite Rosemonde, elle adopte le surnom de sa grand-mère pour jouer et écrire. Elle a eu pour parrain le poète Leconte de Lisle. Son père, le comte Gérard, meurt jeune et Alexandre Dumas fils devient son tuteur.

Dodette, de son surnom familier, s'installe avec sa mère au 107 boulevard Malesherbes à Paris.
Rosemonde Gérard signe de son vrai nom Les Pipeaux, parus en 1889.

Le 8 avril 1890, elle épouse Edmond Rostand à Paris en l'église Saint-Augustin, avec Jules Massenet comme témoin. La même année, elle reçoit le prix Archon-Despérouses (qu'elle recevra à nouveau en 1926).


Chacune des pensées d'Edmond Rostand avait une rime, chacun de ses regards un reflet,
chacune de ses actions un symbole.

 (Rosemonde)



C'est Elle, mot pour moi toujours en italique,
Elle, avec sa dolente inflexion de cou,
Ses longs cils relevés et ses cheveux d'or flou
Et ses yeux étonnés de poupée angélique. 

(Edmond Rostand, son époux)






Enfin, c'est L'Éternelle chanson, celle de l'amour, naturellement :   

Car vois-tu, chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

Qui fait écho au poème "les vieux" :

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave - plus serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.









Admirable destin de ce jeune poète, conclut WIKI,   qui chante en même temps que celle qu'il aime et qui l'aime ; c'est une chose inédite dans la littérature française. Certes Mme de Lamartine a été une femme intelligente et lettrée, mais elle n'a rien écrit en vers ; Rosemonde Gérard, si elle n'avait pas épousé Edmond Rostand, eût été connue et célèbre pour sa valeur personnelle ; la gloire de son mari a éclipsé sa propre réputation.

En a-t-elle souffert en son amour propre d'auteur ? Elle ne l'a point dit. Sans ambition personnelle, elle a semblé toute dévouée à l'art et à la gloire de son mari.





A SUIVRE ...

Raymond Lerouge a écrit:


 « Après déjeuner, un des plaisirs favoris [d’Edmond Rostand] était de chercher de nouvelles combinaisons d’ameublement. C’était son jeu à lui, et il aimait qu’on y entrât. Que de fauteuils nous avons roulés ensemble; de tapis tirés, de tentures déployées de cadres accrochés et décrochés. Le poète trouvait là, du reste, l’occasion d’un bon exercice physique. »

Haha, c'est trop mignon. Je vois déjà la scène d'ici, avec le boucan des meubles que le petit Edmond déplace sur le parquet  

Mme de Sabran a écrit:

Les Quatre Eléments ! 

Très beau  

Rosemonde Rostand a écrit:

Car vois-tu, chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.



Qui fait écho au poème "les vieux" :

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave - plus serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.

Si touchant et si vrai

Merci chère Eléonore de me faire découvrir cet endroit extraordinaire !

Je l'ai parcouru dans un état second de ravissement ! 
La visite n'est pas finie.

Cet état second de ravissement, disais-je, c'était du reste l'effet dans lequel Rostand voulait voir succomber ses visiteurs .  
Nous y sommes préparés dès l'entrée de cette  villa pleine de folie :



Arnaga est le  « poème de pierre et de verdure » imaginé par Edmond Rostand,  villa de ses rêves dont il dessina et décora lui-même les quarante pièces ,  en divers styles : anglais pour ce hall somptueux que nous avons déjà traversé :






,,,   chinois pour ce délicieux  fumoir :







 ...  Empire, le bureau : 























 le peintre Gaston La Touche contribua à sa décoration en peignant d'importantes toiles murales.

, ou encore Louis XVI aux tapisseries très rock'n'll:  (   )

Notre Grâce a écrit:Mes sels ! ...  mes sels !!!  

La cuisine est dédiée à Chantecler !  











Petite piqûre de rappel :

Au début de la pièce, sur une basse-cour règne un coq, Chantecler, tellement convaincu de son importance qu'il s'imagine, par son chant, faire se lever le soleil. Mais l'arrivée d'une poule faisane bouleverse sa vie, lui révélant l'amour, de telle sorte qu'il en oublie de chanter. L'astre du jour étant cependant apparu, Chantecler devient la risée de tous les animaux domestiques et sauvages, et surtout des hiboux, créatures de la nuit qui le détestent, et le contraignent à accepter un combat public avec un autre coq ...

Rostand est Chantecler !  
...   sortant de son oeuf :




...   puis enchaînant les oeuvres, les succès ...  
 parmi lesquels celui dont nous pourrions tous déclamer par coeur un certain paragraphe :

Chantecler, une œuvre de démesure

L’œuvre, nous dit WIKI,  compte un nombre considérable d’acteurs, plus de 70 personnages, 195 costumes ayant demandé 35 000 heures de travail…  Après le succès de Cyrano, sa sortie a été attendue avec une ferveur attisée par les retards répétés. Les spectateurs viennent du monde entier assister à la première, le prix des places officielles est doublé. La prouesse technique de cette pièce l’a par la suite desservie. Elle a rarement été reprise, les moyens mis en œuvre par Rostand ayant été extraordinaires.
Edmond Rostand écrit Chantecler après deux succès : Cyrano et L'Aiglon. Il en commence la rédaction à l'âge de 34 ans.

J'ajoute, pour la petite histoire, que Gérard Depardieu, qui campa un truculent et inoubliable Cyrano, offrit au musée Rostand d'Anarga le César de meilleur acteur que ce rôle lui valut . 

Merci pour les photos.

Mme de Sabran a écrit:
 « Après déjeuner, un des plaisirs favoris [d’Edmond Rostand] était de chercher de nouvelles combinaisons d’ameublement. C’était son jeu à lui, et il aimait qu’on y entrât. Que de fauteuils nous avons roulés ensemble; de tapis tirés, de tentures déployées de cadres accrochés et décrochés. Le poète trouvait là, du reste, l’occasion d’un bon exercice physique. » .

... ça me rappelle quelqu'un !

Mme de Sabran a écrit:
, ou encore Louis XVI aux tapisseries très rock'n'll:  (   )

Notre Grâce a écrit:Mes sels ! ...  mes sels !!!  

ça pique les yeux en effet .

On dirait que tout ce qu'ils ne pouvaient pas mettre comme tissu dans les fauteuils et le canapé, a été accroché au mur

Comte d'Hézècques a écrit:On dirait que tout ce qu'ils ne pouvaient pas mettre comme tissu dans les fauteuils et le canapé, a été accroché au mur

Oui, n'est-ce pas !      Ce décor est  dans la veine " contes de fées "  .   Vois l'immonde Barbe Bleue à droite, sur le canapé, ou bien le Chat Botté sur le dossier du fauteuil !   Nous retrouvons cet univers onirique et féerique dans le boudoir de Rosemonde attenant à sa chambre .  Autour de la pièce court une frise dans laquelle il est amusant de reconnaître les différents contes qui ont émerveillé notre enfance .

Par exemple,  ici Cendrillon s'enfuit du palais     dans son carrosse qui redevient citrouille .  Il était temps !!! 
Le prince éperdu va découvrir sa petite pantoufle heureusement .




































Et, romantique comme je te connais, mon cher Félix,  
j'imagine que tu souhaites absolument la traditionnelle formule d'Happy End !

La voici !  




Ils se marièrent, furent heureux, et eurent beaucoup d'enfants  ...


...   deux fils , Maurice et bien-sûr Jean Rostand .










Hélas, voilà-t-y pas que Sarah Berhardt avait une excellente amie, Mary Marquet ( l'épouse de Victor Francen )
 ...   qui souffla Edmond à Rosemonde . 
Rooooh ,  ben zut alors !  

Quelles jolies fresques d'une si tendre naïveté
Tout y respire la joie de vivre et le bonheur.
Cela me faisait penser qu'un jour j'avais trouvé une vieille édition des Musardises d'Edmond, parue en 1911 aux éditions de Pierre Lafitte, 90, avenue des Champs Elysées.

Ce sont des poésies d'une légèreté cristalline...

On y trouve d'abord le charmant portrait d'Edmond :



Son chien qui pose devant l'immense jardin de la villa Anarga :



Rosemonde et leur fils Jean, qui est mort en 1977 :



Enfin, les Musardises :





Tout respire la joie, l'élégance, la douceur des souvenirs, la beauté d'une soirée étoilée, l'herbe fraîche du printemps, le déclin charmant de l'automne dans ses poésies, tel les notes frêles d'une prélude de Fauré.

Merci, merci, mon cher Félix !!!   Les Musardises sont une friandise à déguster sans modération ! 
Le portrait que tu nous postes là est très beau !
Vois aussi cet autre :

;


La visite continue ...  






Ces dames en médaillons nous accompagnent dans la montée d'escalier :






Le secrétaire d'Edmond, Louis Labat, est drôlement bien loti, lui aussi !













La chambre d'enfant ...













...  donne sur le déshabilloir chinois ( plus que fumoir    )  de Rosemonde





...  et  s'ouvre vers le boudoir aux contes de fées, en passant par le salon bleu : 





Photo Béatrice Labat













Vers la chambre de Rosemonde  ...






















...    des toilettes que le reflet de la vitre rend fantomatiques !   

J'aime beaucoup le portait du garçon avec son papillon, et le portrait de la dame en négligé à l'éventail

Ils sont d'une très grande sensibilité, en effet !  

La chambre d'Emond est très simple .       Nous pouvons admirer au-dessus du lit un beau portrait dans la maturité, sur le mur deux grands plans d'Arnaga .  Les boiseries blanches forment un contraste heureux avec la tapisserie cramoisie .












Dans cette vitrine, je remarque un masque d'enfant curieux, très expressif . Le petit trou rond, sous le menton, suggère qu'il provient sans doute d'une fontaine  ...   









Sur la cheminée, bien posé sur le couvercle de sa boite, le chapeau haut de forme ...




...    dont est coiffé Edmond Rostand sur cette vieille photographie !   








Encore une chambrinette non loin




...   un détail de la Centauromachie . ( Je proposerais bien Thésée, au mariage de Pirithoos   )

Mme de Sabran a écrit:

Sur la cheminée, bien posé sur le couvercle de sa boite, le chapeau haut de forme ...  dont est coiffé Edmond Rostand sur cette vieille photographie !   

Dis donc, quel charmant jeune homme

ps : quant à la chaise longue dans la salle de bains, tu crois qu'elle était utilisée à cet endroit ?

Je suppose, cher Félix, que c'est un lit de repos       sur lequel s'alanguir après une bonne douche  ( que nous voyons juste derrière ) .  Quant au sol, de caillebotis sur plaque d'acier, j'avais photographié le même exactement dans la salle de bain de la maison natale de Mitterrand, à Jarnac .
Notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3284p50-a-jarnac-la-maison-natale-de-mitterrand?highlight=JARNAC

Jarnac, Mitterrand? Quel éclectisme dans ce forum! 

Oui, n'est-ce pas ! et nous en sommes fiers .  

Encore un coup d'oeil au petit salon circulaire dont j'adore le plafond ... 






...   aux belles dames, aux fantômes





...  à  Rosemonde  


Portrait par Herbert Rostand

... au maître des lieux  



ARNAGA  
UNE VISITE A NE SURTOUT PAS MANQUER, LES AMIS, SI VOUS PASSEZ PAR LA ...   
  ET UN DETOUR A FAIRE ABSOLUMENT, SI VOUS PASSEZ NON LOIN !