La villa Kerylos

La villa Kerylos se trouve à Beaulieu-sur-Mer dans le sud de la France. Elle a été construite par l'architecte Emmanuel Pontremoli entre 1902 et 1908 sur un promontoire rocheux surplombant la Méditerranée, sur la route qui longe le bord de mer.
Mélange d'Art Nouveau et de Néo-Antique, la maison s'inspire des palais et maisons grecs de l'Antiquité. Marbre de Carrare, albâtre, bois précieux, mosaïques et fresques, rien ne manque pour ce petit palais de style grec, revu et corrigé par le début du XXème siècle.





La construction dura de 1902 à 1908, pour une facture totale de neuf millions de francs-or de l'époque. C'est Théodore Reinach


qui commanda cette folie, qu'il léguera à sa mort, en 1928, à l'Institut de France. Né en 1860, mort en 1928, il est archéologue, juriste, philologue, épigraphiste, historien, numismate, musicologue et homme politique, rien de moins ! Il est issu d'une famille de banquiers juifs, comme ses deux frères, aussi érudits que lui, à tel point qu'on les surnommera "les frères je sais tout". Couvert de diplômes, d'une érudition incroyable, Théodore est sans doute le plus doué des trois frères.
A partir de 1902, il fait donc construire la villa Kerylos où il vivra avec sa seconde femme et sa famille. La légende veut que Théodore Reinach voulait rivaliser avec la villa Ephrussi, somptueuse demeure de la famille Rothschild toute proche, famille dont sa femme était une petite cousine, villa dont La nuit, la neige nous offre une visite (voir le sujet consacré).
Reinach meurt en 1928, il ne verra donc pas sa famille décimée par les nazi : la Gestapo perquisitionnera la villa, fera main basse sur les tableaux et objets d'art de même que les manuscrits anciens du maître de maison et les plans de la villa. L'un des fils de Reinach, sa femme et leurs deux enfants seront déportés et exterminés à Auschwitz en 1943.

La villa Kerylos, ce mot signifiant : "hirondelle de mer" (c'est ainsi que l'on nommait les poissons volants autrefois) mêle le palais grec idéalisé aux aménagements les plus modernes pour l'époque (téléphone, électricité, chauffage central dissimulé dans les sols et murs par des plaques amovibles), le tout d'un raffinement incroyable. Un incontestable savoir-faire également, avec un travail remarquable du marbre, du stuc, du bronze, du bois et du cuir. Le tout agrémenté de fresques illustrant les mythes grecs, de citations, d'allégories de la sagesse, de la philosophie et de la pensée grecque. Un lieu empreint de raffinement, pour un couple d'intellectuels et d'esthètes.







Chaque statue, chaque luminaire, chaque pièce de mobilier a été pensé pour la demeure et en fonction de cette dernière. Marbre mauve, jaune ou blanc, mosaïques précieuses, authentiques vases grecs, frises représentant des masques de théâtre, fresques relatant les exploits de Jason et ses argonautes ou de Thésée contre le minotaure… Le souci du détail est partout présent. De même pour les meubles, en bois de citronnier ou bois précieux, assemblés selon les techniques de l'époque avec des chevilles d'ivoire, d'os ou de bronze. Le maître de maison jouait d'un piano dissimulé dans un meuble à abattant : profondément esthète, Théodore Reinach avait, en 1893, déchiffré les signes représentant des notes de musique de l'hymne à Apollon et l'avait fait mettre en harmonie par Gabriel Fauré en personne… La chambre de son épouse, dédiée à Héra, reine des déesses, est sans doute la pièce la plus raffinée, ornée de cygnes et de paons brodés et avec une salle de bains d'une stupéfiante modernité pour l'époque : une douche alimentée par eau de pluie avec jets verticaux et horizontaux, eau chaude et eau froide !
Ce qui n'empêchait pas la maîtresse de maison de profiter d'un bassin en marbre de Carrare pour son bain :



Sa chambre était également spécifiquement orientée afin que, de sa terrasse, elle puisse voir un paysage "semblable à celui des Cyclades".



Le raffinement de la Belle Epoque à son paroxysme, assorti d'une incroyable modernité pour l'époque, le tout teinté d'esthétisme et de culture, dans un cadre époustouflant.
L'endroit se visite donc, de passage dans le coin, n'hésitez pas !

Merci cher Calonne pour me rappeler cette extraordinaire visite faite en 2014 déjà   ! Visite exceptionnelle en effet, à jumeler avec celle d'Ephrussi située à quelques minutes à pied, et elle aussi gérée par l'Institut !

Quelques photos en complément des extraordinaires mosaïques et fresques, ainsi que des curieuses mais astucieuses installations sanitaires, pour finir par la galerie des moulages antiques au sous-sol :















clichés personnels - 15 aôut 2014

Merci, les amis, pour vos extraordinaires photos  !    
Quel endroit hors du commun,  c'est de la pure folie douce !  

Calonne a écrit:
Reinach meurt en 1928, il ne verra donc pas sa famille décimée par les nazi : la Gestapo perquisitionnera la villa, fera main basse sur les tableaux et objets d'art de même que les manuscrits anciens du maître de maison et les plans de la villa. L'un des fils de Reinach, sa femme et leurs deux enfants seront déportés et exterminés à Auschwitz en 1943.

...  il n'y a pas de mots.

Calonne a écrit:
Le maître de maison jouait d'un piano dissimulé dans un meuble à abattant : profondément esthète, Théodore Reinach avait, en 1893, déchiffré les signes représentant des notes de musique de l'hymne à Apollon et l'avait fait mettre en harmonie par Gabriel Fauré en personne…

Oui, les Reinach-Camondo payèrent comme tant d'autres un lourd tribu humain pendant l'occupation nazie

Quelques autres clichés :







Clichés personnels

Merci, cher Calonne, pour l'ouverture de ce sujet dédié à cette incroyable villa. Quelle géniale folie !  

Nous sommes voisin de la villa Ephrussi de Rothschild que nous distinguons de l'autre côté de la rade, au sommet de la colline surplombant la mer.
La seconde épouse de Théodore Reinach, Fanny-Thérèse Kann, est la cousine de Maurice Ephrussi...


A mon tour d'ajouter quelques photos personnelles...






J'ai visité la villa du temps de l'exposition d'Hubert le Gall (designer et artiste français contemporain) : Une fantaisie grecque, à la villa Kerylos.

Une quarantaine d'oeuvres (sculptures, mobilier, objets décoratifs) d'Hubert le Gall étaient donc présentées et intégrées dans la décoration d'origine  
Je pense que vous parviendrez à les repérer facilement, puisqu'elles détonnent dans ce " total look à la grecque antique ".  





















Au premier étage, les appartements de Monsieur et Madame, séparés par leurs salles de bain respectives et un petit salon de " rencontre ".
J'aime bien ce concept...  








L'oeuvre contemporaine d'Hubert le Gall se repère trèèèèèès facilement dans la douche de Madame...
















Les sols et autres décors de mosaïques sont spectaculaires !  

La nuit, la neige a écrit:
A mon tour d'ajouter quelques photos personnelles...  

Sidérant !!!  

La nuit, la neige a écrit:
Une quarantaine d'oeuvres (sculptures, mobilier, objets décoratifs) d'Hubert le Gall étaient donc présentées et intégrées dans la décoration d'origine  
Je pense que vous parviendrez à les repérer facilement, puisqu'elles détonnent dans ce " total look à la grecque antique ".  

Comme tu dis !    Cela n'a pas été trop difficile.

Grâce à tous vos fastueux reportages, les amis, notre Forum est un havre de bonheur !
Nous allons d'émerveillements en émerveillements ....

J'ai vraiment du mal avec ce mélange contemporain/classique on va dire...
Merci à vous deux pour ces superbes photos !

Le petit salon de rencontre est effectivement un concept original. En cas d'engueulade conjugale et de bouderie, un petit endroit en terrain neutre pour commencer à se rapprocher...