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Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police

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Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Empty Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police

Message par La nuit, la neige Ven 04 Juin 2021, 10:59

C'est un portrait présenté prochainement en vente aux enchères qui me force la main pour l'ouverture de ce sujet... Eventaille
Voici donc le portrait d'un des plus célèbres policiers de France qui a inspiré de nombreuses gravures .

Portrait de Monsieur Lenoir, lieutenant de police
Jean-Baptiste Greuze (Tournus, 1725 - Paris, 1805)

Huile sur toile
(Gravure par Juste Chevillet, en 1777)
De forme ovale, 81 x 60,5 cm
Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Capt2741
Image : Artcurial

Note au catalogue :

Jean Charles Pierre Lenoir (1732-1807), lieutenant général de police de la ville de Paris de 1774 à 1785, fut l'une des figures majeures de la vie de la capitale et de ses habitants au cours de la décennie qui précéda la Révolution. Cette fonction créée en 1667 couvrait sous l'Ancien Régime un champ de responsabilités très large, allant de la religion à la voirie, en passant par l'approvisionnement, les manufactures, l'éclairage public, le commerce, les arts libéraux et bien entendu la sûreté.

Lenoir fut particulièrement attentif aux questions d'approvisionnement, créant des halles au grain et des marchés, ainsi qu'à la salubrité. C'est également sous sa direction que sera mis en place l'éclairage continu des rues principales de Paris.

* Source et infos complémentaires : Artcurial Paris - Vente Maîtres anciens (9 juin 2021)

____________________________


Idea Je cite des extraits de sa fiche biographique publiée sur Wikipedia, que j'illustre :

JEAN-CHARLES-PIERRE LENOIR, LIEUTENANT GENERAL DE POLICE

Jean Charles Pierre Lenoir ou Le Noir, né le 10 décembre 1732 à Paris où il est mort, le 17 novembre 1807, est un haut fonctionnaire français.
Issu d’une lignée de magistrats et de financiers, il est le fils de Jean Charles Joseph Lenoir (1687-1754), conseiller puis lieutenant civil au Châtelet de Paris.
Il a fait rétablir l'institution du Mont-de-piété, supprimé par Anne d'Autriche en 1644 sous la pression des usuriers.
Shocked
Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Lenoir10
Monsieur Lenoir, lieutenant de police
Jean-Baptiste Greuze
Huile sur toile, 18e siècle
Image : Arcurial


Il commence sa carrière par des charges judiciaires. Il occupe ainsi celles de conseiller au Châtelet de Paris (1752), de lieutenant particulier (1754), puis de lieutenant criminel au Châtelet de Paris (1759), de maître des requêtes (1765) et enfin de président au Grand Conseil (1768). Il est à cette occasion rapporteur de la commission du procès de la Chalotais et on l'envoie rétablir le Parlement de Pau et apaiser les esprits de celui de Provence.

Il est nommé lieutenant général de police de Paris le 30 août 1774, en succession de Sartine dont il est l'ami.

Il s'oppose alors à la politique de Turgot, considérant que la libéralisation des grains est nuisible au peuple de Paris.
Lenoir, pour qui la question frumentaire devait être considérée sous l'angle de ce que l'historien Edward Palmer Thompson a qualifié « d'économie morale de la foule », s'attache à défendre les idées de « juste prix » et de responsabilité paternelle du roi envers ses sujets. Turgot, pour s'en débarrasser, lui propose alors la place de lieutenant civil qu'il refuse.
Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Turgot10
Anne-Robert-Jacques Turgot, intendant et ministre des Finances
Antoine Graincourt
Huile sur toile, 1780
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin


Quand les premiers troubles de la guerre des farines se manifestent le 3 mai, les journaux à la main et les gazettes lui reprochent sa mauvaise gestion des troubles populaires, pire, à l'instar de la Correspondance littéraire secrète de Metra (9 mai 1775), d'avoir participé à un complot, à un "pacte de famine" selon l'expression du temps.
Il lui est demandé de donner sa démission le 4 mai. Joseph d'Albert, intendant de commerce chargé du département général des subsistances, « économiste très outré », proche de Turgot, est nommé pour lui succéder.

Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Le-pil10
A Paris le 3 mai 1775, la foule poussée par la faim s’attaque aux chariots de farine qui ravitaillent les boulangeries. C’est la « Guerre des farines ».
Image : Ace-bootlegs


La crise passée, après la démission de Malesherbes, de Turgot et d'Albert, Lenoir retrouve la lieutenance générale de police le 17 juin 1776.

Un mémoire imprimé adressé à Marie-Thérèse d'Autriche (Détail de quelques établissements de la ville de Paris, demandé par sa majesté impériale, la reine de Hongrie, 1780) témoigne de son activité dans le domaine de l'approvisionnement et de ses efforts en matière de salubrité et d'utilité publique.
Il s'attelle à la création d’une école de boulangerie et d'ateliers d'ouvriers, à la création de halles au grain et de marché, marqué qu'il est par l'épisode de 1775.

Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Police11
Habit de Monseigneur le Lieutenant général de police dans ses audiences
Gravure anonyme d'après Pierre-Thomas Leclerc ou Le Clerc
Vers 1775
Image : Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris


On lui doit aussi des mesures contre les incendies, pour la prohibition du cuivre et du plomb dans le transport et le conditionnement des denrées, l'établissement des piliers dans les carrières sud de Paris ainsi que l'éclairage continu des rues principales de la capitale. Toutes ses mesures révèlent les grandes lignes d'un programme hygiéniste et modernisateur qu'il défend dans ses Mémoires.

Un autre aspect bien connu de son office fut son rôle au sein de la police de la librairie, dans la traque des « mauvais livres » et le contrôle de l'imprimé. Son activité suscite une foule d'opposants et de détracteurs, à commencer par les littérateurs qui voient leurs ouvrages refusés ou les libellistes qu'il pourchasse.

Il attache une importance considérable à la surveillance des “mauvais sujets” et aux déplacements des étrangers dans la capitale. Il est de même fort attentif aux mouvements et aux humeurs de la population parisienne, à l'expression des mécontents et à tout ce qui peut troubler le corps social.

Il dénonce à l'occasion les dangers du mesmérisme considéré comme un élément de désordre. Il dispose d'agents officiels et officieux pour mener à bien son office et entretient de bons rapports avec des écrivains et publicistes comme Brissot ou Beaumarchais.
Ce dernier bénéfice de sa protection dans l'affaire Kornman. En somme, le maître-mot de son activité est bien celui de « contrôle social » et sa lieutenance apparaît à ce titre comme un jalon important dans le processus de naissance d'une police moderne.
Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Lenoir11
Jean-Charles-Pierre Lenoir, lieutenant général de Police (1732-1807)
Juste Chevillet, d'après Jean-Baptiste Greuze
Estampe, XVIIIe siècle


Son activité et ses liens avec Calonne lui valent de nombreuses critiques de la part d'une partie de l'opinion qui l'érige en symbole du « despotisme ministériel ». Il est ainsi la victime d'une série de pamphlets qui cherchent à le noircir et fatigué par les assauts de ses ennemis, il démissionne de son office au mois d'août 1785. Il est peu de temps auparavant nommé comme intendant et garde du cabinet des livres, manuscrits, médailles et raretés antiques et modernes, puis garde de la Bibliothèque du Roi (1784) il occupe la présidence de la Commission royale des Finances (1785).

En 1785, juste avant l'arrestation du cardinal de Rohan, il démissionne de son poste de lieutenant général de police car il est soupçonné d'être impliqué dans l'affaire du collier de la reine.
Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police 00002519
Portrait du lieutenant général de police de Paris Jean Charles Pierre Lenoir (1732-1807)
Jean-Antoine Houdon
Marbre, 1784
Sur la tranche du bras droit : "HOUDON, F. 1784."
Image : 2006 Musée du Louvre

Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police 00002520
Image : 2006 Musée du Louvre

L'un de ses plus farouches adversaires de l'époque est sans doute Jean-Louis Carra, qui l'accuse de malversation et d'abus de pouvoir. Un ouvrage en particulier nous donne une bonne idée de la légende noire qui se met alors en place à ses dépens. Dans L'An 1787  : précis de l'administration de la bibliothèque du Roi, il est dépeint comme l'un des « monstres humains, de ces fléaux de corruption » qui n'a de cesse de « fouiller dans l’intérieur des familles et d’en publier les secrets et les faiblesses pour amuser la cour et la ville » et « dont la fausseté de cœur et l'obscurité dans les idées sont les preuves les plus signalées d'une difformité morale absolue, et d'une organisation perfide ». (A lire : ICI)

Après avoir participé à l'Assemblée des notables et redouté les premiers moments de la Révolution, il démissionne en 1789.
Il gagne la Suisse,
accompagné sur la route par le baron de Salis, et s'y installe en octobre 1789 *. Il y bénéficie de la générosité d'anciens amis et membres du gouvernement.
Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Lesueu10
Plantation d'un arbre de la Liberté »
Jean-Baptiste Lesureur
Gouache sur carton, 1790-1791
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Parie


Pour contrer les effets de brochures et des recueils qui dénoncent son "despotisme", à l'instar de la Police de Paris dévoilée de Pierre Louis Manuel, il entreprend la rédaction de ses Mémoires, afin de justifier le bilan de son administration, pour réaffirmer ses principes et témoigner de l'humanité dont il fit preuve à la tête de la police.
Son entreprise, qui devait rester à l’état de brouillon, s'apparente un traité sur la police en quatorze titres, dont seuls les cinq premiers ont une forme définitive. Elle se présente comme une apologie manifeste de la police sous l’Ancien Régime, mais révèle aussi « un homme des Lumières, pragmatique, qui souhaite réformer l’État en douceur », comme en témoignent les travaux de Vincent Milliotnote.

Les progrès des armées françaises lui font gagner Vienne où il reçoit un bon accueil. Il est à l'occasion présenté à l'empereur Paul Ier qui lui propose un poste à la Cour de Russie.
Mais il décide de regagner Paris. Il est ruiné. À en suivre la notice de la biographie de Michaud, « un homme à qui il avait rendu service, et qui était devenu riche, lui offrit une petite maison de campagne ». Il mourut à Paris cinq ans après son retour, âgé de 75 ans.

Il s'était marié avec Mademoiselle de Montmorency-Laval, qui devenue veuve se remariera à M. de Plaisance.

Arrow  Source du texte : Wikipedia - Jean-Charles-Pierre Lenoir


Idea * A noter que la Société Française d'Histoire de la Police précise sur sa fiche biographique consacrée à Lenoir qu'il aurait quitté la France en 1792 et non pas en 1789  Question :

N'adopte pas les principes de la Révolution et passe à l'étranger en 1792. Vit longtemps en Suisse puis à Vienne. Il rentre en France après l'installation du gouvernement consulaire et se retire à la campagne dans les environs de Paris où il vit d'une pension de 4000 francs que lui fait le Mont-de-Piété en tant que fondateur de l'établissement. Il fait savoir au préfet de police Dubois, sans succès, qu'il reste actif et cherche un emploi.

Article complet à lire ici : SFHP - Notice biographique Jean Lenoir
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Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Empty Re: Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police

Message par La nuit, la neige Sam 05 Juin 2021, 10:25

Idea Au sujet des Mémoires de Lenoir, évoqués ci-dessus, je vous renvoie à la lecture de notre sujet consacré à l'exposition passée :

Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Exposi15

Exposition : La police des Lumières, Archives nationales (Paris)

La nuit, la neige a écrit:
(...)
Et du même auteur :

Un policier des Lumières
Suivi de Mémoires de J.C.P. Lenoir, ancien lieutenant général de police de Paris écrits en pays étrangers dans les années 1790 et suivantes


Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police 51vyd510

Cet imposant ouvrage en deux volets comprend d'abord un essai consacré à la police parisienne au temps des Lumières, inscrit dans les tendances les plus récentes de l'historiographie policière. Il propose un regard neuf et nuancé sur cette institution et sur ses transformations entre la fin du XVIIe siècle et la Révolution française.

Cet essai est notamment nourri par la lecture critique des Mémoires de Lenoir, ancien Lieutenant général de police, en charge pendant la première décennie du règne de Louis XVI (1774-1785). Le second volet de cet ouvrage en propose, pour la première fois, la transcription et l'édition annotée.

Jean Charles Pierre Lenoir, Lieutenant général de police Police10
Portrait de Jean-Charles-Pierre Lenoir
Attribué à Jean-Baptiste Greuze
Image : Musée de la Police, Préfecture de Police, Service de la Mémoire et des affaires culturelles


Ces "Mémoires" souvent cités, utilisés ponctuellement, sont toutefois demeurés inédits jusqu'alors et n'ont jamais été donnés à lire dans leur intégralité. Ils constituent une sorte de monument inachevé, érigé en défense de la police parisienne de l'Ancien Régime, souvent considérée comme un modèle à l'échelle de l'Europe mais lourdement critiquée alors que s'ouvre la Révolution.
Lenoir s'y montre à la fois mémorialiste témoignant de son activité passée et la justifiant face à la postérité, et homme d'expérience qui réfléchit sur les conceptions et les pratiques de la police.

Ces mémoires représentent également une source magnifique sur l'histoire de Paris, un vivier pour l'histoire administrative et l'histoire de la police, à une époque où les projets réformateurs abondent. La publication est assortie d'un catalogue du manuscrit qui est inédit.



Idea Et je rappelle notre sujet biographique dédié à l'un de ses prédécesseurs :

Arrow René Hérault, lieutenant de police de Louis XV et grand-père de Mme de Polignac
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