Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
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Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Après Ferney, il me fallait bien rendre hommage à l’Ennemi
Voici donc le Petit Mont-Louis à Montmorency, où Rousseau trouva refuge après sa brouille avec Mme d’Epinay qui l’hébergeait à l’Ermitage non loin de là. Il y écrivit notamment La Nouvelle Héloïse et l’Emile, isolé du monde dans le Donjon au fond du jardin. La première chambre est celle de sa compagne Thérèse Levasseur.
Clichés personnels
Voici donc le Petit Mont-Louis à Montmorency, où Rousseau trouva refuge après sa brouille avec Mme d’Epinay qui l’hébergeait à l’Ermitage non loin de là. Il y écrivit notamment La Nouvelle Héloïse et l’Emile, isolé du monde dans le Donjon au fond du jardin. La première chambre est celle de sa compagne Thérèse Levasseur.
Clichés personnels
Dernière édition par Gouverneur Morris le Lun 31 Jan 2022, 13:32, édité 5 fois
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Mme d'Epinay était la bonne amie du baron Grimm. Elle " recueillit " Mozart désespéré, en 1778, après la mort de sa mère à Paris.
Il est curieux, ce si petit ciel de lit !
Il est curieux, ce si petit ciel de lit !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Gouverneur Morris a écrit:
Voici donc le Petit Mont-Louis à Montmorency, où Rousseau trouva refuge après sa brouille avec Mme d’Epinay qui l’hébergeait à l’Ermitage non loin de là.
Jean-Jacques : « Ce lieu solitaire et très agréable m’avait frappé, quand je le vis pour la première fois, avant mon voyage de Genève. Il m’était échappé de dire dans mon transport : « Ah ! madame, quelle habitation délicieuse !. Voici un asile fait pour moi. » Mme d’Epinay ne releva pas beaucoup mon discours; mais à ce second voyage je fus tout surpris de trouver, au lieu de la vieille masure, une petite maison presque entièrement neuve, fort bien distribuée, et très logeable pour un petit ménage de trois personnes. Mme d’Epinay avait fait faire cet ouvrage en silence et à peu de frais, en détachant quelques matériaux et quelques ouvriers de ceux du château. Au second voyage, elle me dit en voyant ma surprise: « Mon ours, voilà votre asile ; c’est vous qui l’avez choisi, c’est l’amitié qui vous l’offre; j’espère qu’elle vous ôtera la cruelle idée de vous éloigner de moi. »
... " mon ours " !
https://jjrousseau.net/les-monuments-insolites-a-rousseau/rousseau-a-lermitage/
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Merci pour ce reportage. L'habitation est restée " dans l'état " de la période Rousseau ?
C'est bien moins luxueux que chez Voltaire...
C'est bien moins luxueux que chez Voltaire...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Jean-Jacques, qui pouvait fuir sa furie de compagne dans le « donjon » donc, petite construction que seule la générosité du Maréchal-duc de Montmorency-Luxembourg permit d’abriter du froid par un châssis vitré :
Clichés personnels
Je reviendrai demain sur l’origine du mobilier et sur la distinction qu’il convient de faire entre le petit Mont-Louis et l’Ermitage mis à disposition par Mme d’Epinay, résidence précédente du philosophe à Montmorency
Clichés personnels
Je reviendrai demain sur l’origine du mobilier et sur la distinction qu’il convient de faire entre le petit Mont-Louis et l’Ermitage mis à disposition par Mme d’Epinay, résidence précédente du philosophe à Montmorency
Dernière édition par Gouverneur Morris le Lun 31 Jan 2022, 15:55, édité 1 fois
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Cela ne nous étonne pas vraiment.La nuit, la neige a écrit:
C'est bien moins luxueux que chez Voltaire...
C'est même carrément modeste !
Il faut croire que Rousseau était un pur esprit et dédaignait le luxe . Ou bien peut-être était-ce plus cosy à l'époque où il habitait cette petite maison? Quoi qu'il en soit, nous serons demain au rendez-vous pour la suite de la visite.
Merci, mon cher Momo .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Gouverneur Morris a écrit:
Je reviendrai demain sur l’origine du mobilier (...)
C'est assez austère, mais je trouve l'endroit " accueillant ". J'aime bien !
Formidable cet ancien " insert " à cheminée, permettant une réduction du foyer et, sans doute, une meilleure diffusion de la chaleur...
Je crois n'avoir jamais vu un objet comme celui-ci :
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
La nuit, la neige a écrit:
Formidable cet ancien " insert " à cheminée, permettant une réduction du foyer et, sans doute, une meilleure diffusion de la chaleur...
Je crois n'avoir jamais vu un objet comme celui-ci :
Moi non plus, jamais . Comme c'est futé !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Certes, l'ensemble du mobilier est modeste, mais il est de bonne qualité et n'est pas inesthétique, loin de là... Sans aucun doute, lorsque Jean-Jacques Rousseau y vivait, y avait-il davantage de meubles, sans compter le petit fouillis propre à chacun, livres, papiers... La maison dans son jus possède un vrai charme, c'est joli.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Bien-sûr. Nous ne sommes pas chez le patriarche du luxueux Ferney mais dans la thébaïde du frugal Jean-Jacques.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
LNLN a écrit:Formidable cet ancien " insert " à cheminée, permettant une réduction du foyer et, sans doute, une meilleure diffusion de la chaleur...
Cliché personnels
Il fut acquis (d'occasion !) par Rousseau, pour la cheminée du donjon, mais a été de nos jours placé dans sa chambre pour des raisons de conservation. Ce type de cheminée portative est dite "à la prussienne" (je n'en avais pas parlé avant car je la gardais pour le jeu de l'Hiver, vous êtes impossibles, on peut jamais rien faire avec vous... )
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Gouverneur Morris a écrit: Ce type de cheminée portative est dite "à la prussienne" (je n'en avais pas parlé avant car je la gardais pour le jeu de l'Hiver, vous êtes impossibles, on peut jamais rien faire avec vous... )
Eh bien ! il suffisait de ne pas nous le dire tout de suite !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Gouverneur Morris a écrit: je n'en avais pas parlé avant car je la gardais pour le jeu de l'Hiver, vous êtes impossibles, on peut jamais rien faire avec vous...
Je suis désolé...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Quelques informations pour en savoir plus sur le mobilier.
De Mont-Louis, provient seulement avec certitude l'insert du Donjon. Le reste du mobiler a été regroupé dès le milieu du XIXè siècle comme ayant été utilisé par Rousseau à l'Ermitage de Montmorency, dont il s'était fait chasser par Mme d'Epinay et qui a disparu depuis. Je cite :
[...] en 1873 [...] le maire de Montmorency, Emilien Rey de Foresta, entend parler d'une possible vente par un ancien propriétaire de l’Ermitage, Alphonse Huet, du mobilier que celui-ci avait fait authentifier en 1852 lors de son départ de Montmorency pour Paris. Ce mobilier réputé avoir été utilisé par Jean-Jacques Rousseau est cédé gratuitement par Alphonse Huet dans les termes suivants : « 1° la couche de Rousseau ; 2° la table sur laquelle il a écrit sa Nouvelle Héloïse ; 3° son baromètre ; 4° deux chiffonniers ; 5° une petite étagère ; 6° 2 bocaux cristal dont Rousseau abritait sa lumière, pour pouvoir lire le soir dans le jardin ; 7° la couche de Thérèse ».
Bien sûr, il n'y a aucune réelle certitude antérieure à 1852 sur l'origine de ces meubles, si ce n'est la croyance de Grétry, qui en acquérant l'Ermitage meublé à la fin du XVIIIe siècle, fut persuadé d'acquérir le mobilier du Promeneur Solitaire avec. Toujours est-il que ce mobilier a été longtemps présenté dans un premier musée dédié au philosophe, ce jusqu'à l'acquisition par la ville du Petit Mont-Louis, idéal pour suppléer à l'Ermitage disparu. Je cite toujours :
La maison de Rousseau subit une première restauration en 1982 : les travaux de gros-œuvre permettent de dégager l’étroite fenêtre de la chambre de Rousseau effacée par l’agrandissement du XIXe siècle qui ouvrait au sud sur Paris. Le plancher est restauré sur le modèle d’un plancher rustique du XVIIIe siècle ; l’alcôve est habillée d’un tissu de Bergame et le lit d’une serge de soie verte d’époque, selon les descriptions d’étoffes portées sur l’inventaire historique de 1758.
Hormis ces aménagements, la Maison de Rousseau et le « Donjon », cœur historique du musée restauré, présentent encore en 1989 le visage qu’ils avaient en 1952 : pièces nues occupées par les meubles réputés avoir appartenu à Rousseau à l’Ermitage.
Le parti est pris d’approfondir la capacité d’évocation de ce lieu en en respectant l’identité par un ameublement et des objets domestiques qui tiennent compte des données historiques : l’inventaire réalisé à la demande de Rousseau le 8 mars 1758, les Confessions et la riche correspondance évoquant la « direction des réparations de Mont Louis » par Rousseau.
Cette restitution est réalisée en 1990 grâce à la recherche de meubles et objets originaux du XVIIIe siècle, « cousins » de ceux décrits par le notaire de Rousseau dont certains proviennent du Musée des Civilisations Européennes et de Méditerranée (anciennement Musée national des arts et traditions populaires) ; l’installation de ceux-ci est inspirée par le climat des toiles de Chardin et autres artistes de scènes d’intérieur contemporain.
En effet, tombé gravement malade pendant son séjour, Rousseau avait pris la précaution de faire dresser son inventaire pour le cas où il devait succomber. Rousseau finalement survécut mais l'inventaire nous est resté
Source : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/museo/M0437
De Mont-Louis, provient seulement avec certitude l'insert du Donjon. Le reste du mobiler a été regroupé dès le milieu du XIXè siècle comme ayant été utilisé par Rousseau à l'Ermitage de Montmorency, dont il s'était fait chasser par Mme d'Epinay et qui a disparu depuis. Je cite :
[...] en 1873 [...] le maire de Montmorency, Emilien Rey de Foresta, entend parler d'une possible vente par un ancien propriétaire de l’Ermitage, Alphonse Huet, du mobilier que celui-ci avait fait authentifier en 1852 lors de son départ de Montmorency pour Paris. Ce mobilier réputé avoir été utilisé par Jean-Jacques Rousseau est cédé gratuitement par Alphonse Huet dans les termes suivants : « 1° la couche de Rousseau ; 2° la table sur laquelle il a écrit sa Nouvelle Héloïse ; 3° son baromètre ; 4° deux chiffonniers ; 5° une petite étagère ; 6° 2 bocaux cristal dont Rousseau abritait sa lumière, pour pouvoir lire le soir dans le jardin ; 7° la couche de Thérèse ».
Bien sûr, il n'y a aucune réelle certitude antérieure à 1852 sur l'origine de ces meubles, si ce n'est la croyance de Grétry, qui en acquérant l'Ermitage meublé à la fin du XVIIIe siècle, fut persuadé d'acquérir le mobilier du Promeneur Solitaire avec. Toujours est-il que ce mobilier a été longtemps présenté dans un premier musée dédié au philosophe, ce jusqu'à l'acquisition par la ville du Petit Mont-Louis, idéal pour suppléer à l'Ermitage disparu. Je cite toujours :
La maison de Rousseau subit une première restauration en 1982 : les travaux de gros-œuvre permettent de dégager l’étroite fenêtre de la chambre de Rousseau effacée par l’agrandissement du XIXe siècle qui ouvrait au sud sur Paris. Le plancher est restauré sur le modèle d’un plancher rustique du XVIIIe siècle ; l’alcôve est habillée d’un tissu de Bergame et le lit d’une serge de soie verte d’époque, selon les descriptions d’étoffes portées sur l’inventaire historique de 1758.
Hormis ces aménagements, la Maison de Rousseau et le « Donjon », cœur historique du musée restauré, présentent encore en 1989 le visage qu’ils avaient en 1952 : pièces nues occupées par les meubles réputés avoir appartenu à Rousseau à l’Ermitage.
Le parti est pris d’approfondir la capacité d’évocation de ce lieu en en respectant l’identité par un ameublement et des objets domestiques qui tiennent compte des données historiques : l’inventaire réalisé à la demande de Rousseau le 8 mars 1758, les Confessions et la riche correspondance évoquant la « direction des réparations de Mont Louis » par Rousseau.
Cette restitution est réalisée en 1990 grâce à la recherche de meubles et objets originaux du XVIIIe siècle, « cousins » de ceux décrits par le notaire de Rousseau dont certains proviennent du Musée des Civilisations Européennes et de Méditerranée (anciennement Musée national des arts et traditions populaires) ; l’installation de ceux-ci est inspirée par le climat des toiles de Chardin et autres artistes de scènes d’intérieur contemporain.
En effet, tombé gravement malade pendant son séjour, Rousseau avait pris la précaution de faire dresser son inventaire pour le cas où il devait succomber. Rousseau finalement survécut mais l'inventaire nous est resté
Source : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/museo/M0437
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Et pour conclure sur cette visite :
L’Ermitage, que Madame d’Epinay offrit à Rousseau en 1756, n’existe plus. Il se trouvait 10 rue de l’Ermitage et fut malheureusement détruit. La maison de santé "l’Ermitage" occupe maintenant son emplacement. Cela ferait sourire Jean-Jacques, qui confiait à Madame d’Épinay : "Ah, Madame, quelle habitation délicieuse. Voici un asile fait pour moi."… Mais on peut marcher dans la magnifique châtaigneraie située de l’autre côté de la route, en haut de la rue de l’Ermitage, et imaginer le lieu tel que Rousseau l’a connu.
Rousseau habite cette belle maison -à l’époque perdue dans la nature- entre le 9 avril 1756 et le 13 décembre 1757, en compagnie de Thérèse Levasseur et de la mère de celle-ci.
Ils arrivent de Paris, où, depuis fin 1749, ils habitaient l’hôtel du Languedoc, rue de Grenelle-Saint-Honoré, Rousseau étant alors secrétaire d’ambassade.
À l’Ermitage, il commence à écrire La Nouvelle Héloïse, avant de se brouiller avec Madame d’Épinay. Les sentiments qu’il éprouve pour la comtesse d’Houdetot, la belle-soeur de celle-ci qu’il a rencontrée dans le parc de Montmorency, nourrissent en effet son inspiration poétique… ainsi que les railleries et jalousies de son entourage. Espérant trouver une vie plus calme et retirée, il accepte la proposition du procureur fiscal de Montmorency et habite ensuite Mont-Louis, entre le 15 décembre 1757 et le 9 juin 1762. C’est une des plus longues stations de sa vie de voyageur, et peut-être la plus heureuse.
La petite maison a besoin de réparations et le procureur laisse à Rousseau le loisir de conduire les travaux comme il l’entend. "Je trouvais… le moyen de me faire, d’une seule chambre au premier, un appartement complet composé d’une chambre, d’une antichambre et d’une garde-robe. Au rez-de-chaussée étaient la cuisine et la chambre de Thérèse." Entre mai et août 1759, le Maréchal de Luxembourg, voisin de Rousseau, met à sa disposition le petit château de Montmorency -détruit en 1792- pour lui permettre d’être plus à son aise pendant le plus gros des travaux. C’est à Mont Louis que Rousseau compose -souvent dans le minuscule bâtiment situé au fond du jardin (le "donjon")- la Lettre à d’Alembert sur les spectacles, Julie ou la Nouvelle Héloïse, les Lettres à Malesherbes, Émile, le Contrat Social. C’est également ici qu’il se fâche "vraiment" avec Voltaire, en 1760, à la suite de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles qui attaque violemment le théâtre.
Le 8 juin 1762, Rousseau est averti par le prince de Conti qu’il a été condamné pour la publication de l’Émile. Il souhaiterait ne pas fuir, être jugé et pouvoir répondre à ses accusateurs, mais le prince et le Maréchal de Luxembourg, craignant peut-être pour leur propre personne, lui demandent de quitter Montmorency. En quelques minutes, il plie bagages. Rue de Saint-Denis, une plaque signale la grande porte par laquelle il quitte le château du Maréchal (sur l’emplacement duquel a été construit depuis le château du Duc de Dino).
Les meubles de Mont-Louis seront vendus par Thérèse afin de financer l’exil. Rousseau se réfugie à Yverdon en Suisse, puis chez Madame Boy de La Tour à Môtiers-Travers, près de Neuchâtel. Trois ans plus tard, en septembre 1765, chassé par les habitants de Môtiers, il séjournera à l’Ile Saint-Pierre, sur le lac de Bienne, avant d’être accueilli par le philosophe Hume en Angleterre… et de retrouver le continent en venant habiter Trie-Château.
Source : https://www.terresdecrivains.com/Jean-Jacques-ROUSSEAU,168
L’Ermitage, que Madame d’Epinay offrit à Rousseau en 1756, n’existe plus. Il se trouvait 10 rue de l’Ermitage et fut malheureusement détruit. La maison de santé "l’Ermitage" occupe maintenant son emplacement. Cela ferait sourire Jean-Jacques, qui confiait à Madame d’Épinay : "Ah, Madame, quelle habitation délicieuse. Voici un asile fait pour moi."… Mais on peut marcher dans la magnifique châtaigneraie située de l’autre côté de la route, en haut de la rue de l’Ermitage, et imaginer le lieu tel que Rousseau l’a connu.
Rousseau habite cette belle maison -à l’époque perdue dans la nature- entre le 9 avril 1756 et le 13 décembre 1757, en compagnie de Thérèse Levasseur et de la mère de celle-ci.
Ils arrivent de Paris, où, depuis fin 1749, ils habitaient l’hôtel du Languedoc, rue de Grenelle-Saint-Honoré, Rousseau étant alors secrétaire d’ambassade.
À l’Ermitage, il commence à écrire La Nouvelle Héloïse, avant de se brouiller avec Madame d’Épinay. Les sentiments qu’il éprouve pour la comtesse d’Houdetot, la belle-soeur de celle-ci qu’il a rencontrée dans le parc de Montmorency, nourrissent en effet son inspiration poétique… ainsi que les railleries et jalousies de son entourage. Espérant trouver une vie plus calme et retirée, il accepte la proposition du procureur fiscal de Montmorency et habite ensuite Mont-Louis, entre le 15 décembre 1757 et le 9 juin 1762. C’est une des plus longues stations de sa vie de voyageur, et peut-être la plus heureuse.
La petite maison a besoin de réparations et le procureur laisse à Rousseau le loisir de conduire les travaux comme il l’entend. "Je trouvais… le moyen de me faire, d’une seule chambre au premier, un appartement complet composé d’une chambre, d’une antichambre et d’une garde-robe. Au rez-de-chaussée étaient la cuisine et la chambre de Thérèse." Entre mai et août 1759, le Maréchal de Luxembourg, voisin de Rousseau, met à sa disposition le petit château de Montmorency -détruit en 1792- pour lui permettre d’être plus à son aise pendant le plus gros des travaux. C’est à Mont Louis que Rousseau compose -souvent dans le minuscule bâtiment situé au fond du jardin (le "donjon")- la Lettre à d’Alembert sur les spectacles, Julie ou la Nouvelle Héloïse, les Lettres à Malesherbes, Émile, le Contrat Social. C’est également ici qu’il se fâche "vraiment" avec Voltaire, en 1760, à la suite de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles qui attaque violemment le théâtre.
Le 8 juin 1762, Rousseau est averti par le prince de Conti qu’il a été condamné pour la publication de l’Émile. Il souhaiterait ne pas fuir, être jugé et pouvoir répondre à ses accusateurs, mais le prince et le Maréchal de Luxembourg, craignant peut-être pour leur propre personne, lui demandent de quitter Montmorency. En quelques minutes, il plie bagages. Rue de Saint-Denis, une plaque signale la grande porte par laquelle il quitte le château du Maréchal (sur l’emplacement duquel a été construit depuis le château du Duc de Dino).
Les meubles de Mont-Louis seront vendus par Thérèse afin de financer l’exil. Rousseau se réfugie à Yverdon en Suisse, puis chez Madame Boy de La Tour à Môtiers-Travers, près de Neuchâtel. Trois ans plus tard, en septembre 1765, chassé par les habitants de Môtiers, il séjournera à l’Ile Saint-Pierre, sur le lac de Bienne, avant d’être accueilli par le philosophe Hume en Angleterre… et de retrouver le continent en venant habiter Trie-Château.
Source : https://www.terresdecrivains.com/Jean-Jacques-ROUSSEAU,168
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Très intéressant commentaire, merci mon cher Momo !
Heureusement, au cours de ses interminables pérégrinations, Rousseau trouvait toujours quelque bonne âme pour lui offrir l'hospitalité.
Mme d'Epinay se voyait ainsi en mars 1756 :
« Je ne suis point jolie, je ne suis cependant pas laide. Je suis petite, maigre, très bien faite. J'ai l'air jeune, sans fraicheur, noble, doux, vif, spirituel et intéressant. Mon imagination est tranquille, mon esprit est lent, juste, réfléchi et sans suite. J'ai dans l'âme de la vivacité, du courage, de la fermeté, de l'élévation et une excessive timidité. [...] Je suis très ignorante; toute mon éducation s'est bornée à cultiver des talents agréables et à me rendre habile dans l'art de faire des sophismes.»
Heureusement, au cours de ses interminables pérégrinations, Rousseau trouvait toujours quelque bonne âme pour lui offrir l'hospitalité.
Mme d'Epinay se voyait ainsi en mars 1756 :
« Je ne suis point jolie, je ne suis cependant pas laide. Je suis petite, maigre, très bien faite. J'ai l'air jeune, sans fraicheur, noble, doux, vif, spirituel et intéressant. Mon imagination est tranquille, mon esprit est lent, juste, réfléchi et sans suite. J'ai dans l'âme de la vivacité, du courage, de la fermeté, de l'élévation et une excessive timidité. [...] Je suis très ignorante; toute mon éducation s'est bornée à cultiver des talents agréables et à me rendre habile dans l'art de faire des sophismes.»
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le petit Mont-Louis, refuge de J.-J. Rousseau à Montmorency
Gouverneur Morris a écrit: C’est à Mont Louis que Rousseau compose -souvent dans le minuscule bâtiment situé au fond du jardin (le "donjon")- la Lettre à d’Alembert sur les spectacles, Julie ou la Nouvelle Héloïse, les Lettres à Malesherbes, Émile, le Contrat Social. C’est également ici qu’il se fâche "vraiment" avec Voltaire, en 1760, à la suite de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles qui attaque violemment le théâtre.
Tout de même ! Ce lieu a son importance.
Merci beaucoup pour cette intéressante visite...
Jean-Jacques Rousseau
Maurice Quentin de La Tour
Huile sur toile, après 1753
Au recto de la toile, au milieu à gauche, traces de signature et date :"[.]7[.]3" (ou
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
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