L'hôtel Grimod de La Reynière, Paris
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L'hôtel Grimod de La Reynière, Paris
Prochainement proposées en vente aux enchères, ces deux vues de l'hôtel Grimod de La Reynière, bâtiment voisin de l'hôtel de Crillon, place de la Concorde, me donnent l'occasion d'ouvrir un sujet consacré à cette demeure et à ses premiers occupants...
Vue de l'hôtel Grimod de la Reynière et vue de l'angle de l'hôtel de Crillon et l'hôtel Grimod de la Reynière
Jean-Lubin Vauzelle (1776-1837)
Aquarelle, début 19e siècle
16 x 20 cm chaque
L'une signée en bas au centre
* Source et infos complémentaires : AuctionArt Paris - Vente du 29 novembre 2022
L’hôtel Grimod de La Reynière
L’hôtel Grimod de La Reynière est un hôtel particulier, aujourd'hui disparu, situé aux actuels nos 1 à 5 de la rue Boissy-d’Anglas, dans le 8e arrondissement de Paris.
L'hôtel est construit en 1775, par l'architecte Jean-Benoît-Vincent Barré, sur les plans de l'architecte Ange-Jacques Gabriel, lors des aménagements de la place Louis-XV, pour le financier Laurent Grimod de La Reynière.
Détruit en 1932, il est remplacé par l'actuelle chancellerie de l'ambassade des États-Unis en France, construite de 1931 à 1933.
A View of Place Louis XV
Attributed to Alexandre-Jean Noël (French, 1752 - 1834)
about 1775–1787
Oil on canvas, 49.8 × 74.9 cm (19 5/8 × 29 1/2 in.)
Image : The J. Paul Getty Museum, Los Angeles
Histoire
Laurent Grimod de La Reynière, fermier général et administrateur des Postes, fait l'acquisition d'un terrain au nord-est de la place Louis-XV, occupé alors par le Dépôt des marbres des Bâtiments du Roi. La concession de celui-ci lui est octroyée, à charge pour lui de faire construire un édifice respectant les plans d'aménagement de la place voisine, dessinés par l'architecte Ange-Jacques Gabriel.
Portrait du fermier général Laurent Grimod de La Reynière (1734-1793)
Louis-Michel van Loo
Huile sur toile, 18e siècle
Image : Commons wikimedia
Mécène et homme de goût, Laurent Grimod de la Reynière (1735-1793) succéda à son père Antoine-Gaspard dans sa charge de fermier général et d'administrateur des postes. Il épousa en 1758 Suzanne-Françoise de Jarente, fille du marquis d'Orgeval et nièce de l'évêque d'Orléans, qui tenait l'un des salons parisiens les plus célèbres de son temps.
L'hôtel est construit à partir de 1775, par l'architecte Jean-Benoît-Vincent Barré, dans les mêmes proportions que l'hôtel Saint-Florentin, élevé à l'angle nord-est de la place.
L'apparence de l'édifice, achevé en 1780, n'est cependant pas respectée et il n'a de semblable avec l'hôtel Saint-Florentin que leurs rez-de-chaussée et le décor des balustrades du niveau supérieur, ce dernier s'élevant d'un étage de plus dans l'hôtel Grimod de La Reynière.
Néanmoins, le plus grand luxe y est alors déployé : on dit que les chevaux y ont des mangeoires d'argent. La célébrité de l'hôtel est si grande que le tsar Paul Ier de Russie, voyageant sous le titre de comte du Nord, le visite en 1783. La décoration intérieure est l'oeuvre de l'architecte, Charles-Louis Clérisseau et du peintre, Étienne de La Vallée-Poussin.
La distribution des appartements est connue par un relevé de l'architecte Johann Christian Kamsetzer, conservé à Cracovie. Le Grand Salon et les chambres de parade donnent sur un jardin anglais s'étendant entre la façade sud et les jardins des Champs-Élysées. La salle à manger se trouve dans l'aile ouest, de forme ovale et chauffée par quatre poêles, elle se situe entre deux cours et un petit jardin intérieur.
Deux fontaines sont également disposées dans une galerie entre la cuisine et le buffet. On y accède par un salon de billard et un vestibule octogonal. De l'autre côté de la cour d'honneur, la galerie de tableaux et la bibliothèque donnent sur la rue de la Bonne-Morue.
Elevations of the hôtel Grimod de La Reynière
Jana Christyana Kamsetzer
1782
Image : Warsaw, University Library
Floor plan of the hôtel Grimod de La Reynière
Jana Christyana Kamsetzer
1782
Image : Warsaw, University Library
En 1779, dans le Grand Salon de l'hôtel, ils y exécutent ce qui est le premier décor à l'antique de Paris, inspiré de la redécouverte des villes de Pompéi et Herculanum, dont six panneaux (huit !) de boiseries sont aujourd'hui conservés au Victoria and Albert Museum de Londres.
Grand Salon Hôtel Grimod de La Reynière
Jan Chrystian Kamsetzer d'après Charles-Louis Clérisseau (1721–1820)
Dessin aquarelle, 1782
Image : Universitätsbibliothek Warschau / Commons wikimedia
Eight pictorial panels illustrating the story of Achilles, painted in oil on canvas on a white ground, with fourteen pilaster panels painted with acanthus scrolls.
From the Salon of Hôtel Grimod de la Reynière, Paris.
Designed and painted by Charles-Louis Clérisseau and possibly part painted by Etienne de Lavallée-Poussin between 1779 and 1782, the over-door made later (around 1850) when the panels were installed at Ashburnham Place.
Image : Victoria and Albert Museum, London, 2022
These panels originally decorated a salon in the Parisian house built for the wealthy fermier general Laurent Grimod de la Reynière. It was the first scheme in France to use the motifs of classical and Renaissance grotesques, which were to become a popular form of decoration in the 1780s and 1790s - arabesques, urns, tripods and distorted figures. The designer of the scheme, Charles-Louis Clérisseau, had been a student in Rome before working there for the Scottish architect Robert Adam, who commissioned him to record sites, in particular the ruins of the Emperior Diocletian at Spalato (now Split, in Croatia), although Clérisseau got little recognition for this work. This scheme, however, was widely influential, in particular on designers such as Jean-Demosthène Dugourc in the late 1780s and 1790s.
Images et infos complémentaires : Victoria & Albert Museum
Alexandre Balthazar Grimod de La Reynière, fils du précédent, considéré comme l'un des pères fondateurs de la gastronomie moderne, y donne de nombreuses réceptions, dont l'une, le 1er février 1783, organisée autour du thème du rite funèbre, fait immédiatement scandale. Selon Grimm, avec lui, l'hôtel devient « l'auberge la plus distinguée des gens de qualité ».
Alexandre-Balthazar-Laurent Grimod de La Reynière (1758-1837)
Louis-Léopold Boilly (graveur)
eau-forte, en noir, 1806
Image : Bibliothèque nationale de France
Voir notre sujet biographique : Alexandre-Balthazar Grimod de La Reynière (1758-1837)
En 1789, la Révolution éclate ; Laurent Grimod de La Reynière connait quelques difficultés financières et ses créanciers ne tardent pas à apposer des scellés sur l'hôtel, ce qui le sauve du pillage et de la réquisition.
La Reynière se retrouve seul et enfermé dans son hôtel, devenu cardiaque et par peur de finir sur l'échafaud, dressé à quelques dizaines de mètres de là, il y décède le 27 décembre 1793.
Exécution de Marie Antoinette sur la place de la Révolution
Anonyme
Estampe, 1793
Estampes relatives à l'Histoire de France. Tome 132, Pièces 11587-11673, période : 1793
Image : Bibliothèque nationale de France
Son fils revient habiter à l'hôtel à la fin de la Terreur, et y passe toute la période du Premier Empire, avant d'en repartir en juin 1812, après avoir, en l'espace de deux semaines, épousé Adélaïde-Thérèse Feuchère, et acheté un château à La Seigneurie, prés de la ville de Villiers-sur-Orge, où il passe le reste de sa vie.
Vue de la place Louis XV prise de la terrasse de l'hôtel d'Ivry, quai d'Orsay
Anonyme
Dessin, c.1814
Image : Bibliothèque nationale de France
En 1819, l'hôtel est acquis par M. de La Bouchère, qui le vend à l'État en 1823 ; celui-ci le loue successivement à l'ambassade de Russie, puis de Turquie. À partir de 1862, il abrite le Cercle impérial, puis le Cercle des Champs-Élysées, qui fusionne avec le Cercle des Mirlitons en 18875, devenant le Cercle de l'Union, communément appelé l'Épatant.
En 1889, le Cercle est agrandi dans la cour, par de vastes salles de réceptions et une très grande salle d'exposition, réalisées par les architectes Jules Pellechet et Nicolas-Félix Escalier. Il accueille également dans ses murs les expositions de la Société des aquarellistes jusqu'en 1914.
Source : Guirand de Scevola
L'hôtel est acquis par le gouvernement fédéral des États-Unis en 1928, mais, mal entretenu et défiguré par des adjonctions successives, l'hôtel est rasé en 1932 et remplacé par un ersatz de style néo-classique, édifié entre 1931 et 1933 par les architectes William Delano et Victor Laloux pour abriter la chancellerie de l'ambassade des États-Unis.
La nouvelle ambassade américaine à Paris, 1933
Image : Abebooks
* Source texte et infos complémentaires : Wikipedia - Hôtel Grimod de La Reynière
Vue de l'hôtel Grimod de la Reynière et vue de l'angle de l'hôtel de Crillon et l'hôtel Grimod de la Reynière
Jean-Lubin Vauzelle (1776-1837)
Aquarelle, début 19e siècle
16 x 20 cm chaque
L'une signée en bas au centre
* Source et infos complémentaires : AuctionArt Paris - Vente du 29 novembre 2022
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L’hôtel Grimod de La Reynière
L’hôtel Grimod de La Reynière est un hôtel particulier, aujourd'hui disparu, situé aux actuels nos 1 à 5 de la rue Boissy-d’Anglas, dans le 8e arrondissement de Paris.
L'hôtel est construit en 1775, par l'architecte Jean-Benoît-Vincent Barré, sur les plans de l'architecte Ange-Jacques Gabriel, lors des aménagements de la place Louis-XV, pour le financier Laurent Grimod de La Reynière.
Détruit en 1932, il est remplacé par l'actuelle chancellerie de l'ambassade des États-Unis en France, construite de 1931 à 1933.
A View of Place Louis XV
Attributed to Alexandre-Jean Noël (French, 1752 - 1834)
about 1775–1787
Oil on canvas, 49.8 × 74.9 cm (19 5/8 × 29 1/2 in.)
Image : The J. Paul Getty Museum, Los Angeles
Histoire
Laurent Grimod de La Reynière, fermier général et administrateur des Postes, fait l'acquisition d'un terrain au nord-est de la place Louis-XV, occupé alors par le Dépôt des marbres des Bâtiments du Roi. La concession de celui-ci lui est octroyée, à charge pour lui de faire construire un édifice respectant les plans d'aménagement de la place voisine, dessinés par l'architecte Ange-Jacques Gabriel.
Portrait du fermier général Laurent Grimod de La Reynière (1734-1793)
Louis-Michel van Loo
Huile sur toile, 18e siècle
Image : Commons wikimedia
Mécène et homme de goût, Laurent Grimod de la Reynière (1735-1793) succéda à son père Antoine-Gaspard dans sa charge de fermier général et d'administrateur des postes. Il épousa en 1758 Suzanne-Françoise de Jarente, fille du marquis d'Orgeval et nièce de l'évêque d'Orléans, qui tenait l'un des salons parisiens les plus célèbres de son temps.
L'hôtel est construit à partir de 1775, par l'architecte Jean-Benoît-Vincent Barré, dans les mêmes proportions que l'hôtel Saint-Florentin, élevé à l'angle nord-est de la place.
L'apparence de l'édifice, achevé en 1780, n'est cependant pas respectée et il n'a de semblable avec l'hôtel Saint-Florentin que leurs rez-de-chaussée et le décor des balustrades du niveau supérieur, ce dernier s'élevant d'un étage de plus dans l'hôtel Grimod de La Reynière.
Néanmoins, le plus grand luxe y est alors déployé : on dit que les chevaux y ont des mangeoires d'argent. La célébrité de l'hôtel est si grande que le tsar Paul Ier de Russie, voyageant sous le titre de comte du Nord, le visite en 1783. La décoration intérieure est l'oeuvre de l'architecte, Charles-Louis Clérisseau et du peintre, Étienne de La Vallée-Poussin.
La distribution des appartements est connue par un relevé de l'architecte Johann Christian Kamsetzer, conservé à Cracovie. Le Grand Salon et les chambres de parade donnent sur un jardin anglais s'étendant entre la façade sud et les jardins des Champs-Élysées. La salle à manger se trouve dans l'aile ouest, de forme ovale et chauffée par quatre poêles, elle se situe entre deux cours et un petit jardin intérieur.
Deux fontaines sont également disposées dans une galerie entre la cuisine et le buffet. On y accède par un salon de billard et un vestibule octogonal. De l'autre côté de la cour d'honneur, la galerie de tableaux et la bibliothèque donnent sur la rue de la Bonne-Morue.
Elevations of the hôtel Grimod de La Reynière
Jana Christyana Kamsetzer
1782
Image : Warsaw, University Library
Floor plan of the hôtel Grimod de La Reynière
Jana Christyana Kamsetzer
1782
Image : Warsaw, University Library
En 1779, dans le Grand Salon de l'hôtel, ils y exécutent ce qui est le premier décor à l'antique de Paris, inspiré de la redécouverte des villes de Pompéi et Herculanum, dont six panneaux (huit !) de boiseries sont aujourd'hui conservés au Victoria and Albert Museum de Londres.
Grand Salon Hôtel Grimod de La Reynière
Jan Chrystian Kamsetzer d'après Charles-Louis Clérisseau (1721–1820)
Dessin aquarelle, 1782
Image : Universitätsbibliothek Warschau / Commons wikimedia
Eight pictorial panels illustrating the story of Achilles, painted in oil on canvas on a white ground, with fourteen pilaster panels painted with acanthus scrolls.
From the Salon of Hôtel Grimod de la Reynière, Paris.
Designed and painted by Charles-Louis Clérisseau and possibly part painted by Etienne de Lavallée-Poussin between 1779 and 1782, the over-door made later (around 1850) when the panels were installed at Ashburnham Place.
Image : Victoria and Albert Museum, London, 2022
These panels originally decorated a salon in the Parisian house built for the wealthy fermier general Laurent Grimod de la Reynière. It was the first scheme in France to use the motifs of classical and Renaissance grotesques, which were to become a popular form of decoration in the 1780s and 1790s - arabesques, urns, tripods and distorted figures. The designer of the scheme, Charles-Louis Clérisseau, had been a student in Rome before working there for the Scottish architect Robert Adam, who commissioned him to record sites, in particular the ruins of the Emperior Diocletian at Spalato (now Split, in Croatia), although Clérisseau got little recognition for this work. This scheme, however, was widely influential, in particular on designers such as Jean-Demosthène Dugourc in the late 1780s and 1790s.
Images et infos complémentaires : Victoria & Albert Museum
Alexandre Balthazar Grimod de La Reynière, fils du précédent, considéré comme l'un des pères fondateurs de la gastronomie moderne, y donne de nombreuses réceptions, dont l'une, le 1er février 1783, organisée autour du thème du rite funèbre, fait immédiatement scandale. Selon Grimm, avec lui, l'hôtel devient « l'auberge la plus distinguée des gens de qualité ».
Alexandre-Balthazar-Laurent Grimod de La Reynière (1758-1837)
Louis-Léopold Boilly (graveur)
eau-forte, en noir, 1806
Image : Bibliothèque nationale de France
Voir notre sujet biographique : Alexandre-Balthazar Grimod de La Reynière (1758-1837)
En 1789, la Révolution éclate ; Laurent Grimod de La Reynière connait quelques difficultés financières et ses créanciers ne tardent pas à apposer des scellés sur l'hôtel, ce qui le sauve du pillage et de la réquisition.
La Reynière se retrouve seul et enfermé dans son hôtel, devenu cardiaque et par peur de finir sur l'échafaud, dressé à quelques dizaines de mètres de là, il y décède le 27 décembre 1793.
Exécution de Marie Antoinette sur la place de la Révolution
Anonyme
Estampe, 1793
Estampes relatives à l'Histoire de France. Tome 132, Pièces 11587-11673, période : 1793
Image : Bibliothèque nationale de France
Son fils revient habiter à l'hôtel à la fin de la Terreur, et y passe toute la période du Premier Empire, avant d'en repartir en juin 1812, après avoir, en l'espace de deux semaines, épousé Adélaïde-Thérèse Feuchère, et acheté un château à La Seigneurie, prés de la ville de Villiers-sur-Orge, où il passe le reste de sa vie.
Vue de la place Louis XV prise de la terrasse de l'hôtel d'Ivry, quai d'Orsay
Anonyme
Dessin, c.1814
Image : Bibliothèque nationale de France
En 1819, l'hôtel est acquis par M. de La Bouchère, qui le vend à l'État en 1823 ; celui-ci le loue successivement à l'ambassade de Russie, puis de Turquie. À partir de 1862, il abrite le Cercle impérial, puis le Cercle des Champs-Élysées, qui fusionne avec le Cercle des Mirlitons en 18875, devenant le Cercle de l'Union, communément appelé l'Épatant.
En 1889, le Cercle est agrandi dans la cour, par de vastes salles de réceptions et une très grande salle d'exposition, réalisées par les architectes Jules Pellechet et Nicolas-Félix Escalier. Il accueille également dans ses murs les expositions de la Société des aquarellistes jusqu'en 1914.
Source : Guirand de Scevola
L'hôtel est acquis par le gouvernement fédéral des États-Unis en 1928, mais, mal entretenu et défiguré par des adjonctions successives, l'hôtel est rasé en 1932 et remplacé par un ersatz de style néo-classique, édifié entre 1931 et 1933 par les architectes William Delano et Victor Laloux pour abriter la chancellerie de l'ambassade des États-Unis.
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* Source texte et infos complémentaires : Wikipedia - Hôtel Grimod de La Reynière
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Date d'inscription : 21/12/2013
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