Le château de Saint-Cloud

Cher Hardouin,

Merci beaucoup pour votre réponse!
Donc..ce balcon existait dans toute sa longueur même du temps de la reine.
Vous avez raison, il n'y en a pas d'autre..

Quand je lis un extrait aussi descriptif, je le rejoue toujours et l'imagine comme une courte vidéo.

La reine, qui conduit les ambassadeurs à travers tout le château jusqu'aux chambres de son fils, puis retourne dans ses appartements...

Leos

Au château de Craon en Mayenne, Bertrand et Séverine de Guébriant, dans le cadre des Journées du Patrimoine, présentaient au public des meubles ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette et qui proviendraient du château de Saint-Cloud.
Il s'agit de sept  fauteuils et un canapé.



Par Philippe Simon

« On a la traçabilité des meubles », déclare Séverine de Guébriant, la propriétaire du château.



« Datés de 1788, ils sont estampillés Jean-Baptiste Séné (1748-1803), ébéniste du roi, et Louis-François Chatard, maître peintre doreur. C’est une belle signature. Les meubles se trouvaient dans le château de Saint-Cloud, dans le cabinet et garde-robe du salon des jeux de la reine, à côté du salon des jeux de Louis XVl. Saint-Cloud était alors un château de villégiature, d’où le choix d’un mobilier simple, absent de sculpture. On n’a pas des meubles d’apparat. »

En 1789, c’est la Révolution. Les meubles sont stockés dans le garde-meuble du roi (magasin de dépôt).
Comment le mobilier est-il arrivé à Craon ? Nul ne le sait vraiment.

Séverine et Bertrand de Guébriant émettent des hypothèses :
« À la suite d’une vente au 19e siècle, des gens l’auront acheté. Peut-être pour gratifier les décorés de la Légion d’honneur créée par Napoléon. En 1802, la 13e cohorte Bretagne/Pays de la Loire administrait la région. Ou bien c’est le petit-fils du marquis d’Armaillé (qui a construit le château de Craon entre 1773 et 1776), Artus de Cossé Brissac, premier panetier, chambellan puis maître d’hôtel de Louis XVlll et Charles X, qui l’aura transmis à la famille de Champagné en vendant le château en 1828. »

https://actu.fr/pays-de-la-loire/craon_53084/des-meubles-de-la-reine-marie-antoinette-au-chateau-de-craon_53995886.html

Qu'en pense sa grâce Ostrogothe ?

... notre spécialiste en sièges XVIIIème !

On attend avec impatience.

Saint-Cloud était alors un château de villégiature, d’où le choix d’un mobilier simple, absent de sculpture. On n’a pas des meubles d’apparat.:

Quand on voit le mobilier commandé par exemple pour la pièce juste à coté (salon des jeux) , le mobilier d'apparat était bien présent à Saint Cloud pour le Roi et la Reine. Sans parler des somptueux meubles de Riesener

Mémoire de Sené: 1er Semestre 1788
Sur l'ordre 152:
Pour le service du roi pour le cabinet de toilette près le salon des jeux:

Un canapé de 6 pieds à double moulure et doucine pieds à guaines.
Deux bergères idem. à double moulure et doucine...
Six fauteuils à double moulure et doucine pieds à guaines.
Deux fauteuils de toilette en canne à moulure.
Un écran à chapeaux à double moulure.
Quatre chaises à double moulure et doucine...

Gouverneur Morris a écrit:Qu'en pense sa grâce Ostrogothe ?

Oups, je n'avais pas vu la question.

capin a écrit:

Saint-Cloud était alors un château de villégiature, d’où le choix d’un mobilier simple, absent de sculpture. On n’a pas des meubles d’apparat.:

Quand on voit le mobilier commandé par exemple pour la pièce juste à coté (salon des jeux) , le mobilier d'apparat était bien présent à Saint Cloud pour le Roi et la Reine. Sans parler des somptueux meubles de Riesener

dugourc a écrit:Mémoire de Sené: 1er Semestre 1788
Sur l'ordre 152:
Pour le service du roi pour le cabinet de toilette près le salon des jeux:

Un canapé de 6 pieds à double moulure et doucine pieds à guaines.
Deux bergères idem. à double moulure et doucine...
Six fauteuils à double moulure et doucine pieds à guaines.
Deux fauteuils de toilette en canne à moulure.
Un écran à chapeaux à double moulure.
Quatre chaises à double moulure et doucine...

L'explication selon laquelle le château de Saint-Cloud était une "résidence de villégiature" n'est pas suffisante.
Pour bien comprendre comment la reine a meublé le château de Saint-Cloud, il faut avoir en tête deux points importants :

1/ Lorsque la reine a acheté le château, les besoins en mobilier étaient gigantesques. Il a fallu meubler, d'un seul coup, une énorme quantité de pièces. On a dû faire venir du mobilier d'autres résidences royales, par exemple du château de Choisy. On a aussi commandé du mobilier spécifiquement pour le château lui-même.

2/ Parallèlement, les frais de rénovation du château ont explosé. Au moment où la reine l'a acheté - pour la "modique" somme de 6 millions de livres (soit près de 100 millions d'euros) -  le château de Saint-Cloud était en très mauvais état. De lourds travaux de rénovation ont dû être réalisés, pour un coût très important, non seulement afin de remettre le château en état, mais également pour réaliser les modifications / aménagements souhaités par la reine.

Tout ceci explique pourquoi le château a été garni non seulement d'un très riche mobilier, mais également avec du mobilier beaucoup plus simple :  besoins d'ameublement pharaoniques à combler en très peu de temps, explosion du coût des travaux de rénovation / ré-aménagement du château.

Le mobilier de Craon comporte une étiquette qui permet de le rattacher à Saint-Cloud et à l'appartement de la reine.

Bonjour!
Pris par d'autres projets, j'ai mis la restitution de Saint-Cloud entre parenthèses, mais je compte profiter de l'été pour réaliser (enfin) l'appartement de la reine (et peut-être celui du roi si j'ai le temps) à partir de l'inventaire de 1794.
Je vais reprendre avec le cabinet de toilette. Les sièges (un canapé, une bergère, quatre fauteuils), l'écran, les quatre bras de lumière et la table mécanique me sont connus. Sait-on ce que sont devenues la commode et la table de toilette qui figurent également dans l'inventaire? Merci!

Je joins un photomontage à partir des meubles du MET et de la table servant d'aperçu à cette restitution!

Tiens, la même harmonie gris de lin et vert d'eau du salon de l'Arsenal !

Merci hardouin !
Je vais tâcher d'ici là de sortir de diviser ce sujet entre l'histoire et les reconstitutions du 18e siècle avec celles du 19e siècle (premier et second Empire).
23 pages ! J'ai la flemme...

Que précise cet inventaire ? Le nom de l'ébéniste ? Une description de ces meubles ?

Merci cher LNLN
L'inventaire précise la description :
2150 - Item une commode de forme carré long de trois pieds dix pouces en bois d'acajou à trois tiroirs à la frise et trois vanteaux ornés de double cadres de panneaux à moulures taillées à ornements et cadres à perles, surmontée d'une forte moulure taillée au dessus des vantaux, un astragale taillé en moulures à culots enfilés et perles, frises à ornements dans laquelle est incrustée une feuille de marbre blanc veiné, les angles du devants et pants coupés avec colonnes à chapiteaux et cannelées, isolées, ornées de cannelures de couvre, les pieds terminés en gaines avec cannelures, chapiteaux à ornement et sabots tournés, le tuot en bronze doré or moulu la somme de 1400 livres
2151-item une toillette (sic) de campagne de forme carré long en bois d'acajou poli, la face garni d'un grand tiroir à tablettes avec serre papiers a dessous un autre petit tiroir garni d'une écritoire, (...) le dessus à trois volets à charnière, celui du milieu portant un miroir moblie et à ressorts, sous ceux des côtés sont deux caissons (...) Le pourtour de ladite toilette ornée de plattebandes unies et les panneaux ornés de cadres à moulures, les quatre pieds à gaines quarrée, revêtus de petites moulures (...) à chapiteaux taillés en sabots avec roulettes à tiges en cuivre doré d'or moulu prisée 600 livres

La commode présente des similtudes avec celle livrée pour cabinet intérieur du roi à Saint Cloud (aujourd'hui à Compiègne), dont la description est très semblable dans l'inventaire de 1794

J'ai hâte de voir cette restitution. La première image est d'ores et déjà superbe. Cette couleur rose pâle avec les sièges du Met, c'est superbe.
Bravo.

Merci hardouin pour les descriptifs de ces deux meubles. Quel vocabulaire ! A la fois érudit et poétique !

Dans l'attente de retrouver ces meubles, voici quels étaient les bras à Lumières qui ornaient le cabinet de toilette de Marie-Antoinette à Saint-Cloud (commandés à Pierre-François Feuchère en 1787), et dont cette paire est conservée au Louvre.
Nous les distinguons sur la reconstitution, ci-dessus, de notre ami hardouin :


Bras à trois lumières, d'une paire
Bronze doré, c. 1788
Hauteur : 72 cm ; Largeur : 40 cm ; Profondeur : 25 cm
Image : Musée du Louvre / Martine Beck-Coppola



Images : Musée du Louvre / Martine Beck-Coppola

Bonjour
J'ai entrepris (enfin) de restituer l'appartement de Marie-Antoinette à Saint-Cloud à partir de l'inventaire de 1794.
Les murs de cet appartement, sont pour l'essentiel tendus d'étoffes :
-dans la première antichambre "une tenture de tapisserie de toile peinte à l'huile fond gris blanc à fleurs et oiseaux "
-dans la seconde antichambre "une tenture de toile peinte en détrempe fond vert à mosaïque à bouquets de roses"
-dans le salon des nobles "un meuble de taffetas chiné fond blanc dessin à berceau et guirlandes de roses, encadré de bordures analogues consistant en une tenture de 20 léz et demi en quatre pièces de sept pieds de haut non compris les bordures"
-dans la chambre de la reine "un meuble de pékin fond blanc peint à petites figures chinoises et vues champêtres entouré de bordures de deux et douze pouces en bois sculpté et doré consistant en une tenture de trois pièces dont une de vingt deux pieds dix pouces et les autres de quatre pieds chacunes sur six pieds six pouces non compris les bordures".

Pour la première antichambre j'ai utilisé une toile de Jouy ayant les mêmes motifs (vue de la pièce en cours de réalisation)



Pour le salon des nobles, un de nos membres m'a indiqué que l'étoffe du salon des jeux de la Reine à Compiègne était sinon du même modèle, d'un modèle analogue :


Pour la chambre, je compte utiliser le pékin peint des rideaux de la bibliothèque du roi à Versailles :


Si l'un de nos membres avait une idée pour l'étoffe la seconde antichambre "une tenture de toile peinte en détrempe fond vert à mosaïque à bouquets de roses", cela serait très appréciable!

Bravo et merci, cher Hardouin ! Votre travail de reconstitution est en tous points remarquable, comme votre souci de l'exactitude historique.

Première étape de notre visite de l'appartement de la reine au château de Saint-Cloud : la première antichambre de son appartement.

C'est une pièce relativement petite (par rapport aux autres antichambres de l'appartement) qui donne directement sur l'escalier dit précisément de la Reine et s'éclaire par deux fenêtres sur la cour d'honneur. (c'est le numéro 13 sur ce plan, mais le fond est celui du premier Empire..)


De ce qu'on peut déduire d'un plan dressé à la fin de la Révolution  et des aménagements connus pour les états postérieurs, son décor est pour l'essentiel constitué d'un bas lambris et de six portes : quatre (deux par deux) sur les petits côtés (une sur l'escalier, l'autre symétrique sur le vestibule de l'appartement des jeux ; en face une troisième donne sur l'enfilade et la quatrième est fausse. Les deux dernières portes, face aux fenêtres en encadrant la cheminée, donnent sur la première antichambre de l'appartement du roi. Compte tenu du fait que Saint-Cloud est une résidence "de campagne" et des usages de la cour, ces lambris et portes  sont restitués en blanc. Les mures sont  tendus d'une " tapisserie de toile peinte à l'huile fond gris blanc à fleurs et oiseaux", ici une évocation à partir d'une toile de Jouy. La cheminée (sans doute en marbre d'Alep) et surmontée d'un miroir (signalé par l'inventaire de 1794).






 Le mobilier est celui d'une antichambre, très simple et encombré : deux banquettes et quatre tabourets peints en blanc et garnis de tapisserie ; quatre paravents (un en tapisserie, trois en papier peint) qui servent à dissimuler deux lits de veille, une commode en amarante très simple (ici une restitution d'après l'inventaire) et un coffre à bois (peint en blanc et marbre d'Alep, à côté de la cheminée)  et sur la cheminée une pendule d'un modèle "au lion" que l'on connaît avec plusieurs variantes. L'éclairage est assuré par un petit lustre à six lumières en bronze doré.

Pour le "taffetas chiné fond blanc dessin à berceau et guirlandes de roses", on m'a signalé dans les collections du musée des tissus de Lyon une étoffe qui correspond à cette description sur le site du musée et qui indiquée sur un site comme livrée pour Marie-Antoinette à Saint-Cloud (mais en 1797...)



Nos membres auraient-ils des informations concernant ce modèle?

Cher Hardouin

J'attends aussi avec impatience une visite des appartements à l'époque de la reine..

Leos

J'ai commencé à regarder l'ameublement de la chambre de la reine et notamment la commode.
En voici la description :
-une commode de forme circulaire de 5 pieds de long (soit 1,62m) en bois d'acajou composé de trois vantaux sur le devant avec séparation en forme de pilastre, trois tiroirs au dessus posés sur les quatre forts pieds à gaine cannelés ornée de bronze doré d'or moulu, composé d'une moulure taillée et unie au dessous du marbre, une frise en trois partie encadrée d'un rang de perles, quatre figures entre, une astragle unie, les trois panneaux supérieurs à trois cadres chacun à moulures taillées bretéee et à perles, le panneau du milieu orné de branches de mirthe, les panneaux des faces latérales ornés chacun d'une cassolette soutenue par deux sphinx avec anses figurées par deux têtes de bélier et deux branches de laurier en sautoir, les pilastres ornés de vases à anses unies surmontés d'un entrelacs de roses avec cadres d'un rang de perles, le bas des vantaux ornés de moulures taillées plattebande à culot, quatre rosaces et terminées par une moulure taillée, lesp ieds ornés de chapiteaux à oves, tigettes et sabotes de pommes de pin prisée la somme de trois mille six cent livres"


On remarquera qu'elle présente de grandes parentés avec les commodes du salon des jeux de la reine à Compiègne (même si elle est plus courte, 1.62m contre 1.94m), par sa forme et pour le décor notamment pour le panneau central, le décor des pilastres, les pieds qui sont identiques





Et que son aspect général, entièrement en acajou et avec panneaux latéraux, fait penser à celle de la chambre du roi à Compiègne :


Ce qui en fait donc une commode de Benneman. Est-elle identifiée?

Pour ce qui est des panneaux latéraux ("ornés chacun d'une cassolette soutenue par deux sphinx avec anses figurées par deux têtes de bélier et deux branches de laurier en sautoir"), peut-on les rapprocher des panneaux du cabient doré de la reine à Versailles? Auriez-vous d'autres exemples?

hardouin a écrit:Pour le "taffetas chiné fond blanc dessin à berceau et guirlandes de roses", on m'a signalé dans les collections du musée des tissus de Lyon une étoffe qui correspond à cette description sur le site du musée et qui indiquée sur un site comme livrée pour Marie-Antoinette à Saint-Cloud (mais en 1797...)
Nos membres auraient-ils des informations concernant ce modèle?

Vous avez raison, cette étoffe correspond tout à fait à la description. C'est en effet un taffetas de soie chiné à la branche selon une technique formant un motif ondoyant flouté. En revanche la date doit être 1787...ou autre.
Le modèle utilisé par Hardouin n'étant pas un chiné à la branche, celui ci correspond d'autant plus qu'il est parfaitement dans l'esprit de l'appartement.

Je trouve dans la Chronique de la Révolution, de Larousse, cette vue générale du site privilégié de Saint-Cloud.  

Je ne sais plus si cela été mentionné, mais la pendule de la chambre de la reine est passée en vente à Drouot en 2021
https://www.gazette-drouot.com/article/royale-pendule/22337

Elle était accompagnée à Saint-Cloud par quatre bras de lumière, dont le modèle (et possiblement les originaux) sont à la Wallace Collection :
https://wallacelive.wallacecollection.org/eMP/eMuseumPlus?service=direct/1/ResultListView/result.t1.collection_list.$TspTitleImageLink.link&sp=10&sp=Scollection&sp=SfieldValue&sp=0&sp=0&sp=2&sp=SdetailList&sp=0&sp=Sdetail&sp=0&sp=F&sp=T&sp=3