Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
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Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Le palais des Tuileries
A propos du projet de la reconstruction du palais ...
Le Palais des Tuileries
On ne tourne pas la page sur la vie d’un monument disparu : on la lit et on la relit. Mais quelle relecture pour le palais des Tuileries, incendié par les Communards, puis entièrement rasé en 1882 sur décision de la République ? Faut-il accepter les yeux fermés les arguments présentés par Alain Boumier, président de l’Académie du Second Empire et fondateur du Comité national pour la reconstruction des Tuileries ? « On ne peut comprendre l’histoire de France et de l’Europe sans les Tuileries », déclare-t-il. « Tous les régimes y ont siégé, y compris la Convention. » Certes, mais le projet de relever l’édifice long de 260 mètres qui reliait les pavillons de Flore et de Marsan suscite la colère d’une partie de l’opinion. Histoire et amnésie : la France n’en aura-t-elle jamais fini avec le mal-être vis-à-vis de son passé ?
Retour sur images.
Mai 1871. Installé sur la terrasse du Louvre, le Communard Bergeret, contemple, satisfait, les flammes qui dévorent le bâtiment, siège du pouvoir central de Louis XVI à Napoléon III. La mosaïque de pierre commencée sous Catherine de Médicis met trois jours à brûler. Bergeret a tenu sa promesse : « Quand je quitterai les Tuileries, les Tuileries seront en cendres. » Seuls tiennent debout les deux pavillons d’angle, ainsi que l’aile Rivoli et les galeries qui longent les quais. Le reste n’est plus que pans de murs noircis. À ce stade, la réhabilitation est encore possible. Sous la Troisième République, elle trouve d’illustres défenseurs, entre autres Hector Lefuel, Haussmann et Charles Garnier, dont les plans seront refusés. Pétitions et requêtes se multiplient, qui engagent l’État à prendre une décision. Mais en 1883, le couperet tombe. Les fondations sont proprement raclées, du fait de la loi d’arasement promulguée par Jules Ferry qui déclare, trop franc pour être honnête : « Les véritables partisans de la reconstruction doivent commencer par voter la démolition. » Le crime perpétré, les projets de réédification continuent de voir le jour : en 1889, une pyramide en l’honneur de la Révolution française ; plus près de nous, un projet de résidence pour le général De Gaulle ; aujourd’hui, la reconstruction pure et simple de l’édifice. Répandue par voie de presse, la nouvelle passe auprès de certains pour une fumisterie. Cependant l’on apprend que, le 6 juin 2006, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, a emboîté le pas à la phalange « reconstructionniste » et créé une commission ad hoc, sous l’égide de l’académicien Maurice Druon. Le terme avancé par Alain Boumier, « reconstitution à l’identique », laisse perplexe, si l’on songe à l’accumulation des bâtiments de styles différents qui constituaient le palais au moment de sa disparition.
Résultat de trois siècles de travaux
Les Tuileries sont inséparables des noms d’architectes comme Philibert Delorme, Bullant, du Cerceau, Le Vau, Fontaine… Le parti pris par le comité serait de restituer l’état Napoléon III, grâce à la documentation très complète — relevés, plans et photos — dont on dispose. La célèbre formule de l’architecte Viollet-le-Duc, restaurer un édifice, c’est le rétablir dans un état qui ne peut jamais avoir existé à un moment donné, plane tout de même sur l’entreprise. « On profite des dégâts pour tenter de revenir à un hypothétique « état initial », démarche unanimement condamnée dans les instances internationales », rappelle Patrick Ponsot, architecte en chef des Monuments historiques. Nouvel argument clé du comité : vue du Louvre, la perspective de l’Arc de triomphe n’est pas dans l’axe. Loin d’être obturée par le palais, elle serait rendue à elle-même, telle que l’avait voulue Napoléon, dans l’alignement des Tuileries.
Au moment où le patrimoine se retrouve à la portion congrue, où tous les corps de métier doivent rattraper les dégâts causés par l’arrêt des chantiers depuis deux ans, l’opération laisse sceptique. Estimés à 300 millions d’euros soit 401 millions de dollars, les travaux ne devraient pas coûter un centime à la Ville de Paris ni à l’Etat, affirme le président Boumier, qui prévoit une souscription nationale, voire internationale auprès de particuliers. Les mécènes se demanderont-ils s’ils n’ont pas de causes plus urgentes et plus justes à défendre ? La mémoire des peuples est jalonnée de refus et d’oublis, et la République avait volontairement occulté les Tuileries. « La guerre du faux » dénoncée par Umberto Eco, fleurit un peu partout dans le monde, comme les « châteaux français » de la banlieue de Pékin, plus proches des Disneylands que des originaux dont ils s’inspirent.
Bien à vous.
Le Palais des Tuileries
On ne tourne pas la page sur la vie d’un monument disparu : on la lit et on la relit. Mais quelle relecture pour le palais des Tuileries, incendié par les Communards, puis entièrement rasé en 1882 sur décision de la République ? Faut-il accepter les yeux fermés les arguments présentés par Alain Boumier, président de l’Académie du Second Empire et fondateur du Comité national pour la reconstruction des Tuileries ? « On ne peut comprendre l’histoire de France et de l’Europe sans les Tuileries », déclare-t-il. « Tous les régimes y ont siégé, y compris la Convention. » Certes, mais le projet de relever l’édifice long de 260 mètres qui reliait les pavillons de Flore et de Marsan suscite la colère d’une partie de l’opinion. Histoire et amnésie : la France n’en aura-t-elle jamais fini avec le mal-être vis-à-vis de son passé ?
Retour sur images.
Mai 1871. Installé sur la terrasse du Louvre, le Communard Bergeret, contemple, satisfait, les flammes qui dévorent le bâtiment, siège du pouvoir central de Louis XVI à Napoléon III. La mosaïque de pierre commencée sous Catherine de Médicis met trois jours à brûler. Bergeret a tenu sa promesse : « Quand je quitterai les Tuileries, les Tuileries seront en cendres. » Seuls tiennent debout les deux pavillons d’angle, ainsi que l’aile Rivoli et les galeries qui longent les quais. Le reste n’est plus que pans de murs noircis. À ce stade, la réhabilitation est encore possible. Sous la Troisième République, elle trouve d’illustres défenseurs, entre autres Hector Lefuel, Haussmann et Charles Garnier, dont les plans seront refusés. Pétitions et requêtes se multiplient, qui engagent l’État à prendre une décision. Mais en 1883, le couperet tombe. Les fondations sont proprement raclées, du fait de la loi d’arasement promulguée par Jules Ferry qui déclare, trop franc pour être honnête : « Les véritables partisans de la reconstruction doivent commencer par voter la démolition. » Le crime perpétré, les projets de réédification continuent de voir le jour : en 1889, une pyramide en l’honneur de la Révolution française ; plus près de nous, un projet de résidence pour le général De Gaulle ; aujourd’hui, la reconstruction pure et simple de l’édifice. Répandue par voie de presse, la nouvelle passe auprès de certains pour une fumisterie. Cependant l’on apprend que, le 6 juin 2006, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, a emboîté le pas à la phalange « reconstructionniste » et créé une commission ad hoc, sous l’égide de l’académicien Maurice Druon. Le terme avancé par Alain Boumier, « reconstitution à l’identique », laisse perplexe, si l’on songe à l’accumulation des bâtiments de styles différents qui constituaient le palais au moment de sa disparition.
Résultat de trois siècles de travaux
Les Tuileries sont inséparables des noms d’architectes comme Philibert Delorme, Bullant, du Cerceau, Le Vau, Fontaine… Le parti pris par le comité serait de restituer l’état Napoléon III, grâce à la documentation très complète — relevés, plans et photos — dont on dispose. La célèbre formule de l’architecte Viollet-le-Duc, restaurer un édifice, c’est le rétablir dans un état qui ne peut jamais avoir existé à un moment donné, plane tout de même sur l’entreprise. « On profite des dégâts pour tenter de revenir à un hypothétique « état initial », démarche unanimement condamnée dans les instances internationales », rappelle Patrick Ponsot, architecte en chef des Monuments historiques. Nouvel argument clé du comité : vue du Louvre, la perspective de l’Arc de triomphe n’est pas dans l’axe. Loin d’être obturée par le palais, elle serait rendue à elle-même, telle que l’avait voulue Napoléon, dans l’alignement des Tuileries.
Au moment où le patrimoine se retrouve à la portion congrue, où tous les corps de métier doivent rattraper les dégâts causés par l’arrêt des chantiers depuis deux ans, l’opération laisse sceptique. Estimés à 300 millions d’euros soit 401 millions de dollars, les travaux ne devraient pas coûter un centime à la Ville de Paris ni à l’Etat, affirme le président Boumier, qui prévoit une souscription nationale, voire internationale auprès de particuliers. Les mécènes se demanderont-ils s’ils n’ont pas de causes plus urgentes et plus justes à défendre ? La mémoire des peuples est jalonnée de refus et d’oublis, et la République avait volontairement occulté les Tuileries. « La guerre du faux » dénoncée par Umberto Eco, fleurit un peu partout dans le monde, comme les « châteaux français » de la banlieue de Pékin, plus proches des Disneylands que des originaux dont ils s’inspirent.
Par Anne Pons
2007-06-12
2007-06-12
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
intéressant
Mikha89- Messages : 49
Date d'inscription : 22/06/2014
Age : 39
Localisation : Migennes
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Et si on reconstruisait les Tuileries ?
Par Léopold Sanchez
Publié le 20/11/2010 à 17:38
Le palais des Tuileries restitué en images 3D. Voici à quoi le site ressemblerait s'il était toujours en place. Au premier plan, la longue façade ombragée n'existe plus. (Aristeas-Hubert Naudeix)
Le projet de reconstruction des Tuileries est-il une vague rêverie d'historiens réactionnaires ou un projet moderne et séduisant? La polémique soulève les passions.
Voici plus d'un siècle que le pavillon de Flore et le pavillon de Marsan se font face, de part et d'autre d'un espace vide. Le fait qu'il n'y ait rien à cet endroit rend à la fois inutile et sans cause l'arc de triomphe du Carrousel qui, de majestueux à l'origine, a tourné au dérisoire. Et en plus, cela a fait perdre tout son sens au jardin.»
La déclaration de Stéphane Millet, président du Comité pour la reconstruction des Tuileries, vient jeter un pavé dans la mare.
Si l'Etat s'est contenté jusqu'à présent de hausser les épaules, il semblerait que les arguments des opposants à la reconstruction soient en train de se retourner contre eux. La sortie d'un ouvrage savant et neutre sur les Tuileries * montrant, au moyen de restitutions en 3D (société Aristeas), à quoi pourrait ressembler le bâtiment s'il était toujours en place aux extrémités du Louvre, ainsi que la reprise en main du comité militant pour la reconstruction du palais viennent relancer le débat.
Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix) Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix)
Rétablir la perspective sur les Champs-Elysées
Selon l'ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres: «C'est Maurice Druon qui est à l'origine de ce dossier. En 2005, il est venu me trouver Rue de Valois pour m'exposer ses grandes lignes. Ma réponse, à l'époque, était claire: je m'engageais à le soutenir, à condition que cela ne repose pas sur le budget des Monuments historiques. Il m'a proposé alors un plan de financement, par des partenaires privés, que j'ai trouvé tout à fait viable.»
L'estimation du coût du projet est alors de 350 millions d'euros. La somme paraît importante, mais selon le représentant du Comité, elle ne représente que «le quart du montant des travaux du Grand Louvre (1,2 milliard d'euros), et on n'aurait besoin que de dix-huit mois pour réunir le budget grâce à une souscription internationale et au mécénat d'entreprise». Toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant. A commencer par l'impact de nouveaux aménagements sur la « respiration » de la ville. En effet, il ne serait pas anodin de voir s'élever un lieu nouveau à un endroit clé pour le trafic urbain.
«Oui et non! réplique Stéphane Millet. On n'est pas encore dans le périmètre du jardin, puisque la grille d'entrée est à une cinquantaine de mètres à l'ouest; ce n'est plus une voie de communication depuis que la liaison berges-Rivoli est souterraine; ce n'est même pas une voie piétonne, vu l'état du sol en cet endroit, où l'on s'est contenté de planter quelques massifs de buis entre deux ou trois statues.» Selon lui, la reconstruction des Tuileries redonnerait au contraire à l'ensemble monumental du Louvre une cohérence sur le plan urbanistique.
Les détracteurs du projet, en la personne d'Alexandre Gady, professeur des universités et historien de l'architecture, répliquent aussitôt que l'«on va ainsi fermer une perspective vantée dans les dépliants touristiques du monde entier». Il suffit, pour s'en convaincre, de voir le nombre impressionnant de touristes qui s'arrêtent là afin de se faire photographier. Un argument qui a fait long feu aujourd'hui, si l'on en croit les arguments de la défense: «La fameuse perspective sur les Champs-Elysées s'avère une complète illusion, souligne Stéphane Millet, notamment depuis l'érection de la pyramide de Pei à un bout et l'arche de la Défense à l'autre. On a accentué la brisure qui existait, dès le départ, à l'endroit des Tuileries.» Le baron Haussmann avait d'ailleurs prévu cet inconvénient, lorsqu'il déclarait aux partisans de la destruction: «Les ruines des Tuileries font encore obstacle à la vue d'irrégularités que vous allez mettre à découvert.»
Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales) Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales)
Un nouveau palais pour y mettre quoi?
Remettre les Tuileries à leur place, aux extrémités du Louvre, redonnerait au contraire son axe à la grande perspective depuis l'arc de triomphe de l'Etoile, qui n'a été placé là par Napoléon Ier que pour faire face au pavillon central des Tuileries. «L'arc du Carrousel, renchérit Stéphane Millet, retrouverait sa fonction de porte d'honneur du palais et ses proportions exactes au milieu du cadre architectural pour lequel il a été créé.» Reste que l'Etat est propriétaire du terrain, et que lui seul peut donner le feu vert au projet. C'est là que le bât blesse !
Cette ouverture sur le vide a quelque chose d'une amputation, qui n'a pas échappé aux précédents gouvernements. Déjà, en 1882, Jules Ferry, alors ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, soutenait la reconstruction du palais. Il alla même jusqu'à confier à Charles Garnier la mission de plancher sur le sujet. Plus récemment, le général de Gaulle, au lendemain de son élection, avait chargé l'architecte Henry Bernard de réfléchir à une reconstruction, pour servir éventuellement de résidence au chef de l'Etat. Sur le plan technique, s'il ne reste aucune trace visible de ce bâtiment, en revanche ses soubassements sont conservés (entre la voie souterraine et le parking du Carrousel) et ses caves, obstruées lors de la démolition, n'ont jamais été fouillées. D'autre part, ses pierres ont été dispersées un peu partout en France. Stéphane Millet appuie cet argument: «Les plans des Tuileries sont conservés aux Archives, ainsi que les projets de Lefuel pour leur remaniement au XIXe siècle. En ce qui concerne le mobilier, il est précieusement gardé au département des objets d'art du Louvre, ainsi que les tableaux qui étaient aux murs. Quant aux carrières qui ont fourni les pierres du bâtiment, elles sont toujours en activité en Ile-de-France, et la reprise d'un tel projet serait même un ballon d'oxygène pour l'emploi dans une foule de secteurs des métiers d'art.»
Michel Carmona, directeur de l'Institut d'urbanisme et d'aménagement de la Sorbonne, abonde en ce sens: «La reconstruction d'un monument de cette ampleur pourrait faire l'objet d'un chantier-école pour les métiers d'art, que l'on pourrait même envisager en collaboration avec la chambre des métiers.»
Vingt mille mètres carrés qui s'ouvriraient à l'exploitation en plein cœur de Paris, à un moment où le Louvre manque de place pour exposer de nouvelles collections entreposées dans ses réserves, et où il cherche de nouveaux lieux pour les mettre à l'abri du danger d'une crue de la Seine, ne serait-ce pas une aubaine? Même si le palais reconstruit devait conjuguer d'autres fonctions, comme celle de centre de congrès ou de lieu nouveau pour des événements internationaux... Les projets ne manquent pas.
Reste que l'Etat a d'autres chats à fouetter actuellement. Comme le souligne Renaud Donnedieu de Vabres, «avec 40.000 édifices publics (soit 50% des monuments historiques européens), l'Etat est déjà responsable d'un patrimoine architectural considérable». Et au moment où les pouvoirs publics essayent de se débarrasser de cette énorme charge financière, leur ajouter 20.000 mètres carrés de salles et de salons, de couloirs et d'escaliers, ce n'est pas très raisonnable. «On a besoin de restaurer et d'entretenir notre magnifique patrimoine, non de faux monuments, plaide Alexandre Gady. Une reconstruction "à l'identique" (d'ailleurs impossible) impliquerait de détruire partiellement les pavillons de Flore et de Marsan. Cela n'a pas de sens! Pourquoi pas aussi reconstruire Lutèce sur l'île de la Cité? »
Vue du pavillon central, du côté de la place du Carrousel. (Aristeas-Hubert Naudeix) Vue du pavillon central, du côté de la place du Carrousel. (Aristeas-Hubert Naudeix)
Un témoin absent de l'histoire nationale
Cette position est bien caractéristique des archéologues et historiens, mais aussi d'un grand nombre d'opposants, comme Claude Mignot, professeur à la Sorbonne ou Philippe Belaval, directeur des patrimoines au ministère de la Culture : «Au moment où chacun a le sentiment qu'il y a des besoins énormes, tant en restauration qu'en conservation du patrimoine, se tourner vers un tel projet me semble un peu léger.» Même si c'est une belle idée !
Or, toute belle idée en France soulève les passions, à plus forte raison lorsqu'elle est liée à l'histoire du pays. Pour le commun des mortels, le nom de Tuileries évoque aujourd'hui un simple jardin ! Combien de gens savent qu'au-delà des plus grands architectes, comme Philibert Delorme, Bullant, Androuet du Cerceau, Le Vau, Percier, Fontaine qui, depuis la Renaissance, ont contribué à faire de ce palais un lieu de prestige, c'est ici que se sont tournées certaines des pages les plus déterminantes de notre histoire.
C'est aux Tuileries que Beaumarchais créa son Barbier de Séville en 1775 ; que Mozart joua pour la première fois sa symphonie n° 31, dite Parisienne, en 1778 ; que fut renversée la monarchie. Ici que furent mis en application les principes fondateurs de la République: les droits de l'homme, la souveraineté du peuple, la notion contemporaine de l'Etat. Que d'événements en moins d'un siècle, entre 1789 et 1870 ! Le séjour surveillé de la famille de Louis XVI, la fuite à Varennes, la conspiration des poignards, le sac du palais par le peuple, les séances de la Convention, les splendeurs du premier puis du second Empire... jusqu'à l'anéantissement par la Commune, le 24 mai 1871, et l'arasement total des Tuileries, en 1884. Comme si l'on avait voulu effacer la mémoire de ce monument au cœur de Paris.
*Le Palais des Tuileries, de Guillaume Fonkenell, Editions Honoré Clair, 224p., 49€.
Bien à vous.
Par Léopold Sanchez
Publié le 20/11/2010 à 17:38
Le palais des Tuileries restitué en images 3D. Voici à quoi le site ressemblerait s'il était toujours en place. Au premier plan, la longue façade ombragée n'existe plus. (Aristeas-Hubert Naudeix)
Le projet de reconstruction des Tuileries est-il une vague rêverie d'historiens réactionnaires ou un projet moderne et séduisant? La polémique soulève les passions.
Voici plus d'un siècle que le pavillon de Flore et le pavillon de Marsan se font face, de part et d'autre d'un espace vide. Le fait qu'il n'y ait rien à cet endroit rend à la fois inutile et sans cause l'arc de triomphe du Carrousel qui, de majestueux à l'origine, a tourné au dérisoire. Et en plus, cela a fait perdre tout son sens au jardin.»
La déclaration de Stéphane Millet, président du Comité pour la reconstruction des Tuileries, vient jeter un pavé dans la mare.
Si l'Etat s'est contenté jusqu'à présent de hausser les épaules, il semblerait que les arguments des opposants à la reconstruction soient en train de se retourner contre eux. La sortie d'un ouvrage savant et neutre sur les Tuileries * montrant, au moyen de restitutions en 3D (société Aristeas), à quoi pourrait ressembler le bâtiment s'il était toujours en place aux extrémités du Louvre, ainsi que la reprise en main du comité militant pour la reconstruction du palais viennent relancer le débat.
Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix) Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix)
Rétablir la perspective sur les Champs-Elysées
Selon l'ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres: «C'est Maurice Druon qui est à l'origine de ce dossier. En 2005, il est venu me trouver Rue de Valois pour m'exposer ses grandes lignes. Ma réponse, à l'époque, était claire: je m'engageais à le soutenir, à condition que cela ne repose pas sur le budget des Monuments historiques. Il m'a proposé alors un plan de financement, par des partenaires privés, que j'ai trouvé tout à fait viable.»
L'estimation du coût du projet est alors de 350 millions d'euros. La somme paraît importante, mais selon le représentant du Comité, elle ne représente que «le quart du montant des travaux du Grand Louvre (1,2 milliard d'euros), et on n'aurait besoin que de dix-huit mois pour réunir le budget grâce à une souscription internationale et au mécénat d'entreprise». Toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant. A commencer par l'impact de nouveaux aménagements sur la « respiration » de la ville. En effet, il ne serait pas anodin de voir s'élever un lieu nouveau à un endroit clé pour le trafic urbain.
«Oui et non! réplique Stéphane Millet. On n'est pas encore dans le périmètre du jardin, puisque la grille d'entrée est à une cinquantaine de mètres à l'ouest; ce n'est plus une voie de communication depuis que la liaison berges-Rivoli est souterraine; ce n'est même pas une voie piétonne, vu l'état du sol en cet endroit, où l'on s'est contenté de planter quelques massifs de buis entre deux ou trois statues.» Selon lui, la reconstruction des Tuileries redonnerait au contraire à l'ensemble monumental du Louvre une cohérence sur le plan urbanistique.
Les détracteurs du projet, en la personne d'Alexandre Gady, professeur des universités et historien de l'architecture, répliquent aussitôt que l'«on va ainsi fermer une perspective vantée dans les dépliants touristiques du monde entier». Il suffit, pour s'en convaincre, de voir le nombre impressionnant de touristes qui s'arrêtent là afin de se faire photographier. Un argument qui a fait long feu aujourd'hui, si l'on en croit les arguments de la défense: «La fameuse perspective sur les Champs-Elysées s'avère une complète illusion, souligne Stéphane Millet, notamment depuis l'érection de la pyramide de Pei à un bout et l'arche de la Défense à l'autre. On a accentué la brisure qui existait, dès le départ, à l'endroit des Tuileries.» Le baron Haussmann avait d'ailleurs prévu cet inconvénient, lorsqu'il déclarait aux partisans de la destruction: «Les ruines des Tuileries font encore obstacle à la vue d'irrégularités que vous allez mettre à découvert.»
Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales) Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales)
Un nouveau palais pour y mettre quoi?
Remettre les Tuileries à leur place, aux extrémités du Louvre, redonnerait au contraire son axe à la grande perspective depuis l'arc de triomphe de l'Etoile, qui n'a été placé là par Napoléon Ier que pour faire face au pavillon central des Tuileries. «L'arc du Carrousel, renchérit Stéphane Millet, retrouverait sa fonction de porte d'honneur du palais et ses proportions exactes au milieu du cadre architectural pour lequel il a été créé.» Reste que l'Etat est propriétaire du terrain, et que lui seul peut donner le feu vert au projet. C'est là que le bât blesse !
Cette ouverture sur le vide a quelque chose d'une amputation, qui n'a pas échappé aux précédents gouvernements. Déjà, en 1882, Jules Ferry, alors ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, soutenait la reconstruction du palais. Il alla même jusqu'à confier à Charles Garnier la mission de plancher sur le sujet. Plus récemment, le général de Gaulle, au lendemain de son élection, avait chargé l'architecte Henry Bernard de réfléchir à une reconstruction, pour servir éventuellement de résidence au chef de l'Etat. Sur le plan technique, s'il ne reste aucune trace visible de ce bâtiment, en revanche ses soubassements sont conservés (entre la voie souterraine et le parking du Carrousel) et ses caves, obstruées lors de la démolition, n'ont jamais été fouillées. D'autre part, ses pierres ont été dispersées un peu partout en France. Stéphane Millet appuie cet argument: «Les plans des Tuileries sont conservés aux Archives, ainsi que les projets de Lefuel pour leur remaniement au XIXe siècle. En ce qui concerne le mobilier, il est précieusement gardé au département des objets d'art du Louvre, ainsi que les tableaux qui étaient aux murs. Quant aux carrières qui ont fourni les pierres du bâtiment, elles sont toujours en activité en Ile-de-France, et la reprise d'un tel projet serait même un ballon d'oxygène pour l'emploi dans une foule de secteurs des métiers d'art.»
Michel Carmona, directeur de l'Institut d'urbanisme et d'aménagement de la Sorbonne, abonde en ce sens: «La reconstruction d'un monument de cette ampleur pourrait faire l'objet d'un chantier-école pour les métiers d'art, que l'on pourrait même envisager en collaboration avec la chambre des métiers.»
Vingt mille mètres carrés qui s'ouvriraient à l'exploitation en plein cœur de Paris, à un moment où le Louvre manque de place pour exposer de nouvelles collections entreposées dans ses réserves, et où il cherche de nouveaux lieux pour les mettre à l'abri du danger d'une crue de la Seine, ne serait-ce pas une aubaine? Même si le palais reconstruit devait conjuguer d'autres fonctions, comme celle de centre de congrès ou de lieu nouveau pour des événements internationaux... Les projets ne manquent pas.
Reste que l'Etat a d'autres chats à fouetter actuellement. Comme le souligne Renaud Donnedieu de Vabres, «avec 40.000 édifices publics (soit 50% des monuments historiques européens), l'Etat est déjà responsable d'un patrimoine architectural considérable». Et au moment où les pouvoirs publics essayent de se débarrasser de cette énorme charge financière, leur ajouter 20.000 mètres carrés de salles et de salons, de couloirs et d'escaliers, ce n'est pas très raisonnable. «On a besoin de restaurer et d'entretenir notre magnifique patrimoine, non de faux monuments, plaide Alexandre Gady. Une reconstruction "à l'identique" (d'ailleurs impossible) impliquerait de détruire partiellement les pavillons de Flore et de Marsan. Cela n'a pas de sens! Pourquoi pas aussi reconstruire Lutèce sur l'île de la Cité? »
Vue du pavillon central, du côté de la place du Carrousel. (Aristeas-Hubert Naudeix) Vue du pavillon central, du côté de la place du Carrousel. (Aristeas-Hubert Naudeix)
Un témoin absent de l'histoire nationale
Cette position est bien caractéristique des archéologues et historiens, mais aussi d'un grand nombre d'opposants, comme Claude Mignot, professeur à la Sorbonne ou Philippe Belaval, directeur des patrimoines au ministère de la Culture : «Au moment où chacun a le sentiment qu'il y a des besoins énormes, tant en restauration qu'en conservation du patrimoine, se tourner vers un tel projet me semble un peu léger.» Même si c'est une belle idée !
Or, toute belle idée en France soulève les passions, à plus forte raison lorsqu'elle est liée à l'histoire du pays. Pour le commun des mortels, le nom de Tuileries évoque aujourd'hui un simple jardin ! Combien de gens savent qu'au-delà des plus grands architectes, comme Philibert Delorme, Bullant, Androuet du Cerceau, Le Vau, Percier, Fontaine qui, depuis la Renaissance, ont contribué à faire de ce palais un lieu de prestige, c'est ici que se sont tournées certaines des pages les plus déterminantes de notre histoire.
C'est aux Tuileries que Beaumarchais créa son Barbier de Séville en 1775 ; que Mozart joua pour la première fois sa symphonie n° 31, dite Parisienne, en 1778 ; que fut renversée la monarchie. Ici que furent mis en application les principes fondateurs de la République: les droits de l'homme, la souveraineté du peuple, la notion contemporaine de l'Etat. Que d'événements en moins d'un siècle, entre 1789 et 1870 ! Le séjour surveillé de la famille de Louis XVI, la fuite à Varennes, la conspiration des poignards, le sac du palais par le peuple, les séances de la Convention, les splendeurs du premier puis du second Empire... jusqu'à l'anéantissement par la Commune, le 24 mai 1871, et l'arasement total des Tuileries, en 1884. Comme si l'on avait voulu effacer la mémoire de ce monument au cœur de Paris.
*Le Palais des Tuileries, de Guillaume Fonkenell, Editions Honoré Clair, 224p., 49€.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Le livre donne-t-il une estimation du coût de reconstruction ? Quand on pense que le coût total de restructuration du forum des Halles (avec son horrible canopée) a dépassé le milliard d'euros ...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Il parle de 300 millions d'euros qui pourrait dépasser.Duc d'Ostrogothie a écrit:Le livre donne-t-il une estimation du coût de reconstruction ? Quand on pense que le coût total de restructuration du forum des Halles (avec son horrible canopée) a dépassé le milliard d'euros ...
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
De même, faut il reconstruire Meudon, Choisy ou encore Saint Cloud ?
_________________
"Le 7 de septembre, le roi a été heureusement purgé d'humeurs fort âcres, et de beaucoup d'excréments fermentés, en dix selles."
Journal de santé de Louis XIV
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Pourquoi les reconstruire ?
Aussi, quand on voit que la (simple) restauration de Notre Dame devient le "chantier du siècle" , et que le coût dépassera probablement les 800 millions d'euros, je ne vois guère comment "reconstruire" les Tuileries avec le tiers du budget ?
Aussi, quand on voit que la (simple) restauration de Notre Dame devient le "chantier du siècle" , et que le coût dépassera probablement les 800 millions d'euros, je ne vois guère comment "reconstruire" les Tuileries avec le tiers du budget ?
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Choisy, c'est une grosse perte ... de souvenir. Reste la 3D.
Je suis pour la reconstruction des Thuileries avec comblement des fosses à l'Est du Louvre.
Je propose une petite taxe sur la bière et le Coca et les entrées du Louvre.
A part le Jambon, on voit pas ce qu'on pourrait taxer de vraiment parisien!
Je suis pour la reconstruction des Thuileries avec comblement des fosses à l'Est du Louvre.
Je propose une petite taxe sur la bière et le Coca et les entrées du Louvre.
A part le Jambon, on voit pas ce qu'on pourrait taxer de vraiment parisien!
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
La nuit, la neige a écrit:Pourquoi les reconstruire ?
Et pourquoi pas ?
Napoléon III a bien reconstruit certaines ailes du Louvre.
Après la commune, on a également reconstruit l'hôtel de ville, le palais de justice...
Cela étant, la priorité selon moi devrait être de reconstruire Saint-Cloud.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
La pavillon de musique de Madame du Barry à Louveciennes a bien été reconstruit intégralement
_________________
"Le 7 de septembre, le roi a été heureusement purgé d'humeurs fort âcres, et de beaucoup d'excréments fermentés, en dix selles."
Journal de santé de Louis XIV
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Oui tout à fait. On a reconstruit une bonne quantité de choses.
Si pour une fois l'Etat pouvait faire une dépense vraiment utile...
Si pour une fois l'Etat pouvait faire une dépense vraiment utile...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
On est tous d'accord qu'il serait vain de comparer le cas des Tuileries aux monuments bombardés pendant la Seconde Guerre Mondiale et reconstruits depuis. La situation est fort différente, le traumatisme bien moins récent et la décision de ne pas reconstruire les ruines et même de les détruire fut prise par un régime démocratiquement élu.
Par contre il est intéressant de se pencher sur le cas du palais de Tsaritsyne pour comparer. En effet la construction de celui-ci, abandonnée sur ordre de Paul 1er, fut reprise par le gouvernement russe en... 2007.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_Tsaritsyno
Clichés Pinterest
A méditer !
Par contre il est intéressant de se pencher sur le cas du palais de Tsaritsyne pour comparer. En effet la construction de celui-ci, abandonnée sur ordre de Paul 1er, fut reprise par le gouvernement russe en... 2007.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_Tsaritsyno
Clichés Pinterest
A méditer !
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Peut-on raisonnablement comparer l'action entreprise pour ce (petit) pavillon d'agrément, à usage privé, avec une reconstruction complète et titanesque d'un palais ?Monsieur de Coco a écrit:La pavillon de musique de Madame du Barry à Louveciennes a bien été reconstruit intégralement
Utile ? Sérieusement ?Duc d'Ostrogothie a écrit:Si pour une fois l'Etat pouvait faire une dépense vraiment utile...
J'aime l'Histoire, mais il faut rester en phase avec son temps, qui n'est déjà pas à la fête pour ce qui concerne les comptes publics. Et je vois mille autres projets, pour le coup vraiment nécessaires, ou même utiles, à financer par l'État avant d'imaginer celui de la construction délirante d'un immense bâtiment, pastiche d'un palais disparu il y a 150 ans.
Quant à laisser la main à des
Non, franchement, s'il y a des mécènes, qu'ils se préoccupent plutôt de notre patrimoine architectural toujours debout. Le pauvre Stéphane Bern est contraint de tourner la roue de la fortune (plutôt que de faire la manche), afin de sauver, ici ou là sur tout notre territoire, quelques-uns des sites historiques qui menacent de tomber en ruines !
Bien sûr. Et les régimes suivants !Gouverneur Morris a écrit:On est tous d'accord qu'il serait vain de comparer le cas des Tuileries aux monuments bombardés pendant la Seconde Guerre Mondiale et reconstruits depuis. La situation est fort différente, le traumatisme bien moins récent et la décision de ne pas reconstruire les ruines et même de les détruire fut prise par un régime démocratiquement élu..
Gouverneur Morris a écrit:
Par contre il est intéressant de se pencher sur le cas du palais de Tsaritsyne pour comparer. En effet la construction de celui-ci, abandonnée sur ordre de Paul 1er, fut reprise par le gouvernement russe en... 2007.
A méditer !
Intéressant, merci ! Mais je trouve encore que ce n'est guère comparable avec les Tuileries : qu'il s'agisse de son histoire, de son emplacement, des "décisionnaires politiques et institutionnels" français, ou encore même du potentiel d'adhésion de la population.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Je pense que c'est facile à faire comme Tsaritsyne. Vue les archives et les photos restantes.
Il y aurait un théatre à utiliser pour des préoccupations modernes
Peut-être d'autres salles de reunions et des espaces moitié établissement public moitié musée
Des appartements royaux, ce qui ne se voit pas bcp au Louvre.
Le seul casse-tête est de choisir de quelle époque ou souverain décore-t-on les appartement et le trone.
Il y aurait un théatre à utiliser pour des préoccupations modernes
Peut-être d'autres salles de reunions et des espaces moitié établissement public moitié musée
Des appartements royaux, ce qui ne se voit pas bcp au Louvre.
Le seul casse-tête est de choisir de quelle époque ou souverain décore-t-on les appartement et le trone.
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
La nuit, la neige a écrit:Utile ? Sérieusement ?Duc d'Ostrogothie a écrit:Si pour une fois l'Etat pouvait faire une dépense vraiment utile...
J'aime l'Histoire, mais il faut rester en phase avec son temps, qui n'est déjà pas à la fête pour ce qui concerne les comptes publics. Et je vois mille autres projets, pour le coup vraiment nécessaires, ou même utiles, à financer par l'État avant d'imaginer celui de la construction délirante d'un immense bâtiment, pastiche d'un palais disparu il y a 150 ans.
.
Il me semble en effet que cela serait tout à fait utile et ce, tant sur le plan culturel qu'économique. L'incendie du château de Saint-Cloud a été un Tchernobyl culturel. Sur le plan économique, la reconstruction du château ferait travailler nos artisans et permettrait de péréniser des savoir-faire ancestraux, qui ont fait ce pays. Les métiers d'art sont en danger aujourd'hui en France. A titre d'exemple, Prelle et Tassinari ont le plus grand mal désormais à trouver / former / faire travailler des tisserands. Le métier, considéré comme sans avenir, se meurt. Autre exemple : Versailles est aujourd'hui dans l'incapacité de changer les plumes d'autruche du lit de la chambre de la reine, car le plumassier qui fournissait les grands cabarets parisiens (et accessoirement Versailles) a fait faillite. Autre (petit) exemple (que j'ai vécu personnellement) : il n'existe plus aujourd'hui qu'un seul artisan dans tout Paris capable de réaliser une clé triangle comme on en faisait au XVIIIème siècle. La reconstruction des Tuileries et/ou de Saint-Cloud permettrait également de développer / consolider des savoir-faire modernes, aujourd'hui utilisés pour la reconstruction de Notre-Dame : je recommande chaudement la série documentaire d'Arte à ce sujet, qui montre comment les ordinateurs / l'intelligence artificielle ont pu aider à la reconstruction de la nef notamment. Pour le reste, je ne m'exprimerai pas ici sur l'état des finances de la République qui manifestement n'a rien à envier à celui des finances du royaume à l'aube de la Révolution. Tout ça pour ça...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Je reviendrai répondre à deux ou trois petites choses...
Sujet nouvellement créé, pour l'instant aves les seuls messages concernant les Tuileries. Je ferai le tri plus tard dans la vingtaine de pages concernant Le château de Saint-Cloud et ailleurs encore.
A moins que je ne déplace le tout dans notre sujet consacré à :
La duplitecture - copies architecturaux et pastiches de monuments anciens mis aux goûts du jour
Sujet nouvellement créé, pour l'instant aves les seuls messages concernant les Tuileries. Je ferai le tri plus tard dans la vingtaine de pages concernant Le château de Saint-Cloud et ailleurs encore.
A moins que je ne déplace le tout dans notre sujet consacré à :
La duplitecture - copies architecturaux et pastiches de monuments anciens mis aux goûts du jour
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Pourquoi ce "ou" dans le titre ?
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Je crois que, depuis, la très très grande majorité des Français se sont tout à fait remis de ce "Techernobyl culturel", et ils s'en foutent d'ailleurs complètement aujourd'hui.Duc d'Ostrogothie a écrit:L'incendie du château de Saint-Cloud a été un Tchernobyl culturel.
Car enfin, comme je le précisais déjà, il y a tant autres sujets de préoccupations autrement plus importants qui nécessitent (et nécessiteront) la mobilisation des ressources financières de l'État. N'es-tu pas au courant de l'actualité ? Des enjeux du moment et ce qui est de première importance ?
Par exemple...
Mais c'est terriiiible !Duc d'Ostrogothie a écrit:Versailles est aujourd'hui dans l'incapacité de changer les plumes d'autruche du lit de la chambre de la reine, car le plumassier qui fournissait les grands cabarets parisiens (et accessoirement Versailles) a fait faillite.
J'ai aussi entendu dire aussi que 7 millions de Français (soit un sur dix) n'ont pas de médecin traitant et que les effectifs des médecins libéraux diminueront encore de 30 % d’ici à 2027.
Duc d'Ostrogothie a écrit:Sur le plan économique, la reconstruction du château ferait travailler nos artisans et permettrait de péréniser des savoir-faire ancestraux, qui ont fait ce pays. Les métiers d'art sont en danger aujourd'hui en France. A titre d'exemple, Prelle et Tassinari ont le plus grand mal désormais à trouver / former / faire travailler des tisserands. Le métier, considéré comme sans avenir, se meurt.
Je le précisais aussi tantôt : il y a bien largement de quoi faire avec notre patrimoine architectural encore (plus ou moins) debout. Que l'on envoie les fonds pour la reconstruction d'un Saint-Cloud en béton armé au Centre des Monuments nationaux ou à la Fondation du Patrimoine, et ils feront travailler autant d'artisans sur des projets vraiment utiles, voire indispensables et urgents pour certains.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
On ne sait déjà plus quoi faire du patrimoine existant, parfois laissé à l'abandon par ses propriétaire ou affectataires publiques, pourquoi se rajouter une charge financière de plus ?
C'est d'autant plus superfétatoire aujourd'hui que les consignes de sécurité, d'aménagements, thermiques, climatiques, sanitaires, d'accessibilité en tous genre rendent de plus en plus difficile l'usage des bâtiments anciens à moins d'y consacrer des fortunes, qui abiment en partie les lieux. Nous connaissons en ce moment une discrète mais profonde vague d'abandon de bâtiments publiques anciens, qui deviennent des coquilles vides qu'il faut entretenir sans savoir qu'en faire, à part d'énièmes espaces de "culture", génériques et sans collection.
Je rejoints LNLN en pensant que nous avons d'autres urgences patrimoniales que des reconstructions du genre de la flèche de Saint-Denis ou des palais péri-parisiens.
C'est d'autant plus superfétatoire aujourd'hui que les consignes de sécurité, d'aménagements, thermiques, climatiques, sanitaires, d'accessibilité en tous genre rendent de plus en plus difficile l'usage des bâtiments anciens à moins d'y consacrer des fortunes, qui abiment en partie les lieux. Nous connaissons en ce moment une discrète mais profonde vague d'abandon de bâtiments publiques anciens, qui deviennent des coquilles vides qu'il faut entretenir sans savoir qu'en faire, à part d'énièmes espaces de "culture", génériques et sans collection.
Je rejoints LNLN en pensant que nous avons d'autres urgences patrimoniales que des reconstructions du genre de la flèche de Saint-Denis ou des palais péri-parisiens.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Certes, mon petit Lulu, certes. Et la grogne sociale ne manquerait pas de se déchaîner plus encore ... point ne serait sage d'en rajouter.
Cela dit, je suis tout à fait d'accord avec Notre Grâce Ostrogotte quant au savoir-faire et vieux métiers qui se perdent et disparaissent. C'est bien bien triste ...
Cela dit, je suis tout à fait d'accord avec Notre Grâce Ostrogotte quant au savoir-faire et vieux métiers qui se perdent et disparaissent. C'est bien bien triste ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Faut-il reconstruire le palais des Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, Choisy ou Meudon ?
Mme de Sabran a écrit: Cela dit, je suis tout à fait d'accord avec Notre Grâce Ostrogotte quant au savoir-faire et vieux métiers qui se perdent et disparaissent. C'est bien bien triste ...
Pourquoi se perdraient-ils plus sur des chantiers de restauration que sur des chantiers de reconstruction ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
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