A Caen, exposition « Sous le regard de Méduse. De la Grèce antique aux arts numériques »
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A Caen, exposition « Sous le regard de Méduse. De la Grèce antique aux arts numériques »
Voici une exposition caennaise très tentante !!!
FASCINANTE MEDUSE
Le musée des beaux-arts de Caen a choisi de consacrer une foisonnante exposition à la figure de Méduse, celle dont « les yeux tuent ». Jusqu’au 17 septembre prochain, « Sous le regard de Méduse. De la Grèce antique aux arts numériques » explore, par le biais d’un peu plus de soixante œuvres (peintures mais aussi sculptures et objets), les différentes facettes d’un personnage fascinant.
Parmi les quelques figures de la mythologie grecque qui « ont la cote » encore aujourd’hui, Méduse trône en bonne place. Et pour cause : les siècles se sont chargés de modifier et d’enrichir sa personnalité. Cette dernière, si elle s’est sans cesse renouvelée, n’a rien perdu de sa cohérence, comme le souligne d’emblée Alexis Merle du Bourg, historien de l’art et commissaire de l’exposition. Le visiteur le constate à travers un fil rouge chronologique - très bien fait et facile à suivre.
Persée assisté par Minerve pétrifie Phinée et ses compagnons en leur présentant la tête de Méduse,
Jean-Marc Nattier, 1718, Tours, musée des Beaux-Arts Musée des Beaux-Arts de Tours / D.Couineau
Méduse grecque
« Je me sentis verdir de crainte à la pensée que, du fond de l’Hadès, la noble Perséphone pourrait nous envoyer la tête de Gorgô, de ce monstre terrible ». Ulysse même, héros homérien, est envahi de terreur à la pensée de croiser celle dont les yeux pétrifient.
La figure de Méduse est ambivalente par nature
Dès l’origine, Méduse - ou Gorgô, l’une des trois Gorgones -, incarne une figure de la terreur qui anéantit celui ou celle sur laquelle elle fond. Souvent représentée comme androgyne, elle a la langue pendante, des yeux exorbités, une chevelure de serpents… Par nature, elle est ambivalente : attirante et repoussante, à la frontière entre monde des vivants et monde des morts (Homère la décrit comme placée aux portes de l’Hadès), ni déesse ni humaine (même si elle est mortelle, puisque tuée par le héros Persée).
Coupe à yeux attique à figures noires, vers 510 av. J.-C., céramique,
Boulogne-sur-Mer, Château-Musée Philippe Beurtheret
Mais elle peut aussi, pour les plus courageux ou les plus frondeurs, jouer le rôle d’une figure apotropaïque (qui conjure le mauvais sort) et entrer dans la vie domestique par ce biais, comme le montrent les coupes exposées - le visage de Méduse, peint au fond, n’apparaissait que lorsque les convives avaient bu l’intégralité du vin du récipient, et étaient par conséquent passablement éméchés… Peu à peu, l’image primitive de Méduse s’humanise ; cette dernière, si elle conserve certains de ses attributs physiques (chevelure, fixité du regard…), prend les traits d’une jeune fille, parfois belle et séduisante.
Sommeil et renaissance du mythe
Si le Moyen Âge chrétien fait plus discrète la personnalité païenne de Méduse et ne l’intègre pas à son imagerie, pourtant bien fournie, de monstres en tout genre, il ne la met pas pour autant au rebut. Réinterprétée dans un nouveau contexte religieux, sa figure symbolise le Mal et le péché.
La Renaissance, et les XVIIe et XVIIIe siècles après elle, élargissent les représentations de Méduse en illustrant différents épisodes du mythe, se basant notamment sur les Métamorphoses du poète latin Ovide (Ier siècle avant J.C). Le Persée et Méduse de Cellini, la tête de Méduse (attribuée un temps à Léonard de Vinci) montrent aussi combien ces époques s’attachent à rendre du monstre l’image la plus naturelle et convaincante possible. Quant au somptueux Rubens de 1617-1618, il était montré aux contemporains à titre de « tableau d’horreur », destiné à provoquer un choc quasi cérébral chez le spectateur…
XIXe et XXe siècle : la Belle et la Bête
Il n’est pas étonnant que le XIXe siècle applique ses paradoxes à une figure aussi tourmentée que celle de Méduse. Pour les préraphaélites comme pour les symbolistes, elle acquiert un caractère rêveur et devient le symbole artistique d’une société désenchantée face à l’inexorable avancée de la modernité industrielle.
Méduse, de Franz Von Stuck, vers 1892, peinture sur carton,
Museen der Stadt Museen der Stadt Aschaffenburg
/ Ines Otschik
Chez les peintres, on rencontre notamment Pirner ou Wagrez ; chez les sculpteurs, Rodin, Giacometti ou Bourdelle. Mais la Méduse du peintre Von Stuck (cadrée très près) rassemble sans doute à elle seule l’ensemble des paradoxes de la Gorgone : on ne sait si cette figure, à la fois hideuse et belle, implore ou maudit, fait peur ou fait pitié.
Méduses contemporaines
Aujourd’hui, le mythe antique est totalement revisité. Il transforme la Méduse tyran en Méduse victime, accompagnant les questions de lutte entre les sexes, l’exhibant comme femme rebelle face aux préjugés et comme principe d’insoumission face à une punition injuste (un angle à retrouver dans le joli Moi, Méduse, livre pour enfants publié par Scrineo, notre maison d'édition).
La réinterprétation, à travers les siècles et les cultures, du mythe grec originel, souligne la longévité extrême d’un thème qui en dit beaucoup sur « le voir » et « l’être-vu ». Méduse fige, sans être figée.
Informations pratiques :
« Sous le regard de Méduse. De la Grèce antique aux arts numériques », du 13 mai au 17 septembre 2023 au musée des beaux-arts de Caen. La situation exceptionnelle du musée, à l’intérieur de l’ancien château, rend la visite d’autant plus agréable.
Ouverture : lundi à vendredi (9h30-12h30 et 13h30-18h) ; samedi et dimanche (11h-18h). Tarif plein : 5,50€ ; tarif réduit : 3,50€.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: A Caen, exposition « Sous le regard de Méduse. De la Grèce antique aux arts numériques »
J'y saute !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55510
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: A Caen, exposition « Sous le regard de Méduse. De la Grèce antique aux arts numériques »
Quelle fabuleuse exposition, les amis, j'ai adoré !!! Vraiment, je recommande !!!
C'est normal : Méduse est mon petit monstre mythologique préféré ... Je me suis délectée de ces oeuvres pétrifiantes ( ) offertes à l'admiration du public.
En voici quelques unes .
En vrac :
A Cellini l'honneur d'ouvrir l'exposition !
Cette statue de Persée brandissant la tête de Méduse et piétinant son corps sans vie est située sous la Loggia dei Lanzi sur la piazza della Signoria à Florence.
En 1545 Cosme Ier, duc de Toscane, commanda à Benvenuto Cellini (1500 – 1571) orfèvre, sculpteur, fondeur, à la vie tumultueuse, une statue pour orner la place de la Seigneurie, celle de Persée et Méduse.
Statue en marbre du Bernin, créée pour rendre hommage à la famille Barberini, qui prenait Méduse comme emblème.
création de cette œuvre : soit 1616-1618, soit v. 1650. probablement été inspirée par Costanza Bonarelli, maîtresse du Bernin.
Arnold Böcklin
Tête de Méduse
musée d'Orsay
Heurtoir, Rome, 1er-2e siècle apr. J.-C., bronze,
Paris, Bibliothèque nationale de France BnF-CNRS-Maison Archéologie & Ethnologie,
René Ginouvès / Serge Oboukhoff
Tapisserie d'après un carton de Botticelli commandée par Guy de Baudreuil (probablement directement au cours d'un de ses nombreux voyages effectués pour Charles VIII en tant que prélat spécialiste en droit canon) pour servir de portiera dans les appartements privés de l'abbé à l'abbaye de Saint-Martin-aux-Bois dans l'Oise, dont il devint abbé en juillet 1491.
Ses armes : d'argent, à trois cœurs couronnés de gueules) et celles de l'abbaye : d'hermine à la fasce d'azur chargée de trois fleurs de lys d'or, apparaissent.
La tapisserie aurait été tissée en France, dans les premières années du 16è s. d'après le carton exécuté à Florence.
Elle est un exemple des nombreux rapports culturels et diplomatiques entre la famille Médicis et la France.
Pallas-Athéna apparaît typique de l'art de Botticelli : vêture et chevelure voletantes, allure dansante. Ses attributs : la branche d'olivier à la main gauche, ses armes inutilisées, soit une déesse " platonicienne " de la paix, des arts et de la pure intelligence . A droite, son bouclier orné de la tête de Méduse.
Jacques Wagrez (1850-1908)
Persée, 1879
Huile sur toile - 280,6 x 170 cm
Nantes, Musée des Beaux-Arts
Persée délivrant Andromède
François-Emile Ehrmann
(Strasbourg 1833 - Paris 1910)
Musée Anne de Beaujeu (Moulins) - Inv. 78.10.1
Acquisition du musée en 1978 - 1875
Aquarelle gouachée
H : 67 cm - L : 85 cm
Persée, assisté par Minerve, pétrifie Phinée est un tableau réalisé en 1718 par Jean-Marc Nattier et basé sur le mythe d'Andromède, Persée et Phinée raconté dans le cinquième livre des Métamorphoses d'Ovide, dont il suit fidèlement la narration.
Il est conservé au musée des Beaux-Arts de Tours.
Image WIKI
Sculpture de l’artiste argentin Luciano Garbati .
Symbole de la lutte contre les violences sexuelles, l’œuvre fait débat. Elle représente l'une des sœurs Gorgone, Méduse, tenant dans ses mains la tête de Persée. "Icône de la justice", la figure de Méduse est devenue un puissant symbole de rage et de pouvoir du courant féministe. Des féministes ont d'ailleurs regretté que la pièce, destinée à honorer le mouvement #MeToo, ait été créée par un homme. D'autres critiques ciblent le choix d'attribuer la tête tranchée à Persée plutôt qu'à Poséidon, le violeur de Méduse.
La peinture de Maximilian Pirner, peintre décadent tchèque né en février 1854 à Schüttenhofen (aujourd'hui Susice) en Bohème est parcourue de tensions, pulsions de vie et pulsions de mort, attachement à un certain Académisme et intérêt croissant pour le Symbolisme. C'est ce qui explique qu'à cette période il subit une crise d'inspiration qu'il va résoudre en travaillant à un grand tableau " Finis ", qui exprime toutes les angoisses de cette fin de siècle.
Finis (La fin de toute chose). Huile sur toile, 1887-1893.
De petits extraits de films sur le thème de Méduse passaient en boucle.
Par exemple :
Percy Jackson : Le Voleur de foudre ou Percy Jackson et les Olympiens : Le voleur de foudre au Québec (Percy Jackson & the Olympians: The Lightning Thief) est un film américano-canado-britannique réalisé par Chris Columbus et sorti en 2010.
Grouillent-ils, sifflent-ils ces serpents !!!
... ou bien cet autre du Choc des Titans de Desmond Davis (1981) , kitsch à souhait ! mais qui s'arrête juste quand il ne faut pas, à l'apparition visqueuse et rampante de Méduse ...
C'est normal : Méduse est mon petit monstre mythologique préféré ... Je me suis délectée de ces oeuvres pétrifiantes ( ) offertes à l'admiration du public.
En voici quelques unes .
En vrac :
A Cellini l'honneur d'ouvrir l'exposition !
Cette statue de Persée brandissant la tête de Méduse et piétinant son corps sans vie est située sous la Loggia dei Lanzi sur la piazza della Signoria à Florence.
En 1545 Cosme Ier, duc de Toscane, commanda à Benvenuto Cellini (1500 – 1571) orfèvre, sculpteur, fondeur, à la vie tumultueuse, une statue pour orner la place de la Seigneurie, celle de Persée et Méduse.
Statue en marbre du Bernin, créée pour rendre hommage à la famille Barberini, qui prenait Méduse comme emblème.
création de cette œuvre : soit 1616-1618, soit v. 1650. probablement été inspirée par Costanza Bonarelli, maîtresse du Bernin.
Arnold Böcklin
Tête de Méduse
musée d'Orsay
Heurtoir, Rome, 1er-2e siècle apr. J.-C., bronze,
Paris, Bibliothèque nationale de France BnF-CNRS-Maison Archéologie & Ethnologie,
René Ginouvès / Serge Oboukhoff
Tapisserie d'après un carton de Botticelli commandée par Guy de Baudreuil (probablement directement au cours d'un de ses nombreux voyages effectués pour Charles VIII en tant que prélat spécialiste en droit canon) pour servir de portiera dans les appartements privés de l'abbé à l'abbaye de Saint-Martin-aux-Bois dans l'Oise, dont il devint abbé en juillet 1491.
Ses armes : d'argent, à trois cœurs couronnés de gueules) et celles de l'abbaye : d'hermine à la fasce d'azur chargée de trois fleurs de lys d'or, apparaissent.
La tapisserie aurait été tissée en France, dans les premières années du 16è s. d'après le carton exécuté à Florence.
Elle est un exemple des nombreux rapports culturels et diplomatiques entre la famille Médicis et la France.
Pallas-Athéna apparaît typique de l'art de Botticelli : vêture et chevelure voletantes, allure dansante. Ses attributs : la branche d'olivier à la main gauche, ses armes inutilisées, soit une déesse " platonicienne " de la paix, des arts et de la pure intelligence . A droite, son bouclier orné de la tête de Méduse.
Jacques Wagrez (1850-1908)
Persée, 1879
Huile sur toile - 280,6 x 170 cm
Nantes, Musée des Beaux-Arts
Persée délivrant Andromède
François-Emile Ehrmann
(Strasbourg 1833 - Paris 1910)
Musée Anne de Beaujeu (Moulins) - Inv. 78.10.1
Acquisition du musée en 1978 - 1875
Aquarelle gouachée
H : 67 cm - L : 85 cm
Persée, assisté par Minerve, pétrifie Phinée est un tableau réalisé en 1718 par Jean-Marc Nattier et basé sur le mythe d'Andromède, Persée et Phinée raconté dans le cinquième livre des Métamorphoses d'Ovide, dont il suit fidèlement la narration.
Il est conservé au musée des Beaux-Arts de Tours.
Image WIKI
Sculpture de l’artiste argentin Luciano Garbati .
Symbole de la lutte contre les violences sexuelles, l’œuvre fait débat. Elle représente l'une des sœurs Gorgone, Méduse, tenant dans ses mains la tête de Persée. "Icône de la justice", la figure de Méduse est devenue un puissant symbole de rage et de pouvoir du courant féministe. Des féministes ont d'ailleurs regretté que la pièce, destinée à honorer le mouvement #MeToo, ait été créée par un homme. D'autres critiques ciblent le choix d'attribuer la tête tranchée à Persée plutôt qu'à Poséidon, le violeur de Méduse.
La peinture de Maximilian Pirner, peintre décadent tchèque né en février 1854 à Schüttenhofen (aujourd'hui Susice) en Bohème est parcourue de tensions, pulsions de vie et pulsions de mort, attachement à un certain Académisme et intérêt croissant pour le Symbolisme. C'est ce qui explique qu'à cette période il subit une crise d'inspiration qu'il va résoudre en travaillant à un grand tableau " Finis ", qui exprime toutes les angoisses de cette fin de siècle.
Finis (La fin de toute chose). Huile sur toile, 1887-1893.
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De petits extraits de films sur le thème de Méduse passaient en boucle.
Par exemple :
Percy Jackson : Le Voleur de foudre ou Percy Jackson et les Olympiens : Le voleur de foudre au Québec (Percy Jackson & the Olympians: The Lightning Thief) est un film américano-canado-britannique réalisé par Chris Columbus et sorti en 2010.
Grouillent-ils, sifflent-ils ces serpents !!!
... ou bien cet autre du Choc des Titans de Desmond Davis (1981) , kitsch à souhait ! mais qui s'arrête juste quand il ne faut pas, à l'apparition visqueuse et rampante de Méduse ...
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