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Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand

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Message par Mme de Sabran Dim 03 Juil 2016, 18:35

Pour rire un peu  ...    Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Boigne11
...  Madame de Talleyrand


J’allais souvent chez monsieur de Talleyrand. Son salon était très amusant. II ne s'ouvrait qu'après minuit, mais alors toute l'Europe s'y rendait en foule ; et, malgré l’étiquette de la réception et l'impossibilité de déranger un des lourds sièges occupés par les femmes, on trouvait toujours à y passer quelques moments amusants on au moins intéressants, ne fut-ce que pour les yeux. Madame de Talleyrand, assise au fond de deux rangées de fauteuils, faisait les honneurs avec calme ; et les restes d’une grande beauté décoraient sa bêtise d’assez de dignité.  
Je ne puis me refuser à raconter une histoire un  peu leste, main qui peint cette courtisane devenue si grande dame. Mon oncle Edouard Dillon, connu  dans sa jeunesse sous le nom de beau Dillon, avait eu, en grand nombre, les succès que ce titre pouvait promettre. Madame de Talleyrand, alors madame Grant, avait jeté les yeux sur lui. Mais, occupé ailleurs, il y avait fait peu d'attention. La rupture d’une liaison, à laquelle il tenait le décida à s'éloigner de Paris pour entreprendre un voyage dans le Levant; c'était un événement alors, et le projet seul ajoutait un intérêt de curiosité à ses autres avantages.  Madame Grant redoubla ses agaceries. Enfin, la veille de son départ, Edouard consentit à aller souper chez elle au sortir de l'Opéra. Ils trouvèrent un appartement charmant, un couvert mis  pour deux, toutes les recherches du métier que faisait madame Grant. (  : Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 2028181902  )  Elle avait les plus beaux cheveux du monde; Edouard les admira. Elle lui assura qu'il n’en connaissait pas encore tout le mérite.  Elle passa dans un cabinet de toilette et revint les cheveux détachés et tombant de façon à en être complètement voilée. Mais c'était Eve, avant qu’aucun tissu n'eût été inventé, et avec moins d'innocence, naked and ashamed. Le souper s'acheva dans ce costume primitif. Edouard partit le lendemain pour l'Egypte. Ceci se passait en 1787.  
 



Madame Grant   Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Www83
relevant ses cheveux pour qu'ils ne trempent pas dans la sauce ...




En 1814, ce même Edouard, revenant d'émigration, se trouvait en voiture avec moi ; nous nous rendions chez la princesse de Talleyrand où je devais le présenter. «  II y a un contraste si plaisant, me dit-il, entre cette visite et celle que j'ai faite précédemment à madame de Talleyrand, que je ne puis résister à vous raconter ma dernière et ma seule entrevue avec elle. II me fit le récit qu'on vient d'entendre. Nous étions tous deux amusés, et curieux du maintien qu'elle aurait vis-à-vis de lui. Elle l'accueillit à merveille et très simplement; mais, au bout de quelques minutes, elle se mit a examiner ma coiffure, à vanter mes cheveux, à calculer leur longueur et, se tournant subitement du coté de mon oncle placé derrière ma chaise :  «  Monsieur Dillon, vous aimez les beaux cheveux! »
Heureusement nos yeux ne pouvaient se rencontrer, car il nous aurait été impossible de conserver notre sérieux.

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Message par La nuit, la neige Mar 05 Juil 2016, 18:43

.... : Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 2028181902

Je ne me souvenais pas de ce passage des Mémoires de la comtesse de Boigne.

Et je suis étonné de voir que nous n'avions toujours pas ouvert de sujet consacré à Mme de Talleyrand ! Suspect
Merci donc... Wink
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Message par Invité Mar 05 Juil 2016, 19:05

Je vais commencer à lire bientôt ses mémoires ! Wink

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Message par Mme de Sabran Mar 05 Juil 2016, 19:31

La nuit, la neige a écrit:.... : Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 2028181902

Je ne me souvenais pas de ce passage des Mémoires de la comtesse de Boigne.

Si si, page 408 de cette édition qui est sans doute aussi la tienne ! : Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 2028181902

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Message par Mme de Sabran Mer 06 Juil 2016, 10:35

Voici Mme de Talleyrand :

 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Cather10



Au reste, poursuit impitoyablement Mme de Boigne, madame de Talleyrand, ne conservait pas ses naïvetés uniquement à son usage ; elle en avait aussi pour celui de monsieur de Talleyrand. Elle ne manquait jamais de rappeler que telle personne (un autre de mes oncles par exemple, Arthur Dillon) était un de ses camarades de séminaire. Elle l'interpellait à travers le salon pour lui faire affirmer que l’ornement qu’il aimait le mieux était une croix pastorale en diamant dont elle était parée. Elle répondit à quelqu'un qui lui conseillait de faire ajouter de plus grosses poires à des boucles d'oreilles de perle :
« Vous croyez donc que j'ai épousé le Pape ! »
Il y en aurait trop à citer. Monsieur de Talleyrand opposait son calme imperturbable à toutes ses bêtises, mais je suis persuadée qu'il s'étonnait souvent d'avoir pu épouser cette femme. J’étais chez madame de Talleyrand le jour du départ de monsieur de Talleyrand et je lui vis apprendre que madame de Dino, alors la comtesse Edmond de Périgord, accompagnait son oncle à Vienne. Le rendez-vous avait été donné dans une maison de campagne aux environs de Paris. Un indiscret le raconta très innocemment. Madame de Talleyrand ne se trompa pas sur l’importance de cette réunion si secrètement préparée ; elle ne put cacher son trouble ni s'en remettre. Ses prévisions n'ont pas été trompées; depuis ce jour, elle n'a pas revu monsieur de Talleyrand, et bientôt elle a été expulsée de sa maison.

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Message par Trianon Mer 06 Juil 2016, 14:18

Cette Madame de Talleyrand, Madame Lagaffe. Mais, franchement c'est tellement innocent. Peut-être agaçant à la longue (surtout pour son époux), moi je souris.
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Message par Mme de Sabran Mer 06 Juil 2016, 17:37

Voici un autre portrait ! Very Happy

 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Hb_20010

La nuit, la neige a écrit:....

Et je suis étonné de voir que nous n'avions toujours pas ouvert de sujet consacré à Mme de Talleyrand ! Suspect

C'est vrai ! Il est temps d'y remédier . Very Happy

- Une vie d’aventures.

Nous sommes au début du mois d’avril 1814. Napoléon est aux abois. Il abdiquera dans quelques jours. Les armées alliées sont à Paris.
Le tsar de toutes les Russies est l’hôte de Talleyrand, dans son hôtel où s’organise la Restauration.
(Chateaubriand dira qu’elle s’y " tripote " : Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 2028181902 ).

Depuis longtemps, dans les salons de Talleyrand, se sont cristallisées les oppositions à l’Empire dont tout le monde est las. La rue Saint-Florentin est devenue le centre du monde. Caulaincourt vient plaider la cause de Napoléon II ; d’autres, celle des Orléans, certains même voudraient hisser Bernadotte sur le trône.

La religion de Talleyrand est faite. Il a depuis longtemps décidé du retour des Bourbons. Les prétentions des Bonaparte et consorts sont vite balayées ; cinq ans après, ils paieront l’insulte du bas de soie.
Des comparses, comme l’abbé de Pradt ou Aimée de Coigny, se répandent dans Paris pour diffuser la bonne parole. Si l’on en croit Chateaubriand , une autre personne enthousiaste parcourt les rues en calèche en exaltant partout le retour des Bourbons. C’est l’épouse de Talleyrand, la princesse de Bénévent.

Elle a 53 ans. Depuis 16 ans, elle vit dans l’ombre de son mari qu’elle admire. Il n’y a plus d’amour entre eux, seulement l’habitude et le respect des convenances. Elle n’en est pas moins la maîtresse de maison de l’hôtel de la rue Saint-Florentin.
Notre princesse ne se doute pas qu’elle est au tournant de sa vie qui, depuis un demi-siècle, a été une suite d’extraordinaires aventures.

Elle est née aux Indes, de parents bretons, à l’époque où les Français ont été chassés par les Anglais.
Son père, Jean-Pierre Verlée, né en 1724 à Port-Louis dans le diocèse de Vannes, était employé depuis de nombreuses années à Chandernagor par la Compagnie des Indes. Cette ville fut prise et détruite par les Anglais après le rappel de Dupleix en 1754. Il était, en 1758, lieutenant du port de Pondichéry ; devenu veuf, il avait deux filles de son premier mariage Marie Anne Françoise Xavier et Marguerite.
Sa mère, Laurence Alleigne, était la fille d’un maître armurier dans l’armée française de la Compagnie des Indes.
Jean-Pierre Verlée et Laurence Alleigne se marièrent le 17 avril 1758 ; il avait trente quatre ans et elle quatorze. Smileàè-è\':

Le 10 novembre 1760, ils baptisèrent leur premier enfant, une petite fille, Françoise, mais, cette même année, les Anglais prennent Pondichéry et la rasent complètement, remparts, forteresse, maisons et églises. Les français ont trois mois pour partir.
Ici commence, en cette année 1761, l’épopée, le mot n’est pas trop fort, de notre héroïne qui va naître le 21 novembre. On la prénomme Catherine Noël ; pourquoi ce prénom masculin ? Il est vrai que son père a déjà prénommé une de ses filles Xavier…
Shocked

Jacques BRUN
Février 2007

A suivre ! :n,,;::::!!!:

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Message par Mme de Sabran Jeu 07 Juil 2016, 15:57

Jacques Brun poursuit, pour notre plaisir   :n,,;::::!!!:  :

Son lieu de naissance fait rêver : Tranquebar sur la côte de Coromandel ! On croirait du Hugo avant l’heure.
C’est une possession danoise que la guerre a épargnée. Tous les notables de Pondichéry s’y sont réfugiés. Ils y resteront deux ans jusqu’au traité de Paris qui sonna le glas des Indes françaises…
La famille Verlée retourne à Chandernagor, où va naître un petit frère de Catherine. (  ...  )  La vie est triste et morne dans notre pauvre comptoir de Chandernagor. Catherine n’a que quinze ans mais les filles mûrissent très vite sous ces climats. Elle est ravissante et sa réputation de beauté va jusqu’à la riche et fringante Calcutta dont elle rêve.     Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 2238094171

De nombreux soupirants s’empressent autour d’elle mais c’est un certain Georges François Grand qui va l’épouser au mois de juillet 1777 et l’emmener à Calcutta. Il s’est fait naturaliser anglais pour pouvoir être employé par la Compagnie anglaise des Indes. Il est né à Genève où sa famille s’était réfugiée après la révocation de l’édit de Nantes.
C’est un personnage un peu falot dont Catherine croit être amoureuse et, effectivement, le ménage sera heureux quelque temps. Ils sortent beaucoup : soirées mondaines, dîners somptueux, bals costumés…. Mais tous les hommes de la colonie papillonnent autour de cette beauté et ce qui devait arriver, arriva : le riche et beau Sir Francis Philips, la coqueluche de toutes les dames de Calcutta réussit, un peu malgré elle, à la compromettre puis à la séduire. « Cette femme exhale l’amour » note-t-il dans son journal. Il y a procès et la Justice de sa Majesté Britannique indemnise pécuniairement le mari trompé qui se déclare satisfait…

Sir Philips est un homme marié, son épouse est en Angleterre avec six enfants. La liaison dure peu et Catherine décide de quitter les Indes.
L’aventure commence.
Elle a dix neuf ans, elle est belle à couper le souffle, « grande et svelte, avec un teint d’une fraîcheur éblouissante, des cheveux aux admirables boucles blondes, des yeux bleus sous les sourcils noirs, elle avait un charme étrange. Elle émerveillait par l’éclat de sa beauté et elle séduisait par sa grâce un peu nonchalante » .  (  ... )
Elle embarque le 2 décembre 1780 sur un bateau hollandais à destination de l’Angleterre.   Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Www86

Elle y fait connaissance d’un Anglais, Thomas Lewin, jeune, beau et fortuné. Le navire est arraisonné par les Français et les deux amants sont débarqués à Cadix. Ils rejoignent Lisbonne et arrivent enfin à Londres sur un bateau portugais. Ils resteront ensemble un certain temps, à Londres et à Paris. Lewin se maria, devint père de famille et, si l’on en croit sa fille, il versera, sa vie durant, une pension à son ancienne maîtresse.
John Whitehill, ancien gouverneur de Madras, lui succède auprès de la belle indienne, il lui versera aussi une rente viagère de trente mille francs.
De 1782 à 1792, pendant dix années, Catherine est à Paris. Elle mène grand train et tient le haut du pavé, riches appartements, bijoux, meubles, brillants équipages.
Ses amants l’entretiennent dans l’opulence. Ce sont Rilliet-Plantamour, agent de change, le jeune paltoquet baron de Frénilly qui lui offrira un équipage de deux chevaux blancs, le banquier Valdec de Lessart qui sera contrôleur général des Finances en 1790 ou Louis Monneron député des Indes à la Constituante


... à suivre ! :n,,;::::!!! Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 435746984 :n,,;::::!!!:

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Message par La nuit, la neige Jeu 07 Juil 2016, 22:53

Merci... Wink

Une destinée peu commune ! Et une femme qui n'avait pas "froid aux yeux".
Sans doute moins "sotte" que sa réputation veut bien laisser supposer, et en tous les cas partenaire de charme de Talleyrand.

Idea Voir notre sujet sur l'Hôtel de Galliffet, dont elle fut un temps l'hôtesse : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2321-l-hotel-de-galliffet-et-l-institut-culturel-italien-a-paris?highlight=galliffet
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Message par Mme de Sabran Dim 10 Juil 2016, 22:14

;
Où Talleyrand  ( bientôt ferré par la belle   Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 3826491292  ) déboule dans notre histoire :

Surviennent les événements du 10 août 1792. Elle a trente ans. Elle assiste au massacre sous ses fenêtres du portier de la maison qu’elle habitait. Elle prend peur et part avec sa femme de chambre sans rien emporter et sans argent. A Paris, tous ses biens sont inventoriés et mis sous séquestre. Elle arrive à Douvres.

Elle s’appelle encore « Madame Grand » ou, mieux dans sa situation actuelle, « Madame Grant », cela fait plus anglais et en tant qu’épouse d’un sujet anglais, elle peut se prévaloir de la nationalité britannique. A Douvres, elle fait la connaissance d’un jeune lieutenant de la marine royale anglaise, Nath Belchier, âgé de vingt et un ans. Elle lui raconte ses malheurs. Celui-ci s’enflamme et se précipite à Paris avec un ami du nom de O’Dryer.

Leur qualité d’Anglais vaut passeport, Belchier est accueilli comme membre de la marine anglaise, il obtient la levée des scellés et, malgré les risques encourus, les deux amis quittent Paris le 19 septembre 1792 en sauvant tout ce qu’ils peuvent emporter : quatre vingt mille francs de vaisselle dont une partie était en or, trois cent mille francs de bijoux, perles et diamants, deux mille cent louis d’or qu’ils cousent dans leurs ceintures et deux cent mille livres de billets de la caisse d’escompte.. Huit jours après, ils remettent ce trésor à Catherine et refusent toute récompense ; ils ne demandent que le remboursement de leurs frais, soixante et quelques livres sterling.
Il n’est pas interdit de rêver à ce que fut peut-être la véritable récompense. (  : Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 2028181902  )

Catherine arrive à Londres à la fin du mois de septembre 1792, elle y restera jusqu’à mai 1797. Elle gravite dans les différentes factions d’émigrés et a, entre autres, pour amant le comte de Lambertye dont nous reparlerons. Talleyrand est arrivé le même mois et y restera jusqu’à son départ pour l’Amérique en mars 1794.

Pendant quatre années, elle va vivre de son pécule et de différents trafics où elle excelle en servant d’intermédiaire. Cependant la vie n’est pas toujours rose puisqu’en mars 1795, elle demande une aide à Pitt. Elle veut retourner à Paris et obtient un passeport hollandais grâce à son lieu de naissance, Tranquebar étant devenu une possession hollandaise. Elle arrive à Paris, via Hambourg, vers juin 1797, dans les bagages du marquis Cristoforo de Spinola, ambassadeur de la République de Gênes à Londres après avoir occupé le même poste à Paris avant la Révolution. Celui-ci est expulsé immédiatement comme espion.

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Message par Mme de Sabran Mer 13 Juil 2016, 15:11

On raconte que Catherine, inquiétée par la police du Directoire en mars 1798, se serait présentée, un soir, au ministère des Relations extérieures avec une recommandation de Montrond ou de Mme de Sainte-Croix pour demander l’aide de Talleyrand. Celui-ci étant absent, elle l’attendit dans un fauteuil et s’endormit.
Reprise par Sacha Guitry dans son excellent film « Le Diable boiteux »,  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Www94
cette légende résulte du récit du maître d’hôtel qui l’aurait accueillie au ministère.

La réalité a été tout autre. Talleyrand connaissait Catherine depuis longtemps.    Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 3826491292

Pendant les dix années ayant précédé la Révolution, il menait la « douce vie » des abbés de Cour et ne pouvait pas ignorer l’existence d’une des plus belles femmes de Paris qui attirait tous les regards. La duchesse d’Abrantès raconte qu’à cette époque, étant aux Tuileries en compagnie de son compagnon de séminaire l’abbé de Lageard, il lui fit remarquer une femme qui marchait devant eux ; « elle était grande, parfaitement faite, et ses cheveux, du plus beau blond cendré, tombaient en chignon flottant sur ses épaules . Ils la doublèrent et furent charmés en la voyant : une peau de cygne, des yeux bleus admirables de douceur, un nez retroussé et un ensemble parfaitement élégant ».
C’était madame Grand.

Quelques années plus tard, en janvier 1792, quand Talleyrand fut envoyé pour sa première mission diplomatique à Londres par Antoine Valdec de Lessart, ministre des Relations extérieures de Louis XVI, il ne pouvait pas ignorer que madame Grand était encore récemment la maîtresse de son ministre

Antoine Valdec de Lessart   .....    Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Www95

De début octobre 1792 à fin février 1794, madame Grand et Talleyrand sont tous deux à Londres dans le grouillement de l’Emigration. madame de Flahaut s’y trouve également avec le petit Charles. Villemarest cite une lettre adressée par Talleyrand à son ministre Lebrun-Tondu le 26 janvier 1793 pour mettre au point un système de correspondance par voie indirecte car, dit-il, les ministres anglais le soupçonnent et le font surveiller, malgré le deuil qu’il porte pour la mort du roi. Il ne se fie plus à madame de Flahaut car elle est jalouse de quelques autres connaissances qu’il a faites ici. Les instructions pourront lui être envoyées entre autres sous le couvert de madame Grant dont il possède l’amitié.

Après la rédaction de cette lettre, une année s’écoulera avant l’expulsion de Talleyrand et son départ en Amérique le 3 mars 1794. D’après Fouché dans ses Mémoires et Philip Francis, le séducteur de Calcutta, Charles-Maurice et Catherine se sont beaucoup vus à Londres en 1793.    Les relations entre eux sont-elles allées plus loin que la simple amitié ? Cela est possible, sinon probable.

Retournons en juillet 1797 après l’expulsion de Cristoforo de Spinola évoquée plus haut.

Catherine est seule à Paris. Elle apprend que, le 16 juillet 1797, Talleyrand devient ministre des Relations extérieures du Directoire. Elle se souvient de leur amitié et c’est certainement à ce moment qu’elle le contacte et non pas, comme on le lit souvent, sept mois plus tard lorsqu’elle sera recherchée et arrêtée par la police. On chuchote rapidement qu’elle est devenue (ou redevenue) sa maîtresse et le 3 septembre elle figure parmi les invités d’une réception au ministère des Relations extérieures rue du Bac.

On peut estimer que c’est peu de temps après, vers décembre 1797 que fut conçue la petite Charlotte dont nous reparlerons et qui naîtra vers le mois d’août 1798.

Talleyrand est très amoureux, plus que Catherine n’est amoureuse. Elle n’a pas oublié Spinola ni ses amis de l’Emigration. Au mois de mars 1798, elle adresse à Londres par un commissionnaire une lettre à son ancien amant le comte de Lambertye, dans laquelle elle dit que Talleyrand surnommé " Piécourt " , est plus amoureux que jamais et l’obsède du matin au soir ; il lui parle mariage depuis quelques jours et espère mettre un sceptre à ses pieds ; elle pense qu’il pourra être bientôt l’un des cinq Directeurs ...


Je cite toujours M. Jacques BRUN
( Février 2007 )

http://talleyrand.org/famille/catherine_princesse_talleyrand.html

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Message par Mme de Sabran Sam 16 Fév 2019, 17:48


En 1790,  la mère du baron de Fauveau de Frénilly habitait dans la rue Vivienne qui n'était alors qu'un beau cul de sac solitaire .  Dans la maison juste en face, au premier, logeait la vieille Mme de Lessart .  Son fils, homme d'un mérite justement reconnu, devint ministre pour son malheur  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 1123740815 et fit partie, deux ans plus tard, des victimes des massacres de septembre. Sad

On le voyait peu chez sa mère, en revanche on y voyait beaucoup la fameuse Mme Grant, alors sa maîtresse ...

 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Captu313

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Message par La nuit, la neige Sam 16 Fév 2019, 20:20

Il y a un genre d'esprit que la femme la plus bête a toujours... Eventaille

Merci pour cet extrait, et ce portrait assez tourné. Il écrit bien.

Idea J'en profite pour poster à nouveau les deux portraits de la belle Mme Grant, avec des images de meilleures résolutions.
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Dp320011
Madame Grand (Noël Catherine Vorlée, or Worlée, 1761–1835)
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun
Oil on canvas, 1783
Signed and dated (left): L. E. Le Brun 1783
Photo : The Metropolitan Museum of Art.


 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Dp320012

Et quelques vingt années plus tard...
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Image200
Catherine-Noël Worlée, duchesse de Talleyrand-Périgord, princesse de Bénévent
Baron François Gérard
Esquisse, huile sur toile, c. 1805-1825
Acheté à la veuve du peintre lors de la vente posthume du baron Gérard, en avril 1837, avec 83 autres esquisses
Photo : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux


 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Talley10
Madame Charles Maurice de Talleyrand Périgord
Baron François Gérard
Oil on canvas, c. 1804
Provenance : Charles Maurice de Talleyrand Périgord, Prince de Bénévent (until d. 1838)
Photo : The Metropolitan Museum of Art


 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Captu175
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Message par Mme de Sabran Sam 16 Fév 2019, 20:28

La nuit, la neige a écrit:Il y a un genre d'esprit que la femme la plus bête a toujours... Eventaille


Se faisant collet-monté pour gagner Mme de Lessart et ne pas perdre son fils ...   Eventaille Eventaille Eventaille

Merci pour ces portraits .  Very Happy
Je ne suis pas très fan des yeux au ciel qui donnent une expression cucul-la-praline .  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 1123740815

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Message par La nuit, la neige Lun 07 Sep 2020, 11:20

Ce matin, Franck Ferrand évoquait l'histoire romanesque de Catherine-Noël Worlée, future princesse de Talleyrand, aux micros de son émission de radio "Franck Ferrand raconte".

L'épisode est à réécouter, ici (durée 22 mn) :

Arrow Madame de Talleyrand (Radio Classique)

 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Portra81
Portrait of Princess Catherine Talleyrand
Pierre Paul Proudhon
Black and white chalk on grey paper
c. 1806-1807
Image : The State Hermitage Museum - St Petersburg
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Message par Gouverneur Morris Lun 07 Sep 2020, 18:57

La fameuse « Je suis d’Inde » 😁

Merci LNLN je vais écouter ça !!!
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Message par La nuit, la neige Dim 02 Mai 2021, 12:46

Un portrait miniature, présenté prochainement en vente aux enchères...

Portrait de Madame de Talleyrand (1762 - 1834)
Jean-Baptiste Isabey(1767-1855)

Portrait de Mme de Talleyrand en buste de trois-quarts vers la droite, en robe blanche à col de dentelle, grand voile vaporeux et double couronne de fleurs bleues et blanches.
Miniature ovale, aquarellée, sur papier signée et datée 1821 à gauche.
14 x 10 cm
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Prince18

Biographie :

Catherine Noël WORLEE (parfois Werlée) est née à Tranquebar (ou Trinquebar) aux Indes danoises, près de Pondichéry, le 21 novembre 1762, décédée à Paris le 10 décembre 1834 épousa en secondes noces son amant Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, diplomate et homme politique français, prince souverain de Bénévent, qui joua un rôle important pendant la période révolutionnaire, le Premier Empire, la Restauration et la Monarchie de Juillet.
Très tôt remarquée pour sa beauté, elle épouse en 1777 un négociant naturalisé anglais du nom de George-François Grand, officier de la Compagnie des Indes. Venue en Europe dès 1780, elle s'attire les faveurs de notables fortunés ou puissants personnages en France et en Angleterre.

Son premier mariage dissous, elle épouse en 1802, le ministre des Relations extérieures Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord dont elle est la maîtresse depuis 1797. Elle tient un salon couru sous le premier empire français, au Château de Valençay et en l'Hôtel de Saint-Florentin à Paris.
Séparée du Prince en 1816, un temps exilée, elle finit par se retirer à Paris, recevant avec moins de succès en son hôtel de la rue de Lille, où elle meurt sans postérité.

* Source et infos complémentaires : Osenat - Vente du Bicentenaire, l'Empire à Fontaonbleau (5 mai 2021)

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Sa chambre au château de Valençay

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Images : Facebook Château de Valençay

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Lit de parade dans la chambre de la princesse de Bénévent au château de Valençay
Image : Gilles / Commons Wikimedia



Tiens ?! Je ne savais pas que Valençay présentait une copie de son portrait par Elisabeth Vigée-Lebrun (l'original est au Metropolitan Museum of Art, voir ci-dessus)
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Détail du portrait de Valençay
Image : Château de Valençay
La nuit, la neige
La nuit, la neige

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 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Empty Madame Grand, future princesse de Talleyrand

Message par Mme de Sabran Lun 03 Juil 2023, 12:39

MADAME GRAND


 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Madame10
Madame Grand alias Catherine Noël Worlee
peinte en 1783 par Élisabeth Vigée Le Brun.
Titre Princesse de Talleyrand
(4 juin 1814-10 décembre 1834)


La jeunesse indienne de la future princesse de Talleyrand, s'il faut en croire Jean-Paul Garnier dans la Revue des Deux Mondes, j'ai le regret de vous le dire, les amis,  fut un tantinet dissolue ...

Modeste, en vérité, ce mariage célébré le 17 avril 1758, en l'église paroissiale de Pondichéry, Notre-Dame des Anges, entre le lieutenant de port Jean-Pierre Verlée, natif de Port-Louis, au diocèse de Vannes, et Demoiselle Laurence Alleigne, fille de Jean-Baptiste Alleigne, maître-bombardier à la Compagnie, et de feue Jacquette Baumet .
L'époux, veuf de Marguerite de Silva, dont il avait deux filles, se trouvait aux Indes depuis une quinzaine d'années. Il était âgé de trente-quatre ans, sa femme de quatorze à peine. Le 10 septembre 1760 les époux Verlée feront baptiser leur premier enfant, une fille, Françoise.
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Vue de Pondichéry, siège de la Compagnie française des Indes orientales.
Gravure, XVIIIe siècle.
Ph. Jeanbor © Archives Larbor

Les circonstances sont particulièrement critiques. La guerre avec les Anglais a recommencé en 1756. Si M. de Bussy tient au Deccan, Lord Clive s'est emparé de Chandernagor en avril 1758. Le marquis de Lally-Tollendal débarque à Pondichéry où une escadre française vient d'amener un millier d'hommes du régiment de Lorraine. Derrière les remparts flanqués de lourds bastions protecteurs, l'espoir renaît, les drapeaux fleurdelysés flottent gaiement au vent du large. Mais les Français sont battus à Vandivash et Bussy fait prisonnier. Karikal tombe à son tour et Pondichéry, à la fin de l'année 1760, doit capituler après avoir subi un siège de terre et de mer de près d'un mois et demi.
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Gravure réalisée un an après la destruction de Pondichéry par les troupes anglaises.
J Mac Lean — Archives anglaises


La répression britannique s'avère féroce : les habitants sont chassés de leurs foyers, ils disposent en tout de trois mois pour évacuer. Certains de nos ressortissants se réfugièrent chez le Nabab d'Árcate, mais la majorité se dirigea vers le petit port de Tranquebar, situé sur la côte de Coromandel, entre Pondichéry et Karikal, où les Danois s'étaient fixés en 1618.  King's street, l'artère principale, sinon l'unique, est bordée nobles hôtels dans un lamentable état.

C'est là, au numéro 2, dans une de ces résidences délabrées, de fière allure néanmoins, malgré leur décrépitude, que vient au monde le 21 novembre 1761  l' « aventurière anglaise » comme la qualifient encore des historiens récents. Des aventures galantes  Catherine Noë n'en a évidemment pas manqué. Mais à quel titre la fille de Jean Verlée et de Laurence Alleigne relevait-elle du Royaume-Uni sinon par M. Grand, anglais lui-même par naturalisation !
Radieuse enfant, Catherine vécut ses insouciantes années de petite-fille en jouant sous la surveillance de son ayah sur le sable chaud près des remparts, avec sa sœur Françoise et les deux aînées, Marie-Anne et Marguerite. Pendant deux ans la vie s'immobilisa à Tranquebar.  
Les Verlée déménagèrent vers Chandernagor qui ne se trouvait pas en meilleur état et où, quelques mois plus tard, ils eurent un fils, Jean-François Xavier. J. P. Verlée ne tarda pas à être promu capitaine du port « pour le Roy en cette colonie », en raison de ses réels mérites.
En 1764, dans « son Voyage au Bengale »,  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand ______12

Charpentier-Cossigny ne tarissait pas d'éloges à son endroit. C'était, selon lui, « un homme d'un courage rare, d'une présence d'esprit incomparable, d'une exécution la plus vive et la plus prompte, savant dans la manœuvre, ayant un génie fécond en ressources... » Cinq ans après, le gouverneur Chevalier écrivait le 20 décembre 1769 au duc de Choiseul à Versailles qu'il considérait Verlée comme « le pilote du Gange le plus habile, le plus consommé... »
L'enfance et l'adolescence de Noël-Catherine s'écoulèrent dans la maison de famille située au bord du fleuve sacré. Frivole, Catherine étudiait un peu à la maison, le moins possible, ensuite sans résultats appréciables dans une école privée élémentaire. Elle préférait se jucher derrière sa mère dans le riche palanquin et l'accompagner dans ses visites à ses amies, « de belles créoles nonchalantes, qui vivaient entourées d'enfants et d'esclaves, toutes préoccupées de l'amusement en perspective, de la meilleure manière de voir s'écouler les heures tièdes, dans la fumée parfumée du « Hooka » et les bavardages puérils » .

En 1773, Catherine avait douze ans. Son père s'était ruiné en faisant de fâcheuses affaires personnelles indépendantes de la Compagnie des Indes. Dès lors la vie s'affirma médiocre, étroite et difficile. Mais en 1776, à l'approche de sa seizième année, sa beauté éclatante et incontestée représentait un atout de premier ordre dont elle saurait se servir.

Vers 1775, Calcutta se révélait, sans conteste, « la ville anglaise des Indes la plus gaie, celle où la société était la plus brillante », selon Lord Clive, « l'une des places les plus vicieuses de l'univers. La corruption, la licence et un manque de principes semblent posséder les esprits de tous les fonctionnaires... »
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 Lord Clive en uniforme militaire par Nathaniel
Dance-Holland. National Portrait Gallery, Londres.


La société avait à sa tête le général Richard Smith, très lié avec Sir Philip Francis, cette « manière de Lovelace » qui ouvrit la liste, oh combien longue ! — des amants de Catherine et exerça une influence déterminante sur l'orientation de sa vie. Le charme déjà célèbre de Mlle Verlée préoccupait en 1776 les élégants désœuvrés de Calcutta, infiniment plus que la révolte des colonies anglaises d'Amérique. Pour pouvoir rencontrer cette exquise personne, les représentants de la jeunesse dorée recherchaient l'occasion de pousser des pointes jusqu'au château de Gorette où l'hospitalité du gouverneur Chevalier était proverbiale. C'est ainsi qu'un jour Georges François Grand, y fut entraîné par des amis, et fit la connaissance de Catherine. II s'en épris aussitôt et parla mariage.

Naturalisé anglais, Grand appartient par sa mère à la noblesse normande. Les Clerc de Virly lors de la Révocation de l'Edit de Nantes ont émigré en Angleterre puis en Suisse. La mère de Georges-François avait épousé un M. Grand qui possédait -sur le lac de Genève un joli castel, la seigneurie de l'Ecu Blanc, entre Lausanne et Morges.
A Londres, Georges-François Grand s'initie au commerce, mais son anglais est insuffisant. Une de ses tantes l'envoie se perfectionner à Thornhill dans le Yorkshire. A l'Académie de Greenwich il se familiarise avec l' « artillerie et les mathématiques ». Nommé cadet, il s'embarque en janvier 1766 pour  le Bengale, où il servira comme sous-officier. Son brevet de sous-lieutenant sera signé par Lord Clive en personne.
Quand il envisage d'épouser Catherine, Grand a une place d'assistant en chef et de contrôleur du département du sel, emploi largement rémunéré : 1 300 roupies par mois, somme coquette pour l'époque et plus que suffisante pour un ménage.
Grand peut donc songer à réaliser ses intentions. Il monte confortablement sa maison où Catherine arrive avec une modeste dot de 12 000 roupies sicca (  Suspect  ), le 10 juillet 1777.

Les débuts mondains des époux lui, épais et terne, elle brillante, légère, furent parfaitement heureux. La lune de miel de ce couple mal assorti ne durera toutefois pas longtemps. Catherine s'initie aux dernières modes, aux coiffures compliquées qui font fureur. Elle est, comme l'écrira la seconde femme de M . Grand, « grande, d'une taille des plus élégantes, avec la stature d'une nymphe, un teint d'une délicatesse qui n'a jamais encore été égalée, des cheveux châtain doré à profusion, de beaux yeux bleus, avec des sourcils admirables qui lui donnent un aspect des plus singulièrement piquant ». Elle possède « la plus belle chevelure blonde qui ait jamais existé ! »
« Elle était grande et avait toute la souplesse et la grâce si communes aux femmes nées en Orient », écrit à son sujet Madame de Rémusat dans ses Mémoires.
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Vie de rêve, bals costumés, dîners somptueux et gais qui se terminent à l'aube, promenades dans un luxueux palanquin, ou plaisant phaéton, suivie d'un cortège d'adorateurs.  La beauté de l'adolescente française dont s'entretient le tout Calcutta ne va pas tarder à être remarquée par le dandy le plus en vue de la ville, Sir Philip Francis, ce roué, qu'à Paris en 1766 on avait surnommé « le bel Anglais ».


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James Lonsdale (1777-1839) - Sir Philip Francis - NPG 334 -
National Portrait Gallery


Ce type parfait du grand seigneur ( en plus jeune  Eventaille  )   licencieux et dissolu est, cela va sans dire, un habitué des fameuses « débauches » de Calcutta. Ne gagnera-t-il pas au jeu en une nuit 20 000 £ à Barwell, un autre membre du Conseil de la ville. Il ne se révéla pas pour autant dépourvu de mérites. Entré à trente-trois ans au gouvernement de l'Inde, récemment constitué, il y manifeste une intelligence déliée, à laquelle s'ajoutent une honnêteté, rare à l'époque, du détachement vis à vis des questions matérielles, ce qui sied fort à son élégance naturelle.
Selon l'ex-lord Chancelier Brougham :
« Il a été un satrape indien dans les temps les plus corrompus et il partit de la terre barbare, de la terre des perles et de l'or, avec les mains propres et une fortune si modérée qu'aucun homme ne peut élever de doutes sur la pureté de son administration
». Marié à vingt-deux ans, il a laissé sa femme, dont il a six enfants, au Royaume-Uni. Il peut jouir sans entraves d'une totale liberté pendant son séjour aux Indes. Quoi qu'il en soit, Sir Philip est âgé de trente-huit ans et vit dans un luxe incroyable, disposant d'une centaine de domestiques, de chevaux, de voitures, d'équipages de chasse...  Comment Grand eut-il été de taille à lutter contre ses entreprises, et sa « femme-enfant » à résister à ses assauts ?
Le 8 décembre 1778, scandale !  Pendant que Grand assistait au dîner d'hommes bi-mensuel de M. Barwell, à la taverne Le Gallais, Sir Philipp de noir vêtu a rejoint Catherine chez elle, à l'aide d'une échelle de bambou.   Eventaille  Mais il est saisi par les serviteurs qui s'empressent d'alerter leur maître, interrompant son souper au risque de contrarier sa digestion.  Bouleversé, le malheureux époux sanglote sur la terrasse,  puis court retrouver son ami, le major Palmer, pour lui emprunter son épée car il entend se battre sur le champ avec Sir Philip. Hélas ! Quand il parvient à la maison l'oiseau s'est envolé. Un monsieur Shee, ami du Directeur Francis, l'a secouru et s'est plus ou moins volontairement laissé arrêter à sa place pendant que le joli cœur, grâce à la diversion ainsi créée, parvenait à se sauver.

Que va décider le pauvre Grand ? Ulcéré, offensé dans sa dignité, il refuse de revoir sa femme, passe la nuit auprès du major Palmer et dès l'aube — il a de la suite dans les idées — provoque Sir Philip en duel mais celui-ci se dérobe, sans doute pour ne pas compromettre davantage l'objet de sa flamme. Assez désorienté mais inflexible, Grand repoussa toutes  les avances de Catherine et fut intraitable. Ces êtres que l'amour avait réunis un an auparavant se quittèrent pour ne jamais se revoir.
Après cette courte crise sentimentale, le sens pratique de Grand devait rapidement reprendre le dessus. Puisque Sir Francis refusait de se battre, il l'attaquerait en justice, et réclamerait pour prix de son honneur outragé d'exorbitants dommages et intérêts.  Le plaignant obtint la somme littéralement extravagante de 50 000 roupies sicca, soit 5200 £, qui représente actuellement l'équivalent de 3 à 4 millions de roupies (3 à 4 millions de nos francs 1962). Grand se déclarera,  on le conçoit sans peine, « pleinement satisfait, content et payé ». On le serait à moins, en tous cas sur le plan matériel.
Le procès avait été mené tambour battant.
Echaudé de la sorte, il ne restait à Sir Philip, pour amortir ses frais, qu'à recommencer à faire la cour à Mrs Grand, et l'installer bientôt confortablement  à Hooghly, dans la maison de campagne de son ami, le major Baggs. Plus attaché que jamais, il constatait dans son Journal :
« Cette femme ne fait aucun pas sans que la grâce ne règle en secret ses mouvements et ne l'accompagne partout..
. »

Le scandale ne pouvait toutefois se prolonger indéfiniment. Les amants décidèrent, en conséquence, de s'embarquer tous deux à destination de l'Angleterre  , presque simultanément mais sur des bâtiments différents, pour éviter si possible commérages et commentaires.  
Mrs Grand prenait place à bord d'un navire hollandais   Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Bateau14  , le 2 décembre 1780, avec Samuel Tolfrey, un ami de Sir Philip, tandis que celui-ci montait sur un bateau anglais le Fox, dès le lendemain.  C'était une mauvaise idée ... Voici que bâtiment de Mrs Grand, qui descendait la baie du Bengale, fut contraint par un temps défavorable de s'ancrer devant le fort Saint-Georges à Madras. Pendant cette escale forcée un charmant employé de la Compagnie anglaise, embarquait à son tour.  Vous devinez la suite ...    Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 1123740815  

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« Brillant et séduisant », Thomas Lewin devait faire oublier totalement à Catherine le passager du Fox ! La fidélité n'était décidément pas son fort... Poussé par des vents cléments, le navire cingla vers le Cap, puis  fut dérouté sur Cadix. Nos amants gagnèrent le Portugal par terre et de Lisbonne utilisèrent un bâtiment portugais pour atteindre Londres. Sur les rives de la Tamise, ils louent un appartement place Russel, maintenant Fitzeroy Square.

Lewin, ce charmeur, avait maintes cordes à son arc. Cavalier accompli, parfait danseur, très musicien, il se révélait aussi bon pianiste que violoniste. Champion d'échecs, gourmet, membre du fameux Beefsteak Club, polyglotte, il goûtait particulièrement la littérature française qu'il connaissait sans nul doute infiniment mieux que sa compagne dont l'ignorance égalait la beauté.
Son amie n'était pas aussi lancée, mais avait cependant les moyens de demander à Mme Vigée-Lebrun de faire son portrait. Au moment de la Révolution, elle arborera des cocardes tricolores, seyantes, dans sa blonde toison. Et puis, ne faut-il pas s'adapter ! Résolution toute romaine, elle prendra un maître d'orthographe dont, si nous jugeons sur pièces, elle devait avoir singulièrement besoin. Songerait-elle à rédiger des manifestes, des appels au peuple ou plus simplement veut-elle pouvoir répondre sans se couvrir de ridicule à quelque aimable billet ?
Le résultat fut au reste radicalement nul. Malgré cet effort intellectuel méritoire et sans lendemain, sa liaison avec l'homme si cultivé qu'était Lewin avait pris fin plusieurs années avant 1792. Celui-ci, en effet, s'était rangé. Il avait épousé la jeune Miss Haie qui comptait seize printemps et, bientôt père de famille, ne quittait plus la Grande-Bretagne.
En 1792, son ex-maîtresse habite rue de Mirabeau. Elle s'enfuit de Paris affolée, après avoir vu de ses fenêtres le 10 août massacrer devant sa maison, selon les uns, un suisse, échappé des Tuileries et d'après d'autres, le portier de sa demeure, de nationalité helvétique.
Elle se réfugie précipitamment à Douvres avec une servante et 12 louis. La chance ne l'abandonne pas ; à peine a-t-elle débarqué qu'une utile liaison avec un officier de marine la sort d'embarras. La présentant comme anglaise, du fait de son mariage qui n'est pas dissous, le galant Belchier lui évitera la confiscation de ses biens. Il se rend en France accompagné d'un camarade et parvient à récupérer ses diamants, ses perles, d'innombrables bijoux qui témoignent davantage de ses succès que de sa vertu !


Eclectique, elle a eu entre 1782 et 1792 des amants de toutes les nationalités : l'anglais Whitehile, Valdec de Lessart, banquier, puis Ministre de la Législative, logera porte à porte avec elle, rue du Sentier ; le marquis de Spinola, Ministre de Gênes en France ; Rillet Plantamon, fondé de pouvoir d'agent de change, sera remplacé par un second banquier, Louis Monneron, qui ajoute à ses qualités celle d'être en outre député des Indes, un lien de plus.  Le jeune Frénilly, attellera une superbe paire de chevaux blancs à sa berline ; le beau Dillon saura lui aussi l'apprécier...
La phrase cinglante de Napoléon sur les « légèretés de Mme Grand... » pour discourtoise qu'elle ait été s'explique cependant dans un tel contexte.
Après sa fugue au Royaume-Uni, Mme Grand retourne à Paris en mai 1797, titulaire d'un passeport anglais. Elle y mènera derechef grand train. Femme en vogue, elle reçoit largement, s'abonne aux Italiens, au Français, à l'Opéra, s'offre les robes les plus coûteuses, des parures somptueuses. Mais elle est contrôlée de près car elle a gardé, dit-on, des contacts avec l'Angleterre.
Une note adressée au Directoire précise que « cette dame... paraît tenir par des espérances à un personnage éminent dans les affaires de France qu'elle désigne sous le nom de Pié Court » (sic).
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Effectivement la « belle Indienne », qui allait être incarcérée en 1798 comme royaliste, sous l'inculpation d'entretenir des rapports avec des émigrés établis à Londres, avait déjà réussi dans tout l'éclat de ses trente-cinq ans, le conquête de Talleyrand. Se sachant surveillée par la police, elle n'avait pas hésité à rendre visite à l'influent Ministre en son hôtel de la rue du Bac. Aussi intervint-il aussitôt et de la manière la plus pressante auprès du tout puissant Barras, en se portant garant de la totale innocence de sa tendre amie :
« On vient d'arrêter Mme Grand comme conspiratrice. C'est la personne la plus éloignée et la plus incapable de se mêler d'une affaire. C'est une Indienne bien belle, bien paresseuse, la plus désoccupée de toutes les femmes que j'ai jamais rencontrées. Je vous demande intérêt pour elle. Je suis sûr qu'on ne lui trouvera pas l'ombre d'un prétexte pour ne pas terminer cette petite affaire, à laquelle je serais bien fâché qu'on mit de l'éclat. Je l'aime et je vous atteste à vous, d'homme à homme, que de sa vie elle ne s'est mêlée et n'est en état de se mêler d'aucune affaire. C'est une véritable Indienne et vous savez à quel degré cette espèce de femmes est loin de toute intrigue. Salut et attachement. Ch. Maur. Talleyrand ».

Le protecteur de Noël-Catherine s'imaginait que l'indolence et la paresse des Indiennes les rendaient incapables d'intrigue... Son intervention convainquit Barras qui proposa à ses collègues la mise en liberté immédiate de Mme Grand. Reubell, l'ennemi, de Talleyrand, s'opposa au désir de ce « misérable défroqué » qui « ne pouvait se satisfaire en France, où cependant l'on ne manque pas de catins ; il fallait qu'il en allât chercher en Angleterre. Il n'y aurait pas de plaisir pour Talleyrand s'il n'y avait du scandale par-dessus les toits... ! » Merlin de Douai fut aussi dur, se demandant si l'intéressée « par la célébrité de son catinisme » n'était précisément pas la femme pouvant le mieux « revêtir l'apparence de galanterie destinée à cacher le rôle de fausseté politique » et à servir de « paquebot intermédiaire » à un « homme vendu à l'Angleterre ? »
Finalement Barras enleva la décision.

A peine libérée, Mme Grand, sur le conseil de l'ex-évêque d'Autun, fit annuler son mariage à la mairie du IIème arrondissement de Paris, le 7 avril 1798.  Napoléon Bonaparte, Premier Consul, exige soit la séparation, soit le mariage car, Talleyrand, héritier d'une grande famille, est certes un diplomate de premier plan, mais n'en est pas moins prêtre ordonné le 18 septembre 1779, sacré le 4 janvier 1789 évêque et ancien titulaire de l'évêché d'Autun. Talleyrand décide de se marier, car il est très épris de celle qui semble lui avoir révélé les grâces de l'amour charnel. Le prude Mathieu Molé dit de cette relation : « Le pouvoir qu’elle avait sur lui avait cela de repoussant qu’on ne pouvait lui assigner que la plus charnelle origine. »  

À grand renfort de diplomatie, le 29 juin 1802, un bref du Pape Pie VII autorise Talleyrand au port des habits civils des laïcs, à la communion laïque et à l'exercice de ses fonctions publiques, mais ne le réduit pas à l’état laïc, du fait de son sacre épiscopal. Talleyrand qui s'est pourtant entremis en ce sens, ne reçoit pas l’autorisation papale de se marier.
Pourtant, le 10 septembre 1802, Catherine réalisait enfin son rêve en épousant au moins civilement le descendant d'Hélie V, comte de Périgord, à la mairie du Xème, rue de Verneuil. Y eut-il consécutivement bénédiction religieuse ? Oui, affirmaient les agents de Louis XVIII dans leurs « Relations secrètes ».
Roederer, l'un des témoins du mariage civil, Mme de Rémusat l'assurent de leur côté. M. Pourez, curé d'Epinay sur Seine, localité de la vallée de Montmorency, où résidait alors Mme Grand, l'aurait unie, à la sauvette, à l'Evêque renégat que Pie VII, tout en le relevant de ses obligations sacerdotales n'avait pas expressément autorisé à prendre femme bien qu'il l'eût demandé avec insistance.
Le cardinal Mathieu, auteur du Concordat de 1801 et Bernard de Lacombe « admettent l'un le fait du mariage, l'autre sa possibilité », écrit G. Lacour-Gayet qui, lui, n'y croyait pas et tirait argument du refus de Pie VII d'accepter en 1804, qu'on lui présentât la « concubine » de Talleyrand.
Georges-François Grand, ayant vraisemblablement dilapidé la totalité des 50 000 roupies extorquées à Sir Philip Francis, pour prix de son honneur, ne manqua pas de se manifester lors de son bref séjour à Paris en 1802. Il aurait fait valoir que les liens contractés en l'Eglise Saint-Louis de Chandernagor, avec Noël-Catherine, le 10 juillet 1777, n'avaient pas été dénoués. Ceci confirmerait, s'il en était besoin, la thèse d'un second mariage religieux, célébré dans des conditions irrégulières par un curé complaisant, soumis à de fortes pressions, dupé peut-être aussi et que Pie VII ne pouvait tenir pour valable.


Résolu à se défendre et à user du chantage s'il le fallait, Grand parvint, — il ne manquait donc pas d'arguments ! — à soutirer 80 000 francs à Talleyrand, soucieux de ne pas ternir par un scandale de plus la fière devise de sa famille : « Re que Diou », ainsi qu'un poste, évidemment lointain mais à 2 000 florins par an de conseiller privé extraordinaire au Cap-de-Bonne Espérance. Le Ministre des Relations Extérieures sut l'obtenir sans trop de difficultés de son collègue de La Haye, M. van der Goes, secrétaire d'Etat de la République Batave !
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/3190a115d2529378353bdc0684259afe.pdf
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Talleyrand étant toujours considéré comme évêque par l'Église (sacre du 4 janvier 1789), ce mariage n'avait pas de valeur canonique. Malgré cela, plusieurs mémorialistes affirment qu'en outre, une bénédiction nuptiale fut donnée aux époux par l'abbé Jean-Nicolas Pourez, prêtre constitutionnel d'Épinay-sur-Seine, soit en son église Saint-Médard d'Épinay-sur-Seine, soit à Paris en la chapelle des Missions étrangères, voisine de l'hôtel de Galliffet, où le ministre des Relations extérieures, Talleyrand, réside.
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Le 5 juin 1806, l'empereur Napoléon fait Talleyrand prince de Bénévent. L'ex-madame Grand devient ainsi, par son mariage avec Charles-Maurice, « Son Altesse Sérénissime, la princesse de Bénévent ». À ceux qui viennent le féliciter, le nouveau prince répond, dit-on : « Allez donc féliciter madame de Talleyrand, les femmes sont toujours très fières de devenir princesse. »
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Madame de Talleyrand-Périgord, bientôt S.A.S. la Princesse de Bénévent, future Princesse de Talleyrand,
peinte vers 1805 par le (futur) Baron Gérard


« Mme de Talleyrand, que Bonaparte avait attachée à son mari comme un écriteau... »
Chateaubriand

Plus tard, Louis XVIII, restauré sur le trône de France après l'abdication le 14 avril 1814 de Napoléon, nomme le 4 juin 1814, Talleyrand qui lui a fait allégeance, pair de France avec le titre de « prince de Talleyrand ». Catherine, son épouse, sera désormais connue comme la « princesse de Talleyrand », titre qu'elle portera jusqu'à sa mort.
Catherine, princesse de Talleyrand, est une figure du Tout-Paris impérial et les méchantes langues disent alors qu'elle est la femme la plus stupide de Paris. D'aucuns l'ont rendue célèbre pour avoir dit beaucoup de « bêtises », dont le fameux : « Je suis d'Inde », vraisemblablement apocryphe. De nombreuses gaffes publiques lui sont prêtées, ce qui amuse l'empereur Napoléon. Ses contemporains disent d'elle que « c'était la Belle et la Bête réunies en une seule personne ».

Mais peut être, tout cela a-t-il été exagéré dans le but de nuire à Talleyrand.
D'ailleurs, Madame de Chastenay écrit dans ses Mémoires:
« Elle était très belle et je n’ai jamais rien entendu sortir de sa bouche qui ressembla aux propos vides de sens que l’on se plaisait à lui prêter. Jamais elle n’a proféré devant moi une seule phrase de mauvais ton, jamais elle n’a dit un mot qu’on pût qualifier de bêtise. »
Catherine participe dès sa rencontre avec Talleyrand à la brillante vie parisienne qu'il mène. Cette présence à ses côtés est l'une des causes de la nécessité des noces avec Talleyrand. Ainsi, Talleyrand mène en parallèle de sa vie publique, une vie de couple officielle à l'hôtel de Galliffet, siège du ministère des Relations extérieures que Talleyrand occupe jusqu'en 1807 à Pont-de-Sains où Catherine se voit offrir, avant même leurs noces, une terre avec une ancienne maison de maître des forges, agrandie à plusieurs reprises par Talleyrand.
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château de Pont-de-Sains (Nord), offert à Catherine Noël Worlee par son futur époux Talleyrand.

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Vue ancienne de l'entrée de la propriété de Madame de Talleyrand-Périgord à Pont-de-Sains (Nord).

Puis dès 1803, la vie mondaine du couple se déroule aussi au château de Valençay et dans les divers hôtels parisiens occupés par Talleyrand après son ministère, dont pour finir à partir de 1812 à l'hôtel de la rue Saint-Florentin. Le château de Valençay est, entre 1808 et 1812, le théâtre des talents d'hospitalité de Catherine alors princesse de Bénévent.
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Ferdinand, fils du roi d'Espagne Charles IV, ayant abdiqué à la suite du soulèvement d'Aranjuez, et de la reine Marie-Louise, y est en effet assigné à résidence par l'empereur avec son frère Charles, infant d'Espagne, et leur oncle Antoine, frère du roi déchu. Celui-ci a décrit la mission qu'il confie à Talleyrand, alors en disgrâce, en ces termes :
« Je désire (…) que vous fassiez tout ce qui sera possible pour les amuser (…). Vous pourriez y amener Mme de Talleyrand avec quatre ou cinq femmes. Si le prince des Asturies s’attachait à quelque jolie femme, cela n’aurait aucun inconvénient, surtout si on en était sûr. »

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En signe de gratitude, la princesse de Talleyrand est reçue quinze ans plus tard, le 23 janvier 1825, dans l'ordre royal des Dames nobles de la reine Marie-Louise d'Espagne. Elle demande et obtient du roi Charles X l'autorisation de porter les insignes de cet ordre en France.
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Ordre de la Reine Marie-Louise
(es) Real Orden de Damas Nobles de la Reina María Luisa

Les ombres d'une vie (1817-1834)
Une vie presque de famille avec Talleyrand, son époux
Cette très élégante et luxueuse vie sociale du couple se double d'une singulière vie de famille. En effet dès 1803, le couple vit avec une jeune fille prénommée Charlotte âgée alors d'environ cinq ou six ans.
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand ____10
Mademoiselle Charlotte de Talleyrand-Périgord,
dessinée par P.P. Prud'hon vers 1805

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord s'emploie activement à reconstituer pour cette familière de sa Maison, un état civil. Charlotte qui vit depuis plus de quatre ans sous le toit du prince et de la princesse, est placée judiciairement sous la tutelle officieuse de Talleyrand depuis le 6 octobre 1807. Un conseil de famille est composé de six notables, amis de Talleyrand : le duc de Laval, le comte de Choiseul-Gouffier, Jaucourt, Dupont de Nemours, Dominique Bertrand et Dufresne Saint-Léon. Talleyrand obtient ensuite d'un prêtre catholique de Londres qu'il atteste avoir administré le 14 octobre 1799, le baptême à une prénommée Élisa Alix Sara, née le 4 octobre 1799 de parents prétendument inconnus. Le 30 août 1814, tous les membres du conseil de famille témoignent devant le juge de paix que Élisa Alix Sara est la même personne que Charlotte.
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand Charlo11
Portrait de Charlotte baronne de Talleyrand-Périgord, gravé par J. Massard
d'après un tableau du Baron Gérard


D'aucuns présentent Charlotte comme fille des futurs époux Talleyrand, née avant l'heure et vraisemblablement en août 1798, alors que Catherine Verlée épouse Grand n'a pu être divorcée que depuis le 7 avril 1798. Quant à l'enfant, elle a l'habitude d'être appelée et de signer Charlotte de Talleyrand : le compositeur Dussek qui est au service du prince à Valençay, lui dédie en 1809 plusieurs compositions en la nommant ainsi.
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L'existence de cette enfant - à supposer exacte sa filiation putative - peut aussi être une autre cause de la nécessité des noces de Talleyrand avec Catherine. À défaut de reconnaissance, Charlotte est mariée, selon le souhait du Prince de Talleyrand, à son cousin germain, Alexandre-Daniel baron de Talleyrand-Périgord, autre manière de lui donner sa place dans la Maison de Talleyrand-Périgord. Mère de cinq enfants, dont deux morts en bas âge, épouse peu heureuse, elle reste proche de Catherine sa mère putative, la visitant jusqu'à sa mort en 1834. Ayant suivi son époux à Florence, elle s'y installe définitivement. Charlotte baronne de Talleyrand-Périgord meurt à Florence, le 22 janvier 1873 ayant toujours porté le nom de Talleyrand-Périgord, par usage puis par mariage.
Encombrante épouse, jamais si loin des préoccupations du Prince
Du mariage, Talleyrand aurait dit qu'il « est une si belle chose qu'il faut y penser pendant toute sa vie », bien qu'il se soit résolu à convoler avec Catherine, pour tenir son rang dans sa vie publique ou pour faire face à la naissance de Charlotte. Le séjour forcé des princes espagnols au château de Valençay va causer la ruine de l'union de Catherine et Talleyrand. Ce dernier, peu flatté du rôle de geôlier des infants, laisse bientôt à Catherine princesse de Bénévent la charge d'être l'hôtesse de ceux-ci et de leur suite menée par, José Miguel de Carvajal-Vargas, duc de San Carlos.
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand ___10
Portrait par Francisco de Goya de José Miguel de Carvajal-Vargas, 2e duc de San Carlos,
amant de Catherine Verlée princesse de Bénévent, puis de Talleyrand

La princesse et le duc ont alors une liaison qui ne reste pas discrète puisque Napoléon interpelle Talleyrand en 1809, en ces termes :

«  - Vous ne m’avez pas dit que le duc de San Carlos était l’amant de votre femme ! »
« - En effet, sire, je n’avais pas pensé que ce rapport pût intéresser la gloire de votre Majesté, ni la mienne. »

Telle est la réponse de Talleyrand.   Eventaille   L'Empereur ordonne l'éloignement de l'amant, mais la relation se poursuit. Talleyrand garde alors définitivement à distance sa femme qui ne paraît plus à ses côtés. Bientôt, sa vie diplomatique et ses intérêts familiaux le font se rapprocher de Anne Charlotte Dorothée de Medem, dernière épouse du Duc de Courlande, puis de sa fille Dorothée, mariée le 21 avril 1809 à son neveu Edmond futur duc de Dino.
Depuis le congrès de Vienne (1er Novembre 1814 – 9 Juin 1815), où Charles-Maurice de Talleyrand représente la France...
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..
. Dorothée est entrée dans l’intimité de son oncle par alliance. C’est elle qui fait les honneurs du palais Kaunitz où Talleyrand donne des réceptions brillantes qui participeront certainement au fait que la France sorte intacte du congrès. En 1816, Dorothée s’installe chez Charles-Maurice à Paris et ils ne se quitteront plus.

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Portrait de la duchesse de Dino (1793-1862) (détail) par Joseph Chabord (1786-1848) ;
huile sur toile conservée au château de Valencay

Ils partagent leur temps entre Paris (que Dorothée n’aime pas) et Valençay . Le 2 Décembre 1817, le roi de Sicile dote Talleyrand du duché de Dino, une île au large de la Calabre. Comme le titre est immédiatement transmissible à ses neveux, Dorothée devient duchesse de Dino.  
Le 27 décembre 1816, le Prince de Talleyrand signe « sous le sceau de l'honneur », une convention de séparation amiable, assurant à Catherine désormais princesse de Talleyrand des ressources contre son exil à l'étranger. Elle finit par revenir à Paris, Talleyrand s'en accommodant. Il commente au décès le 27 septembre 1828 du duc de San Carlos, la fin de sa liaison de Catherine ainsi :

« Le duc de San Carlos était l’amant de ma femme, il était homme d’honneur et lui donnait de bons conseils dont elle a besoin. Je ne sais pas maintenant dans quelles mains elle tombera. »
Preuve est ainsi faite qu'à sa façon, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord se soucie encore de Catherine qui reste son épouse.

Son décès en 1834 : dernier souci du Prince de Talleyrand ?
Durant les dernières années de sa vie, la princesse de Talleyrand habite au 80, rue de Lille à Paris16 où elle reçoit à sa table des écrivains anglais. L'académicien Viennet vient chez elle lire ses tragédies inédites. Tout cela laisse à penser qu'elle n'était ni si sotte ni si ignorante.

Elle décède à son domicile parisien : 80, rue de Lille, le 10 décembre 1834, à l'âge de 72 ans. La déclaration du décès sur les registres de l'église Saint-Thomas-d'Aquin est ainsi rédigée :
«
Le 12 décembre 1834 fut présenté à cette église le corps de Catherine, veuve de Georges François Grand, connue civilement comme princesse de Talleyrand, âgée de soixante-quatorze ans, décédée l'avant-dernière nuit, munie des sacrements de l'Église, au numéro 80 de la rue de Lille. Ses obsèques furent faites en présence de Mathieu-Pierre de Goussot et de Charles Demon
(agent du prince), amis de la morte, qui ont signé avec nous. »

Thomas Raikes fils (1777-1848), banquier et célèbre mémorialiste anglais qui se trouve alors à Paris fait partie de ses familiers et est présent lors de son agonie et de son décès. Il a reproduit ce document dans son journal, ajoute gravement :
« Il est curieux qu'après toutes les allusions diaboliques faites à Talleyrand, son agent principal s'appelle tout justement Demon. »
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 008510
Mais il fait cette autre remarque, moins saugrenue, que la forme même de la déclaration inscrite sur les registres de l'Église prouve combien Talleyrand avait le souci d'en finir avec son mariage. Il prépare déjà sa suprême réconciliation avec l'Église.
Un incident éclate au chevet du lit de la défunte. Les journaux de Paris n'en dirent rien mais le récit en fut publié par les journaux anglais. Durant son agonie, la princesse avait remis à l'archevêque de Paris une cassette pour une nièce de son mari, la duchesse d'Esclignac. Celle-ci s'étant présentée dans la chambre où la princesse de Talleyrand venait de mourir, l'archevêque s'acquitta de son mandat. Mais survint un agent du prince qui réclama la cassette. Une violente querelle s'éleva sur-le-champ. Un juge de paix dut intervenir.
Que contenait cette cassette, si l'incident relaté est exact ? Pouvait-il s'agir de papiers sur lesquels le prince de Talleyrand voulait remettre la main, telles des pièces relatives à Elisa-Alix-Sara, dite Charlotte ? L'affaire fut arrangée : la duchesse d'Esclignac reçut 200 000 francs en échange de la mystérieuse cassette.
On peut voir encore de nos jours l'emplacement de la tombe de Noël Catherine Verlée, princesse de Talleyrand, au cimetière du Montparnasse à Paris (2e division).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_No%C3%ABl_Worlee
 Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand ___15

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Message par La nuit, la neige Lun 03 Juil 2023, 18:29

Merci pour l'ouverture de ce sujet mais...il y a de la fusion dans l'air !  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 1123740815

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Message par Mme de Sabran Lun 03 Juil 2023, 18:47

Oups, oui ... Eventaille

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Message par Gouverneur Morris Mer 06 Sep 2023, 00:44

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Message par Mme de Sabran Mer 06 Sep 2023, 11:03

Bien envoyé !!!  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 309649167 Eventaille

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Message par Gouverneur Morris Mer 06 Sep 2023, 11:31

Pauvre Joséphine ! Lorsque Lucien Bonaparte informa son frère de son intention d'épouser sa maîtresse, Alexandrine Jacob de Bleschamps (une autre Merveilleuse), l'Empereur furieux voulut l'en empêcher, tonnant "on n'épouse pas sa maîtresse !!!".

Ce à quoi Lucien rétorqua calmement "mieux vaut épouser sa maîtresse que celle des autres" Eventaille Hop!  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 309649167
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Message par Mme de Sabran Mer 06 Sep 2023, 12:33

...  Catherine Noël Worlee, princesse de Talleyrand 00102_17

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Message par Mme de Sabran Mer 06 Sep 2023, 14:31


Et encore :

Un homme allait, depuis trente ans, passer toutes les soirées chez Madame de… ; il perdit sa femme, on crut qu’il épouserait l’autre, & on l’y encourageait. Il refusa ; je ne saurais plus, dit-il, où aller passer mes soirées.

( Chamfort )

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