Versailles : Le Trianon de Porcelaine
+3
hastur
attachboy
Mme de Sabran
7 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Les lieux de Marie-Antoinette :: Versailles et Trianon :: Le domaine de Versailles
Page 2 sur 2
Page 2 sur 2 • 1, 2
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Reinette a écrit:Gouverneur Morris a écrit:Oui alors les Steinitz et leur expertise... On se rappellera la collection Tapie, qu'ils avaient évalué à 300 millions de francs (le vieux Bernard etait le conseiller en acquisitions du jeune Bernard), quand il n'en est sorti que 10 fois moins lors des évaluations judiciaires...
C'est ballot ! :
Il possédait (et possède toujours ?) de très beaux meubles, mais sans provenance historique prestigieuse, à part peut-être deux pliants de la chambre de la Comtesse d'Artois que Versailles doit encore avoir à l'oeil aujourd'hui. Il n'en reste pas moins que le catalogue publié par les Steinitz et Tapie en 92 ou 93 (dans l'Estampille/L'Objet d'Art, hors-série), alors au coeur de la tourmente, reste un plaisir des yeux :,;:!ùù^^^$:
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Gouverneur Morris a écrit:Soyons pragmatique, ce meuble est très bien au Getty aujourd'hui, mis en valeur comme il le mérite. Conservé à Trianon, il serait perdu au milieu d'appartements XIXème... dans lesquels semble-t-il on n'a jamais envisagé de présenter les commodes Boulle de Louis XIV en provenant alors...
Oui certes... J'aurais pour ma part opter pour le Louvre, lieu tout indiqué pour conserver de tels trésors. Je le vois mal en effet côtoyer les meubles Empire, pas toujours heureux, il faut l'avouer.
Invité- Invité
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Je croyais ces pliants dans la chambre de la reine à Versailles.
Invité- Invité
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Reinette a écrit: le Louvre, lieu tout indiqué pour conserver de tels trésors.
... une vraie caserne d'Ali Baba, dirait Coluche .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Reinette a écrit:Je croyais ces pliants dans la chambre de la reine à Versailles.
Il y en a, accompagnés de quelques uns du Salon des Jeux de la Reine (Salon de la Paix), mais à l'évidence, il en reste en mains privées
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
_________________
"Le 7 de septembre, le roi a été heureusement purgé d'humeurs fort âcres, et de beaucoup d'excréments fermentés, en dix selles."
Journal de santé de Louis XIV
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Quelques images et informations complémentaires :
Plan du jardin du Trianon de Porcelaine, dessin de l'augmentation de Trainon et des rampes au bout du canal
Dessin anonyme
plume et aquarelle sur papier, 1679
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
Présentation du château de Versailles :
Ce dessin donne l’implantation exacte du premier château de Trianon et le tracé de ses jardins, qui changèrent peu lors de la reconstruction du Trianon de marbre en 1687.
On reconnaît à gauche le bassin du Fer à cheval surplombant le bras nord du Grand Canal et, en haut, le Plat-Fond, aujourd’hui constitué d’un plus vaste bassin. Suivent le parterre bas ponctué d’un bassin octogonal et, situé près du château, le parterre haut avec ses deux bassins circulaires.
Formé d’un corps de bâtiment placé entre cour et jardin, le Trianon de porcelaine était environné de deux petits bassins. Celui de gauche a disparu lors de la reconstruction, la cour des Offices ayant pris sa place. Seul celui de droite subsiste, compris dans l’actuel jardin du Roi.
Vue et perspective de Trianon du côté des jardins
Adam Perelle (graveur et dessinateur)
Estampe, XVIIe siècle
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
De longues galeries en treillage ornaient ces jardins, celle de droite étant accompagnée d’une double cascade en vis-à-vis, célèbre en son temps. Plus bas, un autre treillage était situé à l’emplacement de l’actuelle galerie des Cotelle. Il conduisait au cabinet des Parfums, entièrement orné de faïences.
Jardins de collection florale dus à un neveu de Le Nôtre, Michel III Le Bouteux, et où les tubéreuses, lis, tulipes, jonquilles, jasmins, anémones et cyclamens étaient plantés dans des pots qu’on pouvait changer à volonté, les jardins de Trianon étaient uniques en leur genre. Ils conférèrent au domaine son surnom de palais de Flore, car comme l’écrit Félibien, « n’ayant esté commencé qu’à la fin de l’hyver, il se trouva fait au printemps comme s’il fust sorty de terre avec les fleurs des jardins qui l’accompagnent ».
Texte : Jérémie Benoît / Château de Versailles
Le Trianon à Versailles, 1684
Swidde de Jonge, Willem (graveur)
Estampe, vers 1680-1697
Image : Château de Versailles
Présentation du château de Versailles :
Cette gravure montre le précieux château de style chinois construit en 1670 par Le Vau, aux confins du domaine de Versailles, pour abriter les amours de Louis XIV et de madame de Montespan.
Édifié à l’emplacement d’un village connu depuis le Moyen Âge (Triasnum), il possédait une avant-cour circulaire et deux ailes en retour, formées chacune de deux petits pavillons abritant les services de la bouche.
Jamais le roi ne dormit dans ce château de campagne, qui disposait pourtant de deux chambres, la chambre de Diane et celle des Amours, toutes deux avec de grands lits jugés « extraordinaires ».
L’intérieur était orné de panneaux de stuc peint en bleu et blanc, de meubles de vernis et « masticq », d’ivoire, ou encore de soieries semées de fleurs chinoises à compartiments or et bleu.
Maison royale de Trianon, le Trianon de porcelaine
Essai de reconstitution de la chambre de Diane
Robert Danis
Plume aquarelle bleue et grise sur papier, 1912
Image : Twitter Château de Versailles - RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Il égalait en beauté l’extérieur, entièrement couvert de faïences bleu et blanc, particulièrement le haut comble orné de vases, d’enfants et d’animaux, qui évoquait l’architecture chinoise. Des bustes scandaient également la façade.
Carreau de faïence
Recueilli à Versailles, proviendrait du Trianon de porcelaine (?)
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Hervé Lewandowski
Toutes les manufactures, de Delft, de Saint-Cloud, de Nevers, de Rouen, de Lisieux, avaient fourni ces décors de porcelaine bleu et blanc « en façon de Chine », qui couvraient jusqu’aux vases des jardins. Aussi le château fut-il très vite appelé « Trianon de pourceleine ».
Tessons de faïence provenant des jardins du Trianon de Porcelaine, retrouvés lors de fouilles réalisées autour du Grand Trianon.
Attribués aux ateliers de céramique de Nevers et de Rouen, XVIIe siècle
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Vase de jardin pour oranger en faïence de Nevers du XVIIe siècle
Vers 1670-1700, exécuté pour une résidence royale de Louis XIV, probablement Versailles
Image : Cyrille Froissart
Note (extrait) :
La présence des armes de France sur un grand vase à oranger en faïence décoré de chinoiseries en bleu blanc et datant du dernier tiers du XVIIème siècle fait naturellement songer aux nombreux vases présents dans les jardins des résidences royales sous le règne de Louis XIV et notamment à Versailles et au Trianon de Porcelaine.
Ce petit Palais d’une construction extraordinaire, et commode pour passer quelques heures du jour pendant le chaud de l’Esté (Félibien, Description sommaire du château de Versailles, 1674) est conçu par Le Vau et construit en 1670 et détruit en 1687. Il comprenait cinq pavillons décorés de chinoiseries et tient son nom des porcelaines, faïences et imitation de ces matières présentes dans les bâtiments et les jardins.
Les comptes des Bâtiments du Roi mentionnent de nombreuses livraisons dans le dernier tiers du XVIIème siècle de vases de faïences pour les différentes résidences royales et en particulier pour Trianon et Versailles. Ils sont parfois décrits façon de porcelaine, signifiant peints en bleu et blanc.
* Texte : Cyrille Froissart
Très fragile et subissant déjà les rigueurs des rudes hivers du XVIIe siècle, il ne survécut pas au désamour du roi pour la marquise de Montespan.
Il fut alors détruit et remplacé en 1687 par le Trianon de marbre, œuvre de Jules Hardouin-Mansart.
Texte : Jérémie Benoît / Château de Versailles
Plan du jardin du Trianon de Porcelaine, dessin de l'augmentation de Trainon et des rampes au bout du canal
Dessin anonyme
plume et aquarelle sur papier, 1679
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
Présentation du château de Versailles :
Ce dessin donne l’implantation exacte du premier château de Trianon et le tracé de ses jardins, qui changèrent peu lors de la reconstruction du Trianon de marbre en 1687.
On reconnaît à gauche le bassin du Fer à cheval surplombant le bras nord du Grand Canal et, en haut, le Plat-Fond, aujourd’hui constitué d’un plus vaste bassin. Suivent le parterre bas ponctué d’un bassin octogonal et, situé près du château, le parterre haut avec ses deux bassins circulaires.
Formé d’un corps de bâtiment placé entre cour et jardin, le Trianon de porcelaine était environné de deux petits bassins. Celui de gauche a disparu lors de la reconstruction, la cour des Offices ayant pris sa place. Seul celui de droite subsiste, compris dans l’actuel jardin du Roi.
Vue et perspective de Trianon du côté des jardins
Adam Perelle (graveur et dessinateur)
Estampe, XVIIe siècle
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
De longues galeries en treillage ornaient ces jardins, celle de droite étant accompagnée d’une double cascade en vis-à-vis, célèbre en son temps. Plus bas, un autre treillage était situé à l’emplacement de l’actuelle galerie des Cotelle. Il conduisait au cabinet des Parfums, entièrement orné de faïences.
Jardins de collection florale dus à un neveu de Le Nôtre, Michel III Le Bouteux, et où les tubéreuses, lis, tulipes, jonquilles, jasmins, anémones et cyclamens étaient plantés dans des pots qu’on pouvait changer à volonté, les jardins de Trianon étaient uniques en leur genre. Ils conférèrent au domaine son surnom de palais de Flore, car comme l’écrit Félibien, « n’ayant esté commencé qu’à la fin de l’hyver, il se trouva fait au printemps comme s’il fust sorty de terre avec les fleurs des jardins qui l’accompagnent ».
Texte : Jérémie Benoît / Château de Versailles
Le Trianon à Versailles, 1684
Swidde de Jonge, Willem (graveur)
Estampe, vers 1680-1697
Image : Château de Versailles
Présentation du château de Versailles :
Cette gravure montre le précieux château de style chinois construit en 1670 par Le Vau, aux confins du domaine de Versailles, pour abriter les amours de Louis XIV et de madame de Montespan.
Édifié à l’emplacement d’un village connu depuis le Moyen Âge (Triasnum), il possédait une avant-cour circulaire et deux ailes en retour, formées chacune de deux petits pavillons abritant les services de la bouche.
Jamais le roi ne dormit dans ce château de campagne, qui disposait pourtant de deux chambres, la chambre de Diane et celle des Amours, toutes deux avec de grands lits jugés « extraordinaires ».
L’intérieur était orné de panneaux de stuc peint en bleu et blanc, de meubles de vernis et « masticq », d’ivoire, ou encore de soieries semées de fleurs chinoises à compartiments or et bleu.
Maison royale de Trianon, le Trianon de porcelaine
Essai de reconstitution de la chambre de Diane
Robert Danis
Plume aquarelle bleue et grise sur papier, 1912
Image : Twitter Château de Versailles - RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Il égalait en beauté l’extérieur, entièrement couvert de faïences bleu et blanc, particulièrement le haut comble orné de vases, d’enfants et d’animaux, qui évoquait l’architecture chinoise. Des bustes scandaient également la façade.
Carreau de faïence
Recueilli à Versailles, proviendrait du Trianon de porcelaine (?)
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Hervé Lewandowski
Toutes les manufactures, de Delft, de Saint-Cloud, de Nevers, de Rouen, de Lisieux, avaient fourni ces décors de porcelaine bleu et blanc « en façon de Chine », qui couvraient jusqu’aux vases des jardins. Aussi le château fut-il très vite appelé « Trianon de pourceleine ».
Tessons de faïence provenant des jardins du Trianon de Porcelaine, retrouvés lors de fouilles réalisées autour du Grand Trianon.
Attribués aux ateliers de céramique de Nevers et de Rouen, XVIIe siècle
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Vase de jardin pour oranger en faïence de Nevers du XVIIe siècle
Vers 1670-1700, exécuté pour une résidence royale de Louis XIV, probablement Versailles
Image : Cyrille Froissart
Note (extrait) :
La présence des armes de France sur un grand vase à oranger en faïence décoré de chinoiseries en bleu blanc et datant du dernier tiers du XVIIème siècle fait naturellement songer aux nombreux vases présents dans les jardins des résidences royales sous le règne de Louis XIV et notamment à Versailles et au Trianon de Porcelaine.
Ce petit Palais d’une construction extraordinaire, et commode pour passer quelques heures du jour pendant le chaud de l’Esté (Félibien, Description sommaire du château de Versailles, 1674) est conçu par Le Vau et construit en 1670 et détruit en 1687. Il comprenait cinq pavillons décorés de chinoiseries et tient son nom des porcelaines, faïences et imitation de ces matières présentes dans les bâtiments et les jardins.
Les comptes des Bâtiments du Roi mentionnent de nombreuses livraisons dans le dernier tiers du XVIIème siècle de vases de faïences pour les différentes résidences royales et en particulier pour Trianon et Versailles. Ils sont parfois décrits façon de porcelaine, signifiant peints en bleu et blanc.
* Texte : Cyrille Froissart
Très fragile et subissant déjà les rigueurs des rudes hivers du XVIIe siècle, il ne survécut pas au désamour du roi pour la marquise de Montespan.
Il fut alors détruit et remplacé en 1687 par le Trianon de marbre, œuvre de Jules Hardouin-Mansart.
Texte : Jérémie Benoît / Château de Versailles
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Si je ne m'abuse, le musée Lambinet de Versailles expose aussi quelques fragments du Trianon de Porcelaine.
Combien je regrette sa démolition !
J'aurais voulu les deux, les Trianons et de Porcelaine et de Marbre ...
La nuit, la neige a écrit:
Toutes les manufactures, de Delft, de Saint-Cloud, de Nevers, de Rouen, de Lisieux, avaient fourni ces décors de porcelaine bleu et blanc « en façon de Chine », qui couvraient jusqu’aux vases des jardins..
Oui, Lisieux pour les sols en pavés Joachim .
Versailles et Marly .
Je faisais un petit laïus là-dessus dans notre sujet sur le château de Saint-Germain de Livet.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2020p25-le-chateau-de-saint-germain-de-livet?highlight=livet
Extrait :
Les Vattier occupent, pendant la seconde moitié du 17e Siècle et le début du 18eSiècle une position sociale importante dans la Paroisse du Pré-d'Auge. Dans son contrat de mariage du 27 Septembre 1689 avec Marie Gosset, Joachim Vattier est désigné comme "sieur du Pray, maistre fayencier en carreaux" .
La popularité de Joachim Vattier et de ses carreaux faïencés ne s'arrête pas à ces frontières régionales mais rejoint les lieux où s'exerce et s'apprécie ce qui se fait de mieux en matière de création artistique.
Ainsi, sa renommée atteint bientôt Versailles où, entre 1670 et 1715, un nombre considérable de pavés "de Lisieux" sont livrés pour décorer "le Trianon de porcelaine" (détruit en 1685) ou encore l'intérieur des cheminées de la demeure royale. Un seul de ces brillants carreaux subsiste à la bibliothèque de Versailles (quelques autres sont répartis dans les musées de Cluny, Sèvres et Cologne).
A partir de 1692, les pavés "de Lisieux" sont fournis par Branlard, faïencier à Paris, qui devait les prendre directement chez Joachim Vattier ou ses successeurs. L'usage du pavé faïencé était apprécié par les architectes en renom dont Jules Hardouin Mansard. Dans les "comptes des bâtiments du Roi", les pavés sont appelés "carreaux émaillés, carreaux de faïence, carreaux de Lisieux" .
Douze mille carreaux "de Lisieux" sont également livrés au Château de Marly.
D'abord en 1713, par Montreuil, inspecteur des bâtiments du roi, qui en achète huit mille ; ensuite de janvier à Avril 1714, par Desjardins, contrôleur des bâtiments du roi, qui en réserve quatre mille.
Les décorateurs du domaine de Marly créé pour "un caprice superbe" de Louis XIV, adoptent de 1712 à 1714 les pavés "Joachim" pour orner, de manière très originale, les "bassins de fayance" du château . Six bassins sont recouverts de carreaux émaillés polychromes : autour du pavillon royal, les Bassins des carpes ; de chaque côté de la terrasse supérieure, les Fontaines des Nymphes. Le revêtement de la Fontaine d'Aréthuse est aussi fait de pavés "de Lisieux".
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Ckiki ? a écrit:Voici le seul meuble connu du Trianon de porcelaine. Il est aujourd'hui conservé par le musée Ghetty de Los Angeles.
Il s'agit d'une petite table en ivoire et lapis-lazuli attribuée à l'ébéniste Pierre Gole.
This table's unusual materials and coloring allow scholars to link it to a written source and a particular building. The posthumous inventory of the French king Louis XIV's possessions in 1720 describes the table in considerable detail. Although the inventory gives neither the name of the maker nor its original location, the table probably came from the Trianon de Porcelaine, a small house built for the King's mistress, Madame de Montespan, on the grounds of the Palace of Versailles. This table's marquetry of ivory and horn, painted blue underneath, would have followed the house's blue-and-white color scheme, imitating blue-and-white Chinese porcelain, a fashionable and highly prized material. Blue-and-white ceramic tiles decorated the house, and some of the furniture was also painted blue-and-white.
The table's top may be raised to form an angled reading or writing stand, while a drawer at the side is fitted for writing equipment.
http://www.getty.edu/art/gettyguide/artObjectDetails?artobj=6641
Pour la petite histoire, ce meuble avait été acheté par le célèbre antiquaire Bernard Steinitz dans les années 90 semble-t-il. Les autorités françaises ont délivré un certificat d'exportation sans s'apercevoir qu'il s'agissait d'un meuble de toute rareté, venant du Trianon de porcelaine.
B. Steinitz racontait l'anecdote dans le magazine "Connaissance des arts" il y a quelques années :
http://www.steinitz.fr/media/steinitzmedia/page%20de%20garde%20C.arts1655.pdf
Quelques clichés complémentaires pris sur place :
clichés personnels
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
[quote="Gouverneur Morris"]
... ivoire et lapis-lazuli !!! Quelle petite merveille !!!
Merci, mon cher Momo !
Comment se peut-il que la disparition du Trianon de Porcelaine soit aussi complète ? C'est à pleurer ...
Seule cette petite table ravissante aurait survécu ?
Ckiki ? a écrit:Voici le seul meuble connu du Trianon de porcelaine. Il est aujourd'hui conservé par le musée Ghetty de Los Angeles.
Il s'agit d'une petite table en ivoire et lapis-lazuli attribuée à l'ébéniste Pierre Gole.
... ivoire et lapis-lazuli !!! Quelle petite merveille !!!
Merci, mon cher Momo !
Comment se peut-il que la disparition du Trianon de Porcelaine soit aussi complète ? C'est à pleurer ...
Seule cette petite table ravissante aurait survécu ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
C'est ce qu'il se dit hélas...
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
LE TRIANON DE PORCELAINE
Trianon, d'abord maison de porcelaine à aller faire des collations, agrandie après pour y pouvoir coucher, enfin palais de marbre. C'est ainsi qu'en quelques mots, Saint-Simon esquisse l'histoire de ce palais, qui fut construit en 1670, dit Félibien, et « fut regardé d'abord de tout le monde comme un enchantement, car n'ayant été commencé qu'à la fin de l'hiver, il se trouva fait au printemps, comme s'il fût sorti de terre avec les fleurs des jardins qui l'accompagnoient. »
Le nouveau château que Louis XIV faisait construire en l'honneur de Mme de Montespan fut bâti sur l'emplacement de diverses terres que le Roi avait achetées en 1662, au prix de 42,000 livres, du fief de Masseloup vendu 97,236 livres par les Lemaire en 1663 et du petit village de Trianon, Triarnian, en latin du Moyen-Age, qui appartenait à l'abbaye de Sainte-Geneviève depuis le XIIe siècle.
Ce fut ce pauvre village, qu'on démolit alors, qui donna son nom au nouveau palais, et bientôt à toutes les petites maisons de plaisance que l'on bâtissait dans un parc à quelque distance du château de Versailles. Les terres de Trianon et de Masseloup furent d'abord réunies au parc de Versailles; en 1666, on y fit un jardin; en 1668, on démolit l'église du village; en 1670, on commença le château, et on y dépensa cette année 1,830,039 livres en maçonnerie, en marbrerie, en glaces, etc.
On travailla aussi aux jardins ; on y fit une cascade décorée de carreaux de faïence de Hollande et de rocailles exécutées par Berthier. Le célèbre jardinier Le Bouteux père, qui avait donné le dessin de ces jardins, les couvrit de fleurs ; on lui acheta des quantités de vases de faïence fabriqués à la manufacture de Saint-Cloud, pour mettre des fleurs et des orangers.
Les Comptes des Bâtiments attestent qu'il y avait à Saint-Cloud une fabrique de faïence dès 1670. Marryat (Histoire des poteries et de la porcelaine, trad. par le C. d'Armaillé et Salvetat, 11, 213) avait dit que longtemps avant Chicaneau, qui avait fondé la manufacture de porcelaine de Saint-Cloud, en 1695, il existait dans ce village un certain Morin qui fabriquait de la faïence émaillée. Les Comptes des Bâtiments confirment et précisent cette assertion ; en effet, dès 1670, Morin fournissait des vases de faïence blanche et bleue à Louis XIV. — Les achats de vases et de carreaux de faïence sont considérables en 1671 et 1672.
Le Bouteux créa aussi un beau jardin d'hiver, où les orangers étaient plantés en pleine terre.
En 1672 et 1673, les sculpteurs et les peintres achèvent de décorer cette jolie maison de plaisance. Les noms que l'on trouve dans les Comptes sont ceux des sculpteurs Jouvenet, qui fit les importantes sculptures des combles, et du serrurier Delobel, que l'on voit travailler partout où il s'agit de faire de beaux ouvrages en fer forgé et doré.
En 1674, tous les travaux sont achevés. De 1676 à 1679, on établit les rampes qui conduisent du château au Canal. On décora les jardins de plusieurs fontaines et d'une cascade ornée, comme nous venons de le dire, de carreaux de faïence et de rocailles (1682-83). Pour que tout fût à l'unisson, palais et jardins, les caisses des orangers furent peintes en façon de porcelaine (1680), et les bancs des jardins couverts d'ornements bleus sur fond blanc (1685).
Dès 1670, pour avoir de l'eau, on construisit des moulins à vent qui élevaient l'eau de l'étang de Glagny et l'amenaient à Trianon.
Les gravures du temps et une aquarelle de la Bibliothèque de Versailles nous permettent de donner une description exacte du Trianon de porcelaine. Il se composait d'un bâtiment principal, le château, et de quatre pavillons qui le précédaient. Le château et les pavillons n'avaient qu'un rez-de chaussée mansardé.
On se représente volontiers ce premier Trianon, d'après le nom pittoresque que lui donne Saint-Simon, comme recouvert tout entier à l'extérieur de plaques de faïence imitant la porcelaine, et quelques vers de Denis, si on ne les interprète pas exactement, autorisent cette hypothèse :
La vérité est que les façades n'étaient pas le moins du monde revêtues de plaques de faïence. Çà et là seulement il y avait quelques ornements en faïence bleue. La façade principale du château était percée de sept fenêtres. Les trois du milieu ouvraient sous un portique de quatre colonnes surmontées d'un fronton, dont le triangle était décoré en faïence bleue. On arrivait au portique par un perron d'une dizaine de marches. Le dessus des fenêtres était décoré d'entre-lacs en faïence bleue.
Au-dessus de l'entablement régnait une balustrade en plaques de faïence bleue et blanche. De grands vases à anses, toujours en faïence bleue et blanche, étaient placés sur la balustrade. Les combles et la toiture du château, ainsi que ceux des quatre pavillons latéraux étaient complètement recouverts de plaques de faïence blanche, ce qui explique l'éclat dont parle Denis, et permettait aux dorures des faîtages et aux vases bleus de se détacher avec beaucoup de grâce et une incomparable légèreté.
Les combles présentaient d'abord une suite de mansardes entourées de sculptures en plomb doré, puis un second rang d'ornements en plomb doré et de vases bleus, qu'on retrouvait encore sur toute la longueur du faîtage du château.
Les deux pavillons les plus rapprochés du château étaient décorés à peu près de même, avec cette différence qu'il n'y avait qu'un grand vase bleu au sommet du toit, reposant sur un ornement en plomb doré, et que les trumeaux entre les fenêtres avaient une décoration particulière, c'est-à-dire des bustes de marbre blanc, dont les termes étaient ornés de faïence bleue.
Les deux pavillons d'entrée avaient deux rangées de vases sur les combles; mais la balustrade était remplacée par un entablement tout entier composé de plaques de faïence aux ornements bleus.
Les murs formant la clôture de l'avant-cour et ceux qui étaient entre les pavillons supportaient tous des vases. Le couronnement des cinq grilles était en fer doré. Les bâtiments étaient en pierre avec des cheminées de briques rouges, décoration qui rappelait le goût du Versailles de Louis XIIL
Les ornements en plomb doré des combles devaient représenter des Amours chassant divers animaux, exécutés par Jouvenet; il y avait aussi çà et là des oiseaux peints au naturel.
Un salon du château était entièrement revêtu d'un stuc très- blanc et très-poli avec des ornements d'azur. La corniche qui régnait autour de ce salon et le plafond étaient aussi décorés de diverses figures d'azur sur un fond blanc, « le tout travaillé à la manière des ouvrages qui viennent de la Chine, à quoi les pavés et les lambris se rapportent, étant faits de carreaux de porcelaine. » Il existe encore, dans les magasins du musée de Versailles, quatre plaques de stuc, plus ou moins brisées, « qui se rapportent entièrement à cette description et proviennent évidemment de ce salon ». Elles sont en stuc blanc, d'une finesse et d'un poli admirables, et décorées de peintures, d'un bleu tendre, représentant des faisans, des cygnes, des pigeons, des roseaux et des arbres, et travaillées à la manière des ouvrages qui viennent de la Chine .
De nombreuses glaces étaient partout appliquées sur les murailles. Les meubles étaient d'une grande richesse.
« Le nouveau château se ressentit du goût que les relations écrites par les missionnaires sur la Chine et sur l'Inde avaient fait naître à cette époque. Les laques, les porcelaines, les étoffes et les peintures chinoises étaient alors recherchées avec ardeur; la fameuse tour de porcelaine, située près de Nankin, passait pour la huitième merveille du monde; l'architecte Dorbay dut se conformer à la mode régnante en construisant le palais de Trianon, et, à défaut de porcelaine, la faïence et le stuc furent employés à le décorer »
Les jardins n'étaient pas moins beaux. Les parterres étaient remplis de fleurs parfumées : violettes, jasmins, héliotropes, jacinthes, narcisses, tubéreuses surtout, jetant une odeur si forte, qu'on pouvait à peine y rester. On y faisait de perpétuels changements, dit le duc de Luynes, « à l'aide d'une quantité prodigieuse de fleurs, toutes dans des pots de grès que l'on enterroit dans les plates-bandes, afin de pouvoir les changer non seulement tous les jours, si on vouloit, mais encore deux fois le jour, si on le souhaitoit. On m'assura, continue-t-il, qu'il y avoit eu jusqu'à 1,900,000 pots tout à la fois, soit dans les plates-handes, soit en magasin. »
Ce qu'il y avait de plus curieux à Trianon était l'Orangerie, grand jardin d'hiver planté par Le Bouteux.
Voici la description qu'en donne Denis :
Mais ce qui me surprend, et qui doit vous surprendre,
C'est de voir un effet difficile à comprendre ;
Un printemps agréable, au milieu de l'hiver.
Aux plus grandes rigueurs incessamment ouvert.
Pendant que les frimas régnent dessus la terre,
On voit de belles fleurs briller en ce parterre ;
L'on y rencontre aussi plusieurs beaux espaliers,
Composés d'orangers, citronniers, grenadiers,
Qui, chargés de citrons, de grenades, d'oranges.
Font de fleurs et de fruits d'agréables mélanges.
Et, contentant l'esprit aussi bien que les sens,
Font goûter en ce lieu des plaisirs innocens.
Les arbres sont plantés comme dans la Provence,
Et sans caisses de bois, et sans pots de fayence,
Ils sont symétries et tirés au cordeau,
Et l'on ne peut rien voir au monde de plus beau.
Mais ce qui me surprend, c'est leur maison de verre.
Qui fait que les frimas ne leur font pas la guerre ;
Et la pluie et le vent, quoique fort rigoureux,
Dans leurs rudes assauts ne peuvent rien sur eux ;
De sorte qu'on y peut, dans ce temps redoutable,
Trouver les plus beaux fruits d'un été favorable.
Le Bouteux, jardinier, heureux en ces travaux,
Efface tout l'éclat de ses plus grands rivaux,
Et, par ses nobles soins, dans l'hiver, fait produire
Et les fleurs et les fruits que tout le monde admire.
Les Comptes des Bâtiments de 1671, 1675 et 1680 confirment la description de Denis et nous permettent d'y ajouter quelques détails. Les baraques ou couverts des orangers étaient en bois et se posaient à l'entrée de l'hiver pour être démontes, et les châssis vitrés enlevés au retour de la belle saison ; il en coûtait chaque année 900 livres. Le jardin d'hiver de Trianon, l'Orangerie comme on disait alors, renfermait une grande quantité d'orangers, de jasmins d'Espagne et de fleurs. Il y avait tant de fleurs à Trianon, même en hiver, qu'on l'avait surnommé le Palais de Flore, et le Mercure Galant disait en 1686 :
« Ce lieu étant destiné pour y conserver toutes sortes de fleurs tant l'hiver que l'été, l'art y seconde si bien la nature qu'il en est rempli en toutes saisons. Tous les bassins sont ou paroissent être en porcelaine. On y voit des jets d'eau qui sortent du dedans de plusieurs urnes. Tous les pots dans lesquels sont des plantes de fleurs ou des arbrisseaux sont de porcelaine, et les caisses les imitent par la peinture. »
La seconde journée des fêtes de 1674 eut lieu, le 41 juillet, à Trianon. Au milieu d'une quantité prodigieuse de fleurs, disposées dans l'une des allées du jardin, on chanta le Prologue de Versailles, intermède de Quinault et Lulli ; puis on revint souper à Versailles. En 1675, « la Reine, écrit Mme de Sévigné, le 12 juin, alla hier faire collation à Trianon ; elle descendit à l'église puis à Clagny, où elle prit la Montespan dans son carrosse et la mena à Trianon avec elle. »
Le 12 juin 1684, Louis XIV, après s'être longtemps promené à Trianon, le trouva plus beau que jamais ; le 15, il y donna un grand souper aux dames En 1686, les ambassadeurs de Siam visitèrent le palais. « Le cabinet des Parfums leur plut extrêmement, car ils aiment fort les odeurs, et ils admirèrent la manière de parfumer avec des fleurs .»
Trianon, d'abord maison de porcelaine à aller faire des collations, agrandie après pour y pouvoir coucher, enfin palais de marbre. C'est ainsi qu'en quelques mots, Saint-Simon esquisse l'histoire de ce palais, qui fut construit en 1670, dit Félibien, et « fut regardé d'abord de tout le monde comme un enchantement, car n'ayant été commencé qu'à la fin de l'hiver, il se trouva fait au printemps, comme s'il fût sorti de terre avec les fleurs des jardins qui l'accompagnoient. »
Le nouveau château que Louis XIV faisait construire en l'honneur de Mme de Montespan fut bâti sur l'emplacement de diverses terres que le Roi avait achetées en 1662, au prix de 42,000 livres, du fief de Masseloup vendu 97,236 livres par les Lemaire en 1663 et du petit village de Trianon, Triarnian, en latin du Moyen-Age, qui appartenait à l'abbaye de Sainte-Geneviève depuis le XIIe siècle.
Ce fut ce pauvre village, qu'on démolit alors, qui donna son nom au nouveau palais, et bientôt à toutes les petites maisons de plaisance que l'on bâtissait dans un parc à quelque distance du château de Versailles. Les terres de Trianon et de Masseloup furent d'abord réunies au parc de Versailles; en 1666, on y fit un jardin; en 1668, on démolit l'église du village; en 1670, on commença le château, et on y dépensa cette année 1,830,039 livres en maçonnerie, en marbrerie, en glaces, etc.
On travailla aussi aux jardins ; on y fit une cascade décorée de carreaux de faïence de Hollande et de rocailles exécutées par Berthier. Le célèbre jardinier Le Bouteux père, qui avait donné le dessin de ces jardins, les couvrit de fleurs ; on lui acheta des quantités de vases de faïence fabriqués à la manufacture de Saint-Cloud, pour mettre des fleurs et des orangers.
Les Comptes des Bâtiments attestent qu'il y avait à Saint-Cloud une fabrique de faïence dès 1670. Marryat (Histoire des poteries et de la porcelaine, trad. par le C. d'Armaillé et Salvetat, 11, 213) avait dit que longtemps avant Chicaneau, qui avait fondé la manufacture de porcelaine de Saint-Cloud, en 1695, il existait dans ce village un certain Morin qui fabriquait de la faïence émaillée. Les Comptes des Bâtiments confirment et précisent cette assertion ; en effet, dès 1670, Morin fournissait des vases de faïence blanche et bleue à Louis XIV. — Les achats de vases et de carreaux de faïence sont considérables en 1671 et 1672.
Le Bouteux créa aussi un beau jardin d'hiver, où les orangers étaient plantés en pleine terre.
En 1672 et 1673, les sculpteurs et les peintres achèvent de décorer cette jolie maison de plaisance. Les noms que l'on trouve dans les Comptes sont ceux des sculpteurs Jouvenet, qui fit les importantes sculptures des combles, et du serrurier Delobel, que l'on voit travailler partout où il s'agit de faire de beaux ouvrages en fer forgé et doré.
En 1674, tous les travaux sont achevés. De 1676 à 1679, on établit les rampes qui conduisent du château au Canal. On décora les jardins de plusieurs fontaines et d'une cascade ornée, comme nous venons de le dire, de carreaux de faïence et de rocailles (1682-83). Pour que tout fût à l'unisson, palais et jardins, les caisses des orangers furent peintes en façon de porcelaine (1680), et les bancs des jardins couverts d'ornements bleus sur fond blanc (1685).
Dès 1670, pour avoir de l'eau, on construisit des moulins à vent qui élevaient l'eau de l'étang de Glagny et l'amenaient à Trianon.
Les gravures du temps et une aquarelle de la Bibliothèque de Versailles nous permettent de donner une description exacte du Trianon de porcelaine. Il se composait d'un bâtiment principal, le château, et de quatre pavillons qui le précédaient. Le château et les pavillons n'avaient qu'un rez-de chaussée mansardé.
On se représente volontiers ce premier Trianon, d'après le nom pittoresque que lui donne Saint-Simon, comme recouvert tout entier à l'extérieur de plaques de faïence imitant la porcelaine, et quelques vers de Denis, si on ne les interprète pas exactement, autorisent cette hypothèse :
Considérons un peu ce château de plaisance ;
Voyez-vous comme il est tout couvert de fayance,
D'urnes de porcelaine et de vases divers,
Qui le font éclater aux yeux de l'univers.
Voyez-vous comme il est tout couvert de fayance,
D'urnes de porcelaine et de vases divers,
Qui le font éclater aux yeux de l'univers.
La vérité est que les façades n'étaient pas le moins du monde revêtues de plaques de faïence. Çà et là seulement il y avait quelques ornements en faïence bleue. La façade principale du château était percée de sept fenêtres. Les trois du milieu ouvraient sous un portique de quatre colonnes surmontées d'un fronton, dont le triangle était décoré en faïence bleue. On arrivait au portique par un perron d'une dizaine de marches. Le dessus des fenêtres était décoré d'entre-lacs en faïence bleue.
Au-dessus de l'entablement régnait une balustrade en plaques de faïence bleue et blanche. De grands vases à anses, toujours en faïence bleue et blanche, étaient placés sur la balustrade. Les combles et la toiture du château, ainsi que ceux des quatre pavillons latéraux étaient complètement recouverts de plaques de faïence blanche, ce qui explique l'éclat dont parle Denis, et permettait aux dorures des faîtages et aux vases bleus de se détacher avec beaucoup de grâce et une incomparable légèreté.
Les combles présentaient d'abord une suite de mansardes entourées de sculptures en plomb doré, puis un second rang d'ornements en plomb doré et de vases bleus, qu'on retrouvait encore sur toute la longueur du faîtage du château.
Les deux pavillons les plus rapprochés du château étaient décorés à peu près de même, avec cette différence qu'il n'y avait qu'un grand vase bleu au sommet du toit, reposant sur un ornement en plomb doré, et que les trumeaux entre les fenêtres avaient une décoration particulière, c'est-à-dire des bustes de marbre blanc, dont les termes étaient ornés de faïence bleue.
Les deux pavillons d'entrée avaient deux rangées de vases sur les combles; mais la balustrade était remplacée par un entablement tout entier composé de plaques de faïence aux ornements bleus.
Les murs formant la clôture de l'avant-cour et ceux qui étaient entre les pavillons supportaient tous des vases. Le couronnement des cinq grilles était en fer doré. Les bâtiments étaient en pierre avec des cheminées de briques rouges, décoration qui rappelait le goût du Versailles de Louis XIIL
Les ornements en plomb doré des combles devaient représenter des Amours chassant divers animaux, exécutés par Jouvenet; il y avait aussi çà et là des oiseaux peints au naturel.
Un salon du château était entièrement revêtu d'un stuc très- blanc et très-poli avec des ornements d'azur. La corniche qui régnait autour de ce salon et le plafond étaient aussi décorés de diverses figures d'azur sur un fond blanc, « le tout travaillé à la manière des ouvrages qui viennent de la Chine, à quoi les pavés et les lambris se rapportent, étant faits de carreaux de porcelaine. » Il existe encore, dans les magasins du musée de Versailles, quatre plaques de stuc, plus ou moins brisées, « qui se rapportent entièrement à cette description et proviennent évidemment de ce salon ». Elles sont en stuc blanc, d'une finesse et d'un poli admirables, et décorées de peintures, d'un bleu tendre, représentant des faisans, des cygnes, des pigeons, des roseaux et des arbres, et travaillées à la manière des ouvrages qui viennent de la Chine .
De nombreuses glaces étaient partout appliquées sur les murailles. Les meubles étaient d'une grande richesse.
« Le nouveau château se ressentit du goût que les relations écrites par les missionnaires sur la Chine et sur l'Inde avaient fait naître à cette époque. Les laques, les porcelaines, les étoffes et les peintures chinoises étaient alors recherchées avec ardeur; la fameuse tour de porcelaine, située près de Nankin, passait pour la huitième merveille du monde; l'architecte Dorbay dut se conformer à la mode régnante en construisant le palais de Trianon, et, à défaut de porcelaine, la faïence et le stuc furent employés à le décorer »
Les jardins n'étaient pas moins beaux. Les parterres étaient remplis de fleurs parfumées : violettes, jasmins, héliotropes, jacinthes, narcisses, tubéreuses surtout, jetant une odeur si forte, qu'on pouvait à peine y rester. On y faisait de perpétuels changements, dit le duc de Luynes, « à l'aide d'une quantité prodigieuse de fleurs, toutes dans des pots de grès que l'on enterroit dans les plates-bandes, afin de pouvoir les changer non seulement tous les jours, si on vouloit, mais encore deux fois le jour, si on le souhaitoit. On m'assura, continue-t-il, qu'il y avoit eu jusqu'à 1,900,000 pots tout à la fois, soit dans les plates-handes, soit en magasin. »
Ce qu'il y avait de plus curieux à Trianon était l'Orangerie, grand jardin d'hiver planté par Le Bouteux.
Voici la description qu'en donne Denis :
Mais ce qui me surprend, et qui doit vous surprendre,
C'est de voir un effet difficile à comprendre ;
Un printemps agréable, au milieu de l'hiver.
Aux plus grandes rigueurs incessamment ouvert.
Pendant que les frimas régnent dessus la terre,
On voit de belles fleurs briller en ce parterre ;
L'on y rencontre aussi plusieurs beaux espaliers,
Composés d'orangers, citronniers, grenadiers,
Qui, chargés de citrons, de grenades, d'oranges.
Font de fleurs et de fruits d'agréables mélanges.
Et, contentant l'esprit aussi bien que les sens,
Font goûter en ce lieu des plaisirs innocens.
Les arbres sont plantés comme dans la Provence,
Et sans caisses de bois, et sans pots de fayence,
Ils sont symétries et tirés au cordeau,
Et l'on ne peut rien voir au monde de plus beau.
Mais ce qui me surprend, c'est leur maison de verre.
Qui fait que les frimas ne leur font pas la guerre ;
Et la pluie et le vent, quoique fort rigoureux,
Dans leurs rudes assauts ne peuvent rien sur eux ;
De sorte qu'on y peut, dans ce temps redoutable,
Trouver les plus beaux fruits d'un été favorable.
Le Bouteux, jardinier, heureux en ces travaux,
Efface tout l'éclat de ses plus grands rivaux,
Et, par ses nobles soins, dans l'hiver, fait produire
Et les fleurs et les fruits que tout le monde admire.
Les Comptes des Bâtiments de 1671, 1675 et 1680 confirment la description de Denis et nous permettent d'y ajouter quelques détails. Les baraques ou couverts des orangers étaient en bois et se posaient à l'entrée de l'hiver pour être démontes, et les châssis vitrés enlevés au retour de la belle saison ; il en coûtait chaque année 900 livres. Le jardin d'hiver de Trianon, l'Orangerie comme on disait alors, renfermait une grande quantité d'orangers, de jasmins d'Espagne et de fleurs. Il y avait tant de fleurs à Trianon, même en hiver, qu'on l'avait surnommé le Palais de Flore, et le Mercure Galant disait en 1686 :
« Ce lieu étant destiné pour y conserver toutes sortes de fleurs tant l'hiver que l'été, l'art y seconde si bien la nature qu'il en est rempli en toutes saisons. Tous les bassins sont ou paroissent être en porcelaine. On y voit des jets d'eau qui sortent du dedans de plusieurs urnes. Tous les pots dans lesquels sont des plantes de fleurs ou des arbrisseaux sont de porcelaine, et les caisses les imitent par la peinture. »
La seconde journée des fêtes de 1674 eut lieu, le 41 juillet, à Trianon. Au milieu d'une quantité prodigieuse de fleurs, disposées dans l'une des allées du jardin, on chanta le Prologue de Versailles, intermède de Quinault et Lulli ; puis on revint souper à Versailles. En 1675, « la Reine, écrit Mme de Sévigné, le 12 juin, alla hier faire collation à Trianon ; elle descendit à l'église puis à Clagny, où elle prit la Montespan dans son carrosse et la mena à Trianon avec elle. »
Le 12 juin 1684, Louis XIV, après s'être longtemps promené à Trianon, le trouva plus beau que jamais ; le 15, il y donna un grand souper aux dames En 1686, les ambassadeurs de Siam visitèrent le palais. « Le cabinet des Parfums leur plut extrêmement, car ils aiment fort les odeurs, et ils admirèrent la manière de parfumer avec des fleurs .»
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
J'ajoute quelques précisions sur la fameuse Tour de porcelaine :
Elle n'existe plus aujourd'hui et il faut se fier aux témoignages de l'époque ou aux reconstitutions par ordinateur pour la visualiser.
La tour de porcelaine ou pagode de porcelaine ou encore Temple de la Gratitude était une pagode bouddhiste située sur la rive sud du Yangzi Jiang à Nankin, en Chine. Elle fut détruite en 1856 par les Taiping, un groupe de rebelles entrés en guerre contre le pouvoir impérial.
On a une idée assez précise de son aspect, surtout par les nombreux témoignages de voyageurs et envoyés occidentaux, qui la décrivirent abondamment.
La pagode était octogonale, avec une base de 25,6 mètres de diamètre, pour la tour proprement dite (et 29,3 mètres en comptant la véranda de pierre). Le diamètre intérieur était de 14 mètres et l'épaisseur des murs atteignait 3,20 mètres. Une fois construite, elle était l'un des plus grands édifices de Chine, culminant à 79,6 mètres et comportant huit étages. De l'avis du Colonel Cunynghame, un anglais de passage, elle était l'un des plus beaux monuments du monde.
Chaque étage était consacré à une divinité bouddhiste et les murs de chacun étaient ornés de tuiles dorées, représentant Ma-tso-poo, la reine du Ciel. On passait d'un étage au suivant par un escalier fort étroit, dont les premières marches étaient de briques et les suivantes de bois. Les différents étages étaient tous identiques, à l'exception de la superficie de plus en plus réduite des pièces au fur et à mesure de la montée.
Les tuiles de porcelaine qui recouvraient la face extérieure des murs étaient si exactement ajustées que, même vues de fort près, elles produisaient l'illusion que la tour n'était couverte que d'un seul et unique revêtement, parfaitement lisse et uniforme. Le toit était surmonté d'une sphère dorée en forme de poire. Une tige de fer d'une épaisseur considérable encerclait le haut de la pagode, à laquelle étaient accrochés des anneaux d'or, d'où pendaient 152 chaînes.
Les voyageurs voyaient en elle "une des merveilles du monde" et racontaient que le revêtement de porcelaine reflétait la lumière du soleil de manière éblouissante. La nuit on allumait les 140 lampes à huile de la pagode pour l'illuminer, ce qui ne nécessitait pas moins de 40 litres d'huile chaque nuit.
On travailla la porcelaine au vernis, créant des dessins d'animaux, de fleurs et de paysages sur la façade, les couleurs utilisées étant le vert, le jaune, le brun et le blanc. On la décora aussi avec des images bouddhistes.
C'est l'empereur chinois Yongle qui l'aurait dessiné en personne, au début du XVème siècle.
En 1801, la tour fût frappée par la foudre au cours d'un violent orage et ses trois derniers étages endommagés. Ils furent aussitôt réparés.
Dans les années 1850, une guerre civile sévit dans la région : les rebelles Taiping occupent alors Nankin. Ils détruisent les images bouddhistes ainsi que l'escalier pour éviter que les troupes impériales n'utilisent la tour comme poste d'observation de leurs mouvements dans la ville. Des marins américains arrivent en mai 1854 et visitent l'édifice, deux années avant que les rebelles ne la détruisent complètement.
En 2010, le richissime businessman Wang Jianlin a attribué une donation d'un milliard de yuans à la ville de Nankin pour édifier une reconstitution de la tour, inaugurée en 2015. En acier, pas en porcelaine, sans oublier le spectacle son et lumières qui va avec, avis aux amateurs...
Seule consolation : on trouve à l'intérieur des restes d'époque de la décoration...
(Image : Milkomède)
Elle n'existe plus aujourd'hui et il faut se fier aux témoignages de l'époque ou aux reconstitutions par ordinateur pour la visualiser.
La tour de porcelaine ou pagode de porcelaine ou encore Temple de la Gratitude était une pagode bouddhiste située sur la rive sud du Yangzi Jiang à Nankin, en Chine. Elle fut détruite en 1856 par les Taiping, un groupe de rebelles entrés en guerre contre le pouvoir impérial.
On a une idée assez précise de son aspect, surtout par les nombreux témoignages de voyageurs et envoyés occidentaux, qui la décrivirent abondamment.
La pagode était octogonale, avec une base de 25,6 mètres de diamètre, pour la tour proprement dite (et 29,3 mètres en comptant la véranda de pierre). Le diamètre intérieur était de 14 mètres et l'épaisseur des murs atteignait 3,20 mètres. Une fois construite, elle était l'un des plus grands édifices de Chine, culminant à 79,6 mètres et comportant huit étages. De l'avis du Colonel Cunynghame, un anglais de passage, elle était l'un des plus beaux monuments du monde.
Chaque étage était consacré à une divinité bouddhiste et les murs de chacun étaient ornés de tuiles dorées, représentant Ma-tso-poo, la reine du Ciel. On passait d'un étage au suivant par un escalier fort étroit, dont les premières marches étaient de briques et les suivantes de bois. Les différents étages étaient tous identiques, à l'exception de la superficie de plus en plus réduite des pièces au fur et à mesure de la montée.
Les tuiles de porcelaine qui recouvraient la face extérieure des murs étaient si exactement ajustées que, même vues de fort près, elles produisaient l'illusion que la tour n'était couverte que d'un seul et unique revêtement, parfaitement lisse et uniforme. Le toit était surmonté d'une sphère dorée en forme de poire. Une tige de fer d'une épaisseur considérable encerclait le haut de la pagode, à laquelle étaient accrochés des anneaux d'or, d'où pendaient 152 chaînes.
Les voyageurs voyaient en elle "une des merveilles du monde" et racontaient que le revêtement de porcelaine reflétait la lumière du soleil de manière éblouissante. La nuit on allumait les 140 lampes à huile de la pagode pour l'illuminer, ce qui ne nécessitait pas moins de 40 litres d'huile chaque nuit.
On travailla la porcelaine au vernis, créant des dessins d'animaux, de fleurs et de paysages sur la façade, les couleurs utilisées étant le vert, le jaune, le brun et le blanc. On la décora aussi avec des images bouddhistes.
C'est l'empereur chinois Yongle qui l'aurait dessiné en personne, au début du XVème siècle.
En 1801, la tour fût frappée par la foudre au cours d'un violent orage et ses trois derniers étages endommagés. Ils furent aussitôt réparés.
Dans les années 1850, une guerre civile sévit dans la région : les rebelles Taiping occupent alors Nankin. Ils détruisent les images bouddhistes ainsi que l'escalier pour éviter que les troupes impériales n'utilisent la tour comme poste d'observation de leurs mouvements dans la ville. Des marins américains arrivent en mai 1854 et visitent l'édifice, deux années avant que les rebelles ne la détruisent complètement.
En 2010, le richissime businessman Wang Jianlin a attribué une donation d'un milliard de yuans à la ville de Nankin pour édifier une reconstitution de la tour, inaugurée en 2015. En acier, pas en porcelaine, sans oublier le spectacle son et lumières qui va avec, avis aux amateurs...
(Image : lecomptoirdetitam.wordpress.com)
Seule consolation : on trouve à l'intérieur des restes d'époque de la décoration...
(Images : lecomptoirdetitam.wordpress.com)
_________________
J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Versailles : Le Trianon de Porcelaine
Ouf ! J'ai cru un instant à un autre acte de vandalisme franco-anglais
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Page 2 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» Exposition : "Le Petit Trianon sous l'Empire", au Petit Trianon (Versailles)
» Versailles : Le Grand Trianon
» Clés du Petit Trianon ou de Versailles
» Ventes aux enchères du mobilier de Versailles et du Petit Trianon (1793)
» Balade à Versailles et Trianon au temps du Covid
» Versailles : Le Grand Trianon
» Clés du Petit Trianon ou de Versailles
» Ventes aux enchères du mobilier de Versailles et du Petit Trianon (1793)
» Balade à Versailles et Trianon au temps du Covid
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Les lieux de Marie-Antoinette :: Versailles et Trianon :: Le domaine de Versailles
Page 2 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum