Aiguière et bassin en Sèvres offerts par la reine (?) à la duchesse de Tourzel, ancêtre du comte de la Panouse, aujourd'hui à Thoiry

L’incroyable histoire du trésor du château de Thoiry retrouvé… 37 ans après son vol

Ces éléments de vaisselle en porcelaine avaient été offerts par Marie-Antoinette aux ancêtres du propriétaire du château de Thoiry, Paul de La Panouse. Retrouvés par des policiers spécialisés il y a quelques jours, ils lui seront rendus ce jeudi.

Par Mehdi Gherdane
Le 10 avril 2024 à 06h11



Dire qu’il n’en dormait plus serait exagéré. Mais Paul de la Panouse était sincèrement affecté. Et son embarras le poursuivait depuis presque quarante ans, depuis ce cambriolage commis au château de Thoiry (Yvelines) une nuit de 1987. Un inconnu faisait alors main basse sur deux précieux éléments de vaisselle en porcelaine, « transmis de génération en génération. » « Avec ce vol, j’étais devenu malgré moi le maillon défaillant de la chaîne de transmission familiale », confie-t-il, en convoquant la noble ascendance de ses ancêtres.

L’histoire, aux rimes imprévisibles, vient de lui ôter ses scrupules : 37 ans plus tard, ce petit trésor, composé d’un bassin et d’une aiguière, va retrouver sa place dans un salon de l’antique demeure. « J’ai reçu il y a quelques jours l’appel d’un major de l’office central de lutte contre le trafic de biens culturel (OCBC). Il m’annonçait avoir retrouvé cette aiguière. Quelle émotion, mais quelle émotion ! »

Un cadeau de Marie-Antoinette

Pour comprendre la joie du comte de La Panouse, il faut se replonger dans l’histoire familiale. L’homme, fondateur de la réserve africaine du zoo de Thoiry, est issu d’une longue lignée de nobles français. Dans son arbre généalogique, on croise la duchesse de Tourzel, lointaine parente, qui officiait comme gouvernante auprès de Marie-Antoinette, l’épouse du roi Louis XVI. Une fidèle, sans doute la dernière, puisqu’elle avait pris place dans le carrosse royal qui fut rattrapé à Varennes en 1791.

Pour la remercier de son dévouement, la première dame lui offrit un bassin et une aiguière, sorte de vase doté d’une anse. Sa valeur actuelle est, par définition, inestimable mais elle s’échelonnerait entre 50 000 euros et 100 000 euros. La pièce est, en outre, exceptionnelle par sa fabrication : en porcelaine de Sèvres, elle est colorée d’un « bleu céleste » unique au monde. « À peine une vingtaine de porcelaines sur Terre ont eu le privilège de ce bleu », avance Paul de La Panouse. Elle a ainsi été transmise de génération en génération, auréolant d’histoire les salons Renaissance du château de Thoiry. Jusqu’à cette fameuse nuit de 1987…

Son propriétaire ignorait qu’elle était volée

La suite, le dénouement, tient en un fameux « concours de compétences » aidé par un alignement incroyable des astres. On ignore précisément dans quelles mains ont voyagé l’aiguière et le bassin pendant ces 37 ans mais tous deux ont, dès le vol, été inscrits dans une base de données utilisée par des policiers spécialisés dans la recherche d’œuvres d’art.

On les croyait alors disparus dormant sur l’étagère d’un collectionneur peu scrupuleux, abandonnés pour l’éternité dans l’arrière-boutique d’un brocanteur peu regardant. Mais, il y a moins d’un mois, le fichier des policiers a « matché ». « Un expert nous a contactés en nous faisant part de ses doutes sur une faïence qu’on lui avait présentée, détaille le colonel Hubert Percie du Sert, chef de l’OCBC. Nous avons immédiatement vérifié dans nos bases et effectivement, elle est apparue volée en 1987. Disposer des photos est un véritable atout car une œuvre volée réapparaît toujours sur le marché légal. »

Cette fois, c’est grâce à son ancien « propriétaire » qu’elle a refait surface. L’homme, qui ne veut pas divulguer son identité, a souhaité la faire expertiser avant une éventuelle vente. Le commissaire-priseur a tiqué et partagé ses doutes avec un expert. « Le détenteur était de bonne foi et ignorait sa provenance. Quand il a appris qu’elle était déclarée volée, il a tout de suite accepté de la rendre », abonde le policier. L’enquête se poursuivant, on ne saura pas qui lui avait revendue.

Au cas où vous seriez l’heureux possesseur d’une œuvre d’art, il est conseillé de la prendre en photo sous toutes ses formes et même de poser avec elle. Le cliché devrait aider les policiers dans leur enquête et authentifier, en outre, votre titre de propriété…

Source : Le Parisien

Merci pour cette info. Voilà une bonne nouvelle pour le propriétaire !

La provenance présumée de cet ensemble est brièvement évoquée, mais ce n'est pas très clair...

Il est dit qu'il s'agit d'un présent offert par la "première dame" ? Au nom de Marie-Antoinette ? Pas compris...

Aussi, je suis surpris que Marie-Antoinette ait offert une "antiquité" à la gouvernante de ses enfants.  
Sauf erreur de ma part, ces pièces semblent dater des années 1750. Les formes et les décors sont de style "rocaille", très démodé dans les années 1790.  

Cela me rappelle nos discussions concernant ces objets, dits avoir été offerts par Marie-Antoinette.

Je pense que le journaliste entend, par « première dame », la reine, employant un synonyme contemporain inadapté , n’envisageant sans doute pas un instant qu’il puisse nous plonger dans la confusion

Je partage également ton avis quant au style bien daté de l’objet (il faudra attendre Louis-Philippe pour qu’un souverain offre systématiquement des vieilleries inutiles à sa famille et son entourage ), et quant à la véracité douteuse de l’histoire…

Gouverneur Morris a écrit:Je pense que le journaliste entend, par « première dame », la reine, employant un synonyme contemporain inadapté , n’envisageant sans doute pas un instant qu’il puisse nous plonger dans la confusion.

Ah, oui ! Tu as sans doute raison !

Gouverneur Morris a écrit: il faudra attendre Louis-Philippe pour qu’un souverain offre systématiquement des vieilleries inutiles à sa famille et son entourage