Le Titanic : destins hors du commun

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Message par Calonne Lun 20 Mai 2024, 14:05

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sudouest.fr

Une nuit d'avril 1912 disparaît dans les flots glacés de l'Atlantique Nord "le plus beau navire du monde", le célèbre Titanic, lors de son voyage inaugural. On a tout dit sur la catastrophe et sur ce qui s'est passé cette nuit-là. Néanmoins, certains destins nous étonnent encore, plus d'un siècle après.
En voici quelques-uns :

Francis Browne : un énorme coup de chance...

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allthingscatholic.tumblr.com

Né en 1880, Francis Browne est un père jésuite irlandais.
Suite à la mort de ses parents, il est élevé par son oncle. A l'occasion d'un congé au cours de ses études de prêtrise, il reçoit de ce dernier un incroyable cadeau : un billet de 1ère classe entre Southampton et Queenstown en Irlande à bord du Titanic.

Notre homme embarque donc le 10 avril 1912 et occupe la cabine A37, une petite mais confortable cabine pour une seule personne, juste à côté du grand escalier arrière. Son oncle lui ayant également offert un appareil photo, le jeune jésuite prend alors cliché sur cliché, du navire et des passagers. C'est lui qui prend la fameuse photo où l'on voit le professeur de gymnastique de bord s'entraîner dans le gymnase. Il photographie également le commandant Smith, les officiers et d'autres personnalités, des anonymes, de nombreux endroits du bateau...

Le gymnase

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L'embarquement des passagers de 3ème classe

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Dernière vue du Titanic, alors qu'il quitte sa dernière escale, Queenstown, pour poursuivre son voyage

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images : blogs.unicamp.br

Au cours du dîner, Browne est installé à la table d'un couple d'américains millionnaires avec lesquels il se lie d'une vive sympathie. A tel point que le couple lui propose de lui payer le reste de la traversée jusqu'à New York et le retour. Le jeune homme fait donc télégraphier à son supérieur pour lui demander de pouvoir prolonger son congé et reçoit cette réponse sans appel : "Débarquez de ce bateau". Dépité, Browne descend donc à Queenstown comme prévu et rejoint Dublin pour y reprendre ses études de théologie, ce qui lui sauve la vie.
Quand il apprend la nouvelle du naufrage, il récupère le fameux télégramme de son supérieur lui ordonnant de descendre du navire et le range dans son portefeuille. Il le portera désormais sur lui jusqu'à la fin de sa vie.

Suite au naufrage, ses photos seront sollicitées auprès de la commission d'enquête, des journalistes, historiens et des proches des victimes surtout : il s'agissait pour eux des dernières images de leurs proches vivants. Les négatifs, retrouvés intacts, permettent d'alimenter depuis de nombreux ouvrages consacrés au Titanic. Browne meurt en 1960.

Embarquement des bagages de 1ère classe

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Le jeune Douglas Spedden, âgé de 6 ans, en train de jouer sur le pont.  

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Le salon d'écriture

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images : vintag.es

Douglas Spedden : la Parque s'acharne...

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titanic.fandom.com

Nous l'avons vu plus haut, photographié en train de jouer sur le pont. Lui et ses parents avaient embarqué à Cherbourg. Il avait alors 6 ans.
Il sera sauvé par sa gouvernante, Elizabeth Burns, qui partageait sa cabine. Au moment de la collision, tout le monde dort. Mais la brave gouvernante, réveillée et inquiète, le réveille ainsi que ses parents. Ces derniers finissent par céder aux supplications d'Elizabeth, gagnent le pont et se dirigent rapidement vers le canot n° 03. Pour rassurer l'enfant, sa gouvernante lui dit "qu'ils vont admirer les étoiles". Le canot 03 étant à moitié vide, une fois sa femme, son fils et ses domestiques en sécurité, le père reçoit l'autorisation exceptionnelle d'y monter également.
Le jeune Douglas échappe donc au naufrage (il dort toute la nuit à bord du canot, dans les bras de sa gouvernante). Mais la Parque le rattrape trois ans plus tard, en 1915 : alors que la famille est en villégiature dans une station balnéaire, Douglas est renversé par une voiture et meurt quelques heures plus tard. Il avait 9 ans.

Thomas Byles : la foi jusqu'au bout...

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Prêtre catholique, né en 1870, il doit se rendre au mariage de son frère à New York. Ayant pris son billet sur un autre navire, il a la possibilité de l'échanger contre une place en seconde classe à bord du Titanic et embarque donc à bord. L'unique dimanche de la traversée, il donne une messe aux passagers de sa classe puis une autre à ceux de troisième classe, en anglais et en français. Il prononce également un sermon en allemand et hongrois.
La nuit de la collision, il aide femmes et enfants à monter dans les canots, refuse un gilet de sauvetage qu'il donne à un autre passager et refuse à deux reprises d'embarquer dans un canot. Alors que la situation devient tragique, il confesse, sur le pont, tous ceux qui le lui demandent. Selon certains témoins, il aurait confessé et absout plus de cent personnes pendant le naufrage. Au moment où le navire va sombrer, il est aperçu, cramponné au bastingage, priant sans relâche, entouré d'une dizaine de passagers priant avec lui, certains lui tenant la main. Dans l'eau glacée, il trouve moyen de réconforter un autre naufragé qui sanglote à ses côtés, lui assurant qu'il va s'en sortir. Effectivement, ce passager sera déporté vers un canot par une vague et sera secouru. Byles, lui, disparaît dans les flots.

Charles Joughin : quand l'alcool conserve...

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Né en 1878, il travaillait comme boulanger à bord du Titanic.
La nuit de la collision, une fois réveillé, il ordonne à ses assistants de monter et embarquer des sacs de pain à bord des canots. Pressé d'embarquer à bord du canot n° 10, il refuse et regagne sa cabine pour y boire (copieusement) du wisky. Il remonte ensuite sur le pont pour aider des femmes à embarquer, redescend boire un coup, remonte, retourne boire... Au moment où le plancher de sa cabine est inondé, il regagne le pont et se met à balancer par-dessus bord des transats et fauteuils en rotin afin que ceux qui ont plongé puissent s'y accrocher.
Il est sur la poupe quand le navire est englouti. Il passe un long moment dans l'eau glaciale mais survit grâce à la chaleur de tout l'alcool qu'il a bu. Rejeté vers un canot pliable par une vague, il y est récupéré par un de ses collègues qui l'a reconnu. Lorsque le Carpathia vient récupérer les survivants, notre boulanger a les jambes si gelées qu'il doit monter l'échelle à genoux. Il ne gardera pour autant aucune séquelle par la suite et il meurt en 1956.

Masabumi Hosono, l'enfer du rescapé japonais du Titanic

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Né en 1870, Masabumi Hosono est un brillant fonctionnaire du ministère des transports japonais, envoyé en Russie pour y étudier le système ferroviaire russe. En avril 1912, il embarque à bord du Titanic, comme passager de seconde classe. Il est le seul japonais à bord (et en subit d'ailleurs une certaine mise à l'écart des autres passagers).

Après la collision avec l'iceberg, il est réveillé par un stewart qui frappe à sa porte et lui demande de rejoindre le pont. Une fois là, il voit les fusées de détresse éclairer le ciel. Un peu perdu, il gagne le côté bâbord du pont supérieur mais de ce côté, les officiers procédant à l'évacuation suivent strictement la consigne : ne laisser passer que les femmes et les enfants (quitte à laisser partir les canots à moitié vides). Au contraire, sur tribord, les officiers acceptaient d'embarquer des hommes pour combler les canots.
Alors qu'il s'apprête à rebrousser chemin et qu'il pense être condamné, un des officiers procédant à l'évacuation crie : "Il reste de la place pour deux autres personnes !" Neshan Krekorian, un passager de 3ème classe qui se trouve là bondit dans le canot. Après une brève hésitation, Hosono fait de même. C'est le canot n°10 avec 27 personnes à bord et quatre membres d'équipage, soit 31 personnes pour une capacité de 65 places... La nuit est noire, glaciale, tandis que le canot s'éloigne. Hosono écrira être resté hanté par les cris et les appels de ceux qui flottaient dans l'eau glacée, implorant qu'on vienne les chercher. Le canot est l'un des derniers récupérés par le Carpathia.

De retour au Japon, Hosono se voit décrié et déconsidéré pour avoir survécu. Il est même traité de lâche, on lui reproche d'avoir sauvé sa peau alors que d'autres, occidentaux de surcroît, se sont sacrifiés. Son attitude est considérée comme déshonorante pour "l'esprit héroïque" japonais. Descendu en flammes dans la presse, il devient un "exemple d'infâmie" et de déshonneur. L'année suivante, il est licencié par le ministère (en fait, l'homme étant très compétent, il sera transféré en secret à un autre poste, bien plus obscur). Il meurt, méprisé et oublié, en 1939.
C'est sa petite-fille qui dévoile son histoire au grand public, suite au succès phénoménal du film de James Cameron. On découvre alors son récit écrit, détaillé, de la nuit du drame, qu'il avait écrit pour sa femme. Sa petite-fille finit par obtenir officiellement sa réhabilitation.

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