Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
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Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Puisque nous parlons billard, ce matin, et comme nous avions également évoqué la partie de jeu de barres lors de laquelle Marie-Antoinette avait distingué Mme de Polignac, je me rends compte que nous n'avons pas de sujet sur les jeux et les sports .
J'ouvre celui-ci ! :n,,;::::!!!:
Et, tout d'abord, un petit saut en arrière ( mais toujours à Versailles ) :
Le «style» en France, naissance du sport moderne en Angleterre
Au XVIIe siècle, avec la monarchie absolue, le sport, comme toutes les activités de la société, est influencé et contrôlé par le sommet : le monarque absolu détient le sort du divertissement français entre ses mains et instaure une moins forte participation aux jeux et exercices physiques. Les lois qui avaient été instaurées contre les sports violents, comme les duels et qui n'étaient guère respectées, sont appliquées avec rigueur. (Violence et répression)
Au même moment, en Angleterre, le sport moderne voit le jour.
La prédominance des jeux intellectuels en France, jeux de l'esprit et de salon .
Les jeux d'argent vont bientôt confiner à la frénésie.
... désintérêt pour les exercices physiques .
Le jeu de billard est également pratiqué par les dames dès le XVII comme nous le voyons ci-dessous :
Le style prime et les exercices physiques sont dévalorisés. L'abbé Fleury (1640-1723) précepteur du prince de Conti s'en inquiète et en examine les causes :
«Ce qui fait tant mépriser aujourd'hui les exercices est qu'ils ne servent ni à acquérir de l'honneur ni à gagner de l'argent»
(Traité du choix et de la méthode des études, 1675)
Les moralistes du temps rejetaient également les jeux et divertissements. Pour Pascal, le divertissement détourne l'homme de lui-même, comme l'indique l'étymologie du terme (divertere). Il distingue les divertissements (jeux, distractions...) du divertissement, terme générique, qui désigne toutes les activités qui occupent l'esprit et le corps, mais empêchent l'homme de songer à lui (le jeu, le travail...).
Mais ce «vide sportif» était meublé par d'autres activités : le XVIIe siècle est resté dans l'histoire le siècle des jeux de table et de hasard et d'esprit, que l'on compte par centaines :
«Á la Cour et à la ville, la bonne société du temps se livre avec délices à toutes sortes de jeux, au grand scandale des moralistes. Les jeux de cartes et surtout le billard passionnent les courtisans... La danse est donc hors de mode partout ? Chez nous, en France, dès qu'il y a une assemblée, on ne fait que jouer au lansquenet ; c'est le jeu ici le plus en vogue...»
( Princesse Palatine, Lettre du 14 mai 1695. )
Influence décisive du règne de Louis XIV
Les goûts du Roi Soleil ont sans doute joué aussi un rôle dans cette évolution. Son règne personnel s'étend de 1661 à 1715 et son influence fut considérable. Il servira de modèle incontestable à la noblesse et présidera directement à l'orientation des moeurs de la France de l'époque. (Le Roi Soleil, le spectacle de la cour)
Dans sa jeunesse, Louis XIV pratiqua la paume, mais en perdit rapidement l'intérêt et préféra, et avec lui la cour, le jeu de billard qui avait l'avantage de ne pas déranger l'ordonnancement de la perruque. : : : La noblesse délaissa le jeu de paume et nombre de salles furent réutilisées à d'autres fins.
Bien sûr restent à l'honneur la chasse, l'équitation, l'escrime .
....
En 1657 il y avait à Paris 114 jeux de paume, en 1780 il n'en reste plus que 10.
J'ouvre celui-ci ! :n,,;::::!!!:
Et, tout d'abord, un petit saut en arrière ( mais toujours à Versailles ) :
Le «style» en France, naissance du sport moderne en Angleterre
Au XVIIe siècle, avec la monarchie absolue, le sport, comme toutes les activités de la société, est influencé et contrôlé par le sommet : le monarque absolu détient le sort du divertissement français entre ses mains et instaure une moins forte participation aux jeux et exercices physiques. Les lois qui avaient été instaurées contre les sports violents, comme les duels et qui n'étaient guère respectées, sont appliquées avec rigueur. (Violence et répression)
Au même moment, en Angleterre, le sport moderne voit le jour.
La prédominance des jeux intellectuels en France, jeux de l'esprit et de salon .
Les jeux d'argent vont bientôt confiner à la frénésie.
... désintérêt pour les exercices physiques .
Le jeu de billard est également pratiqué par les dames dès le XVII comme nous le voyons ci-dessous :
Le style prime et les exercices physiques sont dévalorisés. L'abbé Fleury (1640-1723) précepteur du prince de Conti s'en inquiète et en examine les causes :
«Ce qui fait tant mépriser aujourd'hui les exercices est qu'ils ne servent ni à acquérir de l'honneur ni à gagner de l'argent»
(Traité du choix et de la méthode des études, 1675)
Les moralistes du temps rejetaient également les jeux et divertissements. Pour Pascal, le divertissement détourne l'homme de lui-même, comme l'indique l'étymologie du terme (divertere). Il distingue les divertissements (jeux, distractions...) du divertissement, terme générique, qui désigne toutes les activités qui occupent l'esprit et le corps, mais empêchent l'homme de songer à lui (le jeu, le travail...).
Mais ce «vide sportif» était meublé par d'autres activités : le XVIIe siècle est resté dans l'histoire le siècle des jeux de table et de hasard et d'esprit, que l'on compte par centaines :
«Á la Cour et à la ville, la bonne société du temps se livre avec délices à toutes sortes de jeux, au grand scandale des moralistes. Les jeux de cartes et surtout le billard passionnent les courtisans... La danse est donc hors de mode partout ? Chez nous, en France, dès qu'il y a une assemblée, on ne fait que jouer au lansquenet ; c'est le jeu ici le plus en vogue...»
( Princesse Palatine, Lettre du 14 mai 1695. )
Influence décisive du règne de Louis XIV
Les goûts du Roi Soleil ont sans doute joué aussi un rôle dans cette évolution. Son règne personnel s'étend de 1661 à 1715 et son influence fut considérable. Il servira de modèle incontestable à la noblesse et présidera directement à l'orientation des moeurs de la France de l'époque. (Le Roi Soleil, le spectacle de la cour)
Dans sa jeunesse, Louis XIV pratiqua la paume, mais en perdit rapidement l'intérêt et préféra, et avec lui la cour, le jeu de billard qui avait l'avantage de ne pas déranger l'ordonnancement de la perruque. : : : La noblesse délaissa le jeu de paume et nombre de salles furent réutilisées à d'autres fins.
Bien sûr restent à l'honneur la chasse, l'équitation, l'escrime .
....
En 1657 il y avait à Paris 114 jeux de paume, en 1780 il n'en reste plus que 10.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Bonne idée de sujet !
J'ai découvert récemment un jeu à la mode au XVIIème siècle qui avait encore des adeptes au XVIIIème : le mail. C'est pourquoi de nombreuses villes ont toujours des cours du mail. Dont Versailles, évidemment.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_mail
J'ai découvert récemment un jeu à la mode au XVIIème siècle qui avait encore des adeptes au XVIIIème : le mail. C'est pourquoi de nombreuses villes ont toujours des cours du mail. Dont Versailles, évidemment.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_mail
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
A l'Hôtel de Lassay, le Salon des Jeux occupe une partie de la fameuse galerie dans laquelle le marquis de Lassay avait exposé sa collection de tableaux des écoles flamandes, italienne et espagnol.
Au XVIIIe siècle, le prince l'avait consacrée à la gloire du Grand Condé et décorée de quatre tableaux représentants les batailles de Rocroi et de Nordlingen, par Le Paon, de Fribourg et de Lens, par Casanova.
Il doit aujourd'hui son nom aux dessus de porte de Heim dans lesquels sont représentés Le jeu de boules, La main chaude, L'escarpolette, Le saut de mouton, Colin-maillard, Le volant.
Le jeu de boules
La main chaude
Le saut de mouton
Colin-maillard
Le volant
.
Au XVIIIe siècle, le prince l'avait consacrée à la gloire du Grand Condé et décorée de quatre tableaux représentants les batailles de Rocroi et de Nordlingen, par Le Paon, de Fribourg et de Lens, par Casanova.
Il doit aujourd'hui son nom aux dessus de porte de Heim dans lesquels sont représentés Le jeu de boules, La main chaude, L'escarpolette, Le saut de mouton, Colin-maillard, Le volant.
Le jeu de boules
La main chaude
Le saut de mouton
Colin-maillard
Le volant
.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Reinette a écrit:Bonne idée de sujet !
J'ai découvert récemment un jeu à la mode au XVIIème siècle qui avait encore des adeptes au XVIIIème : le mail. C'est pourquoi de nombreuses villes ont toujours des cours du mail. Dont Versailles, évidemment.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_mail
Tiens, ça par exemple !!! C'est ce que j'appelais croquet !
Tu m'apprends un mot nouveau .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Ils sont amusants ces petits angelots... :
J’ignorais que le jeu du volant, l’ancêtre du badminton, était si ancien !
Voir notamment sur ce site de nombreuses illustrations : http://publicpleasuregarden.blogspot.fr/2013/05/american-commercail-gardens-activities.html
J’ignorais que le jeu du volant, l’ancêtre du badminton, était si ancien !
Voir notamment sur ce site de nombreuses illustrations : http://publicpleasuregarden.blogspot.fr/2013/05/american-commercail-gardens-activities.html
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
N'est-ce pas qu'ils sont craquants ! On a envie de les papouiller .
Une question :
Comment joue-t-on à la main chaude ?
En quoi cela consiste-t-il ?
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
La nuit, la neige a écrit:Ils sont amusants ces petits angelots... :
J’ignorais que le jeu du volant, l’ancêtre du badminton, était si ancien !
Voir notamment sur ce site de nombreuses illustrations : http://publicpleasuregarden.blogspot.fr/2013/05/american-commercail-gardens-activities.html
Louis-Charles et Marie-Thérèse y jouaient au Temple.
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Mme de Sabran a écrit:
N'est-ce pas qu'ils sont craquants ! On a envie de les papouiller .
Une question :
Comment joue-t-on à la main chaude ?
En quoi cela consiste-t-il ?
Chez moi quand on dit main chaude c'est quand le dernier qui a lancé les dés doit recommencer.
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Jouer à la main chaude
Exemples :
« Quiconque prononcera les mots de Girondin et de Brissotin sera jetté dans les cachots et courra risque de jouer à la main chaude à la manière du traître Capet » n°241-1793
« Ses bons avis à la convention pour qu’elle fasse promptement jouer le général Moustache à la main chaude [...] » n°263-1793.
Dans le « jeu de la main chaude », une personne, courbée sur les genoux d’une autre et les yeux fermés, recevait des petits coups sur une main, qu’elle tendait derrière elle, et devait deviner qui l’avait touchée.
La position courbée et la tête baissée en avant, les mains placées derrière le dos, il n’en fallait pas plus pour que le langage imagé s’empare du jeu pour en faire une allusion aux exécutions capitales :
« au figuré, avoir les mains liées derrière le dos, comme le sont ordinairement les patients que l’on conduit au supplice, et par allusion avec ce jeu » Dictionnaire du bas-langage.
Hébert ayant de nombreuses occasions de réclamer la peine de mort contre les ennemis de la Révolution, réels ou supposés, l’expression « jouer à la main chaude » est assez fréquente dans son Père Duchesne en 1793 et 1794.
De même, il réclame alors souvent ce supplice contre tous les « traîtres », ainsi en septembre 1793 n°286. Dans ces extraits ci-dessus sont tour à tour visés les Girondins et leurs partisans à la fin de mai 1793 n°241, c’est-à-dire juste avant le coup de force des 31 mai et 2 juin 1793 contre la Gironde ; puis le « général Moustache » n°263, qui n’est autre que Custine, dont Hébert réclame – et obtient – l’arrestation en cette fin de juillet 1793 voir mâcher châtaigne*. Custine possédait de fait une moustache particulièrement fournie [...] - la moustache faisait alors partie des attributs réputés virils, notamment chez les sans-culottes
Custine, mon gendre ( !!! ) a donc joué à la main chaude, le malheureux !
J'en apprends tous les jours .
.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
La nuit, la neige a écrit:Ils sont amusants ces petits angelots... :
On sait désormais à qui Borg a piqué l'idée du bandeau :
Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Mme de Sabran a écrit:
Dans le « jeu de la main chaude », une personne, courbée sur les genoux d’une autre et les yeux fermés, recevait des petits coups sur une main, qu’elle tendait derrière elle, et devait deviner qui l’avait touchée.
La position courbée et la tête baissée en avant, les mains placées derrière le dos, il n’en fallait pas plus pour que le langage imagé s’empare du jeu pour en faire une allusion aux exécutions capitales :
« au figuré, avoir les mains liées derrière le dos, comme le sont ordinairement les patients que l’on conduit au supplice, et par allusion avec ce jeu » Dictionnaire du bas-langage.
.
J'ai enfin compris ce que cette expression signifiait, merci Eléo.
Voici un tableau représentant le jeu de la main chaude :
Il se trouve à la National Gallery :
http://www.nationalgallery.org.uk/paintings/follower-of-hieronymus-janssens-ladies-and-gentlemen-playing-la-main-chaude
Ladies and Gentlemen playing La Main Chaude
probably 1655-65, Follower of Hieronymus Janssens
The game which the figures are playing involves one person hiding his face on the lap of another, and then guessing who has hit his hand which is behind his back.
This painting was formerly attributed to Janssens, but is now considered to be the work of a follower. It can probably be dated by the clothes to about 1655-65.[/i]
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Cosmo a écrit:
J'ai enfin compris ce que cette expression signifiait, merci Eléo.
Voici un tableau représentant le jeu de la main chaude :
[i]Ladies and Gentlemen playing La Main Chaude
probably 1655-65, Follower of Hieronymus Janssens
Merci pour ce beau tableau, cher Cosmo ! :n,,;::::!!!:
Moi aussi, je visualise bien le jeu à présent, mais je ne comprend pas bien en quoi consiste l'amusement ?!!
... toi , si ?
.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Oui, il faut trouver qui te touche la main par derrière ! ... un moyen de toucher l'autre sans en avoir l'air..
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
... ben oui !
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Et d'avoir la tête sur les cuisses de sa belle...
Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
.... un prétexte à papouilles ? :
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Gouverneur Morris a écrit:Et d'avoir la tête sur les cuisses de sa belle...
... entre les cuisses presque à en juger par le tableau.
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Mme de Sabran a écrit:
.... un prétexte à papouilles ? :
... bah oui. Parce-que franchement, ça a l'air c*n comme jeu!
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Cosmo a écrit:Gouverneur Morris a écrit:Et d'avoir la tête sur les cuisses de sa belle...
... entre les cuisses presque à en juger par le tableau.
J'allais dire quelque chose, mais la bienséance ...
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Lâche toi, les enfants dorment à cette heure-ci ! :
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
C'est vrai que ce jeu paraît limite-limite...
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Reinette a écrit:C'est vrai que ce jeu paraît limite-limite...
Bon, eh bien nous apporterons plutôt des boules de pétanques à notre pique-nique prochain ! : : :
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Mme de Sabran a écrit:Reinette a écrit:C'est vrai que ce jeu paraît limite-limite...
Bon, eh bien nous apporterons plutôt des boules de pétanques à notre pique-nique prochain ! : : :
Oui je préfèrerais ! J'adore !!! :n,,;::::!!!:
Quoique ma fille commencera à ramper... àè-è\':
J'opte pour une partie de badminton !
Invité- Invité
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
L'Académie universelle des jeux
La diffusion des règles de jeux sous forme de livres imprimés commence dès la fin du XVe siècle et se concentre d’abord sur les jeux de tabliers (échecs, dames...).
Les échecs, de loin le jeu le plus prestigieux, suscitent une littérature normative précoce : dès 1507 apparaissent les premières règles imprimées en langue allemande.
Après la deuxième décennie du XVIIe siècle, les jeux de cartes dominent, sur les tables comme dans les livres. Tout commence en 1631 avec Le Jeu du picquet (Paris, chez Charles Hulpeau). En 1654 paraît La Maison académique, recueil général de tous les jeux divertissants pour se réjouir agréablement dans les bonnes compagnies. On y trouve le piquet, le hoc, le trictrac, le billard, la paume, le jeu de l’oie, la chouette, le renard et les poules, et d’autres jeux encore.
Cet ouvrage va renaître en 1718, cette fois sous le titre Académie universelle des jeux (Paris, Nicolas Le Gras, approbation et privilège de 1717). Cet important recueil aura avant 1800 vingt-cinq éditions !
Ce livre phare est devenu un des ouvrages emblématiques de la culture lettrée des joueurs des classes supérieures… ou de ceux qui se prétendent tels. Ainsi Ange Goudar ironise-t-il sur un noble joueur-tricheur: "Pour toute bibliothèque, il avoit le Livre de l’Académie des jeux !"
(propos issus d’un article de Manfred Zollinger)
Lois et règles de jeux pour l’esprit et le bonheur des hommes
Par Manfred Zollinger
"Observant donc les règles et maximes qui y sont décrites, vous éviterez les querelles qui arrivent souvent faute d’en être bien informé et entretiendrez la société qui est l’union de toutes choses."
Premier manuel du jeu du piquet, imprimé en 1631.
Pas de jeu sans règles. Et pas de règles sans accord général sur leur validité.
Comme disait Érasme: "Il n’y a pas de jeu si l’on n’est pas d’accord sur les règles.".
De là un processus que définit bien Louis-Sébastien Mercier : "Tout jeu a ses règles, et ces règles sont des lois pour ceux qui jouent."
Avec des règles reconnues par tous ceux qui jouent, le jeu peut devenir un des plus puissants outils de civilisation.
Le besoin de réglementation croît à mesure que le goût du jeu se répand dans la noblesse et la bourgeoisie. La prolifération des règles correspond à "cette nécessité de jeu partout où il se forme une société", remarque, d’un ton critique, le baron Grimm.
Les règles accompagnent en effet de près l’offre de jeux, qui va toujours croissant. Une véritable industrie se crée, de sorte que, dès le début du XVIIe siècle, des moralistes se plaignent de la publication de ces livres "inutiles", qu’ils accusent de susciter de nouveaux joueurs.
Or la production commerciale de jeux par des artisans s’accompagne de la publication de règles. Les jeux eux-mêmes évoluant selon les modifications apportées par les joueurs, lois et règles imprimées deviennent rapidement obsolètes ; aussi, pour suivre les nouvelles manières de jouer, auteurs et éditeurs se doivent-ils de publier des manuels régulièrement mis à jour.
À cela s’ajoute la "mode", qui influe d’une façon non négligeable sur la production de la littérature ludique. À partir du milieu du XVIIIe siècle, tandis que le whist, un jeu né en Angleterre, fait fureur sur le continent, imprimeurs et libraires s’adaptent rapidement à cette vague. (…)
Des livres pour jouer
Le goût du jeu va de pair avec sa codification, mais aussi avec la diffusion des règles par le livre dans une société toujours plus alphabétisée. Un auteur écrit en 1785 à propos du jeu de l’hombre: "Très souvent j’ai été témoin du fait que, lorsque des cas douteux survenaient dans une société, quelques-uns invoquaient l’Académie des jeux pour légitimer leur opinion grâce aux lois du jeu contenues dans ce livre."
Inutile de souligner que ce commentateur ne considère pas l’Académie comme une autorité suffisante car c’est la spécialisation de l’auteur qui fonde l’autorité de ses écrits : Philidor évoque ce processus de légitimation à travers "ces décrets, fondés d’abord sur la raison, ensuite consacrés par l’usage, confirmés enfin par la pratique des meilleurs joueurs & l’approbation des auteurs les plus célèbres".
Si le livre peut devenir l’arbitre, ce phénomène se heurte pourtant à deux obstacles. Entre le jeu, expérience dynamique, et sa règle imprimée, outil statique, le fossé semble large, et la valeur des règles imprimées se ressent du dilemme de ce passage de la praxis à l’écrit.
La pratique du jeu se fonde pour une part essentielle sur ce que Carlo Ginzburg appelle le "savoir indiciaire"; dans l’idéal, il s’agit de fournir "un écrit si clair, & si intelligible, qu’à la première lecture [!] vous soyez instruite de tout ce jeu, comme si vous aviez joué bien longtemps", lit-on dans Le Jeu de l’hombre.
Mais l’auteur ne décrit que "l’essentiel & le fond", car "jouer ce Jeu en perfection […] dépend fort du génie & de l’expérience".
À cet égard, Manoury, marchand-limonadier et auteur, en 1770, d’un livre sur le jeu de dames, cite Jean-Baptiste Rousseau, qui comparait le jeu d’échecs au "jeu des vers": "Savoir la marche est chose très-unie, jouer le jeu, c’est le fruit du génie."
Le deuxième problème tient au fait que lois et règles imprimées doivent respecter les préceptes de l’Église et ceux de l’État, hostiles à certains jeux.
Ainsi, les Divertissemens innocens de 1696 ne contiennent, de façon explicite, que des jeux conformes aux lois, tout comme le plus grand recueil de règles autrichien, imprimé en 1756. En page de titre de telle autre compilation allemande de 1697, la bassette, un jeu de hasard, se trouve bien annoncée, mais la règle de ce jeu, prohibé depuis peu par l’empereur, manque dans le corps de l’ouvrage !
.
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux au XVIIIe siècle (hors jeux de cartes)
Merci, Eléonore. Historiquement, la mode du jeu a été très encouragée par Louis XIV. Il fallait s'amuser à Versailles, et jouer était un devoir pour tout courtisan, au même titre qu'aller à la messe ! Louis XIV ne badinait pas avec ça. Les courtisans devaient être à leur poste. Sinon, Louis XIV le prenait très mauvais.
La mode a bien pris semble-t-il puisque c'est une véritable frénésie de jeu qui s'empare de la noblesse au XVIIIème siècle. Le duc de Gesvres fait fortune en ouvrant des casinos. Il est tellement riche qu'il nourrit quasiment toute la Cour : . Il invite beaucoup de monde aux diners qu'il organise dans ses appartements au château de Versailles.
Quant au comte d'Artois et à Marie-Antoinette, on connaît leur goût immodéré pour le jeu... Marie-Antoinette aimait particulièrement le pharaon semble-t-il.
La mode a bien pris semble-t-il puisque c'est une véritable frénésie de jeu qui s'empare de la noblesse au XVIIIème siècle. Le duc de Gesvres fait fortune en ouvrant des casinos. Il est tellement riche qu'il nourrit quasiment toute la Cour : . Il invite beaucoup de monde aux diners qu'il organise dans ses appartements au château de Versailles.
Quant au comte d'Artois et à Marie-Antoinette, on connaît leur goût immodéré pour le jeu... Marie-Antoinette aimait particulièrement le pharaon semble-t-il.
Invité- Invité
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