La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
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La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
Laure-Auguste de Fitz-James, princesse de Chimay, est née à Paris le 7 décembre 1744 et morte dans la même ville le 26 septembre 1814. Elle est dame d'honneur de la reine Marie-Antoinette à partir de 1775 jusqu'à la chute de la monarchie.
Laure-Auguste est la fille de Charles de Fitz-James, militaire français, petit-fils du roi Jacques II d'Angleterre, et de Victoire Louise Sophie Goyon de Matignon, dame du palais de la reine Marie Leszczyńska, puis de la dauphine. Elle épouse le 28 septembre 1762 le quinzième prince de Chimay, Philippe-Gabriel-Maurice d'Alsace-Hénin-Liétard.
En 1767, elle succède à sa mère comme dame du palais de la Reine et remplit ce même office auprès de Marie-Antoinette, à l'arrivée de la dauphine deux ans après la mort de l'épouse du roi Louis XV. En 1775, Marie-Antoinette, devenue reine, la nomme dame d'honneur, en remplacement de la comtesse de Noailles, qu'elle déteste. C'est à elle que le frère cadet du roi, le comte d'Artois, achète en 1775 le petit château de Bagatelle, avant sa reconstruction, à Neuilly.
Madame de Chimay devient une proche de Marie-Antoinette, qui l'apprécie et partage avec elle le goût pour la musique et l'opéra. Grâce à cette protection, elle occupe un appartement de douze pièces dans l'aile du Midi du château et la chambre d'entresol du Petit Trianon. Dévouée et digne de confiance, elle reste auprès de la reine, à Versailles, jusqu'au départ de la famille royale vers les Tuileries le 5 octobre 1789. Elle s'exile alors hors de France, vers Bruxelles, Maastricht puis Erfurt. À son retour en France, elle se consacre au « soulagement des malheureux » avec piété et dévotion religieuse. Elle meurt à Paris à l'âge de 69 ans, sans avoir eu d'enfants.
Source : wikipedia.
cosmo- Invité
Re: La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
Voici un excellent article sur la princesse de Chimay : http://versaillesblog.blogspot.fr/2008/10/une-dame-dhonneur-de-marie-antoinette.html
Laure Auguste de Fitz-James (1744-1804), était la fille du duc de Fitz James, Charles de Berwick, maréchal de France et de la duchesse, née Victoire Goyon de Matignon. Elle fut mariée le 28 septembre 1762 à Philippe Gabriel Maurice Joseph d'Hénin Liétard, prince de Chimay dont elle n’eut aucune postérité.
" Cette princesse, encore plus distinguée par sa foi et sa piété que par le sang royal des Stuarts dont elle étoit issue, doit trouver place dans cet ouvrage , particulièrement destiné à consacrer le souvenir des vertus qui honorent la religion, comme à recueillir les événements qui l'intéressent. Petiie-fille du maréchal de Bervrick, de ce héros dont les victoires assurèrent à Philippe V la couronne d'Espagne ; fille du dernier maréchal de Fitz-James, elle sembloit avoir reçu, avec le sang de ses ancêtres, l'élévation des sentimens, l'amour de la religion, la fidélité inviolable pour des souverains malheureux. Héritage qu'elle a eu la consolation de voir recueillir avec gloire par ses neveux. Elle puisa, dans les grands exemples de ses vertueux parens, cette piété sincère, aimable, éclairée, qui fut l'ame de sa vie entière. Aussi conserva-t-elle la vénération la plus- profonde pour les auteurs de ses jours. Ils étoient sa gloire et ses modèles; et parmi tous les titres qu'ils lui avoient laissée, le seul dont elle parlât avec complaisance étoit celui d'enfant des sfiints, qu'elle s'eflbrcoit de mériter en les imitant. Elle épousa, en 1763 , M. le prince de Chimay , dernier rejeton de son ancienne maison. Placée , fort jeune, près de la reine Marie Leczinska, en qualité de dame du palais, elle fut bientôt nommée dame d'honneur de la Reine, femme de Louis XVI. Pendant trente années qu'elle parut à la cour elle y lit constamment admirer la réunion de tous les dons de la nature, avec les vertus les plus solides, toutes les qualités propres à plaire, avec une piété qui ne se démentit jamais, et dont la calomnie même n'osa tenter de ternir l'éclat. Son unique ambition fut de remplir ses devoirs; elle s'y livroit avec un dévouement plein de dignité. Elle ne vit dans la première place de la cour qu'une obligation plus rigoureuse de donner de grands exemples, et quelquefois des conseils utiles. Mais en disant la vérité, elle eut l art si difficile de la faire entendre sans blesser, par ses égards respectueux , par une douceur pleine de charmes , qui en tempéroit l'amertume. Disons à la louange de la Reine, qu'elle apprécia ce mérite si rare dans les cours; elle l'honora d'une confiance plus glorieuse pour la souveraine qui l'accorde, que pour celle qui sait la mériter par de si nobles moyens. Si sa vertu inspira le respect , elle sut mieux encore se faire aimer, par l'indulgence et la bonté pour ses inférieurs, par une bienveillance attentive et prévenante, qui lui méritèrent l'attachement de tous ceux qui eurent le bonheur de l'approcher. Au sein des illusions et des plaisirs, le soulagement des malheureux et la douceur de l'amitié furent les seules jouissances qu'elle sembla s'être réservées. Le choix de ses amis honore également son discernement et son cœur. Aussi les amis de sa jeunesse lurent-ils ceux de toute sa vie; ils furent , avec sa famille, les objets constants de ses soins les plus assidus, et de ses affections les plus tendres. Les regrets qu'elle leur a laissés ne peuvent s'adoucir que par l'espérance du bonheur que tant de vertus lui ont sans doute mérité . L'indigence et le malheur furent toujours auprès d'elle une recommandation toute puissante : nulle bonne œuvre qui n'intéressât son zèle; et comme elle ne vouloit jamais le bien à demi, elle commençoit par s'imposer à elle-même des privations rigoureuses. Elle ne dédaignoit pas aussi de solliciter des aumônes; c'étoit pour elle l'emploi le plus doux de l'autorité que son rang et ses vertus lui avoient assurée. Sa prospérité n'avoit pu la séduire ; le malheur la trouva inébranlable. Peu de François ont plus vivement senti les maux de leur pairie, et surtout ceux de la famille royale. Sa seule consolation fut de prodiguer à sa souveraine malheureuse toutes les marques du plus fidèle attachement. La journée du 10 août vint les séparer pour jamais. Mme. la princesse de Chimay , forcée de se bannir comme tant d'autres, se fit partout distinguer par son angélique piété, et par sa touchante sollicitude pour tous les malheureux que les événemens avoient forcés de fuir, comme elle, leur patrie. "
D'abord dame du palais de la reine Marie Leczinska , elle devint dame d'atour de la reine Marie-antoinette en 1775 à la suite de Mme de Mailly, puis succéda à la comtesse de Noailles, la fameuse" Madame Etiquette" tant détestée par Marie Antoinette, à la suite de sa démission. Fort complaisante , elle accepta le nouveau statut de la dame d'honneur de la reine, qui avait beaucoup perdu de droits quant la reine rétablît la charge supérieure de surintendante de la Maison de la reine.
Mme Campan nous indique en quoi consistait sa charge : " La dame d'honneur nommait aux emplois et aux charges ; recevait les prestations de serment en l'absence de la surintendante; faisait les présentations; envoyait les invitations au nom de la reine pour les voyages de Marly , de Choisy , de Fontainebleau , pour les bals, les soupers , les chasses ; le renouvellement du mobilier, du linge et des dentelles de lit et de toilette, se faisait par ses ordres. Le chef du garde-meuble de la reine travaillait avec la dame d'honneur sur ces objets; le renouvellement des draps, serviettes , chemises , dentelles , avait lieu , jusqu'à l'époque où M. de Silhouette fut nommé contrôleur-général , tous les trois ans ". En fait, elle était constamment présente auprés de la reine, depuis son lever à son coucher, donnant les ordres et surveillant tous les faits et gestes des domestiques dans l'appartement de la reine et particulièrement dans la chambre à coucher. Tous les jours , elle assistait , à la seconde place derrière la Surintendante, au lever de la reine, l'escortait à la messe, à son petit couvert public , participait à sa promenade et à son jeu. Pareillement au matin, elle était tenue d'assister au bon déroulement du coucher de la reine, mais dut s'en dispenser souvent car la reine vivait la nuit, dès le début de son règne, mettant à mal , l'étiquette et les cérémonies journalières de sa vie de représentation.
Elle avait toujours la deuxième place dans le carosse de la Reine, à chaque sortie officielle de la Reine.
Elle était également chargée d'une partie de ce que l'on appelerait aujourd'hui secrétariat administratif, supervisant l'emploi du temps officiel de la reine, ses audiences, son courrier officiel, les affaires de bienfaisances et de solliciteurs.
Elle avait ses " entrées" à toute heure dans les petits appartements et au petit Trianon ( où elle disposait d'une chambre entresolée ), mais elle ne dirigeait rien car , dans ces espaces intimes, seule la reine était la maitresse de maison et y faisait régner l'ordre qu'elle souhaitait.
Elle remplira cette charge avec un tel tact vis à vis de la surintendante, et sut si bien s'adapter aux besoins et à la coterie de la reine, que celle ci lui en fut gré et la conserva comme dame d'honneur jusqu'à la chute de la monarchie. La princesse de Chimay, devint ainsi pendant dix-sept ans dame d'honneur. La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine , douée d'excellentes qualités , n'en fut pas moins mordue par le chien de la cour , c'est-à-dire atteinte de la manie de rançonner le plus possible la famille royale. Elle demanda une augmentation de traitement de quarante mille livres qui lui fut accordée , ce qui porta sa pension à cent mille livres , sans compter une somme semblable provenant de bénéfices divers. C'est une preuve qu'en ce temps-là les choses se faisaient grandement dans la royale maison de France.
Modèle de la Cour par sa piété et ses vertus. "La princesse de Chimay était, je l'ai dit, une femme charmante et bonne, aussi élégante que distinguée par sa conduite et ses vertus" indique la baronne d'Oberckirch dans ses mémoires.
Le prince de Montbarrey détaille ses vertus - qui détermineront probablement la reine à la choisir quant il fallut remplacer la revêche et compassée comtesse de Noailles : " La princesse de Chimay qui succéda à la maréchale de Mouchy, réunissait à une haute naissance une grande vertu. Sa réputation était à l'abri de tout soupçon ; mais ces qualités, qui suffisent à un particulier, ne donnent pas la fermeté qui maintient et conserve les formes de l'étiquette, et qui impose à la familiarité. La princesse de Chimay fut un modèle d'honnêteté, comme la maréchale de Mouchy, mais elle n'eut pas la force de faire suivre son exemple."
De part cette charge importante au sein de la " Maison de la Reine," elle posséda au chateau de Versailles, un splendide appartement à l'attique de l'aile des princes, et cet appartement de fonction était si grand que l'on avait nommé ,l'attique où elle habita l'attique Chimay.
La princesse de Chimay occupa en effet un appartement de plus de 12 pièces dans l'attique de l'aile du midi , ayant vue sur le parterre du midi, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la verrière de la galerie des Batailles.
L'appellation " Attique Chimay" venant du logement de cette dame , est en fait, erronée et date des années 1950 au moment où G Van Der Kemp réaménagea cet étage, en espaces muséographiques consacré à l'Empire.
Cet attique ne concerne ,en fait , que l'étage au dessus du Grand appartement de la reine, la salle du Sacre, la salle de 1792, l'escalier des Princes et le dessus de la Galerie de pierre de l'aile du midi.
Malgré le voisinage immédiat avec la reine, on ignore la raison pour laquelle les "grandes charges "de la maison de la reine ( comme les dame d'honneur, dame d'atour, premier écuyer ) n'habitaient pas cet endroit, car selon l'usage ces dignitaires disposaient d'appartements de fonction situés au plus près de leur lieu de travail. Il aurait été logique que cette dame d'honneur habita l'attique sur jardin au dessus de la reine, c'était l'endroit idéal pour son habitation . Au Louvre, par exemple, les dames d'honneur habitaient au sein de l'appartement de la reine, un logement au dessus de celui de la reine, relié par un escalier particulier, prêtes à répondre aux ordres de la souveraine.
Etrangement , ce ne fut jamais le cas à Versailles. La dame d'honneur ne disposa que de 2 cabinets dans les combles au dessus des cabinets intérieurs de la reine pour se reposer pendant son service journalier - pièces rétablies en 1980 et qui se visitent. On ne connait pas précisément la distribution de ce logement, mais son ampleur s'explique aisément par le fait que la dame d'honneur, de par son rang officiel à la cour et la représentation de la charge exigaient une vie mondaine continuelle.
La dame d'honneur reçoit beaucoup à cause de son travail . Par exemple, il était d'usage que les dames nouvellement " présentées" fassent une visite de courtoisie à la dame d'honneur la veille de leur présentation à la reine. Hors son " service" au lever, à la toilette, à la messe, aux grands couverts , aux promenades et couchers de la reine, elle recevait en audiences commensaux et quémandeurs, tenait table ouverte tous les jours, donnait receptions et bals .Tout cela au nom de la reine ...
Aussi son appartement devait compter antichambres, salle à manger, grand cabinet, salon de compagnie et un appartement d'habitation complet avec une cuisine particulière car elle était quasiment obligée de vivre à demeure à Versailles. W R Newton le localise dans son " espace du Roi" et indique quelques demandes de travaux. Il existe des plans aux Archives Natinales.
Marie Antoinette apprécia beaucoup cette dame qu'elle compta parmi ses dames préférées. Elle la conserva longtemps auprès d'elle comme sa dame d'honneur jusqu'à la chute de la royauté, aprés la démission de Mme de Noailles, la " Mme Etiquette" qu'elle supporta et détesta longtemps.
Aussi on peut penser qu'elle favorisera ses demandes de travaux pour l'amélioration de son appartement, comme elle le faisait avec ses autres amies comme Mme de Lamballe, Mme de Polignac ou Mme d'Ossun. Détailler son mobilier est quasiment impossible car selon l'usage , d'une part une partie du mobilier était fourni par le garde meuble de la Couronne (Le garde meuble fournissait en effet, selon l'importance de l'occupant et sa charge, un mobilier varié plus ou moins riche et souvent des pièces de remploi provenant des appartements royaux ) et d'autre part , chaque occupant pouvait apporter son mobilier personnel pour le compléter. Aussi, il faudrait se pencher sur les archives de la famille de Chimay et éplucher les inventaires du mobilier de la Couronne et les journaux du Garde Meuble qui existent toujours, afin de trouver des indications éventuelles concernant ce mobilier.
Source principale :
Cette fiche a été établie par :
Mr le Gentilhomme de la Chambre du forum Connaissances de Versailles - Modifiée et complétée par Admin le 08.10.08
Topic original du 17.02.06 et discussions :
http://versailles.forumculture.net/les-appartements-f35/appartement-de-la-princesse-de-chimay-t93.htm
Laure Auguste de Fitz-James (1744-1804), était la fille du duc de Fitz James, Charles de Berwick, maréchal de France et de la duchesse, née Victoire Goyon de Matignon. Elle fut mariée le 28 septembre 1762 à Philippe Gabriel Maurice Joseph d'Hénin Liétard, prince de Chimay dont elle n’eut aucune postérité.
" Cette princesse, encore plus distinguée par sa foi et sa piété que par le sang royal des Stuarts dont elle étoit issue, doit trouver place dans cet ouvrage , particulièrement destiné à consacrer le souvenir des vertus qui honorent la religion, comme à recueillir les événements qui l'intéressent. Petiie-fille du maréchal de Bervrick, de ce héros dont les victoires assurèrent à Philippe V la couronne d'Espagne ; fille du dernier maréchal de Fitz-James, elle sembloit avoir reçu, avec le sang de ses ancêtres, l'élévation des sentimens, l'amour de la religion, la fidélité inviolable pour des souverains malheureux. Héritage qu'elle a eu la consolation de voir recueillir avec gloire par ses neveux. Elle puisa, dans les grands exemples de ses vertueux parens, cette piété sincère, aimable, éclairée, qui fut l'ame de sa vie entière. Aussi conserva-t-elle la vénération la plus- profonde pour les auteurs de ses jours. Ils étoient sa gloire et ses modèles; et parmi tous les titres qu'ils lui avoient laissée, le seul dont elle parlât avec complaisance étoit celui d'enfant des sfiints, qu'elle s'eflbrcoit de mériter en les imitant. Elle épousa, en 1763 , M. le prince de Chimay , dernier rejeton de son ancienne maison. Placée , fort jeune, près de la reine Marie Leczinska, en qualité de dame du palais, elle fut bientôt nommée dame d'honneur de la Reine, femme de Louis XVI. Pendant trente années qu'elle parut à la cour elle y lit constamment admirer la réunion de tous les dons de la nature, avec les vertus les plus solides, toutes les qualités propres à plaire, avec une piété qui ne se démentit jamais, et dont la calomnie même n'osa tenter de ternir l'éclat. Son unique ambition fut de remplir ses devoirs; elle s'y livroit avec un dévouement plein de dignité. Elle ne vit dans la première place de la cour qu'une obligation plus rigoureuse de donner de grands exemples, et quelquefois des conseils utiles. Mais en disant la vérité, elle eut l art si difficile de la faire entendre sans blesser, par ses égards respectueux , par une douceur pleine de charmes , qui en tempéroit l'amertume. Disons à la louange de la Reine, qu'elle apprécia ce mérite si rare dans les cours; elle l'honora d'une confiance plus glorieuse pour la souveraine qui l'accorde, que pour celle qui sait la mériter par de si nobles moyens. Si sa vertu inspira le respect , elle sut mieux encore se faire aimer, par l'indulgence et la bonté pour ses inférieurs, par une bienveillance attentive et prévenante, qui lui méritèrent l'attachement de tous ceux qui eurent le bonheur de l'approcher. Au sein des illusions et des plaisirs, le soulagement des malheureux et la douceur de l'amitié furent les seules jouissances qu'elle sembla s'être réservées. Le choix de ses amis honore également son discernement et son cœur. Aussi les amis de sa jeunesse lurent-ils ceux de toute sa vie; ils furent , avec sa famille, les objets constants de ses soins les plus assidus, et de ses affections les plus tendres. Les regrets qu'elle leur a laissés ne peuvent s'adoucir que par l'espérance du bonheur que tant de vertus lui ont sans doute mérité . L'indigence et le malheur furent toujours auprès d'elle une recommandation toute puissante : nulle bonne œuvre qui n'intéressât son zèle; et comme elle ne vouloit jamais le bien à demi, elle commençoit par s'imposer à elle-même des privations rigoureuses. Elle ne dédaignoit pas aussi de solliciter des aumônes; c'étoit pour elle l'emploi le plus doux de l'autorité que son rang et ses vertus lui avoient assurée. Sa prospérité n'avoit pu la séduire ; le malheur la trouva inébranlable. Peu de François ont plus vivement senti les maux de leur pairie, et surtout ceux de la famille royale. Sa seule consolation fut de prodiguer à sa souveraine malheureuse toutes les marques du plus fidèle attachement. La journée du 10 août vint les séparer pour jamais. Mme. la princesse de Chimay , forcée de se bannir comme tant d'autres, se fit partout distinguer par son angélique piété, et par sa touchante sollicitude pour tous les malheureux que les événemens avoient forcés de fuir, comme elle, leur patrie. "
D'abord dame du palais de la reine Marie Leczinska , elle devint dame d'atour de la reine Marie-antoinette en 1775 à la suite de Mme de Mailly, puis succéda à la comtesse de Noailles, la fameuse" Madame Etiquette" tant détestée par Marie Antoinette, à la suite de sa démission. Fort complaisante , elle accepta le nouveau statut de la dame d'honneur de la reine, qui avait beaucoup perdu de droits quant la reine rétablît la charge supérieure de surintendante de la Maison de la reine.
Mme Campan nous indique en quoi consistait sa charge : " La dame d'honneur nommait aux emplois et aux charges ; recevait les prestations de serment en l'absence de la surintendante; faisait les présentations; envoyait les invitations au nom de la reine pour les voyages de Marly , de Choisy , de Fontainebleau , pour les bals, les soupers , les chasses ; le renouvellement du mobilier, du linge et des dentelles de lit et de toilette, se faisait par ses ordres. Le chef du garde-meuble de la reine travaillait avec la dame d'honneur sur ces objets; le renouvellement des draps, serviettes , chemises , dentelles , avait lieu , jusqu'à l'époque où M. de Silhouette fut nommé contrôleur-général , tous les trois ans ". En fait, elle était constamment présente auprés de la reine, depuis son lever à son coucher, donnant les ordres et surveillant tous les faits et gestes des domestiques dans l'appartement de la reine et particulièrement dans la chambre à coucher. Tous les jours , elle assistait , à la seconde place derrière la Surintendante, au lever de la reine, l'escortait à la messe, à son petit couvert public , participait à sa promenade et à son jeu. Pareillement au matin, elle était tenue d'assister au bon déroulement du coucher de la reine, mais dut s'en dispenser souvent car la reine vivait la nuit, dès le début de son règne, mettant à mal , l'étiquette et les cérémonies journalières de sa vie de représentation.
Elle avait toujours la deuxième place dans le carosse de la Reine, à chaque sortie officielle de la Reine.
Elle était également chargée d'une partie de ce que l'on appelerait aujourd'hui secrétariat administratif, supervisant l'emploi du temps officiel de la reine, ses audiences, son courrier officiel, les affaires de bienfaisances et de solliciteurs.
Elle avait ses " entrées" à toute heure dans les petits appartements et au petit Trianon ( où elle disposait d'une chambre entresolée ), mais elle ne dirigeait rien car , dans ces espaces intimes, seule la reine était la maitresse de maison et y faisait régner l'ordre qu'elle souhaitait.
Elle remplira cette charge avec un tel tact vis à vis de la surintendante, et sut si bien s'adapter aux besoins et à la coterie de la reine, que celle ci lui en fut gré et la conserva comme dame d'honneur jusqu'à la chute de la monarchie. La princesse de Chimay, devint ainsi pendant dix-sept ans dame d'honneur. La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine , douée d'excellentes qualités , n'en fut pas moins mordue par le chien de la cour , c'est-à-dire atteinte de la manie de rançonner le plus possible la famille royale. Elle demanda une augmentation de traitement de quarante mille livres qui lui fut accordée , ce qui porta sa pension à cent mille livres , sans compter une somme semblable provenant de bénéfices divers. C'est une preuve qu'en ce temps-là les choses se faisaient grandement dans la royale maison de France.
Modèle de la Cour par sa piété et ses vertus. "La princesse de Chimay était, je l'ai dit, une femme charmante et bonne, aussi élégante que distinguée par sa conduite et ses vertus" indique la baronne d'Oberckirch dans ses mémoires.
Le prince de Montbarrey détaille ses vertus - qui détermineront probablement la reine à la choisir quant il fallut remplacer la revêche et compassée comtesse de Noailles : " La princesse de Chimay qui succéda à la maréchale de Mouchy, réunissait à une haute naissance une grande vertu. Sa réputation était à l'abri de tout soupçon ; mais ces qualités, qui suffisent à un particulier, ne donnent pas la fermeté qui maintient et conserve les formes de l'étiquette, et qui impose à la familiarité. La princesse de Chimay fut un modèle d'honnêteté, comme la maréchale de Mouchy, mais elle n'eut pas la force de faire suivre son exemple."
De part cette charge importante au sein de la " Maison de la Reine," elle posséda au chateau de Versailles, un splendide appartement à l'attique de l'aile des princes, et cet appartement de fonction était si grand que l'on avait nommé ,l'attique où elle habita l'attique Chimay.
La princesse de Chimay occupa en effet un appartement de plus de 12 pièces dans l'attique de l'aile du midi , ayant vue sur le parterre du midi, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la verrière de la galerie des Batailles.
L'appellation " Attique Chimay" venant du logement de cette dame , est en fait, erronée et date des années 1950 au moment où G Van Der Kemp réaménagea cet étage, en espaces muséographiques consacré à l'Empire.
Cet attique ne concerne ,en fait , que l'étage au dessus du Grand appartement de la reine, la salle du Sacre, la salle de 1792, l'escalier des Princes et le dessus de la Galerie de pierre de l'aile du midi.
Malgré le voisinage immédiat avec la reine, on ignore la raison pour laquelle les "grandes charges "de la maison de la reine ( comme les dame d'honneur, dame d'atour, premier écuyer ) n'habitaient pas cet endroit, car selon l'usage ces dignitaires disposaient d'appartements de fonction situés au plus près de leur lieu de travail. Il aurait été logique que cette dame d'honneur habita l'attique sur jardin au dessus de la reine, c'était l'endroit idéal pour son habitation . Au Louvre, par exemple, les dames d'honneur habitaient au sein de l'appartement de la reine, un logement au dessus de celui de la reine, relié par un escalier particulier, prêtes à répondre aux ordres de la souveraine.
Etrangement , ce ne fut jamais le cas à Versailles. La dame d'honneur ne disposa que de 2 cabinets dans les combles au dessus des cabinets intérieurs de la reine pour se reposer pendant son service journalier - pièces rétablies en 1980 et qui se visitent. On ne connait pas précisément la distribution de ce logement, mais son ampleur s'explique aisément par le fait que la dame d'honneur, de par son rang officiel à la cour et la représentation de la charge exigaient une vie mondaine continuelle.
La dame d'honneur reçoit beaucoup à cause de son travail . Par exemple, il était d'usage que les dames nouvellement " présentées" fassent une visite de courtoisie à la dame d'honneur la veille de leur présentation à la reine. Hors son " service" au lever, à la toilette, à la messe, aux grands couverts , aux promenades et couchers de la reine, elle recevait en audiences commensaux et quémandeurs, tenait table ouverte tous les jours, donnait receptions et bals .Tout cela au nom de la reine ...
Aussi son appartement devait compter antichambres, salle à manger, grand cabinet, salon de compagnie et un appartement d'habitation complet avec une cuisine particulière car elle était quasiment obligée de vivre à demeure à Versailles. W R Newton le localise dans son " espace du Roi" et indique quelques demandes de travaux. Il existe des plans aux Archives Natinales.
Marie Antoinette apprécia beaucoup cette dame qu'elle compta parmi ses dames préférées. Elle la conserva longtemps auprès d'elle comme sa dame d'honneur jusqu'à la chute de la royauté, aprés la démission de Mme de Noailles, la " Mme Etiquette" qu'elle supporta et détesta longtemps.
Aussi on peut penser qu'elle favorisera ses demandes de travaux pour l'amélioration de son appartement, comme elle le faisait avec ses autres amies comme Mme de Lamballe, Mme de Polignac ou Mme d'Ossun. Détailler son mobilier est quasiment impossible car selon l'usage , d'une part une partie du mobilier était fourni par le garde meuble de la Couronne (Le garde meuble fournissait en effet, selon l'importance de l'occupant et sa charge, un mobilier varié plus ou moins riche et souvent des pièces de remploi provenant des appartements royaux ) et d'autre part , chaque occupant pouvait apporter son mobilier personnel pour le compléter. Aussi, il faudrait se pencher sur les archives de la famille de Chimay et éplucher les inventaires du mobilier de la Couronne et les journaux du Garde Meuble qui existent toujours, afin de trouver des indications éventuelles concernant ce mobilier.
Source principale :
Cette fiche a été établie par :
Mr le Gentilhomme de la Chambre du forum Connaissances de Versailles - Modifiée et complétée par Admin le 08.10.08
Topic original du 17.02.06 et discussions :
http://versailles.forumculture.net/les-appartements-f35/appartement-de-la-princesse-de-chimay-t93.htm
Invité- Invité
Re: La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
Cosmo a écrit:
Laure Auguste de Fitz-James (1744-1804), était la fille du duc de Fitz James, Charles de Berwick, maréchal de France et de la duchesse, née Victoire Goyon de Matignon.
Son père est Charles Fitz-James, , duc de Fitz-James, Berwick est un titre porté par une autre branche de cette branche des Stuart.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
Merci pour toutes ces informations, cher Cosmo!
Mais quelle vie on menait à Versailles. . . il n'est pas surprenant que la reine ait voulu se dispenser de toute cette hiérarchie et de cette étiquette rigide de la cour lorsqu'elle séjournait au Petit Trianon ou à Saint-Cloud et donnait elle-même les ordres pour la maison.
Mais quelle vie on menait à Versailles. . . il n'est pas surprenant que la reine ait voulu se dispenser de toute cette hiérarchie et de cette étiquette rigide de la cour lorsqu'elle séjournait au Petit Trianon ou à Saint-Cloud et donnait elle-même les ordres pour la maison.
Invité- Invité
Re: La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
Tout à fait. La maison de la reine à Versailles était une véritable usine, dont la reine était presque dépossédée.
On commandait tout en trop : bougies, vêtements etc... et le "surnuméraire" était récupéré par les domestiques.
Quand on pense que l'étiquette voulait que Madame Royale ait chaque soir, à son chevet, un repas complet avec de la volaille et du vin... alors que la gamine venait à peine de naître. :
On commandait tout en trop : bougies, vêtements etc... et le "surnuméraire" était récupéré par les domestiques.
Quand on pense que l'étiquette voulait que Madame Royale ait chaque soir, à son chevet, un repas complet avec de la volaille et du vin... alors que la gamine venait à peine de naître. :
Invité- Invité
Re: La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
Voici un portrait tout à l'éloge du prince, son époux.
Il nous est brossé par le chevalier de Corberon. Nous sommes à la Cour de Russie .
Le prince de Chimay, qui m'est venu voir plusieurs fois, s'est fait connoître d'une manière avantageuse. Le prince de Chimay a plus de quarante ans ; c'est un philosophe du monde, qui y tient encore par habitude, qui n'en est retiré que par satiété, et dont la philosophie est plus le résultat de la combinaison et du système que de l'inclination naturelle. Je crois que sa société nous sera agréable. Il cause, et c'est, à mon gré, un talent précieux et rare aujourd'hui. Je ne sais pas la raison de ses voyages.
Il a une femme aimable attachée à la Reine, et depuis deux ans ou dix-huit mois il est hors de France. Il a passé l'hiver à Munich et pense beaucoup de bien de M. de Folard, qui y étoit alors ministre ( ... ) Le prince n'a pas été également content de M. de Montmorin à Trêves, qui est dune hauteur insupportable et ne se fait point aimer : amoureux au reste d'une femme de cette ville, comme un écolier. Le prince de Chimay voit assez bien, ce me semble, du moins il aime à voir, et l'habitude fait qu'on réforme son jugement. Il est un peu prévenu pour ce pays-cy, à raison de l'accueil qu'on lui fait; il imagine qu il doit cet accueil à sa simplicité, et il ma dit que l'Impératrice avoit dit qu'il étoit le second François qui eût l'air simple. Je crois que l'honnêteté du prince de Chimay, son grand cordon rouge de Saint-Hubert et quelques galanteries qu'il aura adressées à l'Impératrice, ont décidé ses succès; la Cour a donné le ton, et, comme elle le donne ici plus qu'ailleurs, la ville le suit servilement et tout le monde reçoit bien le prince. Mais ce n'est pas, mon ami, à cause de sa simplicité; car il est un peu de ces gens qui, à force de s'élever contre les prétentions, montrent la prétention de n'en point avoir; c'en est une dans le moment présent.
( L.H. Labande : Un diplomate français à la Cour de Catherine, 1775 - 1780, Journal intime du chevalier de Corberon )
https://archive.org/stream/undiplomatefran02corbuoft/undiplomatefran02corbuoft_djvu.txt
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... demain est un autre jour .
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Re: La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine
Nous ne devons pas confondre Philippe-Gabriel-Maurice d'Alsace-Hénin-Liétard, quinzième prince de Chimay, époux de Laure-Auguste de Fitz-James, dame d'honneur de Marie-Antoinette, avec François Joseph de Riquet de Caraman, prince de Chimay, qui épousera Teresa Tallien ( née Cabarrus ).
Je me perds dans la généalogie de ces princes de Chimay .
Au secours, mon petit Lulu !
Peux-tu nous faire un petit debriefing, s'il te plaît ?
Or donc, revenons à nos moutons, le chevalier de Corberon se lie davantage avec le prince de Chimay qui se confie à lui .
Je suis resté chez moi toute la matinée ou chez le prince de Chimay. Il a des chagrins de famille, et c'est ce qui l'a décidé à voyager. J'ignore quels ils peuvent être; mais il m'a raconté qu'il s'est enfui sous-diacre du séminaire dans sa jeunesse. Il a été de là à Rome pour obtenir des dispenses, et a été traversé dans ses projets par le cardinal de Rochechouart, alors ambassadeur de France, et par ses parents, etc. Il me paroît en général que le prince de Chimay a eu les passions très vives. ( ... )
Le prince de Chimay m'a dit : « Je souhaite que vous ne changiez pas lorsque vous serez ministre: mais ce titre tourne la tête à la plupart des jeunes gens qui l'ont ! » Nous nous sommes promis de nous revoir alors et de nous ressouvenir de cet entretien.
J'ai été sensible à ce procédé. C'est un homme qui connoît le prix de l'amitié et qui la rend précieuse par la délicatesse dont il l'assaisonne.
Le prince de Chimay est un homme assez singulier; si je ne t'ai pas crayonné décidément son caractère, c'est qu'il n'est pas facile, mon ami, à définir entièrement. Cet homme, dont l'éducation a été négligée, et qui, sans doute, n'est pas né avec un caractère ferme et entier, s'est formé successivement divers systèmes à travers mille préjugés de naissance, d'état, de position, et a fini par n'en adopter aucun à son âge, qui est celui où l'on ne se refait plus. Il est haut par l'idée qu'il a de son nom, quelquefois bas par l'habitude que donnent la souplesse et l'esprit de la Cour; tranchant dans les occasions où il croit ne point rencontrer d'obstacles dans ses opinions, il devient le contraire lorsqu'il ne se sent pas assez de force pour les soutenir, ou qu'il imagine gagner à les troquer contre celles des autres. Sans ambition et sans projets décidés, on le trouve vacillant sur mille objets d'après les circonstances qui l'entourent.
( L.H. Labande : Un diplomate français à la Cour de Catherine, 1775 - 1780, Journal intime du chevalier de Corberon )
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