Marie-Antoinette avait-elle un cancer ?

La reine était-elle atteinte d'un cancer? Robespierre craignait-il que Marie-Antoinette décède de causes naturelles dans sa prison et a-t-il fait accélérer la procédure judiciaire pour ce motif?

C'est la thèse de certains historiens.

Durant son séjour dans sa prison, Marie-Antoinette aurait développé un cancer de l'utérus, un cancer cervical, un fibrome ou aurait été affectée d'une ménopause précoce (source : Cécile Berly, « Le sang malade de Marie-Antoinette dans les sources des mémorialistes : comment déconstruire une écriture de la Terreur ? », Dix-huitième siècle, vol. 40, no 1,‎ 2008, p. 469-483) : Robespierre inquiet la fait suivre par son propre médecin Joseph Souberbielle qui rapporte à « L'Incorruptible » des métrorragies récurrentes, aussi Robespierre fait accélérer la procédure judiciaire (Imbert de Saint-Amand, La dernière année de Marie-Antoinette, E. Dentu,‎ 1885, p. 185).

Source : Wikipédia.

Rosalie Lamorlière rapporte, dans son récit, que le matin de son exécution, avant de marcher vers l'échafaud, la chemise de la reine était ensanglantée.





Néanmoins, le récit de Rosalie aurait, paraît-il, été écrit par Lafont d'Aussone (après entretien avec Rosalie ?...).

En 1836, Mme Simon-Vouet se serait également entretenue avec Rosalie Lamorlière, des derniers instants de Marie-Antoinette à la Conciergerie.
Au cours de cet entretien, Rosalie aurait déclaré que Marie-Antoinette "perdait tout son sang" :

Oui, elle était malade, et elle perdait du sang tout le temps en 1793. Ce n'est pas forcement une signe d'une ménopause précoce, mais d'un cancer – oui, c'est bien possible. Fersen le nota aussi dans son journal, quand il prit tous les détails de M. de Rougeville en novembre 1793.

En parlant du voyage de la reine du Temple a la Conciergerie:

9 novembre 1793
On dit que le fiacre qui avait mené l'infortunée Reine du Temple à la Conciergerie avait été tout rempli de sang, que le cocher n'avait pas su qui il menait, mais qu'il s'en était douté ayant attendu fort longtemps ; qu'arrivé à la Conciergerie, on était resté assez longtemps sans descendre, que les hommes étaient sortis les premiers, et la femme après; qu'elle s'était appuyée sur son bras, et qu'il avait trouvé son fiacre tout rempli de sang.

Rougeville dit que Michonis 'était porté de cœur' pour la reine et qu'il refusa l'argent qu'on lui offrait pour la sauver. Il allait au Temple pour retrouver le linge dont elle avait un besoin extrême, l'état de sa santé lui faisant pleurer.

Cela confirme l'attitude de ROBESPIERRE, qui se dépêche de mettre en place le procès alors que le dossier des pièces de l'accusation n'est pas constitué en totalité.
Nous l'avons déjà dit : si la Reine était restée au Temple, étant donné son état de santé , elle n'aurait pas "fait de vieux os" .... il était politiquement incorrect que la VEUVE CAPET décède dans son lit.

Je profite de cette conversation pour vous mettre la dernière gravure acquise sur EBAY aux USA  -  "DE PELLERIN" départ au matin du 16 Octobre.



MARIE ANTOINETTE àè-è\':

evelynfarr a écrit:Oui, elle était malade, et elle perdait du sang tout le temps en 1793. Ce n'est pas forcement une signe d'une ménopause précoce, mais d'un cancer – oui, c'est bien possible. Fersen le nota aussi dans son journal, quand il prit tous les détails de M. de Rougeville en novembre 1793.
.

Merci pour cette information, ma chère Eve.  Je ne retrouvais pas qui avait parlé de cet incident dans le fiacre ... mais bien sûr, c'était ce bon vieux Fersen, dans son Journal !   

Cela étant, Fersen paraît douter de l'authenticité de l'anecdote du fiacre, qui lui a été rapportée ! "... mais tout cela n'est pas bien authentique" dit-il à la fin de son récit !  

Voici l'extrait du Journal de Fersen, publié par Klinckowström :

Il y a plus de détails dans le journal de Fersen sur l'état pitoyable de la santé de la reine à la Conciergerie. Pas le temps de poster, je sors...

MARIE ANTOINETTE a écrit:Cela confirme l'attitude de ROBESPIERRE, qui se dépêche de mettre en place le procès alors que le dossier des pièces de l'accusation n'est pas constitué en totalité.
Nous l'avons déjà dit : si la Reine était restée au Temple, étant donné son état de santé , elle n'aurait pas "fait de vieux os" .... il était politiquement incorrect que la VEUVE CAPET décède dans son lit.

Si les jacobins n'ont pas jugé utile de réunir des pièces pour étayer l'accusation à l'encontre de Marie-Antoinette, ce n'est pas, me semble-t-il, parce-qu'ils n'avaient pas le temps, mais plutôt parce-que cela n'était pas nécessaire : le sort de Marie-Antoinette était déjà joué avant le procès. Les jurés avaient instruction de la condamner à mort.
Ils se fichaient des pièces (indigentes  boudoi29 ) produites par l'accusation.
Le procès n'avait d'autre but que de donner un habillage de légalité républicaine, à ce qui n'était en réalité qu'une exécution politique.

Quel juré aurait osé voter en faveur d'une peine autre que la sentence mortelle?
C'est sa tête qu'il aurait jouée...
Ainsi les avocats de la Reine furent-ils arrêtés à la fin du procès ... pour avoir exercé leur métier !  àè-è\': 

Bien à vous.

En vous lisant, je place ici le lien vers l'intégralité de l'article de Cécile Berly qui est très intéressant;

http://cour-de-france.fr/article2964.html

Je dois relire le livre de Jacques Deblauwe De quoi sont-ils vraiment morts qui me semble-t-il évoque au passage ce sujet;

Il faut également - décidément ! - que je relise Antonia Fraser qui met en lumière beaucoup d'aspects cliniques sur la santé de Marie-Antoinette; cela m'avait frappée à la première lecture;
Notamment, si ma mémoire est bonne Fraser met en évidence le fait que dès son premier accouchement qui se déroule dans les conditions limites ( désastreuses) des accouchements royaux de l'époque, la santé de Marie-Antoinette est altérée de façon décisive; elle ne se remettra jamais totalement de cet accouchement sur le plan gynécologique et ses futures grossesses seront - au moins- difficiles; fatigue, asthénie, chute de cheveux, au point que la Reine doit les faire couper, et adopte et lance la mode de la coiffure "à l'enfant";

Son médecin particulier est parmi nous !
Quel est l'avis de la Faculté, cher Févicq, sur cette question délicate ?

Je lis le lien de votre article et j'arrive ensuite pour en discuter.
Mais déjà premièrement : quel est ce site ? C'est tout à fait génial !!! Merci de nous le faire découvrir ! :n,,;::::!!!:

Un article très intéressant !!!

Initialement postés dans notre sujet :

Joseph Souberbielle, juré au Tribunal révolutionnaire

Je recopie à nouveau ici :

Eléonore a écrit:
Je me permets de vous dire que Souberbielle savait ce dont souffrait Marie Antoinette, Il mettait au courant à l Incorruptible sur sa santé. Elle souffrait d'un certain cancer de l'utérus.

Mme de Sabran a écrit:
C'est en effet très probable, Marie-Antoinette perdait beaucoup de sang.

Marie-Jeanne a écrit:Mémoire d'une prescription de "médicaments" pour la "veuve Capet" en septembre 1793. Histoire de la faire tenir debout...jusqu'au bout.
Source AN.



- Deux flacons garnis de leur étui de sel volatile de vinaigre dont un à l'estragon
- Une potion calmante composée avec de l'au de tilleul, de fleur d'oranger, sirop de capillaire et de liqueur d'Hofman dans un flacon bouché
- Un bouillon rafraichissant et calmant fait au bain marie fait avec maigre de veau, chair de poulet et plantes diverses
- Le bouillon réitéré
- Plus la potion ci-dessus réitéré

Merci Marie-Jeanne pour la présentation de cette archive...

Avec retard, voici la réponse du Dr. Vicq d’Azyr:
Concernant les métrorragies de Marie-Antoinette, celles-ci sont constatées dès l’arrivée de la Reine en août à la Conciergerie. Le cocher du fiacre qui la conduit du Temple à sa dernière prison témoignera que le siège était souillé et qu’il a dû le nettoyer. Rosalie constatera que les saignements persistent jusqu’au jour de l’exécution, et que la Reine doit le matin même trouver un moyen de dissimuler sa chemise tachée avant de se changer.
Mais ces saignements abondants ne sont pas pathognomoniques d’un cancer de l’utérus, ils peuvent très bien être le signe d’un fibrome, qui est une tumeur bénigne qui peut beaucoup saigner. En faveur du cancer, on pourrait retenir l’amaigrissement, la fatigue, la dégradation de l’état général, mais tout ceci n’est pas probant.
On peut conclure en disant qu’on ne saura jamais vraiment de quoi souffrait la Reine à la fin de sa courte vie.
Les conditions atroces de sa détention, la maltraitance qu’elle a dû subir, en revanche, sont une cause directe de la dégradation de son état physique et psychique.

Sauf erreur de ma part, son dernier accouchement l'avait malmenée. Simone Bertière écrit que " la naissance de Sophie l'avait beaucoup éprouvée ". Peut-être quelque chose s'est-il déclenché à ce moment là, pas forcément un cancer d'ailleurs.
En tous cas, il est sûr que les épreuves subies par la suite n'ont pu qu'aggraver profondément son mal, quel qu'il fût.

Merci cher Calonne d’apporter cette précision.
Son dernier accouchement semble, en effet, avoir été difficile, mais on ne sait pas très bien comment : a-t-elle trouvé insupportable cette grossesse compte tenu de son contexte ( et là, toutes les conjectures sont possibles, ce qui amène à rouvrir la boîte de Pandore...). Y a-t-il eu des conséquences gynécologiques, mais lesquelles ?
En tout cas, on sait que la Reine refusera ensuite de s’exposer à toute nouvelle grossesse, avec les conséquences qu’on peut imaginer sur sa vie conjugale.

Toujours d'après Simone Bertière, après cette naissance, elle aurait carrément cessé d'avoir des relations conjugales avec le roi. Il apparaît aussi qu'elle était mécontente de cette grossesse et qu'elle refusa longtemps l'évidence.
On peut imaginer des suites négatives de cet accouchement "éprouvant", une infection mal soignée, un problème non détecté et qui se serait aggravé au fil du temps… Son amaigrissement par la suite semble avoir été rapide et impressionnant, sans être médecin, ça fait quand-même penser à un cancer.

Je ne suis pas sûr mais il me semble avoir lu quelque part qu'elle avait des règles importantes et irrégulières. Peut-être avait-elle un terrain favorable à des problèmes gynécologiques ou une "fragilité" à cet endroit ?

Calonne a écrit:Toujours d'après Simone Bertière, après cette naissance, elle aurait carrément cessé d'avoir des relations conjugales avec le roi.

Ce fut peut-être un soulagement pour lui et tous deux y trouvèrent satisfaction.   Il n'est pas anodin que Févicq évoque la boite de Pandore . Faut-il rappeler que Marie-Antoinette cache cette dernière grossesse aussi longtemps que possible sauf à ses intimes  ( source, le duc de Dorset )  et qu'au moment du terme Louis XVI fait son voyage à Cherbourg ?  C'est un comportement qui peut paraître singulier.

Oui, c'est vrai. L'insistance qu'elle met à nier les signes de grossesse donnent presque l'impression qu'elle essaie de se persuader ou de se convaincre elle-même...